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985. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

En politique aussi, quelque peu partisan que l’on soit de la théorie sacrée et du droit divin, tel que Bossuet l’institue et le renouvelle, on serait presque fâché que cette doctrine n’eût pas trouvé un si simple, si mâle, si sincère organe, et si naturellement convaincu.

986. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Bouillet), parlant de la confiance qui n’est due en fait de médecine qu’aux hommes vraiment savants et vertueux : Et où peut-on en trouver un plus grand nombre que dans cette capitale, disait-il, où une faculté respectable par son antiquité, recommandable par la pureté de sa doctrine, célèbre par les grands médecins qu’elle a produits et par ceux qu’elle possède aujourd’hui dans son sein, continue de s’occuper avec la plus grande activité du soin de former des sujets dignes d’une école aussi illustre !

987. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Il était moins indifférent qu’il ne le dit ; il était passionné pour ou contre certaines doctrines.

988. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Guillaume Guizot, a exposé et combattu en forme cette méthode dans deux articles très remarquables ; je ne m’engagerai pas ici dans la discussion générale de la doctrine, ce qui exigerait des développements hors de mesure : je me bornerai, dans le cas particulier de Tite-Live, à faire voir ce qu’elle a, selon moi, d’excessif, d’artificiel et de conjectural ; le genre et le degré d’objection que j’y fais se comprendront mieux : Que sait-on de Tite-Live, de sa personne et de sa vie ?

989. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Marolles, qui joindra plus tard (1627) à ce premier bénéfice l’abbaye de Villeloin, plus considérable, et qui en prit occasion de recevoir l’ordre de prêtrise moins par vocation que par convenance (les bulles y mettant cette condition), fut lié avec quelques-uns de messieurs de Port-Royal, fort sévères sur ce genre d’abus et de d’irrégularités ; mais, tout en se prévalant de leur amitié et en la leur rendant par de bonnes paroles et des témoignages publics d’intérêt, il ne fut touché en aucun temps de scrupules sur la manière dont il était entré dans les bénéfices et dans le sacerdoce ; il avait le christianisme assez large et coulant, et n’était rien moins que rigoriste, soit pour la doctrine, soit pour les mœurs : se contentant de vivre en honnête homme, comme on disait alors.

990. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

C’est joli, mais il me semble que la vraie mesure n’est pas où la met cet homme d’esprit, et de doctrine un peu trop idéale : Racine, par exemple, était un génie religieux et croyant, et nul n’a été plus que lui sensible et susceptible ; il était un amour-propre plus vulnérable que Molière ou Shakespeare.

991. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Le voile qui s’est déchiré depuis, et qui a laissé voir le fond orageux et mouvant de ses doctrines, n’était qu’à peine soulevé alors.

992. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Scherer ; ainsi pressée et poussée dans ses résultats, serrée de près dans ses principes et ses déductions, la doctrine du grand théocrate se réduisait de beaucoup ; je ne voyais pas ce qu’en vérité on pouvait répondre à son ferme et froid contradicteur ; et pourtant l’homme en Joseph de Maistre me paraissait supérieur à ce qui ressortait de cette exacte analyse.

993. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

La doctrine de la perfectibilité dans son sens le moins contestable y est fermement maintenue.

994. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Lorsque dans les séances publiques de l’Académie des Beaux-Arts, mainteneur et défenseur des doctrines classiques exclusives, il avait irrité les jeunes élèves par la rigidité de ses conseils et de ses leçons, il semblait, lorsqu’il en venait ensuite à la lecture de sa notice consacrée à un académicien mort, que cette lecture fût interminable.

995. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Fréron, dans cette grande lutte et ce mouvement d’idées qui partageait le xviiie  siècle, avait choisi le rôle de défenseur de l’autel et des saines doctrines contre les philosophes : quand on se donne une telle mission, il faut être deux fois irréprochable.

996. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Deux des neveux de Loyson, l’un ecclésiastique savant et distingué, professeur plein de doctrine et de mérite, l’autre prédicateur éloquent, dont la parole a de la flamme et des ailes, ont rajeuni ce nom et l’ont remis en circulation dans une partie de la jeunesse contemporaine.

997. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Sainte-Beuve n’a pas à se prononcer, article par article, sur les doctrines professées par le Temps, et il n’a eu à les considérer que dans leur ensemble ; mais il sait que ce journal, dont il a pour amis les principaux rédacteurs, est un journal généralement estimé et très-estimé.

998. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Molé, il me semblait reconnaître une teinte marquée de cette époque qui se réfléchissait dans son discours ; c’était un certain accent de doctrines religieuses, sociales, conservatrices, réparatrices.

999. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Je l’ai essayé, et je ne suis pas sûre d’avoir réussi dans la première épreuve de ma doctrine sur moi-même ; serait-ce donc à moi qu’il conviendrait d’affirmer son absolu pouvoir ?

1000. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Il faut y ajouter les Pères de l’Oratoire, de la Mission, de la Doctrine chrétienne et quelques autres ; le total de tous les moines doit osciller autour de 23 000  Quant aux religieuses, j’ai relevé aux Archives nationales leur catalogue dans 12 diocèses comprenant, d’après la France ecclésiastique de 1788, 5 576 paroisses : Diocèses de Perpignan, Tulle, Marseille, Rodez, Saint-Flour, Toulouse, Le Mans, Limoges, Lisieux, Rouen, Reims, Noyon.

1001. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

On peut juger combien les doctrines d’un tel homme d’esprit devaient sourire à un très-jeune homme, qui en avait fait son oracle et qui portait dans ses votes populaires l’ardeur de son âge et l’illusion de sa passion du bien public.

1002. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Le grand réformateur Knox prêchait la doctrine nouvelle, qui y avait trouvé des âmes énergiques et dures toutes faites pour la recueillir.

1003. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Usant d’une imagination adroite et subtile, il s’emploie à donnera tous ses goûts une nourriture facticement convenable, présente à ses yeux des spectacles combinés, substitue les évocations de l’odorat à l’excercice de la vue, et remplace par les similitudes du goût certaines sensations de l’ouïe, pare son esprit de tout ce que la peinture, les lettres latines et françaises ont d’œuvres raffinées, supérieures ou décadentes, oscille dans sa recherche d’une doctrine qui systématise son hypocondrie, entre l’ascétisme morose des mystiques et l’absolu renoncement des pessimistes allemands.

1004. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Entre autres monstruosités, vous y verrez ceci : « Le style n’existe pas plus sans l’idée que l’idée sans le style. » Et encore : « Traitez votre pensée comme Dieu traite ses montagnes, — du granit dessous, des fleurs dessus (pages 92 et 95). » La doctrine romantique sur l’idée et le style est tout entière dans ces deux lignes.

1005. (1887) La banqueroute du naturalisme

Tout en continuant d’ailleurs de défendre violemment ses doctrines, injurieusement même au besoin, M. 

1006. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Cousin une doctrine capitale sur laquelle il établit sa théodicée, qui lui semble le fondement de la morale et de la science, avec laquelle il réfute les sensualistes, la seule entre toutes les siennes qui renferme autre chose que les maximes du sens commun : la théorie de la raison ; elle est sa place d’armes.

1007. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

II Tel est cet orateur que l’imagination poétique et l’esprit d’érudition ont promené dans l’érudition et égaré dans la philosophie, qui, après avoir voyagé parmi divers systèmes et hasardé un pied, et même deux pieds, dans le panthéisme, est venu se rasseoir dans les opinions moyennes, dans la philosophie oratoire, dans la doctrine du sens commun et des pères de famille ; qui, pensant faire l’histoire du dix-septième siècle, en a fait le panégyrique ; qui, croyant tracer des portraits et composer des peintures, n’a su que recueillir des documents et assembler des textes ; mais qui, dans l’exposition des vérités moyennes et dans le développement des sujets oratoires, a presque égalé la perfection des écrivains classiques, et qui, par la patience de ses recherches, par le choix de ses publications, par la beauté et la solidité de ses monographies, a laissé des modèles aux érudits qui continueront son œuvre, et des matériaux aux philosophes qui profiteront de son travail.

1008. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

On a en ce volume une mine d’études, de réflexions, de comparaisons et même de doctrines infiniment intéressantes. […] Pierre Leroux, sa vie, son œuvre et sa doctrine, par M.  […] De 1830 à 1848, d’abord Saint-Simonien et mettant Le Globe au service de cette doctrine, puis philosophe indépendant et personnel et fondant, tous les deux ans, un journal ou une revue qui mourait au bout de dix-huit mois, la Révolution de 1848 le trouva à Boussac, vivant péniblement d’une imprimerie de sous-préfecture, et en fit un député à la Constituante, puis à la Législative. […] Il est absolument impossible de résumer sa doctrine. […] Quand on pense une doctrine, on ne peut penser comme vraie que cette doctrine. » — Excellent.

1009. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Telle est la doctrine que la Seine, comme une institutrice bienveillante, enseignait doucement à Pierre Nozière. […] Mais, comme elle était juive, la doctrine universitaire glissa sur son âme sémite et n’en put atteindre les profondeurs. […] Mais je suis peiné, je l’avoue, de voir son talent se débattre contre la doctrine ingénieuse et revêche qui tyrannise tout son roman. […] C’est au nom de cette doctrine des races qu’on a prétendu justifier les clauses barbares du traité de Francfort. […] Aussi bien, est-ce le moment d’adopter cette doctrine qui deviendrait si facilement une arme de guerre civile ?

