Elle ne pardonne pas, cependant, cette douce Antoinette ; elle est blessée au cœur, et sa blessure est incurable. […] La tentation est horrible, mauvaise, agaçante ; elle froisse le cœur, elle irrite les nerfs, l’inquiétude de l’auditoire est à son comble ; eh quoi ! […] Les mots partis du cœur ont tous les cœurs pour échos, et ce mot-là est de ceux qui les font vibrer. […] Il est jeune, beau, fier, de fine race et de grand cœur. […] Bref, la culpabilité d’Olympe n’est pas assez flagrante pour mériter ce coup de pistolet qui détonne au lieu de foudroyer, et agace les nerfs sans frapper au cœur.
C’est vivant comme un début, ce livre qui a de la chaleur au front et qui parfois en a au cœur ! […] le fanatisme religieux, le charbon fumant d’une flamme d’amour, inextinguible encore, pour une religion enfoncée par le marteau de quinze siècles dans le cœur, les mœurs et les institutions politiques des peuples, et même de ceux-là qui s’étaient révoltés contre elle. […] L’horreur qu’il fallait éveiller dans les cœurs des hommes, on l’y endormait, au contraire. […] Lui, l’historien suprêmement politique, a fait mieux ici que de l’histoire politique ; il a fait de l’histoire humaine, écrite pour qui a cœur et esprit d’homme. […] Il s’est détourné, pour ne pas en avoir l’horreur, de tout ce qui, dans la Révolution française, révolte le plus le cœur et la pensée, et, chimérique, il a fait d’elle la grande Chimère que le monde moderne adore.
Je ne crois pas que je m’abuse, il me semble que la pensée divine, si elle se ménage l’entrée dans les cœurs mortels, doit le faire souvent par ces voies si paisibles et si unies, et qu’après les grands coups portés il lui suffit, pour gagner à elle, de ces simples et divins enchantements. […] La raison modérée a beau dire et vouloir mitiger, il y a dans les grands cœurs repentants quelque chose qui crie plus haut, une conscience qui veut se punir et ne pas être consolée à si peu de frais. […] Génie inconsolablement mélancolique, imagination inépuisée, il a évoqué cette existence mortifiée avec un cœur relaps à la jeunesse. […] Il s’est formé une solitude dans les lettres de Rancé comme celle dans laquelle il enferma son cœur. […] On est obligé de reconnaître que les sentiments de l’homme sont exposés à l’effet d’un travail caché ; fièvre du temps qui produit la lassitude, dissipe l’illusion, mine nos passions, fane nos amours et change nos cœurs, comme elle change nos cheveux et nos années.
c’est trop peu ; Mon cœur ? […] Tremblez, tremblez, jeunes Cœurs : L’aimable Printemps fait naître Autant d’amours que de fleurs. […] Chez elle, dans ses élégies, plus de petits moutons ni de bergère Célimène ; il était moins besoin de travestissement : c’est de l’amour après Parny ; Bouflers a déjà chanté le cœur ; le positif enfin se découvre tout à nu. […] Si on lit, dans l’Almanach des Muses de 1790, la pièce qui a pour titre le Pouvoir d’un Amant : J’aime tout dans celui qui règne sur mon cœur, etc. […] Cœur indompté, l’air des bois l’aiguillonne, L’odeur des pins l’enivre.
Alors même que le cœur est à jamais déchiré par les blessures qu’il a reçues, l’esprit peut encore, après un certain temps, s’élever à des méditations générales. […] En m’en occupant, je vois qu’il faut longtemps pour réunir toutes les connaissances, pour faire toutes les recherches qui doivent servir de base à ce travail ; mais si les accidents de la vie ou les peines du cœur bornaient le cours de ma destinée, je voudrais qu’un autre accomplit le plan que je me suis proposé. […] La première partie, que j’imprime à présent est fondée sur l’étude de son propre cœur, et les observations faites sur le caractère des hommes de tous les temps. […] Quelle multitude de peines assiège alors le cœur qui voulait vivre dans les autres, et se voit trompé dans cette illusion ! […] Ces deux idées premières dans l’existence, s’appliquent également à toutes les situations, à tous les caractères, et ce que j’ai voulu montrer seulement, c’est le rapport des passions de l’homme avec les impressions agréables ou douloureuses qu’il ressent au fond de son cœur.
