Il expose de foudroyantes fresques où toute l’humanité palpite, chante, se répand… Cet homme a conçu une cosmogonie… La Terre, puissante fresque énorme, qui semble un pan de paysage arraché du monde par un jeune géant !… Le colossal travail d’Emile Zola, son œuvre éternelle comme les plantes, comme la terre qu’il chante, cette extraordinaire clarté répandue par lui sur le ciel, sur la nature et sur ouvrages dans lesquels tressaille la terre toute entière5… » On peut voir par ces quelques phrases, choisies çà et là, que la jeunesse naturiste ne ménage pas son admiration au maître naturaliste. […] Il est semblable à celui qui, lassé d’entendre sans cesse chanter sur tous les tons les plus fades la beauté précieuse et délicate, la beauté suprême de la fleur, déclarerait brutalement que, pour lui, la beauté réside toute entière dans l’écorce rugueuse. […] On rêve alors toutes sortes de choses folles, on écrit des œuvres où les ruisseaux se mettent à chanter, ou les chênes causent entre eux, où les roches blanches soupirent comme des poitrines de femmes à la chaleur de midi. […] N’est pas pessimiste celui qui en toute occasion chante des hymnes à la vie ; n’est pas corrupteur celui qui, sans se lasser proclame les suprêmes bienfaits du travail.
Je crois que Raphaël dessine bien, et que Titien est un admirable coloriste, que Voltaire écrit comme pense un homme d’esprit, et que Byron chante comme l’humanité pleure, surtout dans Don Juan ! […] Vous chantez, vous priez, comme Abel, en aimant ; Votre cœur tout entier est un autel qui fume, Vous y mettez l’encens et l’éclair le consume ; Chaque ange est votre frère, et, quand vient l’un d’entre eux, En vous il se repose, — ô grand homme, homme heureux ! […] Ton merveilleux laurier sur chacun de tes pas Étendait un rameau que tu n’espérais pas ; L’écho te renvoyait tes paroles aimées ; Les moindres des chansons anciennement semées Sur ta route en festons pendaient comme au hasard ; Les oiseaux par milliers, nés depuis ton départ, Chantaient ton nom, un nom de tendresse et de flamme, Et la vierge, en passant, le chantait dans son âme. […] Il connut Virgile, il l’apprécia et le protégea ; la reconnaissance du poète a chanté, et le nom de Pollion est devenu immortel et l’un des beaux noms harmonieux qu’on est accoutumé à prononcer comme inséparables du plus poli des siècles littéraires. […] que les colombes de Dodone quand l’aigle fond du haut des airs. » Puis il donne à entendre qu’il s’en est fallu de peu que Ménalque, cet aimable chantre de la contrée, n’eût perdu la vie : “Et qui donc alors eût chanté les Nymphes ?
Dans l’espèce de pompe triomphale qui fut célébrée à Paris, lorsqu’on y reçut les trophées des arts venus d’Italie, les immortelles statues d’Apollon et de Vénus arrachées du Vatican ou de Florence, on avait chanté le Poème séculaire d’Horace : Ce fut un antique de plus dans cette cérémonie, et malgré l’infériorité de la traduction, a dit M. […] et vous Divinité des bois…, chantés en présence des statues de Diane et de l’Apollon du Belvédère. » Cette traduction chantée alors était, en effet, celle que venait de publier Daru lui-même. […] Bref, les envoyés, après maint voyage, s’en revenaient fort tristes et dans le dernier embarras, lorsque, s’arrêtant dans certain cabaret pour concerter leur réponse, ils aperçoivent un gros garçon de bon appétit qui chantait de tout son cœur auprès d’une Suzon de mine très joyeuse et d’apparence peu sévère.