1010. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Plus d’une fois, entendant Berryer et surpris de ne l’écouter que d’une oreille distraite, je m’imaginais sa doctrine aux mains d’un penseur, d’un Royer-Collard, par exemple. […] Vous êtes sans doctrine. […] Parmi beaucoup d’éloges sincères, je m’élevais contre la doctrine favorite du livre, cette logique des faits qui, en temps de révolution, impose irrésistiblement le crime à des hommes nés honnêtes gens. […] Tandis qu’à l’encontre de l’opinion du genre humain qui donne pour origine à tout être organisé, animal ou végétal, un œuf ou une graine, une certaine doctrine affirmait qu’au plus bas de l’échelle, il est des êtres qui naissent spontanément d’une fermentation sans germes. Pasteur, rencontrant cette doctrine comme une objection provocante contre ses travaux sur les ferments, y avait répondu en instituant des expériences sur les poussières de l’air.

1011. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il est parce qu’il est. — Dans ces doctrines il y a bien de la dureté et presque de la cruauté. […] Il a pensé jusqu’à la fin qu’on devait le maintenir et l’exalter même en présence de l’envahissement des doctrines égoïstes. […] » Or c’est précisément pour protester contre cette doctrine, pour montrer combien elle est illusoire et dangereuse que Feuillet écrit, quelques années plus tard, Monsieur de Camors. […] On voit peut-être maintenant par où pèche la doctrine naturaliste, et que c’est par la base. En tant que doctrine, le naturalisme n’existe pas ; ou plutôt par ce qu’il a d’erroné et de dangereux, il a contribué puissamment à dévoyer d’abord, et à retarder ensuite, le légitime et profitable mouvement du moderne réalisme.

1012. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Mais on a coutume de croire que pour avoir accepté cette doctrine on se trouve désarmé dans le combat de l’existence. […] De même en passant par les âmes les doctrines se teintent de nuances différentes. […] Avec la sèche doctrine d’Épicure, Lucrèce écrit un poème d’enthousiasme, de colère et de pitié. […] Il a été tout droit à la mystique et aux périlleuses doctrines d’un christianisme surélevé. […] Mais l’attachement même qu’on a pour les doctrines fait qu’on se méfie de leurs contrefaçons et qu’on éprouve le besoin de les distinguer d’avec leurs parodies.

1013. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Il flétrit, bien mieux que n’eût fait le bourreau, les plus avancés dans cette bataille religieuse, ces jésuites qui étaient partout ; et de cet amoncellement de doctrines perverses, il ne laissa pas pierre sur pierre. […] Il était impatient de savoir ce que deviendrait le monstre, et comment il pousserait jusqu’au bout la doctrine des désirs permis et légitimes. […] Ce qui est très vrai et magnifiquement exprimé ; il termine par conjurer le théatin d’abjurer ces exécrables doctrines, et vous jugez s’il parlait à un converti ! […] L’Université de France, qui jurait encore par son maître Aristote, justement inquiétée des progrès de la doctrine nouvelle, se démenait et s’agitait dans tous les sens, pour faire rétablir dans toute sa rigueur, un arrêt de l’an 1624 qui défendait, sous peine de la vie, d’enseigner aucune doctrine contraire aux opinions d’Aristote.

1014. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

La conduite de Goethe à l’égard des femmes, surtout depuis son âge avancé, avait été le commentaire de ces doctrines : s’il aimait, il ne s’enchaînait pas par l’amour. […] Le prince de Talleyrand fut en France dans ces derniers temps le Goethe de la politique ; Goethe fut le prince de Talleyrand de l’Allemagne en littérature ; tous les deux très supérieurs au vulgaire, très dédaigneux des événements, peu soucieux de ces doctrines soi-disant immuables que les partis appellent des principes et que l’histoire appelle des circonstances.

1015. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Dans son curieux livre des Fais et bonnes Mœurs du sage roy Charles, elle en donne une belle définition « Celle-là est poësie dont la fin est vérité, et le prûcez (moyen) doctrine revestue en paroles d’ornements delitables, et par propres couleurs. » Une femme qui avait, au commencement du quinzième siècle, une si noble et si juste idée de la poésie, était compétente pour critiquer le Roman de la Rose : Chrisrtine, d’ailleurs, rendit hommage au talent de Jean de Meung, bien parlant disait-elle, et moult grand clerc soubtil. […] Il s’ébahit « vu que c’est le meilleur poëte parisien qui se trouve, comment les imprimeurs de Paris et les enfants de la ville n’en ont eu plus grand soin. » II veut que les jeunes gens « cueillent ses sentences comme belles fleurs ; qu’ils contemplent l’esprit qu’il avait ; que de lui ils apprennent proprement à décrire. » Il l’estime « de tel artifice, tant plein de bonne doctrine, et tellement peinct de mille couleurs », que très-souvent il lui en fait des emprunts, et qu’il se paye, en le copiant, du soin de l’avoir édité.

1016. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Sa rêverie est devenue doctrine. […] Quelquefois même les philosophes aident étourdiment à cet abaissement en mettant dans les doctrines le matérialisme qui est dans les consciences.

1017. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Bausset, dans ses Vies de Bossuet et de Fénelon, est agréable de diction, mais ses doctrines sont loin d’être pures ; et quant aux Vies de La Fontaine et de madame de Sévigné, par Walckenaër, elles sont plutôt de la critique ingénieuse et patiente qu’autre chose. […] Seulement, pour agir avec fruit sur l’opinion de la Grande-Bretagne, il fallait à la hideuse chronique de Henri VIII, de ce César de la décadence romaine, tombé, on ne sait comment, dans les temps modernes, ajouter cette discussion de doctrines dont l’Angleterre a plus besoin que tous les autres pays protestants, en raison du peu d’épaisseur de ce qui la sépare de la vérité.

1018. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Les jansénistes l’accusèrent d’en avoir altéré des endroits pour la doctrine : il est à croire qu’il se contenta seulement d’y remettre plus d’accord et de justesse, en y laissant subsister la forme première et l’esprit.

1019. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Il s’agit de déloger l’autorité de ces derniers postes spécieux : « L’examen dans les ouvrages de belles-lettres, nous dit Terrasson, doit donc tenir lieu de l’expérience dans les sujets de physique ; et le même bon esprit, qui fait employer l’expérience dans l’un, fera toujours employer l’examen dans l’autre. » Le livre de Terrasson est à lire comme un des plaidoyers les plus directs et les plus consciencieux qui aient été faits en faveur de la doctrine de la perfectibilité.

1020. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Habert, à faire un extrait de la vraie doctrine de saint Augustin, le Fénelon qui déclare « que les libertés de l’Église gallicane sont de véritables servitudes », qui craint la puissance laïque bien plus que la spirituelle et l’ultramontaine, et qui redoute le danger d’un schisme tout autant que l’invasion de la France, ce Fénelon n’est pas celui que les philosophes de l’âge suivant ont façonné et remanié à leur gré.

1021. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Y a-t-il dans le texte, en effet, ces mots qui se rapportent à l’exposé de la doctrine des stoïciens : « Dieu, la Matière, la Fatalité ne font qu’Un », Chateaubriand écrit en marge : « Voilà mon système, voilà ce que je crois.

1022. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

On voit que là encore, et en art comme en littérature, il pratiquait sa doctrine.

1023. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Que s’il se mêle à cette question de liturgie une part de dogme, on trouvera tout naturel que je la néglige ici pour ne considérer que ce qui est du ressort du goût, ce dernier ordre de considérations étant très suffisant pour nous permettre de bien juger du caractère, du rôle et de toute la destinée de Santeul ; car il ne fut jamais qu’un homme de verve, et nullement un homme de doctrine.

1024. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Arnauld est mort chef d’un parti déclaré contre l’Église, étant lui-même ecclésiastique et d’un ordre dont la doctrine a toujours été sans reproche, eût voulu louer et préconiser un hérésiarque, reconnu par l’Église et la France pour tel, et que si le roi savait cela, etc… Santeul effrayé, et qui avait une pension du roi de huit cents livres, s’excusa en paroles, désavoua les vers comme il put ; mais Jouvency voulait une rétractation non pas seulement verbale, mais écrite.

1025. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il lui semblait, comme à Martial, que pour créer des poètes, et de grands poètes, il ne s’agissait que de les encourager par des largesses ; il pense là-dessus comme Clément Marot, comme les poètes valets de chambre (avant que Molière en fût) ; il n’a pas de doctrine plus relevée, et, dans une pièce imitée de Martial même, il le dit très lestement au maréchal de Noailles, l’un de ses patrons d’autrefois : Dans ce beau siècle où Paris est au faite, Grâce à son roi, des biens, des dignités, Où sous son ombre elle élève sa tête Cent pieds de haut sur les autres cités, À concevoir vous trouvez difficile Pourquoi ce roi, plus couvert de lauriers, Plus grand qu’Auguste, a manqué de Virgile Pour consacrer ses triomphes guerriers.

1026. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Il a besoin de toute sa rhétorique pour imprimer cette doctrine dans la tête du prince Henri, et, lui rappelant la fable des deux médecins Tant-pis et Tant-mieux : « J’ai, lui disait-il, un malade à traiter, qui a une fièvre violente : dans un cas désespéré, je lui ordonne de l’émétique, et vous voulez lui donner des anodins. » Les défauts du prince Henri, tempérés ou, pour mieux dire, stimulés pendant la guerre de Sept Ans par tant d’aiguillons, par ce qu’il avait de jeunesse et par l’impérieuse nécessité des conjonctures, apparaîtront plus à nu et se prononceront sans réserve lorsqu’il vieillira et durant la campagne de 1778.

