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1056. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Néanmoins, quel que soit mon désir d’abréger, je ne puis m’abstenir de redresser quelques idées qui ont été émises dans ces derniers temps.

1057. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Or, nos désirs sont les voix secrètes de la destinée.

1058. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Vapereau, dont l’honnête désir est d’entrer vraisemblablement à la Revue des Deux Mondes, et qui se sent, parbleu !

1059. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Ces hommes aux manières inconnues, qui ont froissé sa robe en valsant avec elle, lui ont communiqué la peste des désirs coupables et le dégoût de la vie qu’elle retrouve en rentrant au logis.

1060. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

On peut conclure de tout ce qui précède que, conformément au premier principe de la Science nouvelle, développé dans le chapitre de la Méthode (l’homme n’espérant plus aucun secours de la nature, appelle de ses désirs quelque chose de surnaturel qui puisse le sauver), la Providence permit que les premiers hommes tombassent dans l’erreur de craindre une fausse divinité, un Jupiter auquel ils attribuaient le pouvoir de les foudroyer.

1061. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Ses deux filles, récemment débarquées d’une pension de Londres, déjà belles comme leur mère ; des toilettes de bal européennes, à demi dissimulées, par condescendance pour les désirs de la reine, sous des lapas tahitiennes en gaze blanche. […] » Avec cela le désir de plaire, de séduire, la folie de promettre, un mépris presque oriental de la femme, et une aptitude au mensonge qui vient d’une imagination débordante, d’une incontinence de parole bien plus que d’une âme fausse et à combinaisons. […] Je me rappelle mes désirs d’enfant. […] Non pas que le Dauphin ait dit ou fait de grandes choses ; ce n’est pourtant pas la volonté qui lui a manqué comme on pourra le voir, mais ses ardents désirs de faire le bien, son amour profond de la patrie, tout cela dut s’éteindre devant la froideur, l’égoïsme du roi Louis XV. […] Je n’ai pas la prétention de ne pas me tromper, mais j’ai le ferme désir de ne tromper personne.

1062. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

On objectera que le désir du succès l’aura influencé, mais ne serait-ce pas déjà là un trait de caractère, de quoi distinguer un Chateaubriand, par exemple, beau génie gâté par l’étalage, et un Stendhal précisément, talent épris de vérité, incapable de s’accommoder au public ? […] Il signifie que les désirs les plus profonds, les plus hautes espérances, les besoins les plus intimes de l’âme humaine n’ont aucune correspondance en dehors d’elle, que cette âme, ou pour parler plus scientifiquement, que le psychisme est dans l’univers comme un épiphénomène, sans valeur aucune. […] Dès sa vingtième année, pauvre et possédé du désir de toutes les supériorités, il rêva de se soumettre le monde par la fortune, et il entreprit une spéculation de librairie qui eut pour résultat de le laisser avec la même ambition et cent mille francs de dettes. […] Tu ne pourras pas prier, embarrassé des affaires et des soucis de la terre. » Il semble donc que le Centurion de ce Voyage doive apparaître comme un paradoxe impossible, comme la fantaisie d’un artiste littéraire hanté par le désir de juxtaposer des contradictoires. […] Le premier fut sans doute le légitime et noble désir d’une gloire qui lui survécût.

1063. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Pour rendre à mes désirs son âme résignée, S’il vous plaît, j’emploierai le fard et la saignée. […] Lully se prêta avec peine à ses désirs, et il avait raison, car il échoua complétement. […] Une demoiselle de Gournay avait un désir extrême de connaître Racan. […] Il mourut à Paris, en 1699, et, selon son désir, il fut enterré à Port-Royal-des-Champs, où il avait été élevé dans sa jeunesse. […] Madame de Caylus, sortie depuis peu de l’établissement, ayant assisté à une répétition, fut prise d’un tel désir d’avoir un rôle, que, pour la satisfaire, l’auteur ajouta un prologue et le lui donna.

