Cependant celui-ci se décida à faire imprimer cette Iliade versifiée et réduite à douze chants ; elle parut pour la nouvelle année de 1714 avec un Discours sur Homère, où il déclarait tous ses sentiments ; et c’est alors, à ce moment de la paix d’Utrecht, la ville et la Cour étant de loisir, que la guerre littéraire éclata. […] Elle publia, avant la fin de cette même année 1714, son livre intitulé Des causes de la corruption du goût, une des productions solides de l’ancienne critique française, et où il y a plus d’esprit qu’on ne pense : La douleur, dit-elle en commençant, de voir ce poète si indignement traité, m’a fait résoudre à le défendre, quoique cette sorte d’ouvrage soit très opposée à mon humeur, car je suis très paresseuse et très pacifique, et le seul nom de guerre me fait peur ; mais le moyen de voir dans un si pitoyable état ce qu’on aime et de ne pas courir à son secours ! […] La jeunesse des premières années du xviiie siècle ne répondit pas, comme il aurait fallu, à cette parole de cœur où palpitait le zèle d’une amie : « M. de La Monnoye, écrivait Brossette à J. […] Ces travaux redoublés, ces nobles ardeurs et ces chagrins des dernières années la consumèrent ; elle mourut d’apoplexie le 17 août 1720, au Louvre, où son mari avait la charge de garde des livres du Cabinet : par une exception glorieuse et qui n’avait point encore eu d’exemple, la survivance lui en avait été accordée à elle-même. […] L’aimable et spirituel abbé Fraguier, le même qui, à l’apparition du premier manifeste de La Motte, avait fait en latin ce vœu public aux Muses de lire chaque jour de l’année 1714, avec son ami Rémond, mille vers d’Homère pour détourner loin de soi la contagion du sacrilège ; l’abbé Fraguier, dans une élégie également latine sur la mort de Mme Dacier, nous la représente arrivant aux champs Élysées et reçue par sa fille d’abord, cette jeune enfant qui court à elle les cheveux épars et en pleurant ; puis l’Ombre d’Homère, pareille à Jupiter apaisé, sort d’un bosquet voisin et la salue comme celle à qui il doit d’avoir vaincu et de régner encore (« Quod vici regnoque tuum est… »).
Ainsi échouent, disait-il encore en y revenant après bien des années, et non toutefois sans quelque amertume, ainsi échouent les plus nobles entreprises, conçues par une minorité éclairée et généreuse qui a oublié de regarder sur ses derrières, a compté les hommes au lieu de les peser, et ne sait pas qu’en dernière analyse les nations ne seront jamais gouvernées que comme elles sont faites. […] Arrêté et livré enfin, détenu à Tarbes durant plus d’une année, mais oublié heureusement des triumvirs de Paris, il fut rendu à la liberté en novembre 1794, et il reprit à l’instant le cours de ses travaux, de ses explorations à la fois positives et passionnées. […] Nommé associé de l’Institut en 1796 et professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de Tarbes, il eut quelques années favorables durant lesquelles il fut tout à la science et aux contrées de sa prédilection. […] Ce manuscrit, avec beaucoup d’autres papiers, contenant le fruit de quinze années de travaux assidus, fut pillé et détruit en 1814 par les Cosaques : « C’est venir de bien loin, remarquait-il avec une douce plainte, pour faire du mal à un homme qui n’en veut à personne. » Les Voyages au Mont-Perdu me semblent le plus classique des deux ouvrages de Ramond. […] La notice de Cuvier fait suffisamment connaître les services de Ramond au Conseil d’État dans les premières années de la Restauration.
On s’est, depuis quelque temps, fort occupé des autres, mais on a négligé ce dernier ; on ne le lit plus du tout, lui qui a été si lu dans les premières années du xviie siècle, et qui était même estimé alors par de bons esprits (médiocres juges en cela) égal ou supérieur à Montaignej. […] En cette même année 1588, si enflammée pour tous, et où il paraît qu’il avait lui-même sa fièvre et ses ardeurs, il fut près d’entrer dans la Ligue, comme il en convint quelques mois après, en écrivant à un docteur de Sorbonne de ses amis : Un temps a été, disait-il, que je marchandais d’être de la Ligue et y ai mis un pied dedans : car, en vérité je n’en fus jamais du tout, ni résolûment ; voire leurs actions m’ont outrément offensé. […] En attendant, Charron continuait son office de théologal et d’homme d’Église et combattait avec sincérité les protestants : il composait à Bordeaux, pendant ces années de troubles, et il publiait en 1595 son livre intitulé Les Trois Vérités. […] Ils venaient dans les premières années du règne de Henri IV pour rattacher à la religion de l’État et à celle du prince nombre d’esprits raisonneurs, sérieux, assez philosophiques, et surtout politiques. […] Ernest Mourin (1856), on lit page 218 (aux années 1588-1589) des extraits du journal de Louvet, sergent-royal au présidial d’Angers.