1027. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Pour rien au monde, quand je le pourrais, je ne voudrais enlever à l’humanité un dogme utile ou même une illusion consolante ; mais lorsqu’une doctrine prend la forme d’un jeu d’esprit ou d’un exercice de talent, il est bien permis de la discuter.

1028. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

En politique, il était centre gauche, partisan de ces doctrines libérales honnêtes, qui sont le résultat assez naturel des études classiques : il ne les épousait pas systématiquement ni avec trop de passion ; il n’était pas homme non plus à les modifier, à les rétracter ou à les suspendre d’après l’expérience positive de la vie.

1029. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Fagon, comme tous les vrais disciples d’Hippocrate, triomphe des théories préconçues et des mauvaises doctrines, tour à tour régnantes, par l’observation pratique et le tact.

1030. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Paris, faites au Collège de France sur les Mystères, ont été recueillies dans le Journal général de l’Instruction publique, 30 mai et 13 juin 1855 ; elles résument la doctrine de M. 

1031. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

L’Édit de Révocation venait enfin d’être lancé (octobre 1685), et c’était le thème sur lequel Foucault prêchait à ces gentilshommes d’un ton impératif la plus absolue doctrine de religion politique et administrative, cette grande erreur du temps et de plus d’un temps.

1032. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

N’essayons pas de porter la raison dans l’amour, pas plus que d’être sage dans la folie. » Que la scène entre son jeune homme Phédria et la courtisane Thaïs (dans l’Eunuque) vient bien à l’appui de cette doctrine !

1033. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Quand on parcourt, comme je viens de le faire, les deux premiers volumes des Questions de mon temps, on est frappé de l’à-propos et de la justesse de son feu et de son tir contre les journaux, organes des divers partis : — quelques-uns, les journaux de l’opposition pure, attaquant le ministère Guizot à outrance sans trop voir ce qu’ils ébranlent avec lui ; d’autres, le Journal des Débats, le défendant à outrance sans voir ce qu’ils compromettent avec lui ; Le National enfin, d’accord avec les organes légitimistes dans la détestable doctrine du Tant pis, tant mieux, désirant que le ministère résiste jusqu’au bout et tienne bon opiniâtrement, afin de renverser du même coup ministère et système, cabinet et dynastie.

1034. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Cet esprit si fort de pensée, si ferme et si rigoureux de doctrine, se trouve être l’âme la plus douce et la plus tendre dans le cercle du foyer.

1035. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

C’est surtout dans le tableau de ce que deviendrait la société dénuée de religion et livrée en proie aux doctrines contraires, que l’orateur sacré puise ses principaux arguments.

1036. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

On apprend par le récit détaillé de cette intrigue à mieux connaître les mœurs du gouvernement sous Louis xvi, et cette douceur de civilisation qui suppléait souvent au manque de principes et de doctrines.

1037. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

M. le comte Molé a répondu au récipiendaire avec la même franchise que celui-ci avait mise dans l’exposé de ses doctrines.

1038. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

C’était étrange, c’était nouveau… il n’en fallait pas davantage pour que mon Dumas fût empaumé, je devrais dire emballé, car il fut, dès le principe, un des plus fervents adeptes des nouvelles doctrines, un adepte, plutôt un apôtre, prêchant d’exemple et de parole : “Songez donc, me disait-il, la vie de l’être, de l’Humanité, est là toute entière !

1039. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Caton l’Ancien, qui désapprouvait le goût des Romains pour la littérature grecque, et qui témoigna particulièrement du mépris à Ennius, parce qu’il écrivait en vers, avait été instruit lui-même par Néarque le pythagoricien, et se distingua comme écrivain et comme orateur : il ne se montra l’adversaire que de Carnéade, philosophe grec de la secte académique ; et Diogène le stoïcien, qui fut envoyé à Rome en même temps que Carnéade, y fut si bien accueilli, que Scipion, Lælius, et plusieurs autres sénateurs embrassèrent sa doctrine : il paraît même qu’elle était connue et pratiquée à Rome longtemps avant cette ambassade.

1040. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Chaque philosophe met sur le roman l’empreinte de son tempérament comme de sa doctrine : Voltaire y porte son esprit mordant, sensé, léger, son ironie dissolvante et meurtrière, peu de sensibilité, peu de tirades ; il excelle à trouver les faits menus, secs et précis, qui font apparaître l’absurdité d’une opinion.

1041. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

On ne peut s’empêcher de conclure qu’il a été bien funeste à ce délicat esprit d’appeler, au secours d’une indolence chez lui si naturelle, la paresse raisonnée de Chaulieu, et d’insister sur une doctrine qui a pour effet immédiat d’amollir les courages et de supprimer le ressort des âmes.

1042. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Il échappa encore aux vicissitudes de pensées qu’il aurait eu à subir sous des Restaurations passionnées et peu sages, dont il n’eût pu épouser qu’à demi les prétentions et les doctrines ; il échappa à la polémique qu’il aurait eu à supporter de la part des immodérés et des violents pour quelques-uns de ses actes de transaction et de conciliation, les meilleurs même et les plus mémorables.

1043. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Une brochure de lui publiée en 1833 (Extrait du dossier d’un prévenu, etc.) nous le montre, dans un travail pénible et embarrassé, essayant de maintenir une sorte d’union et de transaction entre les violents et les modérés du parti, de couvrir les dissidences profondes de doctrines, et, à cet effet, on le voit épuiser un art infini autour de cet odieux Robespierre, que les fanatiques mettaient toujours en avant.

1044. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Il n’est pas douteux pourtant qu’il n’ait, dans son intimité de Passy, agi sur bien des hommes éminents qui prirent part ensuite à ce grand mouvement révolutionnaire, et qu’il n’ait contribué à leur donner plus de confiance et de hardiesse : « Franklin, nous dit Mallet du Pan, répéta plus d’une fois à ses élèves de Paris que celui qui transporterait dans l’état politique les principes du christianisme primitif changerait la face de la société. » Il est un de ceux qui ont le plus mis en avant cette doctrine de séculariser le christianisme, d’en obtenir, s’il se peut, les bons et utiles résultats sur la terre.

1045. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

On pourrait croire seulement qu’elle est funeste à la largeur des vues et doit conduire à une doctrine étroite : c’est là un écueil que M. de Tocqueville a su éviter.

1046. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Les réfutations, principalement, sont admirables ; il est impossible de mieux posséder son sujet, de pénétrer plus complètement le fort et le faible des systèmes, de mettre plus exactement et plus visiblement le doigt sur l’origine des sophismes, de démêler et de corriger plus sûrement les déviations par lesquelles une doctrine vraie fléchit et va se perdre dans l’erreur.

1047. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Le premier est la traduction exacte : c’est celle que la doctrine de Condillac explique ; le second est la traduction complète ; c’est celle que donnent les progrès de l’observation.

1048. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Terminer la Révolution à l’avantage de l’humanité, influer sur des mesures utiles à mes contemporains et à la postérité, rétablir la doctrine de la liberté, consacrer mes regrets, fermer des « blessures, rendre hommage aux martyrs de la bonne cause, seraient pour moi des jouissances qui dilateraient encore mon cœur ; mais je suis plus dégoûté que jamais, je le suis invinciblement de prendre racine dans les affaires publiques ; je n’y entrerais que pour un coup de collier, comme on dit, et rien, rien au monde, je vous le jure sur mon honneur, par ma tendresse pour vous et par les mânes de ce que nous pleurons, ne me persuadera de renoncer au plan de retraite que je me suis formé et dans lequel nous passerons tranquillement le reste de notre vie. » Mais s’il est loin de les avoir tenues à la lettre, il semble s’être toujours souvenu de ces paroles et ne s’être jamais trop départi du sentiment qu’il y exprime. […] je vous dis, moi, qu’il est tout prêt à recommencer. » La Fayette (et lui-même le dit presque en propres termes) s’appliqua à se conserver sous l’Empire comme un exemplaire de la vraie doctrine de la liberté, exemplaire précieux et à peu près unique, sans tache et sans errata, avec le Victrix causa Diis pour épigraphe. […]  —  Sa tante, madame de Tessé, me disait hier : « Je n’aurais jamais cru qu’on pût être aussi fanatique de vos opinions et aussi exempte de l’esprit de parti. » En effet, jamais son attachement à notre doctrine n’a un instant altéré son indulgence, sa compassion, son obligeance pour les personnes d’un autre parti ; jamais elle ne fut aigrie par les haines violentes dont j’étais l’objet, les mauvais procédés et les propos injurieux à mon égard, toutes sottises indifférentes à ses yeux du point où elle les regardait et où sa bonne opinion de moi voulait bien me placer

1049. (1904) Zangwill pp. 7-90

  Épuiser l’indéfinité, l’infinité du détail dans la connaissance de tout le réel, c’est la haute, c’est la divine, c’est la folle ambition, et qu’on le veuille ou non c’est l’infinie faiblesse d’une méthode que je suis bien forcé de nommer de son nom scolaire la méthode discursive ; n’ayant point d’ailleurs à me présenter de sitôt devant le jury d’État constitué pour maintenir à l’agrégation de philosophie la pureté première des doctrines révolues, je puis traiter des méthodes intuitives et discursives, et les confronter, sans encourir, comme il advint récemment d’un jeune homme, les foudres universitaires ; de la certitude discursive et de la certitude intuitive ; la méthode intuitive passe en général pour surhumaine, orgueilleuse, mystérieuse, agnosticiste ; et l’on croit que la méthode discursive est humaine, modeste, claire et distincte, scientifique ; je démontrerai au contraire, un jour que nous essaierons d’éprouver plus profondément nos méthodes, qu’en histoire c’est la méthode discursive qui est surhumaine, orgueilleuse, mystérieuse, agnosticiste ; et que c’est la méthode intuitive qui est humaine, modeste, claire et distincte autant que nous le pouvons, scientifique. […] On m’a dit que vous possédez même un biais pour rendre concevable l’immortalité des individus. » Nous ne pouvons pas laisser, même pour aujourd’hui, cette immortalité des individus ; car ce dogme de l’immortalité individuelle fait le point critique de presque toutes les doctrines ; c’est là que le critique attend le métaphysicien ; car c’est là que se révèlent les arrière-plans de l’espérance ; particulièrement ici le dogme de l’immortalité individuelle fera le point critique de la doctrine ; c’est à ce dogme en effet que nous allons reconnaître comment, dans les rêves de ce Théoctiste, l’humanité ou la surhumanité Dieu obtient sa mémoire totale ; nous y voyons dès les premiers mots qu’elle ne l’obtient point par une réelle résurrection des individus réels, qu’elle ne l’obtient point proprement par ce que nous nommons tous la résurrection des morts, mais que la surhumanité Dieu, dans les rêves de ce Théoctiste, obtient la totalisation de sa mémoire par une reconstitution historique, par une totalisation de l’histoire, par la résurrection des historiens, par le règne et par l’éternité de l’Historien.