1064. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Naquirent-elles en notre atmosphère même, au cœur de France, du désir, de la mélancolie, ou de l’écho d’une cloche d’église ? […] Avec tous ses instincts ancestraux et tous ses désirs nouveau-nés, il se rua vers un seul idéal, de délivrance, de justice, de gloire. […] lui fut refusée, il eut du moins ces commencements de la foi : le respect et le désir de la foi. […] Et pour ceux aussi qui les entendirent lire leurs vers avec l’inflexion du désir d’être compris, pas trop, elle s’y trouve en effet, peut-être, cette âme, un peu. […] Aux heures amicales, après que le rythme des vers récités évoqua la montante résurrection des siècles, il disait, presque à voix basse, en longues mélopées qu’écoutaient notre désir et notre peur de nous souvenir comme lui, les traversées de son âme d’une rive à l’autre du temps.

1065. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Oui, la chaleur féconde se métamorphose en désir. […] Faite pour les arts secrets du désir et de l’amour, amante et reine, à la fois dans la nature et dans la monstruosité, c’était une Chloé qui n’était point bergère. […] On songe, malgré soi, à ces temps où l’art n’était pas personnel, où l’artiste sans nom n’avait que le souci de bien faire, où chacun travaillait à l’immense cathédrale, sans autre désir que d’élever harmonieusement vers le ciel la pensée unanime du siècle. […] Il connut l’illusion des paradis après avoir connu l’illusion des paysages (car il était logicien), et il lui vint le désir et la peur de la mort. […] « Eusébie, dit-il, me donna une telle quantité de livres que j’eus de quoi satisfaire pleinement mon désir, quelque insatiable que fût mon avidité pour ce commerce de l’esprit, et qu’ainsi, la Gaule et la Germanie devinrent pour moi un musée de lettres helléniques.

1066. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Ce qui caractérise en effet la prédication morale de Massillon, c’est bien une manière aimable et persuasive d’intéresser à la pratique des vertus chrétiennes notre naturel désir d’être heureux dès ce bas monde. […] Bossuet, partant de cette idée que notre félicité mortelle manque toujours par quelque endroit, nous montrera dans une autre vie : 1º notre désir de connaître enfin satisfait, 2º nos souffrances terminées, 3º notre désir d’être heureux à jamais comblé. […] Aussi bien, sur quoi j’essaie d’attirer ici l’attention, ce n’est pas tant le procédé de Voltaire, mais plutôt l’empressement avec lequel un lieutenant de police, après en avoir référé, pour la forme, à l’intendant de Lyon, satisfait au désir de Voltaire. […] Alors, et alors seulement, on informe Malesherbes, qui répond à M. de Seynas « qu’il a bien fait de se rendre aux désirs de Voltaire et de faire les recherches qu’il souhaitait ». […] Vous voyez que la curiosité d’être vrai n’était pas grande, et que le désir d’être nouveau n’allait pas plus loin que le désir d’être exact165. » École italienne, dites-vous, école vénitienne !

1067. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Combien de regrets, de désirs, d’espérances, qu’on ne peut dire à personne, soit qu’on manque de mots pour s’en parler à soi-même, soit qu’il n’y ait aucune amitié dans ce monde pour en recevoir le secret, et qui néanmoins ne laissent pas de peser sur le cœur ! […] Enfin, l’amour est plein du désir de plaire ; et comment plaire sans y mettre un peu d’artifice ? […] L’ambition, telle que Racine l’a reconnue dans le cœur de la femme, est cet ardent désir de la domination, non pour de grands desseins, mais pour être maîtresse et pour donner toute carrière à ses passions.

1068. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Il nous confie le grand désir qu’il a eu, désir auquel il n’a pas renoncé, d’écrire un livre sur l’Orient moderne, sur l’Orient en habit noir. […] Ce soir précisément, douze heures après le dernier soupir de la pauvre fille, il nous faut aller à Saint-Gratien chez la princesse Mathilde qui a eu la curiosité de nous connaître, le désir de nous avoir à dîner.