…………………… J’entends un vieux garde, Qui de loin regarde Fuir l’éclair, Qui chante et s’abrite, Seul en sa guérite, Contre l’air. […] Le maçon Abraham Knupfer chante, la truelle à la main, dans les airs échafaudé, si haut que, lisant les vers gothiques du bourdon, il nivelle de ses pieds et l’église aux trente arcs-boutants et la ville aux trente églises. […] Nous avons les pêchers tout rosés sur la côte, et les pruniers, les cerisiers, les pommiers, « tout blancs, tout rosés, tout embaumés, où le rossignol chante ; la verdure des premiers blés, qui cache l’alouette tombée des nues, et la solitude de nos Combes qui verdissent et gazouillent. […] petit oiseau de passage, notre hôte d’une saison, qui chantes mélancoliquement dans le cœur du poëte et dans la ramée du chêne !
Toute ode est, de sa nature, destinée à être chantée. […] L’ode, dans Horace, a déjà perdu de ce caractère primordial : quelques-unes de celles où il célèbre les grandes choses romaines ont pu être chantées en effet, mais la plupart n’étaient que des odes de cabinet, et ce charmant Horace, le modèle et le trésor des esprits cultivés, n’est lui-même qu’un lyrique déjà éclectique. […] Il dut s’en justifier, et il le fit par une sorte de madrigal dans lequel il disait qu’en célébrant Calonne, il avait, « au défaut du bonheur », voulu chanter l’« espérance ». […] C’était le même enfin qui, dans ce fameux Exegi monumentum, parlant de la Seine, s’était écrié d’un ton de prophète : Mais tant que son onde charmée Baignera l’empire des lys, ……………………………… Elle entendra ma Lyre encore D’un roi généreux qui l’honore Chanter les augustes bienfaits !
Des chefs de parti, des hommes mêlés aux factions de Florence, vainqueurs ou dans l’exil, chantaient les douleurs et les joies d’une passion qu’on pourrait souvent croire imaginaire, tant les expressions en sont discrètes jusqu’à l’obscurité. […] Un siècle et demi avant le Dante, quand l’italien à peine naissant ne s’écrivait pas encore, quand la prédication et la poésie étaient encore toutes latines en Italie, un des grands hommes de l’Église, Pierre Damien, ce pur et austère génie, parfois en lutte même contre Grégoire VII, et osant le nommer mon saint tentateur, mon saint satan, avait chanté dans un hymne la gloire du paradis. […] Parmi les rudes laboureurs et les pâtres des Apennins, il avait été l’Orphée de ces esprits encore sauvages ; et c’était pour eux qu’un de ses disciples chantait, sur un air simple et puissant comme sa parole, ces strophes à peine distinctes de la prose : « Très-haut Seigneur ! […] À la poupe se tenait le céleste nocher, pareil à un bienheureux ; et plus de cent âmes étaient assises dans la barque ; et toutes ensemble chantaient d’une seule voix : Israël, à sa sortie d’Égypte.
chantons pour les bois et pour l’écho, comme La Fontaine. […] Il en a déjà été fait des gravures isolées qui se voient dans les passages et sur les boulevards ; il y a des romances de la Goualeuse et on les chante au piano.
Rimés, assonancés, ou sans rimes ni assonances, allitérés ou non, de rythme impair ou pair, le sort ordinaire des vers de ce jeune poète est de ne point chanter ; les mots dont se trouvent composés ces curieux vers se refusent au rythme. […] Une douceur en émerge, c’est le lied : restitution d’humanité, définitive en sa musique suave et brève, où chante l’âme de banales et divines aventures plébéiennes ou de ces souvenirs que les héroïsmes, les joies ouïes malheurs séculaires incrustent en le cœur des races ; le lied, dont l’adaptation au verbe français est le bien évident de M.
