« Quand les poèmes de Moïse, de David, d’Isaïe, ne nous auraient été donnés que comme des productions purement humaines, ils seraient encore, par leur originalité, par leur antiquité, dignes de toute l’attention des hommes qui pensent, et, par les beautés littéraires dont ils brillent, dignes de l’admiration et de l’étude de ceux qui ont le sentiment du beau. » Lisons donc ces chants inspirés ; ils ont passé par des bouches humaines, et, sous ce point de vue au moins, ils ressortent du jugement humain.
Mais Arthur n’a plus rien du chef celtique les que fées ont emporté dans l’île d’Avallon : c’est un roi brillant, digne de prendre place entre Alexandre et Charlemagne, et dont la cour est le centre de toute politesse, un idéal séjour de fêtes somptueuses et de fines manières. […] Bérout nous donne un Tristan assez ennuyé de son aventure d’amour et n’aspirant qu’à en sortir : un Tristan digne de la Petite Marquise.
C’est un rêve de mon adolescence que la légende fût comprise enfin jusqu’au fond d’elle-même par des lettrés dignes de la transfigurer en la touchant. […] Rome faisait des vers selon la Grèce et nous faisons des vers selon Rome ; l’esprit d’un peuple d’arrangeurs et d’adaptateurs a engendré un peuple digne de lui et à l’envi nous pratiquons « l’instar » qui pourtant nous paraît ailleurs ridicule.
Voilà ce qui fait vivre Calvin, comme écrivain français ; voilà les beaux côtés de cet esprit, auxquels répondent, dans le caractère, cette fermeté, ce courage, ces vertus privées, ce sacrifice de la chair à la vie de l’esprit, qui l’ont rendu digne de gouverner les hommes. […] « Or, si quelqu’un, dit-il75, escrivant, disputoit à savoir s’il y a eu un Platon ou un Aristote, ou un Cicéron, je vous prie, ne l’estimeroit-on pas digne d’être souffleté où d’être châtié de bonnes estrivières ?
S’il est sorti du bien de l’école encyclopédique, jamais il ne fut plus vrai de dire qu’il est quelquefois dans les desseins de Dieu de faire le bien par les mains les moins dignes. […] Il était bien digne de retrouver la langue de ce siècle, alors qu’il gardait encore de ses mœurs littéraires la docilité aux conseils du « censeur solide et salutaire », et qu’il aimait la gloire à la façon des grands écrivains d’alors, non comme une affaire à laquelle on travaille de sa personne, mais comme une fortune qu’on laisse faire à ses œuvres.
N’est-il pas plus sage, plus digne de sa destination, d’apprendre de la Divinité même ce qu’elle doit croire, ce qu’elle doit respecter, que de se repaître de chimeres, & de voguer dans le doute ? […] Si, par fortune, ce prodige de grandeur qui subjugue les adversités, n’étoit qu’une méprise & qu’une erreur, quelle erreur, nous ne craignons pas de le dire, plus digne de notre admiration & de nos hommages ?
Avant Ménélas, l’antique Nestor, parlant au fils d’Ulysse de la catastrophe du palais d’Argos, lui contait cette belle tradition digne de passer par sa « voix de miel ». […] Il salue les dieux de la patrie, la terre natale qu’il désespérait de revoir, il annonce magnifiquement le roi qu’il précède, « l’auguste Atréide, l’homme heureux, le plus digne d’être honoré entre les mortels ». — « Thaltybios semblable aux dieux par la voix », c’est ainsi que l’appelle Homère.
Il lui dit l’infamie de son père, l’extrémité à laquelle il a réduit sa noble et digne femme, forcée de fuir un foyer honteusement souillé. […] Les Fourchambault Il faut applaudir deux fois à l’éclatant succès que les Fourchambault viennent de remporter au Théâtre-Français : d’abord et surtout pour la pièce elle-même : ensuite pour la façon parfaitement digne dont ce succès s’est produit.
il est digne que l’histoire l’accueille, et que le moraliste le médite. […] Le duc de Saint-Aignan avait perdu son fils, et Louis XIV lui avait fait je ne sais quelle faveur pour le consoler : J’ai su si bon gré au roi, écrit Bussy au duc, de la manière dont Sa Majesté vous a consolé, que ce maître-là m’a paru digne du service de toute la terre.
