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1011. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

« Voyons — dit-il, pour expliquer cette apparition, — comment la morale de Schopenhauer se rattache au principe de sa philosophie et comme elle s’en déduit » Et il nous l’explique : « La volonté — continue-t-il — étant, prise en elle-même, un désir aveugle et inconscient de vivre, et s’étant développée dans la nature inorganique, végétale, animale, et arrivant dans l’homme à la conscience claire d’elle-même, il se produit alors un effet merveilleux.

1012. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

moins développée), que j’aime mieux respirer, car elle sent son homme, d’esprit : c’est la partie des sophistes contemporains, qui, malheureusement, n’y sont que deux, comme autrefois les députés de Vaugirard n’étaient qu’un.

1013. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Trois dénouements dont chacun valait la peine d’être développé et approfondi par un romancier moraliste, et tout romancier doit l’être, sous peine de forfaire même à son art.

1014. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Ce qui distingue particulièrement et toujours davantage son genre de talent, lequel se développe dans le sens de ses premiers ouvrages et de sa native personnalité, c’est l’éclat à tout prix et l’aperçu à tout prix, et pour les avoir, à tout prix, il met souvent à la vérité des atournements pour lesquels elle n’est point faite, et il va même parfois jusqu’à la renverser la tête en bas, pour la montrer par où on ne l’avait pas vue encore.

1015. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Bonne occasion pour développer des facultés énergiques, quand on en a, et il en avait ; il était breton.

1016. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Paul Féval, s’il la développait dans des sujets de cœur, un romancier d’un comique amer, de la plus poignante originalité.

1017. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée était resté ce qu’il était quand il débuta, et même plus tard, et qu’il eût continué de se développer dans le sens de ses facultés naturelles, nous aurions peut-être un grand romancier de plus… Au lieu de cela, nous n’avons eu qu’un homme de beaucoup d’esprit et de ressources, qui a fait toutes sortes de livres, parmi lesquels il y a des romans qu’il est temps aujourd’hui de juger.

1018. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

On sait que les malheurs imprévus nous frappent plus que les malheurs qui se développent par degrés.

1019. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Il semble que la Gaule des Celtes, des Kymris, des Ibères était peu, de soi, encline à la drôlerie ; l’influence latine aurait dû développer en elle le sens de la beauté plutôt que le goût de la parodie ; et autrefois les Masseliotes lui avaient apporté des souvenirs de temples et des rêves de dieux. […] Ce qu’il bafoue, il le développe éperdument. […] Enfin, notre poésie est libre ; libre, elle se développera personnellement et généralement, ode, poème, drame, jusqu’à ses totales destinées ; et ce sera notre auguste et incomparable xixe  siècle. […] Mais que le personnage de Charlotte Corday est niaisement, puérilement, petitement établi et développé ! […] Néanmoins il semble que ce soit surtout dans la poésie intime, familière, soucieuse des charmes discrets de l’amour, des douleurs voilées et des petits détails du cœur, que son fin et caressant génie se développe jusqu’à être incomparable.

1020. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Ce sont ces sentiments qu’elle voulut voir développés sur la scène, autant pour sa consolation que pour son amusement. […] font germer en province, à savoir les appétits de luxe, de fausse poésie et de fausse passion qui développent [il faut lire sans doute que développent] les éducations mal assorties à l’existence future, inévitable. […] Il aurait pu même le développer. […] Le principal mérite de Racine est d’être un poète et d’avoir tous les dons, je dis tous, d’un grand poète ; et c’est ce que je n’ai pas à développer pour aujourd’hui. […] L’article de Taine, c’est ce que Sainte-Beuve avait dit, mais fortement repensé et développé avec cette outrance rectiligne où Taine excellait.

