L’esprit humain était aussi complet alors que de nos jours, il se connaissait lui-même aussi bien que nous nous connaissons. […] Le temps, cependant, ne nous a pas tout conservé de ces monuments de l’esprit humain. […] L’esprit débute par la sensation, mais on ne reconnaît pas aux sens la faculté de juger. […] La première roule sur la mort, ce grand mystère de l’esprit, ce grand achoppement à toute félicité humaine. […] Or détacher l’esprit du corps, n’est-ce pas apprendre à mourir ?
Rousseau aux esprits faibles. […] Il y a quelque chose qui ne change pas, l’esprit humain. […] L’esprit humain est en travail. […] Un esprit si vif et si personnel ! […] Il a des hommes d’esprit à ses gages.
Les poètes anglais, pourra-t-on dire, sont remarquables par leur esprit philosophique ; il se peint dans tous leurs ouvrages ; mais Ossian n’a presque jamais d’idées réfléchies : il raconte une suite d’événements et d’impressions. […] Sans doute les diverses circonstances de la vie peuvent varier cette disposition à la mélancolie ; mais elle porte seule l’empreinte de l’esprit national. […] La poésie du Nord convient beaucoup plus que celle du Midi à l’esprit d’un peuple libre. […] Les esprits médiocres sont, en général, assez satisfaits de la vie commune ; ils arrondissent, pour ainsi dire, leur existence, et suppléent à ce qui peut leur manquer encore, par les illusions de la vanité ; mais le sublime de l’esprit, des sentiments et des actions doit son essor au besoin d’échapper aux bornes qui circonscrivent l’imagination. […] Enfin ce qui donne en général aux peuples modernes du Nord un esprit plus philosophique qu’aux habitants du Midi, c’est la religion protestante que ces peuples ont presque tous adoptée.
Ils méprisent d’abord ses Satires ; & pour rendre ce sentiment intéressant, ils affectent une fausse bénignité, ressource ordinaire & très-commode aux esprits médiocres, qui ont plus d’amour-propre que de talent. […] Né avec un goût aussi sûr que délicat, doué d’un jugement aussi solide qu’éclairé, l’esprit de critique naquit en lui de la connoissance des regles & du zele pour leur observation. […] Tel est le caractere général de ses Satires, où la simplicité, le naturel, la fécondité, l’imagination, la variété des pensées & des tours, prêtent un secours mutuel, & procurent à l’esprit de nouvelles lumieres & de nouveaux plaisirs. Celle qu’il adresse à son esprit, est sur-tout un chef-d’œuvre d’adresse & de sagacité. […] A quel genre de sentiment pouvoit se livrer l’Auteur de la Satire à son esprit, de l’Art poétique, du Lutrin ?
Tous veulent un plaisir ; mais ceux-ci, le plaisir des yeux ; celles-là, le plaisir du cœur ; les derniers, le plaisir de l’esprit. […] En expliquant, comme il les entend et comme il les a déjà indiqués plusieurs fois, le principe, la loi et le but du drame, l’auteur est loin de se dissimuler l’exiguïté de ses forces et la brièveté de son esprit. […] De là, dans tous les esprits, ennui de la veille, crainte du lendemain, défiance de tout homme, découragement de toute chose, dégoût profond. […] On a de l’esprit, on se déprave, et l’on réussit. […] C’est l’impression particulière que pourrait laisser ce drame, s’il valait la peine d’être étudié, à l’esprit grave et consciencieux qui l’examinerait, par exemple, du point de vue de la philosophie de l’histoire.
On entend mettre en question par des personnes d’esprit, si, au lieu de condamner pendant si longtemps un jeune homme à apprendre le Latin, il ne seroit pas plus convenable de le lui défendre absolument. […] Le commerce des femmes, qui ont l’esprit cultivé, ne fait que le perfectionner, & lui inspire des tours heureux, des expressions naturelles, élégantes, ingénieuses. […] L’auteur de l’Esprit des loix veut que la différence des gouvernemens, des religions, des mœurs & des coutumes des peuples, vienne principalement du climat. L’abbé Dubos avoit eu cette idée avant M. de Montesquieu, par rapport à l’esprit & aux talens. […] Un autre auteur a moins gémi de la dégradation des esprits, & a raisonné davantage.