Il est aisé aujourd’hui à un ancien élève de l’École normale qui a de plus couronné son éducation classique à l’École d’Athènes, et qui a parcouru avec méthode pendant des années le cercle complet des lectures tant latines que grecques, de venir indiquer par où pouvait pécher une tentative d’imitation et un retour quelconque vers l’antique, et de relever les témérités ou les inexpériences. […] Or, en ces mêmes années, étudiant de mon côté le xvie siècle français et notre ancienne poésie à un point de vue critique, je ne fus pas longtemps à m’apercevoir d’un certain rapport entre ce qu’on avait voulu alors et ce qu’on désirait dans le présent. […] À l’âge de dix-sept ans, après sept ou huit années de courses, de dissipations, il se dit qu’il fallait être homme, compter dans son temps par un genre d’ambition et de succès qui ne ressemblât point à un autre, et cueillir la seule palme qui ne se flétrit pas. […] L’année suivante (1553), le docte Muret jugea à propos de commenter ce recueil de sonnets ; il voulait venger Ronsard contre la critique des ignorants, contre l’arrogance, disait-il, de ces acrêtés mignons dont « l’un le reprenait de se trop louer, l’autre d’écrire trop obscurément ; l’autre d’être trop audacieux à faire de nouveaux mots ». […] Dès ce moment la réputation de Ronsard, aidée de ce concours des doctes et de quelques hautes protections en cour, triompha de toute résistance ; Mellin de Saint-Gelais avait rendu les armes, et dans les années suivantes Ronsard, goûté des princes et adopté de la jeunesse, n’eut plus qu’à développer et à varier les applications de son talent.
Elle lutte sans doute, elle ne se détourne pas du droit chemin en un jour ; il lui faudra s’y reprendre bien des fois et pendant des années avant de courir au mal. […] J’abrège là ce qui occupe des pages, ce qui va se prolonger pendant des années. […] Au moment même où le père Rouault, arrivé tout exprès, vient d’enterrer sa fille, au milieu de sa douleur désespérée il a un mot de paysan, grotesque et sublime de naturel : chaque année il envoyait à Charles Bovary une dinde en souvenir de sa jambe remise ; en le quittant les larmes aux yeux, il lui dit pour dernier mot de sentiment : « N’ayez peur, vous recevrez toujours votre dinde. » Tout en me rendant bien compte du parti pris qui est la méthode même et qui constitue l’art poétique de l’auteur, un reproche que je fais à son livre, c’est que le bien est trop absent ; pas un personnage ne le représente. […] Dans ces vies de province, où il y a tant de tracasseries, de persécutions, d’ambitions chétives et de coups d’épingle, il y a aussi de bonnes et belles âmes, restées innocentes, mieux conservées qu’ailleurs et plus recueillies ; il y a de la pudeur, des résignations, des dévouements durant de longues années : qui de nous n’en sait des exemples ? […] Commencé, dit-on, depuis plusieurs années, il vient à point en ce moment.
Il y aura lieu pour la critique, dans quelques années, d’en faire un agréable chapitre d’histoire littéraire. […] Le commencement de la Correspondance, qui remonte aux premières années de la jeunesse et qui l’embrasse tout entière (1794-1814), aurait eu tout son intérêt, si l’on avait supprimé quelques lettres et abrégé les commentaires. […] Les années 1813-1814, avec leurs calamités, fondirent sur la France. […] Il paraît tout occupé, pendant l’année 1814, des publications du Caveau. […] Je passe sur la période militante de la vie de Béranger : la Correspondance n’offre qu’un intérêt médiocre durant ces quinze années ; elle ne prend son développement et son cours régulier qu’à dater de 1830 et à partir du second volume.
Mortes sont les vertus de mes vertes années ! […] Tes respects me feront sentir mes années ; tes caresses me livreront à la jalousie la plus insensée. […] une chimère… Et pourtant quand tu penchas ta tête charmante sur mon épaule, quand des paroles enivrantes sortirent de ta bouche, quand je te vis prête à m’entourer de tes mains comme d’une guirlande de fleurs, il me fallut tout l’orgueil de mes années pour vaincre la tentation de volupté dont tu me vis rougir. […] Il en est un dont le recueil a paru, il y a quelques années déjà, et qui mérite un souvenir. […] Lerambert, homme distingué, des plus instruits, formé dès l’enfance aux meilleures études, initié à la littérature anglaise (il a, pendant quelques années, habité l’Angleterre), a exprimé dans un volume de Poésies 36 des sentiments personnels vrais et délicats, entremêlés d’imitations bien choisies de poëtes étrangers.
