Mais le monde est devenu si sot qu’il faut maintenant craindre leur influence, et que nous arriverons peut-être à être obligés de la discuter, cette haute influence des farceurs !
Et que si la vie ne devait pas se trouver dans cette Vie qu’on demandait au frère, qui hésitait peut-être, que s’il n’y avait, à la place, que l’extinction prudente d’un sujet dont on craignait les flammes, que la lumière ménagée, tamisée et promenée avec précaution sur les passions et les fautes de ce délicieux et coupable génie qui s’appelait Alfred de Musset, les éditeurs s’en souciaient bien !
craint-on de prévenir l’esprit du lecteur et de nuire à l’indépendance de son jugement, à la liberté de sa pensée ?
Il avait été le compagnon de jeunesse de Pommier, et il s’entendait trop bien en littérature pour ne pas dire, en passant, quelques mots flatteurs sur un talent dont la virilité devait être antipathique, à sa faiblesse (les femmes anémiques craignent les hommes vigoureux !)
Quoique le romancier voie les réalités, et, quand il s’agit de les nommer, ne barguigne pas, le cynisme de ce terrible Richepin, qui ne craignait pas autrefois d’être cynique, qui n’hésitait jamais devant l’expression et se jetait à corps perdu sur elle, n’a plus guères, dans tout ce livre, que quelques traits fort rares, et encore le romancier ne s’y arrête pas, ou, s’il les ose, le croiriez-vous jamais ?
Je ne crains pas plus l’inceste qu’autre chose dans un roman courageux, écrit pour les forts, et qui pourrait être d’une terrible et accablante moralité !
Lawrence36 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme M.
Je ne crains pas de l’affirmer, étant ce qu’il est, ce Saint-Bertrand, nul talent, nul génie n’aurait pu se tirer d’un tel personnage.
Il y a deux sentiments incompatibles qui s’agitent en moi, je ne crains pas de le dire.
Lorsqu’on nous a dit sur quel sol et sous quel ciel vit un groupe d’hommes, s’ils sont dolichocéphales brachycéphales, aryens ou sémites, s’ils sont entrés ou non dans l’âge des machines, s’ils craignent Dieu ou n’y paraissent pas penser, s’ils sont insouciants ou prévoyants, s’ils penchent vers le matérialisme ou vers l’idéalisme, on n’aura pas encore épuisé la liste des déterminants de leur histoire.
Leur caractère et leur marche sont trop opposés : l’une est scrupuleuse et lente ; l’autre, hardi et rapide : l’une pèse sur les détails, l’autre saisit les résultats ; l’une amasse des faits, l’autre combine des idées : l’une, enfin, se défie de la pensée et craint l’imagination ; l’autre a le besoin de créer, et n’est riche que de ce qu’il invente.
Fléchier avait été l’ami du duc de Montausier : « Ne craignez pas, dit-il, que l’amitié ou la reconnaissance me prévienne ; vous savez que la flatterie jusqu’à présent n’a pas régné dans mes discours.
Renan ne parle que peu, comme s’il craignait de profaner ce souvenir sacré. […] je veux qu’étant mienne, à ma guise pétrie, Ce soit elle et non moi qui craigne l’abandon. […] Mais ne craignez pas que je vous raconte ce que vous venez de lire ou que vous lirez demain. […] Non, il y a encore à craindre, outre l’affaissement de l’esprit, l’affaissement du caractère. […] non ; il est encore à craindre qu’on ne soit envahi par de mauvais sentiments.
Jugez, par le sacrifice que nous ferons, de la méchanceté des hommes que nous craignons. » Une sorte de « tartarinade » à main armée ravageait la Provence. […] Je crains que ce troisième volume d’une Histoire de Napoléon qui pourrait être définitive, n’ait été rédigé d’une façon un peu expéditive. […] Barras n’a pas craint de répandre sur ce sujet les plus injurieuses rumeurs. […] Et ici la poésie n’a rien à craindre de la plus minutieuse investigation. […] Vous voyagerez partout sous l’œil vigilant de notre gendarmerie, sans craindre les voleurs plus qu’en Beauce ou en Poitou.
