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479. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Quant à la liberté, elle eut toujours ses vœux, soit que dans les salons de l’hôtel de Conti, sous Louis XV, il s’écrie avec une douleur de citoyen : Les Anténors vendent l’empire, Thaïs l’achète d’un sourire ; L’or paie, absout les attentats. […] On cite une épigramme contre Carnot, lors du vote de Carnot contre l’Empire ; elle fut commandée à Le Brun et payée d’une pension.

480. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Tout est fixé d’avance dans l’ambition ; ses chagrins et ses plaisirs sont soumis à des événements déterminés ; l’imagination a peu d’empire sur la pensée des ambitieux, car rien n’est plus réel que les avantages du pouvoir. […] L’amant de la gloire a une conscience, c’est la fierté ; et quoique ce sentiment rende beaucoup moins indépendant que le dévouement à la vertu, il affranchit des autres, s’il ne donne pas de l’empire sur soi-même.

481. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

D’autre part, dans un État qui peu à peu se dépeuplait, se dissolvait et fatalement devenait une proie, il avait formé une société vivante ; guidée par une discipline et des lois, ralliée autour d’un but et d’une doctrine, soutenue par le dévouement des chefs et l’obéissance des fidèles, seule capable de subsister sous le flot de barbares que l’Empire en ruine laissait entrer par toutes ses brèches : voilà l’Église. — Sur ces deux premières fondations, il continue à bâtir, et, à partir de l’invasion, pendant plus de cinq cents ans, il sauve ce qu’on peut encore sauver de la culture humaine. […] Les États qui, d’après l’exemple de l’ancien Empire, ont tenté de s’élever en édifices compacts et d’opposer une digue à l’invasion incessante, n’ont pas tenu sur le sol mouvant ; après Charlemagne, tout s’effondre.

482. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Dans le Livre de Daniel, au milieu de la vision des empires représentés par des animaux, au moment où la séance du grand jugement commence et où les livres sont ouverts, un être « semblable à un fils de l’homme » s’avance vers l’Ancien des jours, qui lui confère le pouvoir de juger le monde, et de le gouverner pour l’éternité 370. […] Comme toutes les corporations municipales jusqu’à une époque avancée de l’empire romain, elles faisaient des décrets honorifiques 392, votaient des résolutions ayant force de loi pour la communauté, prononçaient des peines corporelles dont l’exécuteur ordinaire était le hazzan 393.

483. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Elle a célébré les héros, les conquérans : les fondateurs des empires, les législateurs des nations. […] L’Arioste appaisa tout ; il acquit, dans la province, un grand empire sur les esprits, & en particulier sur ces brigands.

484. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Les Mémoires de l’Empire du grand Mogol, par François Bernier, Paris 1670. 4. vol. […] L’état présent de l’Empire de Maroc par M.

485. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Mais nous disons que ces défauts, qui gênent et qui dégoûtent, ne détruisent pas l’empire exercé par Stendhal sur les esprits un peu fortement organisés, signe certain qu’il y a ici une puissance — une réalité de puissance — dont la Critique est tenue de trouver le secret. […] Voilà le secret de son empire sur les âmes plus énergiques que délicates et de la révolte de ces dernières.

486. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Fétides sous le Directoire, mais tonifiées et bonifiées par la gloire, ces mœurs étaient telles encore que Napoléon, ce génie romain, ce grand pater familias de son empire, avait besoin de toutes ses impériales sévérités pour ramener aux vertus de la famille ses généraux mal disciplinés à ces vertus, mais dont c’était la seule indiscipline… Eh bien, au plus brûlant et au plus entraînant de ces mœurs qui avaient en tout l’emportement de la mêlée et de la victoire, voilà qu’apparut cet être étrange et ravissant, et alors, comme depuis, si chastement inviolable, que, malgré toutes les qualités qui éveillent l’envie, jamais la calomnie n’eut le courage d’envoyer même sur ses pieds immaculés une gouttelette de boue. […] , Adrien et Mathieu de Montmorency, Lémontey (qui n’y est pas assez), toute une société, enfin, de gens très comme il faut, mais qui n’ont sur rien une idée nouvelle, et qui ne savent que geindre entre eux parce que Napoléon envoyait Madame de Staël à Coppet, vivre en millionnaire dans le plus pittoresque pays d’Europe, quand elle tenait à épigrammatiser contre l’Empire sur le bord de son ruisseau de la rue du Bac.

487. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Mais nous disons que ces défauts, qui choquent et qui dégoûtent, ne détruisent point l’empire exercé par Stendhal sur les esprits un peu fortement organisés, signe certain qu’il y a ici une puissance, une réalité de puissance, — dont la Critique est tenue de trouver le secret. […] Voilà le secret de son empire sur les âmes plus énergiques que délicates, et de la révolte de ces dernières.

488. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Toutes ces idées magnifiques que l’on s’est faites jusqu’ici sur les commencements de Rome et de toutes les autres capitales des peuples célèbres, disparaissent, comme le brouillard aux rayons du soleil, devant ce passage précieux de Varron rapporté par Saint-Augustin dans la Cité de Dieu : pendant deux siècles et demi qu’elle obéit à ses rois, Rome soumit plus de vingt peuples, sans étendre son empire à plus de vingt milles . […] Mais le sénat conserva son empire souverain sur toutes les terres de la république, et le maintint jusqu’à la fin par la force des armes.

489. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Mais les injures violentes, les noms de débauché nocturne, de ventru, de pied-bot, qu’il jeta plus tard au sage Pittacus, furent sans puissance, comme ses armes : « Répète un chant romain, nous dit Horace, ô lyre modulée d’abord par le citoyen de Lesbos, qui, forcené pour la guerre, savait pourtant, soit au milieu des armes, soit quand son navire battu des flots reprenait le rivage, chanter Bacchus et les Muses, Vénus et l’enfant qui la suit toujours62. » Puis ailleurs, lorsque, échappé à un danger de mort, Horace, qui a cru voir de près l’Élysée, y place le belliqueux Alcée, comme Virgile osait y mettre Caton : « De combien peu, dit-il, nous avons failli voir l’empire de la sombre Proserpine, et le tribunal d’Éaque, et les demeures réservées des âmes pieuses, et Sapho sur la lyre éolienne se plaignant des jeunes filles ses compatriotes, et toi aussi, Alcée, redisant plus haut sur ton luth d’or les maux de la tempête, les maux de l’exil, les maux de la guerre ! […] Mais, avant ce changement du monde, lorsque le paganisme régnait dans la paix de l’empire romain, lorsqu’il n’y avait plus ni liberté, ni gloire patriotique, ni grande éloquence, et que la culture de l’esprit n’était plus qu’un amusement de la servitude, un savant critique, Denys d’Halicarnasse, celui qui a tant raisonné sur Thucydide et sur Démosthène, sans comprendre leurs âmes, sauvait au moins pour l’avenir, dans un traité de rhétorique, une ode entière de Sapho à sa déesse favorite.

490. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

C’était la punition que lui infligeait l’espiègle direction Limayrac, les jours où l’orateur de l’opposition, sous l’empire, avait fait des siennes à la Chambre.

491. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hervilly, Ernest d’ (1839-1911) »

Ç’a été un vrai coup de foudre, comme on dit dans l’Empire du soleil levant ; et il l’épousera tous les soirs aussi longtemps que l’on voudra.

492. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 145-150

Quand je compte mes ans, Titon n’est pas plus vieux ; Je vois déjà pour moi s’ouvrir le sombre Empire ; Toutefois votre cœur de mon ame soupire, Vous en faites la triste & vous plaignez des Cieux.

493. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Gusman est aussi fier que le fils de Pélée : percé de coups par la main de Zamore, expirant à la fleur de l’âge, perdant à la fois une épouse adorée et le commandement d’un vaste empire, voici l’arrêt qu’il prononce sur son rival et son meurtrier ; triomphe éclatant de la religion et de l’exemple paternel sur un fils chrétien : (À Alvarez.)

494. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XII. Suite des machines poétiques. — Voyages des dieux homériques. Satan allant à la découverte de la création. »

… Un monde nouveau pend au-dessus de mon empire, du côté où tes légions tombèrent.

495. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Troisième journée. Tout s’explique » pp. 234-240

. — Et, à peine empereur-époux, il étranglait la princesse dans le lit nuptial, vendait l’Empire aux barbares du Nord, et, tout couvert de ces richesses sacrilèges, il retournait à Paris pour éclabousser, sur le boulevard des Italiens, les diamants de M. de Brunswick !

496. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

. — La lutte n’a duré qu’un instant ; d’un regard, Vénus sortant des flots a mesuré son empire. […] L’Empire, pour lui, n’est qu’un tréteau colossal, où il parade devant un parterre de nations. […] On peut en croire son historien disant la tristesse qui le saisit lorsque l’adoption d’Adrien le désigna à l’Empire. […] Elle trouve l’Empire dévasté et vidé par l’épidémie. […] Ce n’est pas non plus à l’attrait des sens qu’on peut attribuer son empire.

497. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Tout véritable disciple des muses n’est point un homme de faction, mais un libre interprète des vertus durables : son impartialité louera les grandeurs des institutions populaires ainsi que les meilleures lois des empires. […] « Jamais le fils de l’Hèbre et ses divins accords « N’ont d’un charme si prompt atteint le sombre empire. […] Enfin l’empire est délivré des Africains que Charlemagne achève de repousser loin de la France ; le paladin Roland recouvre sa raison que lui rend Astolphe, et Roger baptisé épouse sa fidèle et belliqueuse Bradamante. […] « ………………………………………………………… « Si l’homme reconnaît l’empire des vertus, « S’il craint un Dieu vengeur, notre empire n’est plus. […] A-t-elle cet empire sur tous ?

498. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Mais il continue de monter de 1820 à 1870, et est encore très bon de 1870 à 1880 (cause probable : l’anticléricalisme de la bourgeoisie de Louis-Philippe, du second Empire et de la troisième République : 24 mai et 16 mai). […] Or il est invraisemblable, en thèse générale, qu’un homme soit aussi bête que Thésée ; mais il ne l’est pas qu’il le soit, sous l’empire de la colère, pendant l’espace d’une heure, et que, pendant ce temps si court, il n’ait pas le temps de se ressaisir. […] Beaucoup d’imitateurs sous la Révolution et quelques-uns sous l’Empire. […] On avait souvent l’occasion d’illuminer sous l’Empire. […] Jamais homme n’a souhaité avec plus de passion les victoires de l’Empire, ni crié plus amoureusement du fond du cœur — déjà — le refrain de 1848 : « Des lampions !

499. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Et je jure par les saints évangiles que le nouveau 9 thermidor qui terminera ce second empire de la terreur sera le premier jour de la royauté renaissante et affermie pour les siècles des siècles. […] Marie-Joseph, dont le cœur valait mieux que les passions, et qui avait des retours généreux après ses colères, reconnut-il jamais son tort envers celui avec qui il se rencontra plus tard dans la résistance à l’Empire ? […] pourquoi a-t-il poussé si vite ses destinées jusqu’à l’Empire ? […] Camille Jordan, par son écrit sur le Consulat, s’était annulé politiquement pour tout le temps de l’Empire. […] Mon cœur en a tout à fait besoin. » Camille Jordan, un peu trop absorbé dans les joies et les soucis de la famille, trop loin du centre, n’ayant pas à Lyon ses vrais juges, même parmi ses confrères de l’Académie, un peu trop abondant dans les matières qu’il traitait devant eux, comme il arrive d’ordinaire quand on n’a pas en vue une publicité immédiate, Camille ne tint pas assez compte des judicieux conseils littéraires de Mme de Staël, et toute cette partie de sa vie qui se rapporte à la période de l’empire a pu paraître de loin non occupée : elle est restée comme enfouie dans les registres de l’Académie de Lyon.

500. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Parcourez les douze siècles de l’histoire de l’Europe depuis le moment où l’Église Chrétienne sortit des décombres de l’Empire Romain envahi par les Barbares, jusqu’au moment où la Philosophie posa ses hardis problèmes, vous reconnaîtrez d’une manière indubitable un caractère commun à toute cette époque. […] Enfin vient la vieillesse, où la société abdique la pensée sous l’empire de laquelle elle s’est élevée et a vécu : elle se rit des rêves de son enfance, des idées de son âge mûr ; elle se rit de l’enfer et du paradis ! […] Il est bien vrai qu’il commande aux maris la fidélité ; mais il donne au mari l’empire, la domination sur la femme, dominium. […] Vainement ces penseurs démontrent que quand le mal moral se répand sur la terre, c’est par la femme, et que c’est d’elle que vient principalement la ruine des empires : il ne s’ensuit pas la condamnation de la femme comme ils l’entendent. […] L’Empire aussi parut une trêve, parce que la brutalité était de mode, et que la guerre couvrait tout.

501. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

On peut se décider dogmatiquement pour le symbole contre le miracle, et reconnaître toutefois que la croyance au miracle entoure le catholique spirituel d’une atmosphère particulière dont, sous l’empire d’une autre croyance, on a peine à se former l’idée. […] Dans ce drame, tout prend un rôle, tout est personnage, le ciel, l’océan, le désert, les montagnes, les vallées, les cités, les empires ; « chaque mot de leur bouche dure un siècle, chaque haleine est une année ». Quand les sphinx de granit sont en scène, il leur faut « pour serrer leurs bandeaux autour de leurs fronts, toute une vie de patriarche ; pour se coucher sur leurs croupes de lionnes, toute une vie d’empire ». […] Quand tu repasseras dans sa ville, la bruyère te barrera le chemin, l’épine du buisson te demandera : Où est donc allée celle qui te faisait aimer, et qui valait mieux que les siècles et que les empires qui t’ont honni ? […] Une poussière d’empires, un boisseau d’étoiles, des montagnes entassées dont l’Eternel se fait un banc pour s’asseoir, toutes ces images sont multipliées avec un peu d’indiscrétion.

502. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

. — Mais en littérature, il n’y a pas même de bâtons flottants ; l’Histoire de l’Empire de Thiers ne viendra que dans dix-huit mois ; on n’a rien, on n’espère rien pour cet hiver.

503. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

. — histoire du consulat et de l’empire.

504. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

Ce n’est pas tout : la chaleur, l’électricité, la lumière, les vents, l’empire des localités, en sont autant d’éléments nouveaux, et le climat n’est que la force résultante de toutes ces forces.

505. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Cet orgueil, d'après le Moraliste, se cache avec tant de subtilité dans notre cœur, y conserve un empire si absolu sur tous ses mouvemens, qu'il n'est pas possible que toutes nos actions ne soient un effet de ce vice plus ou moins caché, & qu'elles ne se rapportent toutes à lui.

506. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

« Ô Jupiter, et vous tous, dieux de l’Olympe, que mon fils règne, comme moi, sur Ilion ; faites qu’il obtienne l’empire entre les guerriers ; qu’en le voyant revenir chargé des dépouilles de l’ennemi, on s’écrie : Celui-ci est encore plus vaillant que son père ! 

507. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Si c’était le titre de citoyen, plutôt que celui de sujet qui fit exclusivement l’historien, pourquoi Tacite, Tite-Live même, et, parmi nous, l’évêque de Meaux et Montesquieu, ont-ils fait entendre leurs sévères leçons sous l’empire des maîtres les plus absolus de la terre ?

508. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Cependant les lettres et les sciences étaient pour bien peu encore dans l’existence des empires. […] Il nous a fait oublier qu’un roi a d’autres devoirs que d’acquérir de la renommée pour son empire. […] Il est curieux de suivre cet essor des lettres et de la philosophie, par lequel elles semblent usurper un empire universel. […] Elle fut suspendue pendant la vie du ministre ; quand il ne fut plus, elles exercèrent un empire absolu. […] D’ailleurs l’auteur de cet écrit se destinant à la carrière de l’administration, il a pris de bonne heure cet esprit de justice et de discernement qui convient surtout à la littérature philosophique et à celle qui n’entre point dans l’empire des fictions, dans cet empire où il faut donner la vie, et avec elle toutes les passions qui la signalent.

509. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

. —  Empire de la période. —  Johnson. —  L’école historique. —  Robertson, Gibbon, Hume. —  Leur talent et leurs limites. —  Commencements de l’âge moderne. […] À présent nous sommes préparés, et nous pouvons entrer dans son second poëme, la Dunciade ; il faut beaucoup d’empire sur soi pour ne pas jeter par terre ce chef-d’œuvre comme insipide et même dégoûtant. […] Pope ne fustige pas les sots, il les assomme ; son poëme est vraiment dur et méchant ; il l’est tant qu’il en est maladroit ; pour ajouter au supplice des imbéciles, il remonte au déluge, il écrit des tirades d’histoire, il représente tout au long le règne passé, présent et futur de la sottise, la bibliothèque d’Alexandrie brûlée par Omar, les lettres éteintes par l’invasion des barbares et par la superstition du moyen âge, l’empire de la niaiserie qui s’étend et va envahir l’Angleterre. […] voilà que tu rétablis ton funeste empire ; la lumière meurt devant ta parole mortelle ; ta main, grand anarque, laisse tomber le rideau, et l’obscurité universelle ensevelit le monde1119. » Tapage final, cymbales et trombones, pétarades et feux d’artifice. […] Thy dread empire, Chaos, is restor’d ; Light dies before thy uncreating word, Thy hand, great Anarch, lets the curtain fall And universal Darkness buries all.

510. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

» Ma première pensée fut, non pas de la réduire, c’eût été trahir la patrie, mais de la faire plus départementale que nationale, c’est-à-dire de la diviser organiquement en quelques grands corps recrutés dans certaines zones départementales du pays, y résidant toujours sous l’influence de l’opinion locale et sous le commandement de généraux pris, autant que possible, dans les mêmes provinces, de peur que l’ascendant naturel d’un Auguste popularisé par le nom de César ne pût disposer de l’armée entière et rétablir l’empire, œuvre des soldats, au lieu de la république ou de la monarchie tempérée, œuvre des citoyens. — Les raisons que je me donnais à moi-même pour cette organisation de nos forces étaient puissantes. […] On a attribué à cette arrière-pensée sa présence à Compiègne pendant les fêtes de l’empire. […] La monarchie de ses pères écartée, il ne lui restait que l’empire. […] République comme moi, empire comme Napoléon, celui qui le délivrerait de ce cauchemar des prolétaires était son idole. […] Il ne cacha point ses inclinations vers l’empire.

511. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Son principal roman-feuilleton fut les guerres de l’Empire : il eut fort à faire de l’écrire avec son sang ; il n’eut point en tête d’autre romanesque. […] Le Second Empire, émasculant toute littérature politique, religieuse et sociale, — (qu’elle fût pour l’élite ou pour le peuple), — le second Empire précipita le roman-feuilleton, dans les criminalités passionnelles et les imaginations épileptiques où il agonise aujourd’hui. Là comme ailleurs, le Second Empire fut le grand corrupteur de la Nation. […] Vous savez mieux que moi, mon cher confrère, que sur presque tous les points la Troisième République a continué, sinon aggravé le Second Empire.

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