On remarqua que son action étoit alors beaucoup plus animée, parce qu’il emploïoit toutes ses forces à faire les gestes quand un autre étoit chargé du soin et de la peine de prononcer.
Les actions magnanimes sont celles dont le résultat prévu est le malheur et la mort. […] Fatale condition des hommes qui, à force de vouloir plaire à tout le monde, se sont rendu toute action impossible ! […] L’action est du domaine des choses mortelles, rapide, troublée, incomplète, imparfaite comme elles ; la pensée est idéale, pure, complète, parfaite comme l’idée.
Les événements qui se passent sous les yeux d’un poète, la nature des lieux qu’il habite, l’air même qu’il respire, ont une influence directe, une action puissante sur ses idées, sur ses impressions, sur son style, sur son génie enfin. […] Le poète, moins que tout autre, peut se défendre contre l’action qu’exercent sur lui l’aspect des lieux et le spectacle des événements ; car son âme en reçoit une impression plus vive et plus profonde. […] Il importe donc de réunir l’action à l’élocution, la pantomime au langage, pour que la pensée arrive pleine et entière, de l’homme qui parle à l’homme qui écoute.
Où sont ces faux amis, ces vils adulateurs, ces parasites si empressés à faire leur cour, et à témoigner par leurs actions et leurs paroles un servile dévouement ? […] Quel exorde renfermé dans une seule parole accompagnée de cette action ! […] Combien n’ai-je pas entendu, par de ridicules propos, condamner vos plus belles actions, et vous traiter d’hommes qui avaient usurpé une réputation dans un siècle d’ignorance qui manquait de vrais appréciateurs du mérite !
Le temps est pour moi ce qu’il y a de plus réel et de plus nécessaire ; c’est la condition fondamentale de l’action ; — que dis-je ? c’est l’action même ; et l’obligation où je suis de le vivre, l’impossibilité de jamais enjamber l’intervalle de temps à venir, suffiraient à me démontrer — si je n’en avais pas le sentiment immédiat — que l’avenir est réellement ouvert, imprévisible, indéterminé. […] Mais la pensée, qui déborde le pur entendement, sait bien que, si l’intelligence a pour essence de dégager des lois, c’est afin que notre action sache sur quoi compter, c’est afin que notre volonté ait plus de prise sur les choses : l’entendement traite la durée comme un déficit, comme une pure négation, afin que nous puissions travailler avec le plus d’efficacité possible dans cette durée qui est pourtant ce qu’il y a de plus positif au monde.
Elle dut commencer par des signes, des gestes, des indications matérielles dans un rapport naturel avec les idées : aussi λόγος, parole, eut en outre chez les Hébreux le sens d’action, chez les Grecs celui de chose. […] Il existe ici un homme qui, à la suite d’une violente attaque d’apoplexie, se souvenait bien des noms, mais avait entièrement oublié les verbes. — Les verbes qui sont des genres à l’égard de tous les autres, tels que : sum, qui indique l’existence, verbe auquel se rapportent toutes les essences, c’est-à-dire tous les objets de la métaphysique ; sto, eo, qui expriment le repos et le mouvement, auxquels se rapportent toutes les choses physiques ; do, dico, facio, auxquels se rapportent toutes les choses d’action, relatives soit à la morale, soit aux intérêts de la famille ou de la société, ces verbes, dis-je, sont tous des monosyllabes à l’impératif, es, sta, i, da, dic, fac ; et c’est par l’impératif qu’ils ont dû commencer. […] Par exemple, trois épis, ou l’action de couper trois fois des épis, pour signifier trois années. — Platon et Jamblique ont dit que cette langue, dont les expressions portaient avec elles leur sens naturel, s’était parlée autrefois.
Si peu entendue que doive être notre voix, elle ne s’élève pas ici sans souci d’action. […] Il a le culte des grandes actions. […] Trop souvent la critique a béatement accepté de lui cette formule comme exprimant, en effet, la raison la plus générale des actions et démarches humaines. […] Celui-ci trouva du sublime dans cette action. […] Cela n’est-il pas prodigieux d’animation et d’action ?
