/ 1653
1167. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

J’ai oublié le Contrat social de Rousseau, mais j’ai toujours présentes à l’imagination et à l’esprit tant de descriptions engageantes d’une vie saine, naturelle et sensée : puisse ce genre heureux d’existence, qui présuppose de si bons fondements, se propager plus encore39 !

1168. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

« On m’a toujours vanté comme un favori de la fortune, disait-il (27 janvier 1824) ; je ne veux pas me plaindre et je ne dirai rien contre le cours de mon existence.

1169. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Le théâtre français, dans sa partie sérieuse, émouvante et pathétique, dans ce qui n’est pas la comédie, a déjà eu une double existence bien distincte et qu’on peut dire accomplie.

1170. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

A côté de la dignité, n’oublions jamais cet autre sentiment inspirateur, au moins égal en prix, l’humanité, c’est-à-dire le souci de la misère, de la souffrance, de la vie insuffisante et chétive du grand nombre ; revenons en idée au point de départ et aux mille entraves qui arrêtent si souvent à l’entrée du chemin, pour en affranchir peu à peu les autres ; inquiétons-nous de tout ce qu’il y a de précaire dans toutes ces existences qui ne se doutent pas qu’elles s’appellent des destinées.

1171. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Je n’examine pas le fond ; mais le temps a assemblé et amassé autour de ces établissements antiques et séculaires tant d’intérêts, tant d’existences morales et autres, tant de vertus, tant de faiblesses, tant de consciences timorées et tendres, tant de bienfaits avec des inconvénients qui se retrouvent plus ou moins partout, mais, à coup sûr, tant d’habitudes enracinées et respectables, qu’on ne saurait y toucher et les ébranler sans jouer l’avenir même des sociétés… » On voit la suite.

1172. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Au point de vue moral complet et de l’expérience, ce qui peut sembler surtout avoir fait défaut à ces existences si méritantes, si austères, et ce qui, par son absence, a nui un peu à l’équilibre, ç’a été de toutes les sociétés la plus douce, celle qui fait perdre le plus de temps et le plus agréablement du monde, la société des femmes, cette sorte d’idéal plus ou moins romanesque qu’on caresse avec lenteur et qui nous le rend en mille grâces insensibles : ces laborieux, ces éloquents et ces empressés dévoreurs de livres n’ont pas été à même de cultiver de bonne heure cet art de plaire et de s’insinuer qui apprend aussi plus d’un secret utile pour la pratique et la philosophie de la vie.

1173. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

La marine traversait alors sa crise la plus périlleuse et qui en compromettait toute l’existence.

1174. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Il ne se hâte donc point de conclure ; et ce qui l’intéresse si fort, ce qui est son histoire, celle de ses semblables, le secret de son existence et de la leur, et de toute sa destinée, il se résigne à ne le conjecturer que modestement, sans rien affirmer d’absolu aux autres, sans rien s’affirmer à lui-même.

1175. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Il n’y a aucune parité réelle entre ces deux existences, et ce n’était pas la peine à Chateaubriand d’imiter pour si peu.

1176. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ne pouvant qu’effleurer cette existence de Talleyrand, qu’éclairer deux ou trois points saillants, et tout au plus donner un coup de sonde a deux ou trois endroits, je ne voudrais rien dire que d’exact, de sûr, et en même temps mettre le lecteur à même de juger, ou du moins d’entrevoir les éléments divers du jugement.

1177. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Ces vérités se composent de chaque fait et de chaque existence particulière.

1178. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Dans cette vertigineuse existence, les succès littéraires sont de courts épisodes.

1179. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Une conception de l’univers et de la vie s’affirme dans ces œuvres maîtresses qui ont rempli l’existence de Renan : la même qui nous est renvoyée par ces essais de toute sorte, où sa pensée se reposait, où se jouait sa fantaisie, études d’histoire, de critique ou de morale, dialogues ou drames philosophiques, et toutes ces allocutions, confidences, propos, où d’un mot le maître donnait le contact et le secret de son âme.

1180. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Je les aime, non à cause de cela, mais parce que j’ai arrêté mes regards sur leur misère, fourré mes doigts dans leurs plaies, essuyé leurs pleurs sur leurs barbes sales, mangé de leur pain amer, bu de leur vin qui soûle, et que j’ai, sinon excusé, du moins expliqué leur manière étrange de résoudre le problème du combat de la vie, leur existence de raccroc sur les marges de la société et aussi leur besoin d’oubli, d’ivresse, de joie, et ces oublis de tout, ces ivresses épouvantables, cette joie que nous trouvons grossière, crapuleuse, et qui est la joie pourtant, la belle joie au rire épanoui, aux yeux trempés, au cœur ouvert, la joie jeune et humaine, comme le soleil est toujours le soleil, même sur les flaques de boue, même sur les caillots de sang.

1181. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Il employa son existence à rééditer dix sonnets, six poèmes en vers un peu plus étendus, quinze poèmes en prose, une scène de tragédie et quelques fragments théoriques.

1182. (1890) L’avenir de la science « V »

Si tel est le but de la science, si elle a pour objet d’enseigner à l’homme sa fin et sa loi, de lui faire saisir le vrai sens de la vie, de composer, avec l’art, la poésie et la vertu, le divin idéal qui seul donne du prix à l’existence humaine, peut-elle avoir de sérieux détracteurs ?

1183. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Droz, du rivage élevé où il est assis, et avec la réflexion du sage, se plaît à nous indiquer du doigt quels eussent pu être ces moments fugitifs : mais qu’étaient-ils sans l’homme capable et supérieur qui, seul, eût pu en tirer parti, leur donner en quelque sorte l’existence historique, et en faire des époques véritables ?

1184. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

On peut donc regarder l’existence des idoles populaires et des charlatans en chef comme étant irrévocablement finie.

1185. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Malheureusement, après une grande révolution, les hommes timides se taisent ; ils semblent craindre de laisser apercevoir leur existence.

1186. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Durant ces années 1831-1832, Carrel s’était fait une belle existence, et la première dans la presse de l’opposition ; il jouissait à cet égard par le talent, par le succès dans l’opinion, par l’ascendant marqué qu’il prenait chaque jour, et par la contradiction même qui allait à sa nature amie de la lutte.

1187. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Cousin n’avait voulu que rétablir, contrairement aux résultats du xviiie  siècle, une philosophie où l’on prouvât, par diverses sortes de raisonnements plus ou moins rigoureux, l’existence de Dieu, la spiritualité de l’âme, son immortalité, la liberté morale de l’homme dans une certaine mesure, il y aurait eu peu à redire ; car une telle philosophie est la seule qui se puisse décemment enseigner, et elle a été généralement d’ailleurs la philosophie des Socrate, des Platon, des Descartes, des Bossuet, des Fénelon, des d’Aguesseau.

1188. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Trois ans de liberté, trois ans de vie ainsi ôtés d’une existence humaine en un tour de Code ; le délit pesé en une seconde avec un coup de pouce dans la balance, et l’habitude de ce métier cruel et mécanique de tailler à la grosse, pendant des heures, des parts de cachots. — Il faut voir cela pour savoir ce que c’est.

1189. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

En effet, le génie peut certainement placer l’homme dans des conditions sociales très douloureuses : la supériorité d’un homme sur son temps peut lui rendre l’existence très difficile, et ainsi devenir pour lui cause occasionnelle de certaines douleurs, qui amèneraient la folie tout aussi bien chez un autre que chez lui, si elles s’y produisaient.

1190. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Quelle existence propre peuvent garder ces molécules indiscernables dans cet océan infini ?

1191. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Les monstres sont très fréquemment stériles ; de plus chaque être vivant, surtout chez les animaux, est si admirablement adapté à ses conditions d’existence, qu’il semble dès le premier abord improbable que des instruments aussi parfaits aient été soudainement produits dans leur perfection, de même qu’une machine compliquée ne saurait avoir été inventée par un seul homme avec tous ses perfectionnements successifs.

1192. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

L’égalité, l’exécrable égalité, la pierre ponce de l’existence moderne, a passé sur tout, a tout limé, tout rogné, tout rongé et tout diminué… et c’est au moral aussi bien qu’au physique qu’il n’y a plus de talons rouges !

1193. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

L’Église ressemble de nos jours à ce vieillard, qui se raccroche à l’existence d’une main désespérée.

1194. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Les genres, dit-il, sont des abstractions, non des réalités ; ce sont des mots, utiles dans la pratique pour certains groupements passagers et plus ou moins arbitraires, mais des mots dépourvus de toute valeur scientifique ; ils ne répondent à aucune fonction psychologique de l’artiste créateur ; c’est une erreur, et même une erreur ridicule, que de croire à l’existence de ces catégories, que de parler d’une évolution des genres, et que de prétendre en fixer les lois. — Or, nul ne saurait rester indifférent au jugement, aux idées de M. 

1195. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Les odes furent des méditations, des traités de morale, des cours de théologie : on s’affligea en vers de savoir et de ne pas savoir ce qu’est l’homme ; on prouva et l’on réfuta en belles strophes l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme ; on fut sceptique, idéaliste, mystique, indien, païen, chrétien, humanitaire, manichéen, en stances, en versets, en alexandrins, en petits vers, en couplets croisés, en rimes continues.

1196. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

quels seront les ciseaux qui couperont les branches de ce luxe pernicieux, dont tout le monde se plaint, & dont tout le monde se rend l’esclave ; car à prendre depuis le duc, jusqu’à l’artisan, il n’y a personne qui ne donne aujourd’hui dans la prodigalité, si l’on en excepte ce vil troupeau d’avares plus méprisables que les animaux les plus immondes, dont l’existence ou la mort sert aux besoins de l’homme. […] Il n’y a que les gens désœuvrés qui traînent leur existence d’une maison à l’autre, & qui ne savent comment passer un jour. […] C’en est, sans doute, une bien grande de passer sa vie au jardin des Tuileries, comme maints personnages que je connois, & qui n’ont d’autre existence que celle de voir aller & venir, d’entendre mille propos discordans, & de dîner éternellement chez un restaurateur. […] Ce qu’on appelle ici le camp des tartares, leur doit sûrement l’existence. […] comme ils le toisent ; on voit qu’ils le dépouilleroient de son existence même, si c’étoit en leur pouvoir ; & cependant cet homme très-souvent leur est infiniment supérieur du côté du bon sens & du côté de l’esprit…..

1197. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Quant à l’histoire, dont les anciens ne faisaient qu’une des sections de la rhétorique, ce qui ne leur a pas si mal réussi pourtant, elle ne met plus l’éloquence qu’à la seconde ou à la troisième place dans les conditions de son existence, si même, plus dédaigneuse encore, elle ne s’en passe pas tout à fait. […] L’amour des détails ne connaît plus de bornes, et pendant que d’un côté on rattache à la vie d’un philosophe ou d’un poëte toute l’histoire de son siècle, de l’autre on nous fait pénétrer jusque dans les habitudes les plus indifférentes de son existence domestique et privée. […] L’astronome ne jouit plus seul de la planète dont le calcul ou son télescope lui a révélé l’existence dans le ciel. […] Je ne sais pas si Balzac, dans un de ses nombreux récits, a jamais touché, ne fût-ce que du bout du doigt, à sa propre existence. […] Par contraste, Brizeux, dans son idylle de Marie, exprima l’amour pur de l’adolescence, le souvenir nostalgique de la lande natale et ce retour à la vie champêtre qu’inspire aux âmes tendres la fatigue de l’existence des villes.

1198. (1927) André Gide pp. 8-126

Le nietzschéisme s’affirme. « Une existence pathétique plutôt que la tranquillité. […] Et Saunderson répondait à ce même ministre qui lui développait la preuve de l’existence de Dieu par les merveilles de la nature : « Eh, Monsieur, laissez là tout ce beau spectacle qui n’a jamais été fait pour moi… Si vous voulez que je croie en Dieu, il faut que vous me le fassiez toucher. » A ce propos, Voltaire écrivait à Diderot : « Je vous avoue que je ne suis point du tout de l’avis de Saunderson qui nie Dieu parce qu’il est né aveugle. » Et il est vrai que cette cécité ne démontre pas l’athéisme ; mais elle n’est peut-être pas non plus un motif d’hymnes jaculatoires et de Te Deum. […] Il remarque finement que si le diable existe, son intérêt est qu’on ne croie pas à son existence, pour pécher sans inquiétude.

1199. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Dans le cours de l’existence, on voit toute espèce de choses. […] Comment un sentiment qui ne joue qu’un rôle secondaire dans l’existence moderne reste-t-il, aujourd’hui comme il y a deux siècles, le pivot de toutes les combinaisons dramatiques ? […] Est-il vrai qu’il soit le fond même de mon existence et de celle de mon voisin ? […] Ces sentiments précèdent d’ailleurs, dans l’existence de la plupart des hommes, les sentiments qui dérivent du besoin ou du désir de se conserver, de posséder, de dominer. […] Eugène Manuel est un des premiers (depuis Sainte-Beuve) qui aient essayé d’exprimer en vers la vie des humbles, leurs sentiments, leurs joies, leurs souffrances et aussi les détails de leur existence matérielle.

1200. (1902) Propos littéraires. Première série

En dehors de toute existence de contrat, qu’est-ce, je vous prie, qu’être juste ? […] Cette fameuse « répétition constante d’un même fait » veut donc simplement dire : répétition très durable, relativement à une existence humaine, d’un même fait. […] L’existence assurée, il suffît ; asseyez-vous et regardez, parce qu’il y a autour de vous des choses très belles. […] Ces prétendus philosophes, à force de remarquer le premier, en viennent à douter du second, ou n’y croient plus qu’en théorie et ne lui accordent qu’une existence vague et abstraite. En croyant, au contraire, à l’existence du bien, et en mettant en doute celle du mal, les jeunes gens peuvent s’abuser sur le réel, mais au fond voient la vérité.

1201. (1932) Le clavecin de Diderot

Quant à la connaissance intime et générale de l’homme, certains ne font profession de lui vouer leurs travaux, leurs existences qu’à seule fin de lui dénier, de l’intérieur, toute chance de progrès. […] De négations en négations, vont ainsi les idéalistes, ces philosophes qui, selon Diderot, n’ayant conscience que de leur existence et des sensations qui se succèdent en eux n’admettent pas autre chose. […] Entendez-vous mieux la nature du mouvement, son existence dans un corps, sa communication d’un corps à l’autrebf ? […] Breton s’oppose ici au pari pascalien sur l’existence de Dieu.

1202. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Tout jugement implique l’existence d’un code qui, pour n’être pas formulé avec rigueur, n’en est pas moins consulté par le juge. […] Quand il attaque la Révolution, c’est parce qu’elle a essayé de briser cette tradition sacro-sainte ; quand il lui pardonne, c’est en songeant qu’un peuple ne peut, quoi qu’il fasse, ni interrompre ni recommencer le cours de son existence et que la tradition continue quand même. […] On serait tenté de lui dire : « Vous qui n’êtes sûr de rien, pas même de l’existence de l’univers, comment faites-vous pour être si sûr de la valeur d’un livre ? […] Que de livres, que de livres dans son existence ! […] D’abord, tout au contraire des moralistes, il se souciait fort peu de savoir si les forces mystérieuses contenues dans le livre, objet de ses études, étaient bienfaisantes ou malfaisantes ; il lui suffisait d’en constater l’existence, d’en démêler la genèse, d’en mesurer la puissance.

1203. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Albalat croit qu’il y a un goût absolu, de même qu’il tient pour très probable l’existence d’un beau immuable. […] Fénelon, qui a écrit beaucoup dans une vie modérément longue, n’arriva que sur le soir à un dépouillement complet, dix ou quinze ans après Télémaque, avec la Lettre à l’Académie et le Traité de l’existence de Dieu. […] Voici une page tirée du Traité de l’existence de Dieu  : « La substance du cerveau, qui conserve avec ordre des représentations si naïves de tant d’objets dont nous avons été frappés depuis que nous sommes au monde, n’est-elle pas le prodige le plus étonnant ? […] Dire qu’il y a un « au-delà le bien et le mal », ce n’est pas nier l’existence des deux régions primitives ; c’est en découvrir une troisième où la sensibilité s’exerce sur un mode nouveau. […] Les règles de la grammaire ne sont autre chose que des usages rédigés en code par les grammairiens ; ces usages sont l’œuvre séculaire du peuple ; il y a un droit linguistique, dont l’existence ne tient pas à ce qu’il ait été couché par écrit.

1204. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Or, Xuthus vient tout justement consulter l’oracle de Delphes, « dans l’espoir d’obtenir une postérité qui lui manque. » Et Mercure, qui n’a pour nous rien de caché, ajoute : « Quand Xuthus sera entré dans ce temple, Apollon lui donnera son propre fils et dira qu’il est né de ce prince ; l’enfant, rentré ainsi dans le giron maternel, sera reconnu par Créuse, aura une existence assurée ; et la paternité d’Apollon demeurera secrète. » La situation d’Apollon sera donc un peu celle de Monsieur Alphonse dans le ménage du commandant de Montaiglin. […] Ainsi je renaîtrai avec la pureté de l’enfant qui ne se souvient pas et je dirai : « L’or est une force aveugle, bonne à toutes fins, et je l’ai captée pour un noble usage : je forgerai avec ces chaînes d’or la liberté de mon amie et la paix de notre existence. » Ce voleur est donc un galant homme qui a sa morale personnelle. […] Edouard est persuadé, comme Ludovic, que « l’homme est le maître de sa fragile existence », que la mort est une dette dont nous avons le droit de devancer l’échéance inconnue, — « à la condition, toutefois, que d’autres obligations ne viennent pas nous en empêcher ». […] Puis, il faut considérer que le resserrement des manifestations de sa vie extérieure n’entraîne pas forcément, pour l’impotent ou le contrefait, la diminution (par comparaison avec les autres hommes) de cet excédent de plaisir qui rend l’existence supportable. […] Il y a des fautes qui sont d’avance privées de remords, et vous avez commis de ces fautes-là. ») En somme, le problème se ramène vite, dans notre pensée, à l’éternel problème métaphysique de l’existence du mal.