1069. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Puis, soudainement, au milieu de ces grandes affaires, il est repris du désir de revivre de la vie de sa secte, et il part, emmenant sa mère : lui pour scier du bois, elle pour faire des blanchissages. […] Et les voilà, tous les deux, dans une mansarde du passage du Désir, à faire des fleurs, lui taillant et donnant la forme aux pétales, elle les assemblant. […] Et là-dessus il déclare que s’il n’avait pas pour habitude de ne rien prendre aux autres, jamais il n’a été plus tenté par l’appropriation d’une histoire, et le désir de lui donner une forme d’art que par un épisode, dont Dumas ne s’est pas servi.

1070. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

La jeunesse se reconnaît plus spécialement dans la fièvre d’espérance de Musset, dans son entraînement fougueux, dans ses colères et ses révoltes, dans son désir de tout entreprendre, de tout réformer et de tout braver, c’est pourquoi il est et demeure mon poète préféré. […] S’il faut nommer celui de vous, mes blonds archanges, Avec lequel j’ai fait le plus d’essors étranges À travers la nuée opaque du réel Dans l’élargissement magnifique du ciel, Aspirant dans le gouffre où j’élançais ma tête L’ivresse dont l’azur avive les planètes Et de vierges désirs épandus dans les airs, Qui se glissaient comme une musique en ma chair ; S’il faut nommer celui des dieux dont la pensée S’est à bouillons de pourpre en mon âme versée Comme un vin exalté qui débordant d’ardeur Inonde toute la poitrine du buveur Et laisse dans la coupe une immortelle envie D’être soi-même à tous un vin qu’on sacrifie ; Ah ! […] J’ai attendu, jusqu’à la dernière heure, pour vous adresser ma réponse dans l’éventualité — non dans le désir — que fût dans cet extrême délai, par un imprévu trépas, rayé du nombre des vivants, l’un de mes plus chers parmi les poètes qu’afflige encore le mal de vivre.

1071. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Cette doctrine distingue donc nettement les uns des autres les faits psychiques coexistants : « J’aurais pu m’abstenir de tuer, dit Stuart Mill, si mon aversion pour le crime et mes craintes de ses conséquences avaient été plus faibles que la tentation qui me poussait à le commettre 33. » Et un peu plus loin : « Son désir de faire le bien et son aversion pour le mal sont assez forts pour vaincre… tout autre désir ou toute autre aversion contraires 34. » Ainsi le désir, l’aversion, la crainte, la tentation sont présentés ici comme choses distinctes, et que rien n’empêche, dans le cas actuel, de nommer séparément.

1072. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Au phare tournant de nos désirs inassouvis, à la lumière clignotante de nos rêves de bonheur, le mot nature s’est varié d’acceptions multicolores ; d’où la diversité de nos philosophies et de nos esthétiques. […] L’orgueil aidant, à mesure que les planètes jumelles découvraient la source principale des commîmes richesses accumulées, le désir de s’affirmer reines d’un incontesté domaine, de luire indépendantes, d’éclairer à soi seule l’univers intelligible, les poussait à dissocier leur flamboiement, à segmenter leur éclat. […] Leur désir a été d’exprimer immédiatement l’inexprimable, si j’ose dire, de fondre leur âme avec la conscience universelle, afin de noter, par une sorte d’auscultation intellectuelle, jusqu’aux pulsations de la matière, jusqu’à la respiration du monde.

1073. (1908) Après le naturalisme

Malgré leur désir, malgré leur or, leur puissance, ils sont maintenus avec le reste de l’humanité dans les cavernes sombres de la société. […] Tout, dans l’univers, se forme et se déforme selon tout hasard, sans désir ni dessein préétabli, parce que l’univers n’a pas de but et se suffit à lui-même, offrant dans sa réalité toute sa raison d’être. […] Le moins de mal qu’elle pouvait faire était de se résoudre en inertie et c’est en effet ce qui partout arriva lorsqu’elle ne corrompit pas de désirs de luxe, d’honneurs et de domination, des esprits qui sans elles se fussent sans doute tournés vers la vérité. […] C’est l’auteur qui en doit faire toute la qualité, sur son unique manuscrit, seul en face de soi-même, par le désir de servir efficacement au plus grand nombre de ses semblables ; c’est-à-dire par son effort à serrer de plus près la vérité et d’en convaincre par les meilleurs arguments, par son art de s’adresser à ce qui dans l’homme est le plus essentiel et le détermine le plus radicalement.