1021. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

C’est encore ce que Bourdaloue, dans le beau sermon que nous citions plus haut, a éloquemment développé. […] En devenant pour eux le premier des mérites, ou le seul même aux yeux de quelques-uns, la difficulté d’art vaincue n’a-t-elle pas trop développé chez eux l’amour de la virtuosité ? […] Pourquoi le vers, après avoir développé, si je puis ainsi dire, ce qu’il y avait d’abord en lui de rationnel, et de plastique ensuite, ne développerait-il pas ce qu’il y a de musical aussi ? […] George Ancey ne sait encore développer : ou plutôt, il en confond l’art avec celui de se répéter, comme l’auteur du Maître avec celui de s’agiter. […] N’est-ce pas ainsi, — je crois que la remarque vaut bien qu’on la fasse en passant, — n’est-ce pas ainsi qu’a grandi, que s’est développée notre littérature classique ?

1022. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Mais, tout de même, on peut assurer que ce sentiment délicieux, un peu languissant et endormi auparavant, ou qui ne s’était guère exprimé que sous des formes indirectes et imitées des anciens, s’est décidément réveillé et développé chez nous vers le dernier tiers du dix-huitième siècle, et qu’alors seulement nous avons appris à bien voir l’univers physique et à connaître entièrement combien la terre est belle, douce, mystérieuse et divine. […] Et c’est encore, si vous voulez, le bon vieil argument d’école, l’innocente « preuve de l’existence de Dieu par le spectacle de la nature », harmonieusement développée déjà par Fénelon, Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, reprise, renouvelée, rendue splendide par l’imagination d’un grand poète. […] Tes clartés heureuses voient se développer autour d’elles les belles formes du ciel et de la terre… » Dans l’Infini, dans les cieux :     Cet œil s’abaisse donc sur toute la nature ; Il n’a donc ni mépris, ni faveur, ni mesure, Et, devant l’Infini, pour qui tout est pareil, Il est donc aussi grand d’être homme que soleil. […] Le rêve que les anciens Indous ont rêvé pour excuser Dieu, le rêve que Platon a refait dans le Phédon d’une série d’existences par où les âmes, plus ou moins vite, s’épurent et remontent à Dieu, ce rêve que Victor Hugo développera à son tour dans Ce que dit la bouche d’ombre, Lamartine l’indique ici en quelques vers. […] Déisme ou panthéisme, double projection de l’âme humaine agrandie, planante au-dessus du monde pour le gouverner, ou immanente au monde même pour en développer lentement les formes, ces deux conceptions de Dieu ne sont pas neuves ; elles sont écloses d’elles-mêmes dans l’esprit des premiers hommes qui ont su penser ; et les derniers venus, même quand ils s’appelaient Descartes, Spinoza et Kant, sont demeurés emprisonnés entre elles deux.

1023. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il y a deux sortes d’enfances : celles qui se développent en consonance et celles qui expriment une dissonance, — consonance ou dissonance de l’enfant et de la famille. […] Il faut cependant remarquer, à titre de coïncidence significative, que la seconde philosophie de Schelling est une philosophie de la liberté, et que, des trois jeunes philosophes de langue française qui passent alors dans son ombre, Ravaisson a provoqué dans le Rapport de 1869, Secrétan développé dans un livre fameux, Amiel vécu dans son Journal, le problème ou la tragédie de la liberté. […] Leur loi est de s’arrondir sous le souffle de l’espérance, et de se tisser en globe avec un grain de vérité, développé en tout sens par la fantaisie et l’illusion. […] Seulement le philosophe est autorisé à développer surtout le premier, que la presque totalité des humains néglige. […] Les pages qui précèdent ont développé l’histoire d’un homme qui n’a pas eu d’histoire.

1024. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

L’examen des écrits a été repris ensuite et développé dans une Notice de M. […] En terminant ce premier tableau succinct, dont il reprendra plus en détail et développera certaines parties dans la suite de son enseignement, M. […] Et là encore, remarquez sa tendance naturelle, il s’est retranché le plus possible ; il a visé à ne pas faire parler de lui ; il s’est renfermé dans les devoirs du professeur, d’académicien ; il s’est confiné et enterré, autant qu’il a pu, dans les recueils, dans les petites notes du Journal des Savants, s’effaçant de toutes les manières, et content de se réserver tout bas correction, finesse et malice ; mais les côtés un peu brillants de son talent qu’il aurait pu développer, peu s’en faut qu’il ne les ait retenus, j’allais dire opprimés à dessein. […] Pages vi et vii : il ne fait qu’énoncer en cet endroit et développer avec une sorte de complaisance l’opinion de Rulhière.

