Et, cette confession navrante achevée, comme furieux de l’avoir laissée échapper, tu te frappes la poitrine en criant à ton ancien rédacteur en chef : « C’est votre faute ! […] La Tempête et Comme il vous plaira l’échappent belle !
Maintenant cette Espagne généreuse, qui a laissé déjà échapper une fois l’empire du monde, a repris ses fonctions naturelles dans la société. […] Le génie éminemment allégorique de l’antiquité n’a point échappé à la vaste intelligence de Bacon, mais il n’en a développé qu’une partie.
sirène, dit-il, tu m’enchantes, mais tu ne m’échapperas pas. » M. […] Il est curieux d’assister à la naissance de la philosophie religieuse : la voilà au maillot, pour ainsi dire ; elle ne fait encore que bégayer sur ces redoutables problèmes, mais c’est le devoir de l’ami de l’humanité d’écouter avec attention, de recueillir avec soin les demi-mots qui lui échappent, et de saluer avec respect la première apparition du raisonnement.
Espérons qu’il sera bientôt en état de le poursuivre, et qu’échappé à une maladie qui menaçait de le ravir aux lettres et aux libertés publiques, il trouvera encore de longs jours pour se souvenir et pour raconter, Il est du petit nombre de ces hommes qu’on aime toujours à entendre sur les personnages et sur les choses d’autrefois ; et, pour lui appliquer à lui-même ce qu’il a dit de M. de Malesherbes, quand il cause avec son lecteur, personne n’est tenté de mettre le signet.
Que j’aie connu et embrassé de ma sympathie la planète entière, ou seulement une portion de l’humanité et un petit morceau du sol, cela n’est-il pas exactement la même chose, en comparaison de cet infini de temps et d’espace qui échappe à nos prises ?
Sans compter les dérivés, la langue française contient environ quatre mille mots latins de formation populaire ; il n’y a qu’à contempler le Dictionnaire de Godefroy pour apprendre que ces quatre mille mots ne sont que des témoins échappés à un grand naufrage.
Sa femme l’a aidé, et à son tour il aide sa femme à porter le poids du crime partagé, mais en la brutalisant, si parfois ce poids lui échappe.
Pour échapper au mortel ennui de cette civilisation hypocrite, vaniteuse, âpre au gain, qui est la civilisation américaine, Cooper s’est rejeté à la vie sauvage, et il a été le peintre de ces vieux patriarches des prairies, aussi poétiques que ceux de la Bible ou des Burgraves du désert, dont les forteresses terribles et menaçantes sont un bout de buisson immobile, un carré de hautes herbes qui frissonnent, un lac étincelant dont la surface ne fait pas un pli aux tranquilles rayons du soir.
Son regard rayonne en tous sens et ne laisse rien échapper ni de l’ensemble ni des détails du monde. […] Mais elle leur échappe de toutes parts, comme elle échappe d’ailleurs à des idéalistes trop systématiques et trop éloignés du réel, comme ceux du xviiie siècle. […] Il semble, à le lire, qu’on se soit arrêté au détour d’une rue et qu’on voie se succéder un à un les personnages d’une procession dont la file échappe aux yeux. […] Mais quelques vers blancs échappés à sa plume nous autorisent à nous demander si, pour mettre ces pièces en vers, ce fut le temps ou la volonté qui lui manqua. […] Ils ne peuvent agir sur ce qui les entoure, parce que la complexité infinie des causes échappe à leur regard.
Ses principes, quoique délicats et reculés dans l’intelligence, n’échappent pas à une pénétration forte et subtile ; mais leur quantité trouble l’esprit qui, voulant en faire le compte, s’y éblouit quelquefois. […] Il est évident que, dans la plupart de leurs productions, les différences des genres leur ont échappé. […] Observez-les bien : ils ne se sont pas affranchis des règles communes, mais s’en sont faites encore par-delà, de si hautes qu’elles échappent à notre vue. […] Longtemps enclin à la passion la plus excusable, puisque le feu des sens et du cœur y conspire, il se vantait d’être enfin échappé à l’amour comme à un maître dur et intraitable. […] Les moindres observations, inscrites dans les préfaces des grands maîtres, valent souvent mieux que les long traités des argumentateurs ; et ces jets de lumière qui leur échappent sont précieux à recueillir.