1205. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il pense que le « gouvernement est d’autant plus parfait qu’il est établi pour la défense d’un privilège plus restreint » ; que « le principe de l’élection est un des plus funestes à l’existence des gouvernements modernes » : que « les prolétaires sont les mineurs d’une nation et doivent toujours rester en tutelle ». […] « L’enseignement, ou mieux l’éducation par les corps religieux, est le grand principe d’existence pour les peuples, le seul moyen de diminuer la somme du mal et d’augmenter la somme du bien dans la société. […] Le monde est une pourriture, la vie un mal, la terre un gouffre de misères Il n’y a de perfection et de bonheur que dans l’existence immobile et vide, et le souverain bien pour tout être est de s’enfoncer de nouveau dans l’immobile Brahma d’où il est sorti. […] Même c’est une hérésie, l’hérésie « du dernier des six imposteurs, que d’affirmer l’existence d’un Être suprême créateur du monde et de tout ce que le monde contient ». […] C’est à cela que les Bouddhas, à travers des millions d’existences, aspirent et arrivent par des sacrifices et des renoncements infinis, abandonnant ou donnant leurs biens, leur vie, leur chair, la chair et la vie de leurs plus proches bien-aimés, de leurs enfants, de leur femme.

1206. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Il mérite que Mme d’Épinay, étonnée, lui dise : « Vous, monsieur, qui êtes poète, vous conviendrez avec moi que l’existence d’un Être éternel, tout-puissant, souverainement intelligent, est le germe d’un plus bel enthousiasme. » Au reste, Saint-Lambert a lui-même exposé dans sa vieillesse, et sans plus y mêler la mousse du champagne, la série et le système complet de ses réflexions sur tous sujets dans ce fameux Catéchisme universel qui parut une œuvre philosophique si morale sous le Directoire.

1207. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Douée de la plus heureuse intelligence, d’un esprit plein de lumière et de saillies, d’une mémoire merveilleuse, de bons et droits sentiments, d’une belle âme faite pour la vertu, jolie dans sa jeunesse avant que le mal l’eût détruite, et ornée de grâces naturelles, elle fut pourtant dès l’enfance une des personnes les plus malheureuses, les plus cruellement maltraitées qui se puissent voir dans aucune classe de la société (je n’excepte pas la plus inférieure), et elle eut de tout temps une existence souffrante et tourmentée, avec bien peu de doux moments.

1208. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Mirabeau avait fort usé dans ses précédentes lettres de l’exemple et de l’autorité de M. de Saint-Georges, cet homme d’esprit et ce philosophe dont j’ai parlé, qui demeurait rue Bergère, et qui l’avait engagé à quitter le service pour se créer une existence agréable, occupée, indépendante.

1209. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Il y avait une véritable contradiction en lui : par tout un côté de lui-même il sentait la nature extérieure passionnément, éperdument, il était capable de s’y plonger avec hardiesse, avec une frénésie superbe, d’y réaliser par l’imagination l’existence fabuleuse des antiques demi-dieux : par tout un autre côté, il se repliait sur lui, il s’analysait, il se rapetissait et se diminuait à plaisir ; il se dérobait avec une humilité désespérante ; il était de ces âmes, pour ainsi dire, nées chrétiennes, qui ont besoin de s’accuser, de se repentir, de trouver hors d’elles un amour de pitié, de compassion ; qui se sont confessées de bonne heure, et qui auront besoin de se confesser toujours.

1210. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Convenez-en, Monsieur, cela ne suffit-il pas pour faire aimer l’existence ?

1211. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

… Ma vie fougueuse se tempérait alors au point de ne laisser plus qu’un léger sentiment de mon existence répandu par tout mon être avec une égale mesure comme dans les eaux ; oui je nageais, les lueurs de la déesse qui parcourt les nuits.

1212. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Il paraît que les archivistes l’ont découvert en effet ; on a retrouvé un acte notarié qui constate l’existence d’un quatrième frère dont on ne sait rien de plus.

1213. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

J’irai très souvent vous voir, et vous montrer mes vers tragiques, encore tout rouges et sortant de la forge ; enfin j’irai jouir de votre nouvelle existence. » Ce M. 

1214. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Avant d’en venir à son dernier mot d’expérience amère, il avait eu plusieurs existences écroulées sous lui.

1215. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Elle est toute trouvée : « L’ambition, a dit un autre moraliste des plus consommés, Senac de Meilhan, est une passion dangereuse et vaine, mais ce serait un malheur pour la plupart des hommes que d’en être totalement dénués ; elle sert à occuper l’esprit, à préserver de l’ennui qui naît de la satiété ; elle s’oppose dans la jeunesse à l’abus des plaisirs qui entraînerait trop vivement, elle les remplace en partie dans la vieillesse, et sert à entretenir dans l’esprit une activité qui fait sentir l’existence et ranime nos facultés. » Qu’Herman donc, s’il veut rester fidèle à sa femme, au moins dans l’essentiel (car je néglige tout ce qui ne tire pas à conséquence), devienne ambitieux ; il le faut à tout prix, et ce n’est que de ce jour-là que sa conversion me paraîtra assurée.

1216. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

En vérité et en conscience, nous ne pouvons pas sacrifier un homme qui nous a fait tous ceux (les sacrifices) de sa réputation, de son existence dans le monde, et peut-être de sa vie, car je crains bien que tout ceci ne le tue.

1217. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

On n’aurait pas l’idée, d’ailleurs, de s’occuper particulièrement de lui : il n’offre qu’un intérêt assez médiocre comme individu ; il était assez spirituel, mais sans pouvoir passer pour véritablement distingué : c’est comme existence, comme variété et bizarrerie de condition sociale, que le personnage est curieux à connaître : prince du sang, abbé, militaire, libertin, amateur des lettres ou du moins académicien, de l’opposition au Parlement, dévot dans ses dernières années, il est un des spécimens les plus frappants, les plus amusants à certains jours, les plus choquants aussi (bien que sans rien d’odieux), des abus et des disparates poussés au scandale sous un régime de bon plaisir et de privilège.

1218. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

J’ai marqué la sorte d’estime respectueuse que m’inspirait cette jeune existence si sérieuse et si dévouée à quelques idées générales ; mais je ne me suis jamais dissimulé un défaut, selon moi capital, qui a présidé à toute la formation intellectuelle de ce beau talent, et que les années survenantes et la renommée établie ont plutôt masqué aux yeux qu’effacé en réalité : M. de Montalembert, comme esprit, n’a pas d’originalité ; il est disciple ; il l’a été de M. de Maistre en religion, et de M. de La Monnais plus particulièrement, de Victor Hugo en architecture et en admiration du gothique ; et quand il était disciple en un sens, il allait tout droit devant lui, il ne regardait ni à droite ni à gauche, il renversait tout.

1219. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Homme de lettres accompli et qui n’a été que cela, poëte à la fois populaire et modéré, d’une pureté inaltérable, habile et fidèle dispensateur d’un beau talent, bon ménager d’un grand renom, il eût offert en tout temps une existence littéraire bien distinguée et bien rare ; elle le devient encore plus, à la considérer aujourd’hui.

1220. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Elle permettra, dans son cadre en apparence uniforme, mille distinctions de pensées et bien des formes rares d’existences intérieures ; sans quoi elle serait sur un point très au-dessous de la civilisation précédente et ne satisferait que médiocrement toute une famille d’âmes.

1221. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Le salon de Mme de Duras, sa personne, son ascendant, tout ce qui s’y rattache, exprime, on ne saurait mieux, l’époque de la Restauration par un aspect de grande existence encore et d’accès à demi aplani, par un composé d’aristocratie et d’affabilité, de sérieux sans pesanteur, d’esprit brillant et surtout non vulgaire, semi-libéral et progressif insensiblement, par toute cette face d’illusions et de transactions dont on avait ailleurs l’effort et la tentative, et dont on ne sentait là que la grâce.

1222. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

« — C’est trop vrai, dit alors une jeune et belle femme, et déjà éprouvée, qui avait écouté jusque-là en silence toute cette histoire ; ô hommes, combien vous faut-il donc ainsi de ces existences cueillies en passant pour vous tresser un souvenir ! 

1223. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

X Huit cent vingt années d’existence ont épuisé la vitalité de Rome.

1224. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Laissant la peinture du monde et des ridicules mondains, La Chaussée prend pour objet la vie intime, les douleurs domestiques : il développe les tragédies des existences privées, le mari libertin ramené à sa femme par la jalousie, le riche ou noble fils de famille épris d’une pauvre fille, le fils naturel en face de son père, etc.

1225. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

disait-il, d’une sorte de fatalité dans les besoins, les conventions, les usages auxquels se trouve subordonnée son existence même. » — Mais justement la méthode de Trièves est trop parfaite, trop concertée.

1226. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Sa phrase, grossière et enfantine comme un franc-maçon, est parfois, aussi injurieuse à Jésus que le crachat d’un juif du peuple, le soufflet d’un soldat ou l’existence d’un prêtre.

1227. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Je sais, en parlant ainsi des lettres de Fénelon, les exceptions qu’il convient de faire : il y en a de très belles de tout point et de très solides, telles que celle à une dame de qualité Sur l’éducation de sa fille, telles que les Lettres sur la religion qu’on suppose adressées au duc d’Orléans (le futur Régent), et qui se placent d’ordinaire à la suite du traité De l’existence de Dieu.

1228. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

J’ai été aimé, trop aimé… Céluta, il y a des existences si rudes, qu’elles semblent accuser la Providence et qu’elles corrigeraient de la manie d’être.

1229. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Il revient en maint endroit, d’une manière détournée, sur ce qu’il y a d’étroit et de gênant dans une existence privée pour « un particulier qui a l’esprit naturellement grand. » On reconnaît à ces retours et à ces regrets mal étouffés l’homme qui, même en se vouant aux lettres, ne pouvait s’empêcher de penser que le cardinal de Richelieu était encore au-dessus de Milton.

1230. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Cette existence, jusque-là si heureuse, de Florian, allait être profondément atteinte, et surtout terrifiée et consternée.

1231. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Je n’ai pu que choisir, en courant, quelques points dans la carrière de Pasquier, dans cette existence si remplie et qui prêterait pour l’étude à tant d’aspects différents.

1232. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

La Révolution, en traversant son existence et en le soumettant à de nouvelles épreuves quand il se croyait au port, n’empêcha point Bernardin de rêver ni de suivre le développement paisible de ses systèmes.

1233. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Quand Venise, qui a joué un jeu double, s’accommode par le canal de l’Espagne avec l’archiduc de Gratz, Louis XIII s’en montre offensé ; il s’en plaint comme étant fraudé d’un de ses plus beaux droits, qui est de tenir la balance : « Il semble, écrit-il, que pour tomber en une ingratitude volontaire, elle (la république de Venise) ait voulu, s’exemptant de reconnaissance envers moi, me priver de la gloire qui m’était due pour la conclusion d’un si bon œuvre, en la transférant à un autre. » Voilà le doigt de Richelieu et son cachet dans les affaires étrangères en cinq mois de passage au ministère, et au milieu des troubles civils qui semblaient compromettre l’existence même de l’État.

1234. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Un être entièrement automatique, dont toute l’existence consisterait, par exemple, en contractions et expansions rythmiques, régulières, n’aurait besoin que des sentiments généraux d’aise ou de malaise ; le reste se ferait par les simples lois de la propagation du choc.

1235. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Ce parti pris est si évident qu’il déconcerte un peu le spectateur moderne, expert en psychologie, friand d’analyses subtiles et peu enclin à croire à l’existence de ces corps simples auxquels, à force de talent et de volonté, Émile Augier réussit à donner la vie.

1236. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Si Lousteau laisse flotter à tous les vents du vice son existence débraillée, d’Arthez se boutonne dans sa morgue et dans son pédantisme.

1237. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Rassurons-nous : cette tristesse systématique de leurs écrits n’empêche pas que leur humeur ne soit gaie et leur existence joyeuse ; de même que le génie, qu’ils appellent une maladie, ne porte heureusement aucune atteinte à leur brillante santé.

1238. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Son livre ne commence pas, comme celui de de Maistre, par un chapitre historique sur l’infaillibilité, mais par une définition de l’existence et de l’être.

1239. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

… Quand un homme et une poésie en sont descendus jusque-là, — quand ils ont dévalé si bas dans la conscience de l’incurable malheur qui est au fond de toutes les voluptés de l’existence, poésie et homme ne peuvent plus que remonter.

1240. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Si pour Byron la première douleur de l’existence ne fut bientôt que ce rêve inouï qu’il a si divinement chanté ; pour Brizeux, le rêve lui-même était la vie, et quand, éphémère comme tous nos songes, le rêve douloureux s’en alla, la vie qu’il était, la vie poétique de l’auteur de Marie, s’en fut avec lui !

1241. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Je garde dans mon cœur des secrets qui illumineront toute mon existence sacerdotale.

1242. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Le temps et l’espace contiennent dans leur ample sein toutes les existences finies, et ils ne sont contenus dans aucune.

1243. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Aucun des traits essentiels de cette physionomie n’y est oublié : partout la lumière est répandue sur l’existence passée de l’auteur des Amoureuses, du Petit Chose, des Lettres de mon Moulin, des Contes du Lundi, du romancier de Robert Helmont, Jack, le Nabab, les Rois en exil. […] Sans trop savoir comment cela s’était fait, ils se trouvèrent accordés, unis en une minute pour l’existence entière ; et Mme Ebsen apparue sur la terrasse, devina tout, en les voyant la main dans la main, penchés à la fenêtre et surveillant ensemble leurs petits. […] Le Saxon, seul des peuples anciens, osa regarder la mort en face, sonder l’obscur au-delà et y placer une récompense ou un châtiment, le début d’une existence nouvelle. […] Le 28 mai, le Drame provençal voyait son existence consacrée par le triomphe au maître avignonnais. […] je crains fort qu’il n’ait jamais qu’une existence artificielle, aristocratique, tant que l’éducation artistique de la foule ne sera point faite ; et celle-ci, qui donc la fera ?

1244. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Parce que toutes deux s’accordaient pour borner l’existence de l’homme à la tombe ; et que dès lors la mort n’était plus, pour les Épicuriens qu’un refuge contre la douleur, pour les Stoïciens qu’une sauvegarde contre la servitude. […] Tant que l’individu trouvera son avantage à accepter les conditions d’existence commune que lui fait la société, il s’en tiendra vis-à-vis d’elle à l’exécution du contrat. […] Elle est un fait tout fortuit ; elle n’a qu’une existence factice et conventionnelle. […] Chaque fois qu’il s’interroge sur sa nature, son origine et son avenir ; chaque fois qu’il jette un regard inquiet sur ce monde où l’humanité se fraie péniblement sa voie, cet effrayant problème se dresse devant lui ; c’est le problème de l’existence du mal. […] Que de jeunes imaginations fascinées par ces tableaux d’une vie brillante, d’une existence entourée de tous les plaisirs, de toutes les séductions du luxe !

1245. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Dans une autre existence, sans doute ! […] car leurs paupières se gonflèrent de larmes, comme s’ils venaient de gâter leur existence, de toucher le fond de la misère humaine. […] Il s’assit près d’elle, et tandis qu’elle attachait sur lui ses yeux noirs plein de trouble : — Marianne, reprit-il, l’existence que nous menons ne peut durer. […] Ce contact unique ne pouvait rapprocher par son fil ténu deux existences si distantes. […] Dans ces heures-là, pensez-vous qu’on ne sente pas le malaise affreux d’une existence sans base morale, sans principes, sans but au-delà de la terre ?

1246. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Les Hubert, pardonnés, rentrant dans l’existence, avaient la sensation extasiée qu’un songe finissait. […] Car elle le lassait chaque jour davantage, sa banale existence. Qu’est-ce qui la différenciait donc de son existence à Toulon ? […] Et tandis qu’on philosophait sur le rien de cette existence, il triomphait, ce rien, jusque dans la mort. […] Rien ne venant d’eux, il faut qu’ils prennent aux autres ; impuissants, ils n’ont pas assez de forces naturelles en eux-mêmes pour lutter contre les épreuves de l’existence et ressentir le charme de la vie intime.

1247. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Il est athée parce que, du reste dénué de la foi, il n’est sensible à aucune preuve de l’existence de Dieu. […] Aucune preuve philosophique de l’existence de Dieu ne peut s’imposer à Diderot, même, ce qui lui arrive, quand il l’administre. […] Voilà comment le christianisme devait asservir la pensée humaine ; et en même temps il allait l’exalter en lui donnant de son origine, puisqu’un Dieu était venu pour le sauver, en lui donnant de son but dans une autre existence, la plus haute idée. […] Elle continuera également sur la question de l’existence même de l’Église catholique libre, sur la question de l’existence de l’Église catholique, quelque séparée qu’elle ait été de l’État. […] Voilà les raisons pourquoi et partis politiques et gouvernements seront longtemps encore comme forcés de revenir périodiquement à l’anticléricalisme comme à une ressource précieuse et comme à une condition d’existence.