L’esprit oriental n’est pas très compliqué… Mais faire l’Anglais, c’est-à-dire entrer, tout botté, dans l’originalité du peuple le plus original, le plus profond, le plus insulaire d’esprit, d’impression, de jugement, qui ait jamais existé ; pénétrer, pour se les assimiler un instant, dans les manières de sentir et d’exprimer d’une nation qui a jusqu’à une gaîté à elle, — laquelle ne ressemble à la gaîté de personne et dont le nom même est intraduisible, et reste, dans toutes les langues, de l’humour, — c’est là une chose qui demandait plus qu’une prodigieuse souplesse de talent. […] Eh bien, nous n’avons eu, au lieu de cette chimère caressée, que les Mémoires de Dick Moon 22 par Francis Wey, qui est un homme d’esprit, mais d’un esprit très français, incommutablement français ! […] Originalité solitaire qu’il faut compter à Wey, parce qu’il ne la tient que de la nature propre de son esprit. […] Lui digère très bien et très vite, porte légèrement les choses vastement absorbées ; digestion leste, mémoire leste, esprit leste, par suite d’un estomac intellectuel très bon. […] tandis que celui-ci nous divertit sans qu’il soit jamais pour rien de sa personne que de son esprit dans le divertissement qu’il nous a donné.
I « De toutes les œuvres qui tentent l’effort de l’esprit humain, — disait un grand critique anglais, — l’histoire est tout à la fois la plus difficile à réussir et la plus facile à aborder. […] — quand nous voulons qu’elle soit autre que ce que nous sommes : c’est-à-dire une passion ou une idée (car l’homme n’est jamais que cela, lorsqu’il est quelque chose) ; quand, enfin, nous n’admettons pas que des faits qui passent à travers nos esprits, nos sensibilités, nos consciences, doivent nécessairement s’y colorer en y passant. […] Il est de ces esprits, impuissants et nerveux tout ensemble, pour qui le perfectionnement littéraire consiste à s’effacer jusqu’au néant, à éteindre la chaleur, à diminuer le relief, à soutirer la passion, et pour qui toute page vivement écrite ou âprement pensée produit l’effet de l’écarlate sur le taureau. […] Mais il paraît que le bœuf aussi a la même horreur pour ce qui brille… Aux yeux de ces sortes d’esprits, Léopold Ranke, passant de l’état d’historien qui sent, se passionne et peint sa pensée, à l’état d’historien systématique et décoloré, est un grand esprit qui s’élève ; et si, à cette suppression de sentiment ou de mouvement, à cette recherche amoureuse sans amour de l’expression abstraite, à cette généralisation vague quand elle n’est pas fausse et fausse dès qu’elle s’avise de préciser, on ajoute la gravité, ce masque des têtes vides qui cache si bien, dans tant de livres contemporains, la platitude de la niaiserie sous l’imposance du sérieux, vous avez un de ces historiens composés de qualités négatives tels que les rationalistes philosophiques et littéraires conçoivent leur historien — leur caput mortuum — et l’ont souvent réalisé. […] Ranke, dont le Protestantisme a subi l’action des doctrines philosophiques qui tendent à le remplacer, n’est pas même le fantôme d’Agrippa, cet homme qui vécut si fort, et qui s’étonnerait, s’il revenait au monde, que la question religieuse qui dominait les esprits des grands protestants du xvie siècle, ne fût plus la question première pour les historiens, leurs successeurs.
