Il y aura samedi sept semaines, et c’est comme si ce malheur m’était arrivé hier. […] Je suis la plus malheureuse créature qui existe… Le plus grand bonheur, et le seul qui puisse m’arriver, ce serait d’aller rejoindre cet ami incomparable. […] J’espère que mon ami sera arrivé sans accident à Venise. […] « Je ne sais quelle route vous avez prise pour ne pas y arriver », lui écrivait Bonstetten. […] Elle arriva donc avec Fabre dans ce Paris qu’elle avait quitté dix-sept années auparavant, soutenue par Alfieri au milieu des vociférations de la populace.
Les jours arrivent où dominera seul, enfin, l’art du Suffrage Universel. […] Mais, peu à peu, un changement arriva. […] Plus tard arrivèrent les journées de Bayreuth, et notre attention fut dirigée de nouveau vers le Maître. […] Les hauts Barons arrivent, couverts de leurs manteaux dont les pans sont brodés de leurs armes. […] Lorsque les nombreux assistants sont rangés, que les poètes sont arrivés, un à un, il s’établit un grand silence.
Heureux encore si j’arrive à y préciser, sans trop d’aridité, quelles furent, depuis l’effacement du naturalisme, les tendances dominantes dans le genre romanesque ! […] Mais il lui arrive de céder à sa facilité même et au furieux débordement d’idées et de métaphores qui envahissent son cerveau. […] Ce n’est point par des raisons de sentiment ou par l’effet de ses tendances politiques, que l’auteur de l’Étape et du Divorce y est arrivé. […] Boylesve nous offre un détour aisé pour arriver au groupe des romanciers néo-classiques que domine M. […] Pour ma part, je m’imagine que, nouvelles venues, elles ont plus de patience, plus de volonté d’arriver.
Arrivons maintenant aux résultats obtenus par un troisième expérimentateur non moins habile que les précédents, l’honorable et révérend W. […] « Les ovaires des trois premières fleurs cessèrent bientôt de se développer, et après quelques jours ils périrent ; tandis que la gousse imprégnée du pollen de l’hybride crût avec vigueur, arriva rapidement à maturité et donna de bonnes graines qui germèrent parfaitement. » Dans une lettre que W. […] Ces différences sont d’une nature si particulière et si bien déterminée que, dans les croisements réciproques entre deux espèces, il arrive souvent que l’élément mâle de l’une agisse aisément sur l’élément femelle de l’autre, sans que l’alliance contraire soit possible. […] Quand on réfléchit à de pareilles anomalies, il faut bien confesser notre ignorance et reconnaître combien il est peu probable que nous puissions jamais arriver à comprendre pourquoi les croisements entre certaines formes organiques sont féconds, tandis que d’autres sont stériles. […] Cette stérilité est susceptible de présenter tous les degrés possibles, et elle est parfois si peu sensible, que les plus soigneux expérimentateurs qu’on connaisse sont arrivés à des conclusions opposées en classifiant les formes organiques d’après le critère qu’elle leur a fourni.
L’âge où je suis arrivé est celui où l’on vit principalement dans ses souvenirs. […] Il disait un jour à son médecin : « Je n’ai qu’une peur, c’est celle des inconvenances ; je ne crains pour moi-même qu’un scandale pareil à celui qui est arrivé à la mort du duc de Liancourt. » On remarquait que son front, si impassible, se rembrunissait toutes les fois qu’il était question dans les journaux d’un refus de sépulture pour un prêtre non réconcilié. […] Il prit la main refroidie de celui qui, vivant, lui avait témoigné tant d’attentions et de bienveillance, et qui avait dit un jour de lui et de sa fortune rapide, en réponse à quelqu’un qui prononçait le mot de parvenu : « Vous avez tort, il n’est point parvenu ; il est arrivé. » Les funérailles furent célébrées en grande pompe le 22 mai, à l’église de l’Assomption. […] Le baron de Gagern raconte qu’étant à Varsovie et passant des matinées entières auprès de lui, une des premières choses qu’il exigea fut que son interlocuteur ne l’appelât plus Votre Altesse, mais simplement M. de Talleyrand, et sur ce mot d’Altesse, il lui arriva de dire : « Je suis moins, et peut-être je suis plus » ; se reportant ainsi à l’orgueil premier de sa race. […] Nefftzer pour arriver à celle par laquelle je désire terminer : « (Ce 8 mars 1869.) — Mon cher ami, je serais bien désolé de vous occasionner ainsi qu’au Journal un désagrément : évidemment le procès serait une vengeance (sous forme détournée)… J’ai fait mes articles sans prévention ni parti pris, reconnaissant les parties agréables et supérieures de l’homme.