1074. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Quarante mille vers, ce n’est point trop pour contenter leur bavardage : esprit facile, abondant, curieux, conteur, tel est le génie de la race ; les Gaulois, leurs pères, arrêtaient les voyageurs sur les routes pour leur faire conter des nouvelles, et se piquaient comme eux « de bien se battre et de facilement parler. » Avec les poëmes de chevalerie, ils ont la chevalerie ; d’abord, il est vrai, parce qu’ils sont robustes, et qu’un homme fort aime à se prouver sa force en assommant ses voisins ; mais aussi par désir de renommée et par point d’honneur. […] Ce goût n’a rien de commun non plus avec la franche satire, qui est laide parce qu’elle est cruelle ; au contraire, il provoque la bonne humeur ; on voit vite que le railleur n’est point méchant, qu’il ne veut point blesser ; s’il pique, c’est comme une abeille sans venin ; un instant après il n’y pense plus ; au besoin il se prendra lui-même pour objet de plaisanterie ; tout son désir est d’entretenir en lui-même et en nous un pétillement d’idées agréables. […] Quelles maximes de justice, quelles habitudes de réflexion, quel assemblage de jugements vrais cette culture a-t-elle interposé entre ses désirs et ses actions, pour modérer sa fougue ? […] Car vostre grâce présente, A toute personne humaine, Vraix Diex, moult est excellente, Puisqu’elle a cuer et entente, Et que à ce désir l’amaine Que de vous servir se paine.

1075. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

L’expression de votre désir m’avait bien été transmise vers l’époque de votre visite rue Montagne-aux-Herbes-Potagères, mais étourdi par la vie fascinante que je menais à Paris, je n’avais eu ni le loisir, ni l’amour-propre d’y répondre. […] où êtes-vous donc, Capoue de mes désirs ! […] Mon premier désir, ou mon premier besoin, en descendant de voiture, fut de connaître si cc jour était jour d’opéra. […] Celui-là n’est pas riche, mais il a des goûts de millionnaire, et il s’est fait un système de vie qui participe à la fois des privations que sa position lui impose et de ses désirs qui luttent avec sa position. […] Il couvait là ses caractères, en attendant qu’il pût les faire éclore dans la foule mondaine, munies de leur pâleur, de leurs sourires, de leurs rêveries, les unes ; de leurs sentiments comprimés, de leurs extases, de leurs excentriques désirs, les autres.

1076. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

C’est dire qu’ici encore le plein succède toujours au plein, et qu’une intelligence qui ne serait qu’intelligence, qui n’aurait ni regret ni désir, qui réglerait son mouvement sur le mouvement de son objet, ne concevrait même pas une absence ou un vide. […] En un mot, qu’il s’agisse d’un vide de matière ou d’un vide de conscience, la représentation du vide est toujours une représentation pleine, qui se résout à l’analyse en deux éléments positifs ; l’idée, distincte ou confuse, d’une substitution, et le sentiment, éprouvé ou imaginé, d’un désir ou d’un regret. […] Et, par conséquent, ni les concepts distincts, ni les mots, ni le désir de répandre la vérité autour de soi, ni celui de s’améliorer soi-même, n’étaient de l’essence même de l’affirmation. […] Dotons cet esprit de mémoire et surtout du désir de s’appesantir sur le passé. […] Notre vie se passe ainsi à combler des vides, que notre intelligence conçoit sous l’influence extra-intellectuelle du désir et du regret, sous la pression des nécessités vitales : et, si l’on entend par vide une absence d’utilité et non pas de choses, on peut dire, dans ce sens tout relatif, que nous allons constamment du vide au plein.

