» Et, jusqu’à l’article de la mort, presque à l’agonie, conservant ces formes de rédaction ingénieuse, elle disait : « La résignation est encore distincte de la volonté de Dieu ; c’est la différence de l’union à l’unité ; dans l’union, on est encore deux, dans l’unité seule on n’est plus qu’un… » J’avoue que quand je vois un instrument si subtil et dont on se sert si bien, j’ai toujours peur que l’on ne me crée des distinctions qui ne soient que dans l’instrurment même, c’est-à-dire dans le tissu du langage, et qui s’évanouissent dès qu’avec un esprit exact on en vient à serrer de près les choses. […] Toute la différence des points de vue est là. » L’article sur Rancé, recueilli dans le volume intitulé Derniers Portraits, avait paru d’abord dans le Journal des Débats le 29 septembre 1846 : c’est là que Mme Swetchine l’aura lu, et elle en aura transcrit la pensée qui se rapportait à son dessein.
Cuvillier-Fleury se recommande, au contraire, par la différence des titres et même leur contraste : c’est un critique et rien qu’un critique. […] Camille Doucet, à la différence du candidat précédent, est un auteur et rien qu’un auteur, en ce sens qu’il n’est pas du tout un critique.
Cela fait qu’on est parfaitement à l’aise auprès d’elle en dépit de la différence immense des caractères et des façons de penser, au point que de sa part on peut tout supporter et qu’on se plaît à lui tout dire. […] C’est la différence de l’éloquence publique à la plus belle conversation, qui n’est que de l’éloquence à huis clos.
Pour le tirer d’affaire et le mettre au-dessus du soupçon, Pilate n’imagine rien de mieux que de lui faire épouser la veuve de ce Ruben, femme d’honneur et qui a du bien ; on brusque les choses, on passe sur la différence des âges ; c’est comme un mariage d’intérêt et d’argent. […] Louis Paris ait rappelé le souvenir de l’Œdipe-Roi de Sophocle ; mais, ce qui est moins naturel, il s’est mis, à force de vouloir admirer la scène du mystère, à la préférer presque à la situation et à la conception de l’antique : « La seule différence dans le sujet, dit-il, consiste dans la continuelle innocence d’Œdipe : ses crimes sont involontaires ; écrasé sous le poids de la fatalité, le malheureux Œdipe ne cesse d’être vertueux.
La grande différence entre les réformes proposées par M. […] Mais il y a, entre les deux époques, cette différence essentielle que, dans l’ancien régime, chaque patron allait au combat soutenu par ses ouvriers ou ses domestiques, tandis que maintenant il les rencontre armés devant lui.
Des différences tranchées séparaient les points de départ, les origines de ces esprits distingués ; l’un n’aurait pu écrire indifféremment là où écrivait l’autre ; il y avait barrière. […] Sans doute il y aura des différences, des dissidences qui subsisteront ; mais, en avançant, et par un triste bienfait des années, tant de portions âpres sont dépouillées déjà : ne serait-il pas temps de se rabattre vers les vues semblables, d’insister sur les endroits de la trame qui se fortifient en se croisant ?
Ce n’est pas d’ailleurs en différences et en contrastes que se passera toute cette comparaison : Regnier et Chénier ont cela de commun qu’ils sont un peu en dehors de leurs époques chronologiques, le premier plus en arrière, le second plus en avant, et qu’ils échappent par indépendance aux règles artificielles qu’on subit autour d’eux. […] André de Chénier aima les femmes non moins vivement que Regnier, et d’un amour non moins sensuel, mais avec des différences qui tiennent à son siècle et à sa nature.
Ce qu’il importe de remarquer, ce sont les différences caractéristiques de la littérature grecque et de la littérature latine ; et les progrès de l’esprit humain, dans les trois époques successives de l’histoire littéraire des Romains, celle qui a précédé le règne d’Auguste, celle qui porte le nom de cet empereur, et celle qui peut se compter depuis sa mort jusqu’au règne des Antonins. […] Cicéron est le premier de la littérature latine, comme Homère le premier de la littérature grecque ; avec cette différence que, pour qu’il existât un philosophe comme Cicéron, il fallait que beaucoup de siècles éclairés l’eussent précédé, tandis que c’est à l’imagination seule du poète et au merveilleux des temps héroïques qu’il faut attribuer Homère.