Laurent Tailhade à l’hôpital C’est à visiter les poètes que j’ai connu tous les hôpitaux de Paris : Laennec avec ses toits de prieuré, sa façade d’ancienne abbaye ; Broussais, qui semble, bâti sur pilotis, une bourgade de l’époque lacustre ; Necker aux murs nus et froids de caserne, mais où chante dans la cour une éternelle eau plaintive ; Saint-Louis, dont les tourelles Louis XIII pointent si joliment derrière les feuillages de l’avenue ; l’Hôtel-Dieu, qui ordonne parmi les colonnades et les degrés de pierre, la pompe païenne d’un décor antique… C’est précisément à l’Hôtel-Dieu que je viens de voir Laurent Tailhade, à peine remis d’une douloureuse et grave opération. […] On chante ; le doux patois aux syllabes rondes fait vibrer le sol, les maïs pliés se redressent au vent léger, et le cher pays souffle son haleine reposée. » C’est dans une revue de jeunes que je cueille ces bluettes gracieuses, mais, comme on la félicite, Mlle Moréno se défend d’être écrivain. — Un bas-bleu !
Macbeth dit : Le martinet chante sur la tour. […] On entendrait les oiseaux chanter dans ses tragédies ; on verrait l’homme souffrir dans ses paysages.
Dans son inoubliable tableau, le pauvre pêcheur, par une raideur voulue des contours, et leur gracilité, et par une disposition apâlie des couleurs, se chantait la pitoyable souffrance des âmes. […] Il est terminé par un allegro où éclatent toutes les jubilations de l’âme, et où s’exhale une félicité passionnée, qui retentit comme un Hosanna magnifique chanté à l’Amour. […] C’est ainsi qu’engagé par Rossini lui-même, il chanta à Paris Le Barbier de Séville en 1827. […] Sa carrière fut très précoce puisqu’elle chanta Lucia di Lammermoor à 16 ans. […] Elle chanta aussi bien les opéras français que les opéras italiens et est aujourd’hui une figure quasi mythique de la soprano.
Tous deux ont chanté leurs plaisirs et leurs peines d’amour en des élégies qui sont, à coup sûr, les plus remarquables du temps41. […] Ces Rois de la lyre et du savant pinceau, qu’avait chantés André Chénier, étaient tous deux apostats de cette amitié sainte. […] Un mortel peut toucher une lyre sublime, Et n’avoir qu’un cœur faible, étroit, pusillanime, Inhabile aux vertus qu’il sait si bien chanter, Ne les imiter point et les faire imiter, etc., etc.
Après avoir chanté la divinité, elle est descendue, par dégrés, aux créatures qu’elle a jugées dignes de son encens. […] Cet écrivain, dont les ouvrages respirent la religion, qui n’a jamais presque chanté qu’elle & les dogmes de la grace, prétend que les fables ne sont qu’un abus de la poësie ; qu’elle a dégénéré du moment qu’elles ont commencé d’être de mode, en Egypte, dans la Grèce, en Italie, chez les Gaulois, & même chez les peuples de la Chine & de l’Amérique. […] Il fit paroître une longue liste de ceux qui avoient chanté sur le ton d’Anacréon, de Tibulle & d’Ovide.
Mais les injures violentes, les noms de débauché nocturne, de ventru, de pied-bot, qu’il jeta plus tard au sage Pittacus, furent sans puissance, comme ses armes : « Répète un chant romain, nous dit Horace, ô lyre modulée d’abord par le citoyen de Lesbos, qui, forcené pour la guerre, savait pourtant, soit au milieu des armes, soit quand son navire battu des flots reprenait le rivage, chanter Bacchus et les Muses, Vénus et l’enfant qui la suit toujours62. » Puis ailleurs, lorsque, échappé à un danger de mort, Horace, qui a cru voir de près l’Élysée, y place le belliqueux Alcée, comme Virgile osait y mettre Caton : « De combien peu, dit-il, nous avons failli voir l’empire de la sombre Proserpine, et le tribunal d’Éaque, et les demeures réservées des âmes pieuses, et Sapho sur la lyre éolienne se plaignant des jeunes filles ses compatriotes, et toi aussi, Alcée, redisant plus haut sur ton luth d’or les maux de la tempête, les maux de l’exil, les maux de la guerre ! […] Deux vers isolés cependant offrent peut-être la trace, non d’une fiction poétique, mais d’un tourment réel : « Ma douce mère, je ne puis tisser ma toile, toute vaincue que je suis par la pensée de ce jeune homme, grâce à l’entraînante Aphrodite. » D’autres fragments bien courts, et par lit d’un sens douteux, pourront faire croire que Sapho vit le mariage de sa fille chérie, et chanta pour elle : « Heureux gendre, l’union que tu souhaitais s’est accomplie, tu as la vierge que tu aimais ! […] Que de maux seront soufferts, que de ruines entassées, que de monuments et d’idées s’écrouleront dans le monde, pour que ces souvenirs soient expiés aux mêmes lieux qui les consacrent, que la pénitence épure cette terre de volupté, qu’une église de martyrs s’élève à la place d’un bocage sacré, et que la prière d’une humble vierge au pied de la croix ou le dévouement de quelque religieux dans un lazaret remplace, aux mêmes lieux, les hymnes chantés à Vénus !