1077. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Le modèle idéal vers lequel tous les efforts se tournent, auquel toutes les pensées se suspendent, et qui soulève cette civilisation tout entière, c’est l’homme fort et heureux, muni de toutes les puissances qui peuvent accomplir ses désirs, et disposé à s’en servir pour la recherche de son bonheur. […] Car dans ces œuvres de mode et de cour, le sentiment primitif ne garde jamais sa sincérité ; l’esprit, le besoin de plaire, le désir de faire effet, de mieux parler que les autres, l’altèrent, le travaillent, entassent les embellissements, les raffinements, en sorte qu’il ne reste rien qu’un galimatias. […] La fureur d’attention concentrée, les demi-hallucinations, l’angoisse et le halètement de la poitrine, le frémissement des membres qui se tendent involontairement et aveuglément vers l’action, tous les élans douloureux qui accompagnent les grands désirs les épuisaient moins ; c’est pourquoi ils avaient longtemps de grands désirs et osaient davantage. […] Il est le seigneur de la vérité et de la droiture,  — « et monte bien loin de la basse poussière,  — sur des ailes d’or, jusque dans l’empyrée sublime — au-delà des atteintes de l’ignoble désir sensuel,  — qui, comme une taupe, reste gisant sur la terre323. » Il enferme en lui tout ce qu’il y a de bien, de beau et de noble. […] Dans ses beaux yeux luisaient deux lampes vivantes,  — allumées là-haut à la lumière de leur céleste créateur. —  Ils dardaient des rayons de feu — si merveilleusement perçants et lumineux,  — qu’ils éblouissaient les yeux assez hardis pour la regarder. —  Le dieu aveugle avait souvent tenté d’y allumer — ses feux impudiques, mais sans le pouvoir ; — car, avec une majesté imposante et une colère redoutée,  — elle brisait ses dards libertins, et éteignait les vils désirs.

1078. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Pareillement, si à la faculté d’être heureux, l’homme ne joint pas le désir de faire du bien, loin de jouir de son privilège, il n’en a même pas le sentiment. […] Eh bien, si c’est à ce prix qu’un écrivain est éloquent, dites, quelle vérité aimée par vous, quel désir de la persuader aux autres vous en a mérité le nom ? […] Mais leur ferait-on injure, si l’on croyait qu’à cette extrême jalousie du droit de contrôle, il a pu se mêler, à leur insu, le désir secret d’être en passe, à leur tour, d’avoir affaire à ce droit ? […] Rouher par le vulgaire désir de rester ministre. […] Ses opinions politiques, fort différentes de mes sentiments, marquaient de leur teinte tout ce qu’il disait ou écrivait, et ne lui donnaient guère le désir de visiter un ancien sénateur du second Empire.

1079. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Elle n’était consumée que du désir d’être heureuse et glorieuse ici-bas, et d’arriver à une haute alliance. […] Elle recevait avec beaucoup de douceur ce qu’il lui disait ; mais toutes ces instances ne faisaient au fond que l’importuner et l’aigrir contre la piété, qu’elle regardait comme son ennemie et sa grande rivale dans le cœur du prince. » C’est dans ces disposition d’une lutte intérieure déjà ancienne, qu’un jour elle se trouva tout d’un coup, et sans savoir comment, tournée à Dieu, persuadée des vérités de la foi et brûlant du désir de s’élever à la source suprême.

1080. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Et quel motif peut réunir des gens d’esprit, sinon le désir d’agiter ensemble les questions majeures   Depuis deux siècles en France la conversation touche à tout cela ; c’est pourquoi elle a tant d’attraits. […] Ils adoptent aisément des maximes qui semblent conformes à leurs secrets désirs ; du moins ils les adoptent en théorie et en paroles.

1081. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

L’homme a naturellement le désir du bonheur. […] Je ne sais trop, mais assurément Pascal a touché plus juste, quand il a saisi ensuite le fondement naturel et psychologique de la foi, ce désir du bonheur que l’homme ne peut retrancher de son cœur et qui, sans cesse déçu par la réalité, se recule toujours plus loin, jusqu’à ce qu’il ne trouve plus d’autre moyen de subsister que de s’élancer hardiment dans l’inconnaissable, plaçant son espérance en sûreté hors de la vie et du temps.