Il a raison : ce pourrait être un drame que Bérénice, si l’action n’y manquait ; et une tragédie, si l’élément tragique n’y faisait presque absolument défaut. […] Il suffit que c’est bien la prose qui convient à la nature des pièces de Dancourt, surchargées d’épisodes étrangers à l’action proprement dite, quand encore il est possible d’y reconnaître une action ; encombrées, un peu comme de nos jours la plupart des pièces de M. […] Vous devez après cet Être vous aimer les uns les autres, éviter surtout les trahisons, les meurtres et toutes les actions violentes dont l’Être souverain est irrité. […] Seulement, au lieu de l’antique mythologie, c’est l’histoire moderne, c’est l’histoire contemporaine qui dessine le cadre de l’action. […] Et presque tout ce monde se peint si fidèlement dans ses lettres que, l’action se composant, pour ainsi dire, à mesure qu’ils écrivent, nous la voyons naître sous nos yeux, comme ces actions de la vie quotidienne, dont on ne reconnaît l’infinie complication que si l’on essaye par hasard de la vouloir débrouiller.
De Vigny demanda la parole et déclara que cette action lui paraissait d’un plus haut prix et, pour ainsi dire, une perle d’une plus belle eau que les autres. […] Il a aussi contre lui les hommes de gouvernement et d’action ; mais la seule objection de ces derniers se réduit à ceci : « Pourquoi, diantre ! […] Mais ne lui demandez pas davantage : ni profondeur, ni originalité vive, ni vérité neuve, etc. — La flamme manque à ses écrits, même dans les meilleures pages : il ne l’a eue que par la contradiction, à la tribune et dans le feu de l’action oratoire. […] Molé dans l’action est, m’assure-t-on, d’une extrême faiblesse ; il est d’une méfiance, d’une susceptibilité qui entrave les affaires ; il a des nerfs comme une femme ; mais dans le conseil et dans le devis des choses il a la clairvoyance, la justesse de coup d’œil : c’est là qu’est sa supériorité […] Guizot a pour lui l’action oratoire, le jeu ; mais, lu, cela perd beaucoup.
Dans les verbes, il faut toujours prendre l’infinitif pour la racine des dérivés, parce que l’infinitif exprime une action indéfinie, et que les autres temps désignent quelque circonstance jointe à l’action ; celle de la personne, du temps, etc., et par conséquent ajoutent une idée à celle de l’infinitif. […] La musique a besoin d’exécution ; elle est muette et nulle sur le papier : de même l’éloquence sur le papier est presque toujours froide et sans vie ; elle a besoin de l’action et du geste : ces deux qualités lui sont encore plus nécessaires que l’élocution ; et ce n’est pas sans raison que Démosthène réduisait à l’action toutes les parties de l’orateur. […] L’action fait plus que d’animer le discours, elle peut même inspirer l’orateur, surtout dans les occasions où il s’agit de traiter sur-le-champ, et sur un grand théâtre, de grands intérêts, comme autrefois à Athènes et à Rome, et quelquefois aujourd’hui en Angleterre. […] Qu’on lise le commencement du traité de Cicéron, intitulé Orator, on verra qu’il appelait diserti les orateurs qui avaient eloquentiam popularem , ou comme il l’appelle encore, eloquentiam forensem, ornatam verbis atque sententiis sine doctrinæ , c’est-à-dire, le talent complet de la parole, mais destitué de la profondeur du savoir et de la philosophie : dans un autre endroit du même ouvrage, Cicéron, pour relever le mérite de l’action, dit qu’elle a fait réussir des orateurs sans talent, infantes ; et que des orateurs éloquents, diserti, n’ont point réussi sans elle : parce que, ajoute-t-il tout de suite, eloquentia sine actione, nulla ; hæc autem sine eloquentia, permagna est . […] La correction et la clarté sont encore plus étroitement nécessaires dans un discours fait pour être lu, que dans un discours prononcé ; car, dans ce dernier cas, une action vive, juste, animée, peut quelquefois aider à la clarté et sauver l’incorrection.
Littré, du vivant de Carrel et après lui, fit des articles et rendit des services au National, mais sans jamais être, à proprement parler, un collaborateur politique et une plume d’action. […] Littré a cru qu’il était lié, attaché à lui par une obligation plus forte, plus étroite, par une de ces obligations qui constituent la relation du disciple au maître ; et, le croyant ainsi, il l’a déclaré, professé et maintenu en toute rencontre, au risque de compliquer sa vie et sa propre action à lui-même, au risque de se nuire dans l’opinion de quelques-uns. […] Quelle était la part des accidents, quelle était l’action intime, sourde et fondamentale, de certaines lois ? […] n’y avait-il pas eu aussi du profit et du gain, du moins en perspective, pour l’action plus libre de la pensée et le procédé de plus en plus analytique de l’esprit ?