Viguier, de peur que le grand poëte ne crût voir arriver un rimeur bien pédant, bien humble et bien vain. […] La pensée arrive alors, non plus seulement comme vérité, mais comme sentiment. […] Viguier, ce sage optimiste par excellence, cherchait, dans ses causeries abandonnées, à lui épancher quelque chose de son impartialité intelligente, il lui arrivait de rencontrer à l’improviste dans l’âme de Farcy je ne sais quel endroit sensible, pétulant, récalcitrant, par où cette nature, douce et sauvage tout ensemble, lui échappait ; c’était comme un coup de jarret qui emportait le cerf dans les bois. […] Le mercredi, vers les deux heures après midi, à la nouvelle du combat, il arrivait à Paris, rue d’Enfer, chez son ami Colin, qui se trouvait alors en Angleterre. […] Arrivé à la rue Dauphine, il se sépara de M.
Cependant les événements arrivés étant un effet des principes consacrés, ces événements eussent été les mêmes si j’avais gardé le pouvoir. […] Voici que l’Empereur arrive. […] « L’Empereur passe outre ; arrivé jusqu’à moi, il s’écrie, avant que le cardinal Fesch m’eût nommé : “Ô cardinal Consalvi, que vous avez maigri ! […] Quelque désir que j’eusse d’être bien reçu par Napoléon, je n’aurais jamais osé croire qu’il en arrivât là. […] Il le laissa passer pour se donner du temps ; Pie VII passa et arriva à Rome porté sur les bras et sur le cœur du peuple.
… VII John Herschel, à l’aide de son télescope, arrive à cette assertion : « C’est que les étoiles soi-disant fixes, de la Voie lactée, visibles seulement dans son télescope de six mètres, sont situées à une distance telle de nous que, si ces étoiles étaient des astres nouvellement formés, il faudrait deux mille ans pour que leur premier rayon de lumière arrivât jusqu’à la terre ! […] Qu’en ajoutant un poids de plus à ces milliers de poids, à ces univers, on arriverait à les former comme à les comprendre ? […] Ils poussent de bas en haut à des intervalles à peu près réguliers, et de la sorte, quand l’étrangleur arrive au terme de sa croissance, la victime est étroitement garrottée par une quantité de chaînons rigides. […] Que la tendance à grimper se soit imposée à diverses espèces par une nécessité de circonstance, celle d’arriver jusqu’à l’air et à la lumière au milieu d’une végétation aussi drue, cela est démontré jusqu’à l’évidence par ce fait, que les arbres grimpants ne constituent ni une famille ni un genre spécial. […] Il n’arriva qu’une fois à M.
Et la rivalité ne sera pas moins âpre entre les arrivés, candidats au jury, qu’entre les arrivistes, candidats à la timbale. […] D’autre part, il peut arriver qu’un prix littéraire soit décerné justement. […] Cependant, aujourd’hui, je pense qu’il faut être indulgent aux écrivains ; les écrivains ont souvent beaucoup de peine à arriver ; la concurrence des riches met les pauvres dans une infériorité affreuse. […] Ainsi firent la masse de ceux qui « arrivèrent ». […] On arrive au prix de cent francs.
à côté des grands directeurs d’orchestre allemands, à quel résultat arrive-t-il dans l’interprétation de l’œuvre Wagnérienne ? […] Aujourd’hui, après vingt-cinq années, le miracle s’est accompli, — l’apparition du printemps après l’hiver ; le moment est arrivé pour l’esprit artistique français, où nécessairement le printemps doit venir. […] C’est ainsi que notre civilisation européenne semble aujourd’hui païenne bien plus que chrétienne ; n’en est-ce point une preuve, cette nécessité pour les deux nations de ne pouvoir arriver à l’harmonie qu’à travers les carnages de batailles cruelles ? […] Tristan et Parsifal, les deux pièces de fête de cette année, — deux mondes, mais tous deux, dans l’âme d’un seul Maître, arrivés à une plasticité idéale ! […] Retourné en Allemagne, Wagner se donna à des études ferventes de l’antiquité allemande ; à travers les œuvres des frères Grimm, de Simrock, de Gœrre, etc., à travers l’Edda et le mythe des Wolsungs il arriva aux restes des toutes les premières traditions.
Combien de superbes endroits où l’on n’osait former le vœu d’arriver, dont ce tyran s’empara et dont il profana le mystère ! […] Arrivé à cette hauteur, il eut les visées les plus longues et les plus vastes ; il ne songeait à rien moins qu’à la conquête de toute la partie de l’Espagne encore possédée par les Maures : « Un Rodrigue a perdu cette péninsule, disait-il, un autre Rodrigue la recouvrera. » Mais sa carrière était trop avancée pour de semblables desseins. […] Elle arriva à Zamora, où se tient la Cour du roi, pleurant de ses yeux et demandant pitié ; « Roi, je suis une dame infortunée, ayez pitié de moi ! […] On arrive à Zamora. […] Pour un marc que vous dépenserez j’en donnerai quatre au monastère. » Les adieux qu’il échange avec Chimène, lorsqu’elle vient à lui avec ses deux filles, rappellent les scènes analogues les plus touchantes des anciens et pieux héros : « Voici que doña Chimène arrive là avec ses filles.