1248. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Voilà pourquoi, nullement aristocrate dans le vrai sens du mot, comme nous l’avons vu, mais aristocrate dans le sens populaire de ce terme, c’est-à-dire hiérarchique, voulant des corps intermédiaires entre le souverain et la foule pour la bonne constitution de la société, pour le minimum de heurts entre la foule et le souverain, pour l’allègement du poids du commandement, et enfin pour le salut des libertés publiques, Montesquieu fait de l’existence des pouvoirs intermédiaires le fond même et la pierre angulaire de toute sa doctrine politique. […] Tels sont à peu près les tours de gobelets de nos politiques ; après avoir démembré le corps social par un prestige digne de la foire, ils rassemblent les pièces on ne sait comment.  » La séparation des pouvoirs est, en effet, après l’existence des corps intermédiaires et plus même que l’existence d’un corps ayant le dépôt des lois, la sauvegarde même de la liberté publique et des droits de l’homme, et par conséquent Jean-Jacques Rousseau ne saurait la souffrir. […] Il ne se signala que par la passionnante affaire du Collier où il jugea, à mon avis, non seulement avec indépendance, mais avec un esprit de justice et de perspicacité admirable ; et dans les dernières années de l’ancien Régime il réclama avec insistance la convocation des Etats généraux qui devaient mettre fin à son rôle politique et à son existence historique. […] L’existence de la divinité, puissante, intelligente, bienfaisante, prévoyante et pourvoyante, la vie à venir, le bonheur des justes et le châtiment des méchants ; la sainteté du Contrat social et des lois : voilà les dogmes positifs. […] Cet amour fait toute son existence ; il ne voit que la Patrie ; il ne vit que pour elle.

1249. (1923) Au service de la déesse

Vers la fin de son existence, âgé de soixante-neuf ans, il méprisait son premier ouvrage, qui était de littérature ; il doutait du second, qui était de philologie : il travaillait, avec une sorte de désespoir, avec intrépidité cependant. […] Depuis les années de son enfance et de sa jeunesse jusqu’à son énigmatique retraite à Stratford, cet aspect de son existence… » autant dire, son existence… «  ne présente en effet qu’un mystère absolu. […] Des Grieux, pour qu’on lui pardonne ou qu’on ait le goût de le plaindre, il faut qu’il ait dix-sept ans, qu’il soit tout neuf à l’existence qui se jette à lui et qui le surmonte. […] Seulement, il a choisi, pour le peindre, ce que d’habitude on croit qui est vil dans la maison de Jupiter : et il n’est rien de plus vil que ces apaches, leurs exploits, leur pensée, leur langage et le train de leur existence. […] » il accepte et il glorifie les conditions que le monde impose à un moment nouveau de l’existence.

1250. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

C’est horrible, cette égalité devant la mort brutale du canon ou du fusil, qui frappe le génie ou l’imbécillité, l’existence précieuse comme l’existence inutile. […] Ai-je commencé la douce existence avec mon frère, six mois ne sont pas écoulés, qu’à mon retour d’Afrique, une dysenterie me met, pendant près de deux ans, entre la vie et la mort, et me laisse une santé, où il n’y a jamais une journée tout à fait bonne. […] Il est toujours là, prenant la moitié dans les faits de mon existence imaginative, comme s’il vivait toujours. […] Lundi 9 octobre Les cérémonies mortuaires des gens que j’aime, me donnent une absence de l’existence qui n’est pas sans charme.

1251. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il voulait demeurer à son poste, quitte à y mourir, et, pour prolonger le reste d’existence qu’il conservait en lui, il s’était mis à un régime sévère, ne réservant ses efforts que pour son cher théâtre et ses comédiens. […] En est-il un seul parmi nos contemporains qui échangeât volontiers sa gloire contre leur existence ? […] J’ai peut-être exagéré tout à l’heure en comparant l’existence de Molière en province à celle des bateleurs héroïques du Roman comique de Scarron. […] Quelques années auparavant, le prince de Conti avait voulu le prendre pour secrétaire, et Molière, avide surtout d’indépendance, n’avait pas hésité entre cette existence offerte et assurée et la vie de hasard du théâtre. […] Ce n’est plus là le Molière attristé, consumé et ravagé que nous connaissions par le portrait du Louvre, c’est un Molière plus jeune, non pas souriant, mais moins amer, plus confiant, regardant avec une sorte de défi cette existence qu’il contemplera bientôt avec abattement.

1252. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

If I was born, as the nurses say, with a silver spoon in my mouth, it has stuck in my throat, and spoiled my palate, so that nothing put into it is swallowed with much relish, unless it be Cayenne… I see no such horror in a dreamless sleep, and I have no conception of any existence which duration would not make tiresome. […] From my youth upwards My spirit walk’d not with the souls of men, Nor look’d upon the earth with human eyes ; The thirst of their ambition was not mine ; The aim of their existence was not mine ; My joys, my griefs, my passions, and my powers, Made me a stranger ; though I wore the form, I had not sympathy with breathing flesh… …………… I could not tame my nature down ; for he Must serve who fain would sway — and soothe — and sue — And watch all time — and pry into all place — And be a living lie — who would become A mighty thing upon the mean, and such The mass are ; I disdain’d to mingle with A herd, though to be leader — and of wolves… 1291. […] For hitherto all hateful things conspire To bind me in existence — in a life Which makes me shrink from immortality — A future like the past.

1253. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Le consentement des diverses parties d’un État nous paraît l’ultima ratio de l’existence de cet État. — Tels étaient nos principes, et ils avaient deux défauts essentiels : le premier, c’est qu’il se trouvait au monde des gens qui en avaient de tout autres, qui vivaient des dures doctrines de l’ancien régime, lequel faisait consister l’unité de la nation dans les droits du souverain, tandis que nous nous imaginions que le xixe  siècle avait inauguré un droit nouveau, le droit des populations ; le second défaut, c’est que ces principes, nous ne réussimes pas toujours à les faire prévaloir chez nous. […] Dans quelles conditions va se produire cette existence d’outre tombe ? […] Les pays dont l’existence est fondée sur la royauté souffrent toujours les maux les plus graves quand il y a des dissidences sur l’hérédité légitime.

1254. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Pas si exagérée, la lettre que j’avais écrite, il y a quelques mois, au Figaro, et où je demandais qu’en ce pays, — le pays qui paye le plus d’impôts de toute la terre, — l’existence et le foyer du citoyen, fussent un peu mieux défendus des assassins et des voleurs. […] Et je disais à Daudet : Oui, peut-être le mouvement littéraire, baptisé naturalisme est à sa fin, il a à peu près ses cinquante ans d’existence, et c’est la durée d’un mouvement littéraire en ces temps, et il fera sans nul doute place à un mouvement autre ; mais il faut pour cela, des hommes à idées, des trouveurs de nouvelles formules, et je déclare que dans ce moment-ci, je connais d’habiles ouvriers en style, des vrais maîtres en procédés de toutes les écritures, mais pas du tout d’ouvriers-inventeurs pour le mouvement devant arriver. […] O’Connor qui a passé, je crois, deux ans en Cochinchine, nous entretenait de la vie de ce peuple, occupé à travailler et à jouir de l’existence mieux et plus complètement, que nous autres.

1255. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

On ne peut dire que le drame succède à l’analyse, qu’il s’en détache, qu’il ait une existence propre ; c’est, pour ainsi dire, l’analyse même qui est dramatique. […] * *   * Donc, le 29 septembre 1863, commença Desvergnes, je me levai de fort mauvaise humeur, et, me regardant sévèrement dans la glace : « Une jolie existence que tu mènes là, mon ami Julien, ah ! oui, une jolie existence ! […] — J’avoue, monsieur, que, lorsque j’écrivis ces vers, je songeais simplement à rendre l’impression joyeuse et toute de bien-être qui nous vient des bois, des prés, des rivières, et non à prouver, comme Fénelon, l’existence de Dieu par le spectacle de la nature. […] Viennet, qui doit forcément croire à son existence, puisqu’il se croit lui-même un classique… Mais elle est morte et bien morte !

1256. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Ce fils, Wolfgang Mozart, dès les premiers mois de son existence, ne parut pas être un enfant des hommes, mais, selon la belle expression de ses biographes, une inspiration musicale revêtue d’organes humains. […] Vous y êtes tout près de l’église. » XIV Mais le chef-d’œuvre de la piété paternelle est cette lettre admirable, véritable testament du cœur de Mozart le père, adressée comme une recommandation de l’âme à son fils pour le préserver contre les dangers de Paris, et pour faire en même temps devant Dieu, devant sa femme et devant ce fils, l’examen de sa conscience de père pendant les tribulations de son existence.

1257. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Séparés du monde qui leur est bien sévère, leurs travaux sont perpétuels, et leur triomphe va peu au-delà de leur existence. […] Cela prouve-t-il contre une existence que l’on sent universellement ?

1258. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Ils passent ; mais sans eux votre existence est pleine. […] Vous changeâtes de nature et d’existence comme nous avions fait tous, et vous devîntes ce que vous êtes resté depuis, un prosateur toujours grandissant, le premier des critiques.

1259. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

IV On le voit : si, dans l’ordre actuel des choses, l’âme est unie au corps, si elle n’en peut être matériellement séparée, elle peut du moins, selon Platon, se distinguer si parfaitement de lui qu’elle se fait une existence dans laquelle le corps n’est plus réellement pour rien. […] Je veux parler de cette éternité que Platon attribue à l’âme, de cette vie antérieure où l’âme sans le corps a connu directement les Idées dont elle ne fait que se souvenir ici-bas, de ces existences successives par lesquelles l’âme doit passer pour recouvrer sa pureté première, de ces récompenses et de ces peines que lui réserve la justice des dieux, selon qu’elle aura bien ou mal vécu.

1260. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

La vie et la mort, l’importance et l’existence du monde extérieur, tout ici dépend uniquement des mouvements intérieurs de l’âme. […] La politique et la religion sont l’expression de notre double existence, représentative et misérable, réelle et excellente.

1261. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

III Cette condition sociale dans laquelle j’avais eu le hasard de naître, le pays pastoral et agricole que nous habitions, la maison, les vergers, les champs, les aspects, les relations fières, mais douces, des paysans avec le château et du château avec les chaumières ; les nombreux serviteurs, jeunes ou vieux, attachés héréditairement à la famille par honneur et par affection plus que par leurs pauvres salaires ; mon père, ma mère, mes sœurs, les occupations pastorales, rurales, domestiques, des champs ou du ménage, toutes ces habitudes, au milieu desquelles je grandissais, étaient tellement semblables aux mœurs des hommes de l’Odyssée que notre existence tout entière n’était véritablement qu’un vers ou un chant d’Homère. […] Ainsi rien ne manquait à cette existence de la famille agricole, pas même l’élévation de la pensée au-dessus de cette terre, pas même ce sursum corda qui manque à toute chose quand on ne la relie pas avec l’infini, l’horizon de l’âme.

1262. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On a des preuves de leur existence aussi loin que la période des terrains Wealdiens, et, d’autre part, on sait que durant la période tertiaire Pliocène les Fourmis étaient si nombreuses en Europe, qu’on pourrait appeler cette époque géologique l’ère des Fourmis. […] L’existence des insectes neutres, au lieu d’ébranler la théorie des habitudes héréditaires, la confirme donc au contraire, puisque leurs instincts, leurs habitudes et jusqu’à leur stérilité, tout est héréditaire dans la race, en tenant compte seulement de cette loi étrange qui fait que les caractères endémiques réapparaissent, non pas régulièrement à chaque génération, mais par une sorte d’alternance plus ou moins périodique entre les générations successives.

1263. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Or, celle cause est extensive et par conséquent mesurable : une expérience de tous les instants, qui a commencé avec les premières lueurs de la conscience et qui se poursuit pendant notre existence entière, nous montre une nuance déterminée de la sensation répondant à une valeur déterminée de l’excitation. […] Nous ne ferons d’ailleurs aucune difficulté pour admettre l’existence probable d’une loi de ce genre.

1264. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Sans doute Pierre colle sur ce Temps une étiquette au nom de Paul ; mais s’il se représentait Paul conscient, vivant sa propre durée et la mesurant, par là même il verrait Paul prendre son propre système pour système de référence, et se placer alors dans ce Temps unique, intérieur à chaque système, dont nous venons de parler : par là même aussi, d’ailleurs, Pierre ferait provisoirement abandon de son système de référence, et par conséquent de son existence comme physicien, et par conséquent aussi de sa conscience ; Pierre ne se verrait plus lui-même que comme une vision de Paul. […] Dès lors notre raisonnement s’écroule, car il impliquait l’existence d’hommes également réels, semblablement conscients, jouissant des mêmes droits dans le système S′ et dans le système S.

1265. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Il écrit à son vieil ami Deyverdun, à Lausanne, pour le consulter, pour le tâter à ce sujet, et pour voir si, en qualité de vieux garçons, ils ne pourraient pas compléter leurs existences dépareillées en les mariant ensemble.

1266. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Je dirai plus tard jusqu’à quel point mon attente a été remplie ; je veux commencer par présenter une idée du genre d’existence, du genre d’esprit et de mérite qui caractérisent le président.

1267. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Je n’ai pas la prétention de résumer en si peu de mots toute cette féerie de Rheinsberg, cette existence à la Conti que le prince Henri mènera pendant plus de trente ans, et qui eut ses péripéties intérieures, ses orages même, ses nuances et ses déclins de saison.

1268. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

J’avoue que ce goût, cette estime, cette persuasion avaient des bases très solides ; tout est anéanti pour moi depuis cette cruelle perte. » Nous savons tout ce qu’il nous importe de savoir sur là jeunesse de Mme de Créqui : encore une fois, nous n’avons affaire avec elle ni à une Mme Du Deffand, ni à une maréchale de Luxembourg, à aucune de celles qui eurent à refaire leur existence morale dans la seconde moitié et à regagner la considération.

1269. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

On lui apprend le secret et l’embarras de son existence ; et quant au mariage avec Jules Daruel qui l’aime, qu’elle aime, et à qui elle serait heureuse d’apporter, dans les épreuves de la vie, les trésors de son cœur et de ses affections, on lui signifie nettement qu’il y faut renoncer : « Vous voulez être, lui dit M. 

1270. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Établissons autant que possible quelques points précis dans cette existence active et variée ; puis nous aurons les épisodes.

1271. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Si l’incompréhensibilité des mystères révélés épouvantait ma raison, les merveilles de la nature me démontraient évidemment son auteur et l’existence d’un ordre moral à côté de l’ordre physique.

1272. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Entourée d’enfants ingrats que son existence lasse et irrite, elle descend au tombeau en se voilant le visage, et il ne s’est trouvé personne qui essuyât ses derniers pleurs. » 109.

1273. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je ne saurais ici que donner l’idée du livre qui serait à faire et en présenter un raccourci ; mais je me figure que le tableau de cette existence si délicate, si généreuse et si combattue, pourrait être d’un véritable intérêt et d’une consolation efficace pour bien des âmes également éprouvées, à qui le sort n’a cessé d’être inclément et dur.

1274. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Son existence heureuse n’avait duré qu’un éclair, alors, dit-elle avec souffle, Alors que dans l’orgueil des amantes aimées Je confiais mon âme aux cordes animées.

1275. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Certes, bien que quarante-trois ans soient beaucoup dans la vie d’un siècle, il serait téméraire de prétendre décider de sa physionomie générale à cet âge de son existence.

1276. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

De très-bonne heure, à Brunswick et depuis, on peut remarquer que l’émotion et le malin plaisir de sa sensibilité consistaient à se partager, à se jeter dans des complications trop réelles, dont les embarras, les tiraillements et les déchirements même ravivaient pour lui l’ennui de l’existence ; il affectionna en un mot, de tout temps, cette situation entre les trois déesses, comme la définissait très-heureusement madame de Charrière.

1277. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Il croit qu’à force de libéralités il rachètera la vie de son unique amie, et il donne à toute la maison, jusqu’à la vache, à qui il a acheté du foin : « Il donne à l’un de quoi faire apprendre un métier à son enfant ; à l’autre, pour avoir des palatines et des rubans ; à tout ce qui se rencontre et se présente devant lui : cela vise quasi à la folie. » Sublime folie en effet, folie surtout, puisqu’elle dura, et que l’existence entière du chevalier fut consacrée au souvenir de la défunte et à l’établissement de l’enfant qu’il avait eu d’elle !

1278. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Aussi que sort-il tout à coup, et pour premier essai, de cette verve de vingt-quatre ans, de cette existence de poëte si longtemps misérable et comprimée ?

1279. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Un moment il sembla que l’existence de Bertrand allait se régler : il devint secrétaire de M. le baron Rœderer, qui connaissait de longue main sa famille, et qui eut pour lui des bontés.

1280. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Non, je ne doute point de ton existence ; et soit que tu m’aies destiné une carrière immortelle, soit que je doive seulement passer et mourir, j’adore tes décrets en silence, et ton insecte confesse ta divinité.

1281. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Mais, qu’est-ce que cette infirmité tout intime, auprès de l’existence publique des citoyens d’Athènes ?

1282. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Mais qu’est-ce que cette infirmité toute intime, auprès de l’existence publique des citoyens d’Athènes ?

1283. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Le problème de l’existence n’est pas résolu ; il est simplement reculé.

1284. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Ce qu’était, sans le feu, sa farouche et misérable existence, qui pourrait le dire ?

1285. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

L’année de Salamine ou de l’Orestie, des frontons du Parthénon ou de l’Histoire d’Hérodote lue à Olympie, compte davantage dans l’existence de l’humanité que les périodes millénaires des chronologies de Memphis.

1286. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Les riches ont vraiment un noble privilège Que leur doit envier tout être intelligent, Et qui donne raison à l’orgueil de l’argent : C’est de pouvoir exclure et tenir à distance Les détails répugnants et bas de l’existence, Et de ne pas laisser leur contact amoindrir Les grandeurs que la vie à l’homme peut offrir.

1287. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Cette fois Jane comprend enfin qu’elle a introduit dans son existence un animal stupide et farouche qui va la ravager, s’il reste un seul jour de plus.

1288. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Mlle de Lespinasse quitta brusquement le couvent de Saint-Joseph ; ses amis se cotisèrent pour lui faire un salon et une existence rue de Bellechasse.