Le bonheur a voulu que, par une série de heureux hasards et de fidèle affection (celle de M. d’Aurevilly, un écrivain qui ne peut être caractérisé que par lui-même, parce qu’il ne ressemble à personne), le hasard et le bonheur ont voulu que ce journal et ces lettres n’aient pas péri dans les cendres du Cayla ; mais que des mains pieuses les aient recueillies le lendemain de sa mort pour édifier tout un siècle, et, après M. de Sainte-Beuve, moi, qui vais essayer d’inspirer à mes lecteurs la passion de les lire comme une Imitation de Jésus-Christ en action, le plus beau des livres modernes dans la plus tendre des âmes et dans le plus confidentiel des styles. […] « Au reste, c’est un jour de bonnes actions aujourd’hui ; je viens de Cahuzac et, comme chaque fois, merveilleusement disposée à bien faire ; faire mal ce jour-là me semble impossible. […] C’est comme le sel qui préserve affections et actions de la corruption de la vie. […] En suivant son instinct, elle est bonne ou mauvaise par rapport à nous seulement ; il n’y a pas vouloir, c’est-à-dire choix, dans les actions animales, et par conséquent ni bien ni mal, ni paradis ni enfer.
Le moteur doit être de toute nécessité antérieur à sa propre action ; et ce n’est peut-être que par le besoin d’une déduction purement logique, et en partant de l’observation sensible, qu’Aristote paraît n’assigner au moteur que la seconde place. […] Immobile et immuable, il a éternellement la force de produire le mouvement sans fatigue et sans peine ; et son action ne s’épuise jamais, toujours uniforme, égale et identique, d’abord en lui-même, et ensuite dans le mobile, sur lequel elle s’exerce. […] Voilà les derniers mots et les dernières idées de la Physique d’Aristote, terminant cette vaste étude par une théorie de l’action de Dieu sur le monde. […] Mais éclairer l’humanité sur les caractères de la vertu, lui montrer avec pleine lumière la fin obligatoire de toutes les actions humaines, et lui indiquer les voies qui mènent à cette fin, c’est un immense service ; et l’on n’a point à s’étonner de l’estime et de la gloire qui le récompensent.
Le récit est identique à celui de l’Anneau du Nibelung tel que nous le connaissons aujourd’hui ; c’est-à-dire, la fable — ce qu’on nomme vulgairement l’action — du drame est la même ; c’est absolument la même série d’événements ». […] Aujourd’hui Wotan est le point central, autour duquel tout rayonne ; tout part de lui, et — constamment — chaque action des autres personnages est ramenée à tus, et n’acquiert une vraie signification que par son rapport à lui. […] Mais les hommes dont je parle mènent tous une vie très retirée et fuient la publicité ; leur cercle d’action est donc très restreint. […] Œsterlein : mais j’imagine, pour ma part, qu’il y aurait là, vraiment, l’occasion d’une bonne action artistique.
Si certains naturalistes se piquèrent d’enseigner une morale en action, les autres professèrent que l’art est étranger à toute morale. […] Il faut les étudier patiemment, assidûment, comme le physiologiste qui, pendant des semaines et des mois, guette les actions du milieu et les réactions des plasmas soumis à son expérience. […] Et suggérant de mystérieuses analogies, mille détails inaperçus d’abord se répondent et se font écho à travers la masse de l’action, de la même façon que les couleurs se rappellent dans le tableau d’un peintre. […] La première de toutes, c’est la nécessité de sortir du dilettantisme, puisque, sans cette adhésion réfléchie ou spontanée, l’artiste, isolé du groupe qui doit le soutenir et réduit au caprice individuel, n’est plus qu’un amateur dont l’action est toujours restreinte et l’exemple peut être dangereux ; mais il faut aller plus avant.
À Seneffe (1674) il se trouva le seul officier sur pied de la compagnie et commanda les gendarmes durant l’action : il y reçut trois blessures et eut deux chevaux tués sous lui. […] Il nous fait voir le houssard hongrois, le houssard primitif, avec ses fuites rapides et ses retours aussi prompts : « Ce sont gens qui vont bon train, montés sur de petits chevaux maigres, ayant sur le dos des peaux de loups, auxquelles ceux qui ont fait quelque belle action joignent des ailes d’aigles. » Il a, çà et là, des traits assez pittoresques en passant.