Gil Blas est identique au Diable boiteux, avec la différence d’un vaste tableau à une légère esquisse. […] A sa définition, il manque ce qu’on appelle la différence : il n’a que le nom d’individuel ; autrement, il est tout le monde.
La critique, au contraire, ne sait pas digérer ; les morceaux restent entiers ; on voit trop bien les différences. […] Toutes les sciences particulières débutent par l’affirmation de l’unité et ne commencent à distinguer que quand l’analyse a révélé de nombreuses différences là où on n’avait vu qu’uniformité.
Et Mallet insiste en plus d’un endroit sur ce fanatisme d’égalité qui fait le fond de ce qu’il appelle la religion révolutionnaire. 2º Il n’est pas moins obligé de reconnaître, comme trait d’exception à cet égoïsme de la masse du public, le sentiment militaire dévoué : le soldat, l’officier a beau avoir son arrière-pensée, « des différences d’opinions et de motifs n’entraînent aucune différence dans la manière de combattre : un esprit, un sentiment communs animent tous les soldats.
Car, s’il n’y a qu’une différence du plus au moins entre le génie et la folie, comment n’arrive-t-il pas souvent que la folie, dans ses moments de rémittence, dans ses intervalles de lucidité, rencontre précisément le degré de vibration nécessaire pour produire de grandes choses ? […] La distraction n’est qu’un accident qui peut se rencontrer incidemment dans l’un et dans l’autre état, il y a enfin cette différence profonde et caractéristique, que vous pouvez faire remarquer à l’un sa distraction, et qu’il en sourit le premier ; mais que vous ne pouvez pas faire sortir l’aliéné du cercle d’idées où il est enchaîné.
D’où proviennent ces différences dans la « réalisation » d’une idée ? […] Il ne suffit pas d’exprimer en style correct des idées nobles et profondes pour faire œuvre d’art ; l’art n’est le plus souvent que secondaire pour les moralistes ; il est pour eux un moyen et non un but ; c’est une différence essentielle, qui devrait assigner aux moralistes une place particulière dans l’architecture d’une histoire littéraire.
Jouffroy, je dirai que cette différence entre les esprits d’un siècle est comme la différence des arbres dans une forêt.
La Vertu et la Joie ont été séparées : on a même payé des philosophes pour découvrir des différences entre elles. […] Les ressemblances des sensations décroissent ; les différences sont mieux perçues, à mesure que les sensations se répètent. […] Un fait également certain est l’absolue différence du langage musical employé par ces premiers artistes, et de notre langage moderne. […] Théodore de Banville, prêt à soumettre toutes choses, sans différence, à sa forme brillante, d’ailleurs spécialement rythmique ; par M. […] Car la folie n’est qu’une « différence ».
Cependant la différence est grande : Buffon prescrit le mot propre partout et toujours en vue de la noblesse du style, et sa doctrine mène à la métonymie inexacte et à la périphrase énigmatique.
Mais quelle différence !
Ensuite, on oublie qu’entre génie et talent il y a différence de degré, non de nature ; ou, si l’on aime mieux une formule plus claire, qu’à toute époque l’originalité, la faculté d’innover, le don de créer sont répartis à doses inégales parmi beaucoup de personnes, au lieu d’être concentrés en deux ou trois seulement.
Avec cette différence, que votre Christ, comme je vous l’ai déjà dit a l’air d’un noyé ou d’un supplicié, et que celui du Carrache est plein de noblesse ; que votre Vierge est froide et contournée en comparaison de celle du Carrache ; voyez l’action de cette main immobile posée sur la poitrine de son fils ; ce visage tiré ; cet air de pâmoison ; cette bouche entrouverte ; ces yeux fermés ; et cette Ste Anne, qu’en dites vous [?]