On raconta donc qu’étant à la campagne lorsque arriva cette mort imprévue de la plus belle personne de la Cour, et qui le préférait à tous les autres, il revint sans en être informé, et que, montant tout droit dans l’appartement dont il savait les secrets accès, il trouva l’idole non-seulement morte, mais encore décapitée ; car les chirurgiens avaient, dit-on, détaché cette belle tête pour la faire entrer dans le cercueil trop court. […] Les pieux biographes de Rancé sont extrêmement sobres de détails à cet endroit ; tout au plus s’ils se hasardent à dire à mots couverts que tantôt une cause ou une autre, tantôt la mort de quelques personnes de considération du nombre de ses meilleurs amis, le frappaient et le rappelaient à Dieu ; mais ils se plaisent à raconter au long, d’après lui, la simple aventure suivante, comme un des moyens dont Dieu se servait pour l’attirer doucement : « Il m’arriva un jour (c’est Rancé qui parle) de joindre un berger qui conduisoit son troupeau dans la campagne, et par un temps qui l’avoit obligé de se retirer à l’abri d’un grand arbre pour se mettre à couvert de la pluie et de l’orage. […] Arrivé à Lyon, il y fut atteint par des lettres de Rome et de Paris qui le blâmaient également de sa précipitation. […] L’histoire de la Trappe, dans les années suivantes, serait celle des progrès insensibles, silencieux, et cachés ; le bruit qui en arrive au dehors en fait la moindre partie et souvent la moins digne d’être sue. […] Cependant il est une exception à cette infirmité des choses humaines : il arrive quelquefois que dans une âme forte un amour dure assez pour se transformer en amitié passionnée, pour devenir un devoir, pour prendre les qualités de la vertu ; alors il perd sa défaillance de nature, et vit de ses principes immortels. » Que dites-vous maintenant ?
Mais il arriva assez vite par la réflexion à la seconde phase de l’esprit, à la critique, son vrai talent. […] Oui, après la génération grandiose et un peu rude des Lucrèce, des Corneille, arrive d’ordinaire la génération épurée, accomplie, solide et fine, et suave, des Virgile, des Horace et des Racine. […] S’il lui est arrivé plus d’une fois de déprécier des livres d’un mérite fin, il en a souvent préconisé d’insignifiants. […] Tel qu’il est, avec la position importante qu’il occupe et la noble ambition dont il s’y pousse, il est en voie de se faire une grande existence de critique, que subiront sans doute et appuieront, comme il arrive d’ordinaire, beaucoup de ceux qui auraient été d’abord tentés de la dédaigner. […] Qu’au moins un jour arrive où l’œuvre de Carrel recueillie vienne rendre sur lui et sur sa vraie forme de pensée, pour qui la voudra étudier de près, un durable et authentique témoignage !
Celui de l’esclavage dans l’antiquité l’était beaucoup moins, et il a fallu des siècles pour arriver à concevoir la possibilité d’une société sans esclaves. […] Car, avant d’arriver à la bonne solution, il faut en essayer beaucoup de mauvaises, il faut rêver la panacée et la pierre philosophale. […] L’humanité n’arrive à la vérité que par des erreurs successives. […] Il n’y a pas de moment où l’on puisse dire qu’on repose sur le stable ; on espère y arriver, et ainsi l’on va toujours. […] Les révolutions doivent se faire pour des principes acquis, et non pour des tendances qui ne sont point encore arrivées à se formuler d’une manière pratique.
Mépriser une opinion qui sera bien sévère, traverser de longues années d’une vie pénible pour arriver à un but incertain, était déjà beaucoup, mais ne suffisait pas. […] C’est que je ne vois plus en progressant la possibilité d’arriver au catholicisme ; chaque pas m’en éloigne de plus en plus. […] Et puis il faudrait pour y arriver faire des années de ce que j’appelle littérature écolière, vers latins, discours de rhétorique, etc. jugez quel supplice ! […] j’arriverai peut-être par là à faire jour à mes idées. Il arrive tant de choses inattendues, qui déjouent tous les calculs !
Pourtant, il nous arrive quelquefois de nous répéter intérieurement une phrase obscure afin d’en déterminer le sens exact, et l’intervalle entre les mots et leur signification peut alors devenir sensible. […] Elles y arrivent d’autant mieux que toute invention se greffe sur des souvenirs, que, dans toute opération un peu complexe de l’esprit, les mots qui appellent des idées et les idées qui appellent des mots se suivent, s’enchaînent, se groupent, formant rapidement des composés dont la conscience ne saisit que l’ensemble et néglige les détails ; ces attentes minimes d’un mot, d’une idée, déjà peu discernables, achèvent de s’annuler en se compensant et deviennent insaisissables à toute observation. […] Des analyses qui précèdent détachons, avant d’aller plus loin, un point important : l’expression primitive d’une pensée peut être non seulement inexacte, équivoque, obscure, mais encore incomplète ; il arrive souvent qu’une partie de l’idée reste tout d’abord sans expression ; or cette partie, nous sommes libres de l’envisager comme une idée entière [ch. […] Inversement, il arrive parfois qu’un nom propre dit devant nous ne nous rappelle rien au premier moment ; puis nous reconnaissons de qui l’on a parlé ; nous reconnaissons, c’est-à-dire nous comprenons. […] Ces accidents peuvent arriver à la parole intérieure comme à la parole extérieure, dans les mêmes conditions ; ils sont plus rares sans doute, mais ils ne sont pas sans exemple257.