1289. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

« Continuez vos ouvrages, lui écrivait l’abbé Galiani ; c’est une preuve d’attachement à la vie que de composer des livres. » Avec un corps détruit et une santé en ruine, elle eut l’art de vivre ainsi jusqu’à la fin, de disputer pied à pied les restes de sa pénible existence, et d’en tirer parti pour ce qui l’entourait, avec affection et avec grâce.

1290. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Si j’osais pourtant hasarder un jugement d’ensemble, je dirais que son ambition n’y eut jamais satisfaction entière, et que les distinctions brillantes dont son existence publique fut remplie couvraient, au fond, bien des vœux trompés et le déchet de bien des espérances.

1291. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Cependant l’existence de ces Mémoires était un épouvantail pour bien des gens qui s’y savaient maltraités, eux et les leurs, et marqués en traits de feu.

1292. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Un des épisodes les plus touchants, les plus honorables et les plus caractéristiques de son existence de poète-troubadour, est son pèlerinage pour l’église de Vergt.

1293. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Le déiste, pour lui, n’existe pas : « Un déiste, dit-il, est un homme qui, dans sa courte existence, n’a pas eu le temps de devenir athée. » — (Voir un morceau intitulé « De l’origine du langage », par M. 

1294. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Bon, facile, amateur de musique, un peu timide en public, un peu perdu dans les détails, vif d’humeur, mais revenant aisément, franc, ouvert et candide, tel on nous peint et tel aisément on se figure en effet le bon Amyot, que le malheur, vers la fin de son existence heureuse, vint tout à coup visiter.

1295. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Gourville l’en délivra ; il lui procura, ainsi qu’à M. le Duc, son fils, tout l’état honorable d’une grande existence, et de l’argent de reste pour leurs fantaisies d’embellissements.

1296. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Montesquieu (car c’est lui ici qui parle, ainsi qu’il parlera en son nom jusqu’à la fin de sa vie), tâche d’y établir en quoi cette idée de justice ne dépend point des conventions humaines : « Et quand elle en dépendrait, ajoute-t-il, ce serait une vérité terrible qu’il faudrait se dérober à soi-même. » Montesquieu va plus loin : il tâche même de rendre cette idée et ce culte de justice indépendants de toute existence supérieure à l’homme ; il va jusqu’à dire, par la bouche d’Usbek : Quand il n’y aurait pas de Dieu, nous devrions toujours aimer la justice, c’est-à-dire faire nos efforts pour ressembler à cet Être dont nous avons une si belle idée, et qui, s’il existait, serait nécessairement juste.

1297. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Dans tous les temps, les hommes ont préféré l’instant pendant lequel ils vivaient, à cette immense durée qui avait précédé leur existence.

1298. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

On fait aussi un accueil particulier, mais de simple prévenance, aux personnes d’une existence incertaine dans le monde, et qu’on veut rassurer ; mais, si elles s’y méprennent, une interrogation d’un ton détaché, et se terminant en accent aigu, les avertit qu’elles ont pris trop tôt de la confiance… La manière d’entrer dans un salon, et cette façon dont chacun séparément s’étudie à prendre le rang et l’attitude qu’il croit lui convenir, ne sont pas rendus par M. 

1299. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Aussi suis-je, après ce dernier et pénible acte de mes faibles et tremblantes mains, tout aussi tranquille sur le sort de ma famille que je le suis par rapport au mien propre, dans ce moment où je viens de remettre mon âme entre les mains de l’Être infiniment bon par qui elle existe, et qui ne l’a sans doute appelée à l’existence que pour la félicité.

1300. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Il y ménagea toutes les situations et les existences : c’est une justice que M. de Fontanes lui a rendue depuis.

1301. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Et la douleur entière, la vraie, le désir de l’éviter, étant les derniers mobiles de toute l’activité animale, humaine et sociale, nous comprenons maintenant pourquoi les suprêmes émotions esthétiques sont improductives d’actes, comme nous l’avons dit au commencement de ce chapitre ; ces émotions comprennent toutes les souffrances harcelantes de l’existence, mais sans les aiguillons des périls, des angoisses, des menaces, des maux prévus ou ressentis.

1302. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Et cette lamentable fin encore du ménage artistique, cette noire existence misérable et débraillée dans l’atelier du haut de Montmartre, Claude se brutalisant, s’exaltant et s’affolant à l’impossible labeur de s’extorquer un chef d’œuvre, tandis que Christine s’attache à son amour tari, lutte contre le desséchement de cœur de son mari, finit par l’arracher à l’art auquel il tenait de toutes ses fibres, mais l’abîme et le lue du coup ; toute cette tragédie humaine donnant à toucher de pauvres chairs frissonnantes, à voir des larmes dans des orbites creux, et des mâchoires serrées, et des poings abandonnés, nous a enthousiasmé et ému.

1303. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Mais les lois qui n’en suivent pas les dérèglements ont cru imiter Dieu en en faisant un peuple à part, exclus de tout nom, de toute succession, de toute faculté de tester, et, par conséquent, de faire souche et lignée ; en un mot, un peuple dévoué à l’obscurité la plus profonde, sans consistance, sans existence, la plus vive image du néant.

1304. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Roger Cahen continue, renouvelle, élargit une conception de l’existence que nous avons tellement aimée, il y a un quart de siècle.

1305. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Existence par avance périmée, ils se dénoncent inadaptables dès lors aux vagues presciences et aux occultes préparations de l’Heure. […] Sept mois d’existence, rue Lougier. […] (Elle avait eu une première existence naturaliste en 84, dirigée par Félix Fénéon). […] Rappelons que les « Ecrits pour l’Art » reparaissaient depuis novembre 88, leur existence attestée par les attaques qui les attendaient mensuellement ! […] Mais encore, il admet en son poème le spectacle quotidien de l’existence.

1306. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

En effet, que découvrir de nouveau dans l’existence ou dans l’œuvre d’un homme qui se raconte tous les jours, en même temps qu’il raconte les autres, et qui dit quotidiennement toutes ses pensées à ses lecteurs avec un relief et un esprit incomparables ? […] Il suffit d’avoir respiré un peu l’air des théâtres, d’avoir connu les nervosités, les excitations, les désespoirs, les joies qui se manifestent de l’autre côté du rideau, d’avoir un peu étudié cette existence de fièvre, d’emballements, si différente de l’autre, pour constater que M.  […] L’eau fuyait, le temps fuyait, et des existences nouvelles revenaient sombrer à ce gouffre, et d’autres consciences, acculées aux mêmes misères, reproduisaient incessamment ces scènes de violence et de désespoir. […] Rendez-vous compte, messieurs, de l’existence qui vous y est ménagée. […] » Je crois donc être dans le vrai en disant que les difficultés énormes de l’existence — du pain quotidien — et la désagrégation de la famille par le code Napoléon (c’était l’avis de M. 

1307. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Voici le peintre qui a victorieusement enlevé la peinture de son pays aux influences persanes et chinoises et qui, par une étude pour ainsi dire religieuse de la nature, l’a rajeunie, l’a renouvelée, l’a faite vraiment toute japonaise ; voici le peintre universel qui, avec le dessin le plus vivant, a reproduit l’homme, la femme, l’oiseau, le poisson, l’arbre, la fleur, le brin d’herbe ; voici le peintre qui aurait exécuté 30 000 dessins ou peintures7 ; voici le peintre qui est le vrai créateur de l’Oukiyô yé 8, le fondateur de « l’école vulgaire », c’est-à-dire l’homme qui ne se contentant pas, à l’imitation des peintres académiques de l’école de Tosa, de représenter, dans une convention précieuse, les fastes de la cour, la vie officielle des hauts dignitaires, l’artificiel pompeux des existences aristocratiques, a fait entrer, en son œuvre, l’humanité entière de son pays, dans une réalité échappant aux exigences nobles de la peinture de là-bas ; voici enfin le passionné, l’affolé de son art, qui signe ses productions : « fou de dessin »… Eh ! […] IX En ces années, en cette fin du xviiie  siècle, le talent d’Hokousaï n’a pas seulement fait sa popularité chez ses compatriotes, ce talent commençait à être apprécié par les Hollandais faisant leur visite d’office, tous les cinq ans, à Yédo, et l’un d’eux, que l’on croit être le capitaine Isbert Hemmel, avait eu l’intelligente idée de rapporter en Europe deux rouleaux dus au pinceau de l’illustre maître, représentant, le premier, tous les épisodes de l’existence d’un Japonais depuis sa naissance jusqu’à sa mort, le second, tous les épisodes de l’existence d’une Japonaise, également depuis sa naissance jusqu’à sa mort. […] Ce sont la première femme et les filles du descendant chinois, renseignées sur l’existence de leur mari et père par les fiches qu’il a laissées, pendant ses trois ans de pèlerinage, dans tous les temples bouddhiques, et, de temple en temple, ces femmes ont été amenées au temple de Niô où la fiche déposée dans les autres temples, manquant, elles ont supposé qu’il habitait dans le voisinage. […] C’est le poète japonais Nakamaro, devenu ministre en Chine, qui a fait, en sa nouvelle patrie, un poème où il dit que, lorsque son âme se promène dans le ciel et qu’il voit cette lune qu’il a vue aux flancs de la montagne de Mikasa, près de Kasouga, cette lune le console, lui fait oublier les misères de l’existence, lui rappelle son Japon, — une pièce qui fut cause de sa disgrâce, par le témoignage qu’elle apportait de son attachement pour son ancienne patrie. […] « Alors il faut avaler, en deux fois, la pâtée de citron dont on a retiré les pépins, dans de l’eau chaude ; et l’effet médical se produit au bout de vingt-quatre ou trente heures. » Ce remède avait complètement guéri Hokousaï et semble l’avoir mené bien portant jusqu’en 1849 où il tombait malade de ses 90 ans, dans une maison d’Asakousa, le quatre-vingt-treizième logis de cette existence vagabondante d’une habitation à l’autre.

1308. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Étudions donc les nobles auteurs qui ont consumé leur existence à éterniser par leurs talents les mémorables exemples religieux, politiques, et militaires. […] D’abord les objets les frappent vivement, se colorent, s’animent à leurs yeux ; tout interroge leurs sens, et tout leur répond ; tout leur semble participer à leur être dont la force surabondante se répand sur ce qui les environne : bientôt la réalité détruit leur illusion enchanteresse : elle dépouille leurs spéculations des formes, des couleurs, de l’existence fictive, qu’ils leur prêtaient ; ils n’ont plus de tableaux devant les regards ; mais des réflexions, mais des arguments dans l’esprit : ils ne voient plus de choses vivantes, mais ils en considèrent les qualités inertes ; et cette triste et froide abstraction remplace le sentiment qui les portait à saisir les dehors mouvants de la nature. […] Elle a pour objet, convenable au temps où vivait le poète qui l’a choisie, les exploits et les hasards de la guerre, parce que la guerre était, comme nous l’observions, utile à l’existence d’une population nouvelle. […] L’action du poète qui se passe au-delà de l’existence matérielle, n’est ordinaire ni physique, mais en tout idéale et spirituelle. […] et qu’ils signalent bien l’esprit vivifiant de la mythologie, qui, multipliant les existences passionnées, met nos sentiments en commerce avec la nature entière.

1309. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Ces plâtres se seront sans doute brisés au choc brutal des déménagements à travers les odyssées d’existences aventureuses, car alors nul de nous n’était assez riche pour assurer l’éternité du bronze à cette collection qui serait aujourd’hui si précieuse comme art et comme souvenir. […] Ce bayeur aux corneilles, ce chasseur de papillons, ce souffleur de bulles, ce faiseur de ronds dans l’eau menait au contraire l’existence intellectuelle la plus active. […] Les mariages à la cophte, les noms arabes, les soirées de mangeurs d’opium, les mœurs des fellahs, tous les détails de l’existence mahométane sont rendus avec une finesse, un esprit et une conscience d’observation rares. […] S’il eût été maître encore de sa volonté, ce bon Gérard aurait épargné à ses amis, c’est-à-dire à tous ceux qui l’avaient vu une fois, ce chagrin, le seul qu’il leur ait causé, quelque lourd qu’il eût trouvé d’ailleurs le poids de l’existence. […] Par contraste, Brizeux, dans son idylle de Marie, exprima l’amour pur de l’adolescence, le souvenir nostalgique de la lande natale et ce retour à la vie champêtre qu’inspire aux âmes tendres la fatigue de l’existence des villes.

1310. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Plusieurs incidents politiques, assez péniblement rattachés à l’histoire principale, une entrevue avec Georges, la longue détention du marquis de Couaën, les démarches actives d’Amaury, son initiation à des projets sanguinaires qui avortent avec la machine infernale et meurent sur l’échafaud de Cadoudal ; plusieurs autres épisodes viennent se mêler, avec plus ou moins de vérité, à cette existence si monotone, qui se traîne péniblement entre les impatiences d’un amour profané et la satiété quotidienne d’une sensualité prodigue. […] Ils me dirent qu’ils ne connaissaient autrefois aucun autre moyen d’existence, et, d’après leur récit, cette existence était misérable.

1311. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Mais il s’en faut bien que celle des collèges mérite ce nom : elle ouvre pour l’ordinaire par un compendium, qui est, si on peut parler ainsi, le rendez-vous d’une infinité de questions inutiles sur l’existence de la philosophie, sur la philosophie d’Adam, etc. […] La métaphysique est à peu près dans le même goût : on y mêle aux plus importantes vérités les discussions les plus futiles, avant et après avoir démontré l’existence de Dieu, on traite avec le même soin les grandes questions de la distinction formelle ou virtuelle, de l’universel de la part de la chose, et une infinité d’autres ; n’est-ce pas outrager et blasphémer en quelque sorte la plus grande des vérités, que de lui donner un si ridicule et si misérable voisinage ? […] Mais il est au moins un grand nombre de mots qui, de l’aveu de tout le monde, se refusent à quelque espèce de définition que ce puisse être ; ce sont principalement des mots qui désignent des propriétés générales des êtres, comme existence, étendue, pensée, sensation, temps, et un grand nombre d’autres.

1312. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Je ne sais trop si M. de Meilhan est exact en ce point et si l’on peut dire que l’Antiquité grecque et romaine ressemble à un génie mort jeune et intercepté avant le temps : il me semble au contraire que les Grecs, et les Romains qu’en ont hérité, ont eu leur cours naturel d’existence et leur âge tout rempli ; qu’ils ont eu, eux aussi, leur épuisement et leur décadence sous des formes monstrueuses ou subtiles, et que, si la civilisation avait à être utilement continuée et renouvelée, ce ne pouvait plus être à la fin par eux.

1313. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

L’idéal du bonheur, avec considération et indépendance, s’offre le plus volontiers à ses yeux sous la forme assez bourgeoise d’un juge-consul ou d’un conseiller au Parlement de Paris ; mais il y ajoute certaines conditions supplémentaires qui en font une existence pas du tout ennuyeuse et des plus variées.

1314. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

L’ambition est une passion dangereuse et vaine, mais ce serait un malheur pour la plupart des hommes que d’en être totalement dénués ; elle sert à occuper l’esprit, à préserver de l’ennui qui naît de la satiété ; elle s’oppose dans la jeunesse à l’abus des plaisirs, qui entraînerait trop vivement ; elle les remplace en partie dans la vieillesse, et sert à entretenir dans l’esprit une activité qui fait sentir l’existence et ranime nos facultés.

1315. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

L’Espagne était depuis un siècle dans un accroissement de puissance et d’ascendant qui troublait les conditions d’existence et les rapports naturels des pays voisins, et menaçait tout l’occident de l’Europe ; et en même temps elle apportait dans ses conquêtes politiques un système d’oppression absolue et de machiavélisme pratique qui tendait à pervertir la morale, à nouer tout développement de l’esprit et à déformer l’humanité.

1316. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Sa longue et belle existence permit à toutes ses qualités, je l’ai dit, de se développer à leur avantage et à leur honneur ; il usa, à force de durer et de vivre, toutes les critiques dont il avait été l’objet, et celles qui étaient injustes, et celles qui n’étaient que transitoires.

1317. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

En voici un encore, l’aimable Félix Mendelssohn, « le puissant et doux maître du piano » (comme l’appelait Gœthe), qui voyageant en Italie, et rencontrant à Rome Horace Vernet directeur à la Villa Médicis, va nous donner l’impression la plus fidèle et la mieux sentie de cette nature heureuse et de cette mouvante existence : « (Rome, 17 janvier 1831.)

1318. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il faut de la gloire ou de l’argent pour que des hommes acceptent momentanément une semblable existence.

1319. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Mais les peuples d’humeur mobile et d’impression superficielle se mirent aussitôt à regretter à l’excès un prince que chacun bafouait la veille, et dont l’existence, si elle s’était prolongée, eût pu être pour eux un malheur et un fléau ; la pitié s’émut comme pour une victime ; les poètes qui ne cherchent que des thèmes le chantèrent ; on se plut à voir dans sa fin rapide un mystère de machiavélisme et de ténèbres.

1320. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Dans le drame espagnol, cette même infante qui a commencé par chausser à Rodrigue les éperons de chevalier, cette princesse tant respectée et admirée de lui, et qui lui voudrait un peu moins de respect avec un peu plus de tendresse, a une existence bien distincte, bien définie ; elle passe par des péripéties frappantes et qui intéressent ; elle sauve Rodrigue et le protège quand on le poursuit après la mort du comte ; elle a le temps de renaître à l’espérance lorsque lui-même, partant pour combattre les Maures à la tête de ses cinq cents amis, il la salue galamment à ce balcon de sa maison de plaisance, d’où elle l’a reconnu.

1321. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

À quelles pensées et à quelles réflexions fut-il livré dans cet intervalle, durant cette solution de continuité de son existence politique ?

