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1041. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

cela est certain que, depuis que nous avons passé par des gouvernements d’Assemblées, le parti royaliste a, par l’inflexibilité de ses principes… ou de ses passions, fait échouer toutes les combinaisons, excepté celle des plus monstrueuses coalitions avec ses plus mortels ennemis contre le gouvernement parlementaire, ce château de cartes de la difficulté politique !

1042. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Pour avoir fait des encyclopédistes, et de toute la cuistrerie philosophique à la suite, les ennemis implacables qui se sont rués sur lui, comme la meute enragée des chiens de Diane sur Actéon, il y a dû avoir sous la plume de Fréron autre chose que ces placides citations faites par M. de Barthélemy… Admettons, si l’on veut, que cet esprit très haut eut le calme des choses très hautes, — des choses placées dans le voisinage du ciel, — admettons que ce sagittaire pour la Vérité contre l’erreur n’étendit jamais de poison sur la pointe de ses flèches, toujours est-il qu’il n’aurait pas produit de ces colères, de ces haines et de ces ressentiments personnels, s’il n’avait pas meurtri davantage les personnalités vaniteuses auxquelles il répondait en sa qualité de critique.

1043. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Il était dans la destinée de madame de Maintenon d’avoir contre elle les deux plus fortes influences qui pussent agir sur la tête d’un pays comme la France : la Philosophie du xviiie  siècle, et, au xviie , la magie du Talent le plus atroce à ses ennemis qui ait peut-être jamais existé !

1044. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Quand tout ce qui était littéraire se faisait philosophe, Vauvenargues était philosophe comme les autres, puisqu’il avait la rage d’être littéraire ; mais il n’était ni athée comme d’Holbach ou La Mettrie, ni ennemi de Jésus-Christ comme Voltaire, ni matérialiste comme Diderot, ni déiste raccourci et bourgeois comme Jean-Jacques, et il ne parvenait qu’à être sceptique, dans un temps qui ne connaissait que le dogme de toutes les erreurs et leur affirmation la plus véhémente.

1045. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

La plume qui a écrit ce livre l’a, en effet, traversée, mais comme une épée traverse un ennemi.

1046. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Ce Fantasio, ce gracioso, ce rêveur qui a des vivacités, ce misanthrope riant, ce Chamfort qui sourit, ce désabusé qui plaisante, n’était pas fait pour les coteries doctrinaires, la morale protestante et les cultes académiques d’un salon où plane beaucoup plus l’ombre épaisse et gourmée de l’aïeul Necker que l’ombre lumineuse de la grand-mère Madame de Staël… Pour ce salon, des Rémusat et des Villemain sont de bien plus grands hommes que de Maistre et de Bonald… L’Académie y est regardée comme le but suprême où doit, en France, viser le grand esprit humain ; et on s’y étonnait que Doudan, aimé de ces doctrinaires encravatés et pédants, mais qui l’aimaient pour ce qui se fait aimer même des ennemis, — la grâce, — ne voulût pas faire quelque petite chose pour y entrer.

1047. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Elle se souvenait, sans doute, des magnifiques paroles de sa cousine, Clotilde de France, Reine de Sardaigne, qui disait : « que la plus belle place pour une chrétienne dans le Paradis, serait celle où l’on verrait à côté de soi un ennemi pour lequel on aurait prié ».

1048. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Quand tout ce qui était littéraire se faisait philosophe, Vauvenargues était philosophe comme les autres, puisqu’il avait la rage d’être littéraire ; mais il n’était ni athée comme d’Holbach ou La Mettrie, ni ennemi de Jésus-Christ comme Voltaire, ni matérialiste comme Diderot, ni déiste raccourci et bourgeois comme Jean-Jacques, et il ne parvenait qu’à être sceptique, dans un temps qui ne connaissait que le dogme de toutes les erreurs et leur affirmation la plus véhémente.

1049. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

En attendant ce jour-là, de Rémusat a toujours fait son métier de petite porte plus ou moins secrète, s’ouvrant, s’entrebâillant aux mauvais sentiments et aux idées ennemies.