1025. (1927) André Gide pp. 8-126

Et tout un mysticisme se développe, qui nous fait penser aujourd’hui à M.  […] Et Saunderson répondait à ce même ministre qui lui développait la preuve de l’existence de Dieu par les merveilles de la nature : « Eh, Monsieur, laissez là tout ce beau spectacle qui n’a jamais été fait pour moi… Si vous voulez que je croie en Dieu, il faut que vous me le fassiez toucher. » A ce propos, Voltaire écrivait à Diderot : « Je vous avoue que je ne suis point du tout de l’avis de Saunderson qui nie Dieu parce qu’il est né aveugle. » Et il est vrai que cette cécité ne démontre pas l’athéisme ; mais elle n’est peut-être pas non plus un motif d’hymnes jaculatoires et de Te Deum. […] Mais ériger son moi en critérium de certitude et en centre du monde, en développer soigneusement les particularités, ou même les bizarreries, ce n’est certes pas la bonne voie même pour arriver au but qu’on se propose. […] Dans un autre passage, à propos des vers célèbres de La Fontaine, Papillon du Parnasse, et semblable aux abeilles A qui le bon Platon compare nos merveilles, Je suis chose légère et vole à tout sujet, Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet, Olivier expose des idées qu’il tenait de Passavant, qui les avait lui-même entendu développer par Paul-Ambroise.

1026. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

La séve de la pensée humaine, abandonnant les anciennes branches qui sèchent, vient affluer dans des rameaux inaperçus qu’elle fait tout d’un coup végéter et verdir, et les fruits qu’elle y développe témoignent à la fois de la température environnante et de la souche natale. […] De Shakspeare aux puritains, de Milton à Wycherley, de Congreve à de Foe, de Sheridan à Burke, de Wilberforce à lord Byron, le dérèglement a provoqué la contrainte, et la tyrannie la révolte ; c’est encore ce grand débat de la règle et de la nature qui se développe dans les écrits de Fielding et de Richardson. […] En cela consiste l’art de Richardson ; il combine en même temps qu’il observe ; il y a en lui un méditatif qui développe les idées du moraliste. […] Sur ce mot, nous nous faisons apporter ses livres, et au bout d’une heure nous remarquons que, quel que soit l’ouvrage, tragédie ou dictionnaire, biographie ou essai, il garde toujours le même ton. « Docteur, lui disait Goldsmith, si vous faisiez une fable sur les petits poissons, vous les feriez parler comme des baleines. » En effet, sa phrase est toujours la période solennelle et majestueuse, où chaque substantif marche en cérémonie, accompagné de son épithète, où les grands mots pompeux ronflent comme un orgue, où chaque proposition s’étale équilibrée par une proposition d’égale longueur, où la pensée se développe avec la régularité compassée et la splendeur officielle d’une procession.

1027. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

La première partie de votre phrase m’exprime par un mot abréviatif ce que la seconde partie m’exprime par une locution développée. […] Elle est la dernière conséquence de l’idée primitive et dominante que nous avons démêlée au commencement du système, qui a transformé les théories de la définition, de la proposition et du syllogisme ; qui a réduit les axiomes à des vérités d’expérience ; qui a développé et perfectionné la théorie de l’induction ; qui a établi le but, les bornes, les provinces et les méthodes de la science ; qui, dans la nature et dans la science, a partout supprimé les liaisons intérieures ; qui a remplacé le nécessaire par l’accidentel, la cause par l’antécédent, et qui consiste à prétendre que toute assertion utile a pour effet de former un couple, c’est-à-dire de joindre deux faits qui, par leur nature, sont séparés. […] Cent mille expériences me développent par une infinité de détails la série des opérations physiologiques qui font la vie, et l’abstraction isole la direction de cette série, qui est un circuit de déperdition constante et de réparation continue. […] Ce surplus ou résidu de vitesse est un conséquent et suppose un antécédent ; Laplace trouva l’antécédent dans la chaleur que développe la condensation de chaque onde sonore, et cet élément nouveau introduit dans le calcul le rendit parfaitement exact.