» — « Je désire m’occuper de Mme de Staël, répondis-je alors, parce qu’il me semble que je la sens et la comprends autant que personne ; et bien que sorti de terre à un tout autre endroit et d’une tout autre génération qu’elle, un sentiment d’admiration me dit, ainsi qu’à ceux de mon âge, qu’elle nous appartient à tous. » Depuis des années, j’éprouve un regret fréquent à son sujet. […] Mme de Staël se l’était attaché à titre de précepteur de ses enfants ; mais Schlegel, qui avait ses travers, affectait devant le monde de n’être auprès d’elle que sur le pied d’un ami. « Schlegel, écrivait-elle dans un moment d’épanchement, a des défauts qui me cachent quelquefois ses vertus. » Témoin journalier de l’humeur et même des ridicules de Schlegel (car il en avait qui sautaient aux yeux), Bonstetten disait plus gaiement et en y mettant moins de façon : « Les jours où Schlegel n’est pas gentil, il est impitoyablement fouetté, et le plus joli, c’est que Mme de Staël se charge elle-même de la punition ; alors elle a trois fois plus d’esprit. » Quoi qu’il en ait pu être de ces petites querelles amusantes, Schlegel lui fut, pendant des années, du plus grand usage par ses qualités, par son savoir ingénieux et profond. […] J’ai recours sans cesse à la prière… » Sismondi, qui n’était pas dans le secret et qui, homme excellent et loyal, n’avait peut-être pas une certaine délicatesse qui devine ce qu’on ne dit pas, se plaignait de son côté de ne pas retrouver auprès d’elle le même agrément, les mêmes attentions que dans les anciennes années moins éprouvées. Dans une lettre à sa mère, du 16 janvier 1812, il disait avec une naïveté parfaite et en livrant le fond de son cœur : « Genève est devenue chaque année plus triste et plus déserte pour Mme de Staël ; elle en a de l’humeur ; elle juge avec une extrême sévérité, et elle ne met presque rien de son cru pour réparer tout cela : il m’arrive très souvent de m’ennuyer chez elle, et cela arrivait aussi l’année passée, et cependant elle parle de l’ennui des autres d’une manière qui me met souvent en hostilité avec elle.
La puberté se déclare : le roi est incommodé, dès 1653, d’un engorgement glandulaire au sein droit, et, cette première dureté résolue par l’application d’un emplâtre fondant dont on a l’ordonnance, il lui en survient une autre l’année d’après au sein gauche. […] Je glisse sur les années favorisées et mieux portantes. […] De même, lorsque Fagon fut devenu premier médecin, Fontenelle remarque« que toutes les maladies de Versailles lui passaient par les mains : on croyait faire sa cour de s’adresser au premier médecin, on s’en faisait même une espèce de loi ; mais, heureusement pour les courtisans, ce premier médecin était aussi un grand médecin. » Fagon, qui était depuis quelques années dans la confiance de Mme de Maintenon, supplanta d’Aquin en 1693. […] Mais un autre jour, il en est tout autrement : les choses se sont passées, il est vrai, avec un peu moins de sobriété : « Le cours de cette médecine, dit à un endroit Fagon (fin de cette même année 1708), fut brusquement arrêté par le dîner du roi, qui mangea beaucoup, et entre autres choses, outre les croûtes, le pain mitonné en potage et les viandes fort solides, combla la mesure à son dessert avec des vents faits avec du blanc d’œuf et du sucre, cuits et séchés au four, force confitures et des biscuits bien secs ; ce qui joint à quatre grands verres en dînant et trois d’eau sortie de la glace, après dîner, donna sujet au roi de se plaindre, après avoir travaillé trois heures avec M. de Pontchartrain, qu’il se sentait faible et qu’il avait de la peine à marcher. » Notez cependant que, s’il a trop dîné, il n’en a pas moins travaillé ses trois heures. […] Le Journal de Fagon s’interrompt malheureusement à la fin de 1711, et l’on n’a pas l’histoire de la santé des quatre dernières années de Louis XIV.
Les invités et les convives, c’étaient Antony Deschamps, Alfred de Wailly, Nisard, le lauréat de la Sainte-Barbe-Nicolle, dès lors attaché au journal et qui devait y rendre d’actifs services dans les deux années suivantes. — Vous n’en étiez pas, je dois le dire, ni vous, Sacy, ni vous-même, Saint-Marc Girardin, déjà pourtant si remarqués au journal et si en crédit ; mais on se méfia un peu ce jour-là et de votre bon sens classique et de votre gaieté railleuse. — Je n’oublierai point, parmi les personnes présentes, une habituée et une amie de la maison, Mme de Bawr, l’auteur d’une jolie pièce de théâtre et d’agréables romans. […] Nisard, va jusqu’à accorder à la génération de 1660, c’est-à-dire des premières années du règne effectif de Louis XIV, à la génération qui était encore jeune ou déjà mûre alors, qui avait vu la fin de Richelieu et la Fronde, « une supériorité de lumières » sur les générations du xviiie siècle qui lisait l’Esprit des Lois, les Lettres philosophiques et l’Émile ; admettant cette supériorité comme un fait, il l’explique par la nature même des événements politiques auxquels cette génération avait assisté, par les revirements étranges qui lui avaient découvert toutes les vicissitudes de l’opinion et qui l’avaient éclairée sur le fond de la nature humaine, tandis que les hommes du xviiie siècle et d’avant 89 avaient perdu le souvenir des révolutions et des impressions qu’elles laissent, et n’avaient assisté qu’à des intrigues ministérielles, à des disputes de jansénisme et de molinisme, de gluckisme et de piccinisme, à de petites choses enfin, tout en en rêvant de grandes et d’immenses. […] La Bruyère, déjà plus éloigné, avait pourtant assez appris et oui de ce temps-là pour se dire que rien n’est plus ordinaire que de voir un même homme changer du tout au tout dans sa vie, et en moins de vingt années, sur les points les plus importants et les plus sérieux. […] Ces contrastes étaient à chaque pas, pour qui savait observer, en ces années du règne commençant de Louis XIV. […] Est-ce que Bossuet lui-même, qu’on ne récusera certes pas comme exprimant dans un haut exemple la moyenne des lumières du grand règne, avait profité de l’expérience produite sous ses yeux aux années de sa jeunesse, lorsque dans l’Oraison funèbre du prince de Condé il ne craignait pas de dire en une phrase magnifique et souvent citée : « Loin de nous les héros sans humanité !
