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1263. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Le Mot de l’énigme, tout analyse et tout récit, sans aperçu, sans caractères, presque sans visages, car les personnages de ce roman ressemblent à des comparses, est du bavardage sans légèreté, sans le moindre petit mot pour rire, ah !

1264. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Il se pourrait bien, car l’illusion s’élève parfois des propres flambeaux de l’histoire, et quelque chose d’académique et de drapé dans ce siècle, qui eut toutes les splendeurs, même celle de l’hypocrisie, peut nous empêcher d’apercevoir ce qu’il eut aussi d’immoral et de fangeux.

1265. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Alors on comprend la tristesse, encore plus comique que le respect, de l’historien quand il s’aperçoit qu’il ne sait pas plus exactement le moment où commencèrent que celui où se terminèrent de si belles choses.

1266. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

La cécité de Semichon est si complète qu’il n’aperçoit pas plus les faits qui partent de son sujet que ceux qui y viennent.

1267. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Hors ce résultat, qui est la destruction, n’importe par quelles voies, du monde ancien et de ses hiérarchies, et l’érection, n’importe par quelles voies, du monde nouveau appuyé sur l’égalité politique, rien pour l’auteur de cette histoire ne vaut la peine d’être aperçu ou même regardé.

1268. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Malheureusement, Weill, qui a parfois de l’aperçu, veut être philosophe, et il abandonne trop la délicieuse rêverie du sentiment, qui est une plénitude, pour cette rêverie de la pensée, qui est un vide !

1269. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

ces jeunes gens, qu’aucun système, à cette époque, n’avait faussés, ambitionnaient encore l’aperçu qui sort des faits et qui, retombant sur eux comme une gerbe de lumière, les illumine.

1270. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Seulement, au milieu des platitudes, scrupuleusement épinglées de ses Mémoires, il y a la grande figure de Louis XIV, soleil couchant qu’on aperçoit à travers les atomes de toute cette vile poussière qu’il dore !

1271. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Il se place au cœur de toutes, pour les mieux voir et les mieux sentir, — et c’est de là que le moraliste qu’il est avant tout, ce Carlyle, aperçoit le côté ridicule, abusif, outrancier, caricaturesque de toute chose humaine, et qu’il part de cet éclat de rire qui rappelle cet immense éclaffeur de Rabelais, mais amertumé de la cruelle gaieté anglaise, plus féroce que la nôtre ; la gaieté de Swift et d’Hogarth !

1272. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Et pour se montrer plus journaliste encore, car si l’amusant est la visée du journaliste, l’idée commune est son véhicule et son moyen de succès, Pelletan s’est bien garde, sur Joseph de Maistre, d’un aperçu nouveau qui aurait déconcerté le public, cet ombrageux de médiocrité, et il a répétaillé encore une fois — une fois de plus — les idées sur le bourreau et sur l’Inquisition dont on fait une arme contre Joseph de Maistre, et qui traînent, comme pantoufles, à tout pied de grue qui veut les chausser !

1273. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Et, cela étant reconnu et irréfragablement certain, la Critique n’a point ici à s’occuper du génie de Balzac, incontestable comme la lumière, ni de ses Œuvres, pour lesquelles, s’il était nécessaire de les analyser et de les juger, il faudrait l’étendue d’un Cours de littérature, mais elle va s’occuper de son âme, de sa personne morale, à Balzac, aperçue, soupçonnée à travers son génie, mais vue — et pour la première fois — dans le plein jour d’une Correspondance qui montre la plus magnifique nature dans sa complète réalité !

1274. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Si cette femme d’aperçu, et qui savait si nettement styler sa pensée, avait cru jamais que juger les hommes c’était donner le sacre de la confiance à ces grands enfants qui se permettent la fatuité ou se prendre pour eux de compassion intellectuelle, nous n’aurions jamais retrouvé ce volume de lettres, savoureux et sain, où la rigueur de la raison et la brusquerie de la vérité se mêlent délicieusement la svelte légèreté du tour et au charme calmant d’une religieuse tristesse.

1275. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Et il avait aussi de cette tête petite qu’avait Montesquieu, a dit profondément Joubert, et qui procédait d’ordinaire par finesses et par aperçus plus subtils que vastes.

1276. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Vous apercevez dans les autres de la fatuité et des prétentions, mais en moi y a-t-il l’ombre d’amour-propre dans mon dévouement ?