1028. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Les philosophes ont dit aux rois, aux nobles, et aux prêtres : « Vous n’êtes plus dignes de gouverner les hommes ; car vous n’êtes ni les plus aimants, ni les plus intelligents, ni les plus laborieux. » Les philosophes développèrent cette pensée sous mille formes dans tous leurs ouvrages. […] À quoi me sert que la vie antérieure de l’Humanité ait développé mes sympathies et étendu mon intelligence, quand toutes mes sympathies sont blessées et mon intelligence confondue ? […] Lui seul a pu proclamer les droits de la femme après les avoir fait naître, et les faire naître en s’établissant dans le cœur de la femme. » Il est faux que l’Évangile ait proclamé les droits de la femme ; il a proclamé, au contraire, son asservissement : mais il est vrai qu’en ouvrant le paradis aux femmes et en répondant par l’amour à l’amour qui est leur nature, il s’est établi dans leur cœur, et a développé leurs droits, qu’il n’avait pas su tout d’abord reconnaître. […] Et pourtant jamais les sympathies humaines n’ont été plus développées, jamais plus d’hommes généreux n’ont senti battre leur cœur de l’amour de l’Humanité.

1029. (1904) Zangwill pp. 7-90

« Les savants positivistes auront toujours une difficulté capitale contre ce que vous venez de dire, et aussi contre plusieurs des vues que nous ont développées Philalèthe et Théophraste. […] Cela seul peut se développer qui est déjà. […] « Car le génie n’est rien qu’une puissance développée, et nulle puissance ne peut se développer tout entière, sinon dans le pays où elle se rencontre naturellement et chez tous, où l’éducation la nourrit, où l’exemple la fortifie, où le caractère la soutient, où le public la provoque.

1030. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

La première partie de votre phrase m’exprime par un mot abréviatif ce que la seconde partie m’exprime par une locution développée. […] Elle est la dernière conséquence de l’idée primitive et dominante que nous avons démêlée au commencement du système, qui a transformé les théories de la définition, de la proposition et du syllogisme ; qui a réduit les axiomes à des vérités d’expérience ; qui a développé et perfectionné la théorie de l’induction ; qui a établi le but, les bornes, les provinces, et les méthodes de la science ; qui dans la nature et dans la science a partout supprimé les liaisons intérieures ; qui a remplacé le nécessaire par l’accidentel, la cause par l’antécédent, et qui consiste à prétendre que toute assertion utile a pour effet de former un couple, c’est-à-dire de joindre deux faits qui, par leur nature, sont séparés. […] Cent mille expériences me développent par une infinité de détails la série des opérations physiologiques qui font la vie, et l’abstraction isole la direction de cette série, qui est un circuit de déperdition constante et de réparation continue. […] Ce surplus ou résidu de vitesse est un conséquent et suppose un antécédent ; Laplace trouva l’antécédent dans la chaleur que développe la condensation de chaque onde sonore, et cet élément nouveau introduit dans le calcul le rendit parfaitement exact.

1031. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

L’excellence de son cœur se joignait à l’excellence de son esprit ; et l’examen de sa vie entière confirme la vérité du principe que je développai dans mes précédentes séances. […] Quels replis si fins des cœurs n’aurait-il pas su développer, lui qui lisait aussi attentivement dans soi-même que dans autrui ; lui qui n’étudiait pas moins ses propres faiblesses que celles du prochain ? […] Il découvre que c’est par une action feinte et développée, au moyen du dialogue de divers interlocuteurs. […] Il est un objet plus grave dont j’ai reculé l’examen au terme de mes leçons sur la comédie : l’instant n’est pas venu pour moi de développer les sublimités et les profondeurs de son chef-d’œuvre contre la secte indéracinable de l’imposture. […] De tels rôles portent toujours la chaleur avec eux, tant qu’ils se développent.