À cette première époque de sa vie, le jeune écrivain, bien qu’émigré, n’avait épousé de cœur aucune cause politique ; on se rappelle son mot sur Chamfort : « Je me suis toujours étonné qu’un homme qui avait tant de connaissance des hommes, eût pu épouser si chaudement une cause quelconque. » Un tel mot donne la mesure des convictions de M. de Chateaubriand au moment où il l’écrivait. […] Jeune, M. de Chateaubriand put donc obéir à l’honneur et payer sa dette en émigrant., mais il n’était nullement royaliste de cœur et d’affection, et il n’a pas menti à la fin de sa carrière quand il a dit, en s’en vantant : « Notre cœur n’a jamais beaucoup battu pour les rois. » Il rentra en France en 1800, et la vérité est qu’il se rallia très franchement et très entièrement au Consulat. […] Son fameux article du Mercure, en 1807, où il se vantait d’être un Tacite sous Néron, plus tard ce discours de réception à l’Académie, qu’il se mit dans l’impossibilité de prononcer, étaient surtout des indices de ce malaise d’un talent immense sans emploi suffisant, et d’un cœur incurablement ennuyé. […] Je le dis à cette heure, heure de vérité, Comme je l’aurais dit quand devant la beauté Mon cœur épanoui, qui se sentait éclore, Fondait comme une neige aux rayons de l’aurore, Je ne regrette rien de ce monde que vous ! Et il ajoute, parlant toujours des femmes et de l’amour : Quand vous vous desséchez sur le cœur qui vous aime, Ou que ce cœur flétri se dessèche lui-même ; Quand le foyer divin qui brûle encore en nous Ne peut plus rallumer la flamme éteinte en vous, Que nul sein ne bat plus quand le nôtre soupire, ………………………………………………… Alors, comme un esprit exilé de sa sphère Se résigne en pleurant aux ombres de la terre, Détachant de vos pas nos yeux voilés de pleurs, Aux faux biens d’ici-bas nous dévouons nos cœurs.
Il y a, chemin faisant, de très bonnes et très justes remarques sur le cœur et les passions. […] Ce serait peu intéressant, si, tout à côté, il n’y avait des contradictions, des démentis, et si, dans l’exemple de Bussy, on ne pouvait étudier le cœur humain et ses misères parfaitement à nu. […] Honneur à Bussy pour cette note du cœur ! […] Écoutons l’aveu naïf de ce glorieux humilié : Je me jetai donc ce jour-là aux pieds du roi, qui me reçut si bien, que ma tendresse pour lui me serra le cœur au point de ne parler et de n’exprimer ma joie et ma reconnaissance que par mes larmes. […] Grands cœurs d’aujourd’hui, ne souriez pas tant du courtisan d’autrefois.
Car tel est notre cœur. […] Le cœur humain est-il donc réglé comme une horloge ? […] Certes, le duc Job est un brave cœur. […] … Et, voyez, je mendie les miettes du cœur de votre père, d’un cœur qui se détournait de moi et me laissait vieillir dans l’abandon ! […] Je la connais par cœur.
Il prend sa plume, sa tête palpite, son cœur tremble. […] C’est le cœur maintenant qui est vaincu. […] par le cœur même de celui dont elle est aimée. […] Un geste, un accent, c’est le cœur ! […] Il en savait les moindres phrases par cœur.
