Elle ruse en nous et avec nous pour arriver à ses fins ; elle nous trompe nous-mêmes sur la sympathie, sur l’amour, qui au fond ne sont que l’égoïsme ; son art est de jeter sur ces instincts grossiers je ne sais quel voile d’idéal qui en cache la vulgarité. On dirait qu’ici le poète traduit Schopenhauer : L’Amour avec la Mort a fait un pacte tel Que la fin de l’espèce est par lui conjurée. […] Avec elle naissent la responsabilité humaine, le progrès moral, la cité idéale gouvernée par la science et par l’amour. […] Tout change dans la seconde partie ; le cœur se réveille, la liberté se proclame, la justice retrouve ses titres, la sympathie s’éveille, et le progrès devient le terme idéal de la science unie à l’amour. — Pourquoi cela ? Comment ce brusque changement s’est-il fait, qui réconcilie tout le monde, le Chercheur et la Voix, la raison et le cœur, l’amour et la science ?
cet amour-là aussi fait le même mal que l’autre ! […] Dans le céleste asile où sont tous les amours, Vous qui ne pleurez plus, nous aimez-vous toujours ? […] Notre bonne grand-mère aussi, que je me rappelle avec tant d’amour quand nous allions la voir ensemble ? […] Pour le moment, Dieu, qui nous a éprouvés jusqu’au sang et aux larmes, soutient miraculeusement notre vie avec ses blessures inguérissables. — Le doux soleil, la croyance, l’amour des miens ! […] L’amour de mes enfants comme je l’éprouve, ardent et dévoué, me fera peut-être pardonner l’autre.
* * * — L’horreur de l’homme pour la réalité lui a fait trouver ces trois échappatoires : l’ivresse, l’amour, le travail. […] * * * — La femme de quarante ans cherche furieusement et désespérément dans l’amour la reconnaissance qu’elle n’est pas encore vieille. […] Tout, jusqu’aux rideaux d’un blanc nuptial, parle d’un amour honnête, consacré, autorisé. […] Un être sans fantaisie, sans appétit passager d’une bouteille de bon vin, incapable d’excès, effrayé par les livres de médecine qui défendent les moules et l’amour après dîner, superstitieux jusqu’à retourner votre pain quand il n’est pas à plat. […] Figurez-vous l’homme-squelette avec des ailes d’Amour.
Il l’aime d’un amour à la fois idéal et esthétique. […] Les jouets, comme les dieux, inspirent la terreur et l’amour. […] Ils échangent leur amour dans une communion sublime. […] Il n’y a pas, de véritable amour sans quelque sensualité. […] Sans l’amour de Dieu, je n’aurais point d’amour ; je ne croirais à rien si je ne croyais pas à l’impossible et à l’absurde.
Quelques courtisanes sans pudeur, des esclaves que leur sort avilissait, et des femmes inconnues au veste du monde, renfermées dans leurs maisons, étrangères aux intérêts de leurs époux, élevées de manière à ne comprendre aucune idée, aucun sentiment, voilà tout ce que les Grecs connaissaient des liens de l’amour. […] Les Grecs n’ont jamais exprimé, n’ont jamais connu le premier sentiment de la nature humaine, l’amitié dans l’amour. L’amour, tel qu’ils le peignaient, est une maladie, un sort jeté par les dieux, un genre de délire, qui ne suppose aucune qualité morale dans l’objet aimé. Ce que les Grecs entendaient par l’amitié, existait entre les hommes ; mais ils ne savaient pas, mais leurs mœurs leur interdisaient d’imaginer qu’on pût rencontrer dans les femmes un être égal par l’esprit, et soumis par l’amour, une compagne de la vie, heureuse de consacrer ses facultés, ses jours, ses sentiments, à compléter une autre existence. La privation absolue d’une telle affection se fait apercevoir, non seulement dans la peinture de l’amour, mais dans tout ce qui tient à la délicatesse du cœur.