1050. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

C’est une création de la doctrine et de la jurisprudence, qui marie la notion de propriété mobilière avec celle de propriété littéraire. […] Ce que vous donnez au destinataire, c’est un objet matériel, un morceau de papier couvert d’encre : un contenant mais non pas son contenu — estiment doctrine et jurisprudence. […] Poursuite justifiée, en principe, par les règles de la doctrine et de la jurisprudence actuelles, mais à laquelle j’eusse opposé cette théorie de l’abus du droit dont il était question plus haut… Quant à votre question troisième, mon cher confrère, j’ai répondu trop longuement aux deux premières pour que je puisse l’aborder, car elle est délicate.

1051. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Stuart Mill me fit l’honneur de m’écrire « qu’on ne pouvait donner en peu de pages une idée plus exacte et plus complète du contenu de son livre, comme corps de doctrine philosophique. […] Quand j’ai écrit mon livre, j’étais à peu près seul de mon opinion, et, bien que ma manière de voir ait trouvé un degré de sympathie auquel je ne m’attendais nullement, on compte encore en Angleterre vingt philosophes à priori et spiritualistes contre chaque partisan de la doctrine de l’Expérience. » Cette remarque est fort juste ; moi-même j’avais pu la faire, ayant été élevé dans la philosophie écossaise et parmi les livres de Reid. […] Rarement, je vous l’accorde, un penseur a mieux résumé par sa doctrine la pratique de son pays ; rarement un homme a mieux représenté par ses négations et ses découvertes les limites et la portée de sa race.

1052. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Voilà bien les éléments principaux de la littérature du commencement de ce siècle, se refusant à admettre les méthodes de pensée et d’écriture et l’apparence de doctrine d’Hugo : les éléments de la génération suivante l’admirent-ils plus complètement ? […] Après les premières recherches, il avait trouvé les fondements de sa doctrine dans les livres de Hartmann. […]   « Maître, je sais que selon la doctrine ancienne, pour devenir tout puissant, il faut vaincre en soi toute passion, oublier toute convoitise, détruire toute trace humaine, assujettie par le détachement. […] On se demande si l’art doit se suffire à lui-même : doctrine de l’art pour l’art ; s’il doit belligérer au profit d’idées sociales, d’intérêts contemporains et généraux : doctrine de l’art social. […] II La doctrine de l’art pour l’art est aussi difficile à définir précisément que la doctrine antagoniste.

1053. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Quand, vers la Renaissance, la nature opprimée s’est redressée et a repris l’ascendant, elle a trouvé devant elle pour la rabattre la vieille doctrine ascétique et mystique, non-seulement avec sa tradition et ses institutions maintenues ou renouvelées, mais encore avec le trouble durable qu’elle avait porté dans l’âme endolorie et dans l’imagination surexcitée. […] A partir de la Renaissance, l’antiquité restaurée est venue surajouter toutes ses conceptions aux nôtres, parfois brouiller nos idées, nous imposer à tort son autorité, ses doctrines et ses exemples, nous faire Latins et Grecs de langue et d’esprit comme les lettrés italiens du xve  siècle, nous prescrire ses formes de drame et de style au xviie  siècle, nous suggérer ses maximes et ses utopies politiques comme au temps de Rousseau et pendant la Révolution. […] Mais les institutions et les rites du moyen âge subsistent encore, et, en Italie comme en Flandre, vous voyez dans les plus belles œuvres le contraste choquant des figures et du sujet ; des martyrs qui semblent sortir d’un gymnase antique, des Christs qui sont des Jupiters foudroyants ou des Apollons tranquilles, des Vierges dignes d’un amour profane, des Anges aussi gracieux que des Cupidons, parfois même des Madeleines qui sont des sirènes trop florissantes et des saints Sébastiens qui sont des Hercules trop gaillards ; bref, une assemblée de saints et de saintes qui, parmi des instruments de pénitence et de passion, gardent la vigoureuse santé, la belle carnation, la fière attitude qui conviendrait pour une fête heureuse de nobles canéphores et d’athlètes parfaits. — Aujourd’hui l’encombrement de la tête humaine, la multiplicité et la contradiction des doctrines, l’excès de la vie cérébrale, les habitudes sédentaires, le régime artificiel, l’excitation fiévreuse des capitales, ont exagéré l’agitation nerveuse, outré le besoin des sensations fortes et neuves, développé les tristesses sourdes, les aspirations vagues, les convoitises illimitées. […] Diopithès, dit Plutarque, « fit un décret qui ordonnait de dénoncer ceux qui ne reconnaissaient pas l’existence des dieux ou qui enseignaient des doctrines nouvelles sur les phénomènes célestes ».

1054. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

En une page d’un livre précédent, cette pauvre Laurenty résumait les doctrines des philosophes sur l’absolu. […] Quand il s’agit de doctrines abstraites, elle nous suit : les bas-bleus d’aujourd’hui ont pour le pessimisme la tendresse des esthètes de la précédente génération. […] Régine de Sylveréal vient d’exposer la doctrine de Mlle de Bovet sur le mariage. […] Le lecteur me dispensera d’exposer le reste, d’indiquer comment elle puérilise la vieille doctrine de l’hylozoïsme, comment elle mêle et embrouille le dogme de la chute et le système de l’évolution. […] Elle ne créera jamais ni un poème large, ni un drame puissant, ni un caractère autre que le sien, ni un roman qui ne soit pas son roman, ni surtout une doctrine philosophique.

1055. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Ce point ne peut donner lieu à aucune contestation sérieuse et nous sommes loin de la doctrine de Descartes, qui considérait comme de pures machines tous les animaux, même ceux qui nous étonnent chaque jour par leur aptitude à apprendre, par leur attention à bien faire, leur passion à deviner nos désirs. […] Fondant en une seule doctrine les idées de Lamarck et celles de Darwin, il admettait également le principe des sélections, naturelle et sexuelle, et l’influence des milieux, presque négligée par Darwin ; mais il donnait la première place à Lamarck, qui, selon lui, avait découvert les facteurs primaires de l’évolution des êtres organisés. […] Les utopistes ne procèdent pas de Condorcet, dont la doctrine ne peut être que féconde, malgré bien des points critiquables, par la confiance qu’elle inspire aux hommes dans leur propre destinée ; ils ont une lignée plus lointaine : ils descendent tout droit du seigneur Jehovah, lequel, d’un seul coup de baguette, fît surgir sur les bords désolés de l’Euphrate le lieu de délices appelé Eden. […] Le fouriérisme est la doctrine de la grande marmite, du pot-au-feu monstre. […] Ruskin réfléchit beaucoup, et le résultat de ses réflexions fut un petit traité d’économie politique où, sans beaucoup de science, sans une connaissance très précise des systèmes, il n’en porta pas moins des coups mortels à la doctrine utilitaire de Ricardo.

1056. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Ferdinand Brunot, qui n’est pas un ami très chaud de Malherbe : La Doctrine de Malherbe dans son Commentaire sur Desportes. […] Il existe en France une doctrine artistique suivant laquelle l’artiste n’est pas tenu d’être un prédicateur ou un directeur de conscience ! […] Tolstoï est absolument ébouriffé de la possibilité de l’existence d’une pareille doctrine. Et elle va loin, cette doctrine. […] Il y a des peintres, oui, qui ne se croient pas tenus d’être des moralistes et d’exprimer une doctrine morale dans leurs tableaux.

1057. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

L’Exposition de la doctrine catholique par l’évêque de Meaux entama sa conversion, et l’Histoire des variations l’acheva : « C’était tomber, dit-il, sous les coups d’un noble adversaire. » Cette conversion solitaire et toute par les livres caractérise bien Gibbon.

1058. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

En dehors de lui et de ses amis, et dans une certaine opposition de goût et de doctrines, je trouve un autre groupe, celui de Fontanes, de Joubert, de Chênedollé, le monde même de Chateaubriand.

1059. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Cette doctrine sévère, qui règle le bon emploi de la retraite, et qui peut étonner au premier abord, produira ensuite, dans le détail, des effets d’une fraîcheur et d’une sensibilité incomparables.

1060. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Pendant que l’Église voit avec édification dans ces sages règlements la vérité de la doctrine, la pureté de la morale, l’intégrité de la discipline, l’autorité de la hiérarchie, établies, soutenues et conservées dans le diocèse de Noyon depuis l’heureux temps de votre épiscopat, nous y voyons encore ces divisions exactes, ces justes allusions, ces allégories soutenues, et surtout une méthode qu’on ne voit point ailleurs, et sans laquelle on suivrait difficilement des idées aussi magnifiques que les vôtres !