Stendhal est semblable a l’anatomiste qui met à nu toutes les fibres nerveuses, si imperceptibles qu’elles soient, mais qui en somme travaille sur des cadavres ; la vie lui échappe avec ses phénomènes multiples, sa chimie complexe, son fonds impersonnel ; on ne sent pas en ses personnages ce qu’il y a en tout être de fuyant, d’infini, d’indéterminé, de synthétique. […] Mais la réalité est chose si fuyante qu’elle peut trouver moyen d’échapper encore à cette méthode toute d’exactitude scientifique. […] Tout ce que nous ne savons pas, tout ce qui nous échappe encore, c’est pour lui « l’idéal », et le but de notre effort humain est chaque jour de « réduire l’idéal, de conquérir la vérité sur l’inconnu ». « Il appelle idéalistes « ceux qui se réfugient dans l’inconnu pour le plaisir d’y être », qui n’ont de goût que pour les hypothèses les plus risquées, qui dédaignent de les soumettre au contrôle « sous prétexte que la vérité est en eux et non dans les choses71. » Mais il est philosophiquement inadmissible d’appeler idéal l’indéterminé, l’inconnu ; il n’est pas moins inadmissible de l’appeler le fantastique, le faux. […] Il échappe. […] Il parle, agit comme un être ordinaire, et pourtant il y a quelque chose en lui qui échappe.
C’est que seul il échappe ace triple malheur du caractère français : le didactique, le critique et l’ironique. Le Poëte, du moins, y échappe, sinon l’homme. […] Peut-être à ce mot d’ordre un livre d’âpre psychologie, comme l’Adolphe, échapperait. […] Mais Germinie Lacerteux, mais Coupeau, comment échapperaient-ils à leurs Furies ! […] Mais la vie intérieure de ces formes lui échappe, c’est pourquoi il ne peint pas vivant : il peint mouvementé, beau et froid.
Sandeau d’avoir su plus qu’un autre s’y soustraire, y échapper ; il l’a presque félicité d’avoir su se préserver au milieu de la contagion, et d’avoir paru dès sa jeunesse à l’épreuve du feu, comme les trois enfants dans la fournaise.
Et c’était le même homme qui, dans la Revue Suisse, laissait échapper les pages les plus aimables et les plus fraîches sur Robinson Crusoé.
Pas une réflexion, pas un mot qui y décèle la complicité de madame de Genlis avec son siècle, et cette contagieuse atteinte de l’opinion à laquelle échappent si peu d’élus !
Quand, au milieu d’une société riante et légère, le chevalier de Parny laissa échapper ses élégies immortelles, naïves inspirations du loisir et de la volupté, ce fut dans le monde un murmure flatteur de louanges, ou plutôt un frémissement de plaisir.
Ces considérations n’ont pas échappé à madame Belloc.
Il lui échappe, ce nous semble, de parler trop lestement des siens.
par quelle issue sa verve s’échapperait-elle ?
Ils échappent à la séduction de l’art pur dans le style, peut-être faute de pouvoir comprendre ce que c’est, plutôt que par la résistance d’un goût sûr et du bon sens.
cette œuvre si douloureusement réclamée et souhaitée, la voici, étrange, originale, nouvelle, puissamment créée, jaillie comme l’éclair, écrite en vers larges, ingénieux, curieux, étincelants des ors, des pierreries et des inépuisables richesses de la rime, et en même temps exprimant nos doutes, nos angoisses, notre inextinguible appétit de la lumière et de joie, et l’hymne à la Beauté, qui, vainement étouffée et comprimée, s’échappe irrésistiblement de nos âmes.
C’est par l’intensité prodigieuse de l’accent que ce livre échappe au reproche d’uniformité dans la couleur.
Nul n’est certain de posséder le mot de l’énigme de l’univers, et l’infini qui nous enserre échappe à tous les cadres, à toutes les formules que nous voudrions lui imposer.
Sa plume, il est vrai, a été quelquefois trop hardie ; mais on peut dire que les erreurs qui lui ont échappé, sont plutôt des surprises que les fruits du dessein prémédité d’attaquer aucun des principes respectés de tous les hommes sages*.
Et ces trois autres figures nues assises en dehors, à droite, en face de l’homme couché, sont-ce trois galériens, trois roués, trois brigands échappés de la conciergerie ?
Ce qui s’en échappe au dehors, et ce qui ne paroît qu’une étincelle, vient souvent d’un incendie qui fait des ravages affreux dans l’intérieur.
Quintilien dit encore dans un autre endroit, que nous avons déja cité quand nous avons voulu prouver que la déclamation des anciens n’étoit pas un chant musical tel que les nôtres, qu’il faut bien qu’un enfant à qui l’on fait lire les poëtes les lise autrement qu’il ne liroit de la prose, mais qu’il ne faut pas qu’il laisse échapper sa voix comme s’il récitoit un cantique sur le théatre.
