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36. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

c’est cette femme et c’est ce génie que nous demanderons la permission d’indiquer. […] Héroïques, séduisants, spirituels, les Bourbons resteront en tout Bourbons dans l’histoire, excepté en fait de femmes, mais par les femmes ils retournent à leur origine, ils ne sont plus que les Bourbeux ! […] Les femmes, elles, se connaissent en femmes ; elles ont le flair les unes des autres. […] Avant d’être Reine, c’est la Femme ! […] À l’heure où elle apparaît dans l’histoire, Marie-Antoinette y représente toutes les femmes légitimes ; et quand la Révolution la frappe, ce n’est pas seulement une femme, mais c’est le Droit même de la Femme, qui tombe frappé et décapité avec elle !

37. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

— La femme ravissante que j’ai vue ! […] On ne cesse de lui dire : Soyez femme, restez femme : elle vise à l’Ange. […] Michel, aussi, demande un peu trop ; il veut faire d’une femme plus qu’elle ne peut être, si elle n’est philosophe et Ninon ; mais alors ce n’est plus la femme, c’est la camarade et l’amie. […] On ne respecte pas une femme qu’on aime, on l’aime. […] Vous êtes de ces reines de femmes dont le baiser honore.

38. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Et cette femme, après tout, il ne se souvient point de l’avoir aimée. […] N’est-elle pas, après tout, une femme perdue par sa première faute ? […] Voilà pourquoi la noble femme se désespère et s’indigne. […] Cette femme insatiable a la froideur du vampire. […] Voici venir M. de Terremonde qui cherche sa femme.

39. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Fouquier est surtout curieux de la femme. La femme est, en effet, ce qui tient, pour l’homme, la plus grande place en ce monde. […] Un amour de femme est au fond de presque toutes les vies humaines : à certains moments le conquérant même ou le grand poète donnerait tout son génie pour l’amour d’une femme. […] Ce qu’il veut, lui, c’est jeter des femmes, le plus de femmes possible, toutes les femmes à ses pieds. […] Les aime-t-il, ces femmes ?

40. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

On ne peut se l’imaginer que vieille, dit Sainte-Beuve, prenant trop pour un effet de vieillesse le sérieux de cette femme virile. […] Au sein de cette génération qui avait du sang de Faublas dans les veines, ç’avait été une femme pure devenue très franchement une dévote. De galanterie, elle n’en avait jamais eu, quand toutes les femmes osaient en compter par centaines. […] C’était elle qui disait crânement ce mot si peu femme : « Il faut accroître, s’il se peut, son mépris pour les réputations !  […] Son poinçon aurait plus marqué, tandis que la dorure étincelante et légère de son métal disparaît dans les eaux-fortes que cette femme manie.

41. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

Il n’y en a pas cinq, et les voici, ces quatre mots, qui ne sont ici encore qu’un pâle souvenir de sa manière à elle, quand elle n’est plus une femme du monde, mais la femme éloquente que naturellement elle était ! […] Elle est restée femme. Elle a gardé tous les défauts ondoyants, inconséquents, charmants et ensorcelants de la femme. […] Je suis sûr qu’elle montait mal à cheval… Femme avant tout, — après tout, — toujours femme, même après sa gloire ! Sa gloire qu’elle eût donnée pour la beauté et pour le bonheur dans le mariage, la vraie gloire de la femme, les deux seules choses que les femmes doivent préférer à tout et qu’Ève eut dans son Paradis !

42. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

des femmes qui se vantent comme des hommes ; qui feraient voir avec vanité les portraits de tous les hommes qu’elles eurent, comme le maréchal de Richelieu, de toutes les femmes qu’il avait !…… Renversement des lois de ce monde, les femmes nous ont pris… même la fatuité ! […] Si elle était restée femme comme elle était née, ses souvenirs n’auraient jamais quitté son cœur. […] Une femme vantarde dans un pays où le mot de vantard est la plus sanglante des injures !! […] les maris, les fils ou les filles des femmes (si elles en ont) qui écrivent de ces livres-là !

43. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

Mais, un jour, Ahmed a oublié d’enlever l’anneau pour le ranger dans le coffre : il se couche avec sa femme et, quand il s’est endormi, la femme aperçoit la bague. […] La femme a installé son kélé dans la case d’Ahmed. […] La femme lui demande alors : « Pourquoi es-tu fâché aujourd’hui ?  […] Alors la femme se fâche et se retourne de l’autre côté. […] La femme et le kélé ont été bien forcés d’en passer par là.

44. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

On faisait son roman sur un homme ou une femme, et c’était tout. […] Mais voilà un roman multiple sur toute une espèce de femmes, et qui, malgré ses détails et son ampleur, vise pourtant à l’unité. […] Il y est bien moins question du vice d’une femme que du vice du monde, qui est sa bêtise — sa bêtise éternelle !  […] mais en vérité une charnelle insatiable, une vraie ogresse, sans avoir l’air d’y toucher… La marquise de Neers est une de ces femmes qui ont en elles — comme tant de femmes, du reste, — le diable de la contradiction. […] Houssaye nous a seulement donné deux femmes de notre civilisation et de notre société.

45. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

oui, s’écria sa femme, ainsi même encore nous aurions été les plus heureux des êtres ! […] Oh, femmes ! […] L’amour est la seule passion des femmes ; l’ambition, l’amour de la gloire même leur vont si mal, qu’avec raison, un très petit nombre s’en occupent. […] L’amour est l’histoire de la vie des femmes, c’est une épisode dans celle des hommes ; réputation, honneur, estime, tout dépend de la conduite qu’à cet égard les femmes ont tenue, tandis que les lois de la moralité même, selon l’opinion d’un monde injuste, semblent suspendues dans les rapports des hommes avec les femmes ; ils peuvent passer pour bons, et leur avoir causé la plus affreuse douleur, que la puissance humaine puisse produire dans une autre âme ; ils peuvent passer pour vrais, et les avoir trompées : enfin, ils peuvent avoir reçu d’une femme les services, les marques de dévouement qui lieraient ensemble deux amis, deux compagnons d’armes, qui déshonoreraient l’un des deux s’il se montrait capable de les oublier ; ils peuvent les avoir reçus d’une femme, et se dégager de tout, en attribuant tout à l’amour, comme si un sentiment, un don de plus, diminuait le prix des autres. […] L’amour-propre, que la société, que l’opinion publique a réuni fortement à l’amour, se fait à peine sentir dans la situation des hommes vis-à-vis des femmes : celle qui leur serait infidèle, s’avilit en les offensant, et leur cœur est guéri par le mépris : la fierté vient encore aggraver dans une femme les malheurs de l’amour ; c’est le sentiment qui fait la blessure, mais l’amour-propre y jette des poisons.

46. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Combien de femmes ont aspiré à être des Elvires ou des Lélias ! […] La femme noble, au pays des troubadours, est véritablement reine. […] que toute femme à son gré puisse être la rose et tout homme le papillon, voilà, selon beaucoup d’hommes et de femmes de cette époque, le vœu même de la nature. […] C’est qu’une femme ne saurait décemment aimer son mari et qu’un mari ne doit pas avoir le mauvais goût d’aimer sa femme. […] L’École des femmes.

47. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

C’est qu’elle est plus femme que Mme Sand, Mme André Léo ; c’est qu’elle a davantage la caractéristique de la femme, la préoccupation maternelle. […] Je me suis laissé dire qu’avant d’être délibérément femme de lettres, elle et son mari avaient professé quelque part… Le mari est mort, la femme, — sans école, — dans ses livres, professe toujours. […] La bonhomie, comme le mot le dit, n’est pas une qualité de femme. […] Elle restera le genre de femme qu’elle est. […] Chose à noter, dans les romans écrits par des femmes !

48. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

C’est l’intelligence de l’amour que d’avoir épargné l’honneur vulgaire et retentissant d’une biographie à la femme la plus femme de talent et dont le talent seul doit faire la gloire. Mme Desbordes-Valmore n’est pas une femme de lettres, puisqu’il y a de ces monstres qu’on appelle maintenant femmes de lettres. Nos pères, avec leur bon sens profond, appelaient hommes de lettres ces femmes-là, autrefois ! […] Mais comme les autres femmes et plus qu’elles souvent, elle a des qualités poétiques. […] Tout n’y est-il pas des meilleures qualités de cette femme, adorable par moments, qui n’est pas un poète, mais une femme qui, pour le coup, a passé bien près de la poésie, en nous passant si près du cœur ?

49. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Il nous montre la femme du xviie  siècle, non la femme individuelle, la femme d’exception, qui déforme toujours beaucoup plus les mœurs qu’elle ne les fait, et dont les portraits ne nous manquent jamais ! — car on les trouve pêle-mêle dans les Mémoires du temps, léchés par la flamme de la Passion ou gravés sous les acides du Vice ; — mais, au contraire, la femme qui fait les mœurs et dont rien ne reste quand les mœurs d’un siècle ne sont plus : la femme générale, le type de toutes les autres femmes à une certaine hauteur de société. […] Il y a des gloires pour les femmes qui font d’elles (même quand elles sont charmantes) d’horribles monstruosités. […] Réellement, de la plupart des femmes qui ont touché de leurs mains frêles le terrible affiquet du Pouvoir, elle est la plus voilée et la plus inexplicable. […] Quand madame de Maintenon aura trouvé un peintre qui s’ajuste à elle, nous serons tout étonnés de n’avoir pas vu dans cette femme ce que très aisément il nous montrera.

50. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

… Lui dirent-ils qu’elle se devait à elle-même de prouver au monde qu’une femme aimée de lord Byron, n’était pas simplement la rose et la pêche, préférées dans les femmes par le sensuel et insolent Rivarol ?… Toujours est-il que la femme la moins née pour écrire, écrivit. […] Ici la femme s’ajoute au bas-bleu. […] Ce qu’il faut à la femme, ce sont des pénombres. […] Or il n’y a ici qu’un bas-bleu sous lequel s’entrevoit la femme du monde, la femme comme il y en a tant, qui ne se doutent même pas de la nature de l’homme qu’elles ont pressé, avec une tendresse bête, dans leurs doux et faibles bras.

51. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

L’amour est le seul enchantement qui manque à cette femme. Pas assez femme et trop déesse, elle fut Juliette Récamier. […] C’est cette pureté inaltérable qui a permis à une femme d’écrire les Souvenirs de cette femme. […] Cette aimable femme fut la préface de ma poésie. […] Un triple cercle de femmes, presque toutes femmes de cour, femmes de lettres ou chefs de partis politiques divers, occupait le milieu du salon.

52. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Sur quoi, il s’écrie qu’il n’a jamais possédé vraiment une femme, qu’il est vierge, que toutes les femmes qu’il a eues, n’ont jamais été que les matelas d’une autre femme rêvée. […] * * * — Souvent les honnêtes femmes parlent des fautes des autres femmes, comme de fautes qu’on leur aurait volées. […] À peine trouve-t-on une femme qui voudrait revivre ses dix-huit ans. […] » demande-t-il à une jeune femme, et il ajoute : « Pourquoi ?  […] Rien du manège coquet, excitant de la femme.

53. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Mais les femmes de M.  […] Les femmes de M.  […] Toujours l’histoire de la séduction de l’homme par la femme. Toujours une femme très nerveuse et très énigmatique, et très passionnée ou très perverse. […] tous les hommes et toutes les femmes sont comme cela au faubourg Saint-Germain ?

54. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Ces deux femmes sont, la première, Mme de Staël, et la seconde, je crois, Mme de Flahaut. […] Elle a son originalité de femme parmi eux. […] Que de femmes sont tombées dans la même erreur ! […] Un observateur physiologiste l’a dit : C’est, l’avènement de la femme frêle, à qui un ton de langueur et de pâleur donne plus de prix : elle a remplacé la femme opulente. […] Elle était femme en ce point, et des plus femmes.

55. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

La femme qui l’a écrit… ou qui l’a inspiré est, — dit-on, — une vraie Cosaque, portant un nom cosaque, Madame Olga… je ne sais qui ! […] Et voilà le reproche que je fais à ce livre tout d’abord, — sans préjudice des autres qui viendront après, — parce que les autres regarderont plus le temps où de pareils livres se publient, que la femme ou les femmes qui osent les publier… Je ne suis pas assez niaisement pédant pour parler morale à une Cosaque qui fait sauter son désir, — comme son cheval, — par-dessus toutes les barrières, sous lesquelles les autres femmes, qui ne sont pas Cosaques, coulent parfois subtilement le leur. […] En France, nous avons maintenant de ces femmes-là, qui les racontent très bien avec tous les détails de la chose. […] Il est très commun en France, — plus commun même que les femmes qui y racontent impudiquement leurs amours, quoiqu’elles s’y multiplient beaucoup. […] Ils ont été une raison de plus pour se jeter à cet homme, qui, à lui seul, vaut un orchestre et qui joue de la réputation des femmes, comme de ses pianos qu’il éreinte !

56. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

La femme au XVIIIe siècle par MM.  […] On arrive ainsi aux femmes du Consulat, celle qui sera la gracieuse reine Hortense menant le cortège. […] Rappelons-nous ce que nous-mêmes nous avons vu et observé de nos yeux, et tous ces cortèges successifs de femmes de Lamartine, de femmes de Musset, de femmes de Balzac. […] N’oublions pas la femme du peuple, la femme des halles alors si caractérisée, le genre poissard. […] Peu à peu, la beauté de la femme s’anime et se raffine.

57. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Elle ajoute qu’elles y « restent femmes et très femmes ». […] Il n’écrit pas des livres de femme. […] Une femme est aimée d’un homme. […] Cette femme, frémissez d’horreur ! cette femme n’était pas une femme : c’était… l’Illusion.

58. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et ce changement vient de l’influence du théâtre sur les femmes. […] une femme en chapeau ! […] * * * — Un songe qui vous donne une femme, une femme indifférente, vous laisse quelques heures, au réveil, un sentiment de reconnaissance et comme une ombre d’amour pour cette femme. […] La beauté de la femme, c’est l’amour qui la regarde. […] La femme chante, quand elle est seule, pour parler.

59. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Le salon ou cabinet, devenu si fameux par la réunion des hommes célèbres et des femmes illustres du temps, était au rez-de-chaussée. […] Cependant, toutes les femmes célèbres du même temps étaient connues et célébrées sous un nom particulier. […] Boileau, Racine, Molière, Voltaire ont aussi donné des noms du Parnasse aux femmes qu’ils ont chantées. […] ) Le prince de Condé emmena sa femme à Bruxelles. […] Le prince s’en alla à Milan, laissant sa femme à Bruxelles.

60. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Tout à fait à gauche, deux grandes femmes debout. […] Le grouppe de femmes qui est à gauche est très beau. […] Et quoi encore des femmes et des enfants. […] Que font là ces femmes ? […] Ces femmes sur le devant bien coloriées ?

61. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

cette femme d’un nom sans pareil parmi les femmes qui furent célèbres ! […] Elle courra à ces deux volumes comme elle courait chez Madame Récamier, dans le temps que cette attirante femme vivait, mais elle en reviendra… moins contente ! […] Elle faisait bien plus, elle désarmait les femmes, ces amies armées dont on a dit : qu’elles s’aiment avec un pistolet toujours chargé sur le cœur. […] Vraie supériorité de femme que chacun sentit et que personne ne jugea, parce qu’elle charmait trop ceux qui se mêlèrent à sa vie, elle n’était peut-être pas plus belle qu’elle n’était spirituelle, cette femme à qui Canova n’avait qu’à poser une couronne sur les cheveux pour en faire la Béatrice du Dante, et que tous ils ont dite si belle, dans une si grande unanimité d’illusion, que cela équivaut à une réalité pour l’Histoire. Elle n’était probablement que ce que doit être l’idéal de la femme, simplement quelque chose de blanc et de mystérieusement lumineux, comme la robe et les perles qu’elle aimait à porter !

62. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Notez bien que les femmes de la ville ne valaient guère mieux que les femmes de la cour […] Si maintenant nous passons au chapitre inépuisable, au chapitre des femmes, nous trouverons des différences énormes, et que rien ne ressemble moins à cette femme-ci que cette femme-là. […] de n’être plus une jeune femme ! […] — le club des femmes ! Le club des femmes !

63. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

La femme de race qui fait souvent de ces miracles, la femme dont les pères ont héroïquement agi, ne pouvait pas se prendre longtemps dans une écrivaillerie drapée et orgueilleuse. […] Je l’ai appelée une amazone, mais l’amazone s’est évanouie avec la femme littéraire, et il n’y a pas de pistolets aux fontes de sa selle. […] Ainsi son livre est un ouvrage de femme, rien de plus ! […] En effet, cette question, c’est la femme. […] Il n’y a plus qu’une femme d’un ton parfait et d’une mesure presque artiste, tant elle est habile !

64. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Pourtant nulle femme n’a plus pensé par elle-même. […] La Femme se donne, l’Homme prend. » Nietzsche restreignait son jugement à la femme amoureuse. […] Mais serait-elle femme, s’il en était autrement ? […] Pourquoi plus d’artifice chez la femme ? […] Femme, doublement femme, elle aboutit aux conclusions de Nietzsche, bien qu’elle semble y contredire.

65. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

… Mais sans être madame de Sévigné, quelle femme n’a dans sa vie deux ou trois amoureux ridicules, deux ou trois de ces bonnes potiches à sentiment dont on ornemente son boudoir… et son amour-propre ? […] Madame de Sévigné est certainement une des femmes les plus typiquement françaises qui aient jamais existé, et voilà pourquoi les esprits très français, comme Babou, sont un peu chauvins de cette femme. […] Madame de Sévigné, en effet, ce type exquis de la Française, est de toutes les femmes du monde la plus détestable à aimer. […] Madame de Maintenon n’est que la première des femmes qui ne furent que vertueuses dans le grand siècle. […] La comtesse de Dalet fut une malheureuse femme battue par son mari, mais autrement qu’avec la cravache morale du marquis de Sévigné.

66. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

C’est le déshabillé zinzolin qui lui donne l’air d’une femme de Watteau sans bonheur ; car les femmes de Watteau sont heureuses… Elle ne le fut point, elle. Toutes les femmes l’étaient pourtant, à ce moment-là ! […] Elle n’aima pas impudemment deux hommes comme Mademoiselle de Lespinasse, la femme qui aima le mieux d’un temps où chaque femme en aimait trente-six ! […] … Elle l’aima comme une femme aime un homme aimé des autres femmes ; car pour être aimé d’une, il faut être aimé de plusieurs ! […] La femme amoureuse est toujours un peu le caméléon de l’homme qu’elle aime.

67. (1910) Rousseau contre Molière

La fidélité des femmes ? […] Peste soit le coquin de battre ainsi sa femme !  […] Parce que la femme « vaut mieux comme femme » [en restant femme] « et moins comme homme. […] Se rendre agréable à l’homme, ce doit être tout le dessein de la femme ; rendre une femme agréable à l’homme, ce doit être tout le but de l’éducation des femmes. […] Les femmes sont fausses, nous dit-on.

68. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

L’origine de ces femmes se perd dans la nuit des Mille et une Nuits. […] Il aime Suzanne, il va l’épouser ; dans quinze jours, elle sera sa femme. […] Ce que femme veut, Dieu le veut. […] Cet ami des hommes, nous le retrouvons dans l’Ami des femmes. […] Il a épousé sa femme sans dot, ce M. 

69. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

En effet, on voit bientôt, dans la suite de ses mémoires, le marquis de Montespan se déchaîner contre sa femme et contre le roi. […] Il a de l’esprit et peu de jugement ; il disait quantité de sottises et les débitait agréablement ; il voulait faire entendre au roi, qu’au jugement de Dieu, il lui serait reproché de lui avoir ôté sa femme. […] Cette affaire fit un grand bruit dans le monde, parce que l’outrage était extraordinaire à supporter pour une femme qui jusque-là avait eu bonne réputation. […] On prétendit que sa tête se troublait souvent, et l’on ne sut si cette femme qui lui avait parlé en était une ou un fantôme. » On conçoit pourquoi mademoiselle de Montpensier a l’air de croire à la simple apparition d’un fantôme de femme qui s’évanouit sans rien dire à madame de Montausier. […] C’est dans les mêmes principes qu’il faut chercher l’esprit qui, deux ans après, lui a dicté Les Femmes savantes, ouvrage dont il sera question dans la période suivante.

70. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Angelo, tyran de Padoue » (1835) »

Mettre en présence, dans une action toute résultante du cœur, deux graves et douloureuses figures, la femme dans la société, la femme hors de la société ; c’est-à-dire, en deux types vivants, toutes les femmes, toute la femme. Montrer ces deux femmes, qui résument tout en elles, généreuses souvent, malheureuses toujours. […] En regard de ces deux femmes ainsi faites poser deux hommes, le mari et l’amant, le souverain et le proscrit, et résumer en eux par mille développements secondaires toutes les relations régulières et irrégulières que l’homme peut avoir avec la femme d’une part, et la société de l’autre. […] Peindre, chemin faisant, à l’occasion de cette idée, non seulement l’homme et la femme, non seulement ces deux femmes et ces trois hommes, mais tout un siècle, tout un climat, toute une civilisation, tout un peuple. […] Dans le plus beau drame, il doit toujours y avoir une idée sévère, comme dans la plus belle femme il y a un squelette.

71. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Pauvre femme ! […] Elle est la femme de M.  […] La femme a vingt-quatre ans, le mari descend le revers de la cinquantaine. […] Bordognon, maintenant il marchande à sa femme, d’un ton aigre-doux, le budget du mois. […] sa femme a fait des dettes sans doute ; il les payera.

72. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Je n’ai pas besoin de me gêner beaucoup avec cette femme. […] un monstre et un prodige, voilà le double fulminate qui a fait sauter la femme dans madame Ackermann ; car, de la femme, chez elle, intellectuellement et moralement, il n’y en a plus. […] Est-ce que je vous aurais parlé de cette femme qui n’est plus une femme et qui a consommé sur elle le suicide de son sexe ? […] Mais cette femme, devenue… de lettres, a un talent… du diable, sans aucune plaisanterie. […] Elle est intitulée Le Cri, et c’en est un comme jamais bouche de femme n’en a poussé !

73. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

. — Molière met au théâtre L’École des femmes. — Observations sur cette pièce. […] La Critique de l’École des femmes, qui avait été plus justement intitulée Apologie de l’École des femmes contre la critique, porte sur une étrange doctrine. […] Croyez-moi : celles qui font tant de façons n’en sont pas estimées plus femmes de bien. […] D’abord toutes les femmes qui assistent à un spectacle, ne sont pas du même genre et de la même conduite. […] Uranie, La Critique de l’École des Femmes, scène iii.

74. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Il y a des regards de femme, n’est-il pas vrai, qu’on ne changerait pas contre toute la femme ? […] Non seulement la femme, mais même le mari me parle à table !  […] alors, quelles femmes ? […] C’est le prêtre qui a marié la femme qu’il aimait. […] Les femmes y sont peu femmes.

75. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Les hommes se récusent, les femmes chuchotent sous leurs éventails. […] Les rôles sont retournés ; c’est la femme qui attaque et c’est l’homme qui se défend. […] Il entre chez sa femme, et il y trouve l’ingénieur. […] Un seul trait le marque, l’adoration servile pour sa femme. […] Il se croit trahi par sa femme, sur des apparences, spécieuses comme des preuves.

76. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

La Femme au XVIIIe siècle Edmond et Jules de Goncourt, La Femme au xviiie  siècle. […] L’histoire de la Femme au xviiie  siècle, qui est très complexe, — qui, socialement, n’est pas la femme égalitaire simplifiée du xixe , mais qui se scindait en plusieurs classes, qui était timbrée de plusieurs estampilles : titrée et à la cour, bourgeoise et à Paris, — cette femme différait de société, de salon, de langage, de mœurs et de ton. […] La rouerie s’éleva, dans quelques femmes rares et abominables, à un degré presque satanique. […] Ces femmes perdent un homme pour le perdre. […] Elles martyrisent l’honnête femme dont la vertu leur déplaît ; et, font-elles touchée à mort, elles poussent ce cri de vipère : “Ah !

77. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Cette femme est bâtie d’une manière toute spéciale. […] Et après un silence, elle ajoute : « Cette femme, c’était moi !  […] Quel chasseur de femmes ! […] Mon frère était à côté de Mme ***, cette femme aux yeux d’aigue-marine, cette femme si rare, si distinguée, si étrangement attirante par son air diaboliquement vertueux. […] nous avons Le Prêtre et la Femme, de M. 

78. (1900) Molière pp. -283

Il y a une femme polie, sortie toute polie de la main de Molière ; je ne connais qu’une femme qui le soit à ce degré dans son théâtre, c’est Célimène. […] Comme cela est naturel, comme cela est charmant ; quelle femme achevée, quelle vraie femme, et en même temps quelle femme ayant le degré d’innocence que comporte la situation ! […] Toute femme, selon lui, qui prend quelque soin de ne pas paraître absolument laide, est une femme perdue ; toute femme qui va au spectacle et qui se montre en public, — ceci est textuel, — se déshonore ! […] ——— On ne devrait jamais dire « l’homme », mais « les hommes » ; ni « les femmes », mais « la femme » ; car le monde renferme des millions d’hommes et une seule femme. […] C’est-à-dire les jeunes femmes et les jeunes filles de son théâtre.

79. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

J’y ai trouvé d’abord la femme infusée dans l’époux, une Madame Denis de la démocratie faisant des livres avec des souvenirs personnels extrêmement flatteurs pour Monsieur Denis, et cette petite femme, je l’ai tout d’abord dégustée ; mais à présent je me régalerai, si vous permettez, du bas-bleu. […] Quinet qui se laisse aimer par sa femme avec la certitude impassible d’un vétéran de la fatuité, n’a pas la grâce des préfaces. […] Il l’a oubliée comme Énée oublia sa femme Créuse dans le désastre de Troie. […] Énée avait sa femme derrière lui, mais M.  […] … II n’a vu dans tout ce livre que la République — la République qui vaut mieux que tout, et qui efface tout, et les malheurs, et les ruines, et les ignominies, et les incendies, et les Communes, et l’avenir chargé qui doit les ramener, — et jusqu’à sa femme elle-même, sa touchante et incomparable femme qui serait la rosière des femmes mariées, si elles avaient des rosières comme les jeunes filles : — Madame Quinet !!!

80. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Une révolution s’ensuivit avec le temps dans la destinée de la femme. […] Malherbe dit peu au cœur de la femme : Racan parlerait davantage. […] » Il y a femme et femme, et il ne faut pas prendre d’ailleurs au pied de la lettre tout ce qu’on écrit sous le coup de l’abattement. […] Je suis sûre qu’il ne pardonnerait pas à la plus belle femme d’être coiffée de travers. […] J’ai connu une personne qui avait beaucoup fréquenté cette aimable femme.

81. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

— on dirait que la musique est cela pour la femme. […] Nous avons bâti sur la femme comme un idéal de toutes nos aspirations. […] les femmes… je les aime-t’y, moi ! […] Les femmes, les femmes ! […] Ainsi cette femme qui nous parlait, a manqué deux couronnes impériales.

82. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Or l’élite des femmes, à ces trois époques, en était abondamment et diversement pourvue. […] Je pousserais même la licence jusqu’à ne pas exclure du concours tout d’emblée les femmes du xixe  siècle, si le moment de les juger était venu. […] On reviendra, si je ne me trompe, à ces femmes du xvie  siècle, à ces contemporaines des trois Marguerite, et qui savaient si bien mener de front les affaires, la conversation et les plaisirs : « J’ai souvent entendu des femmes du premier rang parler, disserter avec aisance, avec élégance, des matières les plus graves, de morale, de politique, de physique. » C’est là le témoignage que déjà rendait aux femmes françaises un Allemand tout émerveillé, qui a écrit son itinéraire en latin, et à une date (1616) où l’hôtel Rambouillet ne pouvait avoir encore produit ses résultats253. […] Les femmes du xviie  siècle, après les orages du monde, retournent volontiers au couvent et y meurent ; les femmes du xviiie ne le peuvent plus. […] Cela est écrit avec une élégance agréable, mais cela ne valoit guère la peine d’être écrit. » Trublet lui répondait que toutes les femmes étaient de cet avis, mais que tous les hommes n’en étaient pas.

83. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

La Femme, c’est encore l’Amour, comme l’Amour, c’était déjà la Femme, et c’est précisément pour cela, c’est à cause de cette ressemblance, qui est presque une identité, que le succès de l’un n’a pas été le succès de l’autre. […] L’événement n’est pas que Michelet ait continué, en l’honneur des femmes (est-ce honneur qu’il faut dire ?) […] Il y a fourré le sentiment, le genre de sentiment avec lequel il s’était fait, depuis quelques années et depuis certains livres, une influence sur le cœur des femmes et des hommes qui sont aussi des femmes, et acquis ainsi une espéciale popularité. […] Et quand la Révolution y mit la femme, c’était modestie et galanterie d’un peuple qui avait été galant, mais c’était l’homme, sous cette forme de femme, qui s’y mettait ! […] Quand il commence un lion, cela finit toujours par une femme… Allez !

84. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

mais où il trompe aussi la femme et exploite, pour tromper la femme, l’amour même de la femme pour son mari. […] La fidélité des femmes ? […] S’agit-il de causer avec sa femme ? Il s’agit de posséder une femme. […] dit-elle. — Si, Madame, quelquefois… aux femmes. » Les Don Juan mentent toujours aux femmes.

85. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

— qu’une femme peut avoir du talent, quand elle obéit à ses sentiments personnels et qu’elle les exprime, mais que très rarement elle est capable de produire un livre en dehors de ses sentiments. […] Elle était restée femme comme il faut, en cette attitude charmante de femme comme il faut, qui se joue d’écrire et qui est chez soi, dans les choses de l’âme et de l’esprit, autant que dans les choses du monde. […] Sous le coup de cette découverte, la femme trompée revient à Dieu, mais, tout en y revenant, ne voilà-t-il pas qu’elle se sent un petit amour naissant pour un vertueux philanthrope (un conférencier de ces derniers temps ; quelle élégance pour une femme du monde !!). […] …, Mme Augustus Craven est une dentelière de métaphysique sentimentale, à la manière des femmes qui s’analysent sans cesse et, moralement, se regardent perpétuellement l’ombilic. […] Mme de Staël a dit que la gloire était pour les femmes « un deuil éclatant du bonheur ».

86. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

» dit tout à coup la femme, dont l’émotion se traduit par cette originale sensation. […] Enfin on retrouve la mère, et derrière un paravent de femmes, on refait le regard velouté d’Ida de Barancy, dans un petit coin. […] Après dîner, on cause de l’amour, et du goût singulier des femmes en amour. […] Il y avait en Russie une femme charmante, une femme dont le teint, sous des cheveux bouffants du blond le plus poussiéreux, était légèrement café au lait, et où les grains non fondus faisaient un tas de petits grains de beauté. Cette femme avait été très courtisée par les plus illustres, et les plus intelligents.

87. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

La belle femme du Roi le pria de demeurer près d’elle. […] La femme d’Etzel les regarda par la fenêtre. […] Maintenant en tire vengeance qui veut, homme ou femme. […] La femme d’Etzel l’exige de moi. […] Vierges et femmes avaient l’âme déchirée.

88. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Un médecin ridicule, une agonie trop compliquée, la phrase finale : « Ça… c’est ma femme !  […] répondait la femme du monde à la femme du peintre, vous croyez peut-être que je suis amoureuse de votre mari. […] On était venu le chercher, dare dare, pour une femme qui avait une pneumonie. […] » Et il arrive à temps, poussant devant lui les hommes et les femmes de sa troupe. […] Demailly tombe mort ou mourant, pendant que sa femme continue à danser.

89. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Feuillet excelle à écrire de ces Journaux de femme, de jeune fille. […] Sa femme attendait avec impatience ce premier signe de l’âge raisonnable. […] Il fait à sa femme une leçon de morale ; elle a l’air de s’en moquer et sort sous un prétexte. […] Quoi de plus ravissant au monde que la chambre d’une jeune femme distinguée, honnête et un peu coquette ? […] que je comprends, après cela, ce double cortège de pèlerines en sens contraire, et que quelqu’un ait dit : « Il y a un double courant de femmes, les femmes de Fanny et les femmes de Feuillet. » Et celles-ci, plus contenues, ne sont pas les moins ferventes.

90. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mais c’est Rousseau qui commença cette grande révolution en France, et qui, en fait de littérature, mit décidément les femmes de la partie. […] Elle avait près de trente ans à l’époque où parut La Nouvelle Héloïse : c’est l’âge où les plus sages des femmes commencent à oser. […] Comme je suis modeste et frileuse, on voit moins de moi que d’aucune femme de mon âge. […] Elle attache à cet envoi une importance bien naturelle chez une femme, chez une femme qui aime, qui voudrait être aimée sans qu’on l’ait encore vue ; mais cette importance se trahit aussi par trop de soins. […] Enfin elle est femme.

91. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Puis la femme s’en va. […] La femme qu’a peinte l’anthropographe Cranach, la femme du Parmesan et de Goujon, la femme de Boucher et de Coustou sont trois âges et trois natures de femme. […] Une femme meurt sur la place. […] J’entends un colloque à la porte entre la femme de ménage et le portier. […] nous lui pardonnons, et même une grande commisération nous vient pour elle, en nous rendant compte de tout ce qu’elle a souffert… Mais, pour toute la vie, il est entré en nous la défiance du sexe entier de la femme, et de la femme de bas en haut aussi bien que de la femme de haut en bas.

92. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

La beauté de la femme est la beauté d’un bel animal. […] Au milieu de la conversation, une femme de dire : « J’ai une bien jolie histoire là dessus. […] Ainsi que les enfants, les femmes du peuple disent au médecin, qu’elles souffrent de partout. […] Un jardin plein d’enfants, un salon plein de femmes. […] Délicatement aimable et bien femme, la princesse !

93. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Point de femmes, point de monde, point de plaisirs, point d’amusements. […] Pour les femmes, on recevait tout ce qui se présentait ; aussi elles se peignaient souvent. […] Une seule fois, une femme nue sortit d’un gigantesque pâté, sauta sur la table, et dansa. […] J’avais été frappé, comme d’un coup de fouet, d’un désir de cette femme qui était là-haut. […] Cela dura quelques secondes, où quelqu’un fut en moi qui aimait cette femme, la voulait, y aspirait comme à cueillir une étoile.

94. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Amédée Renée continue ses études de femmes au xviie  siècle. […] Née des Ursins, de race pontificale, et Montmorency par mariage, cette femme, qui ne fut jamais qu’une épouse et une veuve chrétienne, a plus attiré son délicat biographe que les gloires tapageuses d’une époque où les femmes se dessinaient, avec plus ou moins de prétentions ambitieuses, des rôles politiques et littéraires. […] Italienne et Romaine, c’est-à-dire exclusivement faite pour l’amour et sans les vanités françaises, elle se contenta d’être une vraie femme d’abord, et ensuite une sainte femme, et à aucune époque de sa noble vie elle n’eut le souci ni le goût du célèbre salon bleu d’Artémise, dans lequel le grand Condé lui-même se rapetissait. […] Et il n’y a pas que cette touchante histoire d’une femme qui aima, dans la Madame de Montmorency de Renée. […] Le talent d’Amédée Renée a été perméable à l’âme de madame de Montmorency, et il la respire comme ces haleines de femme qui gardent l’odeur de la fleur qu’elles ont respirée.

95. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

La Femme de Claude. […] Il tolère donc cette femme dans sa maison ; mais elle est morte pour lui. […] Alors la femme repoussée éclate en menaces. […] » Il fait bénir son fusil par Celui qui releva la Femme adultère. […] Cette femme immonde méritait dix fois d’être exécutée, aux applaudissements du public.

96. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin a-t-il eu la prudence de cette femme d’esprit ? […] Elleétait femme au plus haut degré. […] Pour une femme comme elle, n’était-ce pas honteux ? […] Cousin n’est pas tenté d’écrire la biographie de ces femmes. […] … Les hommes à femmes ne se corrigent jamais, et M. 

97. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Flaubert — pour laquelle les romanciers écrivent aussi, ne puisse jamais les regarder comme une femme amoureuse, pour s’en éprendre et y rêver ! […] C’est tout simplement la femme médiocre des vieilles civilisations, cette femme qui est, hélas ! […] Bovary est un de ces hommes pour lesquels les femmes les meilleures seraient impitoyables : à plus forte raison Emma Rouault ! […] Cet homme de tempérament et de tournure, qui a l’usage des femmes perdues, et qui n’est qu’un vrai drôle au fond, a trouvé la femme du médecin jolie, et à la première vue, à une séance de Comices agricoles, il lui débite toutes les bêtises et toutes les vulgarités dont se compose cette chose facile, dont les hommes devraient être moins fiers : la séduction. […] Plus audacieuse parce qu’elle est femme, et qu’à égalité de corruption la femme est toujours la plus avancée et la plus endurcie, elle entraîne Léon maintenant comme elle avait été entraînée par Rodolphe.

98. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

Les femmes, leur société, la connaissance des sentiments et des affections qui leur conviennent, leur genre de faiblesses, et même leurs vertus, ont heureusement inspiré M. […] La bienveillance habituelle qui règne dans son observation générale de l’homme, et qui ne permet point à l’amertume de se glisser sous le fruit de son expérience, n’empêche pourtant pas qu’il ne dise des choses assez vives à ce sexe qu’il paraît avoir bien connu : « Il n’est pas adroit de se montrer très-clairvoyant avec les femmes, à moins que ce ne soit pour deviner ce qui leur plaît. » « Il n’est pas rare de voir une femme, miraculeusement échappée aux dangers de la jeunesse et de la beauté, perdre le fruit de ses sacrifices en se donnant dès qu’on cesse de l’attaquer. C’est une citadelle qui a courageusement repoussé les assauts, et que la famine force enfin de se rendre. » « Une femme nous semble un peu moins jolie quand nous avons entendu contester sa beauté. » Je ne sais si l’auteur a raison de refuser aux femmes la faculté d’être amies entre elles ; il ne la leur refuse du reste que dans leur première jeunesse et quand une autre sorte de passion plus vive est en jeu. « Une amitié vraie et durable, ajoute-t-il, ne peut guère s’établir qu’entre deux femmes dont le cœur est calme et bon, dont les sentiments sont élevés, et dont l’esprit a du moins quelques côtés sérieux. […] Après madame de Lambert, après Droz et Meister, il a là-dessus des paroles d’une douce justesse : « Entre un homme et une femme dont le cœur n’est plus accessible à l’amour, l’amitié prend une nuance particulière où viennent se fondre les différences essentielles de leurs organisations.

99. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Une femme seule pouvait le faire, et je l’engage à écrire un volume, où sa préoccupation soit de faire avant tout, une œuvre de femme. […] Et ces femmes étaient des femmes de la société. […] J’ai vu peu de femmes si studieusement occupées du bonheur de leurs maris, que la femme de mon ami. […] Chez la femme rien de pareil. […] Il avait une mère, une femme à nourrir.

100. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Pouvait-elle être la sainte Thérèse d’une passion humaine et coupable, la femme qui, à vingt lignes de là, écrit les phrases suivantes, où s’étalent avec naïveté les pauvretés d’une âme chétive : « Quelle femme, quelle reine et quelle princesse n’ont pas envié mes joies et mon lit ? […] Le cœur des femmes soupirait pour vous. […] Inspirer les angoisses de la jalousie aux autres femmes, voilà les paradis de sa pensée quand elle se souvient et quand elle rêve ! […] Femme de lettres, ayant cette considération de la pensée qui donne aux femmes moins d’aptitude à vivre de la vie des sentiments que des idées, elle doit avoir naturellement, et elle les a, quelques entrailles pour Abailard (un professeur éloquent !) […] Cependant la femme, la vraie femme, le cœur qui se connaît en cœur, ne manque point chez Madame Guizot.

101. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Je n’ai à parler que de la femme qui a écrit ces Lettres intimes, republiées par M.  […] Je crois trop aux miracles de la Grâce divine toute-puissante pour que la sainteté, la hauteur et la profondeur de la sainteté de Mademoiselle de Condé puissent m’étonner, mais c’est en elle la femme — la femme en dehors de Dieu — qui m’étonne ! […] Une femme qui aime réellement dans ce misérable monde est aussi rare qu’un homme de génie, et, au fait, c’est la même chose, puisque le génie de la femme, c’est l’amour ! Mademoiselle de Condé fut une de ces raretés qui aiment, une de ces exceptions parmi les femmes, cette race frivole des femmes, qui singent l’amour sans l’éprouver avec des grâces que Dieu permet et qu’elles pervertissent ! […] Elle finit même par idéaliser ce nom « d’ami », insupportable de femme à homme, dans l’amour, si la femme n’était pas elle.

102. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Pouvait-elle être la sainte Térèse d’une passion humaine et coupable, la femme qui, à vingt lignes de là, écrit les phrases suivantes, où s’étalent avec naïveté les pauvretés d’une âme chétive : « Quelle femme, quelle reine et quelle princesse n’ont pas envié mes joies et mon lit ? […] Le cœur des femmes soupirait pour vous. […] Inspirer les angoisses de la jalousie aux autres femmes, voilà les paradis de sa pensée quand elle se souvient et quand elle rêve ! […] Femme de lettres, ayant cette considération de la pensée qui donne aux femmes moins d’aptitude à vivre de la vie des sentiments que des idées, elle doit avoir naturellement, et elle les a, quelques entrailles pour Abailard (un professeur éloquent !) […] Cependant la femme, la vraie femme, le cœur qui se connaît en cœur, ne manque point chez Mme Guizot.

103. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il voit des femmes fatales partout. […] Femme à lieutenants ! […] Sa femme est jalouse. […] Il y a une femme. […] cette femme est malade.

104. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

La vie physiologique de la femme est dominée par cette recherche de l’eurythmie nerveuse. […] J’imagine que les femmes poètes trouvent dans leur poésie leur plus parfaite eurythmie. […] que cherche donc cette femme, au-delà de l’accord parfait des étreintes et des spasmes ? […] Quelques-unes des pièces de ce recueil nous disent ce que cette femme a souffert dans sa dignité de femme. […] Nous voyons des arbres tordre sous lèvent leur chair de femme, tendre leurs muscles.

105. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

En général, les hommes gagnent à cette reproduction par le trait, tandis qu’avec les femmes il faut quelque effort d’imagination pour y ressaisir leur délicatesse et leur fleur de beauté. […] Elle était complètement femme dans ses goûts, dans ses ambitions, dans ses défauts mêmes. […] Pour lui, le plus grand des malheurs de la vie serait « d’avoir une femme laide, mauvaise et despote. […] Mais je crois, mon ami, que cette femme est morte, voire peut-être n’est pas encore née ni prête à naître ; et partant, voyons un peu ensemble quelles filles ou femmes dont nous avons ouï parler seraient à désirer pour moi, soit dehors, soit dedans le royaume ». […] Ces scènes, au reste, avec elle étaient rares ; elle était de ces femmes qui reposent et délassent ceux qui les aiment, bien loin d’engendrer les querelles.

106. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

En province surtout où les existences de quelques femmes sont plus souffrantes, plus étouffées et étiolées que dans le monde parisien, où le désaccord au sein du mariage est plus comprimant et moins aisé à éluder, M. de Balzac a trouvé de vifs et tendres enthousiasmes ; le nombre y est grand des femmes de vingt-huit à trente-cinq ans, à qui il a dit leur secret, qui font profession d’aimer Balzac, qui dissertent de son génie et s’essayent, plume en main, à broder et à varier à leur tour le thème inépuisable de ces charmantes nouvelles, la Femme de trente ans, la Femme malheureuse, la Femme abandonnée, c’est là un public à lui, délicieux public malgré ses légers ridicules, et que tout le monde lui envierait assurément. […] Le caractère de Fédora, de cette Femme sans cœur, indique pourtant le peintre déjà initié à demi. […] Mme Claës est une de ces femmes comme le romancier les affectionne, une laide presque contrefaite et pourtant séduisante, une femme de quarante ans, de plus en plus adorable et rajeunissante. […] Bien des femmes, même honnêtes, y sont prises. […] Je sais une femme qui a pour mari un homme de génie ou qu’elle croit tel (ce qui revient au même), et dont elle craint de n’être pas assez aimée ; cette femme a été séduite à Balzac par Mme Claës.

107. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

. — La femme de l’ogre […] — L’homme touffu. — Les 3 femmes du sartyi, etc). […] La curiosité fatale de la femme. […] Phèdre, Joseph, les femmes de Camaralzaman (1001 Nuits). […] Le prince qui ne veut pas d’une femme niassée.

108. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

C’est un sensualiste naïf qui ne se préoccupe que de la forme, un païen parfaitement digne d’une époque qui a toutes les aberrations de la Renaissance sans leur excuse, s’il y en a… Debay ne voit dans le monde que la femme, et dans la femme que sa beauté matérielle. […] Quant à Ninon, il est impossible de supposer que Debay ait eu la bonté d’ajouter ses puissances d’aperçu ou de rédaction à l’esprit de cette femme célèbre. […] Comme la plupart des femmes, elle réfléchissait son monde. […] Or Ninon, femme de qualité d’ailleurs, était bel-esprit et vantée par les hommes qui se piquaient de beau langage. […] Telle elle était, — rien de plus, — et ce fut suffisant pour lui constituer un empire auquel travaillèrent les hommes et les femmes : les hommes, vaniteux et sensuels, les femmes, curieuses, curieuses de voir cette maîtresse de tout le monde, et la regardant comme les sauvages regarderaient un beau fusil.

109. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

C’est un livre naïf et presque d’une ingénuité de génie… Et c’est l’œuvre d’une femme pourtant, malgré la masculinité du nom sous lequel elle a caché son sexe. Or, voilà le seul reproche que j’aie à faire à ce livre de tant de naturel : c’est de ne pas être signé naturellement du nom de la femme qui a pu l’écrire. […] En tant que si la femme qui a inventé… ou raconté ces histoires charmantes n’y mettait pas son nom, son véritable nom, elle pouvait oublier d’en mettre un. […] La femme des Récits de la Luçotte n’a rien de commun avec les femmes qui de leurs dix doigts, qui ne veulent plus être des doigts enchantés de modiste, chiffonnent gauchement dans la littérature. […] Plus tard, elle voudra peut-être en être un : car rien de dépravateur pour une femme comme un succès littéraire ; mais tout à l’heure, elle n’y pense pas.

110. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Telles sont appellées femmes de court. […] Car Olympiade, femme de Philippe, roi de Macédoine, gardait pour elle ces choses-là, et pareillement Porcie, femme de Brutus. […] Tandis que vous, une femme mariée, une femme du monde… — Eh bien ! […] cette femme, c’est Portia, la maîtresse du tyran. […] La petite femme ne comprend pas.

111. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Et avec cela que j’aie un domestique bien nourri, une femme qui ne soit pas trop savante ; la nuit, du sommeil, et le jour, point de procès ! […] Juvénal n’est pas mieux disposé que lui pour les femmes savantes ; il veut, au besoin, pouvoir faire un solécisme sans être repris. […] Une femme savante de profession est odieuse ; mais une femme instruite, sensée, doucement sérieuse, qui entre dans les goûts, dans les études d’un mari, d’un frère ou d’un père ; qui, sans quitter son ouvrage d’aiguille, peut s’arrêter un instant, comprendre toutes les pensées et donner un avis naturel, quoi de plus simple, de plus désirable ? […] Dacier un reproche grave d’avoir écrit : « Ma lettre vous apprendra que ma femme et moi sommes très bons catholiques. […] Charles a tort ; il lit le grec, et ne se met point à la place de ceux qui ne le savent pas ; il était digne de sentir ce mérite utile d’une femme docte et simple.

112. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

C’est de plus l’histoire des lions qui croient savoir peindre… Madame Sand, comme toutes les femmes devenues des bas-bleus, et qui luttent d’orgueil contre l’homme, crée des hommes misérables dans tous ses romans, pour donner à peu de frais la supériorité à la femme. […] Là est la pente de toutes, et madame de Staël, de toutes les femmes de lettres la meilleure, elle-même y glissa. […] C’est un de ces grands cœurs philosophiques et chimériques qui ramassent par les chemins du désordre les femmes tombées, mais qui voudraient bien les garder pour eux. Pour notre part, nous ne connaissons que les prêtres catholiques qui puissent ramasser, avec leurs saintes mains désintéressées, les femmes qui tombent ; mais des philosophes ne le peuvent pas. […] Eh bien, même comme talent, son livre, à cette célèbre femme, est très au-dessous de celui de Paul de Musset !

113. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

C’est de plus l’histoire des lions qui croient savoir peindre… Mme Sand, comme toutes les femmes devenues des bas-bleus, et qui luttent d’orgueil contre l’homme, crée des hommes misérables dans tous ses romans pour donner à peu de frais la supériorité à la femme. […] Là est la pente de toutes, et Mme de Staël, de toutes les femmes de lettres la meilleure, elle-même y glissa. […] C’est un de ces grands cœurs philosophiques et chimériques, qui ramassent par les chemins du désordre les femmes tombées, mais qui voudraient bien les garder pour eux. Pour notre part, nous ne connaissons que les prêtres catholiques qui puissent ramasser avec leurs saintes mains désintéressées les femmes qui tombent, mais des philosophes ne le peuvent pas ! […] même comme talent, son livre, à cette célèbre femme, est très-au-dessous de celui de M. 

114. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Sabine, femme d’Horace, pleure la victoire de son mari, qui lui enlève ses trois frères et sa belle-sœur. […] Toute la grandeur, toute la fierté romaine respire dans cette femme admirable. […] La véritable Cornélie était une femme vertueuse, fort attachée à son mari ; mais c’est Corneille qui en a fait une héroïne : l’imagination du poète a lutté contre le chef-d’œuvre de la nature ; il a voulu créer une femme aussi grande que César. […] Nous faisons mieux : au lieu de le punir au dénouement, nous le convertissons ; nous faisons d’une coquette une femme sensible ; d’un tyran domestique, un bon époux, un bon père ; de la femme jalouse, la meilleure femme du monde, etc. […] Ce n’est point une femme atroce et criminelle, mais c’est une femme fière et violente qui se fait un devoir de la vengeance.

115. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Je regarde la femme, habillée d’une robe de velours gorge de tourterelle, constellée de grands boutons d’acier. […] Beaucoup de femmes demandent à la morphine un montant de l’esprit, un coup de fouet de la causerie. […] Une femme brûlée, en se chauffant en chemise, en jupon, en camisole, au coin de son feu. […] Et la misérable femme vécut plusieurs jours. […] Hier, la femme, la femme d’un diplomate de ma connaissance me racontait, que le nouveau chargé d’affaires, je ne sais plus où, sollicitait d’elle quelques renseignements.

116. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

La barque du prince était suivie de batelets, où était la fleur des femmes de la haute société orléaniste. […] quelle alacrité, il y a chez cette femme ! […] Alors avait lieu une scène terrible entre lui et la femme. La femme voulait retarder son départ pour l’enterrement de son mari. […] Et dans la crainte qu’il se déclarât un cas chez la femme et les enfants, avec l’aide de la police, il embarquait de force la veuve et sa petite famille, au milieu des injures de la femme… qui, arrivée en Europe, lui adressait une lettre de remerciement.

117. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Nous sommes encore bien loin du règne des femmes politiques, qui auront un jour des injures littéraires à venger. Femme d’ailleurs, Mme Sand ne l’est plus. […] Cette femme en redingote de velours noir comme un écolier allemand, qui fumait (c’était la première !) […] Il n’était pas femme, il est vrai, M.  […] Mme Émile de Girardin, qui n’avait pas de génie, était aussi une femme d’esprit.

118. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

C’est une femme galante. […] Mais la femme est femme. […] Deux tueurs de temps et deux amis de la femme restée femme du peuple sous la soie, et qui gagne sa vie avec le plaisir. […] La femme ne se suffit pas. […] La domination est la volonté fixe de la femme.

119. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Leur Rolande a-t-elle les qualités du type qui exprime la femme d’une époque ? […] Si leur Rolande veut exprimer une idée générale de son temps, si c’est là le type du genre de femmes qui furent les femmes de l’Empire, ah ! […] Dans les Chroniques de Bachaumont qu’il a intitulées : Les Femmes du monde, ce sont en effet les femmes, si puissantes en France sur l’opinion, et qui, selon ce qu’elles sont, l’élèvent ou l’abaissent, ce sont les femmes qui sont en jeu, ou plutôt en représentation, dans tous les détails de leur vie mondaine ; — et dans le roman d’Octave Feuillet, ce sont les femmes encore, puisque le sujet du livre est un mariage dans le monde. Or, le mariage est le plus grand événement de la vie des femmes. […] Cet autre, livre, c’est : Les Femmes du monde.

120. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Le livre de Michelet est un outrage aux femmes… mais un outrage d’idolâtre. […] Il croit manquer de respect quand il dit : une femme. […] Il donne une rose pour… directeur à une femme embarrassée. […] En France, cette imagination-là est une femme, et ce que les femmes préfèrent à tout, c’est le joli et le petit, qu’elles appellent « le gentil », avec des passions dans la voix. […] toujours la femme et l’amour !)

121. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

À la fin du dîner, Daudet reproche à sa femme gentiment et d’une manière philosophique, de ne pas connaître la pitié pour les malheureux. […] » Je suis reconnaissant à la femme de cette phrase qui me la dévoile, dans le fond de sa pensée, comme préoccupée des menaces suspendues sur ma tête. […] Il est accompagné d’une jeune femme, d’une nationalité interlope, avec un bout de nez rouge de clown anglais, dans une figure toute blême. […] Gambetta va redonner à la France, sous trois mois, la grandeur qu’elle a perdue, et moi, je suis en train d’apprendre aux femmes de ce temps, la grâce de la femme du dix-huitième siècle. […] Daudet montre à sa femme la dédicace, tirée à quelques exemplaires, et qu’elle ne connaît pas encore.

122. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

Autre remarque : le costume grec ou latin est le même, dans son principe, pour l’homme et pour la femme. […] Le corsage ne se contente pas de s’appliquer au torse de la femme pour le protéger : il le comprime et le repétrit. […] D’une façon générale, la femme a été à la fois considérablement amplifiée — et coupée par le milieu. […] La toilette actuelle des femmes est l’irréconciliable ennemie de leurs devoirs naturels : voilà la vérité. […] À aucune époque, je crois, il n’a été si profondément différent de celui des femmes.

123. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Là-dessus une discussion entre lui et sa femme, voulant la chère femme que la souffrance nerveuse n’aigrisse pas, n’exaspère pas, ne fasse pas mauvais ! […] Il fait donc son droit à Caen, où étant devenu l’amant d’une femme, son père exige qu’il fasse un choix entre lui et la femme. […] Enfin la femme n’avait plus que quelques jours à vivre. […] Et quand la femme murmura : « Ah ! […] » Et la femme passa dans un accès de fureur.

124. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Une belle femme est toujours de la date de sa floraison. […] Récamier vint trouver sa jeune femme ; sa figure était bouleversée, et il semblait méconnaissable. […] Récamier faisait à sa femme l’aveu de sa situation, on serait contraint de suspendre les payements. […] Sa noble et courageuse femme fit vendre jusqu’à son dernier bijou. […] Les Mémoires d’une femme ne sont-ils pas exclusivement l’histoire du cœur ?

125. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Je ne l’ai point voulu chercher parmi les hommes, parce qu’il manque toujours à leur commerce je ne sais quelle douceur qu’on rencontre en celui des femmes ; et j’ai cru moins impossible de trouver dans une femme la plus forte et la plus saine raison des hommes, que dans un homme les charmes et les agréments naturels aux femmes. […] Ninon fut des premières à s’émanciper comme femme, à professer qu’il n’y a au fond qu’une seule morale pour les hommes et pour les femmes ; qu’en réduisant, comme on le fait dans le monde, toutes les vertus du sexe à une seule, on le déprécie, et qu’on lui fait tort et injure ; qu’on semble l’exclure en masse de l’exercice de la probité, cette vertu plus mâle et plus générale, et qui les comprend toutes ; que cette probité est compatible chez une femme avec l’infraction même de ce qu’on est convenu d’appeler uniquement la vertu. […] Elle est morte avec toute sa raison, et même avec l’agrément de son esprit, qui était le meilleur et le plus aimable que j’aie connu en aucune femme. […] Pour consoler Ninon de la vieillesse, on lui disait qu’elle était une femme d’un mérite distingué. […] La mode s’en mêlant et la considération couvrant tout, les femmes avaient fini par rechercher extrêmement Ninon.

126. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. […] Il y dit des femmes : Toutes êtes, serez, ou futes, &c. […] Les femmes, sur-tout, avoient à se plaindre. […] Cet ouvrage fut alors très-vanté, parce qu’il venoit de quelques femmes, & qu’une femme auteur étoit presque un phénomène littéraire. […] Sorel, ayant rapporté la manière dont les femmes se vengèrent de le Meun, s’appésantit là-dessus.

127. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Enfin, quel homme ou quelle femme a péri par vos mains ? […] Il raconta ensuite à sa femme ce qui était arrivé, et lui fit partager sa joie. […] Les femmes éthiopiennes qui vinrent en Phénicie étaient noires. […] Quand cette belle femme parut, elle excita vivement l’attention de Darius, l’attirail dans lequel elle se montrait n’étant dans les mœurs ni des femmes perses, ni de celles de Lydie, ni enfin d’aucun peuple de l’Asie. […] Quant à la seconde femme d’Anaxandride, mère de Cléomène, elle n’eut point d’autre enfant.

128. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

De l’importance des rôles de femme dans le théâtre de Racine. — § VII. […] De ses onze tragédies, six ont pour premier rôle une femme. […] Un caractère de femme, un portrait de femme, une statue de femme, voilà l’écueil ou le triomphe du poète et de l’artiste. […] Des trois passions principales des femmes dans Racine. […] Le trait de caractère commun à ces deux femmes, c’est la confiance en Dieu.

129. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Il y perdit sa femme, habituellement négligée, et se fit bâtir une belle maison. […] Molière, sans s’émouvoir, dit à son domestique de lui ôter cette femme-là. […] Ainsi, quand sa femme et Baron remontèrent, ils le trouvèrent mort. […] Molière était alors séparé de sa femme, il écrivait son propre cœur. […] Vous épousiez ma fille et convoitez ma femme !

130. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

À quoi sa femme lui répond comme une femme frivole et qui n’y voit pas plus loin : — Mais vous, vous savez la pièce, puisque vous l’avez faite. […] Et sa femme ajoute : — Pourquoi vous chargez-vous de faire tout cela en huit jours ? Elle en dit tant, que Molière, qui aime cette femme de tout son cœur, s’écrie, en frappant du pied : — Taisez-vous, ma femme, vous êtes une bête ! Et la femme de répondre : — Grand merci ! […] le salon de Célimène, plus rempli d’hommes que de femmes, de petits marquis que de grands seigneurs, de femmes sur le retour que de jeunes femmes, de comtesses que de bourgeoises, c’est le salon de mademoiselle Molière, situé comme il était entre Paris et Versailles, sur les limites de deux mondes qui venaient à elle ; elle n’appartenait qu’à demi à ce monde-ci, elle n’appartenait qu’à moitié à ce monde-là.

131. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

l’autre s’écrie : quelle belle femme ! […] Parler, c’est faire œuvre de femme. […] L’homme créait ; la femme apprenait par cœur. […] Toute la femme parle ; elle est le langage même. […] La femme va vite à l’extrême.

132. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Je ne sais comment font les femmes dont c’est la vie habituelle ; elles n’ont donc ni famille à entretenir, ni enfants à élever ?  […] Elle en a un « pour les femmes de condition, un pour les femmes de qualité, un pour les femmes de la cour, un pour les femmes titrées, un pour les femmes d’un nom historique, un autre pour les femmes d’une grande naissance personnelle, mais unies à un mari au-dessous d’elles, un autre pour les femmes qui ont changé par leur mariage leur nom commun en un nom distingué, un autre encore pour les femmes d’un bon nom dans la robe, un autre enfin pour celles dont le principal relief est une maison de dépense et de bons soupers ». […] Besenval, 49, 60  « Sur vingt seigneurs de la cour, il y en a quinze qui ne vivent point avec leurs femmes et qui ont des maîtresses. […] ) — Un mari surprenant sa femme lui dit simplement : « Quelle imprudence, madame ! […] » (E. et J. de Goncourt, la Femme au dix-huitième siècle, 201.)

133. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

… Des femmes qui ont faim ! […] — Figurez-vous La Critique de l’École des femmes au quatrième acte de L’École des femmes ! […] Autour de cette femme, quelle misère ! […] Si vous voulez que je m’intéresse à cette jeune femme indignement trompée par un fat, donnez au moins à cette femme un peu d’esprit. […] toujours pour une femme !

134. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

et sur le dos des femmes socialistes ! […] La femme, qui tient tant de place dans les mœurs d’un peuple ; la femme, qui est presque toutes les mœurs d’une nation, a été pour lui la grande question de son livre. […] … la femme a mis dans la famille ce principe de révolution que Proudhon devrait détester partout, — car il n’est pas plus légitime là qu’ici, — mais qu’il ne déteste que dans la femme, comme si le peuple ne ressemblait pas à la femme, comme si elle et lui n’étaient pas les éternels mineurs de l’humanité ! […] Proudhon a vu dans le Bas-Bleu — la femme du xixe  siècle — l’écroulement de la femme chrétienne, de la noble femme chrétienne ! l’idéal de la femme pour toutes les civilisations.

135. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Jean-Jacques Rousseau usa fort de ce miroir-là, et le passa aux femmes de son temps. […] Le roman de Mme d’Épinay est assez compliqué, quoiqu’il ressemble à celui de bien des femmes. […] Dans tout ce qui vient chez vous, je ne connais pas un être capable de faire le bonheur d’une femme sensée. […] Francueil et la petite femme sont ivres comme le premier jour. » Mais l’ivresse a son terme. […] écrit-il à Diderot, que cette femme est à plaindre !

136. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Toute sympathie se retire de lui dès ce second acte. « Où est la femme ?  […] Augier n’a pas osé le mettre en face de l’amant de sa femme. […] Sa femme, ayant apporté huit cent mille francs, dans le ménage, en dépense, haut la main, cent vingt mille par an. […] Une femme y siège en habits de deuil, triste comme une veuve, grave comme une matrone. […] Les femmes de cette espèce méprisent, en l’exploitant, l’homme mou et irrésolu qu’elles ont asservi.

137. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Cette rivale est Hermione : celle-ci est la femme légitime ; Andromaque ne paraît être que la concubine. […] un militaire respectueux et timide auprès des femmes ! […] La meilleure manière de faire obéir une femme n’est pas de lui commander, c’est de lui plaire. […] L’outrage dont se plaignait sa femme devait être d’autant plus sensible à ce héros galant et libertin, qu’il était en possession de ne pas trop respecter les femmes d’autrui. […] Bernadille entre dans le détail des défauts de sa femme ; mais ce ne sont que des peccadilles.

138. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Déjà le moi des hommes et des femmes s’est fait brutal, presque féroce. […] Femmes, et hommes sont les mêmes êtres de frivolité qu’avant l’invasion, seulement quelques femmes grinchues trouvent que leurs maris ou leurs amants lisent trop longtemps le journal. […] Charles Edmond raconte que sa femme, se trouvant chez leur boucher, avait vu une femme proprement vêtue, vêtue comme une femme de la société, entrer et demander un sou de raclures de cheval. […] On parle ensuite de la surexcitation nerveuse de la femme, de l’affolement produit par les événements, de la crainte que l’on a d’avoir à réprimer des émeutes de femmes. […] Il y a tout un canapé de femmes, dont l’une qui fait les honneurs du salon, est une vieille femme, aux cheveux d’argent, dans une robe feuille morte, et qui montre, par un cœur très évasé, un grand morceau de sa vieille peau : une femme qui a de la marquise d’autrefois et de la cabotine d’aujourd’hui.

139. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

, fut tout à la fois homme et femme, non pas seulement dans ses jeux, mais dans ses goûts et ses facultés. […] chez elle l’homme n’emporta jamais entièrement la femme, et chez lui la femme n’abolit jamais tout à fait l’homme. […] que de monter au bûcher tous les jours de sa vie ; — comme la femme, la vraie femme, aux passions et aux qualités de la femme, la Ménagère sublime qui fit vingt ans le ménage de la Russie, était aussi dans Catherine, et, malgré ses airs parfois hommasses, n’en bougea jamais ! […] Et, de fait, tout est masque dans Gustave III, tout est spectacle, faste, coquetterie, passion de femme qui a le besoin, le besoin enragé de faire de l’effet en se faisant voir ! […] C’est ce qui explique enfin sa politique, qui entassait le mensonge et les tentatives de séduction personnelle, jusqu’à l’heure où une inconséquence de femme crevait tout à coup les mensonges de femme et emportait le brillant et faible réseau !

140. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Il faut l’intituler Lettres à sa femme. […] Vous savez qu’il y a des hommes qui sont tellement amoureux de toutes les femmes, qu’ils le sont même de la leur. […] Qu’on me parle après cela des maris qui se sont sacrifiés pour leurs femmes ! […] Dans de véritables lettres, écrites pour sa femme, cette répétition de la taquinerie n’a rien que de très naturel. […] Aucun terme savant, bien entendu, quand il écrit à sa femme, et il l’a prévenue à cet égard.

141. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Les femmes de rang se crurent attaquées et jetèrent les hauts cris. […] Pour les unes, précieuse était synonyme de prisée, l’opposé de méprisée, ou femme de grand prix, opposée à femme commune ; pour les autres, le mot était synonyme de femme qui se prise beaucoup, surfait son mérite, fait la renchérie, et n’est au fond qu’une hypocrite bel-esprit, Une seule idée commune aux précieuses de tout genre resta attachée à ce mot, ce fut celle de femmes qui se sont tirées du pair par des mœurs irréprochables, par un esprit plus ou moins cultivé. […] Elles voient les plus coquettes et les plus évaporées femmes de Paris. […] Ce sont des bourgeoises du dernier ordre, qui veulent éprendre le ton des femmes de qualité. […] J’ai vainement cherché dans les écrits du temps l’occupation que les femmes de la haute société mêlaient à la conversation.

142. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Il brûle une maison, rend folle une servante, fait marcher pendant deux jours une femme paralysée depuis dix-sept ans, refait aveugle la sœur de cette femme, qui avait recouvré la vue à la suite d’une opération de la cataracte. […] Maintenant le provincial entretient, et ce quelqu’un soutenait qu’à Rheims, qu’il connaissait bien, il y avait, à l’heure présente, près de deux cents femmes entretenues. […] Sa femme, une petite femme à la tenue modeste, réservée, avec quelque chose de fin, de futé, de scrutateur dans la physionomie, en même temps que de délicatement souffreteux, et qu’elle doit à une fièvre intermittente gagnée, dit-elle, en posant pour son mari près du Vésuve. […] Et il avait raison : c’est un signe d’aristocratie, qui disparaît des nouvelles couches de femmes. […] Enfin sa maladie de perdre les jeunes femmes est tellement connue, que son neveu, quelque insistance qu’y mette sa tante, ne permet jamais à sa femme d’y coucher, et quand elle lui propose une promenade, il met de suite ses gants, pour être en tiers entre elles deux.

143. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

j’ai des après-midi d’une tristesse… tenez, je voudrais être une femme pour pleurer !  […] Là-dedans, tout au fond, on trouve, couchée par terre, une femme en chemise, dont le corps est entouré, sept ou huit fois, d’une grande chaîne d’or, une femme qui a les fesses froides comme de la glace. […] Sa femme adorait la campagne. […] Il m’a seulement affirmé que ces femmes étaient bêtes : voilà tout. […] Bien entendu la femme n’apparaîtrait qu’à la cantonade.

144. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

En groupant toutes ces têtes de femmes autour du beau visage du cardinal Jules, en l’entourant de cette guirlande de fleurs humaines, il nous a éclairé d’un reflet velouté qui nous les achève les traits charmants de ce ministre de la souplesse, de la grâce insinuante et de la flatterie, qui régna sur la France par une femme, et dont la politique fut la force dans la douceur. […] Une femme disait en plaisantant : « Ne saluez jamais ainsi, quand même vous salueriez Dieu le Père !  […] Il juge les femmes qu’il peint en homme que la bonne compagnie ne trouble point, parce qu’il la connaît. […] … Tout a son compte ici, et la femme, et la nature humaine, et comme il est réglé vite, non pas sans tristesse, mais sans se fâcher ! […] Elle fit mentir toutes les prédictions de l’astrologie, car elle ne bouleversa point le monde ; la pauvre femme, hélas !

145. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Sa lèvre inférieure était plus marquée et plus forte qu’on ne le demande à la bouche d’une jolie femme ; sa taille aussi était un peu pleine ; mais l’ensemble était d’un grand air et d’une souveraine noblesse. Même dans le négligé, c’était une beauté de reine plutôt que de femme du monde : Aucune femme, a dit M. de Meilhan, ne portait mieux sa tête, qui était attachée de manière à ce que chacun de ses mouvements eût de la grâce et de la noblesse. […] Ce coup de badine fut comme sa dernière gaieté de jeune femme. […] Elle avait toutes les qualités et les grâces, et quelques-unes aussi des faiblesses de la femme. […] Quant aux femmes, Mme de Staël leur a dès longtemps adressé le mot qui peut leur aller le plus au cœur, quand elle a dit, dans la défense qu’elle a donnée de Marie-Antoinette : « Je reviens à vous, femmes immolées toutes dans une mère si tendre, immolées toutes par l’attentat qui serait commis sur la faiblesse… ; c’en est fait de votre empire si la férocité règne. » Marie-Antoinette est mère encore plus que reine en effet.

146. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il n’est pas ici question des mœurs des Orientaux, où les femmes sont esclaves, mais de celles des Grecs et des Romains, où les femmes étaient séparées, par la pudeur publique, de la société des hommes. […] Le respect que Gusman doit à son père lui ordonne-t-il de se laisser outrager si longtemps devant sa femme par l’amant de sa femme ? […] Mérope imite ces dévotes qui semblent ne faire le bien que pour avoir le plaisir de déchirer les femmes qui font le mal. […] Le Chrysale de Molière fait rire lorsqu’il a peur de sa femme : M.  […] On ne rougissait pas encore d’aimer sa femme, mais on trouvait peu de charme dans cet amour conjugal, et la liberté accordée aux femmes par les mœurs du jour n’avait pour objet que de procurer celle des maris.

147. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Ainsi Mlle de Scudéry n’est point sans se faire à elle-même bien des objections sur les inconvénients d’être femme bel esprit et d’être femme savante. […] Elle discute avec soin cette question, s’il serait bien que les femmes, en général, sussent plus qu’elles ne savent : Encore que je sois ennemie déclarée de toutes les femmes qui font les savantes, je ne laisse pas de trouver l’autre extrémité fort condamnable et d’être souvent épouvantée de voir tant de femmes de qualité avec une ignorance si grossière, que, selon moi, elles déshonorent notre sexe. […] Pour une La Fayette et une Sévigné, que d’ignorances et d’oublis étranges, même chez les femmes d’esprit et de renom ! […] Ses idées sur l’éducation des femmes sont pleines de justesse et de mesure dans la théorie : Sérieusement, écrit-elle, y a-t-il rien de plus bizarre que de voir comment on agit pour l’ordinaire en l’éducation des femmes ? […] » Et cela même quand, parmi ces quinze ou vingt femmes, il y en aurait de beaucoup d’esprit.

148. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Il a sur les femmes les idées de Schopenhauer. […] Il retrouve une jeune femme, Laurence, une artiste demi-galante, qui l’a aimé autrefois, quand il était étudiant. […] Figure-toi cette chambre de jeune femme, mystérieuse comme un boudoir, éclairée par vingt bougies ; le lit en face de nous… Elle décolletée, les bras à demi nus..   […] Toinette (c’est le nom de la jeune femme) est fort jolie, très ignorante, assez bonne, et elle aime son mari. […] « — Eh bien, dit-il à sa femme, es-tu contente ?

149. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Mon ami a une doctrine : c’est de toujours occuper la femme qui vous aime, — dût-on l’occuper à pleurer. […] Là-dessus il nous recommande en amour les femmes bêtes. Il a connu une femme qui lui écrivait, tous les jours, sept pages de bêtises. […] reprend la femme avec un sourire plein de confiance, oui, combien ? […] La femme se rapproche de très près, lui murmure : « Vous n’êtes pas raisonnable ! 

150. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

On parle femmes. — « Moi, dit Sainte-Beuve, mon idéal, c’est des cheveux, des dents, des épaules et le reste… la crasse m’est égale… » Et comme il est question des élégants bonnets, que les femmes du monde se mettent la nuit, il dit : « Les miennes n’ont jamais mis de bonnet pour la nuit… je n’ai jamais vu qu’un filet… Après ça, je n’ai de ma vie passé une nuit avec une femme, à cause de mon travail. » Quelqu’un ayant fait une allusion aux femmes d’Orient, il témoigne une indignation farouche contre l’épilage des femmes de ces pays. […] Au fond, je perçois que son rêve aurait été d’être colonel de hussards, pour faire des femmes. […] je vous citerai trente femmes de bourgeois que je connais, et qui sont pures. […] la femme française… n’est-ce pas, il n’y a rien de plus charmant… Une, deux, trois, quatre, cinq femmes : c’est délicieux… Est-ce que notre amie est revenue ? […] » — Aux bains de mer, les filles ressemblent à des honnêtes femmes.

151. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Ce que la foule demande presque exclusivement à l’œuvre dramatique, c’est de l’action ; ce que les femmes y veulent avant tout, c’est de la passion ; ce qu’y cherchent plus spécialement les penseurs, ce sont des caractères. […] Cela tient à ce que la foule demande surtout au théâtre des sensations ; la femme, des émotions ; le penseur, des méditations. […] Les femmes ont raison de vouloir être émues, les penseurs ont raison de vouloir être enseignés, la foule n’a pas tort de vouloir être amusée. […] Malheureuse comme femme, car elle est comme si elle n’avait pas de mari ; malheureuse comme reine, car elle est comme si elle n’avait pas de roi ; penchée vers ceux qui sont au-dessous d’elle par pitié royale et par instinct de femme aussi peut-être, et regardant en bas pendant que Ruy Blas, le peuple, regarde en haut. […] Le sujet philosophique de Ruy Blas, c’est le peuple aspirant aux régions élevées ; le sujet humain, c’est un homme qui aime une femme ; le sujet dramatique, c’est un laquais qui aime une reine.

152. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Il est toujours très-doux de pouvoir réparer envers un poëte, surtout quand ce poëte est une femme. […] Nous-même, en notre temps, nous avons eu des exemples assez singuliers de ces aveux poétiques dans la bouche des femmes. […] Voilà bien le jugement d’une femme, mais d’une femme délicate, éprise des beaux sentiments, non d’une Ninon. […] Femme ! […] Poésies d’une Femme, imprimées à Bordeaux dans les premiers mois de 1830.

153. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Elle ne voit plus que des femmes mariées et ne vise plus qu’au mariage. […] C’est une femme honnête qui a une voiture et un mari. […] Ni trop jeune, ni trop belle n’est la femme, qui n’a rien même de ce que j’aime chez une femme. […] L’œil d’une femme, de n’importe quelle femme, toujours guettant le vôtre, toujours accroché à votre fenêtre, à la longue, a l’attirance d’un aimant, magnétique. […] Enfin, je finis par vouloir d’une femme dont je n’ai pas envie.

154. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Il serait peut-être très agréable de jouir d’un corps de femme, ainsi clairdeluné. […] Entre ces lugubres verdures, des femmes promenant sur elles des robes, des femmes, qui, à ce métier de porte-manteaux, ont perdu quelque chose de vivant, et ont gagné un certain automatisme. […] Il y avait aussi beaucoup de femmes russes, de femmes allemandes, de femmes anglaises, de pieuses et fidèles lectrices venant rendre hommage au grand et délicat romancier. […] Ici la blague aimable des jeunes femmes, m’a donné le surnom de Délicat. […] La femme joua encore et perdit.

155. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Elle respecta en elle la noblesse de la femme jusque dans la dégradation de la courtisane. […] La femme entretenue ne peut vivre qu’au milieu de leur chaos d’enjolivements et de prétintailles. […] Quoi qu’elle fasse et quoi qu’elle veuille, elle reste une femme en circulation. […] La femme qui fouille dans son cœur est celle qui fouillait, l’autre jour, dans son armoire. […] Vous croiriez voir la Laïs antique, tuée, à coups d’aiguilles, par les femmes d’Athènes.

156. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1824-1895) »

. — Les Aventures de quatre femmes et d’un perroquet (1846-1847). Césarine, roman (1848). — Atala, scène lyrique en deux actes (1848). — La Dame aux camélias (1848). — Le Roman d’une femme (1848). — Le Docteur Servais (1849). — Automne (1849). — Tristan le Roux (1850). — Trois hommes forts (1850). — Revenants (1851). — Diane de Lys (1851). — Contes et nouvelles (1853) […] — L’Ami des femmes (1864). — Le Supplice d’une femme, avec M. de Girardin (1865). — Les Idées de Madame Aubray (1867). — L’Affaire Clémenceau (1867). — Théâtre complet (1868). — Lettre sur les choses du jour (1870). — Nouvelle lettre de Junius (1871). — Une visite de noces (1871). — La Princesse Georges (1871). — L’Homme-Femme (1872). — La Femme de Claude (1878). — Monsieur Alphonse (1873). — Thérèse (1875). — L’Étrangère (1876). — Les Danicheff, en collaboration (1876). — La Comtesse Romani (1876). — Entr’actes (1877-1879). — Les Préfaces (1877). — Joseph Balsamo (1878). — La Question du divorce (1880). — Les Femmes qui tuent et les Femmes qui votent (1880). — La Princesse de Bagdad (1881). — Lettre à M. 

157. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

J’entends dire autour de moi : Voilà une belle femme ! […] pourquoi ta jolie colère de femme aimée, à propos d’un silence ? […] « — Une femme qui a de belles épaules. […] Au contraire, les femmes à taille plate sont dévouées, pleines de finesse, enclines à la mélancolie ; elles sont mieux femmes que les autres. […] Je pensai seulement alors qu’une femme devait appartenir à son mari.

158. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Il nous décrivait, ce soir, le repaire du Château-Rouge, nous contait une visite faite par lui, à la salle des femmes. […] Il parle de sa vie de travail, cet hiver, entre le piano de sa femme et les devoirs de ses petites filles. […] Il me dit qu’il vient d’en lire une partie à sa femme, qui a été un peu troublée par la passion mise dans le bouquin. […] Ces Italiens ressemblent aux jolies femmes, qui ne peuvent pas supporter la plus petite critique de leur beauté. […] Et cette femme ajoutait, que cet égoïsme-là n’existait pas chez la femme d’autrefois.

159. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

La comtesse Puliga me peint, en sa complète transformation, cet être domestique, ne voulant plus du mariage, ayant assez de l’ancienne servitude conjugale, se refusant à être plus longtemps la bonne d’un ivrogne, et fondant des clubs féminins, avec des tableaux qui représentent une femme dans les flammes et une femme dans le ciel : la première, la femme des siècles passés ; la seconde, la femme des siècles futurs, et avec cette épigraphe décochée aux hommes : « Ils disent, qu’ils disent !  […] » faisant allusion à l’autorité de la femme, avec laquelle il vivait. […] — Et votre femme ? […] Jean Lorrain, Primoli, Rodenbach, Raffaëlli, Roger Marx, Descaves, Toudouze, Daudet et sa femme. […] Le vieil Isabey a une série de délicates et romantiques femmes, en l’envolement aérien d’un voile dans les cheveux.

160. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

D’ailleurs, les femmes ont de tout temps envahi la littérature. […] Les femmes ne peuvent guère mettre en relief plus d’un personnage. […] Petit jouet, petite femme, voici quelle sera ta destinée. […] La femme à l’Enfant de M.  […] L’intelligence de la femme ?

161. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Une jeune femme pâle et maigriote, entrevue dans la demi-nuit d’un corridor. […] L’autre jour, dans un salon, cette femme a tout à coup aperçu son doucheur, qui est celui du maître de la maison, invité par hasard à la soirée, alors elle s’est mise à rougir, et est devenue tout à coup embarrassée, comme une femme, qui se verrait soudainement déshabillée. […] Daudet me dit que les couches ont été affreuses, que la pauvre femme a été entourée des affres de la mort. […] En effet, la phrase arabe dont elle se sert pour désigner la femme qui jouit : « Elle a un ver dans le derrière !  […] Cette humanité peinte me semblait une figuration d’hommes et de femmes, ayant la jaunisse dans la demi-nuit d’une cave.

162. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Je l’ai aimée jusqu’au tombeau sans jamais songer qu’elle était femme : je l’avais vue déesse à Terni ! […] Il s’agissait de contrebalancer par un empire de femme, exercé sur le cœur de l’héritier de la couronne, l’empire occulte exercé par une autre femme sur le cœur du roi. […] malgré cette médiocrité d’existence de ces deux femmes, les plus beaux noms de France et d’Europe se pressaient dans cet entresol. […] La jeune femme poète sentit dans son bonheur obscur le contrecoup de la chute des rois. […] Ce tronçon brisé d’armes politiques ne sied pas sur une tombe de poète, encore moins sur une tombe de femme.

163. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Ô superbes et vagues pensées d’hommes ou de femmes, combien en a-t-on vu ainsi, de ces âmes en peine, aller et venir au lendemain de l’orage comme des hirondelles effarées ! […] Tendre fille d’une femme forte, son cœur faisait illusion à son esprit. […] D’une main elle soutenait la queue de sa robe, et elle avait abandonné l’autre à une foule de femmes, qui se pressaient pour la baiser. […] » Et en effet, elle resta femme, femme héroïque jusqu’au dernier soupir. […] Édouard de Pompery, dans le livre intitulé : la Femme dans l’humanité (librairie Hachette).

164. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Nous essayons de ranimer ces hommes et ces femmes, quelquefois avec une correspondance, trop souvent avec une lettre. […] Ils montrent une femme, une femme du xviiie  siècle aimant la vie, l’amusement, la distraction, ainsi que l’aime, ainsi que l’a toujours aimée la jeunesse de la beauté, une femme un peu vive, un peu folâtre, un peu moqueuse, un peu étourdie, mais une femme honnête, mais une femme pure, qui n’a jamais eu, selon l’expression du prince de Ligne, « qu’une coquetterie de Reine pour plaire à tout le monde ». […] Elle fera à la femme, cette grande actrice méconnue de l’histoire, la place que lui a faite l’humanité moderne dans le gouvernement des mœurs et de l’opinion publique. […] La leçon de ce long et éclatant scandale sera l’avertissement que la Providence s’est plu à donner à l’avenir par la rencontre en un même règne de trois règnes de femmes, et la domination successive de la femme des trois ordres du temps, de la femme de la noblesse : Mme de la Tournelle ; de la femme de la bourgeoisie : Mme de Pompadour ; de la femme du peuple : Mme du Barry. Le livre qui racontera l’histoire de ces femmes montrera comment la maîtresse, sortie du haut, du milieu ou du bas de la société, comment la femme avec son sexe et sa nature, ses vanités, ses illusions, ses engouements, ses faiblesses, ses petitesses, ses fragilités, ses tyrannies et ses caprices, a tué la royauté en compromettant la volonté ou en avilissant la personne du Roi.

165. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Mme de Maintenon, pourtant, lui écrivait à ce propos, en la félicitant : « Comme je ne perds jamais vos intérêts de vue, je suis ravie que vous n’ayez plus trois cents femmes à gouverner. » Ainsi elle-même, Mme de Maintenon, croyait trois cents femmes plus difficiles à gouverner que trois cents hommes. […] Un sieur d’Aubigny, espèce d’intendant dont elle avait fait un écuyer, couchait au Retiro dans l’appartement des femmes attenant à celui de la princesse. […] De l’esprit dont on connaît Louis XIV, il devait trouver inouï qu’on donnât cette importance à une femme qu’il avait placée là pour le servir. […] Mais ce sont là de ces conjectures qu’il est trop aisé de former à l’occasion d’un cœur de femme et trop impossible de vérifier. […] Puis, après avoir dit tout ce qu’elle a sur le cœur et s’être hardiment prononcée, elle s’efface dans un post-scriptum habile et rentre dans son rôle de femme avec une haute convenance.

166. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Diéliman aussi tue sa mère pour sauver sa femme (La sorcière punie). […] De son côté lui et son compagnon acceptent volontiers la mort en échange de la possession de femmes qu’ils désirent (v. […] La femme de l’ogre, —Le boa marié, —L’anguille et l’homme au canari, —Le prince qui ne veut pas d’une femme niassée). […] Voir aussi le désir de la femme de Kélimabé (D. […] La femme enceinte.

167. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Elle essuie donc du mieux qu’elle peut les larmes qu’elle verse en secret et va folâtrer avec ses femmes. […] Elle ajoute que si elle avait rencontré un époux tant soit peu digne de tendresse, elle était femme à s’y attacher ; mais que faire avec un mari qui l’était si peu, qui cumulait les grossièretés et les ridicules, qui la prenait pour confidente de ses chétives infidélités ; n’ayant rien de plus pressé que d’entretenir sa femme de ses velléités amoureuses pour d’autres quelle, et cela dès la seconde semaine après les noces ? […] Il paraît bien cependant que des années se passèrent (sept ans environ), avant que cette charmante jeune fille devînt femme et pût espérer de donner un héritier au trône. […] Il est bon de savoir que l’Impératrice Élisabeth était très-bien en homme ; elle était ce qu’on peut appeler la plus belle jambe de son empire ; elle dansait en perfection, et il était naturel dès lors quelle se plût à donner des bals masqués où tous les hommes étaient en habits de femme, toutes les femmes en habits d’homme. […] que l’on comprend qu’une telle femme ait inspiré, dans l’espèce de disgrâce qui précéda son avénement à l’empire, des sentiments si répandus, si dévoués, si prêts à tout !

168. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Certains sujets sont inépuisables : la vanité, l’orgueil, l’imagination, l’amitié, l’amour, les femmes, etc. […] Et sur les femmes on peut dire tout ce qu’on voudra : tout sera également vrai. […] — La fatuité est la vanité de l’homme dam ses rapports avec la femme  Il y a un moindre abîme entre la modestie et l’orgueil qu’entre l’orgueil et la vanité, etc. […] La femme est sur la scène, mais ce n’est pas elle qui joue, c’est la comédienne. Au contraire, chez Mme Sarah Bernhardt, c’est la femme qui joue.

169. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Monsieur, je perds patience. — J’ai… — Achevez donc. — J’ai tous les maux ensemble, Colombine : j’ai une femme ! » Les femmes, de leur côté, exercent de justes représailles : « En France, dit Colombine, les hommes ne font que babiller jusqu’au jour de la noce ; aussi, quand ils sont mariés, ils n’ont plus rien à dire à leurs femmes. […] Il a porté plus de trois mois un emplâtre sur le nez, d’un coup de chandelier que sa femme lui a donné. […] Les femmes, comme ailleurs, les sollicitent. […] Jamais nos femmes ne se lèvent qu’après-midi.

170. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

» — dira-t-on. « Ce n’est pas une femme comme nous ! s’écrieront avec mépris les femmes qui se piquent d’être littéraires. […] Et d’où qu’il vienne, — le génie dans la femme est toujours ici la question. […] ils l’ont gâté, à plus d’une place, dans Mme de Staël, cette femme si admirablement femme, qui n’a jamais été le tout-puissant homme qu’on a dit ! […] Elle ne vaut homme que parce qu’il n’y a plus de femme.

171. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Apollon t’ordonne d’épargner cette femme. […] Il sait qu’elle est honnête femme, mais qu’elle a en elle de quoi ne plus l’être… Autrement dit, il sait qu’elle est femme. […] L’« ami des femmes » c’est, ici, le monsieur qui « finit » les femmes, qui achève doucement leur démoralisation. […] Mais c’est bien une femme, et très profondément. […] Ce sont des femmes, de vraies femmes, et qui pourtant sont intactes.

172. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — V. L’avare et l’étranger »

Il se rendit chez celui-ci et entra dans la case au moment même où la femme demandait à son mari : « Maître, faut-il apporter le touho ?  […] » La femme comprit ce que parler voulait dire et se garda bien de démentir son avare époux. […] cria-t-il à sa femme, enlève le touho et quand l’étranger entrera, annonce-lui que je viens de mourir ». […] L’avare restait muet, comptant sur sa femme pour le retirer de là. […] Alors la femme rouvrit le tombeau et en fit sortir son mari : « En fit-il cent fois plus, cet étranger !

173. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Femmes sans culottes et femmes en culottes, espèces disparues. […] L’égalité entre l’homme et la femme comporte l’égalité politique de la femme avec l’homme et par conséquent la femme électeur. […] C’est une femme. […] Mais de la femme instruite, de la femme qui lit, — et la femme qui lit est en raison inverse de la femme qui fait la conférence, et la femme qui fait la conférence est la femme qui ne lit jamais, — de la femme qui lit, les maris du vingtième siècle n’ont point horreur et au contraire. […] Femme d’indépendance, femme de plaisirs, femme contemptrice de tout devoir, telle est l’Américaine des classes riches.

174. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

aujourd’hui, non, c’est vrai, je ne suis pas la femme de samedi !  […] La vieille femme meurt. […] Pana fils de Pchelcons, dont la mère est Tahet, dit à femme Taketem, fille de Relon, dont la mère est Tanetem : Je t’ai acceptée pour femme. Je t’ai donné 1 argenteus en tout pour ton don de femme. […] Je t’établirai comme femme.

175. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

La petite femme lui résiste. […] la pauvre petite femme ! […] C’est une bonne petite femme. […] Ô femmes ! […] Mais compromettre une femme !

176. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

. — L’École des femmes. — § IV. […] — Les Femmes savantes. — Des autres pièces de Molière. — § V. […] Ce travers l’a conduit à se façonner une femme dès le berceau. […] C’est de là qu’il va la tirer pour en faire sa femme. […] Beaucoup de femmes y avaient gâté leur naturel.

177. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Sa femme le suit, en poussant des cris terribles. […] C’était Julie ; c’était sa femme. […] Sa femme a été prévenue. […] » reprend la femme. […] Il y a aux côtés de la femme en marmotte, la femme en robe de soie.

178. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il a une femme trop chic pour lui, une femme qui s’embête. […] comme ma femme a agi avec moi ! […] — Oui. — Avec sa femme ? […] tu épouses ma femme ! […] Et ils parlent de femmes.

179. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Je viens vous prier de le renvoyer à sa femme. […] Auriez-vous envie de caresser leurs femmes ? […] Ledoux a raison de reprendre sa femme. […] Pourquoi un homme aime-t-il une femme, j’entends telle femme à l’exclusion de toutes les autres ? […] Cette jeune femme est étrangement expéditive.

180. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

De là, la causerie saute à la femme. Selon lui, c’est l’homme qui a fait la femme en lui donnant toutes ses poésies. […] C’était une femme, les bras noués autour du cou d’un homme qui la portait avec effort sur son dos… Et il nous entretient de ses chasses d’autrefois à la femme, chasses à l’inconnu, dont le grand charme est l’aléatoire, l’aléatoire qui, dit-il, « fait le pêcheur à la ligne, le joueur, le coureur de femmes ». […] Une femme est là, qui travaille sous une lampe à la confection de chemises de peuple. […] Et dans la salle on entend les femmes murmurer dans des sortes de pâmoisons ; « Oh !

181. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Il y a du vrai dans ce que disait cette vieille femme. […] les blanches fleurs des magnolias ont quelque chose de la constriction douloureuse des épaules de femmes décolletées, dans un courant d’air. […] — Cette femme je l’ai rencontrée, quand j’étais en prison. […] À la suite de cette attaque, il se sauva d’auprès de sa femme, se réfugia dans une petite ville, où on créait exprès pour lui un collège. […] Là, il trouvait une jeune femme, qu’il invitait à une collation, dans une villa de la campagne.

182. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Le mari était mort, mais la femme avait résisté. […] Sa mort était précédée de la mort de sa femme. […] On m’a dit que, maintenant à Paris, dans l’intimité amoureuse, les femmes n’ôtaient pas leurs bas ; de mon temps, nous les ôtions !  […] Vraiment, cette salle n’est pas favorable à l’exhibition de la beauté de la femme. […] Une notule, au sujet de la Femme adultère, nous apprend, que les femmes adultères étaient habituellement déshabillées au Temple, mais qu’elles ne l’étaient pas, quand leur corps était trop beau, de peur d’exciter les jeunes lévites.

183. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Aujourd’hui donc, de toutes parts, les femmes écrivent ; chacune a son secret, son roman douloureux à l’appui du plaidoyer d’émancipation, et chacune le livre. Ce ne sont plus seulement des femmes du monde et d’un rang distingué, comme on disait, qui se délassent de la sorte ; ici comme ailleurs il n’y a plus de rang, et la démocratie coule à pleins bords. […] Aux abords de l’ordre social où nous touchons, en des situations de plus en plus rapprochées et nivelées, la femme aura à se pourvoir de moins de culte et de plus d’estime. Parmi les femmes qui se sont ainsi lancées, la plainte à la bouche, dans cette mêlée, la plus éloquente, la plus hardie, la première de bien loin en talent, a été sans aucun doute l’auteur d’Indiana, l’accusatrice de Raymon de Ramière. […] Vers l’âge de trente ans, combien n’est-il pas actuellement de femmes qui, belles encore, ayant devant elles, ce semble, un riant automne de jeunesse, sentent pourtant en leur cœur l’ennui, la mort, l’impuissance d’aimer et de croire !

184. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Sa mère, qui était morte en le mettant au monde, était sœur de la duchesse de Choiseul, femme du Premier ministre. […] » et toutes les femmes le répétaient de même. […] Lauzun, qui servait comme aide de camp, y avait tourné la tête à une Mme Chardon, jeune et jolie femme d’un intendant militaire, pleine d’imagination et de caprice. […] Écrits, à ce qu’il paraît, par Lauzun pour amuser quelques femmes de ses amies, il s’en était fait des copies qui peu à peu se répandirent et circulèrent. […] Mme de Lauzun est appelée par Besenval, c’est-à-dire par l’homme qui flatte le moins les femmes de son temps, « un chef-d’œuvre d’éducation, et la femme la plus parfaite qu’il ait connue ».

185. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Le premier Lauzun, si insolent et si dur avec Mademoiselle, avait fini par épouser une femme jeune, parfaite, dont lui-même, à certains moments de sincérité, se reconnaissait indigne : Bonneval de même, le futur pacha, avait une divine jeune femme qui avait fait de lui son idole chevaleresque et qui s’estimait heureuse pour des années quand elle l’avait entrevu au passage. […] La pièce commence au moment où le nouveau comte Herman est bien près de redevenir le duc Pompée : il est en coquetterie suivie, sans trop s’en rendre compte, avec une cousine de sa femme, Emma de Lansfeld, fiancée du baron Fritz, lui-même le propre frère de sa femme, et de la sorte, c’est avec sa prochaine belle-sœur qu’il est tout près de nouer intrigue. […] Il nourrit pourtant un sentiment profond pour sa femme et pour l’enfant qu’elle lui a donné. […] A mon avis, celui-là est un sot qui, en admettant qu’il ait quelque chose à raconter, fait à sa femme le récit de ses galanteries. […] sans cette complication et s’il n’y avait eu contre elle que la femme légitime, Pompéa triomphait peut-être.

186. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Elle n’avait pas besoin de parler pour qu’on lui soupçonnât de l’esprit, mais aucune femme que j’aie entendue ne parlait avec plus de pureté et d’élégance. […] L’observation est applicable à plus d’une de ces femmes distinguées qui se sont faites elles-mêmes, qui ont tout appris toutes seules, et qui ont eu à se travailler dès l’enfance. […] Mme Roland, malgré les qualités viriles dont elle a fait preuve, n’avait rien de masculin dans tout son aspect ni dans son ensemble ; elle était femme et très femme. […] Il était, ne l’oublions pas, de six ans plus jeune qu’elle, ce qui, de la part de la femme, favorise l’illusion et la tendresse, — marié lui-même à une femme estimable, mais peu distinguée ; on pouvait l’aimer sans aller sur les brisées d’aucune rivale. […] Il y a aussi, à l’occasion de Mme Roland, à dire quelque chose de la femme moderne, de celle de la société présente et à venir ; car elle est un des chefs du cortège, un des guides de la procession future.

187. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Cette élite n’aura pas de femmes ; la femme restera la récompense des humbles, pour qu’ils aient un motif de vivre… Mais ce délicieux rêve oligarchique réalisé, les sages ne pourront bientôt plus supporter leur propre sagesse, leur propre toute-puissance, ni leur solitude. Le désir de la femme les mordra au cœur ; et la femme, introduite dans la place, les trahira, livrera au peuple les secrets des savants et les machines par lesquelles ils terrorisaient la multitude. […] Et alors il se donnera pour mission d’avoir pitié des femmes blessées, et surtout d’être le dernier amant de celles qui approchent de l’âge où l’on n’en a plus. Il étendra sa miséricorde sur trois femmes à la fois. […] Puis vient un adultère honnête, comme en réclament les femmes vertueuses.

188. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Le culte des femmes, chez nos premiers aïeux, se transformera en galanterie sous Louis XIV, et subira une bien autre métamorphose sous la Régence ; mais ne craignez jamais que chez nous les femmes soient considérées autrement que comme la noble compagne de l’homme. La révolution a fait perdre aux femmes de leur influence, mais elle leur a laissé l’empire de nos mœurs, que rien ne pourra leur arracher. […] Les femmes, qui chez nous sont les gardiennes des mœurs, ne peuvent admettre dans leur société une femme qui est hors de nos mœurs. […] Les hommes, devenus tout à coup désoccupés de grands intérêts et de nobles travaux, étaient descendus à une décadence honteuse, dans laquelle ils voulurent entraîner les femmes. Les mœurs se sont relevées parce que les femmes n’ont jamais complètement cédé à cette dégradation, fruit de l’oisiveté.

189. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les legs de l’exposition philosophie de la danse »

La femme danse seule et ne danse pas pour son plaisir. […] Il s’y déroule de petites comédies d’amour, où la femme résiste, où il faut la conquérir. […] Nous dansons, nous, avec nos femmes, et pour nous amuser. Et, jusque dans ce frivole divertissement, l’homme traite la femme comme une égale et comme une associée. […] Maman était une honnête femme.

190. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

J’attends la chère femme chez elle jusqu’à sept heures, pour lui serrer la main. […] Et là-dessus Daudet s’élève contre la fausseté des femmes, représentées par le roman français contemporain, comme des possédées d’éréthisme, s’élève contre la fausseté des femmes françaises décrites par le romantisme, ces femmes rugissantes, ces femmes affolées par des passions tropicales, — et nous disons qu’il y aurait un intelligent et spirituel article à faire, pour remettre la femme française de la littérature, au point réel. […] une femme ! […] une femme ! […] une femme !

191. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Ce fut une femme visionnaire qui les brouilla. […] Des femmes foibles, des religieux jeunes & plus foibles encore, sentirent bientôt leur cœur brûler de l’amour pur. […] Ses mœurs ne furent point à l’abri de la critique : on l’accusoit d’aimer les femmes. […] On parle à madame de Maintenon, qui, sur le champ, agit pour faire relâcher cette femme extraordinaire. […] Continuer ses liaisons avec une femme enthousiaste & suspecte d’opinions dangereuses, c’étoit risquer beaucoup.

192. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Enfin c’est fini, je l’embrasse… Un garçon la prend sous un bras, la femme de ménage sous l’autre. […] J’entends un colloque à la porte entre la femme de ménage et le portier. […] À la messe dite pour la pauvre femme, à côté de sa bière, on en range deux ou trois autres qui bénéficient du service. […] Pauvre créature, nous lui pardonnons, et même une grande commisération nous vient pour elle, en nous rendant compte de tout ce qu’elle a souffert… Mais, pour la vie, il est entré en nous la défiance du sexe entier de la femme, et de la femme de bas en haut comme de la femme de haut en bas. […] Eh bien, au moment de me mettre à ce travail, je trouve que les livres écrits sur les femmes par les hommes, manquent, manquent… de la collaboration féminine, — et je serais désireux de l’avoir, cette collaboration, et non pas d’une seule femme, mais d’un très grand nombre.

193. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

… Ma femme ? […] Les femmes, un peu fiévreuses, un peu grisées, parlant haut ou chantonnant. De loin en loin, au milieu des gens assis à terre, un couple debout, où repose sur l’homme un geste de caresse de la femme. […] » une voix indignée de femme s’élève, et amène à sa suite, un brouhaha d’indignation dans la salle. Et cette voix indignée n’est pas celle d’une honnête femme.

194. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Pauvre femme ! […] Autour de cette jeune femme se sont donné rendez-vous tous les oisifs de la cour. […] Ces beaux jeunes regards s’arrêtaient, tout émus, sur cette femme qu’ils ne devaient plus revoir. […] quel courage chez cette femme ! […] Et puis l’on s’étonne que la critique protège jusqu’à la fin une pareille femme !

195. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Mais la grandeur d’un homme doit être double de celle d’une femme pour que cette grandeur paraisse égale… Les femmes sont toujours très exceptionnellement grandes quand elles le sont seulement un peu. […] Le roi René, je l’ai dit déjà, appartient à un temps où les femmes furent plus grandes que les hommes. […] Des femmes suffisaient. Il ne fut besoin pour l’éclipser que des femmes de sa propre maison. Sa mère, sa femme et sa sœur firent ombre de leurs facultés sur les siennes.

196. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

La Femme et l’Enfant Alphonse Jobez. La Femme et l’Enfant, ou Misère entraîne oppression. […] Cette méprise, et, tout ensemble, cet esclavage du système, ont communiqué à la partie qui traite du sort de l’enfant et de la femme une sécheresse incompatible avec le sujet. On s’attendait réellement à mieux qu’à des détails, intéressants d’ailleurs et d’une grande variété de renseignements, sur les souffrances et l’état d’abaissement de la femme et de l’enfant chez tous les peuples de la terre. […] Modifier ingénieusement le cadre dans lequel on pose aujourd’hui la question de la misère, la traiter au point de vue du double intérêt de l’enfant et de la femme, ne change rien à la solution connue et au mot d’ordre de l’école : produire dans l’ordre matériel.

197. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Les Femmes et la société au temps d’Auguste Blaze de Bury, Les Femmes et la société au temps d’Auguste. […] Dans l’Antiquité, en effet, comme l’a très bien remarqué l’auteur des Femmes au temps d’Auguste, il n’y a pas de critique historique. […] Blaze de Bury s’est rajeuni en écrivant ses Femmes au temps d’Auguste. […] Et cependant, il faut être juste, l’auteur des Femmes au temps d’Auguste n’est pas uniquement un romancier. […] L’historien des femmes sous Auguste sera lu par les femmes de ce temps sans Auguste.

198. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

D’autres y voient toujours la peau de la femme et sa tentation. […] Dans la visite des chambres, il entend un frôlement de robe, aperçoit un pied sous un lit, tire à lui un bas de soie noire, au bout duquel il y a une jolie femme, et encore un autre pied et une autre jolie femme. Des deux femmes, il fait ses maîtresses à tour de rôle. L’après-demain, survient un de ses amis qui lui dit : « Tu es heureux, toi seul as des femmes ! […] Les deux femmes alors hissées sur un cheval que Penguilly trouve par un heureux hasard à acheter.

199. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Or, ce frère est un monsieur très sombre, très puritain, et qui pleure une femme morte. […] Mais on dit maintenant une Clarisse de toute femme — allez ! […] ne révèle aucune personnalité de femme dans ce dessin vide qu’on a pris pour elle. […] Ce sont des femmes que la civilisation et ses modes actuelles ont mâchonnées et chiffonnées. […] Je crois très bien à cette rupture dans les passions et la férocité d’une femme.

200. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Et votre femme ? […] Enfin elle est femme. […] A présent, que va-t-il faire de sa femme ? […] oui, c’est la même femme. […] Pascal entre alors : « Veux-tu ma femme ?

201. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

. — Hommes et femmes célèbres de cette société. […] Maintenant, il est nécessaire de revenir sur la société des femmes d’élite, durant les dix années que nous venons de parcourir, d’en reconnaître l’état et de voir ses progrès. […] « C’était une femme grande, de belle taille et de bonne mine. […] Mais bientôt, à cette effervescence ou à cette légèreté que la mode favorisait, succéda une de ces passions qui placent les femmes hors des lois générales, sans les mettre au-dessus. […] Voilà la route que Dieu avait marquée à cette jolie femme… » Madame de Sévigné ne savait pas tout.

202. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

La plupart des éducateurs sont des philosophes individuels, caressant leur chimère, comme la femme du camée antique. […] Femme honnête et du monde, voilà tout ! […] C’est un moraliste de petit salon, qui épingle des observations assez fines, sur le métier à dentelles d’une femme… La femme, avec sa simplicité, sa raison dans les petites choses, son expression fluide et gracieuse, a été assez bien jouée par lui. […] C’était effectivement une femme comme madame de Créqui (la Créqui des lettres publiées par Sainte-Beuve) qu’il fallait pour mère à Adrien. […] Du reste, en acceptant ce type de femme, nous disons que Corne a su l’animer, et parfois jusqu’à l’illusion.

203. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Les poésies de Mme Desbordes-Valmore sont remplies de ces grands noms ; le dernier surtout y est prodigué à un point qui frappe tout le monde et appliqué comme aucune femme ne s’en était encore avisée ; c’est que le ciel seul lui fournit des images proportionnées à une passion qui n’est qu’une perpétuelle apothéose : Dieu, c’est toi pour mon cœur ; j’ai vu Dieu, je t’ai vu ! […] Victor Hugo … Vous êtes la femme même, vous êtes la poésie même. — Vous êtes un talent charmant, le talent de femme le plus pénétrant que je connaisse… [Cité par Sainte-Beuve, Mme Desbordes-Valmore, sa vie et sa correspondance (1870).] […] Marcel Prévost Marceline Desbordes-Valmore incarne le type classique de la femme française, lettrée et sensible, de son temps. […] Georges Rodenbach Marceline Valmore est la plus grande des femmes françaises. À ceux qui insistent, aujourd’hui, sur l’infériorité des femmes, sur leur incapacité foncière et pour ainsi dire organique, il suffit de répondre par ce nom-là, une femme tout uniquement de génie, mieux que George Sand, trop consacrée, et qui, vraiment, ne fut, elle, qu’un homme de lettres.

204. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

La liaison de Benjamin Constant avec madame de Staël fut le malheur de cette femme politique. […] Mais cette rivalité devait retomber sur la femme assez téméraire pour y attacher ses espérances. […] Nulle part elle ne fut plus femme que dans Delphine ; elle ne perdit pas un enthousiasme, elle conquit des émotions. […] Femme, elle fut plus homme que les hommes : de trop illustres exemples pouvaient excuser sa faiblesse. […] Necker dont jeune il avait partagé les opinions libérales, l’ennemie de Napoléon, la femme éloquente, la femme poëte, la femme politique qui, par son exemple et par son influence, ramenait aux Bourbons les républicains convertis à la monarchie tempérée.

205. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Aux préventions romantiques dont elle avait hérité à l’endroit de la femme fatale, s’ajoutait l’influence de Schopenhauer, qu’elle venait de découvrir, et qui déniait à la femme toute vertu d’intelligence et de beauté. Schopenhauer entendait démontrer que la séduction de la femme est en nous. […] Les nouveaux venus auront un sens plus sûr des réalités et cesseront de rendre la femme responsable de leurs propres vices. […] À douze ans, dans un grenier, Rimbaud a connu toutes les femmes des anciens peintres. […] Ce n’est pas une femme, c’est un ange qui veille à ses côtés.

206. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Mais cette femme pleine d’affreuses pensées couvrira de sa honte toutes les autres femmes, et même celles qui auront la sagesse en partage. […] En quittant la maison nuptiale, la femme aimée a éteint les yeux des statues qui la décoraient. […] — « Oseras-tu le faire, femme, toi qui l’as tué ? […] Mais ne dis pas que je suis la femme d’Agamemnom. […] Il appelle femme — γυναι συ— le lâche qui a tué par la main d’une femme ; et dans une phrase d’une ambiguïté sarcastique, il l’affuble du sexe de sa maîtresse pour mieux l’avilir.

207. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

J’ai fait ce que j’ai pu pour mettre quelque ordre à nos affaires, où l’on ne laisse aux femmes que la gloire de l’économie. » Ce regret du rôle secondaire auquel sont réduites les femmes, percera plus d’une fois chez Mme de Lambert. […] Je n’oubliai rien pour lui sauver le ridicule attaché à la profession de bel esprit, surtout parmi les femmes ; je ne pus la persuader. […] Elle veut qu’une femme sache penser. […] On avait dit, dans la préface d’une traduction anglaise de ses Œuvres, qu’en écrivant sur les femmes elle avait donné son apologie. […] Elle s’en prend hardiment à Molière, au sujet du ridicule qu’il a jeté sur les femmes savantes.

208. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Bothwell, indépendamment du sang qui tachait ses mains, avait trois autres femmes vivantes. […] mon cueur, Vous me pensez femme sans jugement, Et tout cela augmente mon ardeur. […] Ces pensées étaient justes en politique, mais les avouer était humiliant pour une reine et surtout pour une femme, encore plus pour une parente. […] Ses femmes s’étant approchées : « J’aurois préféré, dit-elle, à cette hache une épée à la françoise. » Puis elle s’assoupit. […] Les comtes ayant gardé le silence, elle les supplia encore de permettre que ses femmes et ses serviteurs pussent l’accompagner et assister à sa mort.

209. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

S’agit-il enfin de l’amour pour la femme mariée ? […] Une femme mariée ne saurait être surprise. […] Ne touchez pas aux femmes des autres et défiez-vous des femmes de tout le monde. […] On compte les femmes qui ne sont pas romanesques. […] Préface de l’Ami des femmes.

210. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Ivre de notre sang, désastreuse beauté, Femme horrible ! […] Sa servante devint sa femme ; elle le trompait22 et le maîtrisait. […] Il réunissait volontiers chez lui quelques gens de lettres, même quelques femmes sensibles à l’esprit. […] Galant de tout temps auprès des femmes, il avait le madrigal24 aussi prompt que l’épigramme. […] Il est démontré que Le Brun vivait avec la femme de chambre de sa femme, et chez sa femme même.

211. (1802) Études sur Molière pp. -355

Si une femme veut réellement échapper aux poursuites d’un téméraire, a-t-elle besoin de lui susciter des embarras ? […] L’École des femmes. […] La comédie de L’École des femmes parut à Paris le 26 décembre. […] Devisé crut se signaler par une comédie en un acte et en prose, où, pour mettre les femmes de son parti, il affecta de rappeler ce vers de L’École des femmes : Et femme qui compose, en sait plus qu’il ne faut. […] Ne balançons pas à le dire ; aucun dénouement ne peut être comparé à celui des Femmes savantes.

212. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Je ne sentais ni la faim ni la soif, monsieur, et je dis à la femme du bargello que j’étais malade, pour me dispenser de m’asseoir à table avec ces braves gens. […] Il faut compatir, ma tante, à la vanité des femmes ; même quand elles vont mourir, elles veulent, malgré tout, laisser une image d’elles avenante, dans l’œil de celui qu’elles aiment. […] Quant à lui et sa femme, ils ne se couchèrent seulement pas, les braves gens, mais ils se relayèrent toute la nuit derrière la porte du préau, pour dire en pleurant les psaumes de la pénitence. […] En passant sur la grande place, devant la façade du palais du duc, voisin des remparts où j’allais mourir, je vis une femme, une belle femme, qui tenait un mouchoir sur ses yeux, agenouillée sur son balcon, et qui rentra précipitamment dans l’ombre de son palais, comme pour ne pas voir le meurtrier pour lequel elle priait Dieu. […] Ces saintes femmes s’occupent spécialement de la guérison des galériens dans leurs maladies.

213. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Ce qu’ils cherchent tous, hommes et femmes, c’est le plaisir ; et, si ce n’est pas toujours expressément ce que M.  […] Les hommes et les femmes continuent de faire, dans les salons, ce qu’ils faisaient aux âges lointains, dans les antiques forêts. […] On sent que le conteur a longuement regardé les femmes, et de près. […] Il prévoit à chaque instant ses propres mouvements et ceux de la femme qu’il aime ou qu’il se figure aimer. […] Quant aux jeunes filles émancipées et aux jeunes femmes, elles aiment avec trop d’esprit.

214. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Ollivier » pp. 299-300

Une femme a ses enfans égorgés à ses pieds, et elle est assise, tranquille dans la position et avec le caractère d’une vierge qui médite sur les événemens de la vie. Une autre femme veut arracher les yeux à un soldat ; cachez la tête du soldat, et vous croirez qu’on le caresse. […] Un meurtrier tient suspendu par un pied l’enfant d’une mère, et cette femme tend son tablier pour le recevoir précisément comme un chou qu’on lui mettrait dans son giron. […] Là un cheval cabré se précipite sur une autre femme, menace de la fouler elle et ses enfans, et cette femme lui oppose ses mains au poitrail si mollement que, si l’on ne voyait que cette figure, on jurerait qu’elle colle une image contre une muraille, c’est que le reste est ainsi et qu’il n’en faut rien rabattre. […] un portrait. — Une femme savante. du même.

215. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

C’était dans un paysage idéal du Midi, un déjeuner, le lendemain d’un mariage, entre la femme, le mari, et un ami. […] L’ami s’en allait, et dans le tête-à-tête, recommençant entre les deux époux, la femme disait à son mari : « Et moi aussi, j’ai aimé !… » et elle lui contait un passé coupable de femme. […] Et le décor est charmant autour de la femme. […] Ce ne sont plus des femmes, ce sont des morceaux littéraires.

216. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

C’est un jeune homme et une jeune femme. […] Il était parent de la femme de Janin qui l’intéressait à nous. […] Sa femme, une vraie paysanne, ne sait ni lire ni écrire. […] que de visites de femmes dites d’avance par le coup de sonnette. La première fois que la femme vient se rendre, quelle pudeur, un tout petit tintement !

217. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Une troupe de femmes éplorées erre dans son enceinte. « La veuve est vide », c’est un mot lugubre du livre de Job. […] Cette idée l’emporte jusqu’à la fureur, le mépris du guerrier barbare pour la femme éclate dans ses brutales invectives. […] Que jamais dans la prospérité ou dans le malheur aucune femme n’habite sous mon toit ! […] L’homme doit interdire à la femme de se mêler des affaires du dehors. […] Homère nous donne le plus antique exemple de cette intervention des femmes dans les funérailles.

218. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Ou sera-t-elle femme un tout petit peu ?  […] Et les femmes donc ! […] Mais je hais cette femme. […] Il a cinquante ans et sa femme en a vingt. […] Il s’amusait avec une petite baba (femme).

219. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Aimé Martin. De l’éducation des mères de famille, ou de la civilisation du genre humain par les femmes. »

De l’éducation des mères de famille, ou de la civilisation du genre humain par les femmes. […] Il l’a fait surtout avec une éloquence entraînante en ce qui concernait le rôle maternel des femmes. […] De nos jours pourtant on a compris que, de même que toute saine politique n’est pas dans un état de nature antérieur, toute la destination sociale des femmes ne se découvre pas dans une vague idéalisation de ce mot nature. […] Son livre repose sur cette vue très juste que dans le relâchement actuel de tous les liens et de toutes les disciplines, l’affection de la femme, de la mère, est ce qui reste de plus puissant sur les jeunes âmes et de plus tendrement respecté. […] Dès lors voilà la question du grand nombre et des pauvres qui revient, question plus terrible et plus funeste encore dans la destinée de la femme que dans celle de l’homme.

220. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

Dans la plupart d’entre eux, ce mouvement n’est que l’enragement de l’orgueil et la révolte contre leurs propres facultés, qu’ils méconnaissent, et contre leur fonction sociale, dont nulle femme n’a maintenant ni le souci ni l’idée. Les Bas-bleus sont trop d’un monde qui a perdu sa virilité pour ne pas croire, en se regardant et en se comparant, que les femmes sont égales aux hommes comme X est égal à X en algèbre, et pour craindre le ridicule devant lequel, — avec une pareille prétention, — elles auraient tremblé autrefois. […] Il eût été plus vrai de dire que quand tout le monde est ridicule, personne ne l’est… Or presque tout le monde actuellement a le ridicule de penser que l’homme et la femme ont la même tête, le même cœur, la même puissance et le même droit. […] Il peut rester à ces mutilés une tête virile, comme celle de Narsès, tandis que nous, nous mourons en proie aux femmes, et émasculés par elles, pour être mieux en égalité avec elles… Beaucoup de peuples sont morts pourris par des courtisanes, mais les courtisanes sont dans la nature et les Bas-bleus n’y sont pas ! […] L’Orgueil, ce vice des hommes, est descendu jusque dans le cœur de la femme, qui s’est mise debout pour montrer qu’elle nous atteignait et nous ne l’avons pas rassise à sa place, comme un enfant révolté qui mérite le fouet !

221. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Cette diablesse de femme, en effet, n’avait rien de commun avec le bas-bleu au miel humanitaire, bavant la paix, la fraternité, le bien de tous. […] Le bas-bleu qui gâte tout, jusqu’à la femme passionnée, le bas-bleu qui pue éternellement les livres qu’il a lus, n’a pas plus la vérité du cœur que de la pensée et manque autant d’originalité dans la passion que dans le talent. […] Une étincelle de talent peut quelquefois briller, même à travers l’extravagance ; mais aucune ne s’est jamais allumée, dans l’extravagance de cette femme à la vanité enragée ; hydrophobe de silence et d’obscurité. […] Son livre de l’Italie des Italiens pourrait s’appeler : Elle et ne serait pas trop Elle non plus, car Elle s’y peint, comme mère et comme femme — ce qui ne fait rien du tout aux Italiens, ni à l’Italie, ni à la vérité ! C’est, tout à la fois, la femme et la mère de Coriolan.

222. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

le misérable, indigne du nom de Samouraï, qui, au lieu de venger son maître, se livre aux femmes, au vin !  […] Quels heureux jours que ceux d’autrefois, quand il ne trouvait à faire aucun reproche à sa femme !  […] « C’est le modèle des femmes. […] Sa femme le regarda s’éloigner comme si elle venait de s’éveiller d’un songe. […] Ils égorgent les samouraïs de Kotsuké, dans l’effarement grotesque de grosses femmes, se sauvant chargées d’enfants.

223. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il arrive, tout souriant, pour épouser la femme qu’on lui a promise. […] Il prit le parti de le faire sans en rien dire à cette femme. […] Arnolphe dans L’École des femmes. […] Fille de Du Croisy, femme de Paul Poisson. […] Il loue chez les femmes l’éclat et la blancheur de leur teint, etc.

224. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Notre homme, enrichi, veut prendre femme, et encore veut-il que sa femme soit noble. […] de quelqu’un que les femmes ne nomment jamais ! […] la vanité, la légèreté, la coquetterie, et le néant de la femme qu’il aime ! […] L’amour d’un homme pour une femme n’a jamais été plus loin. […] Elmire, Henriette, c’est la même femme.

225. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Votre femme s’en passe quand elle lace son corset. […] Il est certain que c’est le goût des femmes. […] Pour sa femme, il la bat de temps à autre. […] —  Lui peut-être ; mais sa femme et ses enfants, fi donc ! […] quelle femme !

226. (1903) Propos de théâtre. Première série

» — s’écrie la jeune femme éperdue. […] Il a vaincu sa femme. […] une femme qui dit tout cela, et dans ces circonstances, c’est une femme qui aime ! […] Philaminte est une femme supérieure. […] La pauvre femme !

227. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Nous y rencontrons un homme et deux femmes. […] Je vais garder ma femme. […] Les femmes ont, parmi eux, la meilleure place. […] qu’elle est femme, cette femme qui veut être un homme ! […] Une sœur de la première femme de M. 

228. (1914) Une année de critique

Une Femme de chambre. […] On assure qu’il existe de ces femmes belles et glacées. […] (Bas, à la femme du romancier. […] Cela vaudrait mieux que de torturer méthodiquement une femme. […] À propos de la femme qu’il aima, toutes les théories sur la femme lui reviennent en mémoire.

229. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Les femmes font habituellement de la confidence le premier besoin de l’amitié, et ce n’est plus alors qu’une conséquence de l’amour ; il faut que réciproquement une passion semblable les occupe, et leur conversation n’est souvent alors, que le sacrifice alternatif, fait par celle qui écoute à l’espérance de parler à son tour. […] Les femmes, ayant toutes la même destinée, tendent toutes au même but ; et cette espèce de jalousie qui se compose du sentiment et de l’amour propre, est la plus difficile à dompter. […] Jamais le commun des femmes ne pourra supporter de chercher à plaire à un homme, devant une autre femme ; il y a aussi une espèce de fortune commune à tout ce sexe en agréments, en esprit, en beauté, et chaque femme se persuade qu’elle hérite de la ruine de l’autre. Il faudrait donc ou une absence totale de sentiments vifs qui, en détruisant la rivalité, amortirait aussi toute espèce d’intérêt, ou une vraie supériorité, pour effacer la trace des obstacles généraux qui séparent les femmes entre elles ; il faut trouver autant d’agréments qu’on peut s’en croire, et plus de qualités positives, pour qu’il y ait du repos dans elle, et du dévouement en soi ; alors le premier bien, sans doute, est l’amitié d’une femme. Quel homme éprouva jamais tout ce que le cœur d’une femme peut souffrir ?

230. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Elle grandissait sous l’œil d’une mère femme d’esprit, toute au monde, qui portait de la verve et une sorte d’imagination dans la plaisanterie, qui a eu de la finesse et de la sensibilité dans le roman, et qui a compté à son heure, comme dirait notre vieux Brantôme, à la tête de l’escadron des plus belles femmes de son temps. […] La Corinne de Mme de Staël était, en effet, le grand idéal alors pour toute femme célèbre. […] Singulière injure, de la part d’une belle femme, que d’appeler un homme Endymion. […] Et cet exemple, pour éviter tout parallèle voisin et désobligeant, je le prendrai chez un poète femme d’une autre nation. […] Cette femme avait bien de l’esprit.

231. (1929) Amiel ou la part du rêve

Ne peut-on posséder les idées comme les femmes ? […] C’est un ami des femmes, et l’ami des femmes n’est pas l’amant d’une femme. […] Mais ce que femme veut… Enfin on va ensemble, le soir. […] Elle deviendrait une femme parfaite. […] Il lui fallait des femmes, dans ses journées.

232. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

Le bargello et sa femme avaient un vilain métier, mais c’étaient de bonnes gens. […] La femme semblait dire oui, et le mari dire : Fais ce que tu voudras, peut-être bien que ton idée sera la bonne. […] non, me dit tout à coup la femme attendrie, pendant que le mari appuyait ce qu’elle disait d’un signe de tête, eh bien ! […] Mais qu’allais-je devenir au réveil du bargello et de sa femme ? […] Nous l’avons guéri, et ma femme a pour lui les soins d’une sœur.

233. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Elle était si contente de son lot, qu’elle regardait le savoir comme une chose très inutile pour une femme. […] Ce sont là des contes tels qu’on en dut faire sur le mari effacé d’une femme célèbre. […] Femme peu estimable, et dont quelques actions même sont voisines du crime, on se trouvait pris à son air de douceur et presque de bonté, si on l’approchait. […] Une seule femme y était admise avec la maîtresse de la maison : c’était Mlle de Lespinasse. […] C’est un Fontenelle qui, par cela même qu’il est femme, a plus de vivacité et un mouvement plus affectueux, plus sensible.

234. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Décidément cette femme est à gifler. […] Pour faire pleurer les femmes ? […] Oui, c’est vrai, seule entre les femmes de Corneille, Camille n’est qu’une femme. […] Elle est dix fois plus femme que Camille. […] Il tue ensuite une vieille femme.

235. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

* * * — Une femme entretenue de notre maison disait à sa bonne : « Vous pourriez bien dire : Madame, s’il vous plaît. — Tiens, je n’ai pas la force de parler, et il faut encore que je dise : Madame, et s’il vous plaît !  […] … Rachel… une femme plate ! […] Nous parcourons avec lui toute la maison et les interminables corridors du second étage, où d’anciens costumes de carnaval, mal emballés, s’échappent et ressortent de cartons à chapeaux de femmes. […] Les femmes mouillent leurs bottines dans l’herbe sans grogner. […] * * * — Le travail et les femmes, voilà ma vie !

236. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Or, l’élève était une belle, grande femme en chemise, ayant sur le dos la redingote du monsieur, et toute recouverte et voilée dans le bas de sa personne d’une vieille tapisserie qu’elle raccommodait pour la collection du bibeloteur sexagénaire. […] * * * — Une femme rencontrée en chemin de fer, et qui toussait. […] * * * — Une femme de ma connaissance disait qu’elle croyait pouvoir, sans se tromper, juger assez bien moralement les femmes qu’elle rencontrait dans la société, en les voyant manger : ainsi pour elle, une femme qui mangeait du foie gras, sans pain, était nécessairement une femme sensuelle. […] * * * — La littérature, c’est ma femme légitime, les bibelots, c’est ma p….. mais pour entretenir cette dernière, jamais, au grand jamais, ma femme légitime n’en souffrira. […] Un joli détail de coquetterie, confié par une femme du premier Empire à une de mes vieilles amies.

237. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 88-90

le Fevre, & femme de M. Dacier, née à Saumur en 1651, morte à Paris en 1720, a été la femme la plus savante ou la plus érudite que la France & peut-être les autres pays aient produite. […] Madame Dacier, après avoir long-temps résisté, se rendit à la priere de l’Etranger, & écrivit son nom avec un vers de Sophocle dont le sens est, le silence est l’ornement des femmes. […] Par-là elle se seroit épargné le juste reproche qu’on lui a fait de n’avoir pas été aussi polie que M. de la Mothe, son adversaire ; ce qui fit dire, avec raison, que celui-ci écrivoit comme une femme galante pleine d’esprit, & Madame Dacier comme un Pédant de Collége. […] Il est tant de femmes qui s’enthousiasment si mal-à-propos pour de minces Littérateurs qu’elles veulent mettre à la mode !

238. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Nous entrâmes dans un cabaret que tenait une pauvre femme. […] C’était Madame D…, la femme du notaire qui avait acheté Milly. […] C’étaient les femmes des anciens vignerons de M.  […] Les femmes nous servaient à qui mieux mieux. […] Deux femmes vêtues en religieuses s’en approchaient du côté opposé.

239. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Quelle femme, et c’est là sa vertu, peut être souverainement impartiale ? La femme est l’être passionné ou elle cesse d’être femme : la passion et l’impartialité s’excluent. […] Le génie, dans cette famille, semblait se perpétuer et se sanctifier par les femmes. […] Necker, n’en avaient que l’effort, les femmes en avaient le don. […] Il n’a manqué à cette femme, pour être la première des femmes d’action et des femmes de gloire, que l’échafaud de Marie-Antoinette ou de madame Roland.

240. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Mais la femme qui tua Kœnigsmark n’était pas une reine, une reine comme Christine, dont le cerveau avait dévoré le cœur et que l’orgueil rendit implacable. C’était une simple femme au cerveau de femme, au cœur de femme, aux passions de femme, mais, après tout, un de ces êtres rares dans toute histoire, et qu’à l’époque où elle vécut on aurait jugée impossible. […] De rang social, elle était la femme du comte de Platen, le maréchal du palais à la cour de Hanovre, et maîtresse du duc régnant (Ernest-Auguste, l’ancien évêque d’Osnabruck). […] Mais de telles appellations ne suffisent pas à l’imagination exigeante lorsqu’il s’agit d’une femme qui eût débouté Shakespeare de son génie et dépassé ses inventions ! C’est à cette femme, en effet, que Philippe de Kœnigsmark doit sa physionomie.

241. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

C’est la plus liante de toutes les femmes, qui commande par la douceur, et elle s’est fait constamment obéir ; ce qu’elle a fait à Londres dans sa jeunesse, elle le recommence ici. […] Mais il avait heureusement affaire à un cœur de femme qui ne se lassait pas de supporter ses tristesses. […] Madame Récamier ne laissa jamais fléchir sa justice de femme sous ces théories de convention ; elle n’était point femme de parti ; elle n’aimait ni le napoléonisme, ni l’orléanisme : la Restauration, légitime par son antiquité et moderne par ses institutions, était le régime de son esprit tempéré et juste ; c’est à cause de cette conformité d’opinion qu’elle avait pour moi quelque préférence. […] Toujours une femme, comme une nourrice du génie, au berceau des littératures. […] Je ne l’ai connue que par ses amis et je ne l’ai admirée que par sa fille, madame la duchesse de Rauzan, très jeune femme alors, en qui sa mère semblait, dit-on, revivre.

242. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

La femme le retient par le haut de son vêtement. […] Une femme nue n’est point indécente. C’est une femme troussée qui l’est. […] C’est la différence d’une femme qu’on voit et d’une femme qui se montre. […] Les femmes de la comtesse rioit de l’autre, c’est que la comtesse indécente pour ses femmes étoit décente, intéressante, pathétique même pour son cordonnier.

243. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

Sainte-Beuve, dont nous apprécions le talent incontestable, mais que tout le monde a connu jadis républicain et romantique forcené, soit aujourd’hui le favori de tous les salons ultra-monarchiques et classiquissimes, et de toutes les spirituelles femmes qui règnent dans ces salons ? […] Est-ce que les femmes doivent jamais venir en aide à ceux qui abjurent ? […] c’est très-grave ; tout est perdu, tout est fini dans un pays où les renégats sont protégés par les femmes ; car il n’y a au monde que les femmes qui puissent encore maintenir dans le cœur des hommes, éprouvé par toutes les tentations de l’égoïsme, cette sublime démence qu’on appelle le courage, cette divine niaiserie qu’on nomme la loyauté. […] Ces discours académiques inspirent toujours un grand effroi, même aux hommes habitués à paraître ailleurs en public ; la quantité de femmes et de chapeaux roses qui émaillent l’auditoire ne nuit pas à ce genre d’émotion. […] En un mot, chacun des deux orateurs a eu son succès ce jour-là, et l’Académie française n’avait pas offert depuis bien longtemps une fête si goûtée du public, si brillante et si remplie ; les femmes s’étaient logées jusque derrière le fauteuil de M.

244. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Ce n’est que dans la seconde moitié du xviie  siècle que les femmes de la société se sont piquées d’honneur et se sont mises, dans l’usage ordinaire, à vouloir écrire convenablement. […] On dira encore à une femme : Soyez élégante ; mais comment lui dire : Soyez propre ? […] Ces femmes très élégantes, élevées dans la première moitié du xviie  siècle, en manquaient, et Mme de Bregy en est une bonne preuve. […] Duclos, le philosophe cynique, soutenait un jour qu’on pouvait se permettre bien plus de libertés en paroles devant les honnêtes femmes que devant celles qui ne le sont pas ; il était alors entre deux femmes de la Cour, et il se mit à leur faire un conte si fort et si salé que l’une d’elles s’écria : « Ah ! […] Et je ne sais pourquoi je n’ai l’air de parler ici que des femmes : les hommes y manquent bien souvent.

245. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Quarante ans après l’avoir perdue, il est mort dans les bras d’une seconde femme, mais le nom de la première dans la bouche et son image au fond du cœur. […] proscription des nourrices, qui donnent un lait salubre et pur au lieu du lait appauvri ou fiévreux des femmes du monde. […] L’ivresse monta à la tête de la France et surtout des femmes ; son nom courut avec ses notes sur toutes les lèvres. […] Il revient à Paris, et accepte un ermitage d’opéra dans le coin du jardin d’une femme galante, madame d’Épinay, à l’ombre de la forêt de Montmorency. […] Voilà le maître d’une véritable esclave de ses plaisirs, qui ne laisse pas même à cette femme, victime de sa débauche comme maîtresse, victime de sa cruauté comme mère, l’illusion d’un amour exclusif, mais qui la rend, sans délicatesse, confidente ou témoin de ses infidélités avec des femmes vénales, ou de ses passions quintessenciées pour des femmes aristocratiques, qui lui permettaient les équivoques adorations de l’imagination pour leur beauté, ne voulant pas être amantes, mais consentant à être idoles !

246. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

» s’écrie la malheureuse femme, se plantant devant vous, avec une interrogation folle des yeux et de la bouche, et sur votre silence, reprenant sa course, le dos baissé. […] Cette nuageuse esquisse représente sa femme en robe blanche, couchée dans un hamac, mais presque perpendiculairement, et comme debout. […] En arrivant à Saint-Germain, je trouve aujourd’hui la malheureuse femme, comme calmée, apaisée, pacifiée. […] Ce soir éclate une amusante discussion entre le mari et la femme, à propos de Michel Montaigne. […] Des cheveux tout blancs, une figure toute jeune, une voix légèrement voilée : c’est le portrait de l’aimable femme.

247. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Son étude de Femme nue est une chose commune et qui a trompé son talent. […] Partie inférieure : Réhabilitation de la femme ; un ange brise ses chaînes. […] Haffner a, dans la petite galerie, à une très-mauvaise place, un portrait de femme du plus bel effet. […] C’est un prétexte à jolies femmes, à ombrages, et à tons variés quand même. […] Les épaules et le dos de la femme ne sont pas dignes de ses hanches et de ses jambes.

248. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Pauvre petite femme ! […] Cette femme, qui a été sa femme, ne peut être à ses yeux qu’une gourgandine et une coquine. […] Cette femme a une puissance en elle. […] Danielo se récrie d’horreur : « Tuer une femme ? […] Elle, ne comprend pas très bien qu’il y ait « les femmes qu’on aime et les femmes où l’on aime ».

249. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

La femme tombée se redressa courroucée, les yeux éclatants de larmes et de larmes. […] Le voilà déjà dur et brusque envers la jeune femme. […] L’insinuation glisse encore sans avoir pu darder sa piqûre : la jeune femme écrase ce serpent, et ne l’a pas même aperçu. […] Il parle à son vieux père comme s’il le frappait ; il insulte et il méprise la femme qu’il chérissait la veille. […] La jeune femme, effrayée, ne comprenait rien à la rage d’amour de ce gentleman si correct et si réservé tout à l’heure.

250. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

La Femme de quarante ans, la plus belle perle du Nœud gordien, est un renchérissement plein de ressources et de grâce sur la Femme de trente ans. […] Le baron de Bergenheim, jeune homme de vieille race, et qui en a toutes les allures, officier d’ordonnance sous la Restauration, et que Juillet a jeté dans ses terres, court le sanglier, songe peu à sa femme, la croit froide et sûre, et, au moindre soupçon, laverait la tache dans le sang. […] La conclusion, beaucoup moins orageuse de la Femme de quarante ans, me paraît d’autant plus vraie, plus conforme, dans son ironie, à ce qui se passe chaque jour, même chez nos plus dévorants, dont aucun encore n’est si ensanglanté sous son gant jaune, qu’il voudrait le faire croire. […] Dans la Femme de quarante ans, par exemple, il est peu nécessaire, pour nous égayer, de comparer une grosse dame, en robe blanche et en cachemire vert, qui exhale force odeurs, à une espèce de botte d’asperges au musc. […] En l’attendant à ses prochaines œuvres, qui auront à satisfaire une curiosité à bon droit exigeante, nous conclurons en redisant dans notre satisfaction toute vive : lisez Gerfaut, lisez surtout la Femme de quarante ans.

251. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

Les anciens avaient des hommes pour amis, et ne voyaient dans leurs femmes que des esclaves élevées pour ce triste sort. […] Les anciens n’avaient de motif de préférence pour les femmes, que leur beauté, et cet avantage est commun à un assez grand nombre d’entre elles. […] Les femmes n’étant point, pour ainsi dire, responsables d’elles-mêmes, vont aussi loin dans leurs paroles que les sentiments de l’âme les conduisent. […] Toutes les vertus des anciens étaient fondées sur l’amour de la patrie ; les femmes exercent leurs qualités d’une manière indépendante. […] Les modernes, influencés par les femmes, ont facilement cédé aux liens de la philanthropie, et l’esprit est devenu plus philosophiquement libre, en se livrant moins à l’empire des associations exclusives.

252. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Les étrangers que cette femme nous amène ne courent-ils pas la nuit dans la bonne ville d’Édimbourg, ivres et perdus de débauche ? […] Elisabeth, fille de Henri VIII, moins femme qu’homme d’État, n’était pas de caractère à laisser périmer ce droit de médiation. […] Il y avait de l’adolescent dans son visage et de la femme dans sa taille, trop svelte et trop chancelante pour un roi. […] Mais le cœur des femmes a plus de mystères que la magie elle-même n’en peut expliquer. […] Le poëte Byron, qui descendait de lui par les femmes, a peint avec des couleurs de famille son ancêtre dans son poëme sombre et romanesque du Pirate.

253. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Pauvre bouc émissaire des iniquités de sa femme ! […] Son contrat lui défend de toucher à la fortune de sa femme. […] Montrigaud, survenu, est invité à ce pique-nique de famille, — ni hommes, ni femmes, tous bohèmes. […] D’abord, il tue une femme, ce qui est toujours répulsif et brutal. […] Or il boude sa femme dès les premières scènes ; il la guette, il la soupçonne.

254. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Ce n’était ni une femme d’esprit, ni une femme de caractère qui trouve en elle quelque chose de ferme à quoi s’appuyer. […] Il n’avait d’allemand que ses cheveux, ces célèbres cheveux blonds, et jusque dans son sentiment pour les femmes il était un Français encore, bien plus près de la galanterie et du libertinage que de l’amour. […] Et, dans la rage de l’amour exaspéré auquel cette Image accomplie de femme ne donnait rien, le mendiant ne devint pas voleur, quand l’honneur d’un pareil amour et d’un pareil désespoir était peut-être de le devenir ! […] Les femmes valent-elles par l’âme, de la part d’une autre âme, cet effacement, cet anéantissement dans l’amour ? […] Énigme de corps ou énigme d’âme, quoi qu’elle soit dans l’un ou dans l’autre, laissons ce problème d’une femme qui n’aime point, et qui, par ce côté, ressemble au Démon : « le malheureux qui n’aime pas ! 

255. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Elle fut tenue sur les fonts baptismaux par François de La Rochefoucauld, et la comtesse de Neuillan, femme du gouverneur de Niort. […] Constant d’Aubigné ayant été transféré au château Trompette, sa femme l’y suivit, et y fit venir Françoise leur fille, pour la ramener à la religion catholique. […] L’amour d’une femme qui plaît et se respecte a des charmes incomparables avec ceux de toute autre, et une puissance sans égale. […] Donnez à une femme le don de plaire, un peu d’amour, un grand respect d’elle-même affermi par l’ambition d’être considérée, et voilà une impératrice de Russie et une femme légitime du plus puissant roi de l’Europe. […] Madame Scarron, annoncée au roi comme une femme agréable, fut admise à lui faire ses remerciements.

256. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Il n’est guère de cœur de femme qui ne comprenne cette passion une et multiple, une, par l’objet auquel elle s’attache, multiple, par les diverses raisons de son attachement. […] Combien de séduction pour cette femme dont la considération, seule gloire des femmes, avait été la première idole ! […] Le roi trouvait dans madame Scarron une femme qui lui plaisait et une femme qui lui convenait. […] À quoi aurait servi d’opposer son honneur aux désirs d’un prince, source de tous les honneurs, et habitué à croire qu’il élève les femmes par les fautes mêmes où il les abaisse ? […] (Elle était alors femme du roi.)

257. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il a fallu en venir à Mlle Rachel pour que tombât cette dernière barrière et pour que non seulement des femmes du monde, mais des jeunes filles de la plus haute condition, aspirassent à l’amitié d’une femme de théâtre. […] On était à une fin de mois, et, pour de trop bonnes raisons, il n’y avait que juste assez pour deux sobres estomacs de femme. […] De toutes les femmes qui écrivent, vous êtes incontestablement aujourd’hui celle qui a le plus de sensibilité et de grâce. […] que dis-tu de la séparation de Garat et de sa femme… c’est-à-dire sa femme… c’est égal, je l’appellerai toujours Mme Garat, c’est nécessaire pour la société. […] Cette séparation d’avec sa femme lui a fait beaucoup de mal.

258. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Chaque femme tuera son époux égorgé de deux coups d’épée. […] Il y a encore les Amazones, les femmes sans mâles, qui vivent de chair crue. […] Un dieu vient de passer entre lui et ces femmes, déjà sévère et presque indigné. […] Une femme qu’on abandonne n’est plus rien, la force guerrière n’est pas dans son cœur. […] Les femmes surtout étaient la proie convoitée, la fleur du butin.

259. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Il y avait des femmes, des élégances et des mœurs qui saisirent son imagination et, il faut bien dire le mot, qui la corrompirent. […] Si la réhabilitation d’une pareille femme n’est pas complète et reste équivoque, elle n’a pas de sens, ou, ce qui est pis, elle en aura un qui sera dangereux. […] Le cœur de l’historien est parti, mais la femme politique est-elle venue ? […] Y avait-il vraiment l’étoffe d’une femme politique dans cette jupe relevée ? […] Dressée à cette politique de l’intrigue et de la coterie, comme un faucon qui n’a pas même besoin du sifflet de ses fauconniers pour obéir, ils la lançaient et la ramenaient à leur gré… Elle avait la souplesse, la docilité et les jolis mouvements de la femme qui reste femme.

260. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

» phrase qu’il fit suivre à peu près de ceci : « Vous dites à une femme, je vous aime ! […] Il se met à me parler de sa femme qui était morte. Les Russes ne sont pas en général tendres, et celui-ci me parlait de sa femme avec une tendresse inexprimable. […] La femme, sous son ébauchoir, prend l’aspect caricatural, qu’aurait un véritable antique, copié par Daumier. […] La femme cause politique, et l’homme parle d’amour.

261. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Qu’est-ce qu’une femme ? […] Il ne nous suffisait pas de voir arriver, avec le flot montant de la démocratie, la femme potache, la femme professeur, la femme médecin, la femme en pantalon, le petit zouave bicycliste. […] Plus d’hommes ni de femmes ! […] La femme qui disparaît, c’est la femme du passé ; l’autre, c’est la femme de l’avenir. […] Mais ma femme le lit d’un bout à l’autre.

262. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Il s’avisa, un beau jour, d’en éprouver d’affreux remords et de s’en ouvrir à sa femme. […] où ma femme est-elle allée chercher tout cela ? […] Valmore a cessé de trouver étrange l’ardeur de certains vers de sa femme. […] … Mars m’avait écrit qu’elle me réunissait à dîner avec Dumas et sa femme. […] Vous savez qu’il s’était attelé à la gloire de cette humble femme.

263. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Par son instinct de femme, elle comprit à l’avance la tolérance comme L’Hôpital, comme Henri IV, comme Bayle lui-même. […] La compagnie étant au nombre de dix, tant hommes que femmes, et chacun faisant par jour son histoire, il s’ensuivra qu’au bout de dix jours on aura achevé la centaine. […] » On sent que même les honnêtes gens et les femmes comme il faut de ce temps-là sont, quoi qu’ils fassent, des contemporains de Rabelais. […] Il s’agit, chez Marguerite, d’un marchand, d’un tapissier de Tours qui s’émancipe auprès d’une autre que sa femme, et qui est aperçu par une voisine ; craignant que celle-ci ne jase, ce tapissier, « qui savait, dit-on, donner couleur à toute tapisserie », s’arrange de manière à ce que bientôt sa femme consente comme d’elle-même à faire une promenade au même endroit ; si bien que, lorsque la voisine veut ensuite raconter à la femme ce qu’elle a cru voir, celle-ci lui répond : « Hé ! […] C’est le temps où les honnêtes femmes disent et débitent hautement des contes à la Roquelaure.

264. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Il les aimait comme ce monstre camard de Gibbon, qui n’avait pas le physique de son goût, et dont le visage causa une si grande peur à l’aveugle Madame du Deffand, quand elle l’eut embrassé et tâté, croyant que ce n’était pas un visage… Gibbon et Sismondi recherchaient beaucoup la société des femmes, par amour du contraste, probablement. La légèreté de la conversation des femmes, l’agilité de leurs fines articulations intellectuelles, étonnaient et charmaient, comme Miranda charme Caliban, ces esprits d’érudits, massifs et lourds, chargés de notions, et qui semblent faits pour le monde comme les éléphants pour marcher sur le tapis d’un salon. […] … Les lettres, cette causerie par écrit, l’écho prolongé et soutenu de cette autre causerie de vive voix dont il ne reste plus rien quand elle est finie ; les lettres, cette immortalité de la causerie, sont d’ordinaire le triomphe des femmes, et même des femmes les moins faites, à ce qu’il semble, pour triompher… Presque toutes — c’est affaire de sexe et d’organisation sans doute — montrent dans leurs correspondances des grâces d’esprit, humbles ou fières, des aisances, des spontanéités, des finesses, des manières de dire ou de sous-entendre, que sur place bien souvent elles n’ont pas dans la conversation. […] Et ce doivent être aussi des Madame de Staël et des Madame de Souza ; car il est impossible que de pareilles femmes, qui ont prouvé leur supériorité dans des livres puissants ou délicieux, n’aient pas laissé des lettres plus elles-mêmes encore que leurs écrits, et qui, pour cette raison, nous les feraient aimer et admirer davantage. […] Celles de Madame de Souza à la comtesse d’Albany, son amie, quoiqu’elles ne réalisent pas certainement toute l’idée que l’imagination se fait de la manière d’écrire d’une femme comme Madame de Souza, sont cependant empreintes çà et là de cette exquise personnalité qu’on avait entrevue à travers les livres délicats qu’elle a publiés.

265. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Nous frappons à la porte, et nous trouvons, dans une loge toute noire, les deux femmes qui nous attendent, lumineusement blanches, en une pénombre de crépuscule. […] Dans les fonds, entre les décors, des silhouettes d’hommes et de femmes s’entassent et remuent confusément. […] Et ce qu’on vient de trouver de mieux en ce genre, c’est d’habiller les femmes en militaires : de greffer le chauvinisme sur l’érotisme. Une femme ayant un beau c… et des jambes pas trop cagneuses, et qui sauve le drapeau français : on conçoit que c’est irrésistible. […] Mon rêve en chair et en os… » Mais il doit arriver souvent pour cette femme, ce qui arrive pour la maison dont on devient passionné, toqué, — elle est louée.

266. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Elle est femme, et rien d’humain ne lui est étranger. […] Pourquoi, devenue femme, a-t-elle éprouvé pour Shakespeare tant d’horreur avant de l’aimer ? […] Lysidas lui-même n’aiment pas L’École des femmes, à supposer que M.  […] Date de la première représentation de La Critique de l’École des femmes. […] La Critique de l’École des femmes, scène vii.

267. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Parent de la femme de Lucien par ma mère, j’ai eu moi-même l’occasion de connaître cette femme, que son mari avait préférée à un sceptre. […] Il habitait ses palais de Toscane ; sa femme habitait son palais et ses villas impériales de Rome. […] À cette époque, cette femme était quelque chose de fragile qui pouvait se consolider ou se briser, selon le sort. […] Léopold Robert donnait aux deux femmes les soins de l’amitié. […] L’homme souvent traduit mal le cœur de la femme ; souvent aussi l’expression, sous une plume de femme, dépasse la pensée, quand elle écrit à celui par qui elle se sent aimée ; il y a une politesse tendre du cœur qui flatte et qui prolonge l’illusion d’un ami.

268. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Diffusion de l’esprit philosophique : salons, gens du monde et femmes. […] Ces femmes, pourtant, sont « philosophes » : elles se passent de Dieu avec sérénité. Le xviiie  siècle a créé le type de la femme absolument, paisiblement irréligieuse. […] Chérubin est l’enfant en voie de passer homme, qui ne connaît pas la femme, et que la pensée de la femme obsède, tout bouillant de désirs effrontés et timides. […] Mme de la Live d’Epinay (1726-17S3), femme d’un fermier général, logea Jean-Jacques à l’Ermitage ; Grimm remplaça Rousseau dans son amitié.

269. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

On est certain que le colonel n’épousera jamais cette femme sans cœur et sans âme ; sa rivalité cesse avec son amour. […] Maître Guérin succède à sa femme, muni d’un argument plus irrésistible. […] L’honneur d’une femme serait trop fragile, s’il suffisait, pour le briser, de l’algarade du premier venu. […] D’ailleurs, on peut ruiner sa femme, mais on ne ruine pas sa maîtresse. […] Ce n’est plus à la femme mariée, c’est à la jeune fille qu’il écrivait la lettre trouvée par Lucien.

270. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Une jeune femme, de sens exigeants, avait un amant qui la contentait, mais qu’elle avait pris presque au hasard. […] La femme pourrait fort bien être une fille ; le premier amant, quelque rôdeur de barrière, et le second, quelque garçon boucher. […] Vous apprendriez sans nulle surprise que la femme s’appelle Titine, et l’un des homme Bibi, et l’autre la Terreur des Ternes. […] C’est une femme très élégante et très distinguée. […] Depuis des siècles immémoriaux la femme est faite au partage.

271. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Cette femme vierge et mariée au plus singulier des savants, M.  […] Tout cela est charmant… Or, cette femme, une nuit, en chemin de fer, à moitié endormie (je ne discute aucune des circonstances qui s’entrelacent autour d’elle, cherchez-les dans le livre !), cette femme si pure est profanée par le baiser d’un inconnu, — le baiser d’Iblis, comme diraient les Contes Orientaux. […] La Comtesse Alice 29, elle, ne nomme qu’une femme, et même une femme comme les autres… quand elles sont charmantes. […] Pour toute femme et pour tout lecteur, une pareille apparition pourrait empêcher à jamais l’amour de l’une et l’intérêt de l’autre.

272. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Elle s’appelle la femme ; elle est née de l’homme. […] Le caractère de la femme est admirablement tracé dans la fatale chute. […] L’Écriture nous peint toujours la femme esclave de sa vanité. […] Telles femmes, pendant la révolution, ont donné des preuves multipliées d’héroïsme ; et leur vertu est venue depuis échouer contre un bal, une parure, une fête. […] Ce désespoir, si bien attribué à une femme, tant par son excès que par sa générosité, frappe notre premier père.

273. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Impossible de parler à un homme sans se mettre à ses ordres, et à une femme sans se mettre à ses pieds. […] Les femmes qui l’ont érigée en obligation sont les premières à en sentir le mensonge, et à regretter, parmi tant de froids hommages, la chaleur communicative d’un sentiment fort. […] Pour la première fois, on voit des femmes accompagner leur mari en garnison ; des mères veulent nourrir, des pères s’intéressent à l’éducation de leurs enfants. […] ma femme, notre cher enfant est mort puisqu’on ne veut pas que je le voie ». […] Un prince, passant une revue, dit aux soldats en leur présentant la princesse : « Mes enfants, voici ma femme ».

274. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

C’était une femme accomplie. […] Sa surdité l’empêchait de participer aux agréments de cette société très-distinguée, mais sa femme et ses filles attiraient chez lui la cour et la ville. […] Peu de temps après son arrivée dans le château, la jeune femme avait appris que son mari n’avait désiré en elle qu’une concubine de plus, et que sa couche légitime devait être partagée par une femme étrangère, maîtresse absolue du château. […] Elle l’avait ramenée à Paris, où elle n’osait la laisser sortir sans précaution, de peur des entreprises de son mari pour recouvrer sa femme. […] Cette jeune femme était morte bientôt après son mariage, brûlée dans son appartement en faisant sa toilette pour aller au bal.

275. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

On peut juger un homme public, mort ou vivant, avec quelque rudesse ; mais il me semble qu’une femme, même morte, quand elle est restée femme par les qualités essentielles, est un peu notre contemporaine toujours ; elle l’est surtout quand elle n’a cessé de se continuer jusqu’à nous par une descendance de gloire, de vertu et de grâce. […] Obligée, par mon état de femme, de captiver les esprits, j’ignorais toutes les nuances de l’amour-propre, et je le révoltais quand je croyais le flatter. […] Dans ses manières, dans son langage, ce n’était ni l’air ni le ton d’une femme élevée à l’école des arts, formée à l’école du monde. […] Necker, éditeur des cinq volumes de Mélanges posthumes de sa femme, et qui semble en tout les approuver. […] Elle n’eut point, comme tant d’autres femmes, le regret de la jeunesse qui fuyait et de la beauté évanouie.

276. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Sur le fond, entre ces deux femmes, deux esclaves froides et pauvres. […] Debout, le coude gauche posé sur l’extrémité du même meuble, une femme. Ah, quelle femme ! […] Encore un mot, mon ami, sur cette femme charmante. […] portrait d’une femme qui brode au tambour. du même.

277. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Intrigues de sa femme ; il lui pardonne. […] Histoire de Beauval et de sa femme. […] Critique de ce poème par une femme. […] Engagement de Beauval et de sa femme. […] Les Femmes savantes.

278. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

était-ce faiblesse de femme qui se détourne d’une rivale ? […] Quoi qu’il en soit, on ne peut éviter de rapprocher en idée ces deux femmes illustres et de les comparer. […] Delphine, palpitante et dont le sein se gonfle, un peu femme du Nord, ne craignait pas de montrer sa harpe et de laisser flotter sa ceinture. […] Comme cette femme soutient le regard au point de vue de la réalité ! […] Les femmes comme Mme Roland sauront toujours se faire leur place, mais elles seront toujours une exception.

279. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

Avant qu’il fût de retour, le petit redescendit de la toiture avec sa mère et s’empara de la flûte d’Ybilis, puis il reprit sa place sur le dos de la femme, et tous deux regagnèrent le village. […] Le soir, quand le bilakoro rassembla ses moutons pour regagner le village, Ybilis prit la forme d’une femme très belle et le suivit ainsi jusqu’à la case de ses parents. […] Il reconnut du premier coup d’œil à qui il avait affaire mais il dissimula : « Cela va bien, répondit-il, et je vais te prendre pour femme ». […] Après s’être lavé, il vint trouver Ybilis : « Femme, lui dit-il, c’est à ton tour d’aller te laver. […] Derrière moi… Les femmes indigènes dorment « derrière » leurs maris, d’après le conteur, c’est-à-dire entre leur mari et le mur.

280. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

la Métaphysique et la Morale, est comme toutes les femmes de son temps une incrédule, dont le bon sens, très sûr, mais circonscrit, n’est jamais monté jusqu’à Dieu. […] … » Horace Walpole nous raconte bien qu’elle aurait voulu être dévote, et on aurait pu lui répondre, comme le grand Condé à cette femme qui disait que, si elle était homme, elle voudrait mourir d’un coup de canon : « Pardieu ! […] pour ma part, je ne connais pas de livre ascétique qui donne plus le mépris du monde que ces lettres d’une femme du monde qui eut, durant ses quatre-vingts ans, le monde à ses pieds, et qui, en mourant, lui disait : « Raca !  […] Madame de Choiseul n’a pas la passion de cette vieille aveugle qui ne passe pas pour passionnée, mais qui l’est, et qu’on a voulu nous donner pour un Fontenelle en femme. […] Je n’aime point qu’une femme se tortille dans des mots comme celui-ci : « Je monte à cheval pour me faire peur », ou qu’elle joue à la froideur — cette fureur des hypocrites ou ce cynisme des impuissantes ! 

281. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

De sa femme il n’entend plus parler. […] Quoi de plus éloquent que cette dure apostrophe à Saint-Simon, dont il reconnaît pourtant le génie ; mais il s’agit d’une femme et d’un roi, de quelle femme et de quel roi ? […] Tous ces récits de maris qui trompent leurs femmes et de femmes qui le leur rendent bien, bouleversent les idées de la Périgourdine qui n’a qu’une exclamation : « Oh ! […] ce brave homme, sa femme le trompait tant qu’elle pouvait, … et avec qui ? […] Une femme de quatre-vingts ans portait un diamant au doigt.

282. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Même quand elles n’ont rien d’essentiel à cacher, les femmes ne sauraient que perdre en charme au texte d’un récit continu. Est-ce qu’une vie de femme se raconte ? […] À une femme qui la revoyait après des années, et qui lui faisait compliment sur son visage : « Ah ! […] Elle était sensible en effet à tout regard et à toute louange, à l’exclamation d’un enfant ou d’une femme du peuple tout comme à la déclaration d’un prince. […] C’est ainsi qu’une femme, sans sortir de sa sphère, fait œuvre de civilisation au plus haut degré, et qu’Eurydice remplit à sa manière le rôle d’Orphée.

283. (1922) Gustave Flaubert

Il disait au dîner Magny qu’il n’avait jamais possédé vraiment une femme, que toutes les femmes avaient toujours tenu pour lui la place d’une femme rêvée. […] Seulement la femme de lettres était une femme. […] C’est donc bien, après la femme sensuelle qu’y voit Brunetière, la femme romanesque qu’y voit Faguet. […] Pauvre petite femme ! […] il y a des femmes pareilles !

284. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Le rôle de mari de femme de lettres, de femme artiste, est sans doute délicat à porter : La gloire d’une épouse est un pesant fardeau. […] Et ceci n’est pas en contradiction avec ce qui a été remarqué de favorable à la femme. […] Il est d’autres cas encore où, même sans disposition formelle de sa part, le mari auteur sera présumé avoir enlevé à la femme cette survivance de ses droits : Par exemple, si la femme, lors du décès, a vu prononcer contre elle la séparation de corps, et si cette séparation n’a pas été éteinte par réconciliation. La femme alors n’est vraiment plus la veuve intéressante, la compagne unie et fidèle que nous vous avons présentée. […] J’allais oublier de rappeler à titre d’innovation, et d’une innovation juste qui a été suggérée par la fréquence des exemples, autrefois plus rares, que le mari de la femme auteur aura dorénavant le droit qu’avait seule autrefois la femme du mari auteur.

285. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Il mit même en roman breton un conte oriental, dont la femme de Salomon était l’héroïne. […] Mais pour la femme surtout, quel enivrement : servante plutôt qu’égale et compagne de son seigneur, elle se voyait brutalisée, traînée par les cheveux, dans les chansons de geste, et le mépris de la femme était comme un article de la perfection du héros féodal. […] Le règne de la femme commençait. […] Aussi de quelle passion les femmes devaient-elles lire ces romans de la Table ronde ! […] La femme, idole de la chevalerie mondaine, la femme qui donne et reçoit l’amour, est maudite et redoutée comme le moyen par où le péché est entré dans le monde : il ne lui sera pardonné qu’en faveur de la Vierge, mère de Dieu, si elle se garde pure comme elle.

286. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

— Oui, si la femme aime les enfants ; mais si elle ne les aime pas ? — Est-ce qu’il y a des femmes qui n’aiment pas les enfants ? […] On sent que cette simple enfant porte en elle toutes les qualités de nature qui font que la femme prudente est la providence du foyer. […] qu’un poète sait donc de choses, surtout quand il lui a été donné d’être tour à tour homme et femme, comme à feu le devin Tirésias ! […] La femme, Madeleine Blanchet, ne se doute pas de cet amour, et la seule idée qu’elle puisse être aimée ainsi n’approche pas d’elle, sinon tout à la fin.

287. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Lorsqu’on lit les lettres de Mme des Ursins, en les entremêlant de celles de Mme de Maintenon qui y correspondent, le caractère de ces deux femmes s’y dessine avec un contraste qu’elles sont elles-mêmes les premières à sentir et à nous indiquer. […] Mme de Maintenon aspirait à en sortir comme une femme et comme beaucoup trop d’hommes alors, comme une femme de sens qui voit de près le mal, qui en souffre en elle et pour ceux auxquels elle est attachée, qui n’a rien d’une héroïne, qui est toute résignée et chrétienne, qui voit la main de Dieu non seulement dans les revers redoublés et les défaites, mais encore plus directement dans les fléaux naturels, dans les hivers tels que celui de 1709 (dont on n’avait point eu d’exemples depuis plus d’un siècle), et dans la famine qui s’ensuivit. […] Le mal est que certaines femmes ont plus d’honneur qu’eux, et que leurs fautes nous rendent martyres de ce monde. […] Malgré d’heureuses et rares exceptions, il est bien clair que le beau siècle se gâte ; les jeunes femmes de ce temps-là sont étranges de mœurs et de manières ; elles vont être les femmes de la Régence. […] J’avais eu l’idée, en abordant Mme des Ursins, de marquer quelques-uns des inconvénients des femmes politiques, dont elle est un type pour ce qu’elles peuvent avoir de distingué, et aussi d’incomplet, d’agité, de fastueux et de vain.

288. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

La chambre des femmes en a retenti. […] Ayant à faire parler une nourrice, Eschyle lui donne la bonté bavarde et la naïve indécence des femmes de sa classe. […] En trois répliques, la femme est saisie, meurtrie, dévorée par la fureur qui s’abat sur elle. […] Les meurtriers sont couchés à la place où leurs victimes étaient étendues ; la femme qui se dressait sur le corps du père gît terrassée aux pieds de son fils. […] femmes esclaves, les voyez-vous comme des Gorgones, vêtues de robes noires, les cheveux entrelacés de serpents ?

289. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Cela n’est pourtant pas sans mérite pour une femme ; les trois quarts des artistes de l’académie n’en feraient pas autant. […] Cette femme pense qu’il faut imiter scrupuleusement la nature ; et je ne doute point que si son imitation était rigoureuse et forte et sa nature d’un bon choix, cette servitude même ne donnât à son ouvrage un caractère de vérité et d’originalité peu commun. […] On aurait donc clabaudé, on aurait dit : ils n’en veulent point, à la bonne heure, mais il faut que le roi ait un ou plusieurs tableaux d’une femme aussi célèbre… alors Cochin sachant que son ami Diderot s’y intéresse, fausse un peu la branche de la balance, appuie la demande : ce petit poids détermine ; les artistes crient ; on leur répond : que diable, la protection ! […] Le pauvre philosophe, dont on a mésinterprété l’intérêt, a été calomnié et a passé pour avoir couché avec une femme qui n’est pas jolie. […] Le pauvre philosophe a garanti l’honnêteté de cette femme.

290. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

On ne voit pas la possibilité du déchaînement supposé de l’hôtel Rambouillet en représaille des épigrammes et satires de Boileau, durant les derniers jours d’une femme de 82 ans. […] » Le 7 octobre 1655, à propos de l’estime que M. de Turenne lui avait témoignée pour elle : « … Il faut que je vous dise, madame, que je ne pense pas qu’il y ait au monde une personne si généralement estimée que vous… On s’accorde à dire qu’il n’y a point de femme de votre âge plus vertueuse et plus aimable que vous. […] Mademoiselle affectionnait particulièrement madame de Montausier, et le désir de mériter son estime, comme femme spirituelle, est entré pour beaucoup dans le motif qui l’a déterminée à composer son petit ouvrage. […] Du moment qu’elle fut établie, elle se plut à rassembler chez elle des hommes distingués dans les lettres, du nombre desquels était La Fontaine, que son goût portait vers toutes les femmes agréables, et qui leur savait plaire. […] On peut ajouter aux femmes de bonne compagnie de cette période madame de Scudéry, personne si différente de sa belle-sœur Madeleine et de Georges de Scudéry son mari, âgée de 19 à 29 ans.

291. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

La mère était une femme folle de plaisirs, et la maison toute pleine de joie et de danses. Un soir il invite la jeune femme à une mazurka. […] Ils causent, la femme un peu détournée de lui, et regardant le jardin. […] Le lendemain on lui a dit que la femme était partie. […] J’entends la voix de Hugo se mêler aux rires des femmes, au bruit des assiettes.

292. (1894) Textes critiques

De tapisserie aussi, un Iker. — Des Ranft ; d’Osbert la déjà connue Femme au Soleil et quatre panneaux derrière la vitre de la rosée. […] Cette attention donnée, tous les Hommes seraient beaux et quelques femmes.‌ […] Coulon : Jésus et la Femme, Etude, plaq. […] Quillard nommait récemment « le triste pasteur de Galilée », tous les désirs meurtris des femmes énervées qu’il a, depuis dix-neuf siècles, volées à la saine volupté. […] Catulle, sous prétexte qu’une femme avait saigné sur sa chemise, s’est retiré en traitant son adversaire de poltron.

293. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

quel charmant naturel dans le tracas de ces pères, de ces fils, de ces femmes ! […] Il est toujours revenu sur deux points : le mariage, et l’éducation des femmes. […] La femme à son goût, c’est ou la nonchalante et mondaine Elmire, ou la simple et sincère Eliante. […] L’École des femmes est jouée en décembre 1662 : c’est le plus grand succès de Molière. […] Becque, Molière et l’Ecole des femmes (Revue bleue, 10 avril 1886).

294. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Les jolies femmes sont exigeantes ; — c’est leur plus doux privilège. […] Si donc, — comme nous le disions plus haut, — on ne saurait bien peindre que ce qu’on a bien pratiqué, le règne des jolies femmes était passé, celui des femmes laides était venu. […] Le romantisme nous avait donné la femme horrible ; le réalisme nous gratifiait, lui, de la femme ignoble. […] Pour la seconde fois, l’avènement de la femme laide était ajourné. […] Mademoiselle Thuillier n’est pas une femme charmante, elle est la femme charmante.

295. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

ma femme, je ne l’ai pas trouvée ; elle était, je crois, au salut !  […] La séparation entre La Fontaine et sa femme était un moyen de parer, le plus possible, à la ruine imminente. […] Il y a été poussé, du reste, ce me semble, par son père et par sa femme. […] Et puis elle était extraordinaire comme femme s’intéressant aux sciences. […] C’est peut-être elle que Molière a visée dans le personnage de Philaminte, qui est aussi scientifique que littéraire, et c’est elle que, certainement a visée Boileau dans le portrait de la femme savante de la Satire sur les femmes.

296. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

» Sa femme fit « non » de la tête. […] Une femme était là : Lucie. […] Un cadavre était là : celui d’une femme. […] Je vis avec une autre femme. […] Est-ce qu’une femme n’en vaut pas une autre ? 

297. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Une femme, jeune, jolie, et qui paraît n’avoir pas été du tout une mauvaise fille, est morte ensanglantée par deux opérations chirurgicales. […] Ce qu’avaient fait cette jeune femme qui est morte et cet homme qui s’est suicidé, est qualifié de crime et par la morale religieuse et par le Code. […] Un mari découvre à la fois que sa femme a un amant et qu’elle doit être mère, à une échéance très éloignée, aussi éloignée qu’elle peut l’être. Je suppose qu’il aime sa femme, et qu’il lui pardonne, et qu’il la veuille garder. […] Si la police avait les facilités d’investigation du Diable boiteux et la volonté de s’en servir… quelle belle rafle de « femmes du monde » elle pourrait faire !

298. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Toutes les femmes que nous avons citées étaient honnêtes, spirituelles, aimables, de bon goût, exemptes de pruderie et d’affectation. […] Que pouvait sur des femmes d’élite l’exemple des femmes perdues ? […] Les amphigouris, les métaphores recherchées, les locutions alambiquées, leur étaient antipathiques, par cela seul qu’elles étaient femmes de la cour. […] Ce qui distingue le langage des femmes du grand monde et de la cour, du langage commun, c’est moins l’usage de certains tours, de certaines formes et de certaines expressions réputées nobles et élégantes, que l’ignorance parfaite des paroles et des locutions grossières, qui ont pris naissance dans le peuple. […] Molière le prête à une précieuse, dans sa Critique de l’École des femmes, au sujet de la scène où Arnolphe interroge Agnès sur ce que son galant lui a pris : « il y a là, dit Climène, une obscénité qui n’est pas supportable. » Élise est étonnée du mot : « Comment dites-vous ce mot-là ?

299. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Takisé épousa le roi qui lui donna la place de sa femme préférée. Celle-ci, déchue de son rang, n’eut plus que la situation des femmes ordinaires, de celles qui ne doivent jamais se tenir, sans ordre exprès, au côté de leur mari. […] Le lendemain de son départ, ses femmes se réunirent et dirent à Takisé : « Tu es la favorite du chef et tu ne travailles « jamais. […] Les autres femmes du roi assistaient, sans en être émues, à cette métamorphose. […] Et la première décapitée, ce sera « moi. » Les femmes du roi vécurent donc, jusqu’au retour de leur mari, dans l’appréhension d’une mort inévitable.

300. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Non ; dans la pensée de l’auteur, ce caractère a une portée philosophique : c’est la personnification de la femme idéale, de la femme de l’avenir. […] « Pauvres femmes ! […] Ce qui avilit la femme, c’est le mensonge. […] Pour laisser le champ libre à l’amour adultère de sa femme. […] fard, hypocrisie, trahisons, vertus singées, fausses femmes que vous êtes !

301. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il y a deux dialogues piquants : l’un entre un médecin et un ministre disgracié, l’autre entre un médecin et une femme de quarante ans. […] Dans le dialogue avec la femme de quarante ans, avec cette autre puissance qui est aussi sur le retour, le docteur ne trouve que des remèdes un peu vagues contre ce genre de vapeurs, et qui ne satisfont point la malade : la théorie de la femme de quarante ans n’était pas encore inventée. […] — Parmi les portraits, il en est d’achevés, tel que celui d’Elmire ou la femme d’un esprit supérieur, qui n’est autre que la duchesse de Chaulnes. […] Les femmes le sentirent bien et se récrièrent. […] [NdA] Il avait dit aux femmes de son temps bien des impertinences en effet et aussi des vérités ; il les avait montrées plus faciles à séduire par l’éclat et la vanité, que par le sentiment ou même les sens ; il avait dit par exemple : Louez, admirez, soyez étonné, en extase, ne craignez pas d’outrer les flatteries, l’enthousiasme auprès des femmes ; faites croire, si vous pouvez, à celle que vous voulez séduire qu’elle est une substance particulière plus près de l’ange que de la femme : vous serez cru ; que dis-je ?

302. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Gavarni succéda, à la Mode, à un aimable crayon de femme, de jeune fille, mais dont les dessins charmants n’avaient pourtant pas assez de précision pour la gravure. […] Quand ce serait une femme, cela n’y ferait rien. C’est la filouterie féminine qu’il faut faire ; voilà le neuf. » Il transforma ainsi l’idée qu’on lui suggérait et commença la série des Fourberies de femmes en matière de sentiment (1837). […] Ainsi, dans la Vie de jeune homme (n° 25), une femme élégante, une femme du monde en chapeau, en écharpe, arrive et entre dans un petit appartement ; elle est au bras d’un jeune homme en robe de chambre qui, écartant une draperie de portière ou d’alcôve, la reçoit et l’introduit avec toutes sortes d’égards et d’attentions ; et, pour toute légende, ce mot de la femme : « C’est bien gentil chez vous, Monsieur Charles !  […] » — et dans la série de Clichy, entre tant de fausses gaietés et de misères, cette admirable scène du détenu visité le premier jour par sa femme et son petit enfant qu’il couvre de baisers, et la femme dont on ne voit pas le visage sans doute mouillé de larmes, et qui lui dit d’un ton gai, tout en vidant son panier : « Petit homme, nous t’apportons ta casquette, ta pipe d’écume et ton Montaigne.

303. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Adieu, mon cher Rodolphe. » Et à sa fille aînée, Adèle, les conseils contraires sans cesse renouvelés, pour la prémunir contre son antipathie innée, la femme savante, la femme de lettres, la femme masculine, paradoxe de son sexe : « Tu as probablement lu dans la Bible, ma chère Adèle : La femme forte entreprend les ouvrages les plus pénibles, et ses doigts ont pris le fuseau. […] Le plus grand défaut pour une femme, mon cher enfant, c’est d’être homme. […] Quant à la science, c’est une chose très dangereuse pour les femmes : on ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été ou malheureuses ou ridicules par la science. Elle les expose habituellement au petit danger de déplaire aux hommes et aux femmes (pas davantage) : aux hommes, qui ne veulent pas être égalés par les femmes, et aux femmes, qui ne veulent pas être surpassées. […] Il était mort entouré de sa femme, de ses enfants, de ses amis ; il s’éteignit dans la prière et dans l’espérance.

304. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

On serait bien embarrassé de choisir entre sa Marchande à la toilette, sa Bouquetière, sa Femme qui sort du bain, la Prêtresse qui brûle de l’encens sur un trépied, la Femme qui arrose ses fleurs, la Proserpine qui en orne le buste de sa mère et l’Offrande au temple de Venus. […] Elle en tient un par ses deux ailes bleues qu’elle présente à une femme assise dans un fauteuil, sur la droite. Derrière cette femme est sa suivante debout. Entre l’esclave et la femme assise l’artiste a placé une table sur laquelle on voit des fleurs dans un vase, quelques autres éparses sur le tapis, avec un collier de perles. […] On prétend que la femme assise a l’oreille un peu haute ; je m’en rapporte aux maîtres.

305. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Mais la femme aussi de ce même roman, qui peint les mœurs modernes au vif, a l’originalité, non moindre, de n’être pas une adultère. Deux fameuses originalités, par ce lâche temps de femmes perdues et de prêtres corrompus ! […] Et non seulement la femme du roman, l’héroïne du roman, n’aime point le prêtre qui est l’être supérieur du roman, comme elle en est l’être charmant ; mais elle aime son propre mari comme une honnête femme… qu’elle n’est pas cependant ; car pour être une honnête femme, dans la santé splendide de cœur et d’esprit que ce simple mot exprime, il ne faut pas mêler à son amour les idées et les dépravations qu’une société vicieuse a fait pénétrer dans les âmes ; or, c’est ainsi que madame de Manteigney aime son mari dans ce roman. […] Rien enfin de tous ces affreux lieux communs qui traînent leurs haillons dans tous les livres de ces derniers vingt ans du xixe  siècle, rien de tout cela, mais une femme vraie et vivante, une femme prise au tas de la société dans laquelle nous avons le bonheur de vivre ! […] Le cadre où cette femme respire est un tableau, — un tableau très plein, très agité, très fourmillant, — et c’est même cela qui est la grande étude du livre.

306. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Sa maison, sa femme, sa fille, ses relations l’expliquent et l’achèvent. […] Elmire est honnête femme sans doute, mais elle est coquette. […] Dorine, c’est Martine éduquée et devenue maîtresse femme. […] Mais comment voulez-vous qu’une femme, à moins d’avoir fait le voyage de Lesbos, puisse exprimer à une autre femme ces passions pleines de langueur ou de feu ? […] sa voix est naturellement grêle : c’est la voix d’une femme.

307. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

La femme qui rit est désarmée. […] Napoléon, divorcé, cherche femme. […] Car c’était sa femme, après tout. […] Cette femme est folle !  […] Il avait beaucoup aimé les femmes.

308. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Sa femme paraît le regarder comme un autre Adonis. […] On compta hier dans notre voisinage six femmes séparées de leurs maris ; j’ai dîné avec une septième. […] Sa femme, qui n’a pas l’air d’être la femme de son mari ni la mère de sa fille, et qui l’est pourtant, a été belle, épousée pour cela sans doute, tracassière et un peu commune. […] Mais sa femme a d’autres goûts, un caractère à elle, de la volonté. […] dit l’abbé. — Allez écrire, lui dit la baronne. — L’abbé rapporte bientôt son conte des Trois Femmes.

309. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

L’amour, c’est la femme qui aime. […] L’artiste femme est tout aussi intéressante que l’artiste homme. […] Et pour les femmes, rien ! […] Il y a déjà sans cela trop de femmes artistes, dira-t-on ; la femme est faite pour le foyer. […] Est-ce qu’une femme peut travailler sérieusement.

310. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

L’éternel lieu commun : « Où est la femme ?  […] Les femmes sentent cela bien vivement. […] Elle faisait bien ces petits travaux de femme. […] On emmena l’innocente femme à pied entre les gendarmes. […] L’émotion, avait été trop forte pour cette simple femme.

311. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

On y voit clairement de quelles façons la philosophie du divin Çakia-Mouni peut modifier et enrichir les divers sentiments d’un homme de nos jours : sentiment de la nature, amour de la femme, sentiment moral. […] Les fleurs sont des femmes, puisque femmes et fleurs sont l’épanouissement inégalement complet, à la surface du monde, de la même âme divine. […] C’est mon sang qui coula dans la première aurore… De même, l’idée de l’univers sera toujours présente au poète bouddhiste quand il lui arrivera d’aimer une femme. […] Il aimera avec tendresse et reconnaissance : car il n’ignore point que c’est la rencontre d’une femme qui a embelli pour lui le rêve des choses. […]      Enlacée au corps d’une femme,      Comme l’amant de Rimini,      Tournoie un instant, ô mon âme,      Dans le tourbillon infini !

312. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Le feu initie la femme aux arts et aux industries domestiques, le bruit de son rouet accompagne ses doux pétillements. […] Ses larmes viennent de la femme, comme l’eau de la nue. […] Le corps d’argile de la femme gisait à terre, inanimé et muet. […] C’est d’elle que sort la race des femmes femelles, le plus cruel fléau qui soit parmi les hommes mortels ; car elles s’attachent non à la pauvreté, mais à la richesse. » — Hésiode est le rural primitif dans toute sa rudesse, l’homme de méfiance et d’épargne, qui voit dans la femme la cause de toute ruine. […] Qui se lie à la femme se fie au voleur. » — Ailleurs il crie au feu en signalant « la femme amie des festins, qui brûle son mari sans torche, et l’entraîne vers la vieillesse avant l’âge ».

313. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Le comte de Timey, qui était un homme très intelligent et très corrompu, a été l’amant de sa mère, femme d’un autre émigré français, Mme d’Evré. […] Le moribond a employé sa nuit de noces à    enseigner à sa femme sa corruption morale et sa corruption politique. […] et son mépris de la femme ! […] « La femme est le contraire du dandy. Donc, elle doit faire horreur… La femme est naturelle, c’est-à-dire abominable  J’ai toujours été étonné qu’on laissât les femmes entrer dans les églises.

314. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

À peu de jours de là, le mari de ladite dame venant voir, lui aussi, la comédienne, celle-ci, qui ne le connaissait pas, lui montra, par hasard, le portrait de sa femme. […] Pantalon survient, mais il n’ose aborder la comédienne, parce qu’il aperçoit sa femme à la fenêtre. […] Ayant deviné une femme sous l’habit de Lesbino, elles l’emmènent au logis de Flaminia. […] Il se félicite, quant à lui, d’avoir une femme modeste et bien élevée. […] Elle lui dit toutes ses vérités et ajoute qu’il ne mérite pas une femme comme elle.

315. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Il n’y a pas de vrais amis ; il n’y a pas d’honnêtes femmes, c’est-à-dire qui le soient par choix et avec satisfaction. […] Les femmes surtout, qui sont volontiers idéalistes et optimistes, se récrièrent contre ces définitions si peu flatteuses de l’homme et de la femme. […] Ce sont les lettres de Mme de Sévigné et de Mme de Maintenon : les femmes ont toujours excellé à écrire des lettres, et, parmi les hommes, ceux qui ont eu des natures de femmes, par les défauts comme par les qualités. […] Très solidement instruite, elle a un choix de lectures austère pour une femme. […] En une chose, cette femme de sens eut du génie : c’est en matière d’éducation.

316. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Les belles femmes, les natures riches, les santés calmes et florissantes, voilà son triomphe et sa joie ! […] Il lui est arrivé d’appeler les femmes de Delacroix des grenouilles. […] Sardanapale lui-même était beau comme une femme. […] Quant aux autres, quelquefois des femmes historiques (la Cléopâtre regardant l’aspic), plus souvent des femmes de caprice, de tableaux de genre, tantôt des Marguerite, tantôt des Ophélia, des Desdémone, des Sainte Vierge même, des Madeleine, je les appellerais volontiers des femmes d’intimité. […] Delacroix me paraît être l’artiste le mieux doué pour exprimer la femme moderne, surtout la femme moderne dans sa manifestation héroïque, dans le sens infernal ou divin.

317. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

. —  Les femmes du monde. —  Miss Prue. […] Pour faire le galant, avant d’épouser sa femme, il l’enlève. […] vous voyez bien que votre mari l’a pris pour une femme ! […] » Ces femmes sont vraiment méchantes et trop ouvertement. […] « Je ne sais où ce fou de Crofts avait pris que les Moscovites avaient tous de belles femmes, et que leurs femmes avaient toutes la jambe belle.

318. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Sans sa femme, il ne sera plus reçu nulle part !  […] On l’applique sur le visage de la femme qui se débat. […] murmure la jeune femme toute confuse, tout émue. […] Ma femme et mes enfants arrivent trop tard. […] Il n’y avait que dix à douze femmes dans la galerie.

319. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Chansons de femmes , romances, pastourelles. […] Il était naturel que la femme, à qui, surtout en ce temps-là, l’action était interdite, vécût un peu plus de rêves et d’émotions et les épanchât en poésie. […] Il y en avait qui mettaient en scène les deux amants, ou bien la fille avec sa mère, la femme avec son mari : d’autres, comme celles d’Aalis ou de Robin, qui furent très populaires, étaient des histoires en couplets, des contes chantés, des romances. C’étaient des romances aussi qui consolaient les femmes assises à filer dans l’écrasant ennui des jours monotones : belle Eglantine « devant sa mère cousait une chemise » ; belle Amelot « seule en chambre filait ». […] Dans leur loisir, l’amour devenait une grande affaire, et pour plaire aux femmes, ils se polissaient, s’humanisaient, dépouillaient l’ignorance et la brutalité féodales.

320. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

En attendant, nous avons droit de la revendiquer ici comme l’auteur d’un excellent Essai sur l’Éducation des Femmes, qu’on vient de réimprimer. […] Sa veuve (Mlle de Bastard), qui exerça une grande influence sur l’éducation de ses filles, était une femme de mérite, d’un esprit original, gai, piquant et très-sensé. […] Une femme de trente ans a vu le monde, elle sait le mai, même en n’ayant fait que le bien. […] Nous arrivons au dernier écrit de Mme de Rémusat, à son livre sur l’Éducation des Femmes, publié par son fils. […] Mme Récamier s’empressa de m’en faire part : la vérité pour cette charmante femme n’était jamais que celle que désiraient ses amis.

321. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Il torture sa femme. […] La cruelle maîtresse du mari et l’ennemie mortelle de l’épouse, c’est une femme, c’est cette femme nue que Claude s’obstine à dresser au milieu de sa toile, en plein paysage parisien. Double duel à mort entre le peintre et cette image qui résiste, qui ne veut pas se laisser peindre comme il la voit, et qui pourtant l’attire et le retient invinciblement, et, d’autre part, entre cette femme peinte et la femme de chair. […] A un moment, Claude enfonce un couteau dans la gorge de l’image peinte, comme on ferait à une femme méchante. […] C’est elle, la femme mystérieuse et terrible, la sirène au ventre de joyaux.

322. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Les femmes m’aimaient parce que j’étais douce dans la société, et que je m’occupais beaucoup plus des autres que de moi-même. […] Une femme de cœur et franche du collier n’aurait accepté ni supporté un tel rôle un seul instant. […] C’est ce qui fit que, cet horizon se resserrant avec les années, ce roi de bon sens fit tant de fautes que cette femme d’un sens si droit lui laissa faire et qu’elle approuvait. […] la pauvre femme ! » Et après l’avoir entendue un peu plus longtemps, on finit par le dire sérieusement avec elle : Oui, la pauvre femme en effet !

323. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Grandet avait alors cinquante-sept ans, et sa femme environ trente-six. […] ” Les deux femmes étaient muettes. […] Mais vis longtemps, ma pauvre femme. […] Tu vas voir, ma pauvre femme.” […] Hein, ma femme ?

324. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

ces femmes-là, en tant que femmes, n’ont pas eu, que je sache, à se plaindre d’injustice. […] Pourtant, que nos femmes y prennent garde. […] Madame Gay avait été une femme de plaisir d’abord, et elle avait brillé sous le Directoire, en seconde ligne après mesdames Tallien, de Beauharnais et Récamier ; c’était une femme de lettres aussi, dont les romans médiocres sont à peu près oubliés aujourd’hui ; c’était une femme d’esprit, enfin, et surtout une femme d’ambition. […] Cette femme, c’est madame Valvèdre. […] Cette vieille femme avait été jeune, chose étonnante.

325. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

J’ai une femme, parlez-moi d’elle. […] Cette femme fait sa partie dans le duel des deux sexes l’un contre l’autre. […] Aimer une femme, c’est surtout aimer le rêve que le cœur a su former à l’occasion de cette femme. […] … Il fallait quelqu’un à cette femme. […] Chez la femme, des causes analogues produisent un effet semblable.

326. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

L’art est une déchéance pour la femme : elle est bien plus que poète, elle est la poésie. […] C’est que le génie a deux natures : flamme dans la tête de l’homme, chaleur dans le cœur de la femme. […] Malheur aux femmes qui excellent dans les lettres ou dans les arts ! […] Ne reconnaissez-vous pas la femme de charge qui tient les clefs de l’office ? […] Pourquoi les hommes et les femmes de tous les temps ont-ils ainsi la pudeur de la douleur ?

327. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Cruelle énigme, l’infidélité de la femme ! […]femme admirable ! […] Quelle femme et quel fils j’ai quittés, et pour quelle femme et quels enfants ! […] Qu’ont donc fait les femmes à M.  […] En effet, il ne s’agit pas des femmes qui tuent et de celles qui votent, puisque quelques femmes seulement tuent et qu’aucune femme ne vote.

328. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

c’est convenu, dit-il, je vous trouverai une femme. […] Faites-moi donc connaître une autre femme. […] Je ne puis trouver une meilleure femme que Viéra. […] Sa femme ne suffisait plus pour l’occuper. […] C’est une femme excellente.

329. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ajoutez, pour compliquer les ennuis de Molière, la présence de l’ancienne Béjart, femme impérieuse, peu débonnaire, à ce qui semble. […] répondit-elle, c’est ce Molière. » Une autre femme qui était à sa fenêtre et qui entendit ce propos, s’écria : « Comment, malheureuse ! […] non, dit-il, les bouillons de ma femme sont de vraie eau-forte pour moi ; vous savez tous les ingrédients qu’elle y fait mettre. […] Il n’y eut pas été un moment qu’il envoya demander à sa femme un oreiller rempli d’une drogue qu’elle lui avoit promis pour dormir. […] Cependant, ajouta-t-il, allez dire à ma femme qu’elle monte.

330. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Elle lui donnait les meilleurs conseils pour son Holstein ; c’est même par là qu’elle fit son premier apprentissage en politique, traitant les affaires de ce petit État avec l’ambassadeur de Vienne qui était à Pétersbourg et qui disait au grand-duc : « Votre femme a raison ; vous feriez bien de l’écouter. » Il suivit le conseil et n’eut pas à s’en repentir. […] « Si je ne comprends pas les choses moi-même, disait-il, ma femme comprend tout. » Chacun était dans son rôle ; mais cela ne dura pas. […] disait-elle, mon petit ménage va toujours son train » ; ou encore : « Il faut bien arranger son petit ménage. » Cependant le grand-duc n’eut pas même ce léger grain de bon sens qui aurait dû l’avertir de ne jamais se brouiller ni rompre avec sa femme et de la toujours consulter, du moins pour ses actions extérieures. […] Il avait, d’ailleurs, des amours publiques avec des femmes de la Cour, et il finit par entretenir une liaison affichée avec une des frailes ou dames d’honneur (Élisabeth Woronzoff), qui prit sur lui un empire absolu, et qui le poussait au divorce dès qu’il serait le maître. […] La belle-sœur y consentit de bon cœur, et tout de suite nous nous fîmes apporter de bonnes verges entourées d’orties ; nous nous fîmes accompagner par une veuve qui était chez moi, parmi mes femmes, nommée Tatiana Jourievna, et nous entrâmes toutes les trois dans mon cabinet, où nous trouvâmes Léon Narichkine à la même place, chantant à gorge déployée sa chanson.

331. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Boileau, à dater de 1677, époque de son épître à Racine, jusqu’en 1693, temps où parut la satire des Femmes, ne publia aucun autre écrit que son discours de réception à l’Académie française, en 1684. […] Mithridate présenta aussi le spectacle d’un amant suranné qui a recours à des ruses avilissantes et inutiles, pour connaître le fond du cœur de la femme qu’il aime. […] Le duc de Nevers avait accueilli dans sa maison la femme d’un officier du prince de Condé, qui, durant la Fronde, l’avait trahi pour se dévouer au cardinal. Cette femme était madame Deshoulières, personne de beaucoup d’esprit et de talent. […] N’a-t-il pas existé dans l’intervalle de 1677 à 1693 quelque femme célèbre alors, inconnue aujourd’hui, à laquelle peut s’appliquer le vers de Boileau ?

332. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

La lettre renfermait des regrets pour sa première femme et des promesses de ne jamais l’oublier. […] Elle me dit que je lui faisais plaisir, et je ne l’ai quittée et ne lui ai souhaité la bonne nuit que lorsque ses femmes eurent refermé les rideaux et que la foule fut sortie. […] Il y avait dans la chambre tous les princes et princesses qui composent cette Cour, le roi, la reine, plus de cent femmes couvertes de pierreries et d’habits brillants. […] Il recevait à Chambord, en femmes, toute espèce de compagnie, même de la bonne. L’automne où il mourut, il venait d’avoir une visite d’une élite de femmes de la Cour, une princesse du sang, Mademoiselle de Sens, à leur tête.

333. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Elle est devenue un des principaux attraits et parfois l’âme même de ces petits cercles où hommes et femmes cherchent avant tout leur plaisir. […] D’autre part, la femme en est la reine naturelle. — « Une cour sans dames, c’est un printemps sans roses », — disait galamment le roi François Ier ; et qui dit salon évoque aussitôt l’idée d’une femme présidant à la réunion. […] On n’aura pas la cruauté de déclarer crûment qu’une femme devient laide : on insinuera que « la neige de son visage se fond ». […] Il perd alors ses qualités sans gagner celles des femmes dont il se rapproche ; car jamais Hercule n’a dû filer aussi bien qu’Omphale. […] Que ce paisible amoureux ressemble peu aux héros de notre théâtre contemporain, qui ferraillent si volontiers avec les femmes à fleuret démoucheté !

334. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Au devant de la façade du palais, sur le fond, des femmes qui élancent de joie leurs bras vers un enfant. Un peu plus vers la gauche, et tout à fait sur le devant, une femme agenouillée tendant aussi le bras au même enfant qu’elle se dispose à recevoir d’un vieillard qui le lui présente de côté et sans la regarder. […] Son expression est bien d’une femme enthousiaste ou ivre, mais souffrante, non comme une pythie qui se tourmente et qui cherche à exhaler le dieu qui l’agite, mais souffrante de douleur. […] Sur le fond à gauche, au-delà des berceaux, des femmes tremblent pour lui. Tout à fait à gauche, deux autres femmes debout ; celles-ci sont assez tranquilles.

335. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Elle en conçut une très vive pour ma femme et pour moi. […] Le génie lui-même a sa pudeur, surtout quand il a pour organe une femme. […] C’était la plus belle et la plus gracieuse des femmes qui m’eût jamais apparu dans ma vie. […] C’était une femme pleine de grâce, de simplicité et d’agréments. […] moi, je ne saurais pas dire, je pleurerais trop, dit la vieille femme.

336. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Tant qu’elle fut jeune pourtant, Mme de Ferriol parut fort recherchée, et elle eut rang parmi les femmes en vogue du temps. […] Sa fille, la marquise de Bonneval, qui n’était que jolie, était l’une des femmes les plus délicieuses de son temps. […] Elle avait traversé la Révolution encore fort jeune ; elle était moins femme de cour. […] Les hommes et les jeunes femmes venaient à cheval, chacun suivi de deux ou trois domestiques. […] Les hommes s’entassaieut dans les salons, dans les corridors ; les femmes couchaient plusieurs dans la même chambre et dans le même lit.

337. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

C’est qu’il est femme. […] Il délivre sa femme des prétendants. […] Il faut que vous soyez ma femme. […] Jamais je ne serai ta femme. […] Cléopâtre était une femme dangereuse.

338. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Il prit alors, non comme femme légitime, mais comme concubine légale, Herpyllide. […] La femme est plus faible, donc elle doit être subordonnée. La nature a donc déterminé la condition spéciale de la femme et de l’esclave. […] leurs femmes et leurs enfants seront-ils ou ne seront-ils pas en commun ? […] Qui en sera chargé, en admettant pour les laboureurs l’égale communauté des femmes et des biens ?

339. (1739) Vie de Molière

Racine furent si mal reçus ; voilà pourquoi l’Avare, le Misanthrope, les Femmes savantes, l’École des Femmes n’eurent d’abord aucun succès. […] Une des femmes de la pièce de Térence, qui devrait faire le personnage le plus intéressant, ne paraît sur le théâtre que pour accoucher. […] Molière y fait plus la satire de ses censeurs, qu’il ne défend les endroits faibles de l’École des femmes. […] Le succès de La Femme juge et partie, et de tant d’autres pièces médiocres, dépend uniquement d’une situation que le jeu d’un acteur fait valoir. […] On représenta sur le théâtre de l’hôtel de Bourgogne, à la suite de La Femme juge et partie, La Critique du Tartuffe.

340. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Eh bien, Mlle de Guérin était, en femme, ce mélange heureux, tout-puissant et si rare ! […] Elle n’avait rien de ce génie inventé par une femme, qui avait un peu gâté le sien dans les pompes du monde dont elle était folle. […] Le monde la traita en femme du monde : c’est ce qu’il respecte le plus. […] Une autre femme pleurant comme elle la mort d’un frère (Mme Augustus Craven dont nous allons parler), y a péri. […] Eugénie de Guérin n’eut jamais l’ombre de cette tache dont le génie même, chez les femmes, peut mourir.

341. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Je trouve que je suis avec cette femme sur un pied qui jette sur ma conduite, à mes propres yeux, un air de fausseté, de perfidie et d’ingratitude qui me pèse. […] C’est un poëte grec qui a dit : « Il y a trois Grâces, il y a trois Heures90, vierges aimables ; et moi, trois désirs de femme s me frappent de fureur. […] Je le suis maintenant, je crois, pour tout l’hiver, dans la famille de ma femme , et dans un antique château dominé par les ruines de deux châteaux plus antiques encore, au milieu d’un assez beau pays, chez des gens qui ont beaucoup plus d’affection de famille qu’il n’est de mode chez nous d’en avoir, avec une femme à laquelle je suis chaque jour plus attaché, parce qu’elle est chaque jour meilleure pour moi, et près de la plus belle bibliothèque de l’Europe. […] Ma femme vous salue et vous recommande son Shakspeare anglais. […] Cette femme aimable lui disait un jour avec un sourire triste, en le voyant devenir muscadin : « Benjamin, vous faites votre toilette, vous ne m’aimez plus ! 

342. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Est-ce la place d’une femme importante ? […] Premièrement, ces trois femmes et leur maîtresse font un amas confus de têtes, de bras, de jambes, de corps, un chaos où l’on se perd et qu’on ne saurait regarder longtemps. […] Et puis c’est le plus énorme, le plus monstrueux cu de femme qu’on ait jamais vu ; ces effrayans cus de bacchantes, que vous avez faits pour M.  […] Pour cette femme étendue morte sur de la paille avec son chapelet autour du bras, plus je la vois, plus je la trouve belle. ô la belle, la grande, l’intéressante figure ! […] Cette belle femme qui vient d’expirer au pied du massif a expiré en invoquant.

343. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Il est si obtus que, voulant se déclarer à une femme jeune, spirituelle, nullement dévote, éminemment « laïque », il y emploie le style des Manuels de piété et ne conçoit pas ce qu’un tel langage, appliqué à une telle matière, doit avoir nécessairement, pour cette jeune femme, de répugnant et de souverainement ridicule. […] Il sait où se trouvent des femmes plus sociables et plus dociles que celle de son ami… Un homme dévot n’est ni avare, ni violent, ni injuste, ni même intéressé. […] Mais il y a des laideurs expressives, originales, et qui ne déplaisent pas à toutes les femmes. […] cela est sans doute fort plaisant ; mais enfin pourquoi Dorine, pourquoi les femmes montrent-elles leur sein nu, si ce n’est en effet pour « faire impression sur nos sens » ? […] Les locutions par lesquelles les mystiques traduisent leur amour de Dieu, il n’aura pas à les torturer beaucoup pour leur faire exprimer l’adoration d’une femme.

344. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Dans un scénario de Scala, le paysan Cavicchio veille dans sa cabane, avec sa femme et ses enfants, qui fabriquent des paniers. […] Cavicchio, entendant du bruit au dehors, sort avec une lumière et se trouve en présence d’une ronde de soldats ; saisi de frayeur, il crie et appelle sa femme à son secours ; mais le capitaine le rassure, et Cavicchio, reprenant sa cornemuse, fait danser sa femme, ses enfants, les soldats et jusqu’au capitaine. […] Le capitaine, de son côté, était venu dans cette ville et était sur le point d’y prendre femme. […] Burattino, qui entend cela, appelle sa femme, et les voilà tous les deux à questionner ce mystérieux opérateur. […] Le mari et la femme, s’étant consultés, le cajolent et l’entraînent chez eux.

345. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

. — le role des trois femmes dans lucrèce. […] dans Lucrèce, madame Halley, l’actrice, qui court la province, va jouer les trois rôles de femmes à la fois (Tullie, Lucrèce et la sibylle), et elle le pourra ; en effet, ces trois femmes ne se rencontrent jamais une seule fois ensemble. […] Il s’est jeté d’abord dans les bras d’Aguado le Mécènes, qui voulait en faire quelque chose, mais qui est mort emportant son secret et ses écus ; — puis il vient de se remettre entre les mains de M. de Castellane, le même qui a un si grand goût pour les théâtres de société, pour les académies de femmes, pour le bel esprit à tout prix. — Avec M. de Castellane sont arrivés des légitimistes comme M. […] A Mâcon, cent cinquante personnes reconduisent chez lui leur député, et on lui donne sous ses fenètres une sérénade avec des solos de femmes et d’hommes (sic). En Irlande, O'Connell entraîne sur ses pas trois à quatre cent mille hommes, femmes et enfants… O'Connell sait ce qu’il veut ; il a au suprême degré l’esprit pratique, et il est populaire parce qu’il est clair.

346. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Brenet » p. 257

Il vit, sa femme a des cotillons, ses enfans ont des souliers, et le talent se perd. […] Combien de démarches auxquelles on se résout pour sa femme et pour ses enfans et qu’on dédaignerait pour soi ! […] Je rencontre sur mon chemin une femme belle comme un ange ; je veux coucher avec elle, j’y couche ; j’en ai quatre enfants, et me voilà forcé d’abandonner les mathématiques que j’aimais, Homère et Virgile que je portais toujours dans ma poche, le théâtre pour lequel j’avais du goût ; trop heureux d’entreprendre l’ encyclopédie à laquelle j’aurai sacrifié vingt-cinq ans de ma vie. […] Par derrière le Christ, quelques apôtres scandalisés de leur divin maître, surpris en conversation avec une femme qui faisait quelquefois son mari cocu, et révélant à cette femme ses petites fredaines qui n’étaient ignorées de personne.

347. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

C’est cette femme qu’il appelle, dans ses lettres, l’Iris messagère. […] Je jette ma plume aux bêtes, si ce n’est pas là une finesse de femme ! […] La Vendetta, une Double Famille, Étude de femme, Gobseck, autre Étude de femme, la Grande Bretèche, Adieu, l’Élixir de longue vie, Sarrasine, la Peau de chagrin. […] Une Fille d’Ève, les Employés, ou la Femme supérieure. […] J’aime, je suis aimé par la plus charmante femme inconnue qui soit sur la terre.

348. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Un mari regarde dormir une femme aimée. […] On dirait : « Cette femme est ta femme. […] Les femmes surtout s’émurent. […] Qui est cette femme et d’où vient-elle ? […] Hippolyte est moins une femme en particulier qu’elle n’est un symbole de la Femme.

349. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

les femmes elles-mêmes font de la littérature facile ? […] Vous avez oublié de mentionner comme correctif à vos reproches la femme qui écrit le mieux de nos jours, femme ou homme, parmi les hommes comme parmi les femmes. […] — Si c’est une femme, elle a la griffe trop vive. — Ce n’est pas un homme, ce n’est pas une femme qui vous a griffé ; non, c’est le chat ! […] Ô pauvre femme ! […] De ce jour commença la popularité de cette femme.

350. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Cette femme, qui n’était pas d’un esprit embarrassé, lui dit : « Ah çà ! […] Cette charmante femme méritait certes bien des exceptions ; une telle parole toutefois est ingrate et fausse. […] il supprime d’un trait tant de femmes tendres, dévouées, qui lui ont donné les plus chers et les plus irrécusables gages. […] Ce qui est singulier, c’est qu’il n’a guère dans sa vie rencontré de femme qui ne lui ait donné raison. […] Je ferais volontiers ma femme de l’une et ma maîtresse de l’autre. »

351. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Mme du Châtelet était femme à le seconder, que dis-je ? […] Quel honneur pour une femme de pouvoir glisser son nom entre de tels noms ! […] Quant aux lettres de Saint-Lambert, elles sont plutôt propres à faire valoir celles de la femme passionnée, mais non pas à justifier son goût pour lui. […] Enfin c’est la femme, ici, qui se trouve supérieure, comme il arrive si souvent, et elle ne marque son infériorité qu’en se méprenant dans l’objet de son choix. […] s’écrie Voltaire en levant et joignant les deux mains, voilà bien les femmes !

352. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Adresse-t-il la parole à ses femmes ? […] (Les femmes continuent en vain à gourmander l’enfant.) Une femme. […] Une femme. […] Une des femmes lui apprend qu’il est fils d’une nymphe réfugiée dans cet asile.

353. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

C’est là que loge le roi, avec la femme favorite et vingt autres des plus considérées. […] Le bas étage est pour les femmes, le haut pour les eunuques. […] Le troisième, qui est le plus vaste, est pour le séjour des vieilles femmes, des femmes disgraciées et des femmes des rois défunts. […] Cette femme eut un sort digne de son métier. […] Les femmes du sérail ne vont guère que la nuit.

354. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

La femme de Putiphar s’est précipitée du chevet au pied de son lit. […] Deshays n’a eu garde de lui donner cet air indigné et farouche qui convient si peu à un galant homme qu’une femme charmante prévient. […] Cette femme a une jambe nue qui descend hors du lit. […] Vous me direz peut-être que la tête de la femme n’est pas d’une grande correction ; que celle de Joseph n’est pas assez jeune ; que le tapis rouge qui couvre ce bout de toilette est dur ; que cette draperie jaune sur laquelle la femme a une de ses mains appuyée, est crue, imite l’écorce, et blesse vos yeux délicats ? […] Le Christ est debout au-dessus des femmes, à peu près également éloigné des apôtres et du tombeau.

355. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Il écrivait le Château d’Otrante, le premier œuf de cette noire couvée qu’Anne Radcliffe, imitatrice comme toute femme, a, depuis, pondue. […] Comme Swift, qui fut affreux, à plus de cinquante ans, comme un vieux homme à bonnes fortunes, avec les deux femmes qui l’aimèrent et dont il brisa le cœur par une férocité d’égoïsme qui le déshonora, Walpole a été cruellement dur avec l’unique femme qui l’ait aimé et dont l’amour, le seul amour octogénaire qui ait jamais existé dans l’histoire des cœurs, exalta, humilia et inquiéta tout à la fois ses mille vanités de dandy. Il eut avec cette femme, dont il dit qu’elle lui faisait croire l’âme immortelle, la fameuse main de fer dans du velours, et quelquefois avec des déchirures au velours. […] La femme ne lui dit presque rien. […] Il n’a peut-être jamais aimé de femme que Madame de Sévigné, mais c’était d’un amour littéraire, avec un platonisme forcé puisqu’elle était morte, heureusement pour lui !

356. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

murmure indignée la femme du proviseur. […] Une femme. […] femmes !  […] Il était le fils d’une femme perdue ! […] … Entrez donc, vous verrez ma femme !

357. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

Il avait déjà vu et courtisé sa femme ou du moins celle qui le devint, et qui était mariée pour lors au général Dutertre. […] Elle va à Lyon ; il la suit avec sa femme et passe son temps près d’elle, négligeant un peu Mme de Constant. Tout à coup on vient apprendre à Mme de Staël et à lui que sa femme s’est empoisonnée ; Mme de Staël y court et trouve une femme sur son canapé, qui se croit empoisonnée plus qu’elle ne l’est : scène ridicule. — Les scènes que Mme de Staël n’épargnait pas vers ce temps à Benjamin Constant, la honte qu’elle lui faisait de ce mariage, l’idée qu’elle supposait à l’Europe et à l’univers lorsqu’on apprendrait cet éclatant divorce de leurs célèbres personnalités, tout cela était tel et agissait si fort sur la tête nerveuse de Benjamin Constant, qu’il y avait des moments où il s’estimait un monstre aux yeux de la terre : « Quand je rentre dans Paris, disait-il sérieusement, je lève les glaces de ma voiture, de peur d’être montré au doigt. » Mais le scepticisme reprenait vite le dessus. — Cependant Mme de Staël avait bien ses distractions aussi, son cercle d’adorateurs, M. de Schlegel, M. de Sabran, M. de Barante… ; elle aimait beaucoup ce dernier, dont elle avait mis quelques traits et quelques situations dans Oswald ; mais il dérivait un peu vers Mme Récamier… En mourant, elle ne témoigna aucun retour vif à Benjamin Constant qu’elle voyait pourtant tous les jours. […] L’héroïne du nouveau roman est Charlotte, sa femme ; à la bonne heure !

358. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Nulle femme, que je sache, n’a pleuré dans l’histoire, dans le peu de temps qu’il la traverse, autant que Camille Desmoulins. […] Il adorait sa petite femme, il pourléchait son enfant, et il vota la mort de Louis XVI ; et, tout homme d’esprit qu’il fût dans un temps où il n’y avait plus d’hommes d’esprit en France, il ne se contenta pas de voter cette mort, mais il écrivit ces mots d’imbécile : « Louis XVI avait les instincts du tigre ». […] On éprouve celui qu’on aurait pour une femme, et qui change de nom quand il s’applique aux femmes ; car alors, c’est de la pitié ! Dans un temps où un si grand nombre de femmes devinrent des hommes sous la foudre des sentiments publics, ce garçon d’entre les cris et les larmes, d’entre les enthousiasmes et les terreurs, fut certainement bien moins un homme que Théroigne de Méricourt, par exemple, ou telle autre chevaucheuse de canon sur la route de Versailles. […] » Comme tous les hommes qui n’en ont pas, il parlait incessamment de son caractère, et demandait une caverne pour s’y retirer avec sa femme et son enfant… Je ne sais pas si je me trompe, mais la cave sinistre de Marat a plus de grandeur que cette caverne sentimentale et poltronne de ce mari de Greuze dans l’embarras.

359. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Il est vrai que c’est surtout depuis l’établissement de ce qu’on appelle la société polie que les exemples d’amitié où interviennent les femmes sont plus en vue. […] Une femme cependant regarde toujours un homme comme un homme ; et réciproquement un homme regarde une femme comme une femme. […] Mme de Lambert, qui semble nier que l’amitié entre deux femmes soit possible, admet cet autre sentiment mixte entre deux personnes du sexe et le décrit d’une manière pleine de vérité ; c’est qu’elle l’avait éprouvé pour M. de Sacy, l’auteur du Traité de l’amitié. […] Entre hommes et femmes, il y a moins de grandes et moins de petites rivalités qu’entre des personnes du même sexe : il y a, par conséquent, beaucoup moins d’occasions de se heurter et de se blesser. […] Vis-à-vis de l’homme qu’on chérit le plus, on ne renonce jamais à sa volonté : vis-à-vis d’une femme, il est souvent permis, il est souvent si doux de n’en point avoir !

360. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Nous n’avions pas prétendu retracer toute l’histoire de cette femme brillante et diversement célèbre ; nous ne nous étions attaché qu’à bien saisir l’expression de sa physionomie en deux ou trois circonstances principales, et à la montrer sous son vrai jour. […] Dès l’instant où vous lui seriez moins cher, elle ne serait plus pour moi qu’une femme ordinaire, et je cesserais de l’aimer. » M. de Krüdner, touché de cette lettre comme un galant homme pouvait l’être, fit avec gravité une chose imprudente : il montra cette déclaration à sa femme ; et, en croyant stimuler sa vertu, il ne fit qu’irriter sa coquetterie. […] Elle n’a pas alors moins de trente-sept ans ; elle les déguise avec art sous une grâce divine que les femmes mêmes sont forcées d’admirer ; mais elle sent que le moment est venu d’appeler à son aide les succès de l’esprit et de prolonger la jeunesse par la renommée. […] « Il y a des femmes qui traversent la vie comme ces souffles du printemps qui vivifient tout sur leur passage. » Elle était elle-même une de ces femmes : dans le monde comme dans la pénitence, toute son ambition fut qu’on la prît pour une de ces brises vivifiantes du printemps ; et quand il n’y eut plus moyen de se faire illusion sur le printemps terrestre, elle aspira, elle avisa à paraître dès ici-bas un souffle et un soupir du printemps éternel. […] « Mme de Krüdner flottait entre quarante et cinquante ans, âge ingrat pour les femmes, quand elle se convertit décidément : avec ses goûts tendres, avec sa complexion sentimentale et mystique, qu’avait-elle de mieux à faire ?

361. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Le bon Hermas, vigneron de Corinthe, est resté païen, sa femme Kallista et sa fille Daphné sont chrétiennes, et c’est bien, en effet, par les femmes que la foi nouvelle devait le plus souvent pénétrer dans les foyers. […] Nous l’aimons pour l’histoire de la Samaritaine, de Marie de Magdala et de la femme adultère. […] Car tu réunis en ta personne l’aspect formidable d’un guerrier tartare à la grâce appesantie d’une femme d’Orient. […] Il charmera les femmes, car il est délicat et pur. […] C’est à lui que tu donnas le plus, ô généreuse femme !

362. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

mais la femme, la femme !  […] * * * — Un curieux mot de mère pieuse, de femme honnête à son gendre, lent à arriver à l’acte du mariage, mot que ne trouverait jamais une femme qui ne serait pas pieuse et pas honnête : « Mon cher Henry, c’est à vous à éveiller les petits sens de votre femme !  […] Nous faisons passer nos cartes à sa femme, et nous attendons dans l’antichambre. […] Quand nous redescendons, nous trouvons l’imprudent Gautier en train de raconter à Sacy, qui peut être une voix dans son élection de demain, qu’une des femmes qu’il a le plus aimées dans sa vie, était une femme panthère, tachetée comme son nom, qu’on montrait dans une baraque, et aux oh ! […] Sa femme nous fait entrer dans sa chambre.

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