S’ils osent prétendre qu’il a une bosse, cet esprit droit, il l’a roulée, du moins, dans tous les chemins du Seigneur, devenus pour lui des chemins maudits… Il sait la vie moderne comme pas un ; la vie qu’il méprise ! […] pour y rester… Tel que le voilà, c’est un livre, je n’en doute pas, absolument incompréhensible à l’esprit moderne, ce jeune sot qui a présentement le mépris de tout ce dont le vieux bonhomme que voici a l’admiration et le respect. […] Joseph de Maistre et Bonald ont péri, avec tout leur génie, à dire les mêmes choses que cet esprit de leur famille, qui prouve la même vérité qu’eux sous des formes qui lui appartiennent ; car la Vérité, qui est infinie, a trente-six mille côtés par lesquels on peut la prendre et la montrer aux hommes, et elle n’en est pas moins la Vérité, une et souveraine. […] … Les badauds de philosophie et de civilisation, qui expliquent tout avec le mouvement général de la pensée et les évolutions progressives de l’esprit humain, affectaient de ne pas croire à l’importance des sociétés secrètes. […] L’esprit moderne tout entier est devenu révolutionnaire.
Aristote fit voir après Platon que la véritable philosophie est le guide secret de l’esprit de tous les arts. […] L’héroïsme de l’esprit ne peut se passer du mystère pour l’introduire dans les vérités occultes qui dépassent les sens. […] Mais Platon et Descartes ont montré la route ; les esprits attentifs et sérieux n’ont plus qu’à les y suivre. […] En voulant reproduire l’esprit, si ce n’est tout à fait les doctrines de Socrate, Platon n’avait pas à choisir. […] Platon avait dit que « l’âme ne peut être aperçue que des yeux de l’esprit ».
Où donc trouver cette instruction spéciale aux gens du monde, cette instruction qui est pour eux la source des plus douces jouissances de l’esprit ? […] Nous chercherons, son flambeau à la main, à distinguer ce qui est digne de blâme ou d’admiration parmi les travaux de l’esprit humain. […] Il a les mêmes bases dans tous les esprits, la nature et la vérité. […] Quelle est la faculté de notre esprit que l’étude ne développe et n’agrandisse pas ? […] Tout est laissé à l’intelligence et au sentiment du lecteur pour captiver l’esprit, émouvoir le cœur et charmer l’oreille de ceux qui l’écoutent.
toute la vie alors était tournée à la sociabilité ; tout était disposé pour le plus doux commerce de l’esprit et pour la meilleure conversation. […] Son grand art en société, un des secrets de son succès, c’était de sentir l’esprit des autres, de le faire valoir, et de sembler oublier le sien. […] l’excès de mon inconséquence égare mon esprit, et le poids de la vie écrase mon âme. […] L’esprit d’une femme, si grand qu’il soit, a-t-il jamais arrêté son cœur ? […] [1re éd.] ni de son esprit ni de son cœur, qui est aussi plat que l’autre est distingué
Les voyages qu’il dut faire à Londres et à Bruxelles, durant cette collaboration avec Linguet, fournirent à son esprit méditatif des points de comparaison. […] Mais la société française à cette date, emportée tout entière par une fièvre de régénération universelle, était loin de cet esprit d’application et de médication modérée qu’elle ne connut guère jamais. […] Mallet, depuis longtemps, ne se dissimulait point l’inutilité des efforts des honnêtes gens et des esprits modérés et divisés en présence des factions croissantes. […] Il est tout simple que l’adversité dérange des esprits qui n’y ont pas été élevés ; il est tout simple qu’elle ne leur ait donné ni une leçon, ni une idée, ni une notion de rien. […] Cet art est subordonné aux changements qui arrivent chez un peuple et à la situation dans laquelle il se trouve. » Je n’ai qu’un désir, c’est de présenter aux esprits qui me font l’honneur de me suivre quelques idées sérieuses qui ne soient pas étrangères à nos temps.
Racine a pourtant bien de l’esprit : il faut espérer. » L’espérance était bien fondée, et Racine en effet avait bien de l’esprit. […] Il n’y a ni esprit ni délicatesse dans une pareille fiction. […] Ce fond est mis en œuvre avec la gaîté libre et franche, l’esprit naturel qui était à la mode dans ce temps-là. […] Notre esprit actuel est tout entier dans des jeux et des oppositions de mots : il ne faut aucun esprit pour le saisir et l’entendre. […] Des combinaisons de mots, voilà l’esprit du jour : aussi Dieu sait à quel point nous sommes délicats sur les mots !
