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973. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Rien ne sera plus facile, car nous avons affaire cette fois à un élément simple. […] Ici personnages et situations sont soudés ensemble, ou, pour mieux dire, les événements font partie intégrante des personnes, de sorte que si le drame nous racontait une autre histoire, on aurait beau conserver aux acteurs les mêmes noms, c’est à d’autres personnes que nous aurions véritablement affaire. […] Un grand mystère plane sur cette affaire.

974. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Un élégiaque comme Properce était mieux son affaire. […] Ce n’est pas mon affaire ici, mais je prétends du moins que M.  […] Leuwen s’occupait tout juste de ses affaires, et davantage de ses plaisirs. […] Ce n’est pas une petite affaire. […] On sait sa position dans l’affaire Dreyfus : j’étais de l’avis contraire.

975. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

J’ai envisagé courageusement mon passé, et j’ai été effrayé un moment de l’abîme de mes affaires personnelles. […] Pour le moment, son importante affaire était de recouvrer sa liberté. […] Les symptômes sont alarmants ; vos paisibles amis de Paris, qui font de la politique avec leur encre et leur papier dans la liberté des théories, verront à quels éléments réels ils vont avoir affaire. […] Mais le poète voit de loin ; et en 1830, si M. de Lamartine s’est trompé dans ses prévisions immédiates, ce n’était qu’affaire de temps et de distance ; il anticipait 1848 et 1851 ; il voyait deux ou trois horizons à la fois.

976. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

« Le père Goriot, vieillard de soixante-neuf ans environ, s’était retiré chez Mme Vauquer, en 1813, après avoir quitté les affaires. […] Goriot, le fit-elle considérer comme un imbécile qui ne connaissait rien aux affaires. […] — Femmes innocentes, malheureuses et persécutées, dit en plaisantant Vautrin, d’ici à peu de jours je me mêlerai de vos affaires, et tout ira bien ! […] À lui voir conduire ses affaires, expliquer les lois sur l’exportation, sur l’importation des grains, étudier leur esprit, saisir leurs défauts, un homme l’eût jugé capable d’être ministre d’État.

977. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Me voilà au Moniteur, puis arrivent ces affaires… cet homme qui va à droite, à gauche, on ne sait pas ce qu’il veut… Enfin, pas possible de rien dire. […] Une habitude, une affection de vingt-cinq ans, une fille qui savait notre vie, ouvrait nos lettres en notre absence, à qui nous racontions nos affaires. […] * * * — X… a pris pour maîtresse une actrice, aussitôt après le bruit de son acquittement pour avortement, un peu à cause du scandale de l’affaire, beaucoup parce que l’avortement a amené un dérangement curieux dans la matrice de la femme. […] J’ai de certaines facilités de sauter d’un sujet à l’autre, quoique ce soit le plus fatigant de mon affaire.

978. (1894) Critique de combat

C’est bien de romans que nous avons affaire ! […] Quant à affirmer qu’elles ont dû se passer de la sorte, c’est une autre affaire. […] c’est une autre affaire ! […] Elle se trahit même clans le domaine des affaires publiques. […] Chose triste pour tous ceux (et j’en suis) qui ont toujours souhaité réduire la part de la force brutale dans le règlement des affaires humaines !

979. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

C’est méconnaître les qualités pratiques dont il fit preuve dans toute cette affaire. […] C’est l’affaire d’une science de fondation récente : la psychologie collective. […] C’est à cela que se ramène cette optique théâtrale dont on a fait tant d’affaire. […] Dans l’Affaire Clémenceau et dans la Femme de Claude le mari tue également en vertu de son droit. […] Ce n’est pas son affaire.

980. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Que si l’auteur à tout cela répond que de telles discussions sont plutôt l’affaire du critique que du voyageur, j’y consens, et j’en viens à examiner ce qu’il a fait plutôt que ce qu’il aurait pu faire.

981. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Enfin, en mêlant ensemble le sentiment et les affaires, les intérêts du monde et ceux du cœur, on éprouve une sorte de peine qu’on ne veut pas démêler, parce qu’il est plus honorable de l’attribuer au sentiment seul ; mais qui se compose aussi d’une autre sorte de regrets, rendus plus douloureux par leur mélange avec les affections de l’âme.

982. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

En effet, une vérité abstraite s’éclaircit toujours davantage en y réfléchissant ; mais une affaire, un événement qui nous affecte, s’exagère, se dénature lorsqu’on s’en occupe perpétuellement.

983. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Il y a pourtant d’excellentes choses dans ces Réflexions, des vues générales et profondes : mais elles sont enveloppées ; jamais elles ne se présentent franchement, en pleine lumière ; et ce n’est pas une petite affaire de les extraire.

984. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Ouvrons au hasard : « Encore un grand nom compromis dans l’affaire des décorations : il s’agit du Panthéon, à l’égard duquel le Temps publie de graves révélations sous ce titre à scandale : « la décoration du Panthéon ».

985. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Messer Ipocrito contribue à débrouiller les affaires.

986. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

En 1649, il revint quelques mois à Paris, pour des affaires personnelles, mais il retourna bientôt avec sa femme dans l’Angoumois, où il se battit et reçut de graves blessures pour la cause royale ; il ne revint dans la capitale qu’en 1653, après la pacification de la guerre civile.

987. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Pourquoi tant de vaillants et magnifiques génies, si experts en toutes sortes d’affaires, si adroits dans la création de chants lyriques, si sublimes par la poésie, si grands chaque fois qu’ils firent des odes ou des harangues, pourquoi donc furent-ils si petits lorsqu’il s’agit pour eux de faire une œuvre utile ? 

988. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Heureusement on étouffa cette affaire ; mais la haine de l’abbé Desfontaines n’en fut que plus implacable.

989. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Le langage de cet apôtre est pur et élevé : on voit que c’était un homme versé dans les lettres, et qui connaissait les affaires et les hommes de son temps.

990. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Ces rélations des affaires publiques, inventées en France en 1631. par le Médecin Théophraste Renaudot, sont très-multipliées aujourdhui en Europe.

991. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

D’un autre côté les gens du métier deviennent plus circonspects lorsqu’ils sentent qu’ils ont affaire avec des hommes éclairez.

992. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Si l’opinion qui donne aux bêtes une raison presque humaine est fausse ou non, ce n’est point l’affaire du poete.

993. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Aussi voïons nous que nos comédiens dont plusieurs n’ont d’autre guide que l’instinct et la routine, ne sçavent par où se tirer d’affaire lorsque l’acteur qui recite avec eux ne finit pas sur un ton qui leur permette de debuter par le ton auquel ils se sont preparez, autant par habitude que par reflexion.

994. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Quant au mouvement insurrectionnel dont Vaultier nous fait le récit en l’opposant au récit des Mémoires de Louvet et de Wimpfen, le général équivoque des forces armées du Calvados, il se borna, ce formidable mouvement, à la ridicule affaire de Brécourt, que des historiens à microscope, dès qu’il s’agit de la Révolution, ont exagérée.

995. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Le livre oublié d’Avellaneda remis en lumière par un homme qui porte à la main un flambeau, la grande affaire pour la Critique est dans l’appréciation du livre qu’il éclaire, quel que soit cet Avellaneda qui l’a signé ; car avant de discuter le livre, on en a discuté l’auteur.

996. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

voilà bien le pire de l’affaire !

997. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Il a déjà publié quelque chose d’infiniment remarqué sur les Origines phéniciennes, et, pour achever ce travail d’une érudition transcendante, il faudrait qu’il fût mieux assis que sur l’escabeau que l’Université de France lui a aumôné, croyant n’avoir affaire ni à un fort savant ni à un grand poète.

998. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

— il suffit du plus simple relatif entre la pensée et Dieu. » Et le voilà qui part de Shakespeare : On ne s’attendait guère À voir Shakespeare en cette affaire !

999. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Chaque père de famille s’occupait uniquement de ses affaires, sans se mêler de celles des autres, comme Polyphème le dit à Ulysse dans l’Odyssée.

1000. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Étrange vicissitude des opinions et des affaires humaines ! […] Dans la dernière affaire d’Irlande, ils ont été alarmés des promesses que M.  […] Quand on se mêle de beaucoup d’affaires, il n’y a plus de sûreté dans la vie6. […] Le langage de cet apôtre est pur et élevé : on voit que c’était un homme versé dans les lettres, et qui connaissait les affaires et les hommes de son temps. […] Il n’y a peut-être jamais eu de plus beau génie littéraire que celui de César, et il paraît que ce petit-fils d’Anchise et de Vénus entendait assez bien les affaires.