En parlant de l’amour de la gloire, je ne l’ai considéré que dans sa plus parfaite sublimité ; alors qu’il naît du véritable talent, et n’aspire qu’à l’éclat de la renommée. […] Les peines attachées à cette passion sont d’une autre nature que celles de l’amour de la gloire ; son horizon étant plus resserré, et son but positif, toutes les douleurs qui naissent de cet agrandissement de l’âme, en disproportion avec le sort de l’humanité, ne sont pas éprouvées par les ambitieux. […] Elle est, sous beaucoup de rapports, en contraste avec l’amour de la gloire. […] L’amour de la gloire peut s’abandonner ; la colère, l’enthousiasme d’un héros ont quelquefois aidé son génie ; et quand ses sentiments étaient honorables, ils le servaient assez ; mais l’ambition n’a qu’un seul but. […] L’amour de la gloire a tant de grandeur dans ses succès, que ses revers en prennent aussi l’empreinte ; la mélancolie peut se plaire dans leur contemplation, et la pitié qu’ils inspirent a des caractères de respect qui servent à soutenir le grand homme qui s’en voit l’objet.
Tu seras saisi de respect, d’admiration & d’enthousiasme, lorsque le vulgaire ne sera pas même ému ; tu seras pour ainsi dire le point vivant ou viendront se refléchir les merveilles diverses de la Nature, & ton amour invincible pour le vrai, pour le bon, te donnera chaque jour une idée flatteuse de la sublimité de ton ame. […] ô amour de l’estime ! […] Tu peindras l’amour sacré de la Patrie, la valeur qu’il inspire ; la gloire qui accompagne l’homme courageux, l’opprobre inévitable qui atteint le lâche. […] Amour des beaux Arts, que n’enflammes-tu tous les cœurs ? […] Au milieu de cette triste & dévorante anarchie, je ne ferai point entendre ma voix, mais je m’adresserai à vous qu’une émulation trop ardente, un amour excessif de la gloire conduisent à dépriser de trop dignes rivaux.
Ajoutez le parfum d’honnêteté antique qui circule à travers ces pages et qui trouve moyen de se mêler jusqu’au milieu de la chronique scandaleuse à laquelle elles sont souvent consacrées, un profond et naïf amour des lettres et de tout ce qu’elles amènent de délicat avec elles, une bonhomie parfaite qui épouse son sujet tout entier avec tendresse et réussit, après un peu de résistance, à nous le faire aimer et embrasser jusque dans ses replis. […] Et d’abord, plus on y songe, et mieux on s’explique son amour de mère, cet amour qui, pour elle, représentait tous les autres. […] L’amour conjugal, qu’elle essaya loyalement, lui fut vite amer, et elle n’eut guère jour à s’y livrer. […] Un poêle élégiaque l’a remarqué : un amour qui vient tard est souvent plus violent ; on y paie en une fois tout l’arriéré des sentiments et les intérêts : Saepe venit magno foenore tardus amor. […] J’avouerai que, sans être une grande beauté, je suis pourtant une des plus aimables créatures qui se voient ; que je n’ai rien dans le visage ni dans les manières qui ne plaise ni qui ne touche ; que, jusqu’au son de ma voix, tout en moi donne de l’amour, et que les gens du monde les plus opposés d’inclination et de tempérament sont d’un même avis là-dessus, et conviennent qu’on ne me peut voir sans me vouloir du bien.
Or, cet être inouï n’était pas une femme préservée par l’amour ardent d’un mari ou par ces tendresses des enfants qui suffisent aux mères : ce n’était ni une mère, ni même une épouse, quoiqu’elle fût mariée, mais une mariée dont les circonstances les plus exceptionnelles avaient fait une Édith mondaine, une Édith dont la sainteté n’expliquait pas, comme pour l’autre, la virginale pureté. […] Aussi dévouée que l’amour, mais bien plus désintéressée, l’amitié de Madame Récamier inspirait des jalousies qu’elle ne partageait pas et qu’elle finissait par faire y ivre tranquillement les unes avec les autres, dans la paix qui s’exhalait d’elle. Cette fée de douceur irrésistible transformait jusqu’à l’amour, la bête indomptable, et la vanité dans l’amour, sentiment bien plus tigre encore. […] L’idéal de la femme n’est peut-être ni la beauté splendide, ni le feu de l’esprit, ce diamant du front, ni le feu de l’amour, cet autre diamant de la poitrine, mais un peu de bonté dans un peu de grâce, et en voilà assez pour le ravissement de l’humanité ! […] » Elle a tant fait penser aux anges les hommes de sa génération, dont ce n’était pas, comme on sait, la préoccupation habituelle, que c’est depuis elle que ce mot d’ange a été insupportablement appliqué à toutes les femmes et est devenu un lieu commun dans la langue de l’amour.