Vous avez, comme moi, des cœurs éprouvés par l’adversité, et vous savez souffrir sans vous déshonorer par des plaintes inutiles. […] Et il y poursuit ce genre d’affection calme que contiendrait le cœur d’une sœur ou d’une mère : Et pourtant, aimez-moi, tendre cœur ! […] Ce sont deux cœurs, diront-ils, que le cœur de l’homme et le cœur de l’écrivain173. […] Mais qu’est-ce que le cœur des hommes éphémères, Ô Maya ! […] Sa biographie ne mentionne que ces deux seules intrigues de cœur.
« Il se laissa conduire par son hôte, machinalement, la pensée pleine de trouble, le cœur inquiet. […] Et là, je m’endormais presque, l’âme défaillante, le cœur fêlé par l’éclat de ma tendresse. […] « Vers l’Occident le soleil incline, et un tressaillement formidable agite le cœur du désespéré. […] Son but est bien de faire comprendre comment il faut interpréter ce mot liberté qui est dans toutes les bouches et dans si peu de cœurs. […] Son admiration est sans réserve pour La Salle qui, lui aussi, partage son cœur entre « Bellone et Vénus ».
Pénétré de la vérité et de la divinité de l’Écriture, Bossuet la lisait, la méditait sans relâche, et y versait, en l’interprétant toutes les richesses de sa jeune imagination et de son cœur. […] Après tous les témoignages rassemblés par Le Dieu, il n’y a plus moyen d’en douter, le caractère ordinaire des discours de Bossuet, tels qu’il les faisait avec une grande abondance de cœur et une appropriation vive de chaque parole à son auditoire, c’était d’être touchants, d’ouvrir les cœurs de tous comme il y ouvrait le sien, de faire couler les larmes, de persuader enfin, grand but de l’orateur. « Comment faites-vous donc, monseigneur, pour vous rendre si touchant ? […] Ces grands orateurs composaient leurs sermons et les apprenaient, les récitaient avec plus ou moins d’art ou de naturel : le discours qu’ils savaient le mieux par cœur était celui qu’ils disaient le mieux et qui souvent aussi produisait le plus d’effet. […] Enfin monté en chaire, et dans la prononciation, il suivait l’impression de sa parole sur son auditoire, et soudain, effaçant volontairement de son esprit ce qu’il avait médité, attaché à sa pensée présente, il poussait le mouvement par lequel il voyait sur le visage les cœurs ébranlés ou attendris. […] Un jour, dans le carême de 1687, à Meaux, prêt à aller à l’église de Saint-Saintin expliquer le Décalogue, je le, vis, dit Le Dieu, M. l’abbé Fleury présent, prendre sa Bible pour s’y préparer, et lire à genoux, tête nue, les chapitres xix et xx de l’Exode ; s’imprimer dans la mémoire les éclairs et les tonnerres, le son redoublé de la trompette, la montagne fumante et toute la terreur qui l’environnait, en présence de la majesté divine ; humilié profondément, commençant par trembler lui-même afin de mieux imprimer la terreur dans les cœurs et enfin y ouvrir les voies à l’amour.
S’il n’était question que d’éloquence et d’éclat de talent, que d’âme et de cœur, il serait facile de tomber d’accord sur les mérites du brillant dominicain qu’on a perdu ; mais avec lui il s’agit de bien plus désormais. […] Et pourtant il faut bien dire un mot de ce que nous pensons : c’est le propre et, si l’on veut, le faible de l’esprit critique, quand il a quelque chose (ne fût-ce qu’un petit mot) à dire, de ne pouvoir le garder ni sur le cœur ni sur la langue : il faut absolument que le grain de sel sorte, si grain de sel il y a. […] votre cœur serait-il insensible à la pensée que vous êtes vêtu comme les riches et les grands de ce monde ? […] Croyez-vous qu’un jeune incrédule qui vous verrait à cheval serait tenté, le soir, de se mettre à genoux devant vous et de vous découvrir les misères de son cœur ? […] J’avoue que de grands coupables par l’esprit peuvent avoir des noms glorieux ; mais cette gloire est d’un ordre que les cœurs chrétiens ne reconnaissent pas.