Il voudrait donc au plus tôt que son élève n’eût plus rien de l’élève ni de l’écolier ; il voudrait, une fois pour toutes, lui inspirer la hardiesse dans l’action, la noblesse dans le procédé et dans la démarche, le génie de la conversation, tout ce qui orne, qui impose, et ce qui donne au pouvoir sa douceur et sa majesté : « Qu’il soit de plus en plus petit sous la main de Dieu, mais grand aux yeux des hommes. […] Il est dit de Salomon qu’on le craignait, voyant la sagesse qui était en lui. » Jusqu’à la fin il se méfie, et il combat dans son élève ce qui a été une habitude invétérée jusqu’à l’âge de vingt-huit ans, le trop de raisonnement, le trop de spéculation opposé à l’action, et une certaine complaisance minutieuse et petite, soit dans le sérieux, soit dans le délassement : « Les amusements puérils apetissent l’esprit, affaiblissent le cœur, avilissent l’homme, et sont contraires à l’ordre de Dieu. » Fénelon, dans toute cette description morale, ne marchande point sur l’expression.
Quelque goût personnellement qu’il eût à jouer de la hallebarde ou de la pique, il y entremêle sans cesse l’arquebuserie ; il combine l’action de ce nouveau moyen avec les autres armes de guerre, et, loin d’avoir aucun préjugé qui l’enchaîne aux us et coutumes de l’ancienne chevalerie, on le voit aussi ouvert et aussi entendu qu’homme de son temps à toute invention et à toute pratique militaire utile. […] C’est un tout qui se détache et qui fait un parfait ensemble ; la façon de dire et de raconter y est égale à l’action.
En cette même année 1588, si enflammée pour tous, et où il paraît qu’il avait lui-même sa fièvre et ses ardeurs, il fut près d’entrer dans la Ligue, comme il en convint quelques mois après, en écrivant à un docteur de Sorbonne de ses amis : Un temps a été, disait-il, que je marchandais d’être de la Ligue et y ai mis un pied dedans : car, en vérité je n’en fus jamais du tout, ni résolûment ; voire leurs actions m’ont outrément offensé. […] Charron s’en remet pour cela à l’action directe et divine, sans trop s’expliquer.
Charron ici, dans sa définition tant de la probité que de la religion, et du lien qui les unit, a été tout occupé d’éviter à son homme de bien la crainte des châtiments futurs pour unique principe d’action, et il a trop oublié la charité et l’amour. […] [NdA] N’est-ce pas ici, au sérieux, la leçon pratique que Molière a mise partout en action dans ses comédies ?
Read (1854), et où se lisent des conversations de Henri IV et du ministre protestant Chamier de Montélimar, pendant un voyage de celui-ci en Cour, on voit comment Henri IV traitait d’autre part ses anciens coreligionnaires demeurés opiniâtres et ardents ; il y employait un mélange de sévérité, d’adresse et de bons propos : on y saisit bien son procédé politique en action ; mais il n’était qu’exact et véridique, lorsqu’il disait à ce ministre Chamier, dont il aurait voulu adoucir l’âpreté : « Qu’il ne demandait rien de lui que ce qui se doit d’un honnête homme ; qu’il n’était pas, comme on disait, gouverné par les jésuites, mais qu’il gouvernait et les jésuites et les ministres (calvinistes), étant le roi des uns et des autres. » Vrai roi de tous en effet, grand et admirable en ce qu’il devançait l’esprit des temps, dominant toutes ces haines qui l’entouraient, toutes ces passions de gallicans, de parlementaires, d’ultramontains, de huguenots, et au sortir d’une époque où l’on s’égorgeait et l’on s’entre-dévorait, forçant tous ses naturels sujets à subsister, bon gré mal gré, dans une paix et une garantie mutuelles ! […] Châteaux en croupe, cela est amené et comme entraîné par la vivacité de l’action ; mais, pour paraître naturel, en est-ce moins heureux ?
