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411. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Faites que les ouvrages des écoles flamandes et françoises me soient familiers. […] Convenez qu’il parlait en grand artiste et en homme de sens, ce Vernet, lorsqu’il disait aux élèves de l’école occupés de la caricature oui, ces plis sont grands, larges et beaux ; mais songez que vous ne les reverrez plus. […] Avec le tems, par une marche lente et pusillanime, par un long et pénible tâtonnement, par une notion sourde, secrette, d’analogie, acquise par une infinité d’observations successives dont la mémoire s’éteint et dont l’effet reste, la réforme s’est étendue à de moindres parties, de celles-cy à de moindres encore, et de ces dernières aux plus petites, à l’ongle, à la paupière, aux cils, aux cheveux, effaçant sans relâche et avec une circonspection étonante les altérations et difformités de nature viciée, ou dans son origine, ou par les nécessités de sa condition, s’éloignant sans cesse du portrait, de la ligne fausse, pour s’élever au vrai modèle idéal de la beauté, à la ligne vraie ; ligne vraie, modèle idéal de beauté qui n’exista nulle part que dans la tête des Agasias, des Raphaëls, des poussins, des Pugets, des Pigals, des Falconnets ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont les artistes subalternes ne puisent que des notions incorrectes, plus ou moins approchées que dans l’antique ou dans leurs ouvrages ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie que ces grands maîtres ne peuvent inspirer à leurs élèves aussi rigoureusement qu’ils la conçoivent ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie au-dessus de laquelle ils peuvent s’élancer en se jouant, pour produire le chimérique, le sphinx, le centaure, l’hippogriphe, le faune, et toutes les natures mêlées ; au-dessous de laquelle ils peuvent descendre pour produire les différents portraits de la vie, la charge, le monstre, le grotesque, selon la dose de mensonge qu’exige leur composition et l’effet qu’ils ont à produire, en sorte que c’est presque une question vuide de sens que de chercher jusqu’où il faut se tenir approché ou éloigné du modèle idéal de la beauté, de la ligne vraie ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie non traditionelle qui s’évanouit presque avec l’homme de génie, qui forme pendant un tems l’esprit, le caractère, le goût des ouvrages d’un peuple, d’un siècle, d’une école ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont l’homme de génie aura la notion la plus correcte selon le climat, le gouvernement, les loix, les circonstances qui l’auront vu naître ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie qui se corrompt, qui se perd et qui ne se retrouveroit peut-être parfaitement chez un peuple que par le retour à l’état de Barbarie ; car c’est la seule condition où les hommes convaincus de leur ignorance puissent se résoudre à la lenteur du tâtonnement ; les autres restent médiocres précisément parce qu’ils naissent, pour ainsi dire, scavants. […] Et puis, mon ami, croyez-vous qu’il n’y ait aucune différence entre être de l’école primitive et du secret, partager l’esprit national, être animé de la chaleur, et pénétré des vues, des procédés, des moyens de ceux qui ont fait la chose, et voir simplement la chose faite ?

412. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

C’est à ce titre qu’un poëte, d’abord de l’école alexandrine, sous l’ancienne royauté, puis de l’école frénétique sous l’anarchie, Lebrun, affecta les écarts d’une veine à la fois savante et forcenée, n’étant d’ailleurs qu’un artiste en paroles, sans libre invention, comme sans principe moral, et d’autant plus impétueux qu’il était plus servile sous la passion ou le pouvoir du moment. […] Alors, en effet, se formait une école de poëtes démocrates, mécontents de la liberté anglaise, et projetant une révolution dans leur patrie ou une république nouvelle en Amérique. […] C’est à cette école qu’il avait nourri d’abord un plus paisible enthousiasme, rêvant au pied du mont Chamouni, comme plus tard il habita les bords agrestes des lacs d’Écosse.

413. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Si j’étais père de famille, au lieu d’être un solitaire de l’existence entre deux générations tranchées par la mort, du passé et de l’avenir de ce globe, qui n’a plus pour moi que le tendre et triste intérêt du tombeau ; ou si j’étais un instituteur de la jeunesse, chargé de lui enseigner le plus rapidement et le plus éloquemment possible ce que tout homme doit savoir du globe et de la race à laquelle il appartient, pour être vraiment intelligent de lui-même, je suspendrais un globe terrestre au plancher de ma modeste école, et j’expliquerais, avec ce miraculeux démonstrateur de l’astronomie, le second Herschel, la place et le mouvement de notre globule au milieu des espaces et des mouvements de cette armée des astres, qui exécutent, chacun à son rang et à son heure, la divine stratégie des mondes. Je tapisserais ensuite les murailles blanches de ma pauvre école avec les cartes de l’atlas Le Chevalier ; je mènerais par la main mes petits astronomes et mes petits géographes d’abord devant le globe, puis devant ces cartes où ce globe se décompose en surfaces planes sur lesquelles sont gravées, époque par époque, les superficies terrestres qui furent, ou qui sont, ou qui seront des empires humains. […] Quand nous aurions achevé ensemble ce tour du globe, cette chronologie des choses humaines, dans ma chambre de vingt pieds carrés, parcourue lentement en une année de stations devant ces cartes, et que les volumes de l’histoire lue sur place joncheraient à nos pieds le plancher de notre école, semblable à un navire qui aurait fait la circumnavigation du globe et du temps, j’appellerais un à un mes petits géographes, compagnons de notre navigation sur place ; je leur demanderais d’être à leur tour les pilotes de notre longue et universelle expédition sur tant de mers, de côtes, de fleuves, de montagnes, de terres inconnues ; de nous dire où nous en sommes de cet itinéraire géographique entrepris ensemble et accompli en une année d’études aussi variées qu’intéressantes.

414. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

« Deux écoles complètement opposées, d’ailleurs, ont contribué à la faire dévier de la bonne voie : d’une part, Auguste Comte, et d’autre part, la métaphysique allemande. […] Voyons maintenant notre auteur aux prises avec l’école opposée, les métaphysiciens, allemands ou autres, ceux qu’il appelle, d’un terme général, les philosophes à priori. […] Fixons par un exemple la différence des deux Écoles en psychologie.

415. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Ce sont des théâtres de luxe ou des écoles de goût. […] Mais le Théâtre-Français surtout est et demeure, à travers toutes les vicissitudes, une grande école de goût, de bon langage, un monument vivant où la tradition se concilie avec la nouveauté. […] Ce qu’il faut de plus en plus à la France, appelée indistinctement à la vie de tribune et jetée tout entière sur la place publique, c’est une école de bonne langue, de belle et haute littérature, un organe permanent et pur de tradition.

416. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Pour mieux constater le droit, il ouvrit une école gratuite avec deux de ses amis, M. de Coux et l’abbé Lacordaire. L’école ne fut ouverte que deux jours ; le commissaire de police vint la fermer, et les trois maîtres d’école (comme ils s’intitulaient) se virent traduits en police correctionnelle.

417. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

C’est cependant cette dernière formule qui jouit aujourd’hui d’une certaine popularité dans quelques écoles. […] À cet habile subterfuge de l’école matérialiste, il me semble que le duc de Broglie a très pertinemment répondu, dans son savant examen de la philosophie de Broussais73 : « Il ne s’agit point, dit-il, de savoir comment on pense, mais mais qui est-ce qui pense ; ce n’est pas la question du quomodo, c’est la question du quid. […] On connaît ces deux lois qui ont pu être exagérées sans doute par l’école empirique et sensualiste, mais qui restent vraies dans leur généralité : l’âme ne pense pas sans images, l’âme ne pense pas sans signes.

418. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être Il ne s’ensuit pas de ce qu’on a dégradé la physique de l’école et le systême de Ptolomée, qu’on puisse dégrader l’Iliade d’Homere et l’éneïde de Virgile. […] C’est ainsi que le systême de physique qui s’enseignoit dans les écoles sous le titre de la physique d’Aristote, étoit devenu le systême generalement reçu. […] Juvenal, contemporain de Quintilien, nous apprend que de son temps on faisoit déja lire aux enfans dans les écoles, Horace et Virgile.

419. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Les poètes l’accusent de n’être bon, comme Chrysale, qu’à faire bouillir le pot et le renvoient dans la cuisine de Martine ou à l’école de Philaminte. […] Quant aux jeunes gens, on les renverrait à l’école, et chacun faisant son métier, tout irait bien ; les articles de critique ne seraient peut-être pas très amusants, mais ils seraient raisonnables ou devraient l’être. […] Homère viendra à l’école de Longin ; il écoutera de son mieux, prendra des notes, et fera son devoir en conscience.

420. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

André Chénier, disons-nous, aida beaucoup à l’école de l’art sous la Restauration. Aujourd’hui cette école est dissoute ; on se montre, on s’est montré même autour de nous148 bien sévère pour elle, par des raisons judicieuses qu’il serait possible, je crois, d’atténuer plutôt que de détruire.

421. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

Laurent, celle qui renferme ses propres idées et les vues de son école. Il appartient en effet à cette école du Producteur, qui, pour n’avoir plus d’organe officiel, ne subsiste pas moins, se continuant et peut-être se propageant dans l’ombre.

422. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Mais une note de la même Table, à propos de l’article sur l’École du monde (1er février 1840), qu’on lira plus loin, nous apprend que ces chroniques étaient rédigées de concert entre MM. Sainte-Beuve et Labitte, et signale particulièrement l’article sur l’École du monde comme étant de M. 

423. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

Ce couvent est une sorte d’« École des Cadettes », une école de vie élégante, d’orgueil, de volonté — et de sacrifice.

424. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

De 1863 à 1865, étant examinateur d’admission à l’École militaire de Saint-Cyr, il fit des tournées en province. […] L’idéal, c’est que le paysan puisse manger de la viande et que mon cordonnier, ayant amassé trois mille francs de rente, puisse envoyer son fils à l’École de Droit… »‌ Voilà quelques extraits des trente-trois premières pages ; il y en a trois cent cinquante de ce ton.‌

425. (1890) Nouvelles questions de critique

Membre de l’Institut, professeur au Collège de France, membre du conseil de l’École des chartes, professeur à l’École des hautes études, fondateur, je crois, et directeur ou inspirateur de la Revue critique et de la Romania, deux importantes revues, et surtout redoutées, M.  […] À Dieu ne plaise que nous soyons jamais de cette école ! […] Volontiers ils auraient réduit l’art d’écrire à l’art de raisonner, et l’art de raisonner lui-même à la logique aride de l’école. […] Ce que n’avait pas pu « l’École du bon sens », les premières comédies de M.  […] et, si vous aimez mieux des exemples plus généraux, qui prouvent davantage, concevez-vous que l’école hollandaise n’eût eu qu’à le vouloir pour être l’école italienne ?

426. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Je veux parler d’abord de Jean-Jacques Rousseau et de son école. […] Comme Jouffroy, et peu de temps après lui, il avait été élève à l’École Normale. […] « Il était de mode alors dans l’école romantique » nous rapporte Th. […] Victor Escousse et Auguste Lebras avaient ardemment embrassé les principes de l’école romantique. […] Je dois me renfermer dans la période de sa vie où elle a suivi le mouvement imprimé par l’école mélancolique.

427. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Pourtant il était, durant ce temps-là, sous la direction spéciale d’un maître bien docte et de la bonne école, M.  […] C’est de cette époque, dit-il, qu’il commença à penser, à contracter un goût constant pour la philosophie, et qu’il prit l’habitude d’employer pour son propre compte les procédés analytiques recommandés dans l’école expérimentale. […] Cousin, et tout d’abord il marqua dans l’école philosophique au premier rang des amateurs, en attendant qu’il y fît sa place comme un maître. […] Jouffroy et les proscrits de l’École normale ; 3° enfin, les volontaires sortis des salons, et Parisiens pour la plupart. […] Notez ces traces directes du xviiie  siècle, plus marquées que ne les admet en général l’école doctrinaire.

428. (1925) Comment on devient écrivain

Examinant notre école de romans contemporains, Rosny, Benoit, Hamp, Colette, Bourget, Hermant, Duvernois, etc., M.  […] Toute l’école qui nous vient de Bernardin et de Chateaubriand serait du « faux exotisme », Mais alors où est le « vrai exotisme » ? […] Quant aux auteurs réalistes actuels, Hirsch, Chérau et leur école, il n’est pas permis non plus de les ignorer. […] Il en est qui affectent, au contraire, l’absence de procédés et continuent ainsi à leur façon l’école impassible de Maupassant. […] Il y a quelques critiques qui ont beaucoup de talent ; mais une école de critique, il n’y en a pas.