1322. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Quand Maurice de Saxe s’avisa de commencer ses Mémoires, trop tôt interrompus, c’était dans les premiers mois de 1724 : il n’avait que vingt-sept ans ; il était à Paris, et se trouvait dans un de ces intervalles d’oisiveté et d’ennui, comme il en eut souvent dans son active et dévorante existence.

1323. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

On serait trop tenté vraiment, à voir le détail d’une telle vie, et quel mal infini eut de tout temps à se soutenir et à subsister cette famille d’élite et d’honneur, ce groupe rare d’êtres distingués et charmants, comptant des amitiés et, ce semble, des protections sans nombre, chéris et estimés de tous, on serait tenté de s’en prendre à notre civilisation si vantée, à notre société même, à rougir pour elle ; et surtout si l’on y joint par la pensée le cortège naturel de Mme Valmore, cette quantité prodigieuse de femmes dans la même situation et « ne sachant où poser leur existence », courageuses, intelligentes et sans pain, « toutes ces chères infortunées » qui, par instinct et comme par un avertissement secret, accouraient à elle, qu’elle ne savait comment secourir, et avec qui elle était toujours prête à partager le peu qui ne lui suffisait pas à elle-même !

1324. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Pour complément de la collection, un volume à part contiendra : une Étude générale sur la Pléiade française, indiquant « son origine, son but, ses espérances et la part légitime qui lui appartient dans la constitution de notre langue et dans le développement de notre littérature » ; de plus un Glossaire, renfermant « l’explication de tous les termes qui ne figurent pas dans les dictionnaires actuels ou qui ne s’y trouvent que dans des acceptions différentes de celles dans lesquelles les poètes les ont employés ; les mots bizarres, forgés par la Pléiade, et qui n’ont eu qu’une existence éphémère ; enfin (et c’est là une partie fort délicate) les mots, nouveaux alors, qui ont été si vite et si généralement adoptés, et qui se sont si complètement incorporés à notre langue, qu’on serait tenté de croire qu’ils remontent à son origine. » Un Index des noms propres historiques et géographiques s’y joindra également.

1325. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

et, quand vos grains recueillis seront devenus le pain des familles, ce pain que nous autres, insensés des villes, mangeons avec tant d’indifférence et d’oubli, le pauvre, toujours chrétien, lui, n’entamera pas sa nourriture unique, la vie de ses enfants, sans faire, avec la pointe de son couteau, cette croix dont il salue le jour et la nuit, et tous les actes de on existence laborieuse ; il remerciera Dieu du bienfait accordé à ses peines ; il lui demandera de bénir encore les travaux auxquels il s’apprête et pour lesquels il se fortifie.

1326. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Tu n’auras hors de ces lieux, Où l’existence est un supplice, D’autres liens que ton caprice, Ni d’autre prison que les cieux.

1327. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

D’après cette conjecture, les journaux seraient comme une bouture sortie du vieux tronc pontifical : ils n’en seraient que la prolongation et l’émancipation au dehors ; ils auraient eu, comme le théâtre, comme la statuaire en bien des pays, leur période hiératique avant d’avoir leur existence populaire.

1328. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Tant que durent la jeunesse et la beauté, l’existence n’est qu’une fête, par la protection souvent coupable d’un maître.

1329. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Mais aussi il désarçonne parfois cette âme, cet esprit, ce cavalier intraitable, et alors il vit des mois entiers en bête (il nous l’assure), sans penser, couché sur sa litière : « Vous voyez, poursuit-il, que mon existence ne ressemble pas tout à fait à la béatitude et aux ravissements où vous me supposez plongé.

1330. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Rien ne livrera plus sans doute la poésie narrative aux inventions déréglées, aux romanesques absurdités, que l’existence d’œuvres historiques de plus en plus répandues et nombreuses : elle en perdit ce qui pouvait lui rester encore de sérieux et de gravité, et fut rejetée tout à fait vers la fantaisie folle, comme si elle était déchargée de tout autre soin que d’amuser.

1331. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Bédier en compte 8 qui se racontaient en Occident avant les croisades (sur lesquels 6 remontent à l’antiquité gréco-romaine) et 11 seulement comme ayant eu une existence certaine en Orient.

1332. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Mais je ne pense pas qu’il ait jamais été nécessaire de nier l’existence de Dieu pour pécher avec une femme du monde ; et, si Gandrax s’empoisonne pour une rupture, c’est apparemment qu’il a la tête un peu faible.

1333. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Car d’abord c’est le seul moyen de voir de près les mœurs, les sentiments, les âmes des humbles et la lutte pour l’existence sous ses formes les plus simples et les plus tragiques.

1334. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

., etc. » Quoi qu’on doive leur accorder de crédit, il y a toujours quelque chose de significatif dans l’existence seule de pareils récits.

1335. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

L’existence des uns n’est pas plus douteuse que celle des autres.

1336. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Que ce soit à la lumière de semblables phénomènes d’existence que doive résolument s’éclairer le mystère de notre constitution essentielle, quoi malheureusement de moins certain, si rien n’est à coup sur plus souhaitable.

1337. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Grâce à eux il a acquis une indéniable existence littéraire.

1338. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Les habitudes de la société française, si sévères pour toute originalité, sont à ce point de vue tout à fait regrettables. « Ce qui fait l’existence individuelle, dit Mme de Staël, étant toujours une singularité quelconque, cette singularité prête à la plaisanterie : aussi l’homme qui la craint avant tout cherche-t-il, autant que possible, à faire disparaître en lui ce qui pourrait le signaler de quelque manière, soit en bien, soit en mal. » Les natures vraiment belles et riches ne sont pas celles où des éléments opposés se neutralisent et s’anéantissent ; ce sont celles où les extrêmes se réunissent, non pas simultanément, mais successivement, et selon la face des choses qu’il s’agit d’esquisser.

1339. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Au temps de Boileau, par exemple, il est admis que l’élégie, l’ode, la comédie, la tragédie ont chacune leur existence individuelle et leurs règles spéciales.

1340. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Une femme qui aime comme elle dit aimer, ne partirait pas ; ou, si elle partait, elle donnerait au moins à son amant un signe d’existence ; elle l’avertirait de l’épreuve, pour qu’il pût éviter son piège.

1341. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

C’est sur l’existence de Dieu que Claude engage une polémique avec Cantagnac.

1342. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

À partir de ce temps, il mène la vie de ménage et de labeur, une existence assujettie ; et c’est de la rue du Cœur-Volant, faubourg Saint-Germain, et ensuite de la rue Montmartre où il demeure, ou de quelque autre logis obscur, que vont sortir ces écrits charmants qui semblent le miroir du monde21.

1343. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Ce fut le feu d’artifice et le bouquet par lequel le spirituel abbé couronna brillamment sa période d’existence parisienne.

1344. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

L’existence de ces pièces était connue depuis longtemps, et le comte de La Marck, qui vivait depuis des années à Bruxelles sous le titre de prince d’Arenberg, en avait donné une communication plus ou moins complète à quelques personnes.

1345. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

L’Académie française n’eut pas, en effet, une importance égale dans tous les moments de son existence.

1346. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Membre de l’Académie française depuis 1763 et secrétaire perpétuel depuis 1783, historiographe de France, historiographe des Bâtiments, ayant droit à des logements au Louvre et à Versailles, ayant des pensions sur le Mercure et encore ailleurs, il jouissait, dans les années qui précédèrent la Révolution, de l’existence d’homme de lettres la plus complète qu’on pût souhaiter.

1347. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

dira-t-il encore avec un accent bien senti et qui ne se peut méconnaître ; les objections contre l’existence de Dieu sont épuisées, et ses preuves augmentent tous les jours : elles croissent et marchent sur trois ordres : dans l’intérieur des corps, toutes les substances et leurs affinités ; dans les cieux, tous les globes et les lois de l’attraction ; au milieu, la nature, animée de toutes ses pompes.

1348. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Pour en revenir à La Harpe jeune, nouvellement marié et assez, souvent sifflé, on conçoit que cette existence inégale et nécessiteuse n’était pas propre à fonder la considération ni à imprimer le respect.

1349. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

L’Encyclopédie, qui rallie les gens de lettres, lui paraît une excellente occasion ; quand l’existence de cette grosse machine est menacée, il ne parle que de mettre, tous, l’épée à la main et de faire « un bataillon carré » pour la défendre.

1350. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Paris me fait l’effet aujourd’hui de ces Babylones de l’antiquité, dans les dernières années de leur existence.

1351. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Le mot constate l’existence d’un être, d’un acte, d’une idée ; la phrase constate les relations multiples, directes ou inverses, des idées, des êtres, des actes.

1352. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Tantôt, par une touche finale, le poète rattache l’apparition à un détail familier et vif, qui la fait entrer dans le cercle des existences réelles.

1353. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

À l’heure où les modes d’existence tendent à se diversifier, tous les écrivains dédaignent l’observation des mœurs, dans le roman et au théâtre, pour rabâcher éternellement les mêmes aventures de romanesque sentimental, de fantaisie vieillotte ou les mêmes évocations de rétrospective passionnelle.

1354. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

« Il me paraît absurde de faire dépendre l’existence de Dieu d’a plus b, divisé par z.

1355. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Etre solitaire et bon comme les arbres silencieux et les pierres muettes : alors il serait le plus éloigné de la réalité et le plus rapproché de l’Art. » Kurt Heynickead  : « Tu souris, homme, toi qui a le sens de l’existence bénie ?

1356. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Et, je l’ai montré tout à l’heure, Cassagnac l’entend si bien ainsi qu’il a nié vaillamment, dès les premières pages de son livre, l’existence de cet Esprit principe, substitué par tant d’historiens à l’emploi et à l’abus de la liberté de l’homme, dans l’explication des grands problèmes de l’Histoire.

1357. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Malheur à vous qui, sur la terre, Ayant le choix, avez opté, Non pour une existence austère, Mais pour la douce volupté !

1358. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Grandville a roulé pendant une grande partie de son existence sur l’idée générale de l’Analogie.

1359. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Elle est faite pour un pays des ombres heureuses, et merveilleusement adaptée à une existence posthume. […] Bertin qui avaient vingt ans en 1789, se trouve gardé par leur expérience de jeunesse, laquelle leur défend « d’aborder avec une sorte de familiarité irréfléchie ces terribles questions qui touchent à l’existence même des peuples et des rois ». […] Mais les deux termes ne parviennent à la grande existence littéraire que le jour où ils deviennent adversaires. […] Le poème de l’âme devient poétiquement humain parce qu’il est ici le poème de l’homme de l’âme, sous sa forme la plus élémentaire, ordinaire et simple, le préposé à l’âme dans chaque village, le curé de campagne, tel qu’il existe idéalement, — et l’âme en acte consiste dans la croyance en une existence idéale. […] Ce fut la plus grande douleur de son existence.

1360. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Il avait ainsi évoqué toute la lignée, la branche légitime et la branche bâtarde, et cela au désespoir de sa mère, de Félicité qui ne rêvait que la destruction de ces documents dont l’existence pesait sur son orgueil, dévoilant les vices et les infériorités de toute la race. […] Il a encore la force d’écrire à celle qui va lui donner le plus grand bonheur de son existence, de venir sans tarder d’une heure. […] Les mauvais choix sont nécessaires à l’existence de cette assemblée. […] Celle-ci entre autres : Paul Lacroix, le célèbre bibliophile Jacob, obtint de l’empereur Napoléon III de sauver l’existence compromise de ses chers bouquinistes. […] Ils auraient plutôt douté de l’existence du ciel et de la terre que de leur communion vivante avec le Christ ressuscité.

1361. (1881) Le naturalisme au théatre

Toi, tu as un père qui a volé ; apprends l’existence, impose-toi au respect. […] La bonhomie de l’existence, les promiscuités tolérées, les libertés permises de langage et de sentiments, tout ce train-train qui fait la vie, prend immédiatement dans nos œuvres écrites l’apparence d’une diffamation. […] Un salon complètement meublé, avec la vie qui l’échauffe et lui donne une existence propre, pourquoi faire ? […] Le docteur lui prouve qu’il tuera Emma, qu’il lui imposera tout au moins une existence abominable, en faisant d’elle la fille d’un forçat. […] On sourit d’avoir à expliquer que chacun a le droit strict d’arranger son existence selon son goût, sans qu’on le jette violemment sur la sellette, devant l’opinion publique.

1362. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

On se demande comment il a pu, dans cette existence si dispersée, parmi ces multiples devoirs d’amitié et ces besognes dont il s’acquittait avec une ponctualité peut-être dédaigneuse, plus tard dans les divertissements de Saint-Cloud et des Tuileries, trouver le temps d’achever tant d’œuvres, où « il est arrivé, selon le mot de Sainte-Beuve, à la perfection35 ». […] Sous le voile bariolé des poèmes, des romans et des drames, il y aura encore beaucoup de biographies cachées… Lorsque la vie d’une personne a touché aux événements publics, le récit de cette existence individuelle est un bon moyen d’apprendre une partie de l’histoire générale. […] Et ç’a été l’existence de Blanqui. […] Bergeret, donnant la réplique à l’abbé, gémit sur ce « peuple inglorieux et patient, traînant sans désirs une morne existence, indifférent au juste et à l’injuste… ». […] Il a aimé les petites existences, qui sont, pour ainsi dire, des atomes d’humanité.

1363. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

L’existence des chaires publiques amène dans un cercle plus étendu un effet semblable et plus sérieux. […] Jusqu’à la mort de ce roi économe il n’aurait eu à la Cour qu’une existence assez précaire, une pension de mille livres du duc de Bellegarde (le Grand-Écuyer), avec la table, si la mort de son père ne l’eût mis en possession de son héritage.

1364. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« La raison est cette intelligence si prompte et si vaste à la fois, cette sagacité de l’esprit qui pénètre les causes, discerne l’enchaînement de ces causes avec leurs conséquences, rapproche les ressemblances, découvre les semblables au milieu des diversités, conjoint l’avenir avec le présent, et embrasse ainsi d’un coup d’œil le cours entier d’une existence bien enchaînée. […] XXXIII Mais l’existence d’une divinité une et suprême, l’immatérialité de l’âme et son immortalité sont confessées plus loin comme des vérités rationnelles avec une force de logique et avec une multiplicité d’arguments qui n’ont jamais été surpassées.

1365. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Moi, je suis heureux de la petite existence que je me créerai en province, où je succéderai tout bêtement à mon père. […] Le jour où je m’accusai d’avoir maudit l’existence, mon confesseur me montra le ciel où fleurissait la palme promise pour les Beati qui lugent  !

1366. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Je dis cela à propos d’Oliphant, ce diplomate du journalisme, qui, un beau jour, quitte sa grande existence pour faire partie d’une petite secte religieuse, vivant sur le bord d’un fleuve d’Amérique. […] Je me sentais enlevé de mon existence personnelle, et transporté, avec une petite fièvre, dans la fiction de mon roman.

1367. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Une main divine, dit-elle, conduit l’homme dans les recherches nécessaires à son existence, et l’abandonne à lui-même dans les études d’une utilité moins immédiate. […] À Saint-Denis, nous avons visité la cendre des rois ; et quand notre sujet nous a forcé de parler du dogme de l’existence de Dieu, nous avons seulement cherché nos preuves dans les merveilles de la nature. » Les espérances que donne ce début ne sont point trompeuses. […] En dernière analyse, tous les dogmes révélés ne servent qu’à confirmer ceux de l’immortalité de l’âme et de l’existence de Dieu, qui ne seraient point suffisamment attestés par les merveilles de la nature. […] C’est ainsi qu’en Angleterre, après les ravages produits par les funestes doctrines de Hobbes, de Collins et de Toland on accueillit avec enthousiasme les livres où le docteur Clarke développa les preuves de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme.

1368. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Il raconte ses souffrances, ses tortures morales… Le monde, tel qu’il est, prouve si peu l’existence de Dieu ! […] Vous me trouveriez sans doute d’une étrange ingénuité, si j’accusais d’une grande part de ces maux la civilisation industrielle, qui ne profite, tout compte fait, qu’à une toute petite minorité ; dont les nécessités imposent à tant d’hommes une vie proprement inhumaine (songez à l’existence des mineurs) ; qui a créé enfin les grandes villes modernes, et ces monstrueuses agglomérations où l’on peut dire que les hommes ne se connaissent pas entre eux, où la misère est anonyme et cachée, où les classes sociales extrêmes sont plus réellement séparées les unes des autres que les classes politiques de l’ancien régime ? […] Il s’en est allé, je crois, à Paris, et cette existence « poétique » dont il rêvait a consisté pour lui à se griser, à perdre son argent au jeu ou chez les mauvaises femmes et, finalement, à mendier sur les routes et à crever de faiM.  […] » Mais Boubouroche, blessé du terme et rectifiant : « Huit jours après, Adèle et moi, nous associions nos deux existences, ce qui n’est pas la même chose. — Peuh ! […] On n’entretient pas une femme parce qu’on fait son devoir d’honnête homme en lui simplifiant, dans une certaine mesure, les complications de l’existence..Mais, mon cher, je l’entretiens si peu que nous ne vivons pas ensemble ! 

1369. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Rien de changé, naturellement, dans tout cela qui est sacré et immuable ; ce lieu unique, si étrangement mêlé à mes souvenirs d’amour, était le même bien des années avant notre existence et sera ainsi longtemps encore après que nous aurons tous deux passé. […] La vue de cet enfant, dont il ignorait l’existence, de cette petite fille, éveille en lui le sentiment de la paternité. […] J’en conclus tout d’abord que vous n’étiez point doué, comme je le croyais, pour l’existence à laquelle je vous avais destiné trop légèrement, je l’avoue. […] S’il ne s’agissait en effet que de rapporter strictement sa propre vie et de communiquer les impressions qu’on a ressenties en tournant autour de son être comme ferait un voyageur qui contemple un monument, il serait un peu puéril, à moins d’être Montaigne, de dire par le détail les infiniment petites choses qui tiennent dans l’existence fermée d’un seul homme. […] Quelque enchantée que soit l’existence nouvelle, puisqu’elle me distingue de toi, qu’elle m’arrache à loi, ne sera-t-elle pas une déchéance, une douleur ?