Après tout, on voit que Corneille n’avait rien à craindre d’un pareil rival. […] En outre, il craignait de réveiller la haine de ses ennemis et de compromettre sa réputation. […] Il gagna ses gardes, se procura une barque, et pendant une violente tempête il ne craignit pas de se rendre au port de Villefranche. […] Tout l’univers le craint, toute la France l’aime, Tous ses sujets en lui ne cherchent que lui-même ; Il charme également et les cœurs et les yeux. […] Lafosse n’a malheureusement donné au théâtre que quatre tragédies, soit qu’il ait craint le mauvais accueil d’un public quelquefois mal disposé et injuste, soit qu’il ait préféré la tranquillité à la gloire.
Je crains aussi qu’il n’ait été dupe de sa formule, Anarchie spontanée. […] Il craignait d’avoir froissé des croyances ou découragé des vertus. […] Je crains pourtant qu’il ne reste çà et là une note, un ton qui ne soit pas celui de la pure vérité. […] Il en craignit, pour une personne chère, la « vertu d’obsécration ». […] Il craignait, a-t-on dit, de profaner l’idée au contact du fait.
Mais Pelléas est d’un certain idéal la réalisation trop parfaite, pour avoir à craindre la réaction de l’avenir. […] Il semble qu’on craigne de le juger trop favorablement. […] Mais l’âme de Gide connaît d’autres mouvements que ceux du désir et de l’extase ; en même temps qu’elle se dénoue et qu’elle se répand, elle se replie, elle songe à rejoindre tous les sentiments qu’elle vient de disperser, elle craint de se trop diviser et de se perdre. […] Tant ils désirent qu’on entende se prononcer leur passagère précision, et tant ils craignent que ne l’efface la fluidité de la phrase, parfois ils la font tendrement archaïque : Je m’enivrais ainsi d’une sorte de modestie capiteuse et m’habituais, hélas ! […] Il craint tout contact avec le monde : La vie n’est qu’un moyen, pas un but : je ne la rechercherai pas pour elle-même273.
Il ne craignît point de compromettre sa réputation en osant lutter avec ce dernier. […] Le succès que l’acteur & l’actrice ont eu, a fait craindre que la guerre ne se rallumât ; mais tous les mouvemens qu’on a vus dans cette fermentation ne sont que les derniers feux d’un volcan épuisé. […] Il étoit à craindre qu’elle n’affoiblît encore celui qui lui restoit, en le partageant avec eux. […] Leur avocat ayant mal plaidé ; le parlement ne les aimant point, les conclusions du procureur général étant contr’eux, ils avoient tout à craindre. […] Son livre leur parut bien autrement à craindre que la thèse.
On le nomme un génie aimable, un philosophe consolant ; il n’y a qu’un mot à dire : il avait compris l’univers, et l’univers bien compris n’est point désespérant, mais offre au contraire de sublimes perspectives. » Je n’ai pas craint de citer, parce que tout l’instinct de l’homme se révèle déjà dans ces premiers écrits, et que, si l’on a sans doute un peu au delà de Vauvenargues dans ce besoin d’action si caractérisé, on a déjà beaucoup de M. […] voilà ce qu’elle souhaite31, et cela encore pour la dignité du trône beaucoup plus que pour elle : car le pays, avec ses institutions bien comprises et pratiquées, n’a rien à craindre de qui que ce soit. […] Je ne crains pas de me répéter un peu, d’aller et de revenir plus d’une fois sur les mêmes traces en un sujet dont je ne puis faire tout le tour.