Mais, quelle différence y a-t-il entre l’éloquence et le lyrisme, si d’ailleurs les mêmes « mouvements », et les mêmes « images », et les mêmes « qualités de langue » les caractérisent l’un et l’autre ? […] Nous distinguons aujourd’hui la « sociologie » du « socialisme » ; et du reste nous ne savons très bien ni en quoi consiste la différence, ni ce que c’est que le « socialisme » ou la « sociologie ». […] Il apparaîtra manifestement alors qu’à eux trois, Littré, Taine et Renan, quelque différence de talent qu’il y ait entre eux, — et on peut bien dire que cet honnête homme de Littré n’en a pas eu du tout, — ils ont constitué la critique naturaliste, ou plutôt, et mieux encore, leur critique a donné au « naturalisme » cette cohésion, cette consistance, et cette solidité doctrinales qui avaient toujours fait défaut au romantisme. […] Mais voici la différence, et, — pour ne rien dire de la richesse et de la diversité de sens dont le mot même de « nature » s’est chargé depuis deux cents ans, — ce n’est plus le « sens commun », ni le « monde », ni « l’intérêt social », qui sont désormais juges de la vérité des représentations de l’art : c’est la science ; et là même est un second caractère du nouveau naturalisme. […] Mais il faut avouer que nos classiques ne s’étaient pas avisés d’unir, de solidariser, ou de confondre ainsi la science et l’art, si même on ne doit dire qu’il les avait constamment opposés l’un à l’autre ; et la remarque a son intérêt, en soi, et puis comme nous mettant sur la voie d’une autre différence, plus profonde, — et non moins caractéristique du « naturalisme ».
Guizot, il y a toute la différence qui sépare la véritable éloquence de la déclamation hautaine et diffuse. […] Nous dirons la même chose de la différence établie par M. de Ségur entre l’influence d’un siècle sur un homme, et celle d’un homme sur son siècle. […] S’il y a en effet une différence profonde entre ces deux formes de la poésie, malgré l’égale légitimité de ces deux formes, il y aura lieu cependant à préférer l’une à l’autre. […] Entre Sophocle et Shakespeare il y a la différence de la simplicité et de la complexité. […] Une fois résolus à l’impartialité, ils oublieront les différences de la tragédie grecque et du drame anglais, pour affirmer comme nous l’identité humaine de Sophocle et de Shakespeare.
Cousin met en note et en les présentant en regard le projet d’article et l’article imprimé, « afin, dit-il, qu’on en saisisse mieux les différences. » Je le demande à tout littérateur de bonne foi ou, pour mieux dire, à tout homme honnête, est-ce que lorsqu’on s’empare ainsi d’une remarque, peu importante sans doute, mais qui a son prix et son piquant dans l’histoire littéraire, il est permis de le faire sans indiquer et mentionner celui qui vous a précédé et à qui on la doit ?
On voit dans une pièce fugitive à son ami Deschamps, auteur de la Revanche forcée, quelle différence essentielle l’habile connaisseur établit entre Grécourt et Chaulieu, et même entre Bernis et Grécourt.
Comme d’un étage à l’autre de la société se perçoivent certaines différences d’esprit, il en éclate d’autres, et les mêmes dans tous les étages, quand on passe d’une région à l’autre.
Les chênes et les mousses : voilà des différences dont l’être souffre et meurt.
On peut reconnaître encore des différences entre la naïveté pastorale, la naïveté comique, la naïveté érotique.
Tous deux polissent leurs ouvrages avec le même soin, tous deux sont pleins de goût, tous deux hardis, et pourtant naturels dans l’expression, tous deux sublimes dans la peinture de l’amour ; et, comme s’ils s’étaient suivis pas à pas, Racine fait entendre dans Esther je ne sais quelle suave mélodie, dont Virgile a pareillement rempli sa seconde églogue, mais toutefois avec la différence qui se trouve entre la voix de la jeune fille et celle de l’adolescent, entre les soupirs de l’innocence et ceux d’une passion criminelle.
Tout en professant le même Credo, les peuples gardent leurs différences.
Voilà, déjà un peu établie, la différence du spirituel et du comique. […] C’est la différence du spirituel (même élémentaire) et du comique. […] La différence des deux talents ? […] C’est ailleurs qu’il faudrait chercher des différences, de degré ou autres. […] C’est tout simplement une différence d’habitudes de style.