Foucault en Béarn Pour être juste, il faut convenir que la mission de Foucault, arrivant en Béarn, était difficile : ce pays, autrefois converti en masse au calvinisme par Jeanne d’Albret, et, depuis sa réunion à la France, reconquis à la religion catholique, moyennant expédition militaire, par Louis XIII et son ministre de Luynes, en 1620, n’avait jamais été régulièrement administré ; le Parlement de Pau avait exercé l’autorité jusqu’à l’année 1682, qu’on y avait envoyé pour la première fois un intendant, Du Bois-Baillet. […] Le procureur général près le Parlement de Pau était un sieur de Cazaux, homme des plus légers et qui était le premier à entretenir le désordre dans le Palais, « n’y venant que pour troubler les bureaux pendant l’instruction des procès, passant continuellement d’une Chambre à l’autre sans y être appelé, et seulement pour distraire les juges avec des discours frivoles ou en leur offrant du tabac », Notez que dans le Parlement de Pau, à ce même moment, le premier président, M. de La Vie, était relégué à Fontenay, en bas Poitou, depuis une année, pour malversations commises dans l’exercice de sa charge et pour s’être laissé corrompre par des présents. […] Après plus de trois années, de toute manière assez peu glorieuses, où il avait eu à essuyer bien des disgrâces, et des dégoûts en récompense de son attachement connu à la mémoire et à la famille de Colbert, Foucault demanda instamment à M. de Seignelay, de le tirer de la dépendance, de Louvois, et il obtint de passer intendant à Caen, en janvier 1689. […] Il fut témoin, en ces années d’intendance de Normandie, de deux événements sur lesquels son témoignage doit compter dans l’histoire. […] L’année où il mourut (1721), M. de Boze, secrétaire de l’Académie, fit son éloge78.
Pour bien répondre à la question comme je l’entends, il est bon de se reporter un peu aux antécédents de l’écrivain et de parcourir le volume où il vient de recueillir quelques-uns des travaux de ces vingt ou trente dernières années. […] Michel Chevalier le rédigea presque seul pendant plus d’un an (1830-1832), on serait frappé de tout ce qu’il contient de vues grandioses qui se sont réalisées depuis ces trente dernières années ; et, dans cette sorte de prédication ou de prophétie positiviste à laquelle il vaquait chaque matin, non pas sans inspirateur, mais sans collaborateur, et d’une verve incessante, la partie dès aujourd’hui conquise paraîtrait plus considérable, j’en suis certain, que celle qui n’a pas abouti. […] ce seul nom cependant est si beau, et la chose en elle-même si digne d’envie ; elle est si chère à ceux qui l’ont adoptée à l’heure où l’on croit et où l’on aime, et qui sont restés fidèles à ce premier idéal trop souvent brisé ; elle a été tellement notre rêve à tous, notre idole dans nos belles années ; elle répond si bien, jusque dans son vague, aux aspirations des âmes bien nées et trouve si bien son écho dans les nobles cœurs, qu’on hésite à venir y porter l’analyse, à la vouloir examiner et décomposer. […] Il y a quelques années, il s’agissait d’achever le Louvre : le pouvait-on, ne le pouvait-on pas ? […] Et cependant, à si peu d’années de là, le Louvre est achevé.
L’auteur promettait pour un troisième volume quantité de pièces plus légères, plus familières, des chants ou des causeries d’autrefois, des épîtres, des odes ; cependant les années s’écoulaient, et le volume promis ne venait pas : je le regrettais, car j’avais eu communication de quelques-unes de ces pièces tout à fait inédites ou parfaitement oubliées, et elles me semblaient très-dignes d’être mises ou remises en lumière. […] Lebrun qui datent de ces années, des strophes tout à fait belles ; il y court comme un souffle embrasé des passions du temps. […] Lebrun, dans ses premières années, dépensa sa verve poétique en bien des pièces douces et touchantes que le public lira aujourd’hui pour la première fois. […] Il ne reverra plus son cher Tancarville qu’après trente années presque révolues d’absence (septembre 1845) ; en le revoyant, sa verve se ranime avec toutes les émotions de son cœur, et il le salue, il le célèbre encore une fois par une Épître où l’homme sensible et le sage jettent un dernier regard mélancolique, mais non morose, sur ce passé : Parmi tous ces débris où j’ai souvent erré, Où j’ai joui, souffert, aimé, rêvé, pleuré, Mon heureuse jeunesse en vingt lieux dispersée Soudain de toutes parts remonte à ma pensée. […] A l’Académie, il se fait une loi et un plaisir de lire ces recueils nombreux qu’on y présente chaque année ; ce fut lui qui me dénonça avec instance les vers naturels et ingénument pittoresques de M.