Il ne craint pas d’alléguer l’exemple de la république de Venise qui, pour empêcher qu’on enlevât de Padoue la fameuse bibliothèque de Pinelli, la fit saisir au moment du départ, sous prétexte qu’il y avait dans les manuscrits du défunt des copies de certains papiers d’État. […] Et au nombre des causes de ces mystérieuses vicissitudes, Naudé ne craint pas de mettre « la grande bonté et providence de Dieu, lequel, soigneux de toutes les parties de l’univers, départit ainsi le don des arts et des sciences, aussi bien que l’excellence des armes et établissement des empires, ou en Asie, ou en Europe, permettant la vertu et le vice, vaillance et lâcheté, sobriété et délices, savoir et ignorance, aller de pays en pays, et honorant ou diffamant les peuples en diverses saisons ; afin que chacun ait, part à son tour au bonheur et malheur, et qu’aucun ne s’enorgueillisse par une trop longue suite de grandeurs et prospérités. » C’est là une belle page et digne de Montaigne. […] Et encore (page 370) il enfile toutes sortes d’historiettes sur des réponses faites par bévue, et se moque en même temps de la rhétorique ; il y trouve son double compte d’enfileur de rogatons érudits et de moqueur des tours oratoires. — Il ne trouve pas moins son double compte de fureteur historique et de défenseur du Mazarin, lorsqu’il se donne (page 266) le malin plaisir d’énumérer tous les profits et pots-de-vin de l’intègre Sully, lequel « tira trois cens mille livres pour la démission, de sa charge des Finances et de la Bastille ; soixante mille pour celle de la Compagnie de la Reine-Mère ; cinquante mille pour celle de Surintendant des Bâtiments ; deux cens mille pour le Gouvernement de Poitou ; cent cinquante mille pour la charge de Grand-Voyer, et deux cens cinquante mille pour récompense ou plutôt courretage de beaucoup de bénéfices donnés à sa recommandation. » Et le fin Naudé part de là pour opposer le désintéressement du Mazarin ; mais il tenait encore plus, je le crains bien, à ce qu’il avait lâché en passant contre cette renommée populaire de Sully.
« Je crains de trouver de bien mauvais chemins, car il y a des pluies effroyables. […] Vis donc comme un vrai chrétien, comme un bon catholique ; aime et crains Dieu ; prie-le avec confiance et avec ardeur, et mène une vie tellement chrétienne qu’au cas où je ne devrais plus te voir l’heure de ma mort ne soit pas pour moi une heure de trouble et d’angoisse. […] Allez les voir sans retard, je vous en supplie ; ne leur dites pas encore qu’elle est morte, mais préparez-les ; tâchez que je puisse être tranquille, et que je n’aie pas à craindre un nouveau malheur.
Boileau, en essayant d’être didactique, n’a pas craint d’être plus sévère ; il a fait tout un poème en quatre chants. […] En outre, ils ont pris les modifications de l’âme pour des mouvements en elle : sentir, penser même, s’attrister, se réjouir, espérer, craindre, s’indigner, ce ne sont pas des mouvements de l’âme ; ce sont des mouvements qui n’appartiennent qu’au corps, se développant avec lui, se flétrissant et mourant avec lui. […] Tout le reste n’est qu’un facile développement de ces féconds principes ; et l’homme intelligent et libre, s’il a tout à craindre encore des abus de sa liberté, peut se reposer avec une sécurité imperturbable sur la bonté, la justice et la puissance de Dieu.
Il ne craint pas, dit-il, d’aller contre l’opinion commune, et dût-il être poursuivi par l’Attorney-général, il avouera que dans la situation extérieure et intérieure du pays, il ne voit aucune nécessité absolue d’extirper le christianisme en Angleterre. […] S’ils n’ont plus de Dieu à insulter, n’est-il pas à craindre qu’ils ne s’attaquent au gouvernement, au ministère ? […] Prendre au sérieux le monde et les grandeurs du monde, la vie et les occupations de la vie, la science, la politique, les passions, les plaisirs ; se plaire dans cette mêlée, désirer et craindre avec emportement, voilà un des penchants de l’âme humaine, une des habitudes de sa pensée, et le mouvement perpétuel du monde en découle.
… Crains de gémir sur toi-même si tu n’obéis… Étreins-le de chaînes… — Rive-les autour de ses bras… Cloue-le à ces roches… Enfonce rudement, à travers sa poitrine, la dent de ce coin d’acier… Garrotte-le autour des flancs et sous les aisselles… Cercle violemment les cuisses avec des anneaux… Entrave les pieds fortement. » — Chaque membre est ainsi inventorié et scellé, chaque ferrement inspecté par l’argousin de l’Olympe. […] Les chants de femmes qui monteront plus tard vers le prisonnier dans sa tour, auront cette douceur. — « Ne crains rien, c’est une troupe amie qui vient à toi sur ce rocher. […] Ai-je l’air, dis-moi, de vous craindre, Dieux récents ?
Il semble même que dans la crainte de ne pouvoir former trois volumes in-4°. il n’a pas craint d’être diffus & de se répéter. […] Son prologue est admirable ; l’exorde de son second Livre est plein d’élévation, & c’est par un transport d’enthousiasme, qu’à la fin du troisiéme Livre, il introduit la nature qui parle aux hommes, pour leur reprocher la foiblesse qu’ils ont de craindre la mort. […] Il traduit : Nunc est bibendum, nunc pede libero pulsanda tellus : “C’est à présent qu’il faut boire, & que sans rien craindre il faut danser de toute sa force :” Mox juniores quærit adulteros : “Elles ne sont pas plûtôt mariées qu’elles cherchent de nouveaux galans.”