Puisque l’esprit de parti nous a si mal réussi jusqu’à présent, essayons de l’esprit de conciliation. […] Les croyances de l’esprit sont les forces de l’âme et les mobiles de la volonté. […] que l’esprit de l’homme est grand ! […] La statue acquiert successivement nos cinq sens : mais il y a une chose qu’elle n’acquiert point, c’est un esprit tel que l’esprit humain et une âme comme la nôtre. […] Elle entraîna les meilleurs esprits, quelquefois même le génie.
M. de Caumartin avait charge du Roi de tenir les sceaux pendant la durée des Grands-Jours : c’était un magistrat poli, de cour, ami de Retz qui lui rend bon témoignage, et fort lié avec les gens d’esprit de ce temps-là. […] L’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Certes Fléchier, plus qu’aucun, avait réussi à donner ou à rendre au style toutes ces qualités requises par La Bruyère, et ce n’était pas l’esprit non plus qui lui avait manqué pour l’y ajouter insensiblement. […] Sa physionomie n’impose pas et ne promet pas au premier coup d’œil tout ce qu’il vaut ; mais on peut remarquer dans ses yeux et sur son visage je ne sais quoi qui répond de son esprit et de sa probité. […] Son esprit ne s’ouvre pas tout à coup, mais il se déploie petit à petit, et il gagne beaucoup à être connu. […] Ce volume de Fléchier sera désormais un document précieux pour l’historien, et lui-même, esprit sérieux sous ses grâces, il a eu l’honneur de ne pas rester étranger à ce que nous appellerions la pensée administrative et politique qu’on en peut tirer.
Pour qu’en 1845 une telle opinion puisse sérieusement se produire et qu’elle trouve place dans un esprit aussi cultivé que paraît l’être celui de l’éditeur, il ne suffit pas d’une dose d’illusion ordinaire ; c’est un phénomène qui exige une explication plus appropriée ; Victorin Fabre a eu ses dévots, et M. […] on ne saurait avoir même l’idée de mettre l’ouvrage très-distingué d’un homme d’esprit, qui pense, en parallèle avec un écrit de Victorin ! […] Villemain, à ce brillant et facile esprit, si net, si charmant, que la littérature retrouvera demain encore, qu’elle a retrouvé déjà, nous l’espérons. […] Sabbatier, qui ne veut voir partout qu’esprit de coterie et d’envie contre son héros, ne peut concevoir non plus que des critiques, gens d’esprit, tels que MM. […] Semblable à ces orages qui, en détruisant la moisson, ravagent et empoisonnent la terre, l’invasion avait jeté dans tous les esprits une perturbation qu’on aurait prise pour l’œuvre de plusieurs siècles.
L’aspect du ciel et de la terre, à toutes les heures du jour et de la nuit, réveille dans notre esprit diverses pensées ; et l’homme qui se laisse aller à ce que la nature lui inspire, éprouve une suite d’impressions toujours pures, toujours élevées, toujours analogues aux grandes idées morales et religieuses qui unissent l’homme avec l’avenir. […] Les Fables de Gay ont de l’esprit, mais point de naturel ; et l’on ne peut jamais comparer sous aucun rapport les pièces fugitives des Anglais, leurs contes burlesques, etc., avec les écrits de Voltaire, de l’Arioste ou de La Fontaine. […] Son ouvrage est surtout remarquable par la pensée ; la poésie qu’on y admire a été inspirée par le besoin d’égaler les images aux conceptions de l’esprit : c’est pour faire comprendre ses idées intellectuelles, que le poète a eu recours aux plus terribles tableaux qui puissent frapper l’imagination. […] En France, les personnes distinguées par leur esprit ou par leur rang, avaient, en général, beaucoup de gaieté ; mais la gaieté des premières classes de la société n’est point un signe de bonheur pour la nation. […] Délicieuse tâche de cultiver la pensée tendre encore, d’enseigner à la jeune idée comment elle doit croître, de verser des instructions toujours nouvelles dans l’esprit, d’inspirer les sentiments généreux, et de fixer un noble dessein dans une âme enflammée !