Comme les choses les plus connues le sont toujours moins qu’on ne croit, et que, dans tous les cas, il peut se trouver d’honnêtes gens qui ne sachent point par cœur ce morceau fameux, on me laissera le remettre sous les yeux du lecteur. […] Il est certain que la fin du premier vers et tout le second forment une cheville ou que, tout au moins, si le poète avait écrit en prose, il n’aurait guère senti le besoin d’apostropher ici son cœur. […] que ton cœur éperdu Se cherche une autre associée ! […] A peine ils cacheraient nos deux cœurs à la fois. […] Et on lui tire ses ailerons, et bientôt « ils mesurent trois cœurs à l’aise » ; puis ils en tiennent douze, puis cent, et enfin toute l’humanité pourrait s’y blottir.
Aimer, c’est se donner plus que vouloir prendre ou retenir ; c’est se donner avec son cœur, son esprit et son âme : et ce don ne se peut faire qu’à une autre âme, à un autre esprit, à un autre cœur, dont un corps gracieux et désirable n’est, après tout, que l’enveloppe et le signe. […] Nous la respirons, elle est l’atmosphère, l’élément de notre cœur. » C’est presque la formule : In ea movemur et sumus. […] Et il conclut : « Ces quelques planches de Gerbe, cet atlas étonnant, unique, est un temple de l’avenir, qui, plus tard, dans un temps meilleur, remplira tous les cœurs de religion. […] Invinciblement, chez ces renchéris, le cœur et les sens faisaient leur jeu à part. […] L’amour mène à l’amour universel. « L’amour, dit l’auteur de l’Imitation, tend toujours en haut. » — C’est quand tous deux se rencontrent dans une idée de charité, « s’attendrissent dans la surprise d’avoir tellement le même cœur », que s’opère entre l’homme et la femme « l’échange absolu de l’être » et que se consomme leur « unité ».
Il demande que le christianisme ne se contente pas seulement de tolérer ces principes, comme Moïse tolérait le divorce chez les juifs, à cause de la dureté de leur cœur ; mais il lui conseille au contraire de les proclamer comme un développement légitime de l’Évangile. […] Guizot, c’est de ne voir dans l’esprit humain que la raison, d’exclure le cœur, de mutiler l’homme. […] Fondé sur une méthode arbitraire, niant résolument l’expérience, le panthéisme vient échouer devant la conscience et les instincts éternels du cœur humain. […] Ce fait élémentaire est méconnu par les sceptiques, comme la dualité de l’homme par les matérialistes, comme la personnalité par les panthéistes, comme le cœur et ses instincts spontanés par le rationalisme, comme l’élément surnaturel par le spiritualisme. […] Il n’est pas de ceux qui croient que la religion ne doit satisfaire que le cœur.
Quelques sentiments généreux et purs, quelques nobles élans du cœur, entraient-ils dans cette verve de haine ou cette ivresse de plaisirs ? […] Ses poésies, qui sans doute auraient daté et éclairci divers incidents de sa destinée, ont péri pour nous ; et c’est récemment que quelques vers cités par un grammairien sur un papyrus d’Égypte nous ont apporté un second témoignage de son cœur de mère et de sa tendresse pour sa fille. […] Il est vrai que, pour nous, ce qu’elle décrit, c’est moins l’émotion délicate de l’âme que le trouble des sens et comme la fièvre du cœur. […] Cela m’a fait tressaillir le cœur de t’avoir vue, et il ne me vient plus de voix ; mais ma langue est liée ; et sous le tissu éteint de la peau je sens circuler une flamme. […] Après les élans et les aveux de son propre cœur, ses amours, ses jalousies, elle eut pour sujet de ses vers la louange des dieux, les fêtes de famille de la Grèce, les épithalames, les chants funèbres.