Il lui échappa de dire en plus d’une occasion : « Je sens que je devrais me mettre mieux avec l’Église. » On remarquait encore qu’il revenait plus volontiers sur ses souvenirs de première jeunesse et sur ses années de séminaire ; il ne craignait pas de les rappeler. […] Mais ceci même échappe aux complaisances de situation comme aux démentis intéressés : l’histoire interrogée sans passion et sans réticences, et de plus près qu’elle ne l’a encore été jusqu’ici, l’histoire seule répondra. […] Le lendemain, M. de Talleyrand, lisant ces débats, fut surpris par un visiteur les larmes dans les yeux, tant il était touché du procédé du duc de Wellington, et il lui échappa de dire : « J’en suis d’autant plus reconnaissant à M. le duc, que c’est le seul homme d’État dans le monde qui ait jamais dit du bien de moi. » Il n’était pas non plus aussi paresseux qu’on aurait pu le croire et qu’il affectait par moments de le paraître.
elle était née au plein milieu du dix-huitième siècle ; les descendants de l’Ordre Teutonique étaient devenus luthériens ; luthérienne donc, et puis femme d’ambassadeur, elle eut à essuyer d’abord toute cette vie de monde, de scepticisme et de plaisirs ; et lorsqu’elle y échappa, lorsque la flamme des événements publics vint éprendre cette âme si fervente sous une enveloppe si frêle, et lui fit croire à l’heure de prédire, de frapper tour à tour et de consoler, il se trouve que bien peu l’entendirent ; qu’elle fut comme la prophétesse stérile d’Ilion en cendres ; que ceux même que sa rapide éloquence de cœur avait un moment saisis, comme la poussière éparse que la nue électrique enlève, elle passée, retombèrent ; et qu’elle-même, sans ordre fixe, sans discipline, sans tradition, soulevée par le souffle ardent des catastrophes et n’ayant entrevu que des lueurs, perdit aussitôt la trace de l’avenir, et mourut dans une Crimée, sans rien laisser, sans rien servir, flocon de neige apporté et remporté par l’aquilon, un simple éclair et un cri de plus dans le vaste orage ! […] Ses toilettes n’allaient qu’à elle ; son imagination les composait sans cesse, et il lui en est échappé quelques secrets. […] Il n’aurait pas fallu non plus que Mme de Krüdner, même en venant au treizième siècle, eût vécu trop avant dans ce siècle et jusqu’au moment où des mystiques commencèrent de prêcher l’Évangile éternel ; son imagination, toujours périlleuse, aurait pu s’échapper de ce côté, si voisin de la pente de ses rêves.
Le plus philosophe et le plus réfléchi de tous, dans une de ces pages merveilleuses qui s’échappent brillamment du sein prophétique de la jeunesse et qui sont comme un programme idéal qu’on ne remplit jamais, — le plus calme, le plus lumineux esprit de cette élite écrivait en 1823107 : « Une génération nouvelle s’élève qui a pris naissance au sein du scepticisme dans le temps où les deux partis avaient la parole. […] Jouffroy, où le pâtre intervient souvent, datent de cette rencontre ; c’est ce qui lui a fait dire dans son émouvant discours sur la Destinée humaine : « Le pâtre rêve comme nous à cette infinie création dont il n’est qu’un fragment ; il se sent comme nous perdu dans cette chaîne d’êtres dont les extrémités lui échappent ; entre lui et les animaux qu’il garde, il lui arrive aussi de chercher le rapport ; il lui arrive de se demander si, de même qu’il est supérieur à eux, il n’y aurait pas d’autres êtres supérieurs à lui…, et de son propre droit, de l’autorité de son intelligence qu’on qualifie d’infirme et de bornée, il a l’audace de poser au Créateur cette haute et mélancolique question : Pourquoi m’as-tu fait ? […] L’idée de devoir préside à cette noble partie de l’âme que nous peignons ; si le premier mouvement s’échappe quelquefois, la seconde pensée répare toujours.
Il y a apparence qu’il n’était pas, à tous les instants de sa vie, et dans les proportions énormes qu’on a vues, l’effrayant condottiere échappé de l’Italie du quinzième siècle. […] Je ne pensais pas qu’il pût échapper à personne que M. […] Je dirais presque : — Qu’importe que nous connaissions plus ou moins complètement la série des causes secondes, si la cause première doit nous échapper à jamais ?
Par malheur, fort peu de gens, même parmi ceux qui se doutent de l’illusion, échappent à cette sorte de loi de nos mœurs. […] Ce que le poète, dans ces prouesses d’art pur, laisse échapper de sentiments délicats et d’aperçus fins sur la vie morale, fait regretter qu’il n’ait pas eu plus souvent besoin de tourner du dehors au dedans un œil qui voit si bien, et qu’il ait semblé parfois se servir de l’art, comme les Orientaux de l’opium, pour se dérober aux souffrances de la pensée. […] Chose remarquable, cette histoire, qui semble une apologie du dictateur César, est peut-être le livre qui indique avec le plus de sincérité et de précision ce qu’il eût fallu faire pour échapper à sa dictature, pour renfermer sa grandeur menaçante dans le cercle légal de la constitution de son pays.
Un jour il laissait échapper : « J’espérais une perforation ou une hémorragie, mais non ce sera plus long » — et il épuisait dans cette maladie les souffrances de la mort à long terme. […] » laisse échapper, en entrant, Spuller, dont la grosse chair a le palissement d’un vrai chagrin. […] Elle s’échappe à dire, en parlant de la Conciergerie, avec un geste qui semble repousser l’image de sa cervelle : « La prison ; je n’aime pas voir cela… » et elle en reste là de sa phrase.