Il y en a qui sont générales et communes, et qui existent dans tous les esprits, au moins dans tous les esprits des hommes qui parlent la même langue. […] Affranchis de l’esprit d’autrefois nous sommes liés encore par le langage d’autrefois, et à chaque moment les mots tentent de nous imposer leurs anciennes convenances et leurs anciens groupements. […] « Et vous qui êtes cause de leur folie, dit le bon Gorgibus en manière de moralité après la fâcheuse aventure des Précieuses ridicules, pernicieux amusements des esprits oisifs, romans, vers, chansons, sonnets et sonnettes, puissiez-vous être à tous les diables ! […] La cause est précisément que les mots, bornés à leur objet propre, ne sollicitent pas l’esprit à penser au-delà de leur sens, ne lui ouvrent point de vue sur des choses inexprimées ; la phrase n’a ni dessous ni profondeurs ; mettant toute sa richesse en dehors et comme en étalage, ne tenant rien en réserve, elle est toisée, prisée d’un coup d’œil : il y manque ces groupes d’images et d’idées, qui, surgissant derrière les mots, saisissent l’esprit et transforment la lecture distraite des yeux en une avide curiosité de toute l’âme. […] Tout mot, donc, abstrait ou concret, est capable de susciter dans l’esprit d’un lecteur, outre ce qu’il contient par définition, de longues séries de pensées qu’il évoque par association.
A peine quelques vues sur le Père, le Fils, l’Esprit 845, dont on tirera plus tard la Trinité et l’Incarnation, mais qui restaient encore à l’état d’images indéterminées. […] L’Esprit Saint ainsi envoyé par le Père leur enseignera toute vérité, et rendra témoignage à celles que Jésus lui-même a promulguées 850. […] Non-seulement il n’écrivit pas, mais il était contraire à l’esprit de la secte naissante de produire des livres sacrés. […] Jésus ne se rétracta pas ; il ajouta seulement : « C’est l’esprit qui vivifie. […] Les paroles que je vous dis sont esprit et vie. » Les douze restèrent fidèles, malgré cette prédication bizarre.
La fiction et la réalité surprennent quelquefois notre esprit par les parallélismes singuliers qu’il leur découvre. […] On comprendra aisément qu’au milieu de ces contemplations et de ces rêveries, les burgraves lui soient revenus à l’esprit. […] La loi véritable, la voici : tout ouvrage de l’esprit doit naître avec la coupe particulière et les divisions spéciales que lui donne logiquement l’idée qu’il renferme. […] Les Burgraves ne sont point, comme l’ont cru quelques esprits, excellents d’ailleurs, un ouvrage de pure fantaisie, le produit d’un élan capricieux de l’imagination. […] La civilisation nous fait à tous les mêmes entrailles, le même esprit, le même but, le même avenir.
On verra qu’en défendant la religion, nous n’attaquons point la sagesse : nous sommes loin de confondre la morgue sophistique avec les saines connaissances de l’esprit et du cœur. […] car, pour un seul génie capable d’arriver à cette plénitude de savoir demandée par Bacon, et où, selon Pascal, on se rencontre dans une autre ignorance, que d’esprits médiocres n’y parviendront jamais, et resteront dans ces nuages de la science qui cachent la Divinité ! […] Il est vrai que les esprits géométriques sont souvent faux dans le train ordinaire de la vie ; mais cela vient même de leur extrême justesse. […] Il y a une géométrie matérielle, qui se compose de lignes, points, d’A + B ; avec du temps et de la persévérance, l’esprit le plus médiocre peut y faire des prodiges. […] D’une autre part, il est naturel que des esprits communs, ou des jeunes gens peu réfléchis, en rencontrant les vérités mathématiques dans l’univers, en les voyant dans le ciel avec Newton, dans la chimie avec Lavoisier, dans les minéraux avec Haüy ; il est naturel, disons-nous, qu’ils les prennent pour le principe même des choses, et qu’ils ne voient rien au-delà.