Les cercles sociaux ne sauraient guère se multiplier à l’infini en se diversifiant sans arriver à se couper. […] Ailleurs, des distinctions effacées par la loi restent inscrites dans les mœurs, Il arrive que le souvenir des hiérarchies légalement bouleversées survit pendant des siècles. […] Gaïus, interprète de la doctrine officielle, écrit qu’« il y a très peu de motifs pour lesquels on permette d’établir de tels groupements ». — Mais, comme il arrive souvent dans l’histoire des institutions juridiques155, la sévérité des lois n’est ici qu’un indice de la force des coutumes qu’elles voudraient enrayer : l’impossible en droit est souvent l’invincible en fait. […] Mais il arrive aussi qu’elle les force, s’ils veulent subsister, à exercer plus d’une profession à la fois — elle bat en brèche, par là, les groupements professionnels exclusifs. […] Il peut donc arriver qu’un même homme se retrouve, dans des associations très différentes, politiques ou religieuses, mondaines ou économiques, placé au même rang.
Mais, pendant l’expédition, survint une dépêche de la Cour, par laquelle Joyeuse apprenait que le vent avait tourné et que Henri III refaisait la guerre au roi de Navarre et à ceux de son bord : s’adressant à Rosny qui était présent quand le paquet arriva, il lui dit en riant qu’il espérait bien que cela ne changerait rien à son projet, et qu’il ne serait pas assez fou pour s’embarquer avec le roi de Navarre et perdre de gaieté de cœur sa belle terre de Rosny. […] Ce qui lui arriva à cette dernière journée (14 mars 1590) est mémorable. […] Au reçu de cette lettre, Rosny fit sonner le boute-selle, monta à cheval avec son monde, et arriva tout juste une heure et demie avant la bataille. […] Rosny enfin fait si bien qu’il arrive au château d’Anet, s’y maintient avec cornette et prisonniers, et y passe la nuit après y avoir reçu les premiers soins pour ses blessures. […] Le compte entier ne s’y trouvant point (et encore ce qui paraissait n’était qu’en lettres de change), et Sully s’en plaignant au gentilhomme porteur et qui était le père de celui même qui avait donné l’avis, tout d’un coup, comme il se promenait dans la chambre avec ce gentilhomme, il arriva que les poches de celui-ci crevèrent et qu’il en sortit une traînée d’écus au soleil : « Nous ne nous amuserons point, disent les secrétaires, à réciter les colères de monsieur votre frère et de M. de Bellengreville (autre gouverneur), ni les risées du roi lorsque tout cela fut su. » Pour couronner le récit de cette petite affaire, il faut savoir que cet argent de contrebande, ainsi intercepté par Rosny, ne fit pas retour au roi et fut pour lui de bonne prise.
Il n’arrivait avec rien de préconçu ; il se laissait faire, il laissait arriver à lui les choses elles-mêmes. […] Après avoir traversé Munich, la petite caravane arrive aux montagnes et s’enfonce dans les Alpes pour aller par le Tyrol et Inspruck en Italie : « Nous nous engouffrâmes tout à fait dans le ventre des Alpes par un chemin aisé, commode et amusement entretenu. » C’est le secrétaire de Montaigne qui écrit, mais qui visiblement s’inspire de ses impressions et se teint de son langage. Arrivés à une certaine abbaye, on y apprend toutes sortes de miracles, et l’un même tout récent ; Montaigne se garde bien d’y contredire. […] nous venons d’entendre le secrétaire de Montaigne ; que dit de son maître, au contraire, le Joseph de Chateaubriand, celui même dont il est parlé dans l’Itinéraire : « Dès qu’il est arrivé dans un lieu, il n’a rien de plus pressé que d’en repartir ?