Nous passons du Tassoni à Maffeï, parce que les Poëtes qui ont été entre ces deux Ecrivains, n’ont pas produit des ouvrages dignes d’être connus ; ou du moins, on ne s’est pas appliqué à les faire connoître. […] La Gazette littéraire, dirigée par deux hommes d’un sçavoir très-varié & d’un goût très-délicat, renferme divers morceaux, traduits de l’Allemand, dignes d’être lus, & fait connoître d’ailleurs plusieurs Poëtes dont je me dispenserai de parler.
« Je signalerai seulement deux pièces dignes de mention parmi celles qui ont succombé : l’une, un dialogue extrêmement spirituel, et parfois poétique aussi, entre deux anciens camarades de collège, un poète et un banquier ; le sujet du concours y est traité un peu trop sans gêne, toutefois. […] Écoutez, ô Mécène, et vous aussi, heureux Auguste, ce qu’il faut à ce fils d’affranchi qu’on appelle Horace : votre amitié d’abord, s’il vous juge dignes de la sienne.
Par exemple, ceci nous donne une petite vision du premier état d’âme de La Fontaine amoureux, et en tout cas cela me paraît tout à fait digne de vous être soumis. […] Est-il rien de si digne d’envie ?
* L’Exposition des peintres anglais est très-belle, très-singulièrement belle, et digne d’une longue et patiente étude. […] Sans analyser ici le but qu’ils poursuivirent, sans en vérifier la légitimité, sans examiner s’ils ne l’ont pas outrepassé, constatons simplement qu’ils avaient un but, un grand but de réaction contre de trop vives et de trop aimables frivolités que je ne veux pas non plus apprécier ni caractériser ; — que ce but ils le visèrent avec persévérance, et qu’ils marchèrent à la lumière de leur soleil artificiel avec une franchise, une décision et un ensemble dignes de véritables hommes de parti.
Il est bien digne de remarque, que, par ce genre de convention, la victoire de l’un des deux peuples devait être décidée par l’issue du combat des principaux intéressés, tels que les trois Horaces et les trois Curiaces dans la guerre d’Albe, tels que Pâris et Ménélas dans la guerre de Troie. […] Le héros digne de ce nom, caractère bien différent de celui des temps héroïques, est appelé par les souhaits des peuples affligés ; les philosophes en raisonnent, les poètes l’imaginent, mais la nature des sociétés ne permet pas d’espérer un tel bienfait du ciel.
Ses lettres, pleines d’éloquence et de vertueuse tristesse, ont souvent des pages dignes d’Oberman ; l’inspiration grandiose est la même, et il le cite à tout moment.
Rien que ses propres phrases textuelles ne saurait rendre l’idée qu’elle avait du roi ; il est bon d’en citer quelque chose ici comme digne préparation à la scène finale qui eut lieu trente ans plus tard.
Diderot écrit à mademoiselle Sophie Voland, sa maîtresse, celle à laquelle il fut le plus fidèle, et qui en était le plus digne.
Poirier (1854), qui met aux prises deux types si vrais de bourgeois enrichi et de noble ruiné ; dans les Lionnes pauvres (1858), où l’honnête Pommeau et sa femme forment un couple digne de Balzac, et nous offrent le tableau des ravages que l’universel appétit de richesse et de luxe peut faire dans un modeste ménage ; dans Maître Guérin (1864), enfin, qui, malgré son sublime colonel, est peut-être l’œuvre la plus forte de l’auteur par le dessin des caractères : ce faux bonhomme de notaire, qui tourne la loi et qui cite Horace, gourmand et polisson après les affaires faites, cette excellente Mme Guérin, vulgaire, effacée, humble, finissant par juger le mari devant qui elle s’est courbée pendant quarante ans, cet inventeur à demi fou et férocement égoïste, qui sacrifie sa fille à sa chimère, ces trois figures sont posées avec une étonnante sûreté ; Guérin surtout est peut-être le caractère le plus original, le plus creusé que la comédie française nous ait présenté depuis Molière : Turcaret même est dépassé.