1001. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Avons-nous affaire à un chrétien, ou à un sceptique ? […] Aussitôt les affaires publiques eussent attiré ces facultés si évidemment créées pour les spéculations de l’ordre le plus haut. […] Tout autre était le principe de George Sand, pour qui la grande affaire fut, comme pour Gœthe, non pas de produire des livres, mais de développer sa pensée à travers ses livres. […] Te voir à Paris, bientôt, me sera plus doux que mes affaires ne me seront embêtantes. […] Il comptera ensuite les types moyens, et parmi eux il distinguera les hommes d’affaires, un Carnot, un Prieur (de la Côte-d’Or) ; les hommes d’Etat, un Billaud-Varennes, un Couthon, un Saint-Just.

1002. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Le raisonnement a beau nous prouver que, plus nous nous écartons des objets découpés et des systèmes isolés par le sens commun et la science, plus nous avons affaire à une réalité qui change en bloc dans ses dispositions intérieures, comme si une mémoire accumulatrice du passé y rendait impossible le retour en arrière. […] Celui qui voudrait en noter tous les aspects successifs se perdrait dans un infini, comme il arrive quand on a affaire à une continuité. […] La preuve en est qu’il est souvent impossible de dire si l’on a affaire à un organisme qui vieillit ou à un embryon qui continue d’évoluer : tel est le cas des larves d’Insectes et de Crustacés, par exemple. […] Ils ont surtout affaire, en effet, aux phénomènes qui se répètent sans cesse dans l’être vivant, comme dans une cornue. […] Alors seulement nous pressentirions la nature réelle du mouvement évolutif ; encore ne ferions-nous que la pressentir, car nous n’aurions toujours affaire qu’à l’évolué, qui est un résultat, et non pas à l’évolution même, c’est-à-dire à l’acte par lequel le résultat s’obtient.

1003. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Même matériellement, Robinson dans son île reste en contact avec les autres hommes, car les objets fabriqués qu’il a sauvés du naufrage, et sans lesquels il ne se tirerait pas d’affaire, le maintiennent dans la civilisation et par conséquent dans la société. […] Notre exposé correspondrait de mieux en mieux à la réalité, croyons-nous, à mesure qu’on aurait affaire à des sociétés moins évoluées et à des consciences plus rudimentaires. […] Mais justement parce que nous avons affaire alors à une singulière complication de sentiments, d’idées, de tendances qui s’entrepénètrent, nous n’éviterons les analyses artificielles et les synthèses arbitraires que si nous disposons d’un schéma où figurera l’essentiel. […] Mais il ne s’agirait plus de philosophie grecque ou orientale, nous aurions affaire à la morale de tout le monde, si nous considérions l’intelligence en tant que simplement élaboratrice ou coordinatrice des matériaux, les uns infra-intellectuels et les autres supra-intellectuels, dont il a été question dans le présent chapitre. […] Nous avons bien affaire à la seconde méthode, mais c’est de l’expérience mystique qu’il s’agit.

1004. (1923) Paul Valéry

Au contraire l’œuvre d’art est pour le public une affaire de possession. […] Ici le temps ne fait rien à l’affaire. […] Leur affaire est de connaître. […] L’affaire des mortels n’est pas de connaître, mais de créer, c’est-à-dire de faire ce qui n’est pas encore. […] La poésie est pour lui, comme pour Malherbe, Corneille, Racine, La Fontaine, une affaire de rendement et d’objet.

1005. (1886) Le roman russe pp. -351

À lire la prose et les vers qu’ils déclamaient à l’Ermitage, on croit entendre de beaux esprits, réunis pour un jeu de société qui les distrait de leurs véritables affaires. […] Il y avait grand bal au Palais-d’Hiver ; la cour était réunie depuis longtemps, la musique jouait déjà ; on ne s’expliquait pas le retard de l’Empereur, on le croyait retenu par quelque affaire urgente. […] N’oublions pas l’amusant Pierre Pétouch, l’homme heureux, qui répond si drôlement à ceux qui s’ennuient chez lui : « Vous mangez trop peu, voilà toute votre affaire. […] Pour ce qui est de Dieu, l’humble femme sait qu’il a d’autres affaires que ce petit malheur ; elle le prie comme à son habitude, sans insister autrement, avec la piété ordinaire d’une paysanne, fort étrangère à la mysticité. […] C’était un courtisan adroit et rusé, rien de plus ; il n’entendait mot aux affaires publiques, ses vues étaient nulles, mais il savait admirablement mener ses propres affaires ; sur ce point il ne se laissait jouer par personne.

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