— Mais nous mettrons un peu d’ordre dans notre étude, et avant d’arriver à l’archevêque, qui est notre sujet principal, nous dirons de son biographe ce qu’il importe de savoir. […] Il arrive, au contraire, deux maux : l’un, que les pasteurs muets ou qui parlent sans talent sont peu estimés ; l’autre, que la fonction de prédicateur volontaire attire dans cet emploi je ne sais combien d’esprits vains et ambitieux… A quel propos tant de prédicateurs jeunes, sans expérience, sans science, sans sainteté ? […] Il paraît, au contraire, si l’on en croit l’écho qui nous arrive, un peu grossi peut-être à distance, que notre abbé réunissait toutes les qualités de l’orateur, — presque toutes, — l’accent, le charme de la voix, le geste, l’action souvent animée et toujours appropriée, la mémoire, les grâces de la diction, le trésor des saintes Écritures et des Pères : que de choses ! […] Successeur de son oncle qui se démit en sa faveur, et archevêque de Rouen avant ses vingt-sept ans accomplis (1652), il commença à déployer ses talents d’administrateur et de conciliateur ; il y avait matière dans un diocèse qui lui arrivait en très fâcheux état. […] C’est dans ce rôle d’archevêque suprême que nous allons le considérer de plus près, en compagnie de l’abbé Legendre, non sans dénoter, quand il le faudra, le côté faible et fragile du beau pasteur trop enclin au sexe, et dont on disait en le voyant arriver parmi ses ouailles : Formosi pecoris custos, formosior ipse.
Celui-ci arrivait avec l’éclat de ses victoires en Allemagne et sur le Rhin : il voulut s’opposer au siège de Mons, livra la bataille de Malplaquet, y fut grièvement blessé et la perdit. […] Le maréchal de Montesquiou, qui semblait avoir fait de cette opération sur Denain son affaire, insista pour continuer ; on arriva à l’Escaut à l’heure dite, et tandis que Montesquiou faisait construire en toute hâte des ponts, Villars diligenta l’armée et l’arrivée des troupes : les deux maréchaux passèrent ensemble l’Escaut. […] Selon Montesquiou40 qui, non content de tirer tout de son côté, accuse Villars d’incertitude pendant l’opération même, ce maréchal aurait eu l’idée de s’arrêter lorsqu’il apprit de M. de Vieuxpont, à cinq heures du matin, qu’on ne pouvait être à l’Escaut avant huit heures : « Comme il était grand jour, M. le maréchal de Villars crut que, le prince Eugène pouvant voir notre marche, c’était un obstacle invincible à notre entreprise ; en conséquence, il ordonna aux officiers du campement d’arrêter l’armée et de la faire camper où elle se trouvait ; ce qu’ayant appris, j’allai joindre M. le maréchal de Villars, à qui je dis que l’armée des ennemis ne pouvant marcher à Denain qu’à notre vue par la hauteur de Quérénaing, sur laquelle on ne voyait personne, je le priais de vouloir bien toujours marcher sur l’Escaut ; qu’y étant arrivés nous verrions si les ennemis marchaient à Denain ; que si on apercevait leur armée marcher et être à portée de secourir ce poste, nous serions toujours les maîtres de ne point passer l’Escaut et de camper, moyennant quoi il n’y avait nul risque à courir. […] Je lui répétai tout ce qui devait l’en empêcher, après quoi il se rendit en me disant : « Puisque vous êtes d’avis d’attaquer, marchons. » Que Villars ait voulu différer l’attaque jusqu’à ce qu’il fût arrivé et présent de sa personne, c’est possible et c’est naturel ; mais il ne paraît pas qu’après les précautions prises pour assurer son arrière-garde contre un retour du prince Eugène, il ait hésité sur l’attaque du camp ; et comme le marquis d’Albergotti lui proposait de faire des fascines pour combler les retranchements : « Croyez-vous, lui répondit-il en lui montrant l’armée ennemie dont les têtes de colonnes s’apercevaient déjà, que ces messieurs nous en donnent le temps ! […] Le récit du maréchal de Montesquiou, très-distinct de celui de Villars, paraît n’être arrivé d’abord au roi que par voie verbale également ; mais on possède une relation écrite que ce maréchal fit avec détail et complaisance pour être mise sous les yeux de Louis XIV, lorsqu’il dut produire ses titres et état de services avant d’être admis dans l’Ordre du Saint-Esprit.
À peine s’éloignait-elle quand le roi arrivait. […] Quand il s’agissait des dépenses de sa maison, il lui arrivait de demander : « Combien cela a-t-il coûté ? […] Mme de Brancas vient de parler des transports frénétiques qui accueillirent partout dans les provinces la nouvelle de la convalescence du roi : « Pendant ces transports vraiment populaires, la reine et Mesdames, rassurées sur la santé du roi, à mesure qu’elles approchèrent de Metz, y arrivèrent avec bien des espérances nouvelles. […] L’âge paisible avance ; on y touche, on y est arrivé : ce n’est pas sans péril et sans peine. […] Casanova, le joyeux conteur, nous a fait assister à l’un de ces dîners dont il fut témoin à Fontainebleau : « J’arrive dans une salle superbe où je vois une douzaine de courtisans qui se promenaient et une table d’au moins douze couverts, qui cependant n’était préparée que pour une seule personne.