1061. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Il y a d’autres âmes qui paraissent tellement au niveau des misères de la vie humaine, qu’il semble que l’étoffe manquerait si l’on voulait faire d’elles autre chose que ce qu’il faut pour la vie actuelle ; et ces âmes paraissent au premier coup d’œil démentir la doctrine de l’immortalité.

1062. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Sa doctrine politique était simple ; il pensait « que la monarchie française ne pouvait subsister qu’autant qu’elle aurait un maître, mais un maître qui le fût ; que tout autre régime la devait livrer à une destruction inévitable ».

1063. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Aimer Molière, c’est être également à l’abri et à mille lieues de cet autre fanatisme politique, froid, sec et cruel, qui ne rit pas, qui sent son sectaire, qui, sous prétexte de puritanisme, trouve moyen de pétrir et de combiner tous les fiels, et d’unir dans une doctrine amère les haines, les rancunes et les jacobinismes de tous les temps.

1064. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

messieurs les gens d’esprit, que cette manière d’appliquer la doctrine de l’amour-propre aux Lettres est donc brutale et, autant qu’il me semble, injuste, à force de frapper à bout portant !

1065. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Je le sais, la doctrine du trop, de l’exagération dite légitime, de la monstruosité même, prise pour marque du génie, est à l’ordre du jour : je demande à n’en être que sous toute réserve ; j’habite volontiers en deçà, et j’ai gardé de mes vieilles habitudes littéraires le besoin de ne pas me fatiguer et même le désir de me plaire à ce que j’admire.

1066. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Il avait donné d’abord en plein dans la doctrine de Wolf ; il l’avait épousée ; puis il s’en détachait, à la réflexion, et il disait dans une de ses épigrammes, qui sont sur sa lèvre comme le sourire et la fleur d’une pensée profonde : HOMERE DERECHEF HOMERE.

1067. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Hommes d’observation, de sincérité et de hardiesse, ils se sont fait une doctrine à leur usage : ils se sont dit de ne pas répéter ce qui a été dit et fait par d’autres ; ils vont au vif dans leurs tableaux, ils pénètrent jusqu’au fond et aux bas-fonds ; ils veulent noter la réalité jusqu’à un degré où on ne l’avait pas fait encore ; ils tiennent, par exemple, à copier et à reproduire la conversation du jour et du moment, les manières de dire et de parler si différentes de la façon d’écrire, et que les auteurs, d’ordinaire, ne traduisent jamais qu’incomplètement, artificiellement ; ils ne reculent pas au besoin devant la bassesse des mots, fussent-ils dans une jolie bouche et du jargon tout pur, confinant à l’argot ; ils imitent, sans rien effacer, sans faire grâce de rien ; ils haïssent la convention avant tout ; pas d’école : « Aussitôt qu’il y a l’école de quelque chose, ce quelque chose n’est plus vivant. » Ils haïssent la fausse image et le ponsif du beau : « Il y a un beau, disent-ils, un beau ennuyeux, qui ressemble à un pensum du beau. » Très-bien : Je les comprends, je les approuve, je les suis volontiers, ou à très-peu près, jusque-là.

1068. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Mais ses passions généreuses ne s’appuient pas sur des doctrines bien méditées.

1069. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Un homme instruit et de qui les recherches allaient en sens inverse des doctrines, M.

1070. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

La comédie semble chargée de familiariser l’esprit public avec les hardiesses de la critique rationnelle, en attendant que s’engage sérieusement la grande mêlée des idées et des doctrines.

1071. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

La morale des philosophes est une morale de cabinet qui ne les suit guère dehors ; tant qu’on raisonne doctoralement, inter libros ou inter pocula, c’est superbe, plein de simplicité, de grandeur et d’harmonie ; mais deux beaux yeux que l’amour fait arder ont bien vite raison de toutes les rigueurs théoriques de ces belles doctrines, lesquelles, en de certains, moments, sembleront toujours à quiconque ne les a pas inventées de simples jeux de savants.

1072. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Zola est captif d’une doctrine, captif d’une époque, captif d’une famille, captif d’un plan.

1073. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Voilà une des caractéristiques du style de Paul Adam, de Barrès ou de Bordeaux, du « style bibelot » : l’effort immense et ridicule pour maintenir en une grâce tranquille les reflets d’idées brutales ; pour parer d’un calme philosophique le souvenir microscopique des plus orageuses doctrines ; pour identifier dans la mort les vivants les plus contradictoires.

1074. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Il ne s’est donc pas contenté de retremper ses armes dans les sources de la doctrine ; il les a repolies à l’air du siècle, et elles brillent entre ses mains d’un éclat tout neuf, parfois éblouissant.

1075. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Née en 1697, morte en 1780, elle a traversé presque tout le xviiie  siècle, dont, encore enfant, elle avait devancé d’elle-même les opinions hardies, et, à aucun moment, elle ne s’est laissé gagner par ses engouements de doctrine, par son jargon métaphysique ou sentimental.

1076. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

La mission de Voltaire, à ce moment, était de naturaliser en France les idées anglaises, les principes philosophiques qu’il avait puisés dans la lecture de Locke, dans la société de Bolingbroke ; mais surtout, ayant apprécié la solidité et l’immensité de la découverte de Newton, et rougissant de voir la France encore amusée à de vains systèmes, tandis que la pleine lumière régnait ailleurs, il s’attacha à propager la vraie doctrine de la connaissance du monde, à laquelle il mêlait des idées de déisme philosophique.

1077. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Pourtant on trouvait, dans les Pensées et Paradoxes qui venaient aussitôt après ces deux morceaux, plus d’un trait en désaccord avec la doctrine chrétienne rigoureuse ; la seule manière dont Vauvenargues y parle de la mort qui ne doit pas être, selon lui, le but final et la perspective de l’action humaine, et qui lui paraît en elle-même la plus fausse des règles pour juger d’une vie, cette façon d’envisager l’une des quatre fins de l’homme est trop opposée au point de vue de l’orthodoxie et en même temps trop essentielle chez Vauvenargues pour laisser aucun doute sur la direction véritable de ses pensées.

1078. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

L’évêque de Marseille, qui avait été si admirable pendant la peste, le vertueux Belsunce, n’aimait point les doctrines théologiques et à demi jansénistes qu’on supposait à l’Oratoire ; il fut cause que Barthélemy alla faire ses cours de philosophie et de théologie chez les Jésuites.

1079. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

La forme la plus achevée de la doctrine qui explique les sentiments par des phénomènes intellectuels est celle de Herbart.

1080. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

La doctrine rationaliste s’enferme donc elle-même dans un cercle vicieux : la raison ne saurait engendrer la mémoire ni mouvoir les idées et produire leur rappel ; elle est obligée, pour entrer en exercice, d’attendre que le rappel ait eu lieu et que les deux termes soient amenés devant elle par quelque moteur différent d’elle-même ; semblable au prisonnier de la caverne, elle doit attendre que la procession des ombres se produise pour pouvoir spéculer sur leurs rapports77.

1081. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

* * * — Plus de principes, plus rien qui soit juste ou injuste, avec la doctrine de l’opportunisme.

1082. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

La plûpart des regles qu’on regarde comme nouvelles, sont implicitement dans la logique d’Aristote, où l’on apperçoit la méthode d’invention et la méthode de doctrine.

1083. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Telle est, en effet, la thèse qu’ont soutenue, plus ou moins explicitement, toute une lignée de penseurs dont la doctrine, par-delà Ritschl, remonte jusqu’au moralisme kantien.

1084. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Mais si le critique n’a pas encore tout son développement de doctrine et de génie sévère dans l’auteur des Jugements nouveaux, s’il n’a pas encore atteint cette carrure et ce poids, cette maturité et cette élévation définitive qui font le critique tout-puissant dans une compréhension et une exclusion également souveraines, l’écrivain, qui apparaît toujours plus tôt chez les hommes parce qu’il tient bien plus à des spontanéités qu’à des expériences, et à des jaillissements qu’à des replis, l’écrivain est venu chez Xavier Aubryet, et son développement est si complet et si superbe qu’il aura plus à faire désormais pour s’émonder que pour s’accroître.

1085. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

La doctrine des states rights a été ébranlée par la guerre de sécession : dans la « période de reconstruction » qui l’a suivie, bien des divisions provinciales sont tombées, comme surannées ou dangereuses210.

1086. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Il s’est trouvé que cette doctrine était une supposition en philosophie ; il se trouve qu’elle est une règle en critique. […] À ne considérer en lui que sa doctrine, et par la méthode ordinaire, on le regardera comme un ennemi de la liberté et un destructeur de l’homme. […] Tant vaut l’homme, tant vaut la doctrine. […] La vérité est qu’ils n’ont cherché dans l’histoire que des arguments pour leur doctrine et des armes pour leur cause. […] La doctrine du droit divin a péri.

1087. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Comment, par exemple, prononcer le nom de George Sand sans se rappeler à l’instant ces pages éloquentes, ces doctrines pernicieuses, ces récits admirables, ces déclamations pédantes qui nous ont charmés et révoltés tour à tour, et dont le souvenir arrête à la fois la louange et détourne le blâme ? Comment, surtout, prendre au sérieux les doctrines d’un écrivain dont on a pu suivre les incroyables métamorphoses, et qui semble avoir toujours érigé en principes ses engouements passagers ? […] Il a retenu quelque chose de la doctrine ésotérique des hypogées à laquelle Moïse avait été initié. » Et ainsi de suite pendant deux pages ! […] Il ne contient ni peintures licencieuses, ni doctrines immorales, et pourtant il me semble qu’il est telle œuvre d’un écrivain franchement grossier qui choquerait moins un lecteur délicat. […] Renan aurait, dans son discours d’ouverture, « exposé des doctrines qui blessent les croyances chrétiennes et qui peuvent entraîner des agitations regrettables ».