1050. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Alors il crut que l’Histoire, aux âpres enseignements, lui donnerait, de vigueur et de mordant, ce qu’il n’avait pas, et tonifierait du même coup et sa pensée et son langage ; et il choisit, de toutes les histoires, l’histoire d’Angleterre, ce carquois où des mains ennemies viennent prendre les traits qu’elles décochent au gouvernement de la patrie.

1051. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Chez les Hongrois et chez leurs ancêtres les Huns, on avait pour coutume d’égorger les esclaves ennemis sur les tombes entrouvertes… Sur la tombe vidée de Ronsard montant tout à coup dans l’assomption de sa gloire, nous ne nous sommes pas contentés de Malherbe, nous avons égorgé Boileau.

1052. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Homme de génie, secoué par la conscience qu’il est fait pour le commandement, et d’une ambition tellement effrénée qu’elle en est épouvantablement maladroite et qu’elle en devient un jour presque sacrilège, il a, ainsi que le dit un des personnages du roman, la folie de la mitre, comme il aurait dû avoir la folie de la croix, et c’est cette folie de la mitre qui en fait, tout le long du roman, le furibond torrent de haine et de colère humaine que le prêtre ne peut endiguer, mais dont l’Église, à la fin et malgré tout, s’empare, parce qu’elle a reconnu, elle, le lynx divin, aux yeux maternels, que cette tempête d’homme assagi par elle peut avoir, un jour, vertu d’archevêque, et peut-être de Pape dans l’avenir… Le livre de Ferdinand Fabre, dont je viens de dire la conclusion, est, au fond, — si vous en ôtez deux ou trois nuances d’opinion que je n’y voudrais pas voir parce qu’elles blessent mon catholicisme, — un livre écrit à la gloire du prêtre et de l’Église, de cette Église à qui ses ennemis voudraient de petites vertus dont ils pussent se moquer, et non de grandes, devant lesquelles ils tremblent !

1053. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

— l’orgueil des maîtres, — la plus grande ennemie d’une femme quelconque étant naturellement sa femme de chambre, de cela seul qu’elle l’est.

1054. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Chaque famille spirituelle a maintenu ses droits, mais sous leur forme la plus pure, et par là même s’est trouvée toute proche des autres familles qu’elle aurait cru plus ennemies.‌

1055. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Le même orateur a traité deux autres sujets moins pathétiques, sans doute, mais non moins intéressants, ce sont les éloges funèbres de deux grands hommes ; l’un était ce maréchal de Luxembourg, élève de Condé ; impétueux et ardent comme lui, mais vigilant et ferme comme Turenne, quand il le fallait ; persécuté par les ministres, et servant l’État ; fameux par les victoires de Fleurus, de Leuze, de Steinkerque et de Nerwinde, et qui, de dessus un champ de bataille, écrivit à Louis XIV cette lettre : « Sire, vos ennemis ont fait des merveilles ; vos troupes encore mieux : pour moi, je n’ai d’autre mérite que d’avoir exécuté vos ordres ; vous m’avez dit de prendre une ville et de gagner une bataille, je l’ai prise et je l’ai gagnée. » L’autre, qui avait un genre de mérite tout différent, était ce maréchal de Boufflers, fameux par la défense de Lille, appliqué et infatigable ; d’ailleurs excellent citoyen, et dans une monarchie, capable d’une vertu républicaine.

1056. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Écrire un sonnet, c’était se faire des ennemis de tous les rimailleurs de couplets de facture, et la chanson de café-concert avait ses raisons pour ne pas faire bon ménage avec l’ode lyrique ou avec la noble élégie. […] Même nos ennemis de jadis — je n’entends pas parler des jeannins sans importance, oubliés, dispersés, évanouis, mais de quelques écrivains de valeur qui, d’abord, nous furent hostiles, — même nos ennemis de jadis sont devenus, à de rares exceptions près, nos amis ; eux manquant de mémoire, et nous de rancune, nous nous sommes réconciliés. […] Chamfleury lui-même, le chef des Réalistes d’antan, l’ennemi des rimes et des rythmes, celui qui tenait alors sur les poètes les discours précisément que tient aujourd’hui M.  […] Là, j’ai surpris mon Ennemie Dans ses cheveux bruns endormie. […] » Alors j’ai tué l’Ennemie Dans ses cheveux bruns endormie.

