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618. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Une telle affirmation n’est scientifiquement légitime que si l’on a commencé par passer en revue toutes les manifestations de l’existence collective et si l’on a fait voir qu’elles sont toutes des formes diverses de la coopération. […] C’est donc qu’il n’a pas reconnu leur existence en observant de quelles conditions dépendait la chose qu’il étudie ; car alors il eût commencé par exposer les expériences d’où il a tiré cette conclusion. […] Or, au moment où la recherche va seulement commencer, alors que les faits n’ont encore été soumis à aucune élaboration, les seuls de leurs caractères qui puissent être atteints sont ceux qui se trouvent assez extérieurs pour être immédiatement visibles. […] Quand on abordera, par exemple, l’étude du clan, ou de la famille maternelle, ou de la famille patriarcale, on commencera par les définir et d’après la même méthode. […] C’est seulement au-delà, dans la manière dont cette matière commune est ensuite élaborée, que les divergences commencent.

619. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Nous devons commencer par chercher ce que signifie, d’une manière générale, l’introduction d’un milieu à quatre dimensions qui réunirait temps et espace. […] Pour commencer par le second point, il est évident que le devenir proprement dit a été éliminé. […] C’est que les théoriciens de la Relativité, toutes les fois qu’ils sont sortis de la science pure pour nous donner une idée de la réalité métaphysique que cette mathématique traduirait, ont commencé par admettre implicitement que la quatrième dimension avait au moins les attributs des trois autres, quitte à apporter quelque chose de plus. […] Pour montrer comment Temps et Espace ne commencent à s’entrelacer qu’au moment où ils deviennent l’un et l’autre fictifs, revenons à notre système S′ et à notre observateur qui, placé effectivement en S′, se transporte par la pensée dans un autre système S, l’immobilisé et suppose alors S′ animé de toutes les vitesses possibles. […] Mais cet amalgame d’Espace et de Temps ne commence à se produire, pour l’observateur en S′, qu’au moment précis où sa pensée met le système en mouvement.

620. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Cela commence à compter pour témoignage de premier ordre. […] Cependant, c’est à Munich que Hebbel commença d’avoir du génie, et son nom, contre vents et marées, commençait à se répandre en pays allemands. […] Et puis « l’églogue au foin » commençait à « lasser ». […] Convenez cependant que cela avait mal commencé. […] Cadol avait commencé.

621. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

La bataille d’Ivri commença à décrier l’usage des lances, qui fut bien-tôt aboli ; & sous Louis XIV. les piques ont été hors d’usage. […] Il faut avouer que l’histoire ne commence pour nous qu’aux entreprises des Perses contre les Grecs. […] C’est ainsi qu’ils commencent à se perfectionner ensuite à Rome dans d’autres guerres civiles du tems de César, & qu’ils renaissent encore dans notre xv. […] Ces actes recueillis par Rimer, sous les auspices de la reine Anne, commencent avec le xij. siecle, & sont continués sans interruption jusqu’à nos jours. […] Vous avez commencé dans votre enfance par apprendre à lire sous un maître ; vous aviez envie de bien épeller, & vous avez mal épellé.

622. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

On a beaucoup discuté sur le vrai nom d’Éléonore, son nom de baptême était, dit-on, Esther ; quant à son nom de famille, on l’a fait commencer par B, et l’auteur de la notice de l’édition Lefèvre (1827) se borne à dire que la première syllabe de ce nom n’est point BAR, comme on l’avait avancé. […] En lisant ces vers, nous sentons s’éveiller et murmurer au dedans de nous cet écho du Vallon : J’ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie… On peut dire qu’en général l’élégie de Lamartine commence là où celle de Parny se termine, à la douleur, à la séparation, au désespoir ; mais le poëte moderne a su rajeunir, revivifier tout cela par les espérances d’immortalité et par l’essor aux sphères supérieures : ainsi les plus beaux sonnets de Pétrarque sont ceux qui naissent après la mort de Laure. […] Quant à Garat, son discours dura trois quarts d’heure, ce qui semblait alors très-long pour un discours d’académie ; il parla de beaucoup de choses, et, lorsqu’il en vint à prononcer le mot de Guerre des Dieux, l’auditoire, qui l’attendait là et qui commençait à se décourager, redoubla de silence ; ce fut en vain : l’orateur sophiste échappa à la difficulté par un vrai tour de passe-passe assez comparable à celui par lequel il avait traversé toute la révolution, en n’étant ni pour les Girondins ni pour les Jacobins, mais entre tous. […] Les amis, du reste, ne cherchaient point à dissimuler les défauts de cette œuvre de circonstance, et les ennemis commençaient à dire que M. de Parny, qui avait si bien chanté les amours, avait un talent moins décidé pour chanter les guerres 189. […] La personne qui se consacra à charmer ainsi ses ennuis et à consoler ses regrets était une créole aimable, déjà mère de plusieurs enfants d’un premier mariage : la douceur de la famille commença au complet pour Parny.

623. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« L’enfant effaré le regarda, puis commença à trembler de la tête aux pieds, et, après quelques secondes de stupeur, il se mit à fuir en courant de toutes ses forces sans oser tourner le cou ni jeter un cri. » Il faut avouer que l’évêque avait bien placé son trésor. […] « Il commença par se juger lui-même. […] XV Revenons à Valjean, bon citoyen, bon commerçant, bon magistrat, et qui commence à sentir le prix d’une société qui lui garantit les fruits du travail, la liberté et la concurrence, l’inviolabilité des banques, ces réservoirs et ces dépôts du capital ; toutes ces vertus qui la composent tout entière aux yeux de l’industriel enrichi. […] Le doigt de la Providence commence à se montrer dans l’ombre sous les traits d’un hasard. […] Si Wellington n’eût pas commencé, Blücher n’aurait pu finir.

624. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

C’était au printemps ; l’herbe précoce commençait à poindre sur les glaciers parmi les plus hautes cimes des montagnes du Bugey, voisines des Alpes de Savoie. […] Vignet commença sa lecture. […] Je commence par éprouver la vérité de ces paroles consolantes. […] Lorsqu’elle commence à se montrer, je souffre ordinairement davantage ; la maladie diminue ensuite, et semble changer de nature : ma peau se dessèche et blanchit, et je ne sens presque plus mon mal ; mais il serait toujours supportable sans les insomnies affreuses qu’il me cause. […] Comme cela commence et comme cela finit !

625. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Byron, par la nature particulière de son génie, par l’influence immense qu’il a exercée, par la franchise avec laquelle il a accepté ce rôle de doute et d’ironie, d’enthousiasme et de spleen, d’espoir sans borne et de désolation, réservé à la poésie de notre époque, méritera peut-être de la postérité de donner son nom à cette période de l’art : en tout cas, ses contemporains ont déjà commencé à lui rendre cet hommage. […] Cela tient en partie, selon nous, à l’époque politique où ils ont commencé à écrire. […] Or tout homme qui commence à sentir Dieu éprouve le besoin de se rapprocher de ceux qui l’ont senti avant lui. […] Mais cette œuvre, qui se commence maintenant, n’était pas même soupçonnée du plus grand nombre des esprits supérieurs il y a dix ans. […] Quand les sauvages pleurent un chef, les femmes chantent les louanges du mort, elles disent ses vertus et ses combats, et par moments, en présence du cadavre, elles rêvent le héros marchant encore dans sa force et dans sa beauté : ainsi font nos poètes avec leur fiction de Christianisme ; ils commencent par la plainte, la désolation, puis leur vient le regret de la dernière religion connue d’eux, et ils finissent quelquefois, en s’exaltant, par s’imaginer qu’elle vit encore.

626. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Il me réservait le privilège de ces belles théories, dont je commence du reste à me dégoûter. […] Je n’efface rien de ce que j’ai dit ; mais, depuis que je vois l’espèce de rage avec laquelle des écrivains étrangers cherchent à prouver que la Révolution française n’a été que honte, folie, et qu’elle constitue un fait sans importance dans l’histoire du monde, je commence à croire que c’est peut-être ce que nous avons fait de mieux, puisqu’on en est si jaloux. […] C’est ce que je découvris bien vite dès que je commençai à connaître un peu la planète où nous vivons. […] Il se trouva que les plus beaux rêves, transportés dans le domaine des faits, avaient été funestes et que les choses humaines ne commencèrent à mieux aller que quand les idéologues cessèrent de s’en occuper. […] Il vit un jour un faucon qui poursuivait un petit oiseau. « Je t’en prie, dit-il à la bête de proie, laisse cette jolie créature ; je te donnerai son poids de ma chair. » Une petite balance descendit incontinent du ciel, et l’exécution du marché commença.

627. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

À l’appel strident des violons commence la valse ; elle se verse aux langueurs des violoncelles ; elle s’égaye aux tintements du glockenspiel. […] Une petite chaire, (eine kleine Cathedra) est destinée à celui qui veut faire entendre un chant de maître… Il se place alors sur ce siège qu’on appelle Sing-Stul, enlève son chapeau ou sa barette, après quoi le marqueur lui crie : commencez ! […] Il nous apprend aussi que les architectes allemands commencent à s’inspirer du théâtre idéal, tel que Wagner l’a esquissé dans son « édifice provisoire ». […] Ce qu’il y a de plus encourageant, c’est que le goût pour la musique wagnérienne commence à se disséminer parmi le vrai peuple. […] Glasenapp rencontre Wagner en 1876, lors du premier festival de Bayreuth et lui présente le premier volume de sa biographie, qu’il avait commencé à rédiger à l’âge de seize ans.

628. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

L’intensité d’une impression agréable ou pénible est bien la condition ordinaire de l’émotion, mais, à vrai dire, l’émotion proprement dite ne commence qu’avec la modification du mouvement des états de conscience, du cours de nos idées, de nos sentiments, de nos volitions : la colère et la terreur, par exemple, agissent différemment sur le cours de la conscience. […] Toute nouveauté brusque et non encore approfondie est tenue jusqu’à nouvel ordre pour un danger ; les animaux n’ont commencé par être ni des contemplateurs curieux de choses nouvelles, ni des novateurs, mais des conservateurs toujours tremblants devant l’inconnu. […] Il y a donc lieu de se demander si le fait de communication sociale ne commence pas dans l’organisme même avant de s’étendre à des organismes analogues ; s’il n’y a pas déjà une solidarité à la fois mécanique et mentale entre les parties associées d’un même organisme, — cerveau, cœur, muscles du visage, — avant que la passion ait rayonné d’un organisme à l’autre. […] Le premier stade de la douleur ne dure pas longtemps, la réaction commence aussitôt. […] De nos jours, les psychologues commencent aussi à s’occuper de l’écriture comme expression du caractère : la graphologie est encore à l’état nébuleux, mais il est certain que l’écriture même a une physionomie et peut révéler certains traits de la physionomie morale.

629. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Et cette chronique, qu’on a dit avoir d’avance tant soutenu notre pièce, commençait à lui faire la méchante et basse guerre des cancans calomnieux, des citations falsifiées, et des dénonciations anonymes. […] La Gazette de France commençait par souligner ce qu’elle appelait « l’admiration du Moniteur officiel et du Constitutionnel » pour notre pièce. […] Et nous commencions notre lecture devant Sainville et un grand monsieur qu’il nous disait avoir l’habitude de consulter. […] vous ne vous douteriez jamais par quoi nous avons commencé en littérature. […] Je n’avais pas vu la pièce, et, à ce qu’il paraît, elle commence par une dispute et un soufflet donné dans la salle.

630. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Où la personne d’autrui cesse de nous émouvoir, là seulement peut commencer la comédie. Et elle commence avec ce qui-on pourrait appeler le raidissement contre la vie sociale. […] La cause de raideur par excellence, c’est qu’on néglige de regarder autour de soi et surtout en soi : comment modeler sa personne sur celle d’autrui si l’on ne commence par faire connaissance avec les autres et aussi avec soi-même ? […] Pour prouver que telle est bien l’essence de la comédie, et qu’elle s’oppose par là à la tragédie, au drame, aux autres formes de l’art, il faudrait commencer par définir l’art dans ce qu’il a de plus élevé : alors, descendant peu à peu à la poésie comique, on verrait qu’elle est placée aux confins de l’art et de la vie, et qu’elle tranche, par son caractère de généralité, sur le reste des arts. […] Le personnage comique est souvent un personnage avec lequel nous commençons par sympathiser matériellement.

631. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Tout en reconnaissant les résultats acquis de l’expérience, nous avons essayé de les séparer des conclusions contestables que nombre de physiologistes en tirent, et de fixer les limites précises où finit la compétence de l’expérience physiologique, où commence celle de la conscience. […] A vrai dire, ni la philosophie de l’histoire ni la science de l’histoire ne commencent avant le xviiie  siècle, où se fait jour l’idée de la perfectibilité et du progrès universel. […] C’est à Montesquieu et à Vico que commence véritablement la science de l’histoire ; nous disons la science et non la philosophie, parce que la science proprement dite ne dépend d’aucune des hautes spéculations qui constituent en réalité la philosophie de l’histoire, telles que les idées de perfectibilité humaine, de progrès universel, d’évolution graduelle et nécessaire. […] C’est la science historique de notre temps qui a fait comprendre comment Rome légiste, militaire et conquérante, a dû commencer par une espèce de monarchie, puis se développer en une république aristocratique pour finir par l’empire des Césars, tout cela en vertu de nécessités supérieures qui ont dominé l’action des individus et des partis. […] Tout peuple a commencé par être une société naturelle, dans le sens matériel du mot, pour devenir une société politique, dont les membres fussent de plus en plus de vrais citoyens, ayant des idées et des volontés au lieu d’instincts et de passions.

632. (1923) Nouvelles études et autres figures

Les deux voyages commencent la nuit au sortir d’un profond sommeil. […] Ils commençaient par la sixième et les menaient jusqu’en rhétorique. […] Ainsi commença une liaison qui eut de si graves conséquences. […] Quand a-t-elle commencé à aimer Dominique ? […] Mais Jansénius avait commencé par prendre l’avantage.

633. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Le moment où les croisés s’abandonnent, où la cupidité particulière les gagne, où la soif du butin l’emporte chez la plupart, et où les honorables chefs ne peuvent les contenir, même par les plus rigoureux exemples, est signalé avec douleur par Villehardouin : Les convoiteux, dit-il, commencèrent à retenir les choses, et Notre-Seigneur commença à les en moins aimer qu’il n’avait fait. […] Quand je vois ces qualités et ces défauts de l’historien d’une époque finissante, cet arrangement élégant et peigné, ces comparaisons disparates où les images d’Endymion ou de tel autre personnage mythologique sont jetées à travers les événements les plus positifs et les plus désastreux de l’histoire, je les oppose aux qualités et aux défauts du narrateur français qui commence, à cette simplicité grave, sèche et roide, mais parfois épique, et je me demande : « Lequel des deux est véritablement le plus voisin d’Homère ou d’Hérodote ? 

634. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

On lit même dans l’historien littéraire de la Bourgogne, Papillon, une anecdote presque gaillarde que je donne pour ce qu’elle vaut, mais qui concorde pour le fond avec le témoignage de Saumaise : Jeannin (selon un recueil manuscrit cité par Papillon) étant revenu à Bourges pour la seconde fois et étant allé avec ses anciens camarades voir le sieur Cujas incognito, Cujas ne laissa pas de le reconnaître, quelque soin qu’il prît de se déguiser, et, s’étant jeté à son cou, il commença à lui dire : « Est-ce toi, Romorantin ?  […] À quoi Jeannin répondit en riant : « Oui, mon père, c’est moi, et j’en ai bien fait d’autres depuis que je ne vous ai vu : mais il faut commencer à devenir sage et à étudier. » Ce qui paraît certain, c’est que de bonne heure, et dès ses premiers exercices aux écoles publiques, il se fit remarquer, au milieu de ses vivacités, pour être d’un parfait et merveilleux jugement, « et capable de terminer un jour les différends des hommes ». […] Il commençait ce rôle de conseiller écouté, et non suivi, qu’il tiendra durant bien des années auprès de ce prince.

635. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

il commence par quelques recommandations qu’il juge fondamentales et qu’il adresse à ceux qu’il veut former. […] Pourtant, comme il est un guerrier de l’époque intermédiaire, il le faut voir tel qu’il se peint à nous lui-même, une hallebarde à la main dans la mêlée ; c’était son arme ordinaire de combat. — Ou comme il le dit encore d’un air de fête : « J’ai toujours aimé à jouer de ce bâton. » La première bonne occasion où il se trouve commander n’étant qu’enseigne, et où il commence à marquer sa réputation auprès de ses camarades et de ses chefs, est sur la frontière d’Espagne, du côté de Saint-Jean-de-Luz (1523). […] J’ai anticipé quelque peu sur les faits pour commencer à le définir.

636. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Il commença en 1853 à figurer et à être couronné dans le concours des prix-Montyon pour ses Poèmes évangéliques, une idée fausse d’ailleurs, et qui consiste à paraphraser l’Évangile en vers. […] « L’élégant persiflage d’Horace recouvre, dit-il, une indifférence complète pour le vrai bien et pour le vrai mal. » — « Le poète s’en va, l’homme de lettres commence » à dater d’Horace. C’est donc Horace qui consomme ce divorce de la religion et de la poésie, cette décadence qu’avait si bien commencée Homère.

637. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Cousin), toujours dolent, toujours mourantquand il commence ; M. le président, en réclamant pour lui l’indulgence de la Chambre, croit devoir annoncer qu’il ne pourra parler que très-faiblement. […] Il a commencé par se demander à lui-même, avec quelque surprise, pourquoi l’idée lui est venue un peu tard de faire des vers : Ce n’est pas mon métier ni mon talent ; la prose M’irait mieux, si j’avais à dire quelque chose. […] Bossuet a fini, lorsque Boileau commence.

638. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Ancien officier de la guerre de Sept-Ans, comptant déjà quarante années de beaux services, il n’avait de fait que cinquante-sept ans d’âge, ce qui est bien assez pour qui va commencer une carrière toute nouvelle. […] Il commence par l’attaque du camp de la Perche, que les Espagnols avaient établi pour arriver à battre les remparts de Mont-Louis ; il les en chasse, et se jette le lendemain dans la Cerdagne espagnole. […] C’étaient, on commençait à le reconnaître, les intrépides soldats d’une Révolution qui allait changer la face du monde… Il y avait un an, à pareille époque, que le roi de Prusse repliait vers le Rhin une armée qui sortait formidable encore des plaines de la Champagne.

639. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Et ainsi, lorsque la prédication de Jésus commençait, lorsque après l’avoir vu, au retour du désert et de sa tentation triomphante, quitter de nouveau sa mère, Marie triste et résignée, on le suivait le long de la mer de Galilée allant recruter des pêcheurs pour disciples ; lorsque dans des scènes très plates et d’un langage délayé, mais assez naïves, on assistait à ces conversations, puis à ces conversions de pêcheurs, de gens de métier, chacun ayant sa physionomie et gardant assez bien son caractère ; lorsque le cortège des Douze se complétait ainsi à vue d’œil, avec sa variété, — parmi eux un seul noble, Barthélemy « en habit de prince », les autres dans leurs habits mécaniques ou de travail, saint Thomas en habit de charpentier, ayant jeté seulement ses outils, et Matthieu le publicain, à son tour, assis d’abord devant sa table, avec ses sacs d’argent rangés dessus, et cependant offrant dans sa maison un repas à Jésus qui l’accepte, — il y avait certainement, à cette suite de scènes familières, un intérêt que l’on conçoit encore très-bien aujourd’hui, et qui consistait dans l’extrême détail, dans le naturel minutieux du développement, dans l’imitation et la copie de la vie. […] Après l’espèce de trio chanté par Madeleine et ses deux demoiselles, la toilette ou plutôt le complément de la toilette commence, car c’est dans le boudoir même que nous avons accès. […] Jésus ne craint pas d’enfoncer coup sur coup, de retourner le glaive dans le cœur de sa mère : les agonies ont commencé.

640. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Eugénie de Guérin et Mme de Gasparin, au contraire, sont également nôtres, et presque au même titre ; chacun en est juge, et la comparaison qui commencera par une lecture de toutes deux, lecture que je conseille fort, servira à tous et à toutes. […] Je vous place avec ma famille… « Savez-vous que vous me faites tristement commencer l’année par votre silence ; pas un mot, pas un signe de vie. Je commence à craindre que l’hiver n’ait glacé Rayssac ; j’accusais les charbonniers, Gosse (probablement le domestique), tout, hormis vous ; et maintenant je ne sais que croire.

641. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Les deux ou trois passages qui ont été donnés dans mon ouvrage de Chateaubriand et son Groupe littéraire, 14eleçon, tome I, pages 351-353, se retrouveront ici à leur place et avec plus d’exactitude : « Note commencée au printemps de 1810, continuée en 1817 ou 1818, etc.  […] Son sort n’est point commencé, le mien n’est pas plus avancé qu’il ne l’était il y a vingt ans ; il est même beaucoup plus inquiétant qu’il ne paraissait alors devoir l’être.  […] Elle forme maintenant une cascade à l’endroit où commence… » (Ici la page est déchirée et l’on n’a pas la fin du morceau.)

642. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Fénelon, on le sait, commence par demander ses preuves de l’existence de Dieu à l’aspect général de l’univers, au spectacle des merveilles qui éclatent dans tous les ordres ; les astres, les éléments divers, la structure du corps humain, tout lui est un chemin pour s’élever de la contemplation de l’œuvre et de l’admiration de l’art à la connaissance de l’ouvrier. […] Pascal, tout d’abord, commence par rejeter les preuves de l’existence de Dieu tirées de la nature : « J’admire, dit-il ironiquement, avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu, en adressant leurs discours aux impies. […] Il vient de nous peindre cette jouissance spirituelle du premier ordre, qui commence par Pythagore et par Archimède, qui passe par Aristote, et qui arrive et monte jusqu’aux saints : il semble lui-même, en l’envisageant dans ce suprême exemple, n’avoir fait que monter un degré de plus à l’autel.

643. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

En effet, saint Augustin nous apprend dans le même livre qui vient d’être cité, que lorsque les pantomimes eurent commencé à joüer sur le théatre de Carthage, il fallut durant long-temps que le crieur public instruisit le peuple à haute voix du sujet qu’ils alloient représenter avec leur jeu muet. […] Il aura fallu que les premiers pantomimes, pour être goûtez par les spectateurs, s’en fissent entendre, et nos comédiens, pour être plus aisément entendus, auront commencé par executer en déclamation muette les plus belles scénes des pieces dramatiques les plus connuës. […] Nous avons vû que cet art avoit commencé sous Auguste.

644. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Mme Colet commença, je crois, sa célébrité par des vers. […] Et à commencer par son roman intitulé Lui, ce scandale, imité d’un autre scandale, dont les personnages, aux noms seulement défigurés pour qu’on les reconnaisse tous, ne vivent plus maintenant, à l’exception d’un seul… Ce qui prouve la radicale nullité des femmes, en fait d’invention, c’est qu’elles n’ont dans la tête qu’un roman et c’est le leur, celui de leur vie : Mme Golet n’a pas fait exception à cette loi. […] Le bas-bleuisme a commencé par être ridicule.

645. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

À vingt-quatre ans, pour avoir vu de près la basse cuisine politique, la sottise et la vanité des gens en place, l’égoïsme et l’hypocrisie de ceux qui formaient alors le « pays légal », il commençait à connaître les hommes, et il les méprisait parfaitement. […] Je commençais de connaître, de juger cette société, cette civilisation, ces prétendus sages. […] Le combat a réellement commencé à l’acte qui devait le finir : ce qui était clair à mon esprit devient douteux ; ce que j’ai abandonné avec le plus de facilité me devient cher. […] Et vous ne me ferez pas croire que c’est toujours lui qui a commencé. […] L’écrivain qu’il aima le plus quand il commença à savoir lire, ce fut La Bruyère, et son style en demeura pour toujours imprégné.

646. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Alors commença pour elle une période nouvelle qui a été féconde en travaux remarquables. […] Son ambition commence à éveiller le soupçon, à provoquer des résistances. […] Ayant commencé en artistes, ils finissent en penseurs. […] Ce travail est commencé. […] On a commencé à s’en écarter depuis que Jean-Jacques Rousseau nous a proposé de voir dans la passion une vertu.

647. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Ma couronne est à peine commencée. […] Pour peu que Marcel s’en mêle, nous ne commencerons pas aujourd’hui le voyage dantesque. […] Dans cette cité qu’entourent les eaux du Styx, s’aggravent les tourments et commencent les flammes. […] Mais quelques critiques plus équitables commencent à la réhabiliter. […] La réaction contre la France, lorsqu’elle commença, ne fit qu’aggraver le mal.

648. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Nous parlions tout-à-l’heure de l’ancien Balzac ; mais qu’on lise le Balzac d’aujourd’hui, le fécond auteur de tant de romans bien commencés et mal finis. […] Cousin, en terminant, conclut : « Selon nous, Pascal est l’exagération de Port-Royal comme Port-Royal est l’exagération de l’esprit religieux du xviie  siècle… » Puis il montre le xviiie  siècle réagissant en sens tout opposé : « Aujourd’hui, dit-il, le xixe  siècle a devant lui la dévotion sublime mais outrée du xviie  siècle, et la philosophie libre mais impie du xviiie  ; et il cherche encore sa route entre ces deux siècles… Son caractère distinctif qui déjà44 commence à paraître, consiste précisément à fuir toutes les extrémités qui jusqu’ici ont séduit et entraîné l’esprit français… Est-il donc impossible de s’arrêter sur la pente des systèmes et de concilier tout ce qui est vrai et tout ce qui est bien ?

649. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Mais saint Grégoire de Naziance a commencé, il y a longtemps ; Manzoni, hier, le faisait encore. […] Turquety, il est vrai, suit cette idée avec un sentiment de composition et d’ensemble systématique : ainsi, son présent volume, qui commence par un hosannah au Père céleste, s’achève par un hymne à son terrestre représentant, le pape.

650. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

On commence à se livrer à un excès par entraînement, mais, à son comble, il amène toujours une sorte de tension involontaire et terrible ; hors des lignes de la nature, dans quelque sens que ce soit, ce n’est plus la passion qui commande, mais la contraction qui soutient. […] Il faudrait accueillir la première lueur du repentir comme un engagement éternel, et lier par leurs premiers pas ceux qui, peut-être, les commençaient au hasard ; mais à peine un individu a-t-il assez de force sur lui-même pour suivre une telle conduite, sans se démentir.

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