Dans tous ces cas si divers, sans doute l’être humain cherche invariablement sa consolation, sa joie secrète et son bonheur ; mais ne venez point parler d’amour-propre, d’intérêt et d’orgueil, là où le ressort en est si richement revêtu, si naturellement recouvert, et si transformé, qu’il ne peut plus être défini que le principe intime d’action et d’attrait propre à chaque être. L’inconvénient du système de La Rochefoucauld est de donner pour tous les ordres d’action une explication uniforme et jusqu’à un certain point abstraite, quand la nature, au contraire, a multiplié les instincts, les goûts, les talents divers, et qu’elle a coloré en mille sens cette poursuite entrecroisée de tous, cette course impétueuse et savante de chacun vers l’objet de son désir.
L’esprit de Voiture était toujours en action et en mouvement comme pour un théâtre de société. […] Il faut citer quelque chose de ces pages, qui égalent sur ce grand sujet ce qu’on a pu dire de mieux : Je ne suis pas de ceux, dit-il, qui, ayant dessein, comme vous dites, de convertir des éloges en brevets, font des miracles de toutes les actions de M. le cardinal, portent ses louanges au-delà de ce que peuvent et doivent aller celles des hommes, et, à force de vouloir trop faire croire de bien de lui, n’en disent que des choses incroyables ; mais aussi n’ai-je pas cette basse malignité de haïr un homme à cause qu’il est au-dessus des autres, et je ne me laisse pas non plus emporter aux affections ni aux haines publiques, que je sais être quasi toujours fort injustes.
Elle veut passer de l’observation et de la conversation politique à l’action. […] Dans un complet et très judicieux essai sur la princesse des Ursins (inséré dans la Revue des deux mondes du 15 septembre 1859), M. de Carné ne va pas tout à fait si loin ; il s’applique à réduire le rôle diplomatique que la princesse aurait joué dans le monde romain en ces années ; il n’y voit qu’une action purement officieuse et réclame contre l’induction de M.
Elle est comme lui intolérante de toute opposition, insultante dans la dispute, et très disposée à dire aux gens des choses piquantes, sans colère et seulement pour jouir de sa supériorité. » Ce n’est pas juste, et cela jure avec l’idée de bonté qui se trouvait dominer, en définitive, dans les jugements comme dans les actions de Mme de Staël ; mais enfin l’opinion d’un tel témoin n’est pas à négliger, sauf à être expliquée. […] La couleur, qui flottait brillante et diffuse dans sa parole et dans toute son action, n’a pas su se fixer sur le papier45.
C’est même pour lui une des conditions de la critique complexe et nuancée telle qu’il l’entend : « L’esprit délicat et dégagé de passion, critique pour lui-même, voit, dit-il, les côtés faibles de sa propre cause et est tenté par moments d’être de l’avis de ses adversaires. » Le contraire lui paraît presque de la grossièreté, de la violence à l’usage seulement des hommes d’action, des chefs de secte ou de parti, non des penseurs. […] Renan que des précautions de politesse et de prudence, des formes de circonspection respectueuse, je ne m’en inquiéterais pas autrement ; mais c’est un procédé devenu chez lui habituel et constant, qui tient d’une part à l’élévation, à l’étendue, à l’impartialité du critique, aux yeux duquel « la vérité est toute dans les nuances » ; et aussi le dilettante et l’artiste y ont leur action et leur jeu.
Si l’auteur a voulu montrer en action une de ces religions infâmes, infernales, écrasantes, qui ne tenaient nul compte de la vie des hommes, et dont le Christ a débarrassé le monde, il a réussi. […] Cette Salammbô, dont la personne et la passion devaient faire le mobile du livre et de l’action, est piquante, curieuse, habilement composée et concertée, je n’en disconviens nullement, mais elle n’anime rien et, au fond, n’intéresse pas.
Si j’avais affaire à un auteur dramatique, je dirais que son cinquième acte est le plus faible ; et il n’en pouvait être autrement d’après le sens même et l’esprit selon lequel il a mené toute l’action : le cinquième acte, humanisé comme il l’est, et dépouillé de son mystère, est nécessairement un peu découronné. […] Je conseille ce livre à tous ceux qui veulent approfondir et creuser tant soit peu ce genre d’étude ; ils y verront la méthode appliquée et en action.