« Une amitié vraie et durable, ajoute-t-il, ne peut guère s’établir qu’entre deux femmes dont le cœur est calme et bon, dont les sentiments sont élevés, et dont l’esprit a du moins quelques côtés sérieux. […] Après madame de Lambert, après Droz et Meister, il a là-dessus des paroles d’une douce justesse : « Entre un homme et une femme dont le cœur n’est plus accessible à l’amour, l’amitié prend une nuance particulière où viennent se fondre les différences essentielles de leurs organisations. […] C’est alors qu’on sent le prix d’une existence simple et dégagée de sensualités ; c’est alors qu’on trouve, dans le calme d’un cœur pur et dans l’énergie d’un corps sain, la récompense de la modération et des sacrifices de la jeunesse ; c’est alors enfin qu’on reconnaît combien la morale serait bonne encore quand même elle n’aurait pas de sanction dans une autre vie. » — « Jeunesse sensuelle, dit-il aussi, vieillesse douloureuse. » — « Un vieillard sans dignité est comme une femme sans pudeur. » Lorsqu’il en est particulièrement aux qualités et aux passions sociales, M. de Latena a de bonnes analyses et des définitions judicieuses.
Chacun dit : « Je ne me mettrai pas » fût-ce par une pensée secrète, en travers de rien qui travaille au salut de la patrie. » Le prêtre songe de l’instituteur et l’instituteur du prêtre : « Puissé-je m’être trompé, chaque fois que j’ai douté de celui qui m’a méconnu. » Et tout Français qui voit le fils de son adversaire monter dans le train et prendre le chemin de la frontière, forme dans son cœur des vœux pour le jeune soldat et salue ses parents. […] Que l’abbé Sertillanges et le pasteur Wagner préparent leurs discours ; que le père Vaillant rallume sa vieille flamme blanquiste ; qu’Albert de Mun nous donne jusqu’au bout son cœur : nous sommes en péril de mort. […] Mais cette première union n’eut été qu’une surprise du cœur, impuissante à durer, si l’esprit de l’armée n’était venu continuellement déferler sur l’arrière, et guider, assainir, unir l’esprit des non-combattants.
le plus petit événement suffit pour blesser ce cœur trop sensible. […] la vertu émanée de son trône héroïque se répandait dans le cœur de tous ses courtisans. […] Ce n’est pas une courtisane, c’est un avocat en jupon et sans cœur. […] Il la souleva de terre, la garda une minute serrée contre son cœur qui battait fort. […] Nous voyons un héros, mais original et nouveau, Anglais par sa volonté froide, moderne par la délicatesse et la sensibilité de son cœur.
« Il avait découvert — dit Mirabeau avec cette cruelle ironie qu’ont parfois entre eux tous ces voluptueux sans pitié — une maladie pour laquelle les médecins lui devaient des remerciements, car on la croyait tout à fait perdue. » Mais il avait sur le cœur une bien autre lèpre, et ce fût celle-là qui le poussa à cet horrible suicide de dix-huit coups de rasoir, dont sa main enragée se hacha le cou… Quant à sa gloire, elle est légère. […] Il avait un redoutable esprit ; mais, génie noué par la bâtardise, il n’existe déjà plus, quoiqu’on le réimprime, que pour les esprits sans famille, comme l’était le sien, lesquels confondent le moraliste, cet éclaireur du cœur humain, avec l’aveugle d’orgueil et de ressentiment qui tire sur le cœur à balles forcées. […] Dieu, qui connaît les mystères des cœurs mieux que personne, a flétri nos tristes mœurs dans leurs tristes fruits, pour nous les interdire, au nom même de nos entrailles, en nous rendant responsables des calamités que nous amassons sur la tête de nos enfants. […] comme un affreux soupçon, sur son cœur ou dans sa pensée.
Je sais bien que, quand il m’arrive de trouver en ce volume, qui n’a pas le temps de regarder dans le cœur des hommes, des hélas ! […] Dans les temps de trouble, les cœurs s’émeuvent au moindre choc. […] Il a essayé de mettre son cœur dans sa tête, — au physique comme au moral un diable de mouvement peu aisé. Le sang a résisté et le cœur n’obéira pas. Le sang et le cœur, voilà la vraie valeur d’Hippolyte Castille, qui se badigeonne en fer dans son histoire, quoiqu’il ne soit pas un roseau.
