Je constatai tôt que ces bavardages historiques et documentaires sont simplement scandaleux quand ils veulent caractériser des contemporains ; et lorsqu’ils s’appliquent à des auteurs jadis, ils sont insipides, ils sont livresques, ils puent le Memento de baccalauréat.
Au début elle est détestable, comme chez la plupart des contemporains quand ils s’appliquent.
Assurément on donnerait volontiers la main à ce charmant et noble jeune homme sur tous ces sujets de discussion contemporaine qu’il traite avec l’air de les cravacher ; et même parfois on la lui serrerait avec une cordialité ardente, mais ce n’est plus comme en chiffons, cet art de la femme.
Lord Byron, qui a cravaché les bas-bleus dans une comédie de leur nom, prétendait que sa femme, qui était un bas-bleu, savait les mathématiques… Mais de ces temps-là à ces temps-ci, la tendance des femmes vers le bas-bleuisme, ce ridicule transcendant de l’histoire des mœurs contemporaines, s’est généralisée et précisée d’une façon si effroyable, qu’on ne trouvera bientôt plus de femmes en France, on n’y trouvera que des bacheliers.
Quand on aime les rois et qu’on a mieux pour eux que des larmes, quand on croit que les plus belles choses qu’il y ait encore sur la terre ce sont les pouvoirs qui conduisent les sociétés ou qui les défendent, on doit avoir réellement peur de toucher au cadavre décapité de Louis XVI à travers la pourpre de son sang répandu, plus inviolable à la postérité que ne le fut à ses contemporains sa pourpre royale.
Nous les avons ouverts pour, à notre tour, en rendre compte dans ce feuilleton, consacré à la littérature contemporaine, et, après les avoir lus, tout nous a été expliqué du succès facile de Fournier et du jeu sur le velours de ce novateur innocent et non scandaleux, qui ne fera, dans aucun sens, de révolution dans l’histoire.
I Le plus grand service que la critique historique pût rendre à l’Histoire et, ce qui importe bien davantage, à la moralité contemporaine, serait d’enseigner correctement le Moyen Âge à ceux qui l’ignorent.
IV Telle est la trame d’idées et telles sont les conséquences qui ressortent de la très lucide dissertation de Segretain, qui coupe si nettement le courant troublé des histoires contemporaines sur le xvie siècle, comme l’angle d’un cristal coupe un flot fangeux.
Est-ce que, sans remonter les cent cinquante dernières années et en restant parmi les contemporains que nous avons coudoyés : Mezzofanti, Ventura, Lacordaire11, Gratry, Balmès, Rohrbacher, ne répondent pas, comme un tonnerre, à Michelet ?
Dans tous les cas, si c’est un livre, ce n’est certainement pas un livre d’histoire, quoique l’histoire contemporaine y soit brassée, Dieu sait avec quel tour de bras !
Eh bien, c’est là que fut l’erreur de l’imagination et de l’opinion contemporaines !
Voilà pour la forme, c’est-à-dire pour ce qui fait la vie des livres et leur durée, quand les idées sur lesquelles ils reposent sont décrépites ou mortes ; mais pour le fond, c’est aussi les idées de tout le monde qui lui créent son originalité, à ce penseur, comme c’est la courte vue de tout ce monde qui se chausse de lunettes d’écaille qu’il promène sur les événements contemporains et la politique, qui devait les dominer… Seulement, penser et parler comme tout le monde pense et parle à une certaine hauteur de société, explique peut-être suffisamment aux esprits profonds que tout ce monde, qui se reconnaît en de Tocqueville, lui ait fait un honneur si exceptionnel !
Si quelqu’un eût pu s’opposer à la publication de ces Lettres, — qui ne sont pas une Correspondance puisque les réponses n’y sont pas, — c’eût été tout au plus quelque parent de Benjamin Constant, pour peu qu’il eût tenu au genre de renommée qu’a laissée derrière lui l’auteur d’Adolphe… L’idée, en effet, qu’on a de Benjamin Constant, comparé pour l’esprit par ses contemporains à rien moins que Voltaire, se trouve légèrement entamée par ces lettres, qui nous le montrent tout à coup sous l’aspect étonnant d’un sentimental aussi niais que le premier amoureux venu !