1277. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Taine n’aperçoit que le mouvement du sang saxon, coupé de sang normand dont Lord Byron, par parenthèse, était plus fier que de l’autre, et il ne pénètre pas dans ce que Lord Byron a de plus intime, de moins connu, et je vais dire un mot étrange en parlant de Byron : de plus virginal.

1278. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Doublet n’a pas même aperçue dans son éternelle préoccupation du moi.

1279. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Gui, sous les lignes brisées de ce grand dessin géométrique qu’on aperçoit encore en ces Pensées, comme le plan interrompu d’une Pompéï quelconque après le tremblement de terre qui l’a engloutie, il y a une poésie, une poésie qu’on ne connaissait pas avant Pascal, dans son siècle réglé et tiré à quatre épingles ; la poésie du désespoir, de la foi par désespoir, de l’amour de Dieu par désespoir !

1280. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Il a grandi entre deux hypothèses, mais l’observation et l’expérimentation l’ont parfois arraché aux influences de sa naissance et de son éducation, et de l’aperçu il est monté jusqu’à la découverte.

1281. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

On pourrait le laisser perdu, noyé, imperceptible, presque invisible, dans son coin de littérature et de société, il n’est pas si grand qu’on l’y aperçoive !

1282. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Il n’y a là ni aperçu frappant, ni pensée nouvelle.

1283. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Le pathétique de tout cela est si grand, qu’on ne s’aperçoit de la beauté de ce conte inouï qu’à la réflexion et longtemps après qu’il est lu.

1284. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression  de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste !

1285. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Walckenaer a publié un livre exact, ramassé partout où il y avait un renseignement à prendre, et dans lequel il a répété, en digne érudit, c’est-à-dire en cultivateur exclusif de la faculté de la mémoire, toutes les formules de l’admiration classique sur La Fontaine, sans une phrase nouvelle ni un aperçu nouveau.

1286. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

» Et c’est si appréhendant et si maîtrisant pour notre âme, de pareils vers, qu’on ne s’aperçoit pas même des incorrections du poète ; car il y en a ici : on ne se soûle pas avec des tombeaux !

1287. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Et c’est cette petite fleur que j’ai aperçue au milieu du pré brouté par la démocratie, — que Pichat croit, lui !

1288. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Amédée Pommier fit le tour de force, pendant un an, d’un feuilleton hebdomadaire qui était un véritable poème, et jamais personne ne s’aperçut, dans le jet superbe du disque qui eût pesé à la main d’un autre, de la fatigue du discobole !

1289. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques galantins de ce temps appellent une tête forte, écrit, de sa plume titubante de femme littéraire : « L’exercice de la vie est le combat éternel contre soi », et elle ne s’aperçoit pas qu’elle est en pleine contradiction avec elle-même !

1290. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Deux lignes plus bas que celles dans lesquelles Thérèse se donne et qu’il ne faut pas se lasser de citer : « J’ai été coupable envers toi, et n’ayant pas eu la prudence égoïste de te fuir, il vaut mieux que je sois coupable envers moi-même », oui, seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques galantins de ce temps appellent une tête forte, écrit de sa plume titubante de femme littéraire, « l’exercice de la vie est le combat éternel contre soi », et elle ne s’aperçoit pas qu’elle est en pleine contradiction avec elle-même !

1291. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Et Dieu sait si je ne fais pas pourtant le plus que je peux la guerre sans trêve et sans relâche au matérialisme, si partout où je l’aperçois je ne frappe pas dru sur son affreuse panse de Falstaff !

1292. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Ils croiront que ce Nicolas Gogol, au nom si harmonieusement sauvage, est quelque Edgar Poë… ukrainien ou zaporogue, et ce sera une erreur dont ils s’apercevront bien vite, pour peu qu’ils ouvrent ces deux volumes, dont la prétention, au contraire est d’être cruellement réels.

1293. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Et il ne s’aperçoit pas que voilà les commissaires-priseurs, avec leurs procès-verbaux, lâchés dans la littérature !

1294. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Quand par une triste journée de décembre, depuis les tranchées du bois Saint-Mard, j’ai aperçu au-delà des lignes allemandes les toits et les clochers de Noyon, comment n’aurais-je pas souffert de sentir souillée par le Barbare, la ville de Jean Calvin ? 

1295. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Préoccupés de l’action, et attendant de telles ou telles institutions certains effets exigés par une certaine fin, nous avons plus de chances d’oublier ou de négliger les effets non demandés, ceux justement qu’il serait le plus important d’apercevoir.

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