1057. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Il ne sait où trouver son ennemi, et, pour lui envoyer une lettre, il fait choix de l’aveugle mendiant. […] Il est impossible de se montrer plus crédule, plus complaisant, de se prêter de meilleure grâce au projet de son ennemi. […] Isaac, malgré sa jeunesse, a trop de bon sens et de lumières pour voir dans Bonaparte l’ennemi des noirs. […] Comment ne devine-t-il pas que l’amour de Ruy Blas pour la reine, loin de faire de lui un instrument docile, doit au contraire l’associer étroitement à toutes les haines de Marie de Neubourg, et lui donner pour ennemis les ennemis de la reine ? […] » L’homme le moins clairvoyant, encouragé par l’ennemi de sa maîtresse, se tiendrait sur ses gardes et reculerait au lieu d’avancer.

1058. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

. —  Pas encore, dit François, qui n’avait été qu’étourdi et qui se relève. » Ces deux hommes n’étaient point ennemis ni méchants, au contraire, compagnons et camarades ; mais le lieutenant voulait monter en grade. […] Au moindre choc, leur cervelle entre en branle, après quoi ils retombent à plat, se dégoûtent de la vie et s’assoient moroses parmi les souvenirs des fautes qu’ils ont faites et des délices qu’ils ont perdues. « Mon pire ennemi, disait Burns, c’est moi-même. […] Les journaux présentaient les novateurs comme des scélérats et des ennemis publics. […] La muraille bâtie contre elle par l’intolérance publique se fendille et s’ouvre ; la guerre engagée contre le jacobinisme républicain et impérial vient de finir par la victoire, et désormais on peut contempler les idées ennemies non plus à titre d’ennemies, mais à titre d’idées.

1059. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Aujourd’hui que M. de Châteaubriand n’a plus de puissance que celle de sa renommée littéraire, qu’il n’a plus d’ennemis ni de flatteurs, qui s’avise de contester l’immense gloire qu’il s’est acquise, non moins pour avoir sauvé la vieille langue française du naufrage de toutes les traditions, que pour lui avoir imprimé le sceau d’une grâce nouvelle et d’une jeunesse inespérée ! […] » Mais cette mélancolie ne dure pas, d’autres pensées lui succèdent ; l’esprit français, la gaieté française se font jour à travers tous ces regrets, comme un rayon de soleil vient percer les brouillards de l’Himalaya ; et il écrit pour rassurer ses amis, tandis que d’orageuses rafales menacent de déraciner sa tente et de renverser la table où il s’appuie : « Dites que je suis dans un pays aussi salubre que l’Europe, mangeant des pommes et du raisin, buvant du vin du cru (qui est détestable), et enfin,      « Sachez, sachez      « Que les Tartares      « Ne sont barbares « Qu’avec leurs ennemis !  […] Mais toujours sa présence d’esprit, sa décision silencieuse et froide ou violente et impétueuse, selon le vent qui soufflait dans le désert, le tirèrent d’embarras ; quand il ne réussit pas à frapper de stupeur ses ennemis, il les culbute et il passe. […] Qu’on se représente ensuite, comme un brillant accessoire de ce tableau, au fond, le ciel de l’Inde avec son azur éblouissant ; d’un côté, les crêtes sourcilleuses et sombres de l’Himalaya, de l’autre Delhi, la ville impériale, avec ses toits dorés et ses pagodes étincelantes ; au milieu une table immense, chargée de bronzes, de cristaux, de magnifique argenterie ; des mets exquis dans des porcelaines de la Chine, des vins de France dans les glaces du Thibet ; tout autour, les officiers de la résidence, vêtus de leurs brillants uniformes, avec des rubans tricolores à la boutonnière ; aux quatre coins de la salle, les couleurs de la France flottant en nobles pavois, confondues avec les drapeaux tant de fois ennemis de la vieille Angleterre ; et sur le premier plan, à la place d’honneur, un jeune homme en simple frac ; c’est Victor Jacquemont, le héros de la fête. […] Il semble voir un jouet que se renvoient des mains adroites et ennemies, qui passe de la soubrette au page, du page à la princesse, de la princesse à l’étudiant, de l’étudiant au professeur Cantharide, espèce de niais perfide et froid qui préside aux bals entomologiques de sa souveraine, et rédige les Mémoires secrets de sa vie.