1370. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Cette audacieuse mena l’existence la plus régulière. […] ……………………………………… Et l’on s’étonne que d’une existence tout unie et tranquille soit sortie cette œuvre de désespoir. […] Elle lui a montré deux existences distinctes, deux âmes dans un même individu. […] Sceptiques et croyants, nous sommes soumis impérieusement aux mêmes nécessités, qui sont les nécessités de l’existence. […] Cette existence de prince oriental aurait dû le rendre imbécile et cruel.

1371. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

L’illustre critique Wolf avait institué le débat sur l’existence d’Homère et sur la formation des poèmes qui portent son nom ; M. 

1372. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Il y a quelques années, on eût été assez embarrassé de répondre ; et, à voir les contradictions à son sujet, les enchevêtrements inextricables de la légende et de l’histoire, il y avait tel savant espagnol qui en était venu à un scepticisme complet sur la vie et sur l’existence même du glorieux personnage.

1373. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il y eut, peu après ce moment, un nouvel assaut, et sinon un échec, quelque atteinte du moins portée en réalité à la réputation de Fontenelle, à cette existence considérable qui nous paraît de loin si tranquille et si établie.

1374. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Ne croyez pas que je sois arrivé sans de grands Combats intérieurs à considérer l’existence sous ce point de vue, ni que je m’v tienne toujours.

1375. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Génie inconsolablement mélancolique, imagination inépuisée, il a évoqué cette existence mortifiée avec un cœur relaps à la jeunesse.

1376. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Il ne fut jamais conscrit ni jaloux de l’être, et il lui suffit de son obscurité, de son existence naturellement peu saisissable, et aussi de son air facile et non embarrassé, de ce dos bon et ronddont parle Diderot, dans les circonstances qui l’eussent pu trahir, pour gagner l’amnistie du mariage de Marie-Louise.

1377. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Tel qu’il est, avec la position importante qu’il occupe et la noble ambition dont il s’y pousse, il est en voie de se faire une grande existence de critique, que subiront sans doute et appuieront, comme il arrive d’ordinaire, beaucoup de ceux qui auraient été d’abord tentés de la dédaigner.

1378. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Cette existence considérable, qui s’étendait et s’affermissait dans tous les sens, procurait bien des occasions à son talent et lui imposait des obligations aussi dont il n’a laissé tomber aucune.

1379. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Il y a de ces existences pareilles à des arches de pont qui, sans entrer dans le plein de la rivière, l’embrassent et unissent, les deux rives.

1380. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Les gens qui en parlaient se contentaient de dire que c’était bien, mais les trois quarts n’en parlaient ni n’y pensaient ; et cette indifférence, ce froid pour une action réellement aussi belle, aussi touchante, que l’on eût tant goûtée et vantée de particuliers, ne venait pas de l’occupation où était toute la Cour de la maladie du roi ; elle n’était produite que par la plate et mince existence de Mesdames, que l’on connaissait sans envie du bien, sans âme, sans caractère, sans franchise, sans amour pour leur père.

1381. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Qu’on en juge par l’esquisse abrégée de cette existence.

1382. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Le fondement du plaisir ; que procurent ces pièces, c’est qu’elles évoquent pour l’auditeur l’image des choses familières : elles utilisent la vie réelle en jouissances d’art, et portent vilains ou bourgeois à la contemplation désintéressée du monde vulgaire où leur existence de désirs et de peines est enclose.

1383. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Il faut dire que la confrérie des sots n’existait réellement que quand ses membres en prenaient le costume, pour une cérémonie et une représentation solennelle : ailleurs elle n’avait qu’une existence virtuelle et nominale.

1384. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Les lettres : Sévigné et Maintenon Les recueils de lettres353 sont plus nombreux encore que les Mémoires, et peut-être encore plus agréables : cette richesse et cette perfection s’expliquent aisément par la vie de société qui fait du commerce des esprits une des nécessités de l’existence, et qui, les affinant, leur impose de n’offrir à autrui que le meilleur d’eux-mêmes.

1385. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Nulle préoccupation étrangère au drame sentimental de sa propre existence ne vient modifier ou compliquer son théâtre.

1386. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Sur l’existence même d’un renouveau de la critique, les avis ont divergé.

1387. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Griffin est le miroir de l’action où se développe, où s’avère le moi ; et il ne faut pas s’y tromper, pour l’auteur des Épisodes le songe, s’il nous révèle parfois les images d’une antérieure existence, est un don venu de l’extérieur ; il éclaire notre âme et vivifie le lieu où il se déploie mais demeure une manifestation du Destin.

1388. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

On sait que le grand physicien ne croyait pas à l’existence des forces proprement dites ; il supposait que les points matériels visibles sont assujettis à certaines liaisons invisibles qui les relient à d’autres points invisibles et que c’est l’effet de ces liaisons invisibles que nous attribuons aux forces.

1389. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

De siècle en siècle, les valets et les servantes, tout comme les femmes, s’élèvent vers un état de mieux-être ; ils conquièrent peu à peu le droit d’avoir une existence personnelle ; ils arrivent à faire respecter en eux la dignité humaine.

1390. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Mais ailleurs117 Rousseau qualifie les personnages qu’il a créés de « bonnes gens », de « belles âmes » ; il s’applaudit de leur avoir donné l’existence et l’on a pu soutenir, sans paradoxe, que l’ouvrage condamné en Suisse comme corrupteur fut en France le symptôme et l’auxiliaire d’une véritable renaissance morale. — Jugements contradictoires et parfaitement conciliables !

1391. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Qu’auront-ils donc à craindre, quand ils auront tout perdu, excepté une existence qui leur deviendra à charge à chaque pas ?

1392. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Étonnez-vous donc des ravages qu’elle a faits dans son existence ?

1393. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Qu’ils écrivent contre moi tant qu’ils voudront ; je suis bien sûr qu’avec un seul trait je ferai plus de tort à leur petite existence littéraire qu’ils ne pourront me nuire avec des pages entières de l’Encyclopédie.

1394. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Aujourd’hui les mâles occupations qui remplissaient l’existence d’un Romain, et qui rendent la carrière d’un Anglais si belle, s’offriront à nous de toutes parts.

1395. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Dès le début, elle paraît s’inquiéter de l’idée qu’on a pu donner d’elle à Mirabeau, et elle se peint naturellement à son tour dans cette existence monotone à laquelle elle est condamnée : Je sais tous les ridicules que l’on m’a donnés dans cette ville, mais il y a des gens qui ne mettent point en colère.

1396. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

A lui representé qua lepoque de cette journée que touts les bons citoyent ny gnoroit point leurs existence et quayant enttendu batte la générale cettoit un motife de plus pour reconnoitre tous les bons citoyent et le motife au quelle il setoit employée pour sauvée la Republique A repondue quil avoit dit l’exate veritée A lui demandée quel etoit l’exatte véritée A repondue que cetoit toutes ce qui etoit cy dessue Et apprest avoir fait la lecture du procest verbale et lavon cleau (clos) et signiée et le citoyent Chenier a declaree quil ne vouloit pas signiée   Signé : Gennot, Cramoisin, Boudgoust Duchesne.                       

1397. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Il n’y avait en tête des premières éditions de cet ouvrage, publié d’abord sans nom d’auteur, que les quelques lignes qu’on va lire : « Il y a deux manières de se rendre compte de l’existence de ce livre.

1398. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Dans le phénomène de la lecture, l’existence d’un intervalle de temps entre le signe et l’idée est plus évident encore.

1399. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Nous arrivons à ce qu’il nous a donné comme règle de vie et d’existence.

1400. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Si notre jeunesse, si notre force servent à assurer leur existence d’homme, nous nous serons battus pour notre idéal qui reste vivant, souriant, à travers les éclairs et le tonnerre.

1401. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

                          Leur existence étrange est le réel du rêve !

1402. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Un microbe intelligent trouverait entre deux horloges « voisines » un intervalle énorme ; et il n’accorderait pas l’existence d’une simultanéité absolue, intuitivement aperçue, entre leurs indications.

1403. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Si donc, disputant avec Perrault sur Homère et sur les Rapsodes, et lui citant à toute force Vitruve, Elien, et le commentaire d’Eustache, Boileau n’a pas étourdi son adversaire de cet éclatant témoignage, où l’existence d’Homère est personnifiée dans l’immortalité de ses chants, je suis tenté de croire qu’il ne le connaissait pas, ou l’avait trop peu remarqué.

1404. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Les comiques latins eux-mêmes avaient eu des existences toutes pleines de ces hasards. […] Il savait également l’intérêt que peuvent présenter les humbles existences, la douceur sérieuse de la vie rustique et la beauté des arbres, des champs, des eaux et du ciel. […] Toujours un masque, jamais un visage… » Mais, d’autre part, il est convenu que le comédien adore son supplice, que « cet enfer qui le brûle, cette existence qui le dévore », il est incapable d’y renoncer. […] cette existence moelleuse dans le château de mes pères… ce luxe… ces laquais… ce bien-être… Ah ! […] Il goûterait les joies des existences modestes, où les plus petits plaisirs deviennent savoureux.

1405. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

L’auteur de la Vie du général Chanzy, de Hoche et la lutte pour l’Alsace, de la Trahison de Dumouriez excelle dans la biographie, si l’on entend par ce mot (souvent réservé à de plates notices) la description d’une existence individuelle, exactement située au milieu des personnes et des choses qui en ont déterminé l’évolution, modifié l’allure, favorisé ou gêné l’élan. […] Nous apercevons, au lieu du fantoche de mélodrame qu’inventa la crédulité populaire, à la place du mannequin de comédie qu’imagina le dilettantisme des lettrés, une créature humaine, sujette aux lois de l’existence, soumise à l’action du temps, accessible aux changements qui nuancent la série de nos actes. […] Dans le drame d’une grande existence, rien n’est plus intéressant à observer que la première démarche, l’entrée en scène. […] Sur cette terre sans verdure, sans ombres, sans eau, on vit d’une existence absurde et féerique. « Au-dessous de ce Sahara peuplé de mirages, Valparaiso, Santiago, villes très bariolées, assemblent des populations indigènes qui n’ont plus que l’ambition de ne rien faire, — et des colonies cosmopolites qui n’ont d’autre souci que de s’enrichir promptement. […] Restés en France, confinés dans l’existence étroite du mandarin ou du snob, de l’écolier ou du fils de famille, ils auraient peut-être ajouté quelques unités à la liste des romans négligeables, des thèses mort-nées, ou des dissertations superflues.

1406. (1774) Correspondance générale

C’est ordinairement pendant la nuit que s’élèvent les vapeurs qui obscurcissent en moi l’existence de Dieu ; le lever du soleil les dissipe toujours ; mais les ténèbres durent pour un aveugle, et le soleil ne se lève que pour ceux qui voient. […] S’il n’y avait jamais eu d’êtres, lui aurais-je fait dire, il n’y en aurait jamais eu ; car pour se donner l’existence il faut agir, et pour agir il faut être : s’il n’y avait jamais eu que des êtres matériels, il n’y aurait jamais eu d’êtres spirituels ; car les êtres spirituels se seraient donné l’existence ou l’auraient reçue des êtres matériels, ils en seraient des modes ou du moins des effets, ce qui n’est point du tout votre compte. […] Les Athéniens n’ont jamais été plus méchants qu’au temps de Socrate, et ils ne doivent peut-être à son existence qu’un crime de plus. […] Il faut donc les laisser, ces consolateurs toujours présents dans les malheurs de la vie, ces témoins honnêtes de nos actions ; et que voulez-vous que je fasse de l’existence, si je ne puis la conserver qu’en renonçant à tout ce qui me la rend chère ? […] — Beaucoup de choses ; premièrement, Sa Majesté, qui ne voudrait pas m’ôter pour deux ou trois ans l’existence que je lui dois, acquittera les dépenses de mon voyage, de mon séjour et de mon retour, observant qu’un philosophe ne voyage pas en grand seigneur » ; et elle me répondit : « Combien voulez-vous ?

1407. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Tous les musulmans croient que les moindres circonstances de la vie de chaque homme sont écrites de toute éternité dans un livre déposé au ciel, où, suivant le texte même d’Al-Bédaouy, célèbre commentateur, « elles sont décrétées et écrites sur une table conservée avant leur existence. » Il est inutile d’accumuler les citations pour prouver que les musulmans nient toute espèce de libre arbitre ; leur fatalisme absolu et sans bornes est connu de tous ceux qui connaissent l’existence de la religion musulmane.

1408. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Ces nobles récits qui se déroulaient à travers la vie d’un peuple, qui exprimaient son génie, sa destinée humaine et son idéal religieux, n’ont plus eu de raison d’être du jour où les races ont perdu toute existence propre, tout caractère spécial. […] Car toute vraie et haute poésie contient en effet une philosophie, quelle qu’elle soit, aspiration, espérance, foi, certitude, ou renoncement réfléchi et définitif au sentiment de notre identité survivant à l’existence terrestre.

1409. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

« Le gouvernement se devait à lui-même, mon cher maître, de s’incliner devant votre existence et devant votre œuvre ; et, si indifférent que vous soyez aux attestations officielles, il a pensé que vous ne refuseriez pas une distinction, que vous n’avez jamais sollicitée, que pour d’autres. […] Et il est dans le bonheur d’épouser une femme, qui ne le forcera pas à mettre, tous les soirs, son habit noir, pour aller dans le monde, et lui permettra de travailler : ce qui est au fond, ce qu’il aime le mieux dans l’existence.

1410. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

On voyait que c’était là une existence étroite, mais une existence qui s’était bornée elle-même par modération et non par dénouement, une indigence philosophique en un mot.

1411. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

On ne démontre pas la divinité du Christ ; on l’affirme ou on la nie ; on y croit ou on n’y croit pas, comme à l’immortalité de l’âme, comme à l’existence de Dieu. […] Par exemple, il importe beaucoup à la conduite de la vie humaine de savoir si l’objet de cette vie est contenu et comme enfermé dans les limites de l’existence actuelle, ou au contraire s’il les dépasse.

1412. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Mais il s’agit de la France, de son existence, de ses destinées. […] Au reste, il nous dit qu’elle ne s’ouvre qu’à de rares élus ; cela non plus ne saurait s’appliquer à la Revue des Deux-Mondes, car, s’il n’y a pas plus de trois mois qu’elle s’est avisée de l’existence de Loti et de Maupassant, et si elle ferme soigneusement sa porte à Alphonse Daudet, à Bourget et à France, elle l’a toujours ouverte à deux battants aux Tartempions qui avaient de l’assurance, de l’entregent, des opinions convenables, une position ou un parentage. […] On donna quelques pièces à l’homme ; mais l’élégante compagnie resta pensive à cette révélation subite d’une existence si différente de la sienne, d’une humanité si peu semblable à celle qui fréquente les exquis casinos d’été. […] Ce déplacement de mes humbles pénates m’apparaît comme un événement considérable et qui bouleverse mon existence.

1413. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

» Mort que je vois venir, que j’appelle et que j’embrasse, je voudrais au moins que tu fusses utile à quelqu’un, à quelque chose, fût-ce à la distance des confins de l’infini… » Si je ne m’abuse, voilà des sentiments qui, s’ils sont sincères et profonds, peuvent servir d’assises fort suffisantes à une vie morale ; voilà de quoi édifier une existence d’honnête homme. […] Quand Flaubert se promenait sur les bords de la Seine, et que des paysans le prenaient pour le cardinal-archevêque de Rouen à cause de sa grande vareuse rouge, ces bonnes gens ne se trompaient qu’à demi ; car c’était bien un cardinal de l’Art, un homme qui menait une existence spéciale et supérieure, et qui avait fait « des vœux ». […] Il n’y a pas à dire, ces formes viles et lourdes de nos misérables corps, vêtements d’organes grossiers et qu’un mode d’existence supérieur rendrait peut-être inutiles, nous y sommes incurablement habitués. […] La belle façade de sa majestueuse existence en serait toute gâtée. […] Elle n’aime pas son mari, et son mari la méprise et la hait Quelle peut être désormais son existence ?

1414. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Mis en présence d’un chef-d’œuvre ; un novice ou un incapable ne sait en tirer parti qu’en cherchant à l’imiter, tandis qu’un homme devenu maître de sa propre personnalité sent vibrer en lui telle corde dont jusque-là il ne soupçonnait pas même l’existence, et dont il recueille ensuite les mélodies, devenues par le fait sa propriété la plus incontestablement légitime. […] À examiner le principe du réalisme en lui-même, en le dégageant surtout des productions toujours irritantes du jour ou de l’année, on s’aperçoit de la nécessité de son existence. […] Valentin et Violette sont des Parisiens purs, de ceux que le vrai Paris n’ignore pas, mais dont aucun écrivain n’avait encore entrepris de décrire la curieuse existence.

1415. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Ballanche : « Tout se passe au fond de notre cœur, et c’est notre cœur seul qui donne à tout l’existence et la réalité. »  Pendant qu’il joue au bord de la mer à Saint-Malo, le chevalier de Chateaubriand a pour ami d’enfance un compagnon espiègle, hardi et provocateur, qui exerce un grand empire sur lui, et à qui il attribue, comme à une étoile jumelle, une influence mystérieuse et superstitieuse sur sa destinée.

1416. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Le poëte, en touchant quelques-uns des anneaux, même les plus obscurs, de cette existence inégale, les fait tous luire à nos yeux, et veut les convertir en une chaîne divine.

1417. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

X Le vrai contrat social n’a pas été délibéré entre des hordes humaines faisant la métaphysique des prétendus droits de l’homme, et la théorie des sociétés avant l’existence de la société.

