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740. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Outre qu’elle ne peut servir qu’aux sciences assez avancées, puisqu’elle suppose déjà connues un nombre important de lois, les phénomènes sociaux sont beaucoup trop complexes pour que, dans un cas donné, on puisse exactement retrancher l’effet de toutes les causes moins une. […] On n’est jamais sûr de n’avoir pas laissé échapper quelque antécédent qui concorde ou qui diffère comme le conséquent, en même temps et de la même manière que l’unique antécédent connu. […] Non seulement on risque d’en omettre d’essentiels et qui contredisent ceux qui sont connus, mais encore on n’est pas sûr de bien connaître ces derniers. […] Pour pouvoir expliquer l’état actuel de la famille, du mariage, de la propriété, etc., il faudrait connaître quelles en sont les origines, quels sont les éléments simples dont ces institutions sont composées et, sur ces points, l’histoire comparée des grandes sociétés européennes ne saurait nous apporter de grandes lumières.

741. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

A quelle date précise connut-il Fauriel ? […] Ampère, selon ceux qui l’ont le mieux connu, avait une aptitude particulière pour la linguistique. […] Si je suis plus exigeant qu’eux à son égard, c’est que je le connaissais peut-être davantage. […] Je connais de lui bien des articles de complaisance, je n’en connais pas un de polémique. […] Guizot m’en croie certainement sur parole, il m’a prié de vous adresser la question et de lui faire connaître votre réponse.

742. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Je connaissais un jeune musicien, un esprit délicat, qui avait reçu en présent d’un écrivain célèbre un livre magnifique accompagné d’une longue dédicace personnelle. […] J’ai connu des héritiers qui étaient effrayés par la célébrité du défunt, par la rapidité des progrès de sa renommée. […] Nous ne connaissons les principaux faits d’une époque (les années 1914-1918 entre autres) que par des discours, des mémoires, des souvenirs officiels. […] Un fait connu et significatif est que les poètes ont presque tous une belle écriture, aussi soignée, mais plus artiste que celle des sergents fourriers. […] L’un des premiers graphologues français, Jules Crépieux-Jamin (1859-1940) était connu pour avoir défendu Alfred Dreyfus par des expertises d’écritures.

743. (1896) Études et portraits littéraires

Ferdinand Fabre, qui connaît le clergé, lui. […] La société chambérienne d’avant la Révolution mérite d’être connue. […] Et nous aussi, nous le connaissons. […] M. de Lacombe, qui les connaît bien, en a extrait des madrigaux. […] — Avez-vous connu ma tante ?

744. (1911) Études pp. 9-261

. — Peut-être, à le fréquenter, n’eussé-je jamais connu de lui que ses fantaisies et ses humeurs. […] Où le vîmes-nous ensemble, nous qui ne nous connaissons pas ? […] Naître, pour tout, c’est connaître. […] Même, l’âme séparée continue à connaître les âmes non-séparées et les choses matérielles. […] seulement nous pourrons connaître, pure et voluptueuse, notre propre vie.

745. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Nous connaissons en France neuf tragédies sur Coriolan. […] Cependant quelques circonstances donnent lieu de croire que Shakspeare connaissait cette traduction. […] Donc, comme votre plus proche héritier connu, j’ai pris cette couronne comme mienne et non comme vôtre. […] On n’en connaît, avant celle de Shakspeare, aucune autre sur le même sujet. […] Troïlus and Cressida, or Truth found too late (ou la Vérité connue trop tard).

746. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gaubert, Ernest (1880-1945) »

C’est un charme de plus de connaître sa jeunesse, en lisant ces notations frêles et ténues, mais vécues par le rêve. […] Et je détache, avec plaisir, des Poèmes de légende et d’amour, ces quelques vers : Et notre barque, aux flots menteurs de l’Avenir, Sous le ciel fastueux connue un dais de parade, Flottera, s’attardant et lente, vers la rade Où s’égrènent les chansons grêles des cigales, Où l’ombre des palmiers frêles, sur l’eau tranquille, Tisse au soir glorieux un manteau de silence Comme un rêve d’amour épandu sur les lies, Plein d’un chant nostalgique et doux de fiancées Dont les ailes du soir ont pris la douceur blanche.

747. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

La révolution qui le poussait au pouvoir le connaissait bien ! […] Ainsi, il l’est surtout, et mieux qu’ailleurs, dans le superbe onzième chapitre de son ouvrage, où il raconte, dans le style ferme qu’on lui connaît, la prise de Rome, avec la gravité romaine. […] Prosateur sans poésie, et dont la prose a la nudité d’un homme sain et bien fait, Cassagnac nous écrirait l’histoire avec une gravité qu’on ne connaît plus ; car, il ne faut pas s’y tromper ! […] De tous ses ouvrages, qui furent nombreux, je n’en connais qu’un seul qui ne fut pas une action encore plus qu’une pensée. […] Si, plus tard, nous l’avons vu devenir le féal de la dynastie napoléonienne, c’est qu’il connaissait ce temps révolutionnaire et maudit pendant lequel il avait vécu toujours sur la brèche.

748. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Il avait la sienne, — que je ne connais pas, — que François Hugo ne connaît pas plus que moi dans ses nuances ou ses variations, comme il dit, — et, pour parler moins vague, dans les actes, demeurés obscurs, de sa vie. […] Je ne veux pas de la fabrication d’un Shakespeare que je ne connais pas et qu’on veut me faire connaître, sans avoir découvert des mémoires secrets et authentiques qui le révèlent ! […] Qui ne le lit et qui ne le connaît, de tout ce qui sait lire dans l’univers ? […] Et aux yeux de ceux-là qui connaissent l’empire continu d’une idée, cela rachète presque la mauvaise politique d’autrefois. […] Il y est tel que nous le connaissons, ce Hai qui faisait jadis les délices de la taverne d’East Cheap.

749. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Un État est un organisme, et, comme tout organisme, il vit d’une force puisée dans un passé lointain qu’il ne connaît pas, et d’un principe organisant intérieur qu’il ne connaît pas davantage. […] Je connais cela. […] Le fondement du droit royal, c’est Dieu ; celui qui connaît du devoir royal, c’est Dieu. […] Mais il n’eût pas été mauvais pourtant qu’il connût davantage, en son détail, la doctrine qu’il combattait. […] Il connaissait la faiblesse de l’esprit humain.

750. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Ce que l’on en connaît témoigne que M.  […] Vallette surpasse ce qu’on lui a connu d’activité intérieure. […] Barrès, et bien davantage, car il connaît le passé mieux et plus loin, M.  […] On connaît le phénomène de l’audition colorée. […] Ce que l’on connut d’abord de M. 

751. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Roland de la porte » p. 203

Ils n’ont jamais connu ce qu’Oudri exécutait dans ce genre, ils n’ont jamais vu des barbouillages d’Allemagne qui ont le même prestige. […] Ce peintre-ci ne manque pas de couleur, en travaillant il peut aller loin ; il faut s’y connaître pour concevoir cette espérance.

752. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

que je les connais, mes gens du Midi ! […] Oui, je les connais, mes Méridionaux ! […] mon Dieu, mais je la connaissais déjà ! […] Même cette humble joie de nature, lui, ne l’a pas connue ; il est obligé de l’envier. […] Malgré ses succès, elle n’a qu’une pensée : connaître sa mère, la retrouver, être aimée d’elle.

753. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Vous connaissez mes sentiments pour vous. […] Ils connaissent tous les grands sentiments et tous les bons tours. […] Nous le connaissons déjà, l’ayant rencontré sous l’orme du mail. […] Qui, mieux que lui, connaît la voix du pinson ? […] Je connaissais quelques bardes en paletot et j’évitais leur approche.

754. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

j’ai connu que tout est vil. […] Connaît l’adresse des bons couturiers. […] Si elle ne connaît pas encore toute la lyre, il s’en faut de peu. […] Je connais peu d’écrivains dont on puisse en dire autant. […] Connaît très bien le Japon.

755. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Romilly, dans son Journal particulier, invoque, à cette occasion, le témoignage de Sismondi lui-même, qui lui avait certifié que, dans la seule ville de Pescia qu’il connaissait bien, le chiffre des assassinats, avant l’intervention de la France, et depuis qu’on était délivré du joug français, avait été et était redevenu, terme moyen, de un par semaine, tandis qu’il ne s’en était commis presque aucun tant que la ville avait été sous l’autorité française. […] je connais bien cela, me répondit-il, car je vois ma mère passer bien du temps dans le sien. » — Ainsi, ma chère amie, ce que fait sa mère est bien fait. […] L’Empereur, en signant la nomination, avait dit ces paroles, qui lui furent rapportées : « Si je connaissais quelque autre marque de mon estime qui pût être agréable à M. de Sismondi, je serais heureux de la lui envoyer. » Sismondi crut devoir refuser, pour laisser à son opinion tout le prix, du désintéressement. […] Quelqu’un qui l’a connu me le dépeint ainsi : il était court de taille, assez gros, brun, l’air doux et affectueux ; bon, enjoué, sans ironie : on sentait en lui sa race italienne. […] Il est très-possible qu’autrefois il ait été plus réellement amoureux qu’il ne se peint dans son livre, mais, quand je l’ai connu, il était tel qu’Adolphe ; et, avec tout aussi peu d’amour, non moins orageux, non moins amer, non moins occupé de flatter ensuite et de tromper de nouveau par un sentiment de bonté celle qu’il avait déchirée.

756. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Ayons en nous l’émotion complète de la Chose vivante, et, dans nos œuvres spéciales de littérature ou de musique, il se trouvera que nous la mettrons ; ayant vu tous les reflets, notre unique langage en gardera la marque ; ayant connu toute l’impression, notre poème ou notre tableau en sera imprégné ; la Chose sera exprimée, très fortement ; et notre œuvre, tout particulière, aura de très mystérieux palpitements d’universelle Clairvoyance. […] Et c’est peut-être à Wagner que je dois cet amour dangereux du Beau qui vous rend homme de lettres et vous prépare les cruelles déceptions et tant de recherches vaines… Des œuvres de la dernière période, je ne connaissais pas grand chose : à Berlin, en 1878, sous la direction suprême de l’éternel M.  […] Je ne connaissais personne, absolument personne parmi les voyageurs. […] Ainsi naissait pour cette Œuvre et ce Théâtre, un Public, le Public du Pur et Simple, du Parsifal qui, seul, peut, lorsque les autres la méconnaissent, connaître la Cène ; et, aujourd’hui, après le Maître, l’Association Wagnérienne, par ses propagandes, ses enseignements, son assistance à Bayreuth, s’efforce vers ce même but, la formation du Public Wagnérien. […] Et, pendant ces trente heures, nous possède la cause précise du voyage ; la pensée des Représentations, pour lesquelles nous admettons ce dur effort, accapare, forcément, notre esprit ; l’importance du but croît, selon l’importance de l’effort : cette chose connue, la Fête Bayreuthienne se fait, en ces longues heures de voyage, mystérieusement obsédante : la jouissance difficilement acquise sera, certes, puissante ; l’extraordinaireté du pèlerinage prépare l’émotion d’une non commune révélation, d’une haute cérémonie, de quelque chose grande.

757. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Tel fut enfin Wallstein, duc de Friedland, le héros des tragédies allemandes que je me suis proposé de faire connaître au public. […] Dans la première, on voyait Prométhée, bienfaiteur des hommes, leur apportant le feu du ciel, et leur faisant connaître les éléments de la vie sociale. […] Tout ce qui se rapporte à la guerre de trente ans, dont le théâtre a été en Allemagne, est national pour les Allemands, et, comme tel, est connu de tout le monde. […] Les rencontres fortuites, l’arrivée de personnages subalternes, et qui ne tiennent point au sujet, leur fournissent un genre d’effets que nous ne connaissons point sur notre théâtre. […] Qu’est-ce que le même poëte nous fait connaître d’Oreste ?

758. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Depuis le grand succès de L’Assommoir, Gusman ne connaît plus d’obstacle. […] On ne connaît bien une doctrine philosophique ou sociale que lorsqu’on voit le dernier terme auquel elle a abouti : ainsi l’on ne connaît bien une formule littéraire que lorsqu’on a lu les ouvrages auxquels elle a servi de patron. […] Notre société française, notre société parisienne même, — la seule que nos naturalistes semblent connaître d’ailleurs, — n’est pas sans doute une perfection idéale, ni même relative. […] Nous y connaissons tous, sans nous compter, bon nombre d’honnêtes gens. […] Elle trouble, inquiète, irrite tour à tour ; elle ne connaît ni la paix ni la sérénité : elle peint des malades, elle est une malade elle-même.

759. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Je ne croyais pas, je dois vous le dire, que ce qui s’est passé entre nous, ce qui est connu de nous deux seuls au monde, pût jamais être oublié, surtout par vous, par le Sainte-Beuve que j’ai connu. […] Rochefort raconte dans ce livre que nous nous sommes connus à l’Hôtel de Ville. […] Qui ne connaît que le Blanqui jouant son rôle politique, ne le connaît pas. […] Mais toi, cette Écriture, tu la connais ? […] Sigaux ne fait pas de périphrases pour se faire connaître.

760. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Sur le comte Dandolo. (Article Marmont, p. 51.) » p. 514

Le comte Dandolo mérite mieux, et il est connu à plus d’un titre. […] II, p. 233) : « Dandolo, homme d’un caractère vif, chaud, enthousiaste pour la liberté, fort honnête homme, avocat des plus distingués, se mit à la tête de toutes les affaires de la ville… » Son fils, le comte Tullio Dandolo, lui-même écrivain très connu, possède des lettres de Bonaparte, dans lesquelles le premier Consul parle à son père d’« affection » et de l’« estime la plus vraie ».

761. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

La mort de Charles Nodier n’a pas semblé moins prématurée que celle de Casimir Delavigne ; et quoiqu’il eût passé le terme de soixante ans, ce qui est toujours un long âge pour une vie si remplie de pensées et d’émotions, on ne peut, quand on l’a connu, c’est-à-dire aimé, s’ôter de l’idée qu’il est mort jeune. […] Bien que dans ses Souvenirs de Jeunesse, et dans cette foule d’anecdotes et de nouvelles publiées, il n’ait cessé de puiser à la source secrète et d’y introduire le lecteur, on peut assurer que, si on ne l’a pas entendu causer, on ne le connaît, on ne l’apprécie comme conteur qu’à demi. […] Nul plus que lui n’évita ce que les autres prudents recherchent et recommandent si fort, la grande route, la route battue ; mais il connut, il découvrit tous les sentiers. […] Il aimait le sommeil, comme La Fontaine, et il l’a chanté en des vers délicieux, peu connus et que nous demandons à citer, comme exemple du jeu facile et habituel de cette fantaisie sensible : LE SOMMEIL.

762. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Il ne connut rien hors du judaïsme, son esprit conserva cette franche naïveté qu’affaiblit toujours une culture étendue et variée. […] Heureusement pour lui, il ne connut pas davantage la scolastique bizarre qui s’enseignait à Jérusalem et qui devait bientôt constituer le Talmud. […] Encore moins connut-il l’idée nouvelle, créée par la science grecque, base de toute philosophie et que la science moderne a hautement confirmée, l’exclusion des dieux capricieux auxquels la naïve croyance des vieux âges attribuait le gouvernement de l’univers. […] Tel que nous le connaissons par la version éthiopienne, il est composé de pièces de différentes dates, dont les plus anciennes sont de l’an 130 ou 150 avant J.

763. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

La résurrection d’un homme connu à Jérusalem dut paraître ce qu’il y avait de plus convaincant. […] La foi ne connaît d’autre loi que l’intérêt de ce qu’elle croit le vrai. […] Il se retira dans une ville peu connue, nommée Ephraïn ou Ephron, du côté de Béthel, à une petite journée de Jérusalem 1034. […] Ce voyage est connu des synoptiques.

764. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Les Anciens, & les bons Ecrivains du Siecle dernier, avoient une toute autre méthode : comme les métaphores & les comparaisons ne sont destinées qu'à éclaircir une pensée, qu'à la rendre saisissante & palpable, ils ne présentoient que des images connues & frappantes. […] A cette manie, il en ajoute encore une autre, celle d'employer les termes des Arts les moins connus du commun des hommes. […] Voulez-vous connoître les difficultés que Descartes eut à vaincre pour surmonter ses préjugés ? […] Au lieu de s'appliquer à faire connoître les Ecrivains Panégyristes, il ne s'attache le plus souvent qu'à peindre les Héros qu'ils ont célébrés.

765. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

L’idéalisme répète sans cesse que tout ce que nous connaissons est par cela même dans notre conscience ; que les perceptions, sensations et autres choses semblables sont des faits de conscience ; que les phénomènes de la nature nous sont connus seulement sous forme de représentations, conséquemment comme processus psychiques ; en un mot, qu’on ne peut dépasser sa conscience. […] Une autre ambiguïté du mot conscience, c’est qu’il désigne tantôt une série de faits et d’événements, un contenu, tantôt une certaine manière de connaître, un acte de connaissance. […] Nous retrouvons dans ce non-moi des mouvements et des formes qui nous sont connus en nous-mêmes.

766. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages Non seulement le public juge d’un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu’il en faut décider en general, c’est-à-dire par la voïe du sentiment, et suivant l’impression que le poëme ou le tableau font sur lui. […] Il est en nous un sens fait pour connoître si le cuisinier a operé suivant les regles de son art. […] Lorsqu’il s’agit de connoître si l’imitation qu’on nous présente dans un poëme ou dans la composition d’un tableau est capable d’exciter la compassion et d’attendrir, le sens destiné pour en juger, est le sens même qui auroit été attendri, c’est le sens qui auroit jugé de l’objet imité. […] Mais dès que les mouvemens de leur coeur qui opere mécaniquement, viennent à s’exprimer par leur geste et par leur contenance, elles deviennent, pour ainsi dire, une pierre de touche qui donne à connoître distinctement si le mérite principal manque ou non dans l’ouvrage qu’on leur montre ou qu’on leur lit.

767. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Les principes de Prévost-Paradol, je ne les connais pas. Ses goûts, c’est différent, je les connais. […] Mais Prévost-Paradol, ce professeur trop parfumé des souvenirs de l’Antiquité (comme ils disent entre eux) pour n’en pas exhaler à chaque instant de rudes bouffées, Prévost-Paradol, qui, dans un autre endroit de ces Essais de littérature et de politique, compare Lamennais, le vieux Lamennais que nous avons tous connu, à Psyché, fait donner à certains moments à la rhétorique tout ce que la malheureuse peut donner. […] Homme d’esprit dans le sens le plus léger du mot, doué d’un de ces genres de talent que je ne nie point, mais qui n’était pas de nature à donner de grandes jalousies à personne, Prévost-Paradol est arrivé, dès les premiers pas qu’il a faits dans la littérature, à monter les trois échelons, mystérieux toujours quoique très connu, après lesquels en France, dans ce pays de la moquerie despotisé par les coutumes dont on se sera le plus moqué, il ne reste rien de bien difficile à grimper.

768. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

On connaît les faits de cette vie éclatante dans laquelle, je l’ai dit, l’Épique et le Romanesque élargissent le cadre ordinaire de l’Histoire, et le livre de M. Forgues, trop traduit de Southey, malgré quelques miettes de correspondance qu’il y ajoute, n’augmente pas de beaucoup les faits connus : mais il ne s’agit pas de connaître plus qu’on ne sait, de la vie de Nelson, dont on sait tout, mais de l’écrire. […] Nous ne les avons pas lus, mais entre tous, en voilà toujours deux que nous connaissons qui l’ont furieusement manqué, et c’est Robert Southey, l’historien galonné poète par le gouvernement d’Angleterre, et en France c’est M. 

769. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

On connaît les faits de cette vie éclatante dans laquelle, je l’ai dit, l’Épique et le Romanesque élargissent le cadre ordinaire de l’Histoire, et le livre de M. Forgues, trop traduit de Southey, malgré quelques miettes de Correspondance qu’il y ajoute, n’augmente pas de beaucoup les faits connus. Mais il ne s’agit pas de connaître plus qu’on ne sait de la vie de Nelson, dont on sait tout, mais de l’écrire. […] Nous ne les avons pas lus, mais, entre tous, en voilà toujours deux que nous connaissons qui l’ont furieusement manqué, et c’est Robert Southey, l’historien galonné poète par le gouvernement d’Angleterre, et, en France, c’est M. 

770. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Tout le temps que je le lisais, cet auteur : Voilà, me disais-je, une femme de chambre qui parle comme tous les livres à couvertures jaunes que je connais, et Dieu sait, hélas ! si j’en connais ! […] Elle n’a donc servi, disons le mot, que chez des coquines, et cette particularité seule ôte au livre toute nouveauté, toute profondeur et toute portée, rien n’étant plus connu et plus rabâché sur les théâtres, dans les livres et dans les journaux de ce temps, que l’existence de ces dames, qui n’a rien, du reste, de bien compliqué, puisque c’est toujours le même luxe extravagant et gâcheur, la même manière de tromper et de voler leurs hommes, la même abjection d’âme et de langage, le même mutisme de sens moral et d’autres sens, et enfin la même stupidité souveraine, que je ne reprocherais pas cependant à un observateur tout-puissant de peindre encore, s’il en tirait des effets nouveaux et des choses nouvelles ! […] sans peur) de la femme la mieux placée pour les connaître, je dis qu’il est temps d’en finir avec ce monde écœurant de drôlesses, qui a pris tant d’importance dans les préoccupations des écrivains du dix-neuvième siècle, qu’on dirait qu’en dehors des filles, il n’y a plus en France de mœurs à peindre et de sentiments à étudier.

771. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Lui suffira-t-il de bien connaître le présent ? […] Mais qui connaissait Jules Lemaître ? […] Il entre hier chez moi : « Connaissez-vous personnellement M.  […] Que de peine n’épargne-t-il pas ainsi à quiconque veut le bien connaître ! […] Or je ne connais pas d’époque où le français ait été plus français qu’alors, et M. 

772. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 279-280

Seran de la Tour, [N.ABCD] Abbé, Littérateur beaucoup plus estimable que bien d'autres beaucoup plus connus que lui. […] On a aussi de lui un Livre sur l'Art de sentir & de juger en matiere de Goût, dont l'objet est de faire connoître en quoi consiste le Goût qui crée, qui juge, qui admire le vrai & le beau dans les Ouvrages d'esprit, dans les Sciences, les Arts, & les Productions de la Nature.

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