Vous ignorez sans doute tout ce que je vous dois ; vous savez du moins dans quel sentiment je vous offre ces pages qui sont une œuvre d’amour plus encore que de science. […] Un long séjour à Rome acheva ma conversion ; c’est peu à peu, par l’étude des faits, par la logique des choses et surtout par l’action vivante des hommes, que j’en suis arrivé aux conclusions philosophiques de mon livre ; elles ne sont pas un point de départ, elles sont une conviction lentement conquise sur d’anciens préjugés. — Cette foi nouvelle hésitait encore, étonnée de sa propre hardiesse, lorsque je vous connus, cher ami Bédier ; notre longue promenade d’avril 1904, dans le jardin du Palais-Royal, et de là au Panthéon, m’est inoubliable ; votre confiance, votre amitié me révélaient enfin le Paris entrevu dans les livres, ce Paris dont je dis ailleurs, en des mots d’amour, qu’il est la ville du livre lumineux et du pavé sanglant, d’où l’idée prend son essor vers l’humanité. […] À Berlin comme à Paris, vous êtes mieux que des savants ; vous êtes des maîtres, qui travaillez à la vérité par amour du bien.
Enfin, la troisième et, il faut le dire à son honneur, la plus déterminante raison de sa conversion, ce fut la « charité du genre humain », ce fut l’amour du peuple, l’amour des humbles, des souffrants, des ignorants, des opprimés. […] Dans nulle conversion il n’y eut plus d’amour. […] Ses haines les plus féroces ne sont que l’envers de l’amour, et ses colères sont celles de la charité. […] Une de celles dont je suis le plus touché, c’est son amour pour la littérature. […] D’abord, il n’avait aucune illusion sur l’amour. « Tout ce que j’ai pu observer de cette fameuse passion de l’amour tant célébrée, me persuade que sa forme la plus fréquente et la plus saisissable est la jalousie … L’amour est, au fond, un très vif sentiment d’adoration pour soi-même … » Il croyait d’autre part que, si on lisait moins de romans, il y aurait, heureusement, moins d’amoureux.
Morillot mêle à tout cela l’amour, s’il y tient. […] Si Pauline lui rendait un amour égal au sien, ça irait. […] L’acte physique de l’amour (je traduis M. […] Max a fait, comme il le dit, de l’amour sa carrière. […] ô amour !
Avant MM. de Goncourt, des historiens modernes : Michelet, Audin, Dargaud, saisis, tous les trois, en raison des plus rares facultés artistiques, de cet amour des arts plastiques devenu presque la seule passion d’une société qui gâte ses passions les meilleures par les affectations de sa vanité, et qui les déshonore bientôt en les transformant en manie, avaient deviné le parti qu’on peut tirer, pour l’histoire d’un temps, de l’art de ce temps, et ils l’avaient souvent évoqué dans leurs œuvres. […] Dans leur chapitre consacré à « l’amour » au xviiie siècle, et quand ils arrivent à la dépravation de ce sentiment tel qu’il est peint dans Les Liaisons dangereuses, par exemple, ce hideux chef-d’œuvre qui n’est pas le conte d’un infernal génie, mais une infernale réalité, ces historiens, sensibles et non impassibles, de la Femme au xviiie siècle, ont une indignation et un accent superbes, et, pour mon compte, je ne crois pas que leur talent soit allé jamais au-delà ! […] Après avoir fait la terrible histoire de l’amour dépravé de l’homme au xviiie siècle, MM. de Goncourt passent à celui de la femme, objet de leur livre : « La femme — disent-ils — égala l’homme, si elle ne le dépassa, dans ce libertinage de la méchanceté galante. […] Une fausseté naturelle, une dissimulation acquise, un regard à volonté, une physionomie maîtrisée, un mensonge sans effort de tout l’être, une observation profonde, un coup d’œil pénétrant, la domination des sens, une curiosité, un désir de science, qui ne leur laissaient voir dans l’amour que des faits à méditer et à recueillir, c’étaient à des facultés et à des qualités si redoutables que ces femmes avaient dû, dès leur jeunesse, des talents et une politique capables de faire la réputation d’un ministre. […] Après Laclos vient de Sade, sous la plume de MM. de Goncourt ; de Sade, dont ils ne disent qu’un mot et qui suffit : « Il vint pour mettre, avec le sang des guillotines, la Terreur dans l’Amour… C’en est assez, — ajoutent-ils, — ne descendons pas plus bas, ne fouillons pas plus loin dans les entrailles pourries du xviiie siècle.