1088. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

» Désarçonné, Apollonius se convertit à l’instant même, injurie le prince, qui, trouvant sainte Catherine fort belle, se sent amoureux tout d’un coup et fait des calembours : « Absent, je puis ordonner son martyre ; —  mais un regard de plus, et le martyr sera moi710. » Dans cet embarras, il envoie un grand officier pour déclarer son amour à sainte Catherine ; le grand officier cite et loue les dieux d’Épicure : à l’instant, la sainte établit la doctrine des causes finales, qui renverse celles des atomes. […] On aperçoit dans leur voisinage les doctrines de Bossuet et de Descartes ; la réflexion aide en eux la conscience ; l’habitude du monde y joint le tact et la finesse. […] Les idées alors sont aussi petites que les haines sont fortes ; nulle doctrine générale n’ouvre au-dessus du tumulte de la bataille des perspectives poétiques : des textes, des traditions, une triste escorte de raisonnements rigides, voilà les armes ; les préjugés et les passions se valent dans les deux partis.

1089. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

La vérité est peut-être dans la conciliation de ces diverses doctrines. […] Suprême contraste  : ce Sosie d’Armand Sylvestre, ce curé de Meudon laïque, ce Tillemont mêlé de Grammont fut non seulement un catholique sincère, mais un théologien casuiste toujours à cheval sur la doctrine. […] La bonhomie de son caractère, sa compréhension des doctrines, sa connaissance indulgente des hommes donnèrent à sa critique ce ton sans rancune qui faisait de lui le plus libéral et le plus aimable des contradicteurs. […] C’est là que je vis pour la première fois le père Didon, ami de Flaubert, célèbre par son talent oratoire autant que par la soumission avec laquelle il expia ses doctrines prématurément libérales. […] Il ne se lassait pas de m’expliquer ses principes philosophiques, sa doctrine, ses théories, ses procédés.

1090. (1864) Le roman contemporain

Les utopies, les systèmes littéraires, les doctrines philosophiques, l’art lui-même, tout s’est effacé devant une considération unique, celle du succès, qui, du bas de la société jusqu’au faîte, semblait être devenue la loi universelle. […] Un lieutenant de police disait, avant 89, que, depuis l’établissement des Frères de la doctrine chrétienne à Paris, il avait pu diminuer de moitié les frais de police de la grande cité. […] Je traiterai la question d’art, mais elle est primée par la question d’idée et de doctrine qu’il faut avant tout juger. Or je maintiens que la doctrine de M.  […] C’est l’idée et la doctrine que M. 

1091. (1888) Études sur le XIXe siècle

C’est cette singulière dualité qui donne à sa théorie de l’Infelicita plus d’humanité et d’élévation que n’en ont les autres doctrines pessimistes : celles de Schopenhauer, que gâte une misanthropie haineuse, et de M. de Hartmann, trop préoccupées de leurs résultats pratiques. […] Jusqu’à Lessing, l’histoire de la littérature allemande n’a guère à recenser que des œuvres qui sont la mise en application de doctrines. […] Il a écrit plusieurs préfaces de formes un peu confuse maïs qui s’appliquent à rompre — poliment d’ailleurs — avec les doctrines du « passé », et il a défini l’esthétique de la nouvelle école. […] Mais, en même temps, il conserve tous ses doutes « sur la rigueur logique dont on se sert pour établir certaines vérités religieuses », et repousse sans hésitation la doctrine protestante sur la question de la grâce. […] Histoire des doctrines littéraires et esthétiques en Allemagne (Paris, 1883).

1092. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Les conversations que nous eûmes ces jours passés sur Kant, sur sa doctrine du devoir, m’ont rappelé trois femmes que j’ai vues. — Où ? […] En ces moments de dissolution de doctrines et de cohue universelle, à tout prix il importe d’avoir au dedans de soi, dans son caractère, dans sa conduite, des points invincibles et inexpugnables, fussent-ils isolés et sans rapport avec le reste de nous-même, — oui, des espèces de rochers de Malte ou de Gibraltar où l’on se rabatte en désespoir de cause et où l’on maintienne le drapeau.

1093. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Il ne chercha pas à adoucir sa doctrine. […] Ce n’est point à nous de protester contre les égarements monarchiques, comme nous avons résisté aux égarements funestes de la république de mauvaise odeur et d’odieuses doctrines de 1793.

1094. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Par exemple la fameuse doctrine de la divinité du Christ a été reçue universellement par toutes les communions chrétiennes, depuis la condamnation de l’Arianisme, sous Constantin et ses successeurs ; les efforts des Sociniens sont donc vains et inexcusables puisqu’ils ne pourront jamais établir leurs propres croyances et ne parviendront qu’à exciter des doutes et des désordres dans le monde. […] Dans l’Examiner et dans un grand nombre de pamphlets, vendus à bon marché, Malborough, et sa célèbre avidité27, lord Wharton et son impiété, Walpole et sa vénalité, étaient attaqués avec une ironie intempérante : les doctrines des Whigs exagérées et signalées à l’indignation publique, les maximes des Tories adoucies et revêtues d’une tolérante sagesse.

1095. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Je sais que les faux intérêts des hommes s’opposeront toujours à leur intérêt véritable ; en ce cas je ne serai pas le premier missionnaire qui avec des talents médiocres, de très bonnes intentions, des raisons encore meilleures et une conduite conforme à sa doctrine, aura eu le malheur de ne convertir personne. Puisse cette même doctrine être prêchée plus efficacement par quelqu’un de nos beaux esprits les plus célèbres et les plus répandus !

1096. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Les fausses doctrines enfantent de faux grands hommes, et c’est même ce qu’elles font de mieux : car presque toujours ils tuent leurs mères ! […] On ne trouve ni dans ses discours, ni dans ses livres, aucune doctrine générale ; on trouve dans sa conduite une foule de systèmes contradictoires.

1097. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Au lieu de voir en lui ce qu’il était avant tout, un caractère et une capacité rare, diverse et complexe, formée avec travail et appliquée au fur et à mesure aux diverses circonstances et difficultés de son temps, on lui prêta une doctrine générale, philosophique, d’après le Télémaque ou d’après les économistes.

1098. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il n’avait pas cette doctrine austère et plus difficile qui élève et perfectionne l’âme en vieillissant, celle que connurent les Dante, les Milton, les Haydn, les Beethoven, les Poussin, les Michel-Ange, et qui, à n’y voir qu’une méthode sublime, serait encore un bienfait.

1099. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

La maladie de Cowper continuait encore sous une forme religieuse, et il ressentait souvent des terreurs que ses amis faisaient tout pour combattre et pour guérir, mais que pourtant leur doctrine rigide sur la prédestination et sur la grâce n’était que trop propre à fomenter : « Il se présente à moi toujours formidable, disait-il de Dieu, excepté quand je le vois désarmé de son aiguillon pour l’avoir plongé comme en un fourreau dans le corps de Jésus-Christ. » Ces terribles images du Jugement et de la réprobation, même au moment où il croyait en avoir triomphé, le poursuivaient donc et dominaient encore sa pensée.

1100. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Tout en maudissant Londres comme l’autre Paris, et jusqu’à travers ses ardents anathèmes, il est sociable et a des doctrines sociables.

1101. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

L’un avait pour admirateurs et pour disciples des hommes savants de la province, de forte étude et de doctrine, des demeurants du xvie  siècle, gardant un reste de la toge romaine, et qui prenaient au sérieux son élévation de ton et sa magniloquence empruntée ; l’autre avait pour adorateurs et défenseurs passionnés des gens du monde, des femmes, des militaires, des petits-maîtres ou qui voulaient s’en donner l’air.

1102. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il y a des doctrines et des convictions qui soutiennent et qui portent dans tout ce qui est de la parole publique ; il y en a qui font faute et qui délaissent.

1103. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Jeune veuve, elle prit un parti courageux : pour assurer l’avenir de son fils et remettre en ordre la fortune que la mort du marquis laissait assez embrouillée, elle se retira à la communauté de la Doctrine ou de l’Instruction chrétienne, rue du Pot-de-Fer, et y demeura tout le temps qu’il fallut pour ses desseins d’économie.

1104. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Sur une lecture qu’il fit à Bossuet d’un écrit composé par lui, Le Dieu, et où il commentait l’un des actes de l’assemblée du Clergé de 1700, il dira : « Il (M. de Meaux) y a remarqué quelques expressions de son style, qu’il dit qu’il faut déguiser ; il a approuvé tous les endroits de doctrine ; … il a gobé tous les éloges que je lui donne, sans parler d’en retrancher le moindre mot ; il veut, au contraire, que je diminue celui de M. 

1105. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

En général, et à ne les considérer que d’après les points qui leur sont communs, ces doctrines de Mirabeau et des autres réformateurs aristocratiques ou monarchiques d’alors tendaient à opérer la réforme par en haut, pour éviter une révolution par en bas, à refaire, à relever après Louis XIV ce qu’il avait en grande partie détruit et nivelé sans parvenir à le simplifier définitivement : elles tendaient à remettre quelque peu les choses sur le pied et comme à partir de Louis XIII et de Henri IV, et à introduire dans l’État une constitution moyenne en accord à la fois avec les besoins nouveaux et avec les mœurs et les restes d’institutions de l’ancienne France.