1082. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Aucun écrivain ne s’est examiné avec plus de désir véritable de connaître ses défauts, et d’en faire tourner la critique à la gloire de l’art. […] Entre les héros fabuleux et ceux de Corneille, il y a cette différence que la grandeur des premiers est trop inaccessible pour nous tenter, tandis que la grandeur des seconds n’est pas si hors de notre portée, que nous ne sentions le désir de nous en rapprocher, ou du moins quelque honte d’en être loin.

1083. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Bref, c’est partout un mécontentement qui s’essaie, un désir timide encore d’innovation, qui a pour cause, non pas unique, mais principale, la décadence matérielle dont la France est victime. […] Dans la première moitié du xviiie  siècle, la bourgeoisie aisée, en y comprenant la noblesse de robe, me paraît avoir été la plus riche ; il suffit de citer Voltaire, Montesquieu, Marivaux, Fontenelle, Mairan, Vauvenargues, Crébillon, la Chaussée ; et il est permis de croire qu’il y a une harmonie entre leur origine et leur éducation, leur situation sociale et les qualités fines, spirituelles, élégantes d’une littérature hostile, il est vrai, à l’Église et à la monarchie absolue, mais discrète encore dans ses désirs d’innovation et tempérée dans ses hardiesses.

1084. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Mais son infaillible instinct d’artiste et de poète lui a fait comprendre que la question de la destinée humaine, le désir d’une existence renouvelée, réparatrice de tous nos maux, la soif de la vérité, de la justice et de l’amour, étaient les grandes, les principales sources de poésie. […] L’exécution des Maîtres chanteurs a remis en mémoire le plaisir intense que la représentation de cette œuvre enchanteresse nous causa il y a deux ans ; elle a réveillé plus que jamais le désir de la voir figurer d’une manière définitive et permanente au répertoire de la Monnaie.

1085. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Ce qui borne ou détruit sa vie, il s’en délivre, Ce qui la lui conserve, il tâche à s’en saisir ; De là le grand combat, pourvoyeur du désir. […] Le sonnet convient à merveille à l’expression d’une idée ou d’un sentiment simples et concrets ; il note une fantaisie de l’esprit, une émotion rapide, une rougeur fugitive, un désir, un regret.

1086. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Malgré le désir très marqué, quand elle parut, de se jeter à genoux devant cette œuvre inconnue et nouvelle, on est resté debout, et même assis… Il a manqué bien des tambours dans cette batterie aux champs… Il est vrai que l’Empereur n’était pas sorti ! […] Ce n’était pas, ce ne pouvait pas être le rire, et si, par une hypothèse que je n’accorde pas, cette douloureuse et cruelle hideur avait pu produire l’irrésistible rire, ce n’est pas du rire que peut naître jamais l’amour ni même le désir, et Josiane, sérieuse comme la passion et comme le vice, n’aurait jamais aimé Gwynplaine.

1087. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Il refuse aux amers ironiques et aux grands railleurs modernes une qualité qu’il accorde volontiers aux grands railleurs et aux mélancoliques de l’Antiquité, à Aristophane et à Lucrèce, l’élévation : « Tout écrivain parmi les modernes, s’écrie-t-il, que n’anime pas à un degré quelconque le sentiment chrétien, pourra être un déclamateur ; élevé, il ne le sera jamais. » Cet article de M. de Sacy est un de ceux où il se dessine le mieux et le plus au complet dans l’excellence de sa nature mixte, avec ses velléités, ses aspirations et ses répulsions, ses regrets ou ses désirs, son vœu d’alliance de la raison et de la foi, ses préférences païennes ou classiques, et ses adhésions chrétiennes.

1088. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il y portait à la fois un sentiment dont plus d’un se targue en paroles, mais qui, sincère chez lui et profond, était de plus constant et fixe jusqu’à la manie, le désir d’en faire profiter les autres et d’être utile au public.

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