Cette sinistre ruine est pleine encore des souvenirs des malheurs et des amours de ce prince ottoman avec la belle fille de son geôlier. […] Ces notes plongent si avant dans le cœur que l’oiseau-poète de l’amour est aussi l’oiseau-poète de l’infini. […] Mais l’amour divin, s’il a des ivresses et des voluptés de moins, a de plus l’infini et l’éternité de l’être qu’on adore ! […] J’écrivis des volumes de détestables élégies amoureuses avant l’âge de l’amour, à l’imitation de ces faux poètes. […] L’amour et la mort sont deux grandes muses ; grâce à leur inspiration réunie, la manière trop attique d’André Chénier était devenue du pathétique.
Beaumarchais a pris le public par son faible, par l’amour des personnalités, de la satire anecdotique et individuelle. […] Lindor et Rosine contre Bartholo, c’est Horace et Agnès contre Arnolphe, l’amour qui va à la jeunesse, selon la bonne, la sainte loi de nature, en dépit de la jalouse vieillesse armée par la société de droits tyranniques : mais la lutte se complique ici par l’introduction d’un élément qui donne à la pièce une très sensible actualité. […] L’action s’engage ici entre Rosine, le comte et Figaro, auxquels s’ajoutent Suzanne et Chérubin : le comte, un mari décent d’ancien régime, détaché de sa femme, et jaloux pourtant, parce que, l’amour n’étant qu’un accident, l’amour-propre est le fond de sa nature, libertin blasé qui répète avec toutes les femmes la comédie du sentiment, par habitude et par curiosité : la comtesse, une charmante femme qui a tenu toutes les promesses de Rosine, encore amoureuse de son mari, mais en train de devenir amoureuse de l’amour, parce qu’elle approche de la trentaine, parce qu’elle est délaissée, parce qu’elle s’ennuie, toute disposée déjà par de troublantes rêveries aux expériences dangereuses, et glissant langoureusement du marrainage à l’adultère. Suzanne fait contraste avec la mélancolique douceur de la comtesse : « riante, verdissante », pétillante, joyeusement élancée de toute sa nature vers l’amour et vers le plaisir. […] L’argent, l’intérêt y ont leurs rôles, mais secondaires : ce qu’on se dispute, c’est l’amour.
Nisard a cependant signalé la plus grande nouveauté du talent de Jean-Jacques Rousseau, à savoir l’amour de la nature ; mais peut-être n’en a-t-il pas assez fait ressortir l’importance. […] Je ne veux pas dire que Rousseau ait inventé l’amour de la nature, car on n’invente pas le cœur humain ; mais il a senti si vivement et peint si énergiquement cette grande passion, qu’elle lui appartient comme en propre, ainsi que l’héroïsme à Corneille. […] Nisard, « d’amour et de dégoût de la vie », du sentiment de la vanité des choses uni à un désir insatiable d’être et de vérité ; c’est le sentiment que l’âme éprouve en présence du problème de sa destinée, comme te disait M. […] Je ne veux rien excuser de Jean-Jacques Rousseau ; mais je reste persuadé qu’il avait un amour sincère, quoique mal éclairé, d’une certaine perfection morale. […] Enseignez donc à ce siècle-ci le respect de la tradition, l’intelligence du passé, le goût de la stabilité, l’amour de ce qui dure, rien de mieux.