Le passage de l’un à l’autre assouplit le goût, l’habitue à réaliser de plus grandes différences, l’oblige à des voyages, à des confrontations, à un polyglottisme naturel. […] Mais notons bien, dès le principe, la différence essentielle entre cette critique professionnelle et la critique spontanée. […] Quelle différence y a-t-il entre la délicatesse, la sûreté et la précision ? […] La différence entre le temps de Voltaire et le temps de Sainte-Beuve est ici frappante. […] Ces différences tranchées d’un demi-siècle à un autre impliquent des différences insensibles d’une année à l’autre, délicates et difficiles à saisir : on voit qu’un enfant a grandi, mais on ne le voit pas grandir.
Il rédigea cette constitution fameuse qui marque la vraie limite où s’arrête, en France, la dépendance de l’Eglise nationale à l’égard du Saint-Siège, et le vrai point où les différences dans la discipline n’ébranlent pas l’unité dans la croyance. […] Avant de se décider, Bossuet voulut soumettre le livre à l’approbation de certains prélats, et il en fit imprimer, pour faciliter l’examen, quelques exemplaires, « destinés, dit-il, à tenir lieu du manuscrit de l’auteur128. » Comparé à ces exemplaires, le texte rendu public offrait de légères différences qui « regardaient uniquement l’expression, la netteté du style. » La Bastide prétendit y voir autre chose, et, la passion aidant, il fit deux volumes pour prouver que ces différences de rédaction n’étaient rien moins que des contradictions de doctrine. […] A la différence de Bossuet, qui est plus latin que grec, Fénelon est plus grec que latin ; et, parmi les auteurs grecs, il goûtait surtout Platon, dans les écrits duquel il n’est pas malaisé de trouver tous les excès des opinions idéalistes, et même le quiétisme, que Bayle y a découvert presque sans paradoxe. […] Mais tantôt les différences étaient si imperceptibles qu’on pouvait douter qu’il en tînt sérieusement compte ; tantôt il paraissait mettre tant de complaisance ou d’indifférence en exposant le faux, et si peu de soin à le faire haïr, qu’on n’était pas persuadé qu’il lui préférât le vrai. […] On sent combien, malgré leurs différences, les deux doctrines sont près de se toucher.
Ainsi Homere donne à chacun de ses héros, des qualités propres et dominantes qui le distinguent ; mais malgré ces différences, il leur laisse encore en commun des qualités générales ; et c’est par ce côté de ressemblance que je les envisage d’abord. […] La grande différence des exploits n’est fondée le plus souvent que sur la force du corps qu’Homere confond presque toujours avec la valeur ; sur la vitesse des chevaux, la bonté des chars, et, ce qu’il y a de pis, sur les prodiges. […] Les dernieres armes des apologistes des anciens, c’est la différence du goût des tems. […] Quelle différence, par exemple, entre ces deux manieres de lier un discours à un autre ? […] " il n’est plus tems de ménager vos forces ; il faut voler... etc. " on voit par ces discours, qu’Homere ne mettoit pas grande différence entre les hommes et les chevaux.
La différence entre le prosateur et le poète consiste en ceci : Le poète fixe la vie encore inachevée, frémissante, rythmique. […] La différence entre la poésie et la prose est donc perceptible : elle se conçoit intellectuellement. […] Qu’on relise la plupart des poèmes de Shelley et sa très belle Défense de la Poésie, l’entretien de Goethe avec Falk après les funérailles de Wieland, le monologue de Conrad de Mickiewicz, ou qu’on fasse appel à la correspondance et aux œuvres de Victor Hugo à la fin de sa vie, on verra que tous quatre, avec les seules différences que pouvait faire naître leur originalité propre, ont témoigné à ce sujet d’une remarquable similitude de vues. […] La seule différence qui existe entre eux, c’est que, pour traduire le Divin qu’ils conçoivent, ils doivent se servir de symboles différents : le musicien de sons, le poète de strophes, d’images et de mots, le peintre de couleurs, le sculpteur de mouvements imprimés à l’argile, l’architecte de lignes. […] C’est là le fond même de la différence qui existe entre eux.