Catinat dut arriver à Pignerol sous un nom supposé, y rester caché comme un prisonnier d’État et attendre l’effet des engagements contractés par Mattioli. […] Arrivés en ce lieu, ils y trouvèrent Catinat, comme c’était convenu avec celui-ci. […] Il rendait compte assez gaiement de ces circonstances à Louvois, dans une lettre du 6 septembre : « Je suis arrivé ici le 3e du mois, et j’y serais même arrivé le 2e, sans les mesures que j’ai prises avec M. de Saint-Mars pour y entrer secrètement. […] Arrivé à Casal, Catinat avait à se concerter avec M. de Boufflers pour la fin de l’entreprise.
Je marchai sous l’escorte de la patrouille autrichienne, et j’arrivai à la maison du maréchal de Saxe sans trouver d’autre garde quo sa garde d’honneur. […] Après avoir fait ma commission, je lui fis observer que les hussards autrichiens qui me servaient d’escorte auraient pu la faire comme moi, sur la facilité que j’avais trouvée à arriver jusqu’à sa maison sans trouver un poste français : il se leva, envoya chercher les officiers généraux du jour, et je crois qu’ils furent sévèrement réprimandés. » Et maintenant veut-on savoir en quels termes le maréchal de Saxe réclamait cette sauvegarde, non pas directement du prince Charles, mais du comte de Batthyany, le général autrichien ? […] Il lui dit que l’ennemi ne s’était rendu si promptement que parce que le grand magasin à poudre, qui était dans une casemate du vieux château, était prêt à sauter par tous les débris des poutres que nos bombes avaient incendiées ; qu’il y avait cent cinquante milliers de poudre, et que, si ce malheur arrivait, toute la ville courrait de grands risques. […] monsieur le comte, vous vous fâchez ; M. le comte de Clermont a envoyé recevoir les ordres de M. le maréchal, il les aura dans un moment. » En effet, la réponse arriva : ce fut d’aller en avant, comme le comte d’Estrées l’avait proposé. » Ce récit n’est point tout à fait exact, et Rochambeau, présent à l’action, le rectifie sur quelques points : « M. le comte d’Estrées marcha, à la tête de plusieurs colonnes d’infanterie, droit au village (d’Ans), le faisant tourner par l’infanterie des troupes légères : il fut emporté, et la gauche de l’ennemi fut prise en flanc par tout le corps commandé par ces trois généraux. […] Ce qu’on n’osait pas dire au maréchal de Saxe, on le lui disait. — La vérité est que l’ordre d’aller en avant n’arriva pas pour le moment : le comte d’Estrées ne put donner son coup de collier que plus tard.
Ces sortes de lettres, brillantes de forme et d’art, et où il n’y avait pas trop de petits secrets ni de médisances, faisaient bruit dans la société, et chacun désirait les lire. « Je ne veux pas oublier ce qui m’est arrivé ce matin, écrit Mme de Coulanges à son amie ; on m’a dit : Madame, voilà un laquais de Mme de Thianges ; j’ai ordonné qu’on le fît entrer. […] Et Mme de Sévigné, est-ce donc qu’il ne lui arrive jamais de philosopher et de disserter ? […] Tant qu’elle se borne à rire des Etats, des gentilshommes campagnards et de leurs galas étourdissants, et de leur enthousiasme à tout voter entre midi et une heure, et de toutes les autres folies du prochain de Bretagne après dîner, cela est bien, cela est d’une solide et légitime plaisanterie, cela rappelle en certains endroits la touche de Molière : mais, du moment qu’il y a eu de petites tranchées en Bretagne, et à Rennes une colique pierreuse, c’est-à-dire que le gouverneur, M. de Chaulnes, voulant dissiper le peuple par sa présence, a été repoussé chez lui a coups de pierres ; du moment que M. de Forbin arrive avec six mille hommes de troupes contre les mutins, et que ces pauvres diables, du plus loin qu’ils aperçoivent les troupes royales, se débandent par les champs, se jettent à genoux, en criant Meà culpà (car c’est le seul mot de français qu’ils sachent) ; quand, pour châtier Rennes, on transfère son parlement à Vannes, qu’on prend à l’aventure vingt-cinq ou trente hommes pour les pendre, qu’on chasse et qu’on bannit toute une grande rue, femmes accouchées, vieillards, enfants, avec défense de les recueillir, sous peine de mort ; quand on roue, qu’on écartèle, et qu’à force d’avoir écartelé et roué l’on se relâche, et qu’on pend : au milieu de ces horreurs exercées contre des innocents ou pauvres égarés, on souffre de voir Mme de Sévigné se jouer presque comme à l’ordinaire ; on lui voudrait une indignation brûlante, amère, généreuse ; surtout on voudrait effacer de ses lettres des lignes comme celles-ci : « Les mutins de Rennes se sont sauvés il y a longtemps : ainsi les bons pâtiront pour les méchants : mais je trouve tout fort bon, pourvu que les quatre mille hommes de guerre qui sont à Rennes, sous MM. de Forbin et de Vins, ne m’empêchent point de me promener dans mes bois, qui sont d’une hauteur et d’une beauté merveilleuses ; » et ailleurs : « On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre. […] Il lui arrive quelquefois de recommander des galériens à M. de Vivonne ou à M. de Grignan. […] Malherbe et Balzac fondèrent dans notre littérature le style savant, châtié, poli, travaillé, dans l’enfantement duquel on arrive de la pensée à l’expression, lentement, par degrés, à force de tâtonnements et de ratures.