Cette première période est débordante de vie ; en même temps qu’il mène une campagne en faveur des peintres impressionnistes, il livre d’autres œuvres où sont fixées d’admirables notations de peintre, dignes d’un fils instinctif des vieux maîtres flamands.
Les historiens remarquent seulement qu’il avait la figure ordinaire, et par conséquent peu digne de son rang, de son âme et de son génie ; mais il était loin d’avoir un extérieur rebutant.
Elle me peignait, et nous causions avec une simplicité et une innocence digne des premiers siècles.
Tout ce que Caffieri a exposé cette année est digne d’éloge.
Le premier jugement de l’académie consiste à choisir entre ces esquisses celles qui sont dignes de concourir : elles se réduisent ordinairement à sept ou huit.
Du moins, il a fait un tableau du mariage du marquis de Grignan et du supplice de la malheureuse qu’il a épousée, et qui, pour l’avoir sauvé de la ruine, passa sa vie dans l’abandon et dans le mépris ; et ce tableau, digne d’un romancier, semble en promettre un… Quoiqu’il en puisse être, ces facultés d’imagination et d’observation dont le livre que voici a révélé l’existence dans un auteur qui avait paru moins brillamment et moins richement doué, ces facultés, qui ont donné à ce livre nouveau un genre de piquant qu’on n’était pas accoutumé de trouver en un livre d’histoire, prendront-elles assez de développement et de place dans la tête du mâle auteur du Cardinal de Bernis, pour l’entraîner un jour hors d’une voie marquée par un livre si ferme et si exclusivement historique, ou continuera-t-il de les consacrer à l’histoire ?
Nous n’ignorons pas que toute critique littéraire, pour être digne de ce nom, doit traverser l’œuvre et aller jusqu’à l’homme.
Ces figures, dignes de son burin d’autrefois, sont bien, il est vrai, dans ce livre, mais elles n’ont plus la même finesse, le même détail et la même énergie d’empreinte, et cependant, telles qu’on les y voit, elles sont encore ce qu’il y a de mieux dans ce livre manqué ; mais elles n’en couvrent pas l’indigence.
Mais Swift, lui, est un ironique de certitude, car si son livre aux domestiques, incroyable même quand on l’a expliqué, n’était pas la plus grosse, la plus colossale et la plus sanglante ironie, il ferait vomir de dégoût… Règle générale, du reste : si vous supprimez l’ironie dans le doyen Swift, ce bon prêtre anglican, ce digne homme, comme dit peut-être ironiquement à son tour le bon Walter Scott, il n’y aurait plus là qu’un cynique bon à jeter à la porte de toutes les maisons honnêtes pour sa peine d’en corrompre si abominablement les serviteurs.
Est-ce qu’il ne trouve pas que mademoiselle Marie Recurt soit assez émancipée et digne de se mesurer avec un pontife ?
De l’Orient, qu’il aurait été digne d’étudier tout entier, Regnault nous détache la Turquie, l’Égypte et la Grèce.
On peut dire que Socrate ne peut avoir un panégyriste plus célèbre, ni plus digne de lui ; on a souvent attaqué Platon comme philosophe, on l’a toujours admiré comme écrivain.
Mais empruntons d’abord quelques souvenirs d’imagination et d’harmonie à cette vertu chrétienne, digne de lutter contre l’invasion barbare.
Il n’y a pas eu d’homme au monde qui ait, jamais, été plus digne d’être respecté et aimé. […] Il voyait là un beau geste, et digne d’un homme historique. […] Quoi qu’il en soit, on doit aux lecteurs son sentiment tel qu’il est : la conduite de Napoléon Ier, à partir de Waterloo, me paraît plus touchante et digne de pitié, que grande et digne d’admiration. […] Elle fut digne de deux grands esprits qui étaient de grands cœurs. […] Sans aucun doute, il fera surtout comme le bon nègre, éternellement digne de toute estime ; il continuera.
Ce digne ecclésiastique était en guerre avec les personnages influents de sa paroisse. […] — Je ne me crois pas digne d’un si haut rang. […] — Et pourquoi donc, pas digne ? […] Naples a inventé Polichinelle, la France est digne d’inventer pis. […] Ils parlaient par sentences, d’un air digne et solennel.