Toute la toile chante, nous le répétons. De Théocrite, de Virgile dans ses églogues, de Gessner, ce compatriote de Robert, nous le demandons au spectateur, qui est-ce qui a le mieux chanté ? […] Le poème expose, mais il faut qu’il chante. Il va chanter. […] Moi aussi j’ai chanté l’épisode des Laboureurs dans mon poème domestique de Jocelyn ; mais combien mon encre est pâle à coté de cette palette !
Mes premiers regards cependant se tournèrent vers le théâtre… Ce théâtre, en effet, grâce au grand acteur et auteur Iffland, à Kotzebue, à Cimarosa, à Mozart, était devenu, pour la tragédie, la comédie et la musique, l’école du cœur, des yeux et des oreilles de toute l’Allemagne. » Goethe s’effaçait généreusement lui-même pour y faire jouer, chanter et briller les chefs-d’œuvre de tous ses rivaux. […] Un doux paysage m’entoure ; le soleil se couche en souriant, et les rossignols chantent. […] Schiller, d’abord chrétien et pieux, suit son maître, et chante comme lui ses hymnes au Dieu inconnu. […] Le véritable enthousiasme ne pense pas, ne décrit pas ; il chante. […] Le grand artiste se dissèque intrépidement lui-même pour peindre, pour sculpter ou chanter les palpitations les plus douloureuses de ses fibres sans les sentir pendant qu’il les dénude à tous les yeux.
On aurait plutôt pu la chanter en musique qu’on n’aurait pu la décrire en paroles ou la représenter en couleurs. […] C’étaient ces heures nonchalantes de l’avant-soirée entre la sieste et la promenade du soir, que nous passions dans la grotte de rocaille à respirer l’air de la mer, à causer sans suite, à rêver tout haut, à jouer de la main avec l’eau courante qui scintillait et chantait dans la rigole de marbre à nos pieds. […] La magnifique invention du sujet, qui appartient tout à l’Arioste, a donné à cette tragédie de Voltaire un effet théâtral immense : mais Voltaire fait déclamer pompeusement la passion dans sa tragédie, et Arioste la fait chanter, raconter et pleurer comme la nature ; il n’y a pas un homme de goût, dans aucun pays, qui puisse comparer de bonne foi les vers sonores et faibles de la tragédie avec les stances simples et pleines du poème. […] C’est que Voltaire écrivait en grand artiste, et qu’Arioste chantait l’amour en grand amoureux. […] Le jour, il faisait une large tache d’ombre sur la colline ; le soir, il rendait, en frissonnant au vent de mer, des frissons mélodieux qui faisaient chanter l’âme à l’unisson de ses branches dans la poitrine.
Orphée chanta & fut écouté. […] Il chanta la vie champêtre & traça des leçons d’agriculture. […] Ces vers étaient rimés & chantés. […] Tous s’efforçaient de la chanter & de la suivre. […] Avant que Lully eût donné des Opéra on chantait les petits airs de Lambert ; on les a même encore chantés depuis.