Ils ne regardent pas si profondément dans le fond des cœurs. […] Elles avaient étudié dans leur cœur le cœur des autres ; elles avaient vu que chacun y porte un secret caché, et elles avaient résolu de faire leur puissance avec la découverte de ce secret de chacun. […] Ainsi formées, secrètes et profondes, impénétrables et invulnérables, elles apportent dans la galanterie, dans la vengeance, dans le plaisir, dans la haine, un cœur de sang-froid, un esprit toujours présent, un ton de liberté, un cynisme de grande dame, mêlé d’une hautaine élégance, une sorte de légèreté implacable. […] quand une femme frappe dans le cœur d’une autre, la blessure est incurable…” Elles font éclater le déshonneur dans les familles comme un coup de foudre : elles mettent aux mains des hommes les querelles et les épées qui tuent.
Il lui a ouvert ce cœur, qui devait être pâle, si les Sauvages qui disent que le cœur des lâches n’est pas rouge ont raison, et il en a extrait, il en fait sortir tout le venin, tout le fiel, toutes les envies, toutes les bassesses, toutes les peurs, toutes les hypocrisies, entassées, figées et durcies dans ce misérable cœur ! Et le travail qu’il a fait sur le cœur, il l’a fait aussi sur la tête. […] Mais, s’il y a un livre capable d’arracher du cœur et de l’esprit l’idolâtrie de Robespierre, de ce faux homme d’État, bête comme une guillotine qui aurait le mouvement perpétuel, c’est, à coup sûr, ce livre de M. d’Héricault, qui dit tout sans exagérer rien.
Les critiques à classification et à catégories, les nomenclateurs qui croient aux familles d’esprits, ont été complètement déroutés par ce grand Singulier, sceptique et dévot, géomètre et poëte, l’ordre et le désordre, qui se bat contre sa tête avec son cœur. […] Je n’ai point à examiner si cette peur, qui était pour l’âme immatérielle de Pascal ce que serait une hypertrophie pour nos cœurs de chair, était légitime ou exagérée, mauvaise ou salutaire ; si elle avait le droit philosophique ou religieux d’exister, ou si elle n’était pas plutôt un manque d’équilibre et un égarement dans des facultés toutes-puissantes. […] C’est même la raison, par parenthèse, qui m’a toujours empêché de croire qu’eût-il vécu plus longtemps et n’eût-il pas eu dans le cœur le néant de tout, qui empêche de rien achever, Pascal eût pu élever à la religion le monument que l’on regrette, non que l’ordonnance d’un beau livre ne fût dans les puissances de ce grand esprit de déduction et de géométrie, mais la peur fait trembler la main et dérange les combinaisons de l’artiste, tandis que la terreur, tout le temps qu’elle ne vous glace pas, fait pousser le cri pathétique ; et le cri pathétique chez l’écrivain, c’est l’expression ! […] peut-être n’y a-t-il pas d’autre manière de mettre les pieds sur ces deux révoltés tenaces, le cœur de l’homme et son esprit ! […] Dans ces remarques dont j’ai parlé et dans lesquelles il fait tour à tour le joli cœur et le Tartufe : « Ne mettons point, dit-il d’un ton protecteur, de capuchon à Archimède. »« Êtes-vous fou, mon grand homme ?
Ils étaient à l’affût pour observer, — l’un, de son étude d’avoué où il apprit à nous faire des chefs-d’œuvre comme L’Interdiction et Le Contrat de mariage, l’autre, de la taverne dans laquelle il jugeait, à cœur de journée, ses voleurs, ses vagabonds et ses filles de joie. […] Il est évident qu’il n’est ni un bronze, ni un or, ni un argent sonore ; mais un cœur, — un cœur humain, semblable à nos cœurs, ensanglanté des mêmes traits qui nous les ont percés, et qui pourraient entrer dans les mêmes blessures et s’y adapter ! […] On pourrait faire une anthologie, à l’usage des âmes qui ont souffert et qui se souviennent, avec beaucoup de vers de Jules de Gères, trempés, imbibés et parfumés de mélancolie, ayant la séduction amère et douce de la mélancolie : Cette séduction intime, sœur des larmes, Et qui va droit au cœur de quiconque a pleuré.