429. (1887) Essais sur l’école romantique

C’est ce qui explique ce volume et son titre d’Essais sur l’école romantique. […] Respect et gloire aux monuments de la vieille école ! […] C’est que, dans le Livre saint, on n’aperçoit pas trace d’école, ni de législation littéraire. […] Il est tout simple, par exemple, qu’une école qui s’établit ne renie aucun de ses amis. […] La nouvelle école n’eût-elle fait que nous débarrasser de ces finesses, je lui en saurais, pour ma part, très bon gré.

430. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Il me reste pour achever ce cours à vous faire connaître la plus grande et la plus originale de toutes, l’ancienne école grecque. […] Un jeune marié ne va trouver sa femme qu’en cachette, et passe la journée, comme auparavant, à l’école de peloton et sur la place d’armes. […] Pour fournir à de tels goûts et à de tels besoins, le gymnase était la seule école. […] Ce que ces écoles ont dépensé de sagacité et d’esprit en pure perte est énorme. […] Ravaisson, à l’École des Beaux-Arts.

431. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

On ignore s’il fit le voyage d’Athènes, et s’il visita lui-même les écoles de la philosophie qu’il a chantée. […] Il fut admiré dans les écoles publiques, honoré par ses condisciples, visité par leurs parents. […] Un jour, déclamant en grec dans l’école de cet illustre rhéteur, il emporta les applaudissements de tout l’auditoire. […] Il fit d’abord, comme tribun militaire, la guerre des Cantabres, rude et ancienne école de la jeunesse romaine. […] Il profita beaucoup, et fut bientôt après envoyé dans une école à Twyford, près de Winchester, et ensuite dans une autre école à Londres même, à l’entrée d’Hyde Park.

432. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

C’est pour moi une autorité incontestable, quant aux faits ; mais tout ce qu’il n’a pas vu (ou ce qu’il a omis intentionnellement, car lui aussi, il avait un cadre et une école), je peux bien aller le chercher partout ailleurs. […] William Reymond Sur le caractère de l’École romantique française. […] « J’ai beaucoup connu et fréquenté, dans les premières années de leur éclosion féconde, les talents et les génies de l’école dite romantique, et je puis dire que j’ai vécu familièrement avec la plupart. […] Ils avaient la source de l’originalité bien supérieure à toutes les préoccupations et les acquisitions d’école. […] « Tout ceci, cher Monsieur, est pour maintenir, au milieu des imitations apparentes et des influences plus ou moins directes que vous démêlez très-bien, l’originalité bien native pourtant de nos anciens amis, la veine naturelle et propre à cette famille romantique française qui a et gardera sa physionomie entre toutes les autres écoles.

433. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Le beau portrait du frère Philippe, supérieur des Écoles chrétiennes, qui eut beaucoup de succès en 1815 et depuis, avait montré qu’il avait de la sympathie pour toute nature sincère. […] Pendant tout le temps qu’il eut un atelier d’élèves, c’est-à-dire jusqu’à sa nomination de directeur à l’École de Rome, jamais il ne voulut recevoir de rétribution des jeunes gens qu’il y admettait. […] Un jeune homme, de ceux qu’il soupçonnait d’être un peu de la nouvelle école et des dissidents, lui apporte un jour deux dessins en lui demandant avec force compliments son avis sincère. […] Et puis il ne savait pas bien comment ces hommes des écoles nouvelles étaient disposés à son égard. […] Il avait exposé, à ce Salon de 1845, la Prise de la Smalah et le portrait du Frère Philippe, supérieur des Écoles chrétiennes ; il pouvait être tranquille au fond : ces tableaux combattaient pour lui.

434. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il avait été critiqué dans l’intervalle pour son Illustration par ceux de l’ancienne école, notamment par Charles Fontaine, et, dans une nouvelle Préface, mise en tête du Recueil augmenté, il répondait à ces rhétoriqueurs françois (comme il les appelle) avec une certaine hauteur et d’une façon dégagée qui ne messied pas au poète de race en face des pédants. […] Dans ses imitations d’Horace, on peut trouver qu’il est bien prompt à chanter victoire et à entonner son exegi monumentum dès le premier pas et au point de départ : c’est une façon un peu artificielle, et propre de tout temps aux jeunes écoles, de s’échauffer entre soi et de se donner du cœur. […] Au lendemain de ses débuts, au milieu de son premier succès d’école et d’amis, il avait quitté Paris et la France, il était parti pour l’Italie à la suite de son cousin, le cardinal Du Bellay, qui se l’était attaché. […] Quelques documents inédits, récemment retrouvés à la Bibliothèque de l’École de médecine de Montpellier par M.  […] En disparaissant à cette heure critique du siècle, il ne vit pas, du moins, les guerres civiles si fatales à la Muse, la discorde au sein de sa propre école poétique ; il n’eut point à prendre parti entre protestants et catholiques, et à chanter peut-être, comme plus d’un de la Pléiade, à célébrer en rimes malheureuses des journées et des nuits de néfaste mémoire.

435. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Jullien nous apprend que Wagner « a fait des deux amants les interprètes de l’école philosophique de Schopenhauer » (Richard Wagner, 148.)… Or, c’est là une idée qui ne peut supporter le moindre examen. […] C’est que si Tristan et Isolde avaient vraiment la prétention de nous enseigner la philosophie de Schopenhauer, il n’y aurait qu’à les renvoyer à l’école pour mieux apprendre leur leçon, car toute leur vie, tous leurs actes, toutes leurs paroles sont en contradiction flagrante avec la doctrine du philosophe. S’ils étaient des adeptes de la philosophie de Schopenhauer, ils sauraient dompter la passion qui les ronge, puisqu’ils sauraient que l’amour n’est qu’un leurre tendu par la nature pour la préservation du genre aux dépens de l’individu (Die Welt als Wille… II, 638) ; ils ne se répandraient pas en plaintes interminables, puisque leur maître enseigne qu’il faut bénir les souffrances (1, 468) ; et surtout ils n’appelleraient pas constamment la mort, puisque rien n’est plus contraire aux principes et aux doctrines de l’école. […] On me répond que les dogmes métaphysiques de l’école sont énoncés en toutes lettres. […] André Suarès et Romain Rolland s’étaient procuré ce buste alors qu’ils partageaient une turne d’étudiant à l’école normale supérieure.

436. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Comme la plupart des sciences, la psychologie, dans ses tentatives de classification, se heurte sans cesse à l’obstacle de la continuité ; et à cette difficulté s’en ajoute pour elle une autre qui lui est spéciale, celle qui résulte de l’absence d’une nomenclature traditionnelle acceptée d’un commun accord par les différentes écoles psychologiques ; son vocabulaire étant dans un incessant devenir, la continuité semble régner dans la forme même de la science comme dans l’objet qu’elle étudie. […] Il est une expression, étrangère au vocabulaire de la psychologie classique, que l’école physiologique, peut-être même l’école empirique, appliqueraient volontiers à la parole intérieure : c’est le mot hallucination. […] L’école anglaise a porté son attention sur les mélanges hétérogènes que forment les images affaiblies par l’habitude, mélanges où la faiblesse et la complexité des éléments réunis par l’association rendent ceux-ci presque méconnaissables ; elle cherche à expliquer par de tels mélanges non seulement la partie matérielle, mais encore la partie formelle de ce que l’on appelle proprement les idées ; double thèse, dont la première moitié n’est pas contestable, dont la seconde n’a pas encore triomphé des objections qui lui ont été opposées. […] Mais ces deux fonctions n’épuisent pas l’énergie de la faculté des images ; il faut lui reconnaître un autre rôle encore, inférieur peut-être à celui que lui attribue l’école anglaise, supérieur à coup sur à celui auquel elle était restreinte dans la psychologie classique : parallèlement à la série continue des idées se développe une série continue d’images d’une seule espèce et pures de tout mélange, la série des signes intérieurs ; étroitement liées aux idées qui les accompagnent, les images-signes sont pourtant distinctes et séparables de ces groupes hétérogènes qui sont l’idée même ou la partie empirique de l’idée ; le signe, même intérieur, ne peut donc être confondu avec l’idée.

437. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Dans cette ligne, il a pour héritiers directs les poètes de l’école parnassienne, les romanciers et les dramaturges de l’art pour l’art, les peintres de l’école impressionniste, les musiciens de l’école harmonique. […] École anglaise : Eliot, les Préraphaélites. […] École russe : Tolstoï, Dostoïevsky. […] École française : le Romantisme. […] Les yeux des réalistes de toute école sont comme braqués sur la réalité.

438. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

— Cela, dit Goethe, conviendrait à nos écoles de gymnastique, et je ne serais pas étonné si, dans vingt ans, nous avions en Allemagne d’excellents archers par milliers. […] Commencez adroitement par les écoles, et vous réussirez. […] Ils pourraient ensuite entrer dans les écoles comme professeurs temporaires et aller ainsi d’école en école. […] J’espère que l’on rétablira les écoles de gymnastique, car elles sont nécessaires à notre jeunesse allemande, surtout aux étudiants, qui ne font en aucune façon contrepoids à leurs fatigues intellectuelles par des exercices corporels, et perdent ainsi l’énergie en tout genre. […] « En 1827, Victor Hugo était encore un débutant que l’on traitait comme un jeune homme d’espérance ; au contraire, Casimir Delavigne était depuis longtemps célèbre, et on reconnaissait en lui le chef de l’école classique.

439. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Dans l’antiquité, l’école pythagoricienne avait allié la métaphysique et la géométrie, la morale et la politique, la musique et la poésie. Au treizième siècle, l’ange de l’école avait parcouru le cercle des connaissances humaines pour accorder les doctrines d’Aristote avec celles de l’Église. […] Ainsi nous fermons l’école de la Science nouvelle aux stoïciens qui veulent la mort des sens, aux épicuriens qui font des sens la règle de l’homme ; ceux-là s’enchaînent au destin, ceux-ci s’abandonnent au hasard ; les uns et les autres nient la Providence. […] Au contraire, nous admettons dans notre école les philosophes politiques, et surtout les platoniciens, parce qu’ils sont d’accord avec tous les législateurs sur nos trois principes fondamentaux : existence d’une Providence divine, nécessité de modérer les passions et d’en faire des vertus humaines, immortalité de l’âme. […] Vico n’a point laissé d’école ; aucun philosophe italien n’a saisi son esprit dans tout le siècle dernier ; mais un assez grand nombre d’écrivains ont développé quelques-unes de ses idées.

440. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Malherbe et son école. […] Les nombreuses anecdotes que chacun sait par cœur sur Malherbe, et dont plus d’une fait sourire, ne doivent point détourner un moment la critique du trait original et significatif qui est à respecter en lui : il eut le caractère et l’autorité, ce qui fait le chef de secte et le chef d’école. […] Ce qu’on peut dire au point de vue du talent, c’est que tous ces retards, ces contrariétés qui barrèrent si longuement sa carrière, furent utiles à Malherbe : elles l’empêchèrent de se classer décidément comme poète avant l’heure voulue, et de débuter trop en public dans un temps où il aurait encore porté des restes de couleur de l’école poétique finissante. […] Cette observation de Balzac et de Godeau se peut résumer ainsi : Ronsard et son école ne savaient pas l’art d’imiter ; dans leur ardeur et leur inexpérience première, ils transportaient tout de l’antiquité, l’arbre et les racines : Malherbe le premier sut et enseigna l’art de greffer les beautés poétiques.

441. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Là, où nous avons habité autrefois, notre nom ne se prononce plus ; des enfants, qui ne sont plus les tiens, ont foulé le parquet où j’appris à marcher, et là où le long de cette rue, le jardinier Robin me traînait chaque matin à l’école, enchanté de ma voiture d’enfant, enveloppé d’un chaud manteau écarlate et coiffé d’une toque de velours, c’est devenu maintenant une histoire peu connue qu’autrefois nous appelions la maison pastorale la nôtre. […] Les visites de nuit que tu faisais dans ma chambre pour savoir si j’étais sain et sauf et chaudement couché ; tes largesses du matin avant le départ pour l’école, le biscuit ou la prune confite ; l’eau odorante que ta main prodiguait à mes joues jusqu’à ce qu’elles fussent brillantes de fraîcheur et luisantes, tout cela, et ce qui fait plus chérir que tout encore, ce courant continu d’amour que rien en toi n’interrompait, que ne troublèrent jamais ces débordements et ces sécheresses que crée une humeur inégale ; tous ces souvenirs, toujours lisibles dans les pages de ma mémoire et qui le seront jusqu’à mon dernier âge, ajoutent le plaisir au devoir, me font une joie de te rendre de tels honneurs que le peuvent mes vers ; un bien fragile témoignage peut-être, mais sincère, et qui ne sera point méprisé au ciel, quand il passerait inaperçu ici-bas… Si le Temps pouvait, retournant son vol, ramener les heures où jouant avec les fleurs brodées sur ta robe, — violette, œillet et jasmin, — je les dessinais sur le papier avec des piqûres d’épingle (et toi, pendant ce temps-là, tu étais encore plus heureuse que moi, tu me parlais d’une voix douce et tu me passais la main dans les cheveux, et tu me souriais) ; si ces jours rares et fortunés pouvaient renaître, s’il suffisait d’un souhait pour les ramener, en souhaiterais-je le retour ? […] Un mal d’yeux interrompit quelque temps ses études ; il fut mis ensuite à l’école de Westminster, où il eut pour amis des condisciples distingués qui se firent connaître depuis ; il y resta jusqu’à dix-huit ans. […] Au sortir de l’école de Westminster, il entra dans une étude d’homme de loi, et y passa trois années ; il dit n’y avoir jamais travaillé sérieusement et avoir perdu tout ce temps à rire et à faire des espiègleries de clerc, du matin au soir, avec son camarade d’étude, le futur lord chancelier Thurlow.

442. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Par son premier ouvrage public, couronné par l’Institut (Influence de l’habitude sur la faculté de penser, 1802), Maine de Biran s’était rallié à l’école, alors régnante, des idéologues de la fin du xviiie  siècle ; mais il ne s’y rattacha jamais que transitoirement, et bientôt, ne consultant que son sens intime, il passa outre. […] Par exemple : dans un ouvrage qu’il vient de publier sur La Connaissance de l’âme (1857), le Père Gratry s’est vivement et habilement emparé de ces pensées de Maine de Biran pour dire aux philosophes de l’école de M. Cousin : « Voilà l’homme que vous avez proclamé le premier métaphysicien de notre temps, et cet homme, il avoue que le point d’appui indépendant qu’il avait cherché à sa fondation philosophique n’existe pas, et, par son dernier mot qui se révélé aujourd’hui, il vient à nous, il est avec nous, au pied de la croix. » — D’un autre côté, les philosophes de l’école positive et physiologique que Maine de Biran a abandonnée pourraient dire : « Toutes ces variations et ces voyages de l’auteur autour de sa chambre s’expliquent : il est faible, il est malade et inquiet, il cherche la vérité, mais sous forme de remède ; et le remède moral que désire si vivement un malade, il finit toujours, s’il cherche longtemps, par le trouver ou par croire qu’il l’a trouvé. » — La vérité est qu’un homme de plus est connu, mais la question n’a pas avancé d’un pas. […] Je vois que d’autres esprits distingués survenant à leur tour ne craignent pas de faire de Maine de Biran leur chef de file en philosophie et de le proclamer comme le fondateur d’une ferme doctrine qu’ils opposent à l’éclectisme désormais en retraite de l’école de M. 

443. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Il dessine et colore avec son pinceau ; il voudrait colorer aussi dans sa prose, mais avec des mots abstraits si l’on peut dire, et en demandant des nuances, quand il le faut, non plus à la sensation seule, mais à la sensibilité elle-même : de l’école directe en cela de Bernardin de Saint-Pierre, de laquelle nous avons vu récemment un autre aimable et heureux exemple dans Maurice de Guérin. […] C’est le signe de l’école même à laquelle se rattache M. Fromentin ; c’est sa marque de séparation d’avec une autre école uniquement pittoresque. […] Fromentin le sait bien ; tout en usant des acquisitions pittoresques modernes et du droit de détail qui est le nôtre, il se rattache néanmoins par des traits essentiels et par l’esprit à la grande école des Anciens, Lucrèce, Virgile, et à celle, je le répète, de Bernardin de Saint-Pierre, discrètement entendue.

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