Elle m’est venue, il y a quelques années déjà, en lisant le volume de M. Michel Nicolas sur Jean-Bon Saint-André, d’abord pasteur protestant, puis conventionnel montagnard, membre du Comité de salut public, en mission auprès des armées navales ; puis dénoncé, mis en arrestation ; puis consul de France à l’étranger, captif en Orient, éprouvé par la persécution et le malheur ; puis enfin, à sa rentrée en France et pendant douze années, excellent préfet de Mayence sous le Consulat et sous l’Empire, un administrateur modèle, mort à son poste, au champ d’honneur, en décembre 1813, sous le coup de nos désastres, cerné par la guerre, les maladies, par tous les fléaux qu’amènent avec elles les défaites, et lui-même atteint et frappé du typhus qui sévissait dans ces contrées des bords du Rhin. […] Insuffisants et impuissants aux premiers rôles où le hasard des événements les avait portés, on les retrouve, à peu d’années d’intervalle, aux seconds rangs, devenus de bons, de fermes, d’intègres et infatigables serviteurs du pays. […] Ce n’est point avec la froideur des années apaisées et régulières qu’il convient de juger les hommes et les produits d’une époque toute volcanique. […] Quoi qu’il en soit des erreurs, et par l’impulsion qu’il donna, Jean-Bon, pendant ces deux années de 93, 94, fut véritablement, et à son degré, le second de Carnot et, peu s’en faut, son semblable pour la marine.
Que si Rome intervenait et lui commandait de cesser, il me semble (autant qu’on a droit de raisonner sur les desseins providentiels) qu’il n’était pas si déraisonnable à un catholique resté croyant à la liberté et en même temps soumis au Saint-Siège, de juger ainsi : « Il a été bon que M. de La Mennais et ses amis, durant deux années, jetassent ces germes dans le monde : il peut être bon que pour le moment ces germes en restent là, et, puisque Rome le décide, agissant en ce point aveuglément si l’on veut, et par des ressorts intermédiaires humains, mais d’après une direction divine cachée, il faut bien qu’il y ait utilité dans ce retard. […] Ce qu’il faut reconnaître, c’est l’influence comme atmosphérique du siècle, qui, en deux ou trois années, a rongé et pénétré cette trempe si forte, et l’a oxydée si profondément. […] Dès les premières lignes du livre, M. de La Mennais remarque que « le temps fuit de nos jours avec une telle rapidité, qu’en quelques années l’on voit s’accomplir ce qui jadis eût été l’œuvre d’un siècle ou même de plusieurs. » Cette idée sur la rapidité du temps et la multiplicité de ce qui s’y passe, qui est juste et même banale à un certain degré, devient propre à M. de La Mennais par la singulière préoccupation qu’elle a toujours formée dans son esprit. […] Le récit que M. de La Mennais donne de son voyage à Rome se rapporte à l’année 1832 ; mais la rédaction en est bien postérieure et toute récente. […] À défaut de la foi, et après un désabusement aussi avoué sur des points importants crus vrais durant de longues années et prêchés avec certitude, ce qu’on a droit d’exiger du nouveau croyant pour son rôle futur de charité et d’éloquence, c’est, ce me semble, un léger doute parfois dans l’attaque ou dans la promesse : en un mot quelque chose de ce qu’on appelle expérience humaine, tempérant et guidant la fougue du génie. « Il y a, — lui-même le confesse excellemment, — une certaine simplicité d’âme qui empêche de comprendre beaucoup de choses, et principalement celles dont se compose le monde réel.
Les discours de réception se ressentirent de la publicité dès le premier jour : « Mais j’élève ma voix insensiblement, disait Fléchier, et je sens qu’animé par votre présence, par le sujet de mon discours (l’éloge de Louis XIV), par la majesté de ce lieu (le Louvre), j’entreprends de dire foiblement ce que vous avez dit, ce que vous direz avec tant de force… » Dès ce moment, le ton ne baissa plus ; la dimension du remercîment se contint pourtant dans d’assez justes limites, et la harangue, durant bien des années, ne passa guère la demi-heure. […] Il a exactement commencé avec ce régime, il l’a servi officiellement, il y a fleuri, et s’il s’est très-bien conservé sous le suivant et durant les belles années du libéralisme, il a toujours gardé son premier pli. […] À ce court lendemain du mariage de l’Empereur et dans les deux années de silence qui précédèrent la dernière grande guerre, il y eut là, en France, autour de M. […] Ils sont aussi déraisonnables qu’un architecte qui, voulant changer une prison en maison de plaisance, se bornerait à refaire la façade de l’édifice, et qui conserverait les cachots dans l’intérieur du bâtiment. » Ne dirait-on pas que quelques années auparavant, au plus beau temps de son crédit et de sa faveur, quand il siégeait en son cabinet du ministère, M. […] Étienne vécut un peu là-dessus, et, à part les rédactions d’adresse à la Chambre dans les années qui suivirent 1830, on ne rattache plus son nom à aucun écrit bien distinct.
