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604. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Il s’arrête à toute ligne du texte qui lui permet de dessiner non une action nette et déterminée, mais une plaine, une gorge de montagnes, une prairie, un effet de lumière. […] La ressemblance, disons-nous, ne s’arrête pas aux aventures de l’auteur et du héros, elle est moins extérieure et plus intime. […] De quelque façon qu’on le commente, sur quelque épisode qu’on s’arrête, sur quelque sentence qu’on médite, on se trouve toujours en face de la même grande pensée, l’excellence du vrai. […] Notre touriste moderne est trop pressé pour s’arrêter pour si peu. […] Tout voyageur a pu remarquer la déplaisante curiosité dont il est l’objet lorsqu’il s’arrête dans une petite ville.

605. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

La mort nous arrête à temps, tous tant que nous sommes, sur une pente fâcheuse. […] Tant y a qu’elle l’épouse dans le dessein bien arrêté de n’être pas sa femme. […] Ce furent les deux obstacles devant lesquels s’arrêta Volney. […] Bismarck s’arrête. […] Il s’arrête.

606. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »

Lisez dans Crépuscules le long poème intitulé : L’Eau du fleuve, arrêtez-vous plus particulièrement à la pièce qui commence ainsi : La lune illumine la nuit du fleuve et vous connaîtrez l’ampleur de vision de M. 

607. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

Ses personnages sont arrêtés dans le cadre d’une fresque tranquille.

608. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Le peu d’ordre & de liaison qui y regnent, les contradictions qui y fourmillent, les saillies d’une imagination vive qui ne s’assujettit à rien, un cynisme qui brave tout & s’égaye aux dépens de tout, une licence qu’aucun objet n’arrête, & dont la Religion, la Morale & les Bienséances n’ont pu ralentir l’intrépidité, ont contribué, plus que tout le reste, à son mérite littéraire, parce qu’il est facile d’être neuf & piquant, quand on est hardi & caustique.

609. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre IV. Effet pittoresque des ruines. — Ruines de Palmyre, d’Égypte, etc. »

Quelquefois une caravane, arrêtée dans ces déserts, y multiplie les effets pittoresques : le costume oriental allie bien sa noblesse à la noblesse de ces ruines ; et les chameaux semblent en accroître les dimensions, lorsque, couchés entre des fragments de maçonnerie, ils ne laissent voir que leurs têtes fauves et leurs dos bossus.

610. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Allegrain » p. 322

Elle était tentée d’accuser le cou d’être un peu court, mais elle se reprenait en considérant que la tête était inclinée. à son avis, le goût de la coëffure pouvait être plus grand ; mais lorsque l’œil s’arrêta sur les épaules, elle ne put s’empêcher de s’écrier : les belles épaules !

611. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

Si donc nous nous guidons sur elle, si nous allons chercher au temps des caractères comme ceux de l’espace, c’est à l’espace que nous nous arrêterons, à l’espace qui recouvre le temps et qui le représente à nos yeux commodément : nous n’aurons pas poussé jusqu’au temps lui-même.

612. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

. — Primitivement, la résistance n’est pour nous que le pouvoir d’arrêter une série commencée de sensations musculaires. — Corps lisses, rudes, piquants, unis, durs, mous, collants, humides. — Nous n’entendons par ces propriétés que le pouvoir de provoquer tel mode ou modification d’une sensation ou d’une série de sensations musculaires et tactiles. […] En effet, l’un peut remplacer l’autre : une fois que nos sens sont instruits, nous découvrons que telle série de sensations musculaires constatée par la conscience équivaut à tel mouvement de notre main constaté par les yeux ou par le toucher ; nous substituons le second fait au premier, comme plus commode à imaginer et plus répandu dans la nature, et, dorénavant, nous définissons la résistance comme le pouvoir d’arrêter le mouvement de notre bras et en général d’un corps quelconque. — Mais ceci est une conception ultérieure. Primitivement, la résistance n’est pour nous que le pouvoir d’arrêter une série commencée de sensations musculaires, et les autres qualités tactiles se réduisent, comme la résistance, au pouvoir de provoquer telle sensation musculaire ou tactile plus ou moins simple ou composée, tel mode ou modification d’une sensation ou d’une série de sensations musculaires et tactiles. — Un corps est lisse ou rude ; cela signifie qu’il peut provoquer une sensation de contact uniforme et douce, ou une sensation de contact irrégulière et forte. […] Bain, ou quand un membre commence à se fléchir, nous sentons distinctement si la contraction et la flexion sont achevées ou non, et à quel point de leur cours elles s’arrêtent ; il y a une certaine sensation qui correspond à la demi-contraction, une autre qui correspond à la contraction prolongée jusqu’aux trois quarts, une autre encore qui correspond à la contraction complète. » Ainsi nous distinguons non seulement un surplus d’intensité, mais encore un surplus de durée ajouté à la sensation. […] Il concevait l’étendue vide par ses sensations musculaires de locomotion libre ; il la conçoit maintenant par le mouvement non arrêté d’un corps quelconque.

613. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

L’ami contristé s’éloigna ; mais la mère, encore jeune, de Goethe l’arrêta, à l’insu de son mari, dans l’antichambre, lui redemanda le volume et le lut en secret comme un objet d’édification de ses enfants. […] XVII Après ce voyage à Naples et en Sicile, voyage qu’il faut faire quand on veut chanter, car tout y chante dans la nature, mer, ciel, montagnes, atmosphère et impressions, Goethe s’arrêta quelques années à Rome. […] Le père le montre à son enfant ; on s’informe, on s’attroupe, on s’empresse ; la musique s’interrompt, la danse s’arrête. […] — « Je te mènerai loin, se dit tout bas Méphistophélès, car tu es une de ces âmes qui ne s’arrêtent jamais dans leur course effrénée vers la science ou vers la puissance !  […] Arrêtons-nous là pour aujourd’hui, là où le pathétique commence, et réservons pour le prochain entretien les développements d’un drame qui se joue dans l’âme plus encore que sur la scène, et dont on ne peut omettre un détail, parce que chaque détail est un coup de sympathie mille fois plus acéré qu’un coup de poignard.

614. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Il s’arrêtait à chaque pas pour faire une remarque ou pour conter une anecdote de sa vie de Sardaigne ou de Russie. […] Après ces longues promenades, où l’esprit et les pas s’égaraient délicieusement à sa suite, il rentrait à la maison ; quelquefois il s’arrêtait encore un moment à l’église du faubourg ou du village ; puis la conversation reprenait jusqu’au souper, aussi diverse, aussi enjouée et quelquefois aussi étincelante qu’en plein soleil. […] C’est une pierre qui roule d’en haut ; sa loi est d’écraser ce qui l’arrête. […] Je le laissai dire, car il ne faut jamais arrêter un Français qui fait sa pointe. […] Je pourrais donner beaucoup plus de développement à ces idées ; mais, pour abréger, j’arrêterai seulement votre pensée sur un phénomène remarquable : c’est que nulle nation n’a le talent d’en gouverner une autre.

615. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Quand le père trouvait dans ces volumes certains passages qui pouvaient être dangereux à l’imagination d’une jeune personne, il lui suffisait d’y mettre une marque pour en interdire la lecture ; l’épée de l’ange exterminateur n’aurait pas été plus sûre d’être obéie ; la jeune fille s’arrêtait et passait aux pages non interdites. […] Tout me disait d’y aller, mais je n’ai fait que deux pas dehors et me suis arrêtée à l’écurie des moutons pour voir un agneau blanc qui venait de naître. […] Je n’ai fait que passer dans ma chambrette depuis samedi ; à présent seulement je m’arrête, et c’est pour écrire à Mimi bien au long et deux mots ici. […] Crois-tu que, si je courais vers toi, une fleur sur mon chemin ou une épine au pied m’arrêtassent ? […] Voilà de quoi me plaire ici et murer ma porte à tout ce qui se voit ailleurs. » XLVIII Arrêtons-nous un moment ici, où ses dernières joies finissent, et demandons à nos lecteurs s’ils ont trouvé ailleurs ces ouvertures sur l’âme humaine qui laissent mieux voir au fond d’un cœur.

616. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Je n’étais jamais las d’aller, mais, dès que je m’arrêtais, aussitôt je souffrais. […] Arrêté à Londres, il se croit encore amoureux d’une belle et suspecte Anglaise, amoureuse de son groom. […] Pour ce qui est d’Oreste, il m’était venu un scrupule avant de le développer ; mais, comme ce scrupule était chose mesquine en soi et peu digne d’arrêter, mon ami me le leva avec quelques mots. […] Louis XV, placé entre la fidélité à sa parole et l’infidélité à son honneur de roi, le fit arrêter à l’Opéra le 10 décembre 1748. […] Aussitôt qu’il aété descendu de carrosse pour entrer dans le cul-de-sac de l’Opéra, M. de Vaudreuil, major du régiment des gardes, lui a dit qu’il était chargé de l’ordre du roi pour l’arrêter, et, dans le moment même, six sergents aux gardes, qui étaient en habits bourgeois, l’ont saisi par les deux bras et par les deux jambes et l’ont enlevé de terre ; on lui a jeté et passé sur-le-champ un cordon de soie, qui lui a embrassé et serré les deux bras… Il s’est, dit-on, un peu trouvé mal ; on l’a passé ainsi par la porte du fond du cul-de-sac qui rend dans la cour des cuisines du Palais-Royal ; on l’a mis dans un carrosse de remise dans lequel M. de Vaudreuil l’a accompagné.”

617. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Suspendez la décomposition vitale, par exemple au moyen de certaines substances toxiques : loin de conserver la vie, vous l’arrêterez. […] alors la cloche des morts peut sonner ; que le cadran s’arrête, que l’aiguille tombe et que le temps soit accompli pour moi. » L’activité ne change que pour se maintenir, pour s’adapter progressivement à un milieu qui change lui-même, pour accroître enfin ses conquêtes sans perdre ses acquisitions. […] Dans les sons dissonants, la perception même des sons tend à être détruite, car, par suite des battements et des interférences les tons se supplantent, se repoussent, s’arrêtent ; le sentiment de supplantation et d’arrêt se traduit, ici encore, en déplaisir, comme la supplantation des rayons lumineux dans le noir. En un mot tout ce qui tend à arrêter et à anéantir une fonction des sens produit gêne ou peine. Il en est de même pour les fonctions de la pensée, fût-ce la simple attention et « aperception » : ce que nous pouvons difficilement apercevoir, ce qui est trop grand ou trop petit, trop confus ou trop indistinct, ce qui arrête le regard de la pensée et tend à supprimer la pensée même, produit un commencement de déplaisir.

618. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

2 janvier À propos de M. de Nieuwerkerke, devenu la cible et le Saint-Sébastien des petits journaux, il me semble que le gouvernement jette ses ministres et ses hauts fonctionnaires à manger à l’opposition, à l’exemple d’un Russe en traîneau, qui, poursuivi par une bande de loups toujours croissante et s’allongeant à l’infini, jette, pour les arrêter et gagner du temps, ses provisions, ses couvertures, ses bottes. […] » Elle s’arrête, puis repart : « Oh ! […] De temps en temps, s’essuyant le front, les porteurs l’arrêtent en des stations d’agonie. […] Fils d’un capitaine de l’Empire, et d’une mère ruinée par des procès de famille, il se trouvait avoir sept ans, après la mort de son père, lorsque le comte de Clermont-Tonnerre, le ministre de la guerre d’alors, s’étant arrêté au Bourg-d’Oisans, se prit d’intérêt pour le jeune enfant qu’il était, et trois ans après, envoya à sa mère une bourse pour le collège de la Flèche. […] * * * — M. de Sacy racontait, ce matin, que lorsqu’on apprit au général Sébastiani l’assassinat de sa fille, Mme de Praslin, le général arrêta celui qui lui apportait la nouvelle, par un : « Ah !

619. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Elle a pour fonction de l’arrêter au passage et de le fouiller, rejetant le chimérique, constatant le réel. […] D’autres s’arrêtent et redescendent ; il y a de sombres lassitudes. […] Le bruit des ailes des quatre anges était comme le bruit du Tout-Puissant, et quand ils s’arrêtaient ils baissaient leurs ailes. […] Balbeck dans la Syrie Creuse, Apamée sur l’Oronte où Nicanor nourrissait ses éléphants, le port d’Asiongaber où s’arrêtaient les vaisseaux d’Ophir, chargés d’or, Segher, qui produisait l’encens blanc, préféré à celui d’Hadramauth, les deux Syrtes, la montagne d’émeraude Smaragdus, les Nasamones qui pillaient les naufragés, la nation noire Agyzimba, Adribé, ville des crocodiles, Cynopolis, ville des chiens, les surprenantes cités de la Comagène, Claudias et Barsalium, peut-être même Tadamora, la ville de Salomon ; telles étaient les étapes de ce pèlerinage, presque fabuleux, des penseurs. […] Une fois remis sur pied, le voici en marche, il ne s’arrête plus.

620. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

L’inclination s’arrête au premier mouvement : y a-t-il rien d’égoïste dans l’amour maternel par exemple ? […] Par suite de cette espèce d’affinité qu’ont les idées, la vie de l’esprit ne s’arrête jamais. […] La mémoire peut s’arrêter là. […] Il s’y arrête, et c’est alors que le souvenir se trouve localisé. […] Il n’a pas la force d’arrêter son activité, de réfléchir ; l’homme seul peut se contenir, s’arrêter, réfléchir, et choisir.

621. (1895) Hommes et livres

mais ils sont, même les plus pieux, d’esprit trop essentiellement laïque, pour s’arrêter au moyen âge ecclésiastique. […] Ils s’arrêtent où commencent l’histoire et l’art. […] Mais on ne s’y arrête guère : quand on étudie les prosateurs, on passe, je devrais dire, on saute de Montaigne et d’Amyot à Balzac et à Voiture. […] Mais il ne faut pas s’arrêter aux apparences : Montchrétien est moins équivoque et moins mauvais diable qu’on ne croirait d’abord. […] Faguet, qu’à côté du critique il y a dans Montesquieu un politique positif, ayant des vues susceptibles d’application, un programme arrêté.

622. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Il ne perdit pas une heure dans toute sa vie, pas même l’heure de sa mort ; il écrivait encore on ne sait quoi sur ses tablettes dans sa litière, au moment où, arrêté par les sicaires d’Antoine, il leur tendit sa tête pour mourir. […] Quel est le terme où s’arrêtera cette audace effrénée ? […] Tu as fixé le moment de ton départ ; tu as dit que la seule chose qui pût t’arrêter, c’est que je vivais encore. […] Et qui pourrait encore t’y arrêter ? […] Qui t’arrête ?

623. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Au retour il est arrêté comme forçat libéré. […] La certitude de ces injustices excita prématurément dans mon âme la fierté, ce fruit de la raison, qui sans doute arrêta les mauvais penchants qu’une semblable éducation encourageait. […] Pour la première fois de ma vie, je pouvais m’arrêter sous un arbre, marcher lentement ou vite à mon gré sans être questionné par personne. […] Mais chaque fois que je retrouvais au penchant de la côte voisine le mignon castel aperçu, choisi par mon premier regard, je m’y arrêtais complaisamment. […] Les romanciers français n’ont pas une sphère bien arrêtée dans laquelle on puisse délimiter l’action de leur plume.

624. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Il sentait la nécessité d’arrêter les Perses avant qu’ils eussent atteint toute leur grandeur, et voulait, s’il était possible, détruire une puissance qui s’accroissait chaque jour. […] « Cyrus, instruit par ce message, examina de quelle manière il amènerait les Perses à se révolter ; et, après avoir longtemps délibéré, il s’arrêta à un stratagème dont le succès lui parut certain : voici en quoi il consistait. […] Arrivé près d’eux, il détacha adroitement les liens qui fermaient l’orifice de deux ou trois outres ; et, quand le vin commença à couler, il se frappa la tête comme un homme désespéré qui ne savait auquel de ses ânes il courrait d’abord pour arrêter le mal. […] Les Lacédémoniens, restés dans le doute, se déterminèrent à envoyer consulter l’oracle de Delphes sur le parti auquel il leur convenait de s’arrêter ; et la pythie leur ordonna de prendre les deux enfants pour rois, mais cependant de rendre de plus grands honneurs au plus âgé. […] Hérodote s’arrête après la libération de sa patrie.

625. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Mais pour définir l’inertie de la matière, on dira qu’elle ne peut se mouvoir d’elle-même ni d’elle-même s’arrêter, que tout corps persévère dans le repos ou le mouvement tant qu’aucune force n’intervient : et, dans les deux cas, c’est à l’idée d’activité qu’on se reporte nécessairement. […] C’est sur cette question de l’égale possibilité, de deux actions ou de deux volitions contraires que nous nous arrêterons d’abord : peut-être recueillerons-nous ainsi quelque indication sur la nature de l’opération par laquelle la volonté choisit. […] Déclarer que le moi, arrivé au point O, choisit indifféremment entre X et Y, c’est s’arrêter à mi-chemin dans la voie du symbolisme géométrique, c’est faire cristalliser au point O une partie seulement de cette activité continue où nous discernions sans doute deux directions différentes, mais qui, en outre, a abouti à X ou à Y : pourquoi ne pas tenir compte de ce dernier fait comme des deux autres ? […] Toutefois, il ne nous paraît pas inutile de nous arrêter sur cette dernière forme de l’argumentation déterministe, quand ce ne serait que pour éclaircir, de notre point de vue, le sens des deux mots détermination et causalité. […] On conçoit donc qu’en un certain sens on puisse encore dire ici que l’avenir était préformé dans le présent ; mais il faudra ajouter que cette préformation est fort imparfaite, puisque l’action future dont on a l’idée présente est conçue comme réalisable mais non pas comme réalisée, et que, même lorsqu’on esquisse l’effort nécessaire pour l’accomplir, on sent bien qu’il est encore temps de s’arrêter.

626. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

On y ferait à chaque pas, en se baissant, son butin de moraliste : « Chaque femme se croit volée de tout l’amour qu’on a pour une autre. » — « Madame Lauter, encore sur ce point, était comme toutes les femmes, — excepté vous, madame ; — elle ne plaçait l’infidélité que dans la dernière faveur. » — « On ne se dit : Je vous aime, en propres termes, que quand on a épuisé toutes les autres manières de le dire ; et il y en a tant que l’on n’arrive quelquefois à dire le mot que lorsqu’on ne sent plus la chose et que le mot est devenu un mensonge. » — « La justice du monde, comme la justice des lois, ne découvre presque jamais les crimes que lorsqu’ils n’existent pas encore, ou lorsqu’ils n’existent plus. » — Mais je m’arrête, de peur du sourire de l’auteur, pendant que je me baisse à ramasser ainsi les aphorismes qu’il sème en s’en moquant tout le premier : il me ferait niche par derrière.

627. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

Longuement il arrêta ses yeux sur l’une d’elles.

628. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Son goût littéraire n’était pas l’admiration banale qui s’arrête au beau langage ; c’était un salutaire commerce avec un monde plus pur que le nôtre, un sentiment filial pour ces vieux sages dont nous faisons à bon droit les précepteurs et les consolateurs de notre vie.

629. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

Nous ne parlerons pas de ses Opuscules poétiques, non plus que de ses petites Productions en prose, qui ne paroissent être que le fruit de ses délassemens, & annoncent néanmoins l’homme sage & l’esprit cultivé : nous nous arrêterons avec plaisir à son Ouvrage principal, qui a pour titre : Recherches sur l’origine des découvertes attribuées aux Modernes.

630. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 236-239

Nous savons très-certainement que M. l'Abbé Dinouart ne leur a jamais témoigné qu'il fût dans le dessein de donner une nouvelle édition du Santoliana ; que, loin de favoriser ce projet, ils en auroient arrêté l'exécution.

631. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Puis le vol reprend, reprend sans cesse, et il semble qu’il ne s’arrêtera jamais : chaque vers a la rapidité d’un coup d’aile, l’éblouissement d’une vision. […] Toute idée d’Hugo doit être un lieu commun, c’est chose arrêtée d’avance. […] Mabeuf, et Hugo lui-même au peuple : ni les uns ni les autres n’ont su arrêter à temps leurs illusions. […] Le navire ne s’arrête pas, ce navire-là a une route qu’il est forcé de continuer ; il passe. […] Il est des génies qui nous arrêtent au passage, parce qu’ils résument les temps, parce qu’ils ont même des paroles d’éternité : Ad quem ibimus ?

632. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Si cet homme est sourd de naissance, la langue n’étant pour lui qu’une simple peinture, il verra passer tour à tour les hiéroglyphes ou les images des choses sur lesquelles il méditera28. » Les mêmes idées et presque les mêmes termes se retrouvent dans les ouvrages de de Bonald, chez qui la parole intérieure devient la clef de voûte d’un système complet de philosophie théorique et pratique, ou, comme il dit, « l’explication du mystère de l’être intelligent. » A ce titre, cette doctrine mérite de nous arrêter quelque temps ; il est important de constater que la plus extrême des philosophies qui proclament la nécessité du langage repose sur une description inexacte et sur une interprétation fautive du phénomène de la parole intérieure. […] Dans vingt passages, il semble dire que la parole intérieure s’arrête de temps à autre pour faire place à une série de représentations visibles : ce changement de langage intérieur aurait lieu quand nous nous mettons à penser à des objets individuels et matériels, car la parole n’est l’expression que des idées proprement intellectuelles, c’est-à-dire générales ou morales. […] Sans s’arrêter au simple fait de la simultanéité ordinaire, sans se demander si le fait est vraiment universel et ne souffre pas des exceptions, il se hâte d’affirmer que le mot intérieur et la pensée qui lui correspond sont toujours rigoureusement simultanés, et en même temps il proclame que cette concomitance est une nécessité de notre nature44. […] Nous arrêterons ici nos critiques, la suite de la doctrine dépassant désormais l’objet de la psychologie descriptive. […] IV, § 8], il ne les a pas trouvées, et son esprit, faute de mieux, s’est arrêté à l’idée d’une mystérieuse nécessité, que pourtant il n’ose pas dire absolue.

633. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Il le regardait, à ses mardis, s’arrêter sous ses regards en un bassin curieux, lui révéler sa profondeur, le sens de son courant. […] Que l’on s’arrête au titre de son recueil de prose, Divagations. […] Opposez exactement ici un roman de Flaubert, un sonnet de Hérédia, systèmes arrêtés, convergents, et clos comme des concepts. […] Un poète hyperbolique, qui va loin sur le chemin où s’arrêta, pour construire son monument, Flaubert. […] Elle marque d’une pointe précise, la partie supérieure de l’édifice. « Culte, une loi — tout s’arrête à l’écrit, y revient.

634. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

À cet âge, en littérature généralement les injures s’arrêtent, et il en est fini de la critique insultante. […] Postillon, conducteur, voisins de rotonde, endroits où l’on s’arrêtait pour relayer, auberges où l’on mangea, je ne vis rien des choses de la route. […] c’est absolument positif, ça commence par les lobes frontaux et ça va… — Arrête-toi, lui dis-je, il y a des dames !  […] Alors l’idée un peu méphistophélique de jeter de l’imprévu, dans les combinaisons arrêtées d’avance du corps savant, nous prend d’improviser cette candidature, qui va produire le même effet qu’un pied posé dans une fourmilière, et cela est aussi mêlé de la pensée ironique du désarroi, que ça va mettre dans la hiérarchie maritime, cette anomalie d’un lieutenant de vaisseau, académicien. […] Alors, le roi y faisait placer des pièges pour prendre les voleurs, et l’un des deux frères était pris, et l’autre lui coupait la tête, pour n’être pas reconnu et arrêté.

635. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Dans les cas d’attention spontanée, le corps entier converge vers son objet, les yeux, les oreilles, quelquefois les bras ; tous les mouvements s’arrêtent. […] Les mouvements s’arrêtent, mais pour réapparaître de temps en temps. […] Le dipsomane, en face d’un verre plein, l’avale ; et si une fée malfaisante le remplissait à mesure qu’il est vide, il ne s’arrêterait pas. […] Que nous ayons le pouvoir, dans beaucoup de cas, d’arrêter les mouvements de diverses parties de notre corps, c’est ce que l’expérience prouve à chaque instant. […] Mais le mécanisme est toujours le même ; il consiste à renforcer certains mouvements, à les coordonner en groupes simultanés  ou en série et à supprimer les autres, à les arrêter.

636. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Enfin, la Figure de Proue exprime le rêve réalisé, la révélation de la vraie vie : J’ai pris la grande route et ne puis m’arrêter. […] La poésie, comme la peinture, a pour but de fixer des impressions fugitives, arrêtées, figées dans leur mouvement. […] … Car, si tu t’arrêtais, ne fût-ce qu’un moment J’entendrais… j’entendrais au profond du silence Quelque chose d’affreux qui pleure horriblement. […] Le char s’arrête à jamais, et il dédie au « seul Mage Inimitable et Parfait » son arche, les bons étalons et le lion amical. […] On y meurt d’amour, mais comme on sent bien que cette petite mort dans un coin n’entrave en rien la vie qui coule sans daigner s’arrêter.

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