En descendant des idées religieuses aux idées littéraires, Cazotte avait publié son Diable amoureux et mouillé la lèvre de l’imagination contemporaine d’un philtre qui n’avait pas, dans la coupe de l’enchanteur français, une bien grande magie, mais dont la saveur excitait et préparait à des saveurs plus pénétrantes… Au Nord comme au Midi, l’Europe, dégoûtée de matérialisme et de littérature positive, avait soif de surnaturel, la vraie poésie.
Quelle différence entre Guy Livingstone et les autres romans contemporains, et surtout ceux-là (il faut le dire) qui se publient dans notre pays !
Par le Panthéisme, en effet, le Matérialisme a toujours un pied et une main dans la philosophie contemporaine, et ce n’est pas le Spiritualisme, réduit à ses seules forces, qui coupera jamais ce pied et cette main-là.
Quand un homme se laisse rouler par le plus ignoble flot de la pensée contemporaine, et que, soutenu par elle, il nage là-dedans, ce n’est pas merveille d’héroïsme ; il est porté !
De niveau avec ses contemporains, l’ancien évêque d’Alais n’avait rien du prophète qu’il aurait fallu pour faire lever de leur tombe les grands ossements de Bossuet et leur donner une seconde fois la vie dans une biographie tout ensemble ardente et lumineuse.
À propos d’histoire et de biographie, nous nous plaignions, il y a quelque temps, que personne, parmi nos contemporains, n’eût songé à écrire la vie de saint Vincent de Paul.
Tour de souplesse dans le talent dont la Force n’est pas toujours capable, et qu’on pouvait très bien ne pas attendre d’un homme absorbé dans l’unité de ce mysticisme qui le fait ce qu’il est de si particulier dans la littérature contemporaine ; car je n’y connais pas de talent qu’on puisse, d’accent, comparer au sien.
Athée donc, pour l’heure, encore, comme ses contemporains, dont l’athéisme est aussi effronté que stupide, M.
Deux célébrités contemporaines de trop de bruit, d’un bruit qui ne fut pas toujours de la gloire, et qui en vont faire encore, l’un du fond de sa tombe, l’autre du fond de sa vieillesse, en nous condamnant à lire ces deux volumes d’Elle et Lui et de Lui et Elle, à la lueur cruelle de leur triste célébrité.
Jules Sandeau, dont on parle beaucoup, et à laquelle les œuvres immorales des romanciers contemporains ont fait un repoussoir superbe, sa moralité n’a pas plus de caractère et de vigueur que son talent.
Deux célébrités contemporaines de trop de bruit !
Hector Malot tout ce qui appartient à notre époque et ce qui passera avec elle, toutes les choses qui sont le domaine commun pour qui plante sa plume dans un sujet moderne, et les lectures contemporaines et la langue générale des romans actuels, que resterait-il à ce communiste littéraire qui vit sur l’apport social bien plus que sur son propre talent ?
Quelle différence entre Guy Livingstone et les autres romans contemporains, et surtout ceux-là (il faut le dire) qui se publient dans notre pays !
Il a fait certainement du roman-feuilleton selon les exigences de l’imagination contemporaine et des débitants de publicité qui la servent.
n’écris pas pour un homme, mais pour les hommes : attache ta réputation aux intérêts éternels du genre humain : alors la postérité reconnaissante démêlera tes écrits dans les bibliothèques ; alors ton buste sera honoré et peut-être baigné de larmes chez des peuples qui ne t’auront jamais vu, et ton génie, toujours utile, selon la belle expression d’un de nos poètes, sera contemporain de tous les âges, et citoyen de tous les lieux.