1032. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Ils étaient dans cet état passager et extrême où l’imagination adulte et vierge, encombrée de désirs, de curiosités et de forces, développe tout d’un coup l’homme, et dans l’homme ce qu’il y a de plus exalté et de plus exquis. […] Il polissonne maladroitement et dogmatiquement ; il est impie sans élan, en périodes développées. […] Molière, comme Racine, développe et compose. […] Le monde ne nous déprave point, il nous développe ; ce n’étaient pas seulement les manières et l’intérieur qu’il polissait alors, mais encore les sentiments et les idées. […] Quand l’une commence à se développer, un déluge d’incidents vient l’interrompre.

1033. (1891) Esquisses contemporaines

Elle touche à toutes les branches de la littérature : poésie, roman, nouvelles, études, critique, elle se développe régulière et mesurée comme une belle architecture. […] Elle développe devant nos yeux distraits la changeante série de ses formes, nous y assistons comme à un spectacle dont les acteurs seraient très loin de nous et peu réels. […] Des sentiments plus nobles, des principes généreux se mêlèrent, pour l’exalter, à la valeur physique, et la guerre universelle développa l’héroïsme chevaleresque. […] Il avait mis dans sa foi toute son âme ; il devait y mettre bientôt tout le travail d’une pensée qui se développait rapidement. […] Ils se produisent ensemble et se développent concurremment, parce que Dieu a créé l’homme, non pas saint ou méchant, mais imparfait et perfectible.

1034. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Tel est le thème qu’il va surtout développer dans sa Phythognomonica 1. […] Les plantes laiteuses augmentent le lait ; les plantes charnues développent la chair ; la pulmonaire guérira les poumons ; les plantes femelles s’appliquent aux femmes et les mâles, aux hommes. […] Il y a une objection à cette manière de voir, qui a été développée par M.  […] Les races qui résistent particulièrement à la souffrance sont celles où la sensibilité physique est le moins développée, et personne alors ne le conteste. […] J’ai développé cette idée dans la Physique de l’amour.

1035. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Mais les lettres ne se développent que sous un gouvernement qui les aime et qui les honore. […] Il y avait plus de convention dans Charles Nodier et un sens littéraire plus développé. […] Cependant les maîtres se développaient magnifiquement. […] Ces idées sont développées par le poëte avec une rare puissance de style et une grandeur tranquille, vraiment digne de l’antiquité. […] Sa pièce ne se développe pas sur un modèle donné, d’après des règles générales d’ordonnance et de symétrie, elle se développe dans l’ordre naturel des faits avec la pensée qui en est le lien, le début et la conclusion morale.

1036. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

L’odorat du grand-paon (ou un sens analogue) est si développé qu’une larve femelle de ce papillon rare attire, le jour de son éclosion, une nuée de mâles là où la veille on n’en voyait aucun. […] Ils ont tous les deux leur rôle dans le travail de la civilisation ; car si l’un développe chez l’homme le besoin de connaître aux dépens des forces qui conservent la force vitale, il permet en même temps à l’intelligence de mieux jouir et de soi-même et de la vie sensitive. […] Cela n’est pas sérieux, car s’il est vrai que le génie et le talent sont souvent en rapport direct avec les cultures antérieures, il y a aussi de soudaines aptitudes que le milieu développe. […] Pour cela nulle concession ne doit être faite ; c’est aux intellects rudimentaires à se développer et non aux larges intelligences à se rétrécir pour permettre à l’œil distrait de parcourir plus facilement une moindre surface. […] Il se développe du dehors au dedans, sans préoccupations d’avoir à partager son espace avec d’autoritaires entités ; il se développe et s’enroule sur lui-même, se complique à loisir, multiplie ses fibres, ses feuilles, ses fleurs intérieures ; il se développe et croît dans l’obscurité du Moi, et s’il vient, au jour de l’explosion vitale, à projeter impérieusement ses végétations, elles étonnent comme des conséquences anormales, illogiques, incompréhensibles.

1037. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Il ne faut donc pas parler ici de l’instinct aveugle qui oblige l’insecte à déposer ses œufs dans les fruits de la seule plante où ils peuvent se développer. […] Elle s’est développée, comme la première, au cours d’une sorte de persécution, celle du silence. […] Depuis cent ans, l’imagination française s’est très développée. […] Sa maîtresse, sa mère, veux-je dire, qui l’adore, l’emmène à la campagne et c’est là que ses instincts se développent. […] Nous les calomnions en leur prêtant des vices qui n’ont pu se développer en nous que grâce à l’intelligence et au mauvais usage que nous en faisons.