Je l’excuse : je n’en demande pas davantage à un auteur ; je le plains même d’avoir écouté de belles choses qu’il n’a point faites. » Ceci est l’amour-propre, l’amour de soi, la jalousie, empêchant de lire ou de jouir en lisant. […] Comment voulez-vous que Corneille puisse trouver bon Racine, qui goûte les sujets que Corneille a toujours évités et les manières de traiter les sujets que Corneille très visiblement n’aime point, et qui se donne tout entier à la peinture de l’amour, sentiment que Corneille a toujours considéré comme trop chargé de faiblesse pour pouvoir soutenir une tragédie ? […] L’ambition, l’amour, l’avarice, les haines, particulièrement les haines politiques, les jalousies, les rivalités, les luttes locales, tout ce qui fait la vie agitée et violente, éloigne prodigieusement de l’idée même de lire quelque chose, Millevoye, dans sa jeunesse, était commis de librairie. […] Ce ne sont donc pas les « très belles choses » dont il se prive, ce sont les très belles choses que d’avance il met à part en se mettant en état, quand il les trouvera, de les démêler du premier coup avec un cri d’amour et de gratitude. […] Nietzsche dit très bien : « L’amour en tant qu’artifice.
Ces conversations, d’abord rares et courtes, avaient fini par amener, entre elle et lui, une amitié secrète, puis enfin un amour que ni l’un ni l’autre ne savaient bien dissimuler. Cet amour éclata en dehors à la mort du père. […] Je présume que le paradis sera quelque chose comme l’éternelle surprise et l’éternel aveu d’un premier amour, entre ceux qui s’aimaient et qui ne se l’étaient jamais dit ! […] Hyeronimo, de son côté, lui baisait la gorge et lui remettait toujours à la patte le fil bleu de sa ceinture, qui voulait dire : amour ou amitié entre lui et moi. […] À peine, dans ces moments-là, regrettions-nous d’être en prison, tant le bonheur de nous être avoué notre amour nous inondait tous les deux !
Venir en Italie pour guérir un cœur blessé à mort d’amour, c’est étrange et fatal. » Le mot « amour » a été effacé dans le texte original, et cette rature est étrangement expressive. […] Qui aura jamais poussé l’amour triste plus loin que moi pour eux ? […] N’est-ce pas le propre esprit révolutionnaire des évangiles, candide, tout formé d’amour et totalement dénué de « prudence » humaine ? […] Sainte-Beuve, toute petite et adorable d’amour pour son fils. […] Un beau jour, il confia à l’excellente Mme Lagut son amour naissant pour Ondine et le projet qu’il avait formé de demander sa main.
De même que ces spectacles putrides soulèvent l’extrême dégoût, par l’atteinte qu’ils portent à notre amour de la forme humaine, les contes psychologiques terrifient en ruinant la croyance à la raison. […] Ni dans ses contes, ni dans la plupart de ses poèmes, il ne se sert pour produire l’émotion, du spectacle de l’amour normal, qui est pourtant le contenu principal de tous les romans, de tous les drames et de presque tous les vers. […] Si l’amour sain, doux et heureux manque aux écrits de Poe, on n’y trouve pas non plus, malgré leur diabolisme et leur cruauté, leurs monstres et leurs grotesques, l’élément qui accompagnent les grylles de toutes les époques, l’obscénité. […] L’originalité et l’horreur dans l’imagination de Poe, son amour de l’artifice dans le style, les plans, la brièveté, l’analyse, sont irréductibles. […] De même que la faim est l’indice cérébral de la capacité de digérer, que l’amour d’une carrière marque la faculté d’y exceller, de même Poe s’est appliqué à faire naître les deux émotions spéciales à son œuvre, parce qu’il sentait pouvoir terrifier et étonner.
Il disparaît et s’effondre dans une lamentable histoire d’amour sénile. […] Donc « dans l’exercice de l’amour » était nécessaire. […] L’amour de Léon est un amour sensuel accompagné d’admiration et de gratitude. […] Il n’aime que les amours des jeunes gens. […] Elle aime le jeune Maurice d’abord d’un amour de mère, ensuite d’un dévouement de garde-malade, et enfin d’un amour de quadragénaire.
écoute, toi, dieu du mai de l’amour, seigneur du délice de l’incommutable Été ! […] En d’autres termes il n’a pour moyens d’existence que des prélèvements sur l’amour appointé. […] L’Amour de la Patrie est le premier amour. Et le dernier amour après l’amour de Dieu, C’est un feu qui s’allume alors que luit le jour. […] Amour, 1888.)