Si l’on jugeait à ces signes de l’état des lumières, on croirait l’esprit humain reculé de plus d’un siècle en dix années ; mais la nature des arguments dont on se sert en faveur des préjugés mêmes, est une preuve incontestable des progrès qu’a faits la raison. […] La table des morts et des naissances présente des résultats certains et invariables, aussi longtemps que subsiste l’ordre régulier des circonstances habituelles ; le nombre des divorces qui auront lieu chaque année, le nombre des vols et des meurtres qui se commettront dans un pays de telle population, et de telle situation religieuse et politique, ce nombre peut se calculer d’une manière précise ; et ces événements qui dépendent cependant du concours journalier de toutes les passions humaines, ces événements arrivent aussi exactement que ceux qui sont uniquement soumis aux lois physiques de la nature. En prenant la moyenne proportionnelle de dix années, l’on sait, à Berne, que tous les ans il se fait tant de divorces ; à Rome, que tous les ans il se commet tant d’assassinats ; et l’on ne se trompe point dans ce calcul. […] Une année, toutes les déclamations sont contre la puissance exécutive ; une autre, contre les assemblées législatives ; une année, contre la liberté de la presse ; une autre, contre son asservissement.
L’année 1789 arrive, et nous apporte les institutions nécessaires au développement de cette éloquence : et c’est un des faits considérables de l’histoire littéraire du temps. […] L’éloquence révolutionnaire L’éloquence révolutionnaire occupe un espace de dix années (1789-1799) : dans toutes les assemblées qui se succèdent, dans les États Généraux devenus bientôt Assemblée constituante (1789-1791), dans l’Assemblée législative (1791-1792), dans la Convention (1792-1795), partout, sauf dans les deux Conseils juxtaposés des Anciens et des Cinq-Cents (1795-1799), elle est représentée par de brillants et vigoureux talents. […] Les trois années qu’il passa au donjon de Vincennes furent de fécondes années d’études et de méditations. […] En général, sans avoir changé sa forme ni renouvelé ses moules, il me semble que Napoléon est pourtant moins classique, moins asservi au goût révolutionnaire dans ses dernières années, et qu’il exprime son tempérament par des effets plus personnels.
Telle page vous communique deux impressions distinctes, entre lesquelles il y a des milliers d’années et entre lesquelles il y a parfois aussi « l’épaisseur effroyable du monde ». […] Et ce qui augmente encore son trouble, c’est le mystère de cette race maorie qui vient on ne sait d’où, qui passe sa vie à rêver et à faire l’amour, qui n’a pour toute religion qu’une vague croyance aux esprits des morts ; de cette race voluptueuse et songeuse qui vit dans une nature trop belle, mais muette, où il n’y a pas d’oiseaux, où l’on n’entend que le bruit des flots et du vent ; de cette race sans histoire qui va décroissant et s’éteignant d’année en année et qui mourra d’avoir été trop heureuse… Et cependant la reine Pomaré donne un bal dans ses salons aux officiers de marine. […] Ce lit d’amour, la nuit, sur une barque, dans le golfe de Salonique ; puis cette vie de silence et de solitude, pendant une année, dans une vieille maison du plus vieux quartier de Constantinople, je ne sais pas de rêve plus doux, plus amollissant, ni en qui s’endorment mieux la conscience et la volonté. […] En se faisant Turc, en prenant pour une année l’âme d’un effendi.
Machiavel, en des années de disgrâce où il se voyait forcément mêlé à une vie vulgaire, ne les lisait qu’à une certaine heure du jour, et après avoir fait sa toilette comme pour se rendre digne de les approcher. […] Le reste est matière d’étude, de curiosité solitaire, de projet lointain pour les années de la retraite et du repos, pour ces années qu’on ajourne toujours et qui ne viendront jamais ; mais dans le courant habituel, dans le torrent des intérêts et des idées, quand on n’a qu’un quart d’heure à donner çà et là aux lettres proprement dites, on n’a pas le temps, en vérité, de venir prêter l’oreille à un ancien, pas plus que, dans une foule où tout nous pousse, il n’y a moyen de s’arrêter à converser avec un vieillard qui s’exprime avec majesté et lenteur. […] Né sous Tibère, mort la même année que Titus, il avait traversé les règnes de Claude et des autres empereurs en servant dans les armées, dans les diverses charges publiques. […] Outre sa grande Histoire naturelle, dans ses dernières années il avait écrit l’Histoire politique de son temps, en trente et un livres.