Ces poésies, ces noires poésies de circonstance, appelées des Idylles par le poète avec une atroce ironie, écrites, comme il le rappelle : « au jour le jour du siège, quand les obus prussiens éventraient nos maisons », sont moins des hymnes qui entraînent en avant que des élégies désespérées, poinçonnant dans le cœur qu’elles déchirent des impressions qui ne doivent plus jamais s’en effacer… Memoranda terribles (seront-ils féconds ?) […] « Pour que nos vieux cœurs allemands· Se repaissent de funérailles, Viens fouler sous tes pieds fumants Des cervelles et des entrailles. […] En effet, toutes les pièces de ce recueil d’Idylles sont superbes, et d’un pathétique d’autant plus grand que le désespoir y est plus fort que l’espérance ; qu’il y a bien ici, à quelques rares moments, des volontés, des redressements et des enragements d’espérance, mais tout cela a l’air de s’étouffer dans le cœur et la voix du poète, et on épouse sa sensation… Les hommes sont si faibles et ont tant besoin d’espérer, que c’est peut-être ce qui a fait un tort relatif aux Idylles prussiennes de M. […] Le vieil artiste, l’artiste consommé, et dans un jet de talent le plus puissant que ce talent ait jusqu’alors poussé, a eu pour préféré aux yeux du public un jeune homme qui a fait des vers avec son cœur, tandis qu’il en faut faire avec son cœur, avec sa tête, avec tout ce qui fait qu’on est cette Complexité admirable et mystérieuse qu’on appelle un grand poète !
être le champ de l’avenir, — c’est cette petite fleur, retrouvée là, qui m’a empêché de jeter sous mes pieds avec mépris ce livre où un regain de poésie vivace, inarrachable du cœur d’un homme, domine encore, domine toujours tous les prosaïsmes glorifiés de ce siècle dégénéré ! […] Plus poète, plus vraiment poète quand il est involontairement le catholique du passé que quand il est l’athée de l’heure présente ; plus poète quand il remonte par la pensée dans ce monde qui a dormi (dit-il) que quand il est dans ce monde qui s’éveille, Laurent Pichat, au lieu d’appeler son livre : Les Réveils, aurait mieux fait de l’appeler : Les Regrets ; car ce qui vibre le plus dans ce livre et ce qui y prend irrésistiblement le cœur, c’est la vie vécue, c’est la puissance des souvenirs et leur mélancolie amère. […] Seulement, ce que je veux exclusivement vous faire entendre pour vous prouver que nous avons ici affaire à un poète, ce n’est pas l’expression réussie de la haine qui se croit victorieuse, mais c’est l’accent éternellement cruel et doux de la vie passée, qui, finie, crée immédiatement l’infini du souvenir dans nos cœurs. […] J’ai nourri le songe vainqueur ; J’ai brûlé des plus douces fièvres Il m’en reste un parfum au cœur, Il m’en reste du miel aux lèvres ! […] Tu ne crois pas beaucoup aux ardeurs, même à celles De la jeunesse dans les cœurs.