Je crains qu’il n’ait pris trop au sérieux les affirmations de certains artistes, tels que Domenico Morelli et Gabriele D’Annunzio. […] Pourtant, chez Belli déjà, il y a des réserves à faire sur l’œuvre considérée dans son ensemble… Cesare Pascarella, ce très grand poète si peu connu hors d’Italie, a raconté en cinquante sonnets la découverte de l’Amérique, et achève en ce moment une autre épopée, beaucoup plus considérable, également en sonnets ; je connais de ce poème des fragments admirables ; je crains pourtant qu’en faisant ainsi du sonnet une strophe, ou une laisse, Pascarella n’ait dépassé certaines limites qu’il est impossible de déterminer théoriquement mais qu’on sent bien dans la pratique. […] On m’objectera que Dumas est vieux jeu, et que, membre de l’Académie… L’insinuation serait gratuite ; on pourrait la réfuter avec d’autres exemples ; mais quittons la France, facilement suspecte d’hellénisme, et prenons, dans le Nord, un auteur qui certes n’a pas craint de rompre avec toutes les traditions : Ibsen.
Villemain n’a pas craint la propriété et le relief du détail ; il a semblé tout concilier. […] Quant à l’ouvrage considérable entrepris par Victorin Fabre et qui traite de la société politique et civile, il n’est pas, nous a-t-on dit, aussi inachevé que nous l’avions craint, et pourra même quelque jour être publié.
Si je n’avais pas craint d’effaroucher sa muse folâtre et de rembrunir sa gaieté, je l’aurais volontiers recherché pour partager celle qu’il répandait autour de lui. […] Comme poëte, Béranger n’a, de nos jours, nulle comparaison à craindre.
J’ai craint que ce ne fût que l’ennui de me déranger qui me déconseillât cette démarche. […] Une fois seulement, à un bruit plus violent qui se faisait dans la rue, il parut craindre que le peuple n’eût le dessous et ne fût refoulé ; on le rassura ; ce furent ses dernières paroles ; il mourut calme et grave, recueilli en lui-même, sans ivresse comme sans regret. (29 juillet 1830.)
. — Non, sire, je suis impartial, et je craindrais de cesser de l’être en approchant trop souvent de Votre Majesté. » Cette délicate tournure d’éluder la servitude en éludant la faveur, n’échappa pas à Napoléon ; il sourit, mais il garda rancune à la ville qui lui montrait de telles fiertés d’esprit dans un de ses principaux habitants. […] Je pourrais en citer quelques-uns de mémoire, encore aujourd’hui, de ces vers orphéïques du Jura, mais je craindrais de les dénaturer d’accent en les répétant.
C’est d’Euphrasie qui me donne des nouvelles de Lili, tristes nouvelles qui me font craindre de perdre cette pauvre amie. […] Mon cher petit chien, mon joli Bijou est malade, si malade que je crains qu’il n’en meure.
Après avoir laissé à ma mère et à mon père le temps de lire, je m’emparai du petit volume et je l’emportai dans les bois, caché sous ma veste, comme un parfum que j’aurais craint de laisser évaporer. […] Toutesfois aux transportz craint de s’abandonner ; Cognoist que resve sien n’avoit esté mensonge, Voyd mesmes traicts qu’alors luy peignist le sommeil, Ainz trop n’oze gouster les charmes d’ung réveil Que luy semblent tenir des prestiges d’un songe.
Voltaire est parfait dans sa prose ou dans ses facéties en vers, mais on craint de rire de soi-même en riant avec lui ; le dernier mot de toute chose n’est pas un éclat de rire, c’est un acte d’adoration ; une moquerie n’est pas la sagesse ; tout détruire n’est rien fonder. […] Il commença par le saluer et par le servir ; puis il en devint jaloux et l’outragea ; puis il assista à sa chute et le traîna dans la boue ; puis il s’assit sur son tombeau et le grandit quand il n’eut plus à le craindre ; puis il se compara ridiculement à lui et le reconnut pour frère dans la gloire.