Bien qu’il eût quelque chose de Buckingham, il ne paraît pas qu’il ait entretenu aucune liaison particulière avec la reine avant l’année 1643. […] La félicité suprême de ses dernières années montra le fond de son cœur, et ce cœur n’était rien moins que haut et désintéressé. […] Ceux qui ont entendu Retz dans les années de sa retraite ont remarqué qu’il aimait à raconter les aventures de sa jeunesse, qu’il les exagérait et les ornait un peu de merveilleux : « Et dans le vrai, dit l’abbé de Choisy, le cardinal de Retz avait un petit grain dans la tête. » Ce petit grain, c’est précisément ce qui fait l’homme d’imagination, l’écrivain et le peintre de génie, l’homme de pratique incomplet, celui qui échouera devant le bon sens et la froide patience de Mazarin, mais qui lui revaudra cela et prendra sa revanche de lui, plume en main, devant la postérité. […] Le même Brienne, qui nous initie à ces secrets du cabinet et de l’oratoire, a raconté les dernières années et la fin de Mazarin de manière à rappeler les pages de Commynes, dans lesquelles le fidèle historien retrace la fin de Louis XI. […] Il avait, dans les dernières années, froissé celle-ci par ses duretés et ses négligences, depuis qu’il se voyait à l’abri de toute atteinte ; car, selon le témoignage de sa nièce Hortense, « jamais personne n’eut les manières si douces en public, et si rudes dans le domestique ».
Il s’en revient en France après deux années d’absence environ, riche d’observations et mûr. […] Ce grand roi avait régné trop longtemps ; il en était résulté, durant les quinze ou vingt dernières années, un régime convenu et hypocrite sous lequel couvaient et levaient déjà la tête les vices et les ridicules d’un certain genre, qui n’attendaient plus que le jour et l’heure pour déborder. […] La comédie de Regnard a beau prendre des années, elle est comme Agathe dans son rôle de vieille, et, en riant aux éclats, elle a droit de dire avec elle : On peut voir dans ma bouche encor toutes mes dents. […] C’est là que, durant les années désastreuses de Louis XIV, dans ce temps même où Mme de Maintenon disait qu’elle aimerait mieux vivre dans une cave avec la paix, qu’à Trianon par cette horrible calamité de la guerre générale1, Regnard avait établi son riant séjour et fondé son abbaye, qui n’est autre que celle de Thélème. […] Regnard, « garçon et fameux poète », comme il est qualifié dans les actes de l’état civil, mourut subitement à son château de Grillon dans les premiers jours de septembre 1709 ; il était dans sa cinquante-cinquième année.
Année 1853 Janvier 1853 Les bureaux du Paris, d’abord établis, 1, rue Laffitte, à la Maison d’Or, furent, au bout de quelques mois, transférés rue Bergère, au-dessus de L’Assemblée nationale. […] Une, deux, trois années de prison tombaient sur des têtes à peine entrevues. […] À quelques années de là, mené chez un maître de dessin à Cherbourg par son père qui lui montrait les crayonnages de son fils, le maître de dessin disait : Alors la ville de Cherbourg lui faisait une petite pension qui lui permettait d’entrer à l’atelier de Paul Delaroche. […] J’ai donné l’article en son entier dans Pages retrouvées, volume publié, l’année dernière, chez Charpentier. […] C’était lui qui, quelques années après, tirait sur l’Empereur, à la sortie de l’Opéra-Comique.
Au fait, on le voit, dans toute sa correspondance des vingt dernières années, très libéral et aumônier, d’ailleurs fort simple de mœurs. […] Dans ses dernières années, sa sympathie était évidente pour des doctrines dont la sienne était la négation radicale, et pour les vertus mêmes que sa philosophie était le plus propre à décourager. […] Sa vie, d’abord, le prouverait, toute solitaire et, jusqu’à ces dernières années, toute en dehors des « cadres » officiels. […] C’est que, l’année précédente, il avait parlé, à propos de l’évolution du genre dramatique, de ces mêmes comédies, qui pourtant sont à peine du théâtre. […] Ainsi, depuis quelques années surtout, nous avons vu Coppée devenir insensiblement le Béranger de la troisième République.
Et on a l’impression que ça peut durer des années et des années, trente, quarante ans, que ça peut durer toujours. […] C’était la plus grande fête chômée de l’année religieuse et civile. […] Voilà ce qu’ils avaient récolté c’t année dans la même terre. […] Il n’y a rien cette année. […] Tout prêts pour l’année prochaine.
Mme la comtesse Hocquart, qui l’avait beaucoup connu (morte depuis peu d’années), disait qu’il était à la fois rempli de charme et fort laid, avec de gros traits et une tête énorme. » Il n’avait que trente-deux ans à l’époque de sa mort ; il paraissait plus que son âge. […] Il a fallu bien des années, bien des efforts et des bégayements de l’admiration et de la critique pour arriver à le refaire et à le compléter ainsi ; mais ces efforts n’ont pas été vains, mais on ne s’était point trompé dans un premier élan d’enthousiasme et de sympathie filiale ou fraternelle ; on ne l’avait point porté trop haut, et l’étude attentive, approfondie, n’a fait que justifier les désirs du cœur et confirmer les pressentiments du goût. […] Toutes ces fleurs de la Grèce rassemblées autour du monument d’André Chénier nous avertissent qu’un Recueil considérable, entrepris depuis plusieurs années, et consacré à un choix des poëtes français, vient d’être terminé avec succès et mérite d’être recommandé au public ami des études.