Sublime peut-être avec un homme sublime, mais plate avec tous les esprits plats, et d’ailleurs discutable toujours ! […] Comme Montesquieu, dans cette partie de son ouvrage, il se rompt et s’émiette en petits chapitres, moins cassés et moins cassants que ceux de Montesquieu dans l’Esprit des lois, et qui n’ont malheureusement pas le fil tranchant et la brièveté piquante que l’épigrammatique Montesquieu, cet esprit aigu, donne aux siens. […] Tel il est, et tout cela est assez vulgaire ; mais, pourtant, rendons-lui justice en une chose qui prouve, à nos yeux, l’indépendance de son esprit, ou du moins de sa volonté. […] Quant à la précision dont elles brillent, elles n’en ont pas plus que l’esprit de l’auteur, de ce triste cerveau, qui pose un principe d’histoire et le plante là quand il faut l’appliquer, et qui, en tout, n’a que des velléités et des envies de dire quelque chose… sans dire jamais rien. Ce n’est point un esprit vigoureux, qui fait son trou partout où il passe.
Être là-dedans, c’est à noyer l’esprit le plus ailé dans la viscosité de l’ennui le plus empâtant, le plus filandreux et le plus tenace. […] Il n’est jamais pédant comme Taine, né coiffé en fait de talent et d’esprit, mais qui met trop souvent sa coiffe dans sa poche. Il vaut bien, pour le moins, Octave Feuillet ; mais il ne coule pas l’esprit qu’il a dans le moule banal du roman et du drame. […] Ces élégants ou fastueux traîneurs de robes et de toges, ces dandys à la ceinture lâche, qui comprenaient probablement l’histoire comme Blaze de Bury, étaient trop artistes, trop préoccupés de l’effet esthétique dans leurs œuvres, pour se perdre en ces chicanes minutieuses où s’usent des milliers d’yeux et d’esprits modernes… La Critique historique, telle que l’esprit moderne la conçoit et l’exige, était inconnue au temps de Tacite et de Suétone, qui se tirent de toute chose douteuse avec un mot ou deux : Rumor ou ut referunt, dits de très haut, et passent… Esprits superbes, qui n’insistent pas, qui ne s’attachent pas à un texte. […] Blaze de Bury est un esprit profondément moderne, et qui reste partout moderne.
Cet esprit, né brillant, n’aurait bientôt plus résisté à la tentation d’une seule antithèse. […] Ce que le comte de Maistre et le vicomte de Bonald firent contre les erreurs de leur temps, le marquis de Valdegamas l’a fait contre les erreurs du sien, et il l’a fait avec des qualités tout à la fois semblables aux leurs et différentes… L’un (le comte de Maistre) était un grand esprit intuitif, l’autre (le vicomte de Bonald) un grand esprit d’enchaînement. […] Il y a plus : on peut affirmer que c’est la logique entre toutes les puissances de son esprit qui lui fait sa supériorité absolue. […] Saint Augustin l’attire par sa tendresse, la grande qualité de son esprit et de son âme. […] Du reste, rarement fin, et ceci l’honore…, la finesse de l’esprit n’est souvent qu’une ressource de sa lâcheté.
La Méditation — cette Muse réfléchie — ne l’a pas ingénieusement combiné, et ce n’est pas non plus une volonté laborieuse et tenace qui l’a arraché de l’esprit de l’écrivain comme on arrache l’enfant du sein de sa mère. […] … Comme tous les esprits distingués d’une société assez avancée pour n’avoir plus peut-être à écrire que de l’histoire et à juger que des résultats, Dargaud, l’auteur connu de Marie Stuart, est entraîné vers les études historiques par la double tendance de son esprit et de son temps. […] Esprits sans hardiesse, moitiés d’athées qui s’arrêtent, d’horreur ou de lâcheté, dans le déisme, comme déjà Bossuet le leur reprochait dans son temps, ils s’imaginent que la lettre d’une loi religieuse, cette lettre qui prescrit et qui fonde, est un voile destiné à tomber devant l’esprit, et pour cette raison ils la rejettent. […] Eh bien, nous le disons avec le regret d’une affectueuse tristesse, Dargaud tient à ce groupe d’esprits ! […] Car après le jugement sur la philosophie de l’écrivain il y a le jugement sur son œuvre, et c’est une loi de l’esprit humain que les chefs-d’œuvre littéraires diminuent d’autant de beautés qu’il s’y trouve de vérités méconnues.