1418. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

La réponse a été celle-ci : proportion des élèves à qui une des deux langues a servi dans leur existence : 1 ½ % ; — les deux langues : 0 %.

1419. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Or cette étude n’est possible que par l’étude immédiate des monuments, et ces monuments ne sont pas abordables sans les recherches spéciales du philologue, Telle forme du passé suffit à elle seule pour occuper une laborieuse existence.

1420. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Quoique les Divinités du Paganisme eussent une existence réelle dans l'opinion des Grecs & des Latins, Homere & Virgile les représentent sous des images visibles & connues, toutes les fois qu'ils les introduisent sur la Scene pour leur faire jouer un rôle.

1421. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Dès qu’elles sont pleines de sottises ou de vérités, elles sont contentes. » Il y a des sciences entières fausses, c’est-à-dire fondées sur ce qui n’est pas (on voit bien qu’il en veut surtout à la théologie et à l’ancienne métaphysique), et ces sciences doivent leur origine à de faux rapports revêtus de mots dont se paye ensuite le vulgaire et même la foule des lettrés : Les signes restent, dit-il, et portent dans les générations suivantes l’existence des chimères et l’épouvante qu’elles causent.

1422. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

. — Nous feuilletons depuis quelque temps une sage-femme, intéressante comme la portière de l’existence humaine.

1423. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Nous, peut-être, parce que, étant, parmi les animaux, au nombre des plus faibles, nous avons eu (nos grands ancêtres ont eu) infiniment plus de difficultés pour assurer notre pauvre existence ; nous avons pris l’habitude d’inventer, de continuer d’inventer même alors que nous étions arrivés à un point de sécurité suffisante pour n’avoir plus besoin d’avancer.

1424. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Ici, ce n’est pas un valet de chambre qui publie ces Lettres à la Princesse, qu’il fallait supprimer comme la Princesse a supprimé ses réponses, c’est un légataire universel qui n’a d’existence au soleil que parce que Sainte-Beuve lui a légué son parapluie.

1425. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Où la gloire n’est pas, où les faits sont chétifs, équivoques et obscurs comme la chronique de ces femmes qui ne furent quelque chose que par leur rang social, et qui seraient à mille pieds dans l’oubli mérité des hommes, si elles n’avaient porté, pendant leurs deux jours d’existence, l’ineffaçable épitaphe du nom historique qui les couvre, il n’y a plus guère à introduire que de la psychologie.

1426. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

L’existence ordinaire n’est ni interrompue ni troublée.

1427. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Tout ce que l’observation, l’expérience, et par conséquent la science nous permettent d’affirmer, c’est l’existence d’une certaine relation entre le cerveau et la conscience.

1428. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

J’imagine que, si le petit Jupiter de la fable avait fait autant de tapage, les corybantes ne seraient pas venus à bout de couvrir sa voix et de cacher son existence au vieux Saturne.

1429. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

À travers l’histoire du théâtre français, depuis Corneille jusqu’à Scribe, depuis le Cid jusqu’au Verre d’eau, je me propose de rechercher avec vous s’il n’y aurait pas des lois, deux ou trois lois, pas davantage, il ne nous en faut pas plus, dont l’observation se retrouverait également dans des œuvres d’ailleurs aussi dissemblables entre elles que l’Andromaque de Racine et l’Antony de Dumas ; des lois, dont la violation ou l’oubli gâterait, en ne le laissant subsister que pour la lecture, ce que nous prenons de plaisir à voir jouer des œuvres aussi « distinguées » que le Turcaret de Le Sage ou le Menteur même de Corneille ; des lois, enfin, qui seraient aussi nécessairement contenues, ou impliquées, pour mieux dire, dans la définition de l’œuvre dramatique, dans sa notion, que les lois de la physiologie générale sont enveloppées, données, et posées dans le fait seul de l’existence de tout être vivant. […] Mais ce que nous verrons mieux et plus prochainement encore, c’est qu’elle ne saurait désormais s’écarter tout à fait de ce qu’elle est déjà dans le Cid, non seulement sans dommage, mais sans un réel danger pour son existence même. […] Il y a dans la première, sous le nom galant de Dorimène, une marquise assez suspecte, ou même fort aventurière, dont on ne sait trop ni sur quelles terres est assis le marquisat ni quels sont d’ailleurs les moyens d’existence. […] En tout genre et en tout temps, comme il se produit plus d’œuvres qu’il n’en saurait durer, il doit y avoir, et il y a, dans chaque cas « lutte pour l’existence » ; et dès que deux genres aussi voisins l’un de l’autre que le roman et la comédie de mœurs entrent en lutte, il faut que l’un des deux, ou succombe, ou cède au moins à l’autre.

1430. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Toute langue est donc plus régulière, plus simple, plus symétrique, en un certain sens, à son origine et dans le temps de sa première enfance, qu’en aucun autre temps de son existence ou de son développement. […] Que si d’ailleurs, après cela, dans un même temps, il est prouvé que quelques formes continuent de faire double emploi, nous y devrons voir les témoignages mourants du patriotisme local qui résiste à l’unification de la langue, les débris des anciens patois qui luttent pour défendre un reste d’existence nationale contre le français envahissant de l’Île-de-France. […] Quand ils ne peuvent pas illuminer l’existence du comédien d’une sorte de poésie du désordre et de l’aventure, ils y veulent du moins introduire le roman. […] « Je doute, lui écrivait-il, s’il y a un Voltaire dans le monde : j’ai fait un système pour nier son existence. […] Aussi, quand d’Alembert et Condorcet venaient le voir à Ferney, s’ils s’espaçaient, le soir, en soupant, sur une vie future ou sur l’existence d’un Dieu, avec la liberté de mathématiciens qui vont, de déductions en déductions, poussant leur pointe, et poursuivant leur idée fixe, le patriarche fermait les portes et renvoyait les domestiques.

1431. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

— C’est de toute la morale qu’il y va, de toute la conduite, et de toute l’existence. […] Comptez plutôt : — en 1750, Voltaire vient à peine de partir pour Berlin ; d’Alembert et Diderot n’ont publié de l’Encyclopédie que le lourd, mais inoffensif prospectus ; Rousseau n’est l’auteur encore que de son Discours sur les sciences, une pure déclamation de rhétorique ; le reste, Raynal, Marmontel, Grimm, Helvétius, d’Holbach, n’a qu’un semblant d’existence publique. […] Mais je voudrais bien savoir pourquoi cet argument, et, comme on dit dans l’école, cette preuve de l’existence de Dieu par les causes finales, — que l’on trouve si faible, pour ne pas dire si puérile, sous la plume de Fénelon, par exemple, — est redevenue forte, neuve, et péremptoire, dans la bouche de Galiani. […] On en sent la moitié lorsqu’ils s’en vont, et, quoique absents, ils ne sont pas entièrement perdus ; … s’ils viennent à mourir, la douleur tombe sur ce reste d’existence perdue et qui est bien moindre que le total. […] Aucun sujet bien déterminé, pas une action qui exige une composition réfléchie, expressive, particulièrement significative, nulle invention, aucune scène qui tranche sur l’uniformité de cette existence des champs et de la ville, plate, vulgaire, dénuée de passion, on pourrait dire de sentiments. » Ainsi, de l’une à l’autre extrémité de l’art, même absence de sujet, ou du moins même insignifîance, et ce sont des chefs-d’œuvre.

1432. (1925) Comment on devient écrivain

Il n’a pas plus d’existence littéraire que le journal, puisqu’on y trouve tout… Non seulement on est en train de tuer le roman, mais on le déshonore. »‌   Sur dix volumes qui paraissent, on compte bien neuf romans, de tout format et de tout prix, populaires ou illustrés, célèbres ou inconnus, fignolés ou bâclés, passionnés ou douceâtres. […] Entre nous, est-ce que l’amour, tel qu’on le rencontre dans les romans, gouverne notre existence aussi complètement que les romanciers veulent bien le dire ? […] Cervantès l’appelle le « prodige de la nature ». « Le nombre de ses pièces, dit-il, serait incroyable, si je ne pouvais attester que je les ai vu représenter toutes, ou que je parle de leur existence d’après des témoins oculaires. […] Don Quichotte et Sancho ont une sorte « d’existence historique, comme César », dit Flaubert. « Quel gigantesque bouquin ! […] La réponse générale fut que l’auteur aurait voulu démontrer que la vie champêtre était préférable à l’existence des grandes villes.

1433. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Son existence se prolonge ainsi indéfiniment en avant et en arrière, et la même en tous ces instants distincts. […] La loi est générale, indépendante de ma présence, de mon absence, de mon existence.

1434. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Soumis & livré aux seuls besoins de la nature, sans eux à peine s’appercevroit-il de son existence. […] Des hommes nouveaux, éblouis de leur fortune, & n’ayant d’existence que par leurs richesses, crurent qu’elles étoient le seul & le souverain bien : ils le dirent, & agirent en conséquence ; & leur exemple persuada la multitude.

1435. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Il a, si l’on peut dire, passé d’un dieu à un autre, d’un seul mouvement, par le simple poids de douleur de son existence ; il s’est donné, dans une pratique plus assidue, au dieu des Chrétiens, tel qu’il était, avec une dévotion plus nonchalante, vis-à-vis du dieu des juifs. […] Il s’est trouvé en Allemagne un poète courageux, qui lança l’anathème contre les dirigeants de l’Europe et qui dépeignit brutalement toute la misère accumulée dans les existences humaines par la guerre.

1436. (1913) Poètes et critiques

Les moralistes l’ont souvent fait observer : nous perdons, pour la plupart, tout le temps de notre existence à rechercher des biens que la mort nous enlève. […] Surtout, peut-être, il lui manque ce sentiment du tragique de l’existence humaine sans lequel il n’y a ni très grand poète, ni profond penseur, ni véritable croyant. » Toute la page est parfaitement belle, et de cette beauté, si rare de nos jours, celle des fortes convictions. […] Y eut-il jamais, à vrai dire, drame intime ou roman de cœur comparable à l’existence de Pauline de Saint-Hérem, fille de M. de Montmorin ? […] Ce document est un cahier de poésies composées et transcrites par Paul Verlaine, pendant la période la plus secrète de son existence, au fond de ces cachots rébarbatifs de la Belgique d’où il sortit, le cœur redevenu chrétien, et avec un talent renouvelé ou accompli par le plus admirable effort vers la sincérité et la simplicité parfaites.

1437. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Quand M. de Chateaubriand semble vouloir douter de l’existence des Mémoires entiers de M. de Talleyrand, parce qu’il lui aurait fallu pour cela un travail continu dont il l’estime peu capable, il se trompe.

1438. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Des critiques ont remarqué qu’il n’est pas dans Homère une seule beauté mémorable que le divin vieillard ne répète, ne varie en trois ou quatre endroits, au risque souvent de l’affaiblir ; je ne sais s’ils ont conclu de là pour ou contre l’existence d’un Homère.

1439. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Quoi qu’il en soit, ce silence des dernières années, qui ne laisse arriver d’elle à nous, dans toute cette existence poétique, qu’un accent de passion émue et un cri d’amante, sied bien à la muse d’une femme, et l’imagination peut rêver le reste.

1440. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

elle n’est plus recouverte à mes yeux d’un voile funèbre… En reprenant mes facultés, en recouvrant mes souvenirs, ma pensée a volé vers vous200… Quelle est votre existence dans un moment de troubles si universels ? 

1441. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Qui ne l’a pas éprouvé quelquefois dans sa vie privée ou dans son existence publique ?

1442. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

La mémoire, c’est la lampe du soir de la vie : quand la nuit tombe autour de nous, quand les beaux soleils du printemps et de l’été se sont couchés derrière un horizon chargé de nuages, l’homme rallume en lui cette lampe nocturne de la mémoire ; il la porte d’une main tremblante tout autour des années aujourd’hui sombres qui composèrent son existence ; il en promène pieusement la lueur sur tous les jours, sur tous les lieux, sur tous les objets qui furent les dates de ses félicités du cœur ou de l’esprit dans de meilleurs temps, et il se console de vivre encore par le bonheur d’avoir vécu.

1443. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Seulement la confiscation des biens de l’émigré, droit qui punit les enfants et la famille de la faute d’un père, dont ils sont innocents et pour lequel ils sont frappés dans leur existence, est un faux principe en équité comme en politique.

1444. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

J’ai réfléchi après avoir écouté le rossignol ; j’ai calculé le nombre des minutes de mon existence.

1445. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Il y a ainsi dans la vie des apparitions qui auraient pu enchanter l’existence, mais qu’on ne rencontre que trop tôt ou trop tard.

1446. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Son travail l’empêcha ainsi de tomber dans la misère, mais le laissa jusqu’à sa mort dans les difficultés de l’existence.

1447. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Cependant, pour n’avoir eu ni roman ni tragédie, cette existence n’est point insignifiante.

1448. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Benjamin Godard qui feignait, il y a six mois, ignorer l’existence du nommé Wagner, a osé la marche de Tannhæuser, et même la Chevauchée avec, toutefois, moitié moins qu’il ne faut d’instruments et moitié plus de temps.

1449. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Nous n’avons pas affaire à des personnages d’opéra ; des figures vivantes s’agitent devant nous et nous associent, pour un temps, à leur existence.

1450. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Mais ceux qui attendent des prostitués leurs moyens d’existence, j’ai trop de répugnance vraiment à les rencontrer.

1451. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Les idées politiques de 1848 l’ont un moment enfiévré, fait revivre, mais quand elles ont été tuées, il a été repris de plus belle par l’ennui de l’existence, l’inoccupation des pensées et des aspirations.

1452. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

On m’a cité un professeur de géographie d’un collège d’Algérie qui, en l’ignorance de toute tradition orale, affirmait à ses élèves l’existence de villes françaises telles que Le Mance, Cahan, Moulince, Foicse.

1453. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Moi qui par des concerts saluai ta naissance, Moi qui te réveillai neuve à cette existence Avec des chants de fête et des chants d’espérance, Moi qui fis de ton cœur chanter chaque soupir, Veux-tu que, remontant ma harpe qui sommeille, Comme un David assis près d’un Saül qui veille,     Je chante encor pour t’assoupir ?

1454. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Par exemple, lorsqu’il dit que la raison de l’homme seule ne peut arriver à une démonstration parfaite de l’existence de Dieu, on triomphe, on s’écrie qu’il est beau de voir Voltaire prendre le parti de Dieu contre Pascal.

1455. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

En effet, à part les principes qu’il n’a point et en restant dans l’ordre abaissé des impressions personnelles, Villemain ne sait résoudre aucune des questions de critique qui se rencontrent sur son passage, et même sur celles-là qu’une érudition plus forte que la sienne a le plus discutées, l’existence d’Homère, par exemple, la moralité de Sapho, l’authenticité des Orphées, etc., etc., la décision de Villemain ne dépasse pas le doute, et il rappelle à l’esprit le mot de Goethe, que nous ne nous lasserons jamais de citer à ces sceptiques, qui devraient être les trappistes de la pensée, car qui doute n’a pas le droit d’enseigner et même de parler : « J’ai bien assez d’opinions douteuses en moi sans que vous y ajoutiez encore ! 

1456. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

L’Iliade et l’Odyssée ont leur unité, et elle est même si profonde qu’elle est la plus déconcertante réplique que l’on puisse faire aux anarchiques rêveurs qui affirment l’existence de plusieurs Homères.

1457. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Il avait une existence et une surface.

1458. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

L’un d’eux aura été conduit par ses calculs à postuler l’existence d’une troisième dimension.

1459. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

. — Les verbes qui sont des genres à l’égard de tous les autres, tels que : sum, qui indique l’existence, verbe auquel se rapportent toutes les essences, c’est-à-dire tous les objets de la métaphysique ; sto, eo, qui expriment le repos et le mouvement, auxquels se rapportent toutes les choses physiques ; do, dico, facio, auxquels se rapportent toutes les choses d’action, relatives soit à la morale, soit aux intérêts de la famille ou de la société, ces verbes, dis-je, sont tous des monosyllabes à l’impératif, es, sta, i, da, dic, fac ; et c’est par l’impératif qu’ils ont dû commencer.

1460. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

C’est que l’auteur, en même temps qu’il voulait nous conter le roman de l’amitié, avait besoin que ce roman se déroulât dans ce monde de cosmopolites sur lequel il abondait en documents raffinés ; et c’est pourquoi il a fait se rencontrer Damon et Pythias sur la Corniche, et, bien qu’une existence plutôt retirée et un « milieu » plutôt austère et calme dussent être mieux en harmonie avec le sentiment sérieux dont ils sont censés les parangons, les a condamnés à une vie agitée, brillante et futile de déracinés. […] Je suis jeune, mère, il ne faut pas l’oublier. — Erhart, dit à son tour Borkman, veux-tu être avec moi et m’aider à refaire mon existence ?  […] Il possède, au plus haut point, le don de nous intéresser à d’humbles existences, humblement tourmentées ; cela, sans nulle sensiblerie, même sans aucune sensibilité avouée, et aussi sans « effets » de style, et enfin sans combinaison artificielle d’événements, rien que par la minutieuse, lucide et imperturbable accumulation de très humbles détails familiers. […] Francisque Sarcey n’a pas craint d’appeler un jour le « genre rosse. » — Les braves gens, chez lui, sont victimes, parce que c’est là le train des choses : mais au moins croit-il à l’existence des braves gens. […] D’une part, entraîné vers l’action forte et féconde qui nourrit les peuples, séduit par l’exemple de mon beau-frère et humilié lorsque je compare mon existence sonore et creuse de phraseur à la sienne, dont l’utilité est évidente, j’ai des crises d’émulation folle.