Enfin, il y a ce dernier sonnet d’elle, qui est également un vœu de mort, non plus de mort au sein du bonheur, mais de mort plus triste et plus terne, quand il n’y a plus pour le cœur de bonheur possible, plus un seul reste de jeunesse et de flamme : Tant que mes yeux pourront larmes épandre, A l’heur65 ; passé avec toi regretter, Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir : Mais quand mes yeux je sentirai tarir, Ma voix cassée et ma main impuissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d’amante, Prierai la mort noircir mon plus clair jour. […] Lorsque le rossignol, dans la saison brûlante De l’amour et des fleurs, sur la branche tremblante Se pose pour chanter son mal cher et secret, Rien n’arrête l’essor de sa plainte infinie, Et de son gosier frêle un long jet d’harmonie S’élance et se répand au sein de sa forêt. […] chanter ainsi, c’était vouloir mourir. […] Nous le savons, tu peux donner encor des ailes Aux âmes qui ployaient sous un fardeau trop lourd : Tu peux, lorsqu’il le plaît,, loin des sphères mortelles Les élever à toi dans la Grâce et l’Amour ; Tu peux parmi les chœurs qui chantent tes louanges A tes pieds, sous tes yeux nous mettre au premier rang, Nous faire couronner par la main de tes Anges, Nous revêtir de gloire en nous transfigurant ; Tu peux nous pénétrer d’une vigueur nouvelle, Nous rendre le désir que nous avions perdu ; Oui, mais le Souvenir, cette ronce immortelle Attachée à nos cœurs, l’en arracheras-tu ?
Une autre fois, c’est un simple portefaix, l’honnête Miccalion, qui fait son offrande aux dieux : « Cette statue, ô Passant, est une consécration du portefaix Miccalion ; mais elle n’a pas échappé à Mercure, la piété du portefaix qui, dans son pauvre métier, a trouvé moyen de lui faire une offrande : toujours et partout l’homme de bien est homme de bien. » Mais la fleur des épigrammes de Léonidas en faveur du pauvre monde me paraît être l’épitaphe qu’il composa pour la bonne ouvrière Platthis, morte à quatre-vingts ans : « Soir et matin, la vieille Platthis a bien souvent repoussé le sommeil pour combattre la pauvreté ; elle a chanté aussi sa petite chanson à la quenouille et au fuseau, son compagnon d’ouvrage, jusqu’au terme de la blanche vieillesse ; se tenant à son métier jusqu’à l’aurore, elle parcourait avec les Grâces le stade de Minerve, dévidant d’une main tremblante, autour de son genou tremblant, l’écheveau qui devait suffire à la trame, l’aimable vieille ! […] Il chante ou l’aimable Bathylle ou Mégistès, et tient suspendue dans sa main sa lyre aux amours douloureuses. […] Le nom de Léonidas n’a point sombré, et les dons mêmes des Muses me préconiseront pour tous les soleils à venir. » Il se promettait hardiment l’immortalité ; il se chantait à lui-même son Exegi monumentum ; chaque poète est sujet à se le chanter.
Et l’on répétait autour d’elle ce nom de Corinne qu’elle invoquait sans cesse : Elle chante, et, devant son écharpe légère, Corinne courberait l’orgueil de son laurier. […] Distinguée et couronnée par l’Académie française en 1822 pour avoir chanté le dévouement des sœurs de Sainte-Camille pendant la peste de Barcelone, Mlle Gay ne cessa de célébrer depuis en vers tous les événements publics importants, les solennités monarchiques ou patriotiques, la mort du général Foy, le sacre de Charles X, l’insurrection de la Grèce, tous les beaux thèmes du moment. […] Par moments (c’était la mode sous la Restauration) elle faisait des vers religieux ; elle chantait Madeleine et un des touchants miracles du Sauveur. […] et que le serpent solitaire élève ses petits là où chanta la lyre triomphante ?
ces admirables couplets d’une malice populaire qui se chantaient de Paris à Versailles. […] plus rien à chanter, plus rien à dire ! […] Laffichaut ; la poupée a chanté les chansons de M. […] Elle se remettait à parler et à sourire à l’heure où chantait la statue de Memnon ! […] Les Oiseaux ne chantent que des impiétés malséantes.