1060. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

son bras se fût appesanti sur nos ennemis, les eût réduit en poudre, & la cour de Varsovie ne s’amuseroit pas à donner des fêtes & des bals. […] Si vous ne les admirez pas continuellement, ils sont vos ennemis. […] On l’évite, on le redoute, & l’on ne veut être ni son ami, ni son ennemi, par la raison qu’on craint d’être compromis ou calomnié. […] L’on seroit enchanté de cette franchise, & cela les reconcilieroit avec leurs ennemis. […] Ma foi, répliqua le chevalier de Saint-Louis, quand la religion n’aura que de pareils ennemis….

1061. (1900) La culture des idées

Jeanne d’Arc était considérée à la fois par ses amis et par ses ennemis comme en possession d’un pouvoir surnaturel. […] Le ripolin représente ici l’injustice et l’oppression ; c’est l’ennemi, c’est le diable. […] Quelques premiers livres écrits, quelques pages même, déterrées par un ennemi littéraire, pourraient, après des vingt ans de labeur et de succès, compromettre tout d’un coup votre popularité. […] Naturellement, en cas de bataille, tous vos obligés passeront à l’ennemi, mais vous en serez quitte pour une dépense modérée, si vous avez besoin de les ramener, car ces gens-là se contentent de peu. […] Mais que l’ennemi soit un ou multiple, il gêne également ma liberté, et, m’ayant forcé à le concevoir, il me force à « entrer en pourparlers » avec lui.

1062. (1864) Études sur Shakespeare

La réforme, traitée en ennemie par les grands souverains du continent, avait reçu de Henri VIII un commencement d’espérance et d’appui qui ralentit d’abord son ambition et ses progrès. […] Si ces deux classes d’ennemis s’étaient réunies contre le théâtre, il aurait peut-être succombé. […] Les événements suivent leur route, l’homme entre dans la sienne ; il emploie sa force à les détourner de la direction dont il ne veut pas, à les vaincre quand ils le traversent, à les éluder quand ils l’embarrassent ; il les soumet un moment à son pouvoir pour les retrouver bientôt, plus ennemis, dans le cours nouveau qu’il leur a fait prendre, et il succombe enfin, mais tout entier, dans la lutte où se brisent sa destinée et sa vie. […] Le doute ne se présente encore à nous que comme un ennemi dont on commence à craindre les atteintes ; il semble que la discussion porte un aspect menaçant, et que l’examen ne puisse sonder sans renverser. […] Mais ils ne sont que dans les discours ; ce que nous voyons en action, c’est Joad qui conspire avec les moyens que lui laisse encore son ennemie ; c’est la grandeur imposante du caractère d’Athalie, et la ruse qui doit son triomphe sur la force à la pitié méprisante qu’elle a su inspirer par une apparence de faiblesse.

1063. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

D’autre part, cette attitude pénible et voulue est le signe d’un mépris excessif ; la protection apparente qu’on prête à son ennemi est la pire des insultes. Il semble qu’on lui dise : « J’ai honte de vous attaquer ; vous êtes si faible, que même avec un appui vous tombez ; vos raisons sont votre opprobre, et vos excuses sont votre condamnation. » Aussi, plus l’ironie est grave, plus elle est forte ; plus on met de soin à défendre son ennemi, plus on l’avilit ; plus on paraît l’aider, plus on l’écrase. […] On a des ennemis parce qu’on a des amis, et des aversions parce qu’on a des préférences. […] En vrai prince, il a pour ennemi principal son fils aîné, héritier présomptif du marquisat, qu’il laisse jeûner et qu’il engage à faire des dettes.

1064. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

parce qu’ils osent combattre la vérité par des argumens puisés dans les sources impures du mensonge, & qu’ennemis nés de la société ils se plaisent à jeter le trouble dans les ames foibles, pour les abandonner ensuite au tourment affreux du doute ou du désespoir ! […] Mais, lorsque l’intrigue & le mauvais goût se liguèrent contre lui, en s’efforçant de faire triompher Pradon, on ne vit plus alors dans cette conduite qu’une basse jalousie, & la plus aveugle prévention du Bel-esprit, ennemi né du génie. […] Faut-il que le sang coule sur les Autels, que la terre en soit abreuvée, que l’ennemi vainqueur boive celui du vaincu ? […] Rien ne deshonore & n’avilit plus les Lettres que ces haines sanglantes, dont le trépas même de l’ennemi ne peut éteindre la fureur & la violence.