Comme elles sont échappées à l’auteur à l’occasion de ce qui arrivait à ses héros et à ses héroïnes, elles ont souvent la vertu de rappeler quelque joie ou quelque douleur de la vie ; et il y en a qui résument si bien une situation dramatique, que malgré soi on se laisse aller à rêver sur la scène de roman qui a dû les inspirer : l’imagination ne s’arrête pas longtemps à ce jeu qui serait bientôt un travail, mais cette excitation n’en a pas moins du charme. […] Nous arriverions peut-être ainsi à saisir le secret de cette manière qui consiste à ne développer jamais l’idée morale, mais à lui substituer un emblème ou un symbole. […] C’est précisément ce qui est arrivé par l’introduction dans notre langue d’une forme de style que nous appellerions volontiers comparaison symbolique, ou, pour être plus bref, symbole. […] Rousseau veut peindre cette espèce d’obsession de l’artiste à l’approche du génie, ces longs travaux qui précèdent la création, ces fureurs, ces transports pour arriver aux traits de vive flamme : M. […] Mais encore une fois ce n’est pas son but ; et quand il arrive au génie, il oublie ses deux images, il brise ses deux miroirs, et, au lieu de contempler son objet spirituel dans un emblème physique, il change d’inspiration, il se sert d’expressions abstraites ; il parle des accès d’une sainte manie , de l’ardeur qui le possède ; il prend ses figures à toutes sources : rien n’est suivi ; c’est une manière fragmentaire et hachée.
Et vous comptez y arriver, ange optimiste, en enseignant à cinquante enfants — peu de levain pour beaucoup de pâte alourdie de beaucoup de fange ! […] Il vous arrive, ange vraiment trop naïf, d’appeler Édouard Drumont, juif en chef de l’antisémitisme, « le prophète contemporain » et de le compter « parmi les héros auxquels la couronne de gloire sera remise par les anges au jour bienheureux du festin mystique ». […] Il lui arrive de cacographier comme un chef de la sûreté ou comme un pur journaliste. […] Goron, de Saint-Georges de Bouhélier ou même de mon ami Jean-Bernard : « À part l’escarbot merdivore, à part les saints déjà nommés, nul être humain ne barbota dans la crotte avec de pareilles délices. » Certes quand je cite de telles phrases chez Saint-Georges de Bouhélier c’est pour faire connaître par des exemples la manière ordinaire de mon auteur ; ici, je ris d’un accident plutôt rare, mais qui ne serait jamais arrivé au Tailhade ancien. […] Il arrive toujours les mains chargées d’un bouquet d’espérances, fleurs de papier qu’il croit peut-être vivantes, que dans tous les cas il affirme vivantes.
Le propre des conversations de Napoléon, comme de celles de Pascal, était de se graver bon gré mal gré dans les esprits qui l’écoutaient, de nous arriver reconnaissables même à travers les témoins les plus ordinaires, et l’on est tout surpris, quand on les retrouve rapportées quelque part, de l’éclat soudain qu’elles jettent sur les pages insignifiantes d’à côté. […] Il était fort gêné dans ses affaires, lorsqu’en novembre 1797 Napoléon arriva à Paris. […] Ils arrivaient sur leurs mules richement harnachées, environnés de leurs domestiques et d’un grand nombre de bâtonniers. […] Kléber arrivait à ce moment d’Alexandrie, et, voyant ce vieillard tout tremblant qui baisait la main du général en chef, il lui demanda qui c’était : C’est le chef de la révolte, lui répondit Napoléon. — Eh quoi ! […] Bientôt les nouvelles de France lui montrèrent qu’un rôle tout nouveau l’attendait : « Tout lui annonçait, dit-il, que le moment désigné par le Destin était arrivé. » Eh !
On a besoin d’en prendre idée et de la suivre tant soit peu dans les diverses directions où elle s’est risquée, pour arriver à une conclusion équitable sur la nature de l’homme et sur celle du talent. […] Les réparations arrivèrent. […] Comme tous les hommes arrivés à un grand renom et très redoutés, mais qui ne se gouvernent pas avec prudence, il allait, se trouver en présence d’hommes de talent, plus jeunes, hardis, énergiques, avides de célébrité aussi, ayant leur réputation à faire, et pour qui il devenait, s’il n’y prenait garde, une proie très appétissante. […] On voit qu’il arrive à Beaumarchais comme à nous tous : nous devenons prudents et sages, du moment que nos passions s’apaisent, que nos intérêts (y compris les intérêts de nos talents et de nos facultés les plus chères) sont hors de cause ; celui qui a mis au monde Figaro, qui l’a poussé envers et contre tous, et qui n’a plus grand-chose de nouveau à ajouter, voudrait dire holà ! […] Dans les mémoires qu’il adressa à ce sujet à la Convention, et qu’il divisa en six Époques, il lui arrive (chose inattendue et singulière !)
on pourrait crier : elle arrive ! […] Le premier poëte qui arrive, arrive au sommet. […] Voyez le point où la spermatologie et l’ovologie sont arrivées aujourd’hui, et rappelez-vous Mariana reprochant à Arnaud de Villeneuve, qui trouva l’alcool et l’huile de térébenthine, le crime bizarre d’avoir essayé la génération humaine dans une citrouille. […] L’Iliade s’éloigne, le Romancero arrive ; la Bible s’enfonce, le Koran surgit ; après l’aquilon Pindare vient l’ouragan Dante.