1461. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il est fondé sur une préoccupation constante de la destinée de l’homme et des conditions d’existence que lui font ses passions, ses préjugés, ses mœurs, ses rapports avec ses semblables, l’action et la réaction de l’individu sur la société et de la société sur l’individu, et des individus les uns sur les autres. […] Et c’est de cette existence qu’est sortie cette œuvre éclatante. — Cela prouve qu’il avait un grand génie. […] Très infatué, de 1792 à 1800, du succès colossal de son « hymne », faisant sottise sur sottise, jusqu’à se mêler d’affaires d’argent où il a failli laisser son honnêteté et où il laissa quelque chose de sa bonne réputation ; puis déprimé par l’insuccès et la misère jusqu’à écrire, sous la Restauration, des « hymnes » royalistes ; sauvé de la faim par ce bon Béranger, le plus bienfaisant des hommes et le plus insupportable solliciteur pour les autres, sans l’être jamais pour lui, qu’on ait jamais vu ; ce n’est que pendant cinq ans, sous Louis-Philippe, qu’il a un peu respiré enfin, et pu terminer, sur trois petites pensions, dont le total était honnête, la plus triste, la plus traversée et la plus mal conduite des existences. […] Tolstoï est absolument ébouriffé de la possibilité de l’existence d’une pareille doctrine. […] Il est étrange qu’on demande un traité de l’existence de Dieu à un opéra.

1462. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Interrogés par le voyageur, ils feignent d’abord d’ignorer l’existence du fleuve de l’ouest ; mais un vieillard, bientôt gagné par les caresses et les présents de M.  […] On peut dire en effet que, s’il était prouvé que la parole est révélée et non inventée, on aurait une preuve physique de l’existence de Dieu, et Dieu n’aurait pu donner le verbe à l’homme sans lui donner aussi des règles et des lois. […] Si je suis dans un lieu obscur, je n’ai pas la vision oculaire, ou la connaissance par la vue de l’existence des corps qui sont près de moi, pas même de mon propre corps ; et sous ce rapport ces êtres sont à mon égard comme s’ils n’étaient pas. […] En en faisant la seule preuve positive de l’existence de Dieu et des lois fondamentales de la société, ne met-il pas en péril les plus grandes vérités, si l’on vient à lui contester sa preuve unique ? […] Son existence est surtout prouvée par la parole, que l’homme n’a pas pu trouver, et qui lui a été enseignée.

1463. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le milieu moral auquel l’homme s’était habitué par une installation séculaire se modifie ; il faudra nous adapter à de nouvelles conditions d’existence et de lutte. […] Comment ces hommes et ces sociétés sont-ils arrivés à l’existence ? […] C’est donc qu’il croit à l’avènement possible de la justice, à l’existence actuelle de la liberté. […] Son existence gagne en intensité, comme disent les savants, ce qu’elle perd en étendue. […] Lui aussi, « il mène une sorte d’existence végétative, dormant la moitié de la journée, ne sortant presque jamais, restant des heures entières dans un fauteuil à penser de la fumée et à regarder du silence ».

1464. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

À mesure qu’on approche du terme de l’extrême liberté, on arrive à secouer le joug des lois, et quand on est enfin arrivé à ce terme, on ne respecte ni ses promesses ni ses serments, on ne connaît plus de Dieux ; on imite et l’on renouvelle l’audace des anciens Titans et l’on aboutit, comme eux, au supplice d’une existence affreuse qui n’est plus qu’un enchaînement de maux… » Il y a une objection à ces assertions véhémentes. […] Tels étaient les deux défauts essentiels des sophistes et les deux dangers que présentaient leur enseignement, leur influence ou simplement leur existence. […] Et même leur existence peut servir à résoudre ou à adoucir certaines difficultés que nous rencontrerons plus tard. […] Voilà pourquoi il nous faut distinguer deux sortes de causes, l’une nécessaire et l’autre divine ; rechercher en toutes choses la cause divine afin d’obtenir une vie heureuse » par la piété et la vertu, « mais sans oublier la cause nécessaire » pour pouvoir comprendre ce qu’il y a de mauvais dans notre existence. […] Il est probable que ce que l’on appelle la vie humaine n’est qu’un moment de la vie humaine et par conséquent, fût-il vrai que le juste fût victime et que l’injuste fût heureux, tout se compense pour l’un et pour l’autre, au cours des existences successives auxquelles l’un et l’autre sont appelés.

1465. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Vous n’aurez pas souvent dans votre existence un plaisir pareil. […] Le snobisme est le grand travers bourgeois, et c’est à le combattre chez les bourgeois et à dénoncer ceux qui l’exploitent chez les bourgeois que j’ai consacré, moi bourgeois de Paris jusqu’aux moelles, la moitié au moins de mon existence littéraire. » Voilà, je crois, comme il faut comprendre l’esprit général des Femmes savantes. […] L’illusion nous frappe autant que l’existence ; Et par le sentiment suffisamment heureux, De l’amour seulement nous sommes amoureux. […] Les sensations d’aujourd’hui ne sont jamais qu’un rappel, comme disent les distributions des Concours régionaux, des sensations les plus anciennes de votre existence. […] Il trouve que c’est très bien ainsi, et qu’il n’y a pas lieu de changer d’existence d’ici à quatre lustres.

1466. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

À partir de ce moment où toute production de sa pensée lui fut interdite et où ce fut chose conclue et décidée, l’existence de Mme de Staël a Coppet et à Genève ne fut plus qu’un long tourment. […] enfin quand on consacre son existence à servir les petites haines, les petites passions des cœurs, en foulant aux pieds les âmes d’une nature relevée ?

1467. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Combien de fois, causant avec lui sur les conditions d’une existence heureuse, studieuse, socialement agréable et sérieuse à la fois, agitant en sa présence les diverses époques où l’on aurait aimé à vivre, il m’exprima son choix sans hésiter ! Le cadre d’existence qui lui aurait le plus souri, et auquel il serait revenu comme à son berceau, eût été le xviiie  siècle embrassé dans tout son cours, et trouvant son terme avant la révolution : on serait né vers la fin de Louis XIV, on serait mort à la veille de 89103 ; on aurait parcouru ainsi toute une carrière paisible, éclairée, avec des perspectives de civilisation indéfinies et croissantes qu’aucune catastrophe n’aurait désembellies.

1468. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Si les grands courants qui forment l’esprit d’un peuple ou d’un siècle, ne suffisent pas à nous expliquer l’existence et la nature d’une œuvre, à l’histoire nous ajouterons la biographie, et nous finirons bien par éprouver dans tous les cas réels et possibles l’éternelle vérité de cet axiome nouveau, parce qu’il est méconnu : que tout phénomène a sa cause. […] Nous sommes libres, mais comme est libre un prisonnier qui n’a pas les fers aux bras qui n’a pas les fers aux pieds, qui peut sortir de sa cellule, descendre l’escalier, se promener dans un espace de huit cents mètres carrés, courir après les papillons, cultiver des fleurs, planter ici un arbre, en déraciner là, inventer et exécuter enfin toutes sortes de petits changements pleins d’esprit dans la cour de sa prison, pour embellir son existence et la rendre variée.

1469. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Lui, sa pente, s’il n’était ce qu’il est, ce serait vers le ménage, vers le rêve bourgeois d’une communion d’existence avec une femme sentimentale. […] Singulière existence à rebours que cette vie des répétitions.

1470. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

elles ne sont que trop faciles à exciter, trop difficiles à contenir ; et les gouvernements qui ont assez d’art et d’habileté pour leur opposer un frein puissant, sont ceux dont l’existence est la plus ferme et la plus durable, par la raison que les corps physiques qui éprouvent le moins de secousses et de troubles dans leur organisation, sont ceux qui vivent le plus longtemps. […] Je le veux bien, je n’ai aucun intérêt à calomnier les Chinois ; cette croyance oisive et facile de l’Être suprême est un hommage que la philosophie, quelquefois même la scélératesse, rend volontiers à l’auteur des choses, à condition cependant qu’il ne se mêlera pas trop des affaires de ce monde ; c’est moins son existence que sa justice qui embarrasse ces grands génies vainqueurs de la superstition et des préjugés. […] Que Voltaire ait passé sa vie à faire le baladin et à jouer la comédie dans son château, pour amuser les passants et les Suisses, cela était à sa place ; c’était un auteur dramatique qui n’avait d’existence que par le théâtre, et qui croyait que le premier mérite d’un homme était d’être poète ; le second, d’être comédien.

1471. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Je me retourne, et, pour la première fois de mon existence, j’aperçois la mâle figure de Thessein. […] Auber qui avait été très gentil pour lui, son projet d’écrire une comédie intitulée le Mariage de Luther y et vingt anecdotes : histoires de sa vie politique à Dresde ; les belles chimères de son enfance, ses escapades, le soir, pour aller voir de loin, du dernier rang du parterre, le grand Weber conduire l’orchestre ; Mme Schrœder-Devrient, le plus tendre et le plus reconnaissant souvenir de son existence, — admirable, admirable, et chère, chère femme ! […] L’un mesuré, réservé, toujours maître de lui, dans le travail comme dans l’existence ; l’autre, emporté, exubérant, attendant tout des hasards de la passion ou de l’inspiration. […] Nul réveil ne suivait les existences brèves.

1472. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Ainsi, par exemple, il accuse la philosophie du xviiie  siècle d’avoir mis en doute l’existence de Dieu, l’existence même de l’homme, et ne balance pas à expliquer ces doutes affligeants par la tendance constante de cette philosophie, c’est-à-dire par le sensualisme. […] Car s’il est vrai que Hume et Berkeley, en partant de la doctrine de Locke, sont arrivés, l’un à douter des relations légitimes de cause et d’effet, l’autre à nier l’existence de la matière, il est également vrai que la philosophie française du xviiie  siècle n’a souscrit ni au doute de Hume, ni à la négation de Berkeley. Quant à l’existence de Dieu, s’il est arrivé à quelques philosophes sensualistes de la France de la nier, cette négation, dans leur bouche, n’a jamais eu le caractère scientifique et impérieux de la négation exprimée sur le même sujet par la philosophie critique de l’Allemagne, par Emmanuel Kant.

1473. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Leurs deux existences, dès lors, ne se séparent plus.

1474. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Quiconque a traversé, dans son existence intellectuelle, l’une de ces phases d’incrédulité stoïque et d’épicuréisme élevé, sait à quoi s’en tenir sur ces monstres que de loin on s’en figure.

1475. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Cela seul changeait les conditions sinistres de son existence et de son avenir.

1476. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

XII C’est dans cette tristesse de cœur et dans cette gêne de son père à Rome que Torquato, séparé de sa mère par la mort, et de sa sœur Cornélia par l’absence, contracta cette mélancolie, charme de ses vers, malheur de son existence.

1477. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Il ne s’intéresse qu’aux nobles existences.

1478. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

L’immense ennui, le néant qui est au fond des existences purement mondaines, cette mélancolie noire dont sont envahis, quand ils ne s’amusent plus et même en s’amusant, ceux qui font profession de s’amuser, il nous en a donné, maintes fois, l’impression poignante (la Haute, Nocturnes).

1479. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

C’est que la lutte étant plus âpre qu’hier, la vie sentimentale nous fuit et nous courons chercher au théâtre un indice de notre existence réelle, c’est-à-dire de notre vie méditée, consciente.

1480. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Cependant la tristesse de Mérope, à la fois noble et tendre, son indifférence pour la possession d’une couronne qui ne doit pas passer sur la tête de son fils, l’ennui qu’on lui cause en lui parlant des intrigues de Polyphonte au milieu de ses angoisses sur le sort d’Égisthe, ce vide du pouvoir suprême pour une mère qui craint de n’avoir plus de fils, voilà des traits de nature ; et si la Mérope de Voltaire n’est pas une de ces vigoureuses créations auxquelles le génie du poète donne une existence historique, c’est du moins une admirable esquisse.

1481. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Par une petite pédanterie d’hébraïsant, j’appelai cette crise de mon existence Nephtali 19, et je me redisais souvent le dicton hébraïque : Naphtoulé Élohim niphtalti : « J’ai lutté des luttes de Dieu. » Mes sentiments intérieurs n’étaient pas changés ; mais, chaque jour, une maille du tissu de ma foi se rompait.

1482. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

La satire de d’Aubignac et Les Précieuses de Molière, deux ouvrages de la même année 1654, prouvent l’existence des Précieuses dans cette même année, et aussi leur nouveauté.

1483. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Comme l’Achille de l’Odyssée, Darius, honoré et puissant encore chez les morts, regrette les dons solides de l’existence.

1484. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Je n’ai trouvé de consolation que dans la solitude la plus profonde et en Dieu, et j’ai joui, dans ce dernier refuge, où j’aurais dû recourir bien plus tôt, de la plus douce et de la plus heureuse des existences dont ma position fût susceptible ; et à peine j’ai mis au jour ces fruits de ma retraite, qu’il s’est fait une révolution totale dans ma fortune.

1485. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Le soleil, habitué au Parthénon, n’était pas fait pour entrer dans les forêts diluviennes de la Grande-Tartarie, sous la moisissure gigantesque des monocotylédones, sous les fougères hautes de cinq cents coudées où fourmillaient tous les premiers modèles horribles de la nature, et où vivaient dans l’ombre on ne sait quelles cités difformes telles que cette fabuleuse Anarodgurro dont l’existence fut niée jusqu’au jour où elle envoya une ambassade à Claude.

1486. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

… Quand un homme et une poésie en sont descendus jusque-là — quand ils ont dévalé si bas, dans la conscience de l’incurable malheur qui est au fond de toutes les voluptés de l’existence, poésie et homme ne peuvent plus que remonter.

1487. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

En fait de livres comme en fait d’existences, le malheur et le bonheur sont si singulièrement répartis que l’homme, qui ne veut avoir la honte d’aucune ignorance, se rejette, pour les expliquer, à quelque chose d’aveugle, de sourd et de muet, qu’il appelle follement une étoile.

1488. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

L’existence de ce schéma est donc un fait, et c’est au contraire la réduction de toute représentation à des images solides, calquées sur le modèle des objets extérieurs, qui serait une hypothèse.

1489. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Des millions d’existences, des millions d’âmes sont suspendues à son bras. […] » — et, quand Sganarelle se laisse tomber par terre après une démonstration de l’existence de Dieu par le spectacle de l’univers (qui semble une parodie anticipée de Fénelon), de dire en souriant : « Bon ! […] Dans cette origine l’homme lit sa destinée : il doit séparer en lui les deux éléments dont il est formé, le pur de l’impur, Bacchus des Titans ; cette purification, commencée maintenant, continuée à travers des existences successives, le conduira à l’existence finale, où, délivré des misères humaines, il se reposera dans la béatitude infinie. » (Bersot, d’après le Sentiment religieux en Grèce, par M. 

1490. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Comme les individus et les événements, ils sont des formes de l’existence, et ils ne diffèrent des individus et des événements que parce qu’ils sont des formes plus stables et plus répandues. […] Nulle nécessité intérieure ne produirait leur liaison ni leur existence.

1491. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Ce ne sont pas seulement les espérances audacieuses et les confiantes rêveries de sa jeunesse qui s’humilient et s’éteignent au souffle glacial des puissances élémentaires ; toute son âme se resserre et se rapetisse : il sent bien que le dernier de ses frères pourrait disparaître de la face de la terre, sans qu’une seule feuille s’agitât sur sa branche ; il sent son isolement, sa faiblesse, le hasard de son existence, et il se hâte, avec une terreur secrète, de revenir aux soucis mesquins et aux petits travaux de sa vie. […] — atteindre au niveau des grands compositeurs de sa patrie, si le hasard eût autrement disposé de son existence. — Hélas !

1492. (1927) Des romantiques à nous

Comment exprimer avec plus de lumière et de grâce l’opposition entre l’heureux épanouissement du catholicisme au moyen âge et les conditions d’existence difficiles, dures, faites au même catholicisme par les temps modernes, par les siècles de la « philosophie » ? […] Pour moi, la réelle idée de Dieu, c’est le plus ou moins de foi, foi en nous, foi en la valeur de la vie et de l’œuvre humaine, que notre âme trouve dans son fond à opposer aux mille motifs que le spectacle de l’humanité et de l’existence, telles qu’elles sont, pourrait nous fournir de nous asseoir au bord du chemin, de ne chercher que notre divertissement éphémère, de nous désintéresser de tout. […] Pendant le temps trop court que je le connus, nos deux existences s’enlacèrent.

1493. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Dis-moi ce que tu fais, raconte-moi les moindres détails de votre existence à Gavronzy. […] Chère amief, Moi qui voulais vivre sept existences à la fois, je n’en ai pas le quart d’une. […] Il ne me reste qu’un grand dépit de souvenir dans ma vie et si je suis fâchée, c’est de voir que mon existence est tachée de non-réussite.

1494. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Les lettres xii et xiii, d’une grande beauté philosophique, démontrent les principes de conscience et de raison sur lesquels elle fonde le devoir, et expliquent comment tout son soin est de faire apparaître et se dessiner par degrés la règle à la raison de l’enfant, pour qu’il y dirige librement de bonne heure, et dans les proportions de son existence, sa jeune volonté. — Faire régner de bonne heure autour de ces jeunes esprits une atmosphère morale, où ils se dirigent par le goût du bien, les faire gens de bien le plus tôt possible, c’est là son but, son effort, et, à moins de préjugés très-contraires, on lui accorde, en l’entendant, qu’elle a et qu’elle indique les vrais moyens de réussir.

1495. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

La Prière à Dieu qui termine la première Étude de la Nature  : « Les riches et les puissants croient qu’on est misérable… », n’est autre chose qu’une copie abrégée, intelligente et pleine de goût, une copie, accommodée au xviiie  siècle, de la Prière à Dieu, plus mystique, qui termine la première partie du traité de l’Existence de Dieu par Fénelon.

/ 1653