1065. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

On sait qu’ils ont pour ennemis les Faucons, qui sont guidés vers leur proie par un regard perçant. […] Si, malgré le secours de l’art, des différences si légères décident du sort des variétés cultivées, assurément, à l’état de nature, où chaque arbre doit lutter contre d’autres arbres et contre une armée d’ennemis, ces mêmes différences doivent évidemment suffire à décider quelle variété de fruit, lisse ou velue, à chair pourpre ou jaune, l’emportera finalement sur les autres. […] Il est aisé de concevoir, du reste, que toute forme qui n’est plus représentée que par un petit nombre d’individus, exposés à des fluctuations inévitables dans la rigueur des saisons et dans le nombre de leurs ennemis, doit courir plus de chances qu’une autre d’être entièrement exterminée. […] Or, de telles espèces seraient très exposées à être exterminées, ne serait-ce que par suite des variations accidentelles qui surviennent dans le nombre de leurs ennemis ou dans la succession des saisons.

1066. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

(Pourtant) aucun gentilhomme n’a autant fait pour les habitants de ses terres que M. le marquis de Marnezia… Les excès en tout genre augmentent ; j’ai des plaintes perpétuelles sur l’abus que les milices nationales font de leurs armes, et je ne puis y remédier. » D’après une phrase prononcée à l’Assemblée nationale, la maréchaussée croit qu’elle va être dissoute et ne veut pas se faire d’ennemis. « Les bailliages sont aussi timides que la maréchaussée ; je leur renvoie sans cesse des affaires, et aucun coupable n’est puni… » — « Aucune nation ne jouit d’une liberté si indéfinie et si funeste aux honnêtes gens ; il est absolument contraire aux droits de l’homme de se voir perpétuellement dans le cas d’être égorgé par des scélérats qui confondent toute la journée la liberté et la licence. » — En d’autres termes, les passions, pour s’autoriser, ont recours à la théorie, et la théorie, pour s’appliquer, a recours aux passions.

1067. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Raisons du succès de Malherbe Les ennemis de Malherbe n’y purent rien : il obtint gain de cause auprès de ses contemporains.

1068. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Que les ennemis de sa gloire apprennent que dans ses autres Ouvrages il a de nouveaux titres pour exciter leur jalousie, & les humilier par sa supériorité.

1069. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Le traducteur en prose, ennemi décidé de toute traduction libre, (car celles qui ne sont que des imitations le révoltoient bien davantage, & lui paroissoient des monstres), soutenoit que la crainte de n’être pas assez exacte & littéral devoit faire sacrifier les mots aux choses.

1070. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

L’acceptation de ce testament qui souleva toute l’Europe contre Louis XIV, et qu’à sa place aucun de ses ennemis n’aurait rejeté, produisit immédiatement cette guerre de coalition si acharnée et si funeste qui se fit partout : en Allemagne, en Flandre, en Italie, et plus tard enfin en Espagne, et dans laquelle la France opposa à ces fléaux incarnés contre nous : Guillaume III, Marlborough, le prince Eugène, le duc de Savoie, le regain magnifique encore de ses grands hommes : Vendôme, Villars, Berwick et Catinat.

1071. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Ce livre, dans lequel l’auteur a développé la nécessité de l’intervention des évêques dans les temps processifs de notre histoire, temps qui furent périodiques à travers les crises et surtout les changements de race, ce livre a répondu nettement une fois de plus à l’imbécile accusation d’usurpation cléricale que les ennemis de l’Église n’ont pas cessé de faire entendre, et de faire croire, qui plus est.

1072. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Michelet vante ce mot qui vante Gœthe, et qui n’est qu’une flatterie, sous forme laconique et brusque, de l’ennemi de madame de Staël, ce jour-là tout aussi femme qu’elle !

1073. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Il coupa sa forêt d’ennemis, et, quand il l’eut coupée, il posa la hache à ses pieds avec une hauteur et un calme que l’Histoire, malgré son horreur, admire encore.

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