Pour nous, épris seulement des divines muses, nous fatiguerons notre énergie à chanter les exploits des hommes et à célébrer les fêtes du travail. […] Au lieu d’évoquer de charmantes amantes et de suaves seigneurs chimériques, nous chanterons les hautes fêtes de l’homme.
Je chantais, eh bien ! […] Un jour un athlète qui avait remporté le prix aux courses de mules lui offrit une somme d’argent pour chanter sa victoire.
Contrairement à la coutume divine qui fait chanter presque tous les poètes comme chantèrent les Templiers, — dans les supplices, — Hebel fut constamment heureux.
Son attitude, ajoute-t-il, est celle d’un homme qui chante dans l’ivresse. […] Il ne dérogeait pas sans doute à sa licence habituelle, lorsqu’il chantait les orgies de Bacchus.
Nourri de la science moderne, il voulait chanter la descendance des races sur la terre, évoluant et se métamorphosant, dans la tempête des éléments. Il voulait chanter la vie universelle, qui est la marche du chaos vers l’ordre et vers l’harmonie. […] Il a chanté l’étendue des moissons se gonflant comme un ventre magnifique sous la pluie fertilisante du soleil. […] Le décor, chez lui, vit et chante, se consume et s’exalte, influe véritablement sur les actions de ses héros. […] Quand vous chantez un acte simple de la vie commune à tous les hommes, en le douant de beauté, je rends hommage.
elles ne le savent pas bien ; elles ont senti, elles ont chanté, elles ont fleuri à leur jour ; on ne les trouve que dans leur sentier et sur leur tige. […] Quoi qu’il en soit, voici ce qui me paraîtrait le plus vraisemblable : Louise Labé, jeune et libre, aurait aimé et chanté ses ardeurs, comme il était permis alors, et sans trop déroger par là aux convenances du siècle. […] « C’est Cupidon qui a gaigné ce point, qu’il faut que chacun chante ou ses passions, ou celles d’autrui, ou couvre ses discours d’Amour, sachant qu’il n’y a rien qui le puisse faire mieux estre reçu. […] Le début ressemble par l’idée au fragment de Sophocle qu’on vient de lire ; le poëte chante la Déesse qui fait naître le désir au sein des hommes et des Dieux, et chez tout ce qui respire. […] Je suis obligé, bien qu’à regret, d’y renvoyer le lecteur curieux, pour ne pas trop abonder ici en ces sortes d’images12 ; mais j’oserai citer au long le sonnet xiv, admirable de sensibilité, et qui fléchirait les plus sévères ; à lui seul il resterait la couronne immortelle de Louise : Tant que mes yeux pourront larmes espandre, A l’heur passé avec toi regretter ; Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth, pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir.
Il revint vite, en traversant la mer, par Carthage, puis par Grenade et l’Alhambra, où il rencontra le véritable but de son voyage. « Mais croyez à ce que je chante, et non à ce que je prêche ! […] La maison, pleine d’ouvriers qui riaient, chantaient, cognaient, était chauffée avec des copeaux allumés, et éclairée par des bouts de chandelles ; elle ressemblait à un ermitage illuminé la nuit par des pèlerins dans les bois. […] Il manquait aussi de cette vigueur de talent qui enfante le vers comme la musique innée enfante la mélodie, la langue qui chante. […] Il renonça à ces deux postes par des motifs purement humains ; mais, peu de temps après, il chanta, dans son discours à l’Académie, un hymne à son prince et une malédiction à la Révolution, pour se faire pardonner la malédiction à la chose par l’hymne à l’empereur. […] Fénelon, son disciple et son martyr, chante une philosophie plus humaine ; c’est le poëte des chimères, le genre humain ne subsisterait pas un jour sous les lois qu’il rêve de lui donner.