L’homme qui dès lors, a l’âge de l’amour, se livre aux voluptés solitaires et s’enferme en son propre être, ne jouit que de lui-même, de son pauvre et triste moi. […] Si l’on aime une femme saine, la nature ne connaît pas encore d’autre mode d’épanouissement de cet amour, que de l’aimer physiquement. […] Je me permettrais de citer George Sand, Elisabeth Browning, Berthe de Suttner, Olive Schreiner, qui ont su, il me semble, concilier l’amour sexuel avec l’intellectualité la plus haute. […] Dès que la fatigue physique s’est dissipée, non seulement le cerveau ne demeure pas obscurci, mais c’est alors qu’éclate dans toute son intensité le phénomène de fécondité qu’engendre l’amour sexuel. […] C’est au contraire la faculté cérébralement créatrice de l’amour, qui me frappe, en examinant cette question.
Il confirme de visu son intuition première, qu’il n’y avait là, dans ce lieu de prétendus miracles, qu’amour du lucre et que charlatanisme ; sans que cette confirmation puisse étouffer en lui le désir, qu’il ne peut arracher de son être, de « tuer le vieil homme en lui », de s’anéantir « avec sa volonté et son intelligence », de ne plus rester « ainsi tout seul, dans le désert glacé de son intelligence, à regretter l’illusion, le mensonge, le divin amour des simples d’esprits, dont son cœur n’était plus capable. » Mais le courant qui mène de la foi à l’incroyance ne peut être remonté, si amers que soient ses flots. […] « Lui prêtre, lui châtré, lui rejeté hors de l’amour et des communes besognes » s’approche inconsciemment du grand courant de nature et d’humanité, qui va tout à l’heure l’entraîner. […] Exaspéré d’hystérie spirituelle, il s’acharnait au tout ou rien de la vérité divine, comme d’autres au tout ou rien de l’amour charnel. […] Il me semble oiseux de répéter que la pratique de l’amour physique est non moins essentiellement nécessaire à la santé et à l’équilibre humain, qu’à la connaissance de la vie et du monde. […] La famille humaine devrait fêter le retour de l’enfant prodigue, et pour celui qui déserte loyalement l’autel de mensonge pour le lit d’amour, faire entendre des acclamations.
L’amour, qui fait quelquefois souffrir, n’a pourtant pas le droit de devenir la passion sauvage qui se rebelle aux lois de la société. […] Aussi éprouvait-il pour la première une antipathie toute mêlée d’amour ; et pour la seconde, une affection toute pleine d’ironie. […] Il y a, dans chaque poète de cette époque, un acteur : en même temps qu’il chante son amour ou sa peine, il regarde du coin de l’œil les spectateurs. […] Dans cet amour général, dans cette inspiration commune, n’y a-t-il pas des nuances diverses ? […] Qu’elle continue sa vie, selon sa loi : au moins le poète aura-t-il la ressource de lui refuser tout cri d’amour, et de la haïr.
Pauline meurt, Sylvia se condamne à vivre et tue son amour. […] Un enfant est né de cet amour, après la rupture. […] C’est la lutte entre l’amour du père et son amour de fiancé qui a fourni à l’auteur ses plus beaux élans. […] Les Amours jaunes. — 1891. […] Elle ne distinguait pas son amour.
Y a-t-il un sujet rebattu, plus usé que celui des souvenirs d’amour ? […] Le sortilège d’amour n’aura pas raison du devoir civique. […] Le sage, lui, qui pense ces lois, ignore donc l’amour et la haine. […] L’amour seul faisait battre son cœur, mais un amour d’une délicatesse et d’une complication infinies. […] Il la dira, pêle-mêle avec les bonheurs et les chagrins de son premier amour.