1106. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

A le voir circuler ainsi, sans s’y accrocher, à travers les doctrines les plus diverses, on dirait qu’il les admet toutes plus ou moins et qu’il les comprend : sa complaisance infinie ressemble par moments à une intelligence universelle.

1107. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Hamel53, lequel (je le dis sous toutes réserves de doctrine) a discuté avec rigueur et rectifié, je le crois, un certain nombre de faits.

1108. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

En politique, il a bien plus fondé de doctrines que ceux qu’on a nommés doctrinaires ; en philosophie, son ouvrage sur les religions contient plus de vérités neuves et mères qu’aucune des trois écoles opposées de Lamennais, de Cousin et de Tracy.

1109. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

. — Toute la doctrine s’occupe de mariage : M. de Rémusat vient d’épouser Mlle de Lasteyrie, qui est fort jolie, et il se promet d’être amoureux. — Le mariage a été célébré par un prêtre janséniste, qui dans son discours a un peu scandalisé les habitués de la paroisse. — Ce n’est pas tout : M. 

1110. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

M. de Sénancour n’a donc pas abordé la doctrine vraiment catholique, depuis quinze ans surtout remise en lumière, à savoir que le christianisme n’est que la rectitude de toutes les croyances universelles, l’axe central qui fixe le sens de toutes les déviations.

1111. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Sans croyance aux doctrines générales du passé, sans confiance aux vagues pressentiments d’avenir ni aux inductions d’une critique conjecturale, s’il abordait des actes et des passions tenant par leur milieu à une époque organique, il les verrait mal et les peindrait incomplétement.

1112. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Puis, durant ces quelques semaines qu’il passe auprès de madame de Charrière, n’ai-je pas fait valoir aussitôt l’influence heureuse de cette première tendresse que rencontre le jeune homme, influence balancée, il est vrai, par l’excès d’analyse et par la nature aride de certaines doctrines ?

1113. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Ils reçoivent plus qu’ils ne donnent… Cette doctrine ne détruit la responsabilité de personne, mais elle l’étend à ceux qui trouvent commode de s’en affranchir. » Il nous rappelle ainsi à chaque instant que c’est tout le monde qui fait l’histoire et que nous avons donc tous, pour notre part infime, le devoir de la faire belle — ou de l’empêcher d’être trop hideuse.

1114. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

, mais il indiquera, accidentellement, par des points évidents de concordance, ce qui dans l’une et l’autre doctrine me paraît être la vérité.

1115. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

, mais il indiquera, accidentellement, par des points évidents de concordance, ce qui dans l’une et l’autre doctrine me paraît être la vérité.

1116. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Ses doctrines ne sont limitées ni par une croyance ni par une formule.

1117. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il s’agissait encore de Voltaire, au sujet de sa tragédie de Mahomet et des hardiesses qu’elle renferme : Ce que je ne lui pardonne pas, et qui n’est pas pardonnable, écrivait Chesterfield à Crébillon, c’est tous les mouvements qu’il se donne pour la propagation d’une doctrine aussi pernicieuse à la société civile que contraire à la religion générale de tous les pays.

1118. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Bersot, en discutant philosophiquement les doctrines antireligieuses de Diderot, s’est attaché à démontrer que le philosophe était moins éloigné d’une certaine conception élevée de Dieu qu’il ne le croyait lui-même.

1119. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

à tout bruit, à tout éclat ; l’autre qui proclame et prêche à haute voix ses doctrines, qui sème les germes à pleines mains à tous les vents, en apostrophant l’avenir ; Fontenelle qui se rattache encore à Descartes et à quelques-uns des grands esprits réguliers du siècle précédent, ou, qui pis est, aux précieuses ; et Diderot qui, en ses accès, par le désordre et la fougue de sa parole, semble déjà faire appel aux générations ardentes qui auront à leur tête Mirabeau ou Danton.

1120. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Dans Le Duel, il a exprimé sa doctrine d’expérience tolérante par la bouche de Mme Derville, une aimable grand-mère qui tâche de donner de la modération à son petit-fils.

1121. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Au milieu de tout ce qu’il avait dans le bon sens et dans le jugement de si bien fait pour les comprendre, Saint-Évremond manquait de cet amour de la louange et des grandes choses, de cet esprit d’élévation qui inspirait en tout le peuple-roi et qui animait les épicuriens même de la belle époque, tels que César, lesquels pouvaient penser comme il leur plaisait, mais qui, dans l’action, démentaient si hautement leur doctrine.

1122. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Mais ce fut chez lui un royalisme d’instinct, de sentiment ; ne lui demandez point d’abord de théorie politique préconçue ; il n’a rien de cette rigueur de logique et de doctrine qui signalera la marche inflexible des de Maistre et des Bonald.

1123. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Parlant des critiques étroits qui s’attaquent à un grand ouvrage par des chicanes d’école et des scrupules de secte : Cette manière de critiquer, disait-il, est la chose du monde la plus capable de borner l’étendue et de diminuer la somme du génie national… Rien n’étouffe plus la doctrine que de mettre à toutes les choses une robe de docteur… Vous ne pouvez plus être occupé à bien dire, quand vous êtes effrayé par la crainte de dire mal… On vient nous mettre un béguin sur la tête, pour nous dire à chaque mot : « Prenez garde de tomber !

1124. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Il écrivit d’abord sur l’administration et sur la politique ; mais bientôt, cherchant dans ses instincts méditatifs une diversion plus haute et plus vaste aux ennuis de l’inaction, il fit son livre De l’importance des idées religieuses et combattit les fausses doctrines répandues autour de lui.

1125. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Le premier n’est qu’une machine à sensations, un enregistreur ; le second sent qu’il a quelque chose à faire avec ces perceptions mêmes qu’il enregistre : il sait qu’il a à les systématiser, à les réduire en corps de doctrine et à faire la science humaine avec sa vie.

1126. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Une foi excessive en ces deux autorités, une admiration presque superstitieuse pour ces deux écrivains, voilà ce qui, dans la doctrine littéraire de M. 

1127. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Même ceux qui tiennent pour certain que le Catholicisme doit périr et qui glorifient tous ceux qui l’attaquent ou par devant avec le glaive bravement tiré des doctrines franches, ou par derrière avec le stylet des réserves et des faux-fuyants, ne feront pas à M. 

1128. (1903) Propos de théâtre. Première série

La doctrine évolutionniste est une lumière dans les sciences naturelles, parce que là on dispose ; d’un nombre très honnête de milliers de siècles. […] Arréat, est enveloppée d’une conception morale, d’une doctrine de moraliste. […] Donc Philoctète s’est élevé peu à peu à la notion et à la doctrine du sacrifice, du dévouement. […] Il a introduit dans sa pièce la doctrine de la grâce, et l’a fait paraître, avec intention, dès les scènes d’exposition, comme il devait la faire éclater en son dénouement. […] On peut même dire que c’est avec Racine que la question de la tragédie lyrique en France se pose en doctrine et entre en discussion.

1129. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

La personnalité médicale est placée au-dessus de la science par les médecins eux-mêmes, ils cherchent leurs autorités dans la tradition, dans les doctrines, ou dans le tact médical.

1130. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

C’est un méditatif, un platonicien287, qui s’est pénétré des doctrines antiques, qui prend les choses de haut, qui met l’excellence de la poésie non dans l’agrément, l’imitation ou la rime, mais dans cette conception créatrice et supérieure par laquelle l’artiste refait la nature et l’embellit. […] » À la fin il rassemble ses raisons, et l’accent vibrant et martial de sa période poétique est comme une fanfare de victoire. « Puisque, dit-il, les excellences de la poésie peuvent être si justement et si aisément établies ; puisque les basses et rampantes objections peuvent être si vite écrasées ; puisqu’elle n’est pas un art de mensonge, mais de vraie doctrine ; puisqu’au lieu d’efféminer, elle aiguillonne le courage ; puisqu’au lieu d’abuser l’esprit de l’homme, elle fortifie l’esprit de l’homme, plantons des lauriers pour enguirlander la tête des poëtes, plutôt que de permettre à l’impure haleine de ces diffamateurs de souffler sur les claires fontaines de la poésie292. » Par cette véhémence et ce sérieux, vous pouvez imaginer d’avance quels sont ses vers. […] C’est le paganisme qui règne à la cour d’Elisabeth, non-seulement dans les lettres, mais dans les doctrines, un paganisme du Nord, toujours sérieux, le plus souvent sombre, mais qui, comme celui du Midi, a pour substance le sentiment des forces naturelles. […] Le sentiment de la puissance et de la prospérité humaine a fourni à la Renaissance son premier ressort, son modèle idéal, sa matière poétique, son caractère propre, et maintenant il lui fournit son expression définitive, sa doctrine scientifique et son objet final. […] So that since the excellency of poetry may be so easely and so justly confirmed, and the low-creeping objections so soon trodden down, it not being an arte of lies, but of true doctrine ; not of effeminateness, but of notable stirring of courage ; not of abusing man’s witt, but of strengthening man’s witt ; not banished, but honoured by Plato ; let us rather plant more laurels for to ingarland the poets’ heads, than suffer the ill favoured breath of such wrong speakers once to blow up on the cleare streams of poesie.