Quand il est arrivé à chacun de mes gosses, il leur prenait la tête entre ses mains : « D’où viens-tu, mon petit ? […] », et parfois il arrive qu’un grand chef demande aux aumôniers de parler aux hommes à la veille d’une action. […] » Il insistait sur l’exaltation des blessés de ces journées rayonnantes, qui arrivaient au poste de secours avec de très laides blessures et après des assauts furieux, et qui, tout secoués d’enthousiasme, ne savaient que dire au major : « Les Boches sont percés ; ils sont chassés de France. […] Vous qui arrivez, faites comme le 20e corps. […] La nouvelle arrive le 4 août ; le 6, laissant ses récoltes inachevées et rendant son bétail à la liberté de la prairie.
J’ai dit qu’envoyé en Espagne par le duc de Mayenne pour sonder les véritables intentions de Philippe II et faisant ce voyage dans une médiocre espérance, il arriva à reconnaître dès les premières audiences que Philippe II, en s’intéressant aux affaires de la Ligue, ne voulait autre chose que la part du lion, la couronne de France pour l’infante sa fille. […] Le docteur Boucher, curé de Saint-Benoît, et deux autres députés de sa couleur arrivèrent auprès du duc de Mayenne à Rethel, porteurs de cahiers et de demandes au nom de la faction ; ils accusaient sous main le duc de Mayenne de leur avoir retiré leurs moyens d’action et de pouvoir, « et publiquement ils blâmaient ceux qui l’assistaient, au nombre desquels je n’étais épargné, dit Villeroi, ni ledit sieur président Jeannin, qui eut de grandes paroles avec eux » En s’en prenant à Villeroi et à Jeannin, ils s’attaquaient, en effet, aux deux meilleures têtes du conseil de Mayenne, et, dans la personne de Jeannin, à la plus brave et à la plus courageuse. […] Il importait que Jeannin et l’ancien ambassadeur Buzenval, qui y retournait avec lui, arrivassent à La Haye avant un certain jour où une détermination pouvait être prise. […] À la fin nous vîmes Flessingue, première ville de Zélande ; et quelque devoir que fissent les matelots, il était sept heures de nuit que nous étions encore à trois milles du port, où les vaisseaux ne pouvaient entrer qu’au lendemain et au retour de la marée qui nous venait de faillir ; cela n’empêcha point que cet homme sans peur, contre le conseil du pilote, ne se mît à la nuit et par un mauvais temps dans la chaloupe du vaisseau, duquel on tira quelques coups de pièces pour avertir que l’ambassadeur arrivait.
Il y avait l’œil, comme il dit, il y mettait de la suite, et arrivait avec un peu de temps à tout bien savoir et à bonne fin. […] L’étude des belles lettres, qui l’occupait d’abord et où il excellait, se subordonna d’elle-même dans sa pensée dès qu’il eut jeté les yeux sur la Bible, ce qui lui arriva dans son année de seconde ou de rhétorique : ce moment où il rencontra et lut pour la première fois une Bible latine, et l’impression de joie et de lumière qu’il en ressentit, lui restèrent toujours présents, et il en parlait encore dans ses derniers jours ; il en fut comme révélé à lui-même ; il devint l’enfant et bientôt l’homme de l’Écriture et de la parole sainte. […] La méthode ou, pour mieux dire, le procédé de Bossuet était autre, non pas qu’il ne lui arrivât sans doute de répéter le même discours ; il y en a qu’on lui redemandait d’une année à l’autre ; mais, dans ce cas encore, il est douteux qu’il les récitât exactement de même. […] L’abbé Le Dieu n’a peut-être pas sur ces points toute l’exactitude et la connaissance de détail qu’on désirerait : ce qui du moins reste bien manifeste, c’est que la littérature profane, en prenant alors une grande place dans les études de Bossuet, n’y envahit rien, n’y empiète point sur le reste ; elle a ses limites arrêtées à l’avance : bien qu’on nous dise qu’il lui arrivait quelquefois de réciter des vers d’Homère en dormant, tant il en avait été frappé la veille, il n’éprouva jamais dans ces sortes de lectures cette légère ivresse poétique qui, dans l’âme et rimagination séduite de Fénelon, se produira par le Télémaque.