Pourquoi donc le talent de lire, de parler, de déclamer, ne pourrait-il pas s’acquérir et s’accroître comme celui de chanter, de danser, de peindre ; en un mot, comme tout autre art, comme toute autre science ? […] Dans la musique, tout est noté, le mouvement, les intonations et les repos ; et cependant, malgré de longues études, combien peu de musiciens savent chanter à livre ouvert ! […] « Des vers de Lamartine ou de Victor Hugo « On ne croit, quand il chante, entendre qu’un écho. […] (Ici la lecture commence ; le poète chante, l’avocat crie.) […] « On ne doit ni chanter, ni plaider en lisant : « On déclamait jadis ; mais on lit à présent.
Moi qui par des concerts saluai ta naissance, Moi qui te réveillai neuve à cette existence Avec des chants de fête et des chants d’espérance, Moi qui fis de ton cœur chanter chaque soupir, Veux-tu que, remontant ma harpe qui sommeille, Comme un David assis près d’un Saül qui veille, Je chante encor pour t’assoupir ? […] Cette divinité s’est réfugiée aujourd’hui dans le cœur ; mais elle y est, elle y parle, elle y pleure, elle y chante, elle s’y réjouit, elle s’y plaint, elle s’y console. […] Je me dis : voilà le coucou qui chante ? […] J’avais douze ans, j’en avais vingt, j’en avais trente ; regards de ma mère, voix de mon père, jeux de mes sœurs, entretiens de mes amis, premières ivresses de ma vie, aboiements de mes chiens, hennissements de mes chevaux, expansions ou recueillements de mon âme tour à tour répandue ou enfermée dans ses extases, matinées de printemps, journées à l’ombre, soirées d’automne au foyer de famille, premières lectures, bégayements poétiques, vagues mélodies : tout se levait de nouveau, tout rayonnait, tout murmurait, tout chantait en moi comme ce chant de résurrection, comme l’Alleluia trompeur qu’entend Marguerite à l’église le jour de Pâques dans le drame de Gœthe.
Aristote définit l’épilogue, une partie qu’on récite dans la tragédie, lorsque le chœur a chanté pour la dernière fois. […] Je commence par une observation nécessaire, en avertissant d’abord qu’on ne doit pas confondre la monodie des anciens avec ce qu’aucuns appellent maintenant monologues : car, quoique la monodie soit une pièce de poésie chantée ou récitée par un homme seul, l’usage néanmoins la restreint pour signifier les vers lugubres qui se chantaient par l’un de ceux qui composaient le chœur en l’honneur d’un mort ; et l’on tient qu’Olimpe, musicien, fut le premier qui en usa de la sorte en faveur de Pithon, au rapport d’Aristoxène. […] On n’est point choqué de voir un homme ou une femme chanter seul et exprimer par le chant les mouvements de joie, de tendresse, de plaisir, de tristesse, dont son âme est atteinte. C’est même souvent dans ces monologues que le musicien déploie tout le brillant de son art ; il peut se livrer à son génie ; il n’est point gêné, par la présence d’un interlocuteur qui demande à chanter à son tour.
Jamais l’hymne du corps humain n’a été chanté en plus nobles strophes, la force superbe de la forme a resplendi d’un éclat incomparable pendant cette période de la civilisation grecque qui est comme la jeunesse et le printemps du génie humain. […] Et mon nez camard Chante ta moutarde Et ton jacquemard. […] Quand il cherchait un site pour peindre, il allait à travers les prés et s’arrêtait là où il avait entendu « chanter les grenouilles » — c’était son expression, — sûr d’y trouver toujours un endroit pittoresque : de l’eau, des roseaux et des arbres. […] Quelle majesté et quelle force active encore dans cet ancien de la forêt, dans ce burgrave végétal, digne d’être chanté par Laprade, qui a vu les siècles tomber autour de lui comme les feuilles jaunes de l’automne ! […] Quand il était au piano et qu’il se sentait compris après avoir chanté une romance, il disait : « Et celle-là, comment la trouvez-vous ?