1038. (1888) Portraits de maîtres

L’isolement à peu près absolu dans lequel vivait François-René était fait pour développer par une concentration salutaire cette faculté, non seulement de rêver, mais de voir et de réfléchir, qui constitue le poète. […] Il développa surtout son génie par ses lectures de poètes en tout sens et dans toutes les littératures. […] En 1811, un voyage en Italie développa l’imagination du jeune poète. […] Tout se développe également mélodieux, pareillement élevé, divinement poétique. […] D’ailleurs il convient de dire que dans l’œuvre de Vigny le fatalisme désespéré ne s’est développé qu’à la dernière heure, c’est-à-dire dans ses poésies suprêmes et dans son Journal d’un poète.

1039. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Dans la vie, les objets n’ont qu’une importance contingente ; dans une œuvre dramatique, ils sont liés d’une façon nécessaire à l’action qui va se développer sous nos yeux. […] Nous nous développons sous l’empire de causes et de lois qui nous échappent, et nous savons aujourd’hui, par exemple, que nos langues, quels que soient les efforts souvent contraires des savants, naissent, se développent, s’épanouissent et meurent suivant des lois inéluctables. […] Premièrement, les êtres humains ne peuvent s’abstraire des milieux où ils sont nés, où ils se sont développés et qui déterminent leur mode de sentir, leur mode de penser et leur mode d’agir. Deuxièmement, nulle action dramatique, née du conflit de passions humaines, ne peut s’isoler des milieux où elle se noue, se développe et tend à sa fin. […] Une action tragique on comique ne se développe pas dans le vide, mais elle se meut en traversant des milieux successifs, qui souvent déterminent une modification dans la direction de sa trajectoire.

1040. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Il explique, il développe, il prouve ; il compose des plaidoyers et des réquisitoires, justifie l’âne, invective contre le loup. […] Le zoologiste et l’orateur travaillent par leurs énumérations et leurs groupements à nous donner une sensation finale ; il s’installe du premier coup dans cette sensation pour nous en développer les suites.

1041. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Par le fait, Ténériffe, première région tropicale dont Humboldt faisait la connaissance, était de nature à développer son goût pour les voyages, à soutenir son courage et à le fortifier. […] Homme naturel, grand de sa propre grandeur, modeste, paisible, et ne demandant à personne une grandeur supérieure à celle que Dieu lui avait permis de développer pour sa patrie.

1042. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Le xve  siècle continue et développe les caractères du xive  : épuisement, dissolution, ou monstrueuse déviation des principes vitaux du moyen âge, intermittente et comme inquiète éclosion de quelques bourgeons nouveaux, effort incomplet et encore entravé des formes futures vers la vie. […] La « rhétorique » des Machault et des Chartier, transportée à la cour flamande et chevaleresque des ducs de Bourgogne, s’était développée avec une étonnante puissance dans cette atmosphère de lourde fantaisie et de frivolité puérile : elle avait donné en telle abondance toute sorte de fruits monstrueux et grotesques, le plus étonnant fouillis de poésie niaise, aristocratique, pédantesque, amphigourique, allégorique, mythologique, métaphysique, un laborieux et prétentieux fatras où les subtilités creuses et les ineptes jeux de mots tenaient lieu d’inspiration et d’idées.

1043. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

De tant d’hommes qui essayèrent par le journal ou le livre de combattre ou de développer les conséquences de la Révolution, quatre surtout, me semble-t-il, se distinguent par des dons originaux d’écrivains : Joseph de Maistre, Paul-Louis Courier, Lamennais et Proudhon. […] Il avait renouvelé l’étude de la littérature selon l’esprit, de Mme de Staël ; il développait le principe, que la littérature est l’expression de la société, et il avait choisi les deux cas les plus favorables peut-être qu’il y ait à la démonstration de ce principe : il faisait l’histoire de la littérature du xviiie  siècle, et l’histoire de la littérature du moyen âge.

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