Mais il y a des éclairs et cela le sauve de l’oubli complet, que n’ont pas pu éviter d’autres romanciers ses contemporains, qu’il admirait. […] * * * Les Contemporains, journal par M. de Mirecourt. […] * * * La Revue Contemporaine… Diable ! […] Champfleury s’est moins attaché à donner sa propre appréciation qu’à citer celle des contemporains de l’artiste, en expliquant toutefois les haines ou les amitiés qui pouvaient les faire mentir. […] Contemporains. — Je ne confonds pas David d’Angers avec les autres, il a été peut-être le seul artiste intelligent de cette époque.
Le doute naît, lorsque l’on a recours, non pas à une traduction amendée, mais au texte original, ou à une traduction contemporaine. […] Le moyen-âge lui échappa nécessairement, hormis quelques figures plutôt historiques que littéraires, et de même lui échappèrent, pour les raisons que l’on a donnas, ses contemporains de la dernière heure. […] L’influence de Stendhal s’est étendue par Taine sur plusieurs écrivains contemporains, Bourget, Barrès. […] Il est bien plus sage en cherchant, quoiqu’il s’en défende, à détourner ses contemporains d’écrire en latin. […] Bourdeau, les Maîtres de la pensée contemporaine.
Quelques contemporains les ont recherchées systématiquement. […] Nos poètes contemporains se sont affranchis de ces vaines prohibitions. […] Nous savons quel parti ont tiré de ce rythme les poètes contemporains. […] Mais déjà elle a des perplexités devant les rythmes inattendus que nous soumettent parfois les poètes contemporains. […] Les problèmes de l’esthétique contemporaine, p. 240.
Il lui arrive fréquemment de s’éparpiller sur plusieurs esprits contemporains ou même d’époques différentes. […] Taine, par exemple, semble avoir été inspiré par des préoccupations sociales en faisant son grand ouvrage sur les Origines de la France contemporaine. […] Imiter l’antique, à la Renaissance, c’était presque inventer ; traduire l’œuvre d’un Latin ou d’un Grec, c’était, aux yeux des contemporains, faire œuvre originale. […] C’est tout de même un des mérites du criticisme contemporain d’avoir insisté sur ce qu’il entre de volonté dans l’adoption d’une croyance. […] Guyau, Les Problèmes de l’esthétique contemporaine, p. 84 (Paris, F.
En se faisant contemporain des générations éteintes, il a pris involontairement leur manière de sentir ; par sa capacité d’être ému, il a recueilli les sentiments qui semblaient détruits pour toujours et ensevelis dans la poussière des vieux livres. […] Plus austère, plus fier, plus roide que ses contemporains, un peu antique comme Tacite, on apercevait en lui, avec le défenseur de l’aristocratie brisée, l’interprète de la justice foulée, et, sous les ressentiments du passé, les menaces de l’avenir. […] Il se tenait et marchait un peu courbé, avec un faux air plus humble que modeste, et rasait toujours les murailles pour se faire faire place avec plus de bruit, et n’avançait qu’à force de révérences respectueuses, et comme honteuses, à droite et à gauche, à Versailles. » Voilà une des raisons qui rendent aujourd’hui Saint-Simon si populaire ; il décrit l’extérieur, comme Walter Scott, Balzac et tous les romanciers contemporains, lesquels sont volontiers antiquaires, commissaires-priseurs et marchandes à la toilette ; son talent et notre goût se rencontrent : les révolutions de l’esprit nous ont portés jusqu’à lui. […] Il violenta le français à faire frémir ses contemporains, s’ils l’eussent lu ; et aujourd’hui encore il effarouche la moitié des lecteurs. […] Vous apercevez cette originalité solitaire dans les monologues continus et dans la concentration farouche de leur poésie barbare, dans la surabondance de l’invention et de l’inspiration personnelle au temps de la Renaissance, dans l’avènement de la religion qui consacre la foi indépendante et l’appel à soi-même, dans la peinture récente ou contemporaine des singularités individuelles, dans le haut relief des caractères excentriques, dans la description répétée de la dignité froide, de la réserve hautaine et de l’orgueil silencieux.