Je n’ai pas été peu surpris, il y a un ou deux mois, de lire un matin (7 juin 1866), dans le journal intitulé l’Événement et qui n’est censé s’occuper que de sujets à l’ordre du jour, la critique d’un discours que j’avais prononcé autrefois sur la tombe d’un de mes amis, le docteur Armand Paulin, discours qui n’avait pas moins de neuf années de date (ce que le critique se gardait bien de dire), discours oublié de moi-même et que je n’avais jamais songé à recueillir dans aucun de mes volumes de Mélanges, publiés depuis. […] « Pendant des années on l’a vu mener de front toutes les activités généreuses, secourir tous les malades, tous les vaincus, tous les souffrants, applaudir à tous les succès de ses amis et les propager par ses sympathies ardentes : chaque succès d’un ami était véritablement une de ses fêtes. Durant ces années heureuses où sa franche nature se déployait avec expansion, et avant les mécomptes, il fut admirablement secondé par une femme distinguée, son égale par le cœur, qui réunissait à son modeste foyer dans des conversations vives bien des hommes alors jeunes, et dont plusieurs étaient déjà ou sont devenus célèbres.
Nous ne voulons pas qu’on nous promène par le monde, comme des enfants, pour le simple plaisir des yeux ; en peu d’années l’Europe a grandement vieilli ; sa tardive expérience cherche aujourd’hui partout une instruction sérieuse. […] Ainsi donc, dans peu d’années tout s’oublie ! […] On recueillit à grands frais dans toutes les bibliothèques de l’Europe les détails épars d’une vie qui fut à la fois si malheureuse et si obscure, et après des années de recherches, à la tête des œuvres du poète, reproduites dans tout l’éclat du luxe typographique, l’illustre éditeur put enfin placer l’histoire complète de cette vie tant méditée, magnifique et pieux monument élevé à la mémoire du génie.
Cependant les écrivains dont le génie s’était formé au milieu des luttes sanglantes de la liberté, devaient avoir un autre caractère que les écrivains dont les talents s’étaient perfectionnés sous les dernières années du paisible despotisme d’Auguste. […] Les habitudes républicaines se prolongèrent encore, pendant quelques années du règne d’Auguste ; plusieurs historiens en conservent les traces. […] Comme nous ayons passé ensemble des années toujours d’accord, nous demandons que la même heure termine notre carrière, que je ne voie jamais le tombeau de mon épouse, et que je ne sois point enseveli par elle.
I Dans une de nos Expositions des dernières années, on voyait, en montant le grand escalier du Louvre, au haut duquel il était placé, dans un coin, un buste qui n’avait guère que la tête et le cou, et dont la bouche ouverte était presque tout le visage. […] Faites pour le temps et dévorées par lui, ces chansons ne seront plus, dans quelques années, comme les chansons du vieux Maurepas, que des renseignements historiques, feuilletés par le curieux, en souriant. […] Dupont, quand il ne veut être que Le rude paysan, ridé par les années, Cuit comme un vase au four, au feu de ses journées quand il n’aspire pour ces vers familiers et sauvages qu’au nom modeste de moineaux francs ; quand il a de ces traits superbes : Le taureau n’obéit qu’aux yeux purs… Mais alors même et partout c’est du Burns écourté, rapetissé, jeté dans le moule étroit de la chanson de Béranger.
Il serait bien peu vraisemblable que, dès le temps où ces images étaient incessamment sous les yeux des Romains, la fête de Vénus, placée par la tradition à une des époques les plus riantes de l’année, à la saison des belles nuits et des aurores matinales, n’ait pas été embellie du charme des vers, ou même qu’on n’ait eu, pour célébrer ces gracieux souvenirs, que quelque vieux débris du rituel païen. […] « C’est elle qui de l’éclat des fleurs peint l’année purpurine, elle qui, sous l’haleine du zéphir, soulève le sein gonflé de la terre en moelleux tapis, elle qui disperse ces ondes de rosée limpide que laisse le souffle de la nuit, larmes radieuses dans leur chute tremblotante. […] Hybla, épandez toutes les fleurs qu’apporte l’année ; Hybla, brisez les corolles des fleurs dans toute la vallée de l’Etna.
Ce qui est vrai, c’est que le château de Saint-Ouen, qu’elle n’habitait pas cette année-là, fut mis par elle à la disposition de M. […] Les lettres d’elle qui suivent viennent bien à l’appui de tout ce qu’elle a écrit dans ses Dix années d’exil. […] Le grand moment. le moment décisif pour Mme de Staël en ces années fut celui de son livre de l’Allemagne. […] Il s’effaça néanmoins pendant le reste de cette année 1815, résista aux suffrages qui venaient s’offrir, et ne fit point partie de la Chambre introuvable. […] Le baron de Staël venait de mourir le 9 mai de cette année 1802, à Poligny, en se rendant à Coppet.
Roger Bacon en éprouva la puissance stupide et passa beaucoup d’années en prison. […] Il est à peine besoin d’écrire sous un portrait du passé des années précises. […] Le cimetière grandit d’année en année et on y retient sa place d’avance. […] C’est une chose, je crois, qu’on ne fit jamais, à cette date de l’année, et j’en éprouvai une certaine satisfaction : je participais à un phénomène. […] C’est ainsi qu’on vient d’inaugurer le boulevard Raspail où le public passe de bout en bout depuis plusieurs années.