Édouard Gourdon est, de fonction du moins, un esprit positif : ce qu’on appelle un homme pratique. Ancien directeur de l’Histoire des églises de France, il a touché autrefois d’une main compétente à ces études historiques auxquelles il reviendra sans doute ; car, par ce temps de délabrement et de philosophie épuisée, l’histoire est le dernier mot et la dernière ressource de tous les esprits vigoureux. […] Aussi l’esprit, qui a soif de clarté, l’esprit impatienté peut-il fermer le livre mécontent, inassouvi, et regrettant l’intérêt qu’il a pris à toute cette histoire et l’émotion que l’auteur a su lui donner. […] La seule composition qu’il y ait, en effet, dans une œuvre si peu combinée, c’est sa conduite en ligne droite jusqu’au dénouement, et le dénouement, qui doit être l’émotion suprême et en même temps l’idée du livre, agrafant l’esprit et ne Lâchant plus le souvenir. […] Et, encore une fois, cela est d’autant plus surprenant que l’auteur n’est pas un de ces esprits sans direction et sans force menés par leur sujet plus qu’ils ne le mènent.
La philosophie à notre manière suppose une longue culture et des habitudes d’esprit dont très peu sont capables. […] Il y a chez nous le goût du peuple et le goût des hommes d’esprit, le genre distingué et le petit genre. […] Il faut y élever les esprits. […] À ce point de vue, les conquêtes de la démocratie seraient les conquêtes de l’esprit du mal, le triomphe de la chair sur l’esprit. […] Les jésuites ont fait de l’éducation une machine à rétrécir les têtes et aplatir les esprits, selon l’expression de M.
Il a de l’esprit. […] Tournure générale de son esprit. […] Son esprit. […] Esprit ! Esprit !
Ces deux Prophetes auroient été regardés comme des insensés, & cependant ces Insensés auroient prédit exactement & les effets magiques de la moderne Philosophie qui fascine les Esprits, & la docilité des Esprits qui se laissent fasciner par la Philosophie moderne. […] Les Esprits éclairés ne confondront point les assauts du courage avec l’acharnement & l’envie de nuire. […] Quoique ce Livre ne soit qu’un développement de celui de l’Esprit, il est aisé de voir qu’ils ne sont pas de la même main. 1°. […] I, dix ans à Paris ; l’esprit de bigoterie & de fanatisme n’y régnoit point encore. Si j’en crois le bruit public, c’est maintenant en France l’esprit du jour ».
La Renaissance achève de les séparer du clergé, par un esprit nouveau qui les fait contemporains des grands hommes du paganisme. […] Il est de plus un juge fort compétent des travaux de l’esprit, un connaisseur délicat et universel. […] Vous pouvez impunément en médire, le railler ; si vous le faites avec esprit, il sourira lui-même. […] Les organes fatigués par une longue journée de sueurs sont plus aptes à convier l’esprit au sommeil qu’à le suivre dans ses méditations. […] Il est discret, puisqu’il a de l’esprit ; il n’abusera pas de vos prévenances.
Sir William Temple. — Sa vie, son caractère, son esprit, son style. […] Le chevalier de Grammont a trop d’esprit pour aimer l’orgie. […] Tout ce qui excuse un carnaval y manque, et d’abord l’esprit. […] Tous ces viveurs veulent être gens d’esprit et du monde. […] Et le cœur ne s’y gâte pas plus que l’esprit.
L’espace ouvre l’esprit à l’immatériel. […] La liberté d’esprit, c’est ma terre promise ! […] « Fouler aux pieds l’esprit comme l’herbe ou le sable ? […] « J’apparais à l’esprit, mais par mes attributs ! […] Parle à l’esprit humain, cet immense Israël !