On a pu sourire et plaisanter des petits alinéas de M. de Girardin, mais ici, dans cet article qui était une action, chaque phrase, chaque ligne, chaque mot portait et faisait programme et ralliement pour les honnêtes gens et les bons citoyens. […] Chez les modernes, il y a progrès : les oracles sont muets ; la voix des dieux et de ceux qui les faisaient parler n’est plus fatalement obéie ; les peuples pensent : et pourtant il y a toujours l’empire des mots, la puissance des déclamations de tout genre, des sophismes spécieux, ces autres formes d’idoles ; il y a la mobilité naturelle aux hommes, le jeu presque mécanique des actions et des réactions, mille causes combinées d’où résultent on ne sait comment, à certains jours, des souffles généraux qui deviendront plus tard des tempêtes ; et lorsqu’une fois il s’est établi parmi les peuples un mauvais courant de pensées et de sentiments, oracle ou non, il y a danger, si une main bien prudente et bien ferme n’est au gouvernail, qu’ils n’y obéissent en aveugles comme à un mauvais génie.
Adolphe Monod, mais qu’il était aussi éloquent que lui. » C’eût été dans ce cas un grand orateur, ce qui ne s’est pas vérifié plus tard à la Convention, où il se montra un homme d’action plutôt encore que de tribune. […] Sa spécialité, son titre, comme membre de la Convention, n’est pas dans ces exposés de théories : il fut un homme de vigueur et d’action.
Si, étant né prince, il eût reçu une bonne éducation, s’il se fût trouvé surtout dans des circonstances qui l’eussent obligé d’employer avec un peu d’énergie les facultés que la nature lui avait données, il est vraisemblable que peu de princes eussent mieux mérité du genre humain par la bonté qui aurait sûrement dirigé ses actions, si ses actions avaient été à lui. » C’est là qu’en était venu le Louis XV des derniers temps, celui qui disait : « Après moi le déluge !
. — Puis, la Terreur passée, il y a eu les hommes fermes, modérés, honorables, qui ont essayé de fonder l’ordre et le régime républicain en dépit des réactions, les hommes de l’an iii, Thibaudeau, Daunou, La Revellière-Lépeaux… — Je compterai ensuite une autre génération d’hommes politiques, ceux de 1797, de la veille de Fructidor, très honnêtes gens d’intention, un peu prématurés d’action et d’initiative, qui voulaient bien peut-être du régime légalement institué, mais qui le voulaient avec une justice de plus en plus étendue et sans les lois d’exception : les Barbé-Marbois, les Portalis, les Camille Jordan. — Enfin il y eut, à la dernière heure du Directoire, les hommes qui en étaient las avec toute la France, qui avaient soif d’en sortir et qui entrèrent avec patriotisme dans la pensée et l’accomplissement du 18 brumaire : Rœderer, Volney, Cabanis… Je crois que je n’ai rien omis, que tous les moments essentiels de la Révolution sont représentés, et que chacun de ces principaux courants d’opinion vient, en effet, livrer à son tour au jugement de l’histoire des chefs de file en renom, des hommes sui generis qui ont le droit d’être jugés selon leurs convictions, selon leur formule, et eu égard aux graves et périlleuses circonstances où ils intervinrent. […] On sait la touchante histoire de Montesquieu à Marseille, délivrant, sans se faire connaître, le père du jeune batelier Robert, esclave à Tétouan : Malouet a une histoire toute pareille et à faire le pendant de celle de Montesquieu dans la Morale en action.
Dès le début de son discours, il a tracé dans une double peinture, pleine de magnificence, le caractère des deux familles, et comme des deux races, dans lesquelles il range et auxquelles il ramène l’infinie variété des esprits : la première, celle de tous les penseurs, contemplateurs ou songeurs solitaires, de tous les amants et chercheurs de l’idéal, philosophes ou poëtes ; la seconde, celle des hommes d’action, des hommes positifs et pratiques, soit politiques, soit littéraires, des esprits critiques et applicables, de ceux qui visent à l’influence et à l’empire du moment, et qu’il embrasse sous le titre général d’improvisateurs. […] Seulement, de très-bonne heure, il paraît avoir fait entre les hommes la distinction qu’il a posée au commencement de son discours : il a mis d’une part les nobles songeurs, les penseurs, comme il dit, c’est-à-dire surtout les artistes et les poëtes, et d’autre part il a vu en masse les hommes d’action, ceux qu’il appelle les improvisateurs, parmi lesquels il range les plus grands des politiques et des chefs de nations.