Autour de deux ou trois idées fondamentales, s’organisa chez eux un système complet de poésie, formé du platonisme en amour, du christianisme en mythologie, et du royalisme en politique. […] Hugo dans ses premières odes politiques : et, s’il n’y avait pas là de quoi faire un chantre populaire, si le siècle ne se pouvait prendre d’amour pour qui lui lançait des anathèmes, et si, en un mot, le Lamennais de la poésie ne devait pas prétendre à devenir le Béranger de la France, peut-être au moins il avait dans sa franchise et son talent des titres à l’impartialité et à la justice. […] Hugo ne s’élève pas jusqu’aux hauteurs de l’ode, il se délasse souvent dans les rêveries les plus suaves, dont nul souffle étranger n’altère la fraîcheur : il se plaira, par exemple, à montrer à son amie le nuage doré qui traverse le ciel, à le suivre de la pensée, à y lire ses destinées de gloire ou d’amour, puis tout à coup à le voir s’évanouir en brouillard ou éclater en tonnerre. […] Qu’on imagine à plaisir tout ce qu’il y a de plus pur dans l’amour, de plus chaste dans l’hymen, de plus sacré dans l’union des âmes sous l’œil de Dieu ; qu’on rêve, en un mot, la volupté ravie au ciel sur l’aile de la prière, et l’on n’aura rien imaginé que ne réalise et n’efface encore M.
Quand nous lisons dans Horace la description de l’amour qui aiguise ses traits enflammez sur une pierre arrosée de sang ; les mots dont le poëte se sert pour faire sa peinture réveillent en nous les idées, et ces idées forment ensuite dans notre imagination le tableau où nous voïons l’amour dépêcher ce travail. […] On voit dans ce tableau des amours qui tournent une pierre à aiguiser. Un autre amour qui s’est piqué le bras, darde son sang sur cette pierre, où Cupidon affile des traits dont le fer étincelle.
Amour au milieu de tout cela. […] Mon amour persiste. […] Je pars pour l’Angleterre par Bruxelles, 31 octobre 1815, etc., etc. » Et maintenant, quand on publiera les lettres d’amour de Benjamin Constant à Mme Récamier, quand on relira la biographie flatteuse qu’il a tracée d’elle pour lui plaire et la charmer, quand on le verra prodiguer les larmes, les soupirs, faire jouer les feux follets de l’imagination et même les légères vapeurs du mysticisme (car tout est bon pour s’insinuer), on aura le revers ; on saura ce qu’il était avant et après ; avant, tant qu’il eut le désir, et après, quand il eut cessé d’espérer.
On disoit que, pour écrire ses Romans, elle s’étoit d’une plume tirée des ailes de l’Amour ; louange peut-être excessive, mais due au talent avec lequel elle a su peindre la puissance de ce Dieu. […] Ses principaux Ouvrages, en ce genre, sont les Désordres de l’Amour, les Annales galantes, les Exilés, les Amours des Grands Hommes.
Nous ne parlerons pas du Discours sur la Tragédie, dont les excellentes observations ne sont pas capables d'excuser la sotte apologie qu'il y fait de l'amour tyrannique de Scudéry. […] Dans son Eglogue des Amours d'Orphée, il a imité, avec autant d'élégance que de succès, l'Episode des Géorgiques, sur le même sujet. […] Comme on voit quelquefois dans l'Ardenne fameuse, Et dans les prés herbus où le Rhin joint la Meuse, Deux furieux taureaux par l'amour courroucés, Se heurter fiérement de leurs fronts abaissés : Le troupeau plein d'effroi regarde avec silence ; Le nombre des Pasteurs cede à leur violence : Les deux vaillans rivaux se pressant rudement Des cornes l'un sur l'autre appuyés fortement, Redoublent, sans cesser leurs cruelles atteintes ; De longs ruisseaux de sang leurs épaules sont teintes ; Ils mugissent des coups d'un cri retentissant, Et toute la forêt répond en mugissant…… Ajoutons encore ce morceau sur la briéveté de la vie, & nous ne serons point étonnés que l'Auteur du Lutrin & celui de la Henriade n'aient pas dédaigné de s'approprier plusieurs traits de ce Poëte, injustement oublié.
Faire vaincre dans ces deux âmes choisies les ressentiments de la femme par la piété de la fille, l’amour d’un amant par l’amour d’une mère, la haine par le dévouement, la passion par le devoir. […] Placer donc comme la providence le place, dans l’ombre, grinçant des dents à tous les sourires, ce misérable intelligent et perdu qui ne peut que nuire, car toutes les portes que son amour trouve fermées, sa vengeance les trouve ouvertes.