Bataille cette supériorité amère des années qui fait la connaissance du cœur humain, si nécessaire au romancier. […] L’un et l’autre, pour être plus réels (croient-ils), ils oublient la réalité la plus profonde, celle de la poésie, ancrée dans le fond du cœur de toute chose. […] Ils appartiennent tous les deux à cette École de la peinture, fausse même en peinture, en littérature, exécrable, que l’on appelle le Réalisme, et que la littérature enivrée, ces derniers temps, d’art plastique, n’a pas eu le cœur de renvoyer aux ateliers d’où elle est sortie pour venir insolemment se planter chez nous ! […] Paul Féval, que j’appelle la clef des cœurs par l’ironie, répondit à l’envoi de l’Antoine Quérard, que lui avait adressé M. […] corrompue peut-être, mais intelligentielle ; c’est de la combinaison, détestable, il est vrai, mais spirituelle et volontaire, et ce forcené de chair et de sang qui s’appelle Bataille et qui ne conçoit que comme une bataille la volupté, ne se donne pas la peine d’en chercher si long… Premier bond de dégoût pour le cœur et l’esprit, quand on lit ce livre ; premier bond suivi de bien d’autres, quand on s’obstine à cette lecture, et on s’y obstine ; la violence du talent vous tient… Pas de séduction !
À part les révolutions de palais qui interrompaient le cours régulier de cet ordre de choses et en changeaient les principaux personnages, en dehors de ces accidents naturels et de ces sinistres compensations du pouvoir absolu, il y avait, durant toute cette époque dont votre théorie préconise la salutaire immobilité, il y avait alors sans cesse la plus active rébellion du sentiment moral, le plus ardent foyer pour les intelligences et les cœurs. […] Ce secours qui n’a point manqué aux jours de la décadence, ce flambeau de l’imagination et du cœur qui ne s’est pas éteint dans le passage de l’ancien monde au nouveau, devrait-il donc pâlir et disparaître dans les jours futurs du monde ? […] Tout ce qui ajoute extérieurement aux forces de l’homme, tout ce qui d’abord double pour lui le temps ou abrège l’espace, doit à la longue profiter au retour de l’âme sur elle-même ; car l’homme, à tout prendre, n’est grand que de ce qu’il a conçu par la pensée et senti par le cœur. […] Et cependant, sur cette laborieuse arène des intérêts privés, quel souffle commun de patriotisme rapproche soudainement tous les cœurs américains ! […] Mais, dans le génie comme dans la foi, il y a toujours des élus de Dieu : et tant que l’enthousiasme du beau moral ne sera pas banni de tous les cœurs, tant qu’il aura pour soutiens toutes les passions honnêtes de l’âme, il suscitera par moments l’éclair de la pensée poétique ; il éveillera ce qu’avaient senti les prophètes hébreux aux jours de l’oppression ou de la délivrance, ce que sentait ce roi de Sparte, lorsqu’à la veille d’une mort cherchée pour la patrie, il offrait, la tête couronnée de fleurs, un sacrifice aux Muses.
C’était une évocation perpétuelle de l’ombre de madame de Staël dans le cœur des amis qui lui survivaient. […] Les catastrophes des femmes sont dans leurs cœurs ; Léopold ne pouvait transporter dans leur imagination ce qu’il ne voyait que dans leur âme. […] Elle inspirait ses pinceaux, elle attendrissait son cœur comme tous les premiers amours des artistes sensibles, peintres ou poètes. Elle devait bientôt mourir, afin de laisser une ombre sur le cœur de son amant et un éblouissement de jeunesse dans ses yeux. […] Le génie à ses commencements a besoin de larmes pour tremper la plume ou le pinceau dans la tristesse, cette vérité pathétique du cœur humain.
C’est de son propre cœur qu’on tire les larmes. […] Moi j’étais derrière, et mon cœur sautait, sautait : j’avais peur en ce moment que la montre ne fût pas assez belle. […] » Tout à coup mon cœur se serrait ; je me disais : « Tu es à Bitche, à Kaiserslautern… tu es conscrit ! […] » Cela me déchirait le cœur. […] Et comme le canon se remettait à gronder, tout à coup cela me serra le cœur.
C’est comme qui dirait des vers latins écrits en français avec du cœur. […] L’auteur nous y entr’ouvre le cœur douloureux du vieux poète. […] On devine dans ce cœur héroïque des plaies non fermées. […] On le chasse, mais non avant qu’il ait dit ce qu’il avait sur le cœur. […] Ce Séjan est un ambitieux, gêné par son cœur et par quelque reste de préjugés.