1131. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

C’est ainsi que le lycée se prend pour les disciples d’Aristote, ou pour la doctrine qu’Aristote enseignoit dans le lycée. […] Il y en avoit un entr’autres fort célèbre à Athènes, où le philosophe Zénon tenoit son école : ainsi par le portique on entend souvent la philosophie de Zénon, la doctrine des stoïciens ; car les disciples de Zénon furent apelés stoïciens du grec (…), qui signifie portique. […] Ce lieu fut apelé académie, du nom de son ancien possesseur ; delà la doctrine de Platon fut apelée l’académie. […] a dit que celui qui met la main à la charue, et qui regarde derrière lui, n’est point propre pour le royaume de Dieu  ; on voit bien qu’il n’a pas voulu dire qu’un laboureur qui en travaillant tourne quelquefois la tête n’est pas propre pour le ciel : le vrai sens que ces paroles présentent naturèlement à l’esprit, c’est que ceux qui ont comencé à mener une vie chrétiène, et à être les disciples de Jésus-Christ, ne doivent pas changer de conduite ni de doctrine, s’ils veulent être sauvés ; c’est donc là un sens litéral-figuré. […] J’espère traiter quelque jour cet article plus en détail et faire voir que la méthode analitique est la vraie mèthode d’enseigner, et que celle qu’on apèle synthétique ou de doctrine, qui comence par les principes, n’est bone que pour mètre de l’ordre dans ce qu’on sait dèja ou dans quelques autres ocasions qui ne sont pas maintenant de mon sujet.

1132. (1913) Poètes et critiques

Tout ce qui, dans l’Essai, nous est fourni sur la race d’où est sorti Taine, sur ce que l’hérédité conférait au jeune Ardennais, sur ce que le moment put offrir d’opportun et de déterminant pour dresser son intelligence et pour l’orienter, tout ce qui nous est révélé sur l’élan et l’ampleur que ses solides facultés durent à la culture universitaire, au commerce avec Spinoza et avec Condillac, à cette fermentation d’idées, de formules, de mots dont on s’enivrait volontiers dans le séminaire laïque de la rue d’Ulm, ou encore à l’admiration réfléchie pour quelques talents supérieurs de romanciers, de critiques, d’historiens, Balzac, Stendhal, Sainte-Beuve, Guizot, Michelet, à la préférence avouée, exclusive, pour un poète moderne, Alfred de Musset, pour un moraliste païen, Marc-Aurèle, à l’étude obstinée, à l’utilisation, constamment poursuivie, de la doctrine hégélienne, tout cela, dis-je, est présenté avec une finesse et une fermeté à ravir le lecteur. […] Dans ce débat de doctrine, il ne cède pas un pouce du terrain. […] Cette doctrine fut illustrée, personne ne l’ignore, dans les Cantilènes et le Pèlerin passionné, qui resteront comme des monuments de ce qu’on peut nommer archaïcus furor, la folie archaïque. […] Une fausse doctrine s’est introduite dans la vie, c’est un « fétu de paille » dans la montre : « rien ne marche plus ; mais enlevez cette paille, et subitement, tout se remet à marcher ». […] À ce moment, qui est celui de la conversion aux doctrines du Christ, des pénitences consenties, de l’enthousiasme religieux, le prisonnier juge son propre vice et il le hait : il ne voit plus, dans les « mystères » tout imaginaires de ce « rêve » absurde, épuisant, qu’il attendait des excès de boisson, que le piège l’Ennemi, que la « Puissance des ténèbres ».

1133. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Que si réellement je parus embarrassé, ce dut être pour lui et non pour moi, n’ayant pas été le premier à le rechercher au début de notre liaison, l’ayant connu prêtre et qui disait encore sa messe, ultramontain et pur romain de doctrine, lui ayant rendu dans un camp, alors si différent, autant de bons offices littéraires que j’avais pu, n’ayant jamais été démagogue et le voyant, dans sa pétulance, m’enjamber et, comme au jeu de saute-mouton, passer par dessus ma tête pour aller tomber tout d’un bond de l’absolutisme dans la démagogie. […] Il parle à Marseille pour le libre-échange (septembre 1847), et ou lui rappelle qu’il a précédemment prêché la doctrine contraire. […] Sachons ce que leur morale pratique confère ou retire d’autorité aux doctrines que célèbre et professe avec éclat leur talent.

1134. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Arrêtons-nous un moment à l’écouter sur ce point, et recueillons ses doctrines littéraires qu’il sut mettre en parfait accord avec la nature et la saveur de ses productions.

1135. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Quand j’avais cinq ans, je faisais des autels entourés de poupées qui étaient à la messe, et on m’appelait petite païenne. » À ces instincts premiers elle joignit, en avançant dans la vie, l’étude des doctrines.

1136. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Sa doctrine bien simple, et si peu suivie aujourd’hui, est de faire des édifices pour leur destination, et non pour la seule apparence extérieure.

1137. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Il ne se dit point que l’autorité de Raynal (si autorité il y avait) ne pouvait se séparer du fond des doctrines qu’il avait si ostensiblement soutenues et proclamées ; que son changement d’idées graduel et sincère, remontant à quelques années et connu seulement de quelques amis, ne pouvait que lui nuire en éclatant comme une conversion subite et en s’étalant comme un exemple de plus de la versatilité humaine ; que les hommes célèbres et les personnages publics ne sont pas seulement ce qu’ils sont, mais ce qu’ils paraissent ; que l’auteur de l’Histoire philosophique était le dernier des hommes qui eût le droit de rappeler si solennellement à la modération ceux qu’il avait de longue main excités et échauffés ; que c’était tout au plus ce qu’aurait pu tenter un Mirabeau, se transformant de tribun séditieux en tribun conservateur : et encore aurait-il eu de terribles difficultés personnelles à vaincre : Quis tulerit Gracchos de seditione querentes ?

1138. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Tout d’abord Du Bellay a sur l’origine des langues une idée fausse, abstraite, rationnelle : « Les langues, dit-il, ne sont nées d’elles-mêmes en façon d’herbes, racines et arbres, les unes infirmes et débiles en leurs espèces, les autres saines et robustes, et plus aptes à porter le faix des conceptions humaines ; mais toute leur vertu est née au monde du vouloir et arbitre des mortels. » On voit l’erreur ; c’est déjà la doctrine du rationalisme appliquée aux langues.

1139. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Lié à des doctrines occultes, s’environnant d’obscurités volontaires, tourné en dedans et en haut, il n’est là, en quelque sorte, que pour perpétuer la tradition spiritualiste dans une vivacité sans mélange, pour protester devant Dieu par sa présence inaperçue, pour prier angéliquement derrière la montagne durant la victoire passagère des géants.

1140. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Le genre de monde qu’il fréquentait alors, et qui l’accueillait avec toutes sortes de caresses, entretenait journellement l’espèce d’illusion qu’il se faisait à lui-même sur ses croyances ; mais le fond de sa doctrine politique était toujours l’indépendance personnelle, et le philosophisme positif de sa première éducation, quoique recouvert des symboles catholiques, persistait obscurément dessous.

1141. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Les talents nouveaux et les jeunes espoirs n’ont plus trouvé de groupe déjà formé et expérimenté auquel ils se pussent vallier ; chacun a cherché fortune et a frayé sa voie au hasard ; plusieurs ont dérivé vers des systèmes tout à fait excentriques, les seuls pourtant qui offrissent quelque corps tant soit peu imposant de doctrine.

1142. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Il ajoute dans l’explication de ces doctrines quelque chose aux simples et hautes traductions philosophiques qu’en avait posées ce grand devancier.

1143. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Voyez Cicéron, rien ne lui manque que l’obstacle et le saut. » « Il y a mille manières d’apprêter et d’assaisonner la parole : Cicéron les aimait toutes. » « Cicéron est dans la philosophie une espèce de lune ; sa doctrine a une lumière fort douce, mais d’emprunt : cette lumière est toute grecque.

1144. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Sans doute, tous les socialistes n’acceptaient pas, même en ce temps-là, ces doctrines si peu conformes à la tradition française  ; mais l’école qui les propageait rencontra des esprits préparés à les accueillir, parce qu’il y avait alors un véritable interrègne d’idéal ; elle profita de son accord avec les opinions ambiantes et elle put croire durant quelques années qu’elle avait triomphé, comme elle s’en vantait, « de l’illusion juridique ».

1145. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

» A défaut d’autres témoignages, les vertueuses doctrines dont tous ses poèmes sont tissus attesteraient son initiation.

1146. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Écrire par principes et même un peu causer par principes, ce fut le double résultat de sa doctrine et de son exemple.

1147. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Entrée dans la société de Paris avec le ferme propos d’être femme d’esprit et en rapport avec les beaux esprits, elle a su préserver sa conscience morale, protester contre les fausses doctrines qui la débordaient de toutes parts, prêcher d’exemple, se retirer dans les devoirs au sein du grand monde, et, en compensation de quelques idées trop subtiles et de quelques locutions affectées, laisser après elle des monuments de bienfaisance, une mémoire sans tache, et même quelques pages éloquentes.

1148. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Cabanis et lui, tous deux jeunes, en épousèrent l’esprit et l’appliquèrent chacun dans son sens ; mais Volney n’avait rien du caractère de Cabanis, qui corrigeait par l’onction de sa nature la sécheresse des doctrines : lui, il était homme à l’exagérer plutôt.

1149. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

On le voit, un lien intime unit la théorie de la volonté avec la doctrine générale des idées-forces, qui consiste précisément à admettre l’universelle présence du vouloir et du mouvoir dans toute représentation.

1150. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Les chroniqueurs et les historiens, jusqu’au commencement de ce siècle, jugeant les faits à première vue et les expliquant par une doctrine superficielle mais relativement juste, en étaient venus à concentrer tout l’intérêt et le mérite de chaque entreprise dans les individus, rois, ministres, généraux dont le nom lui était resté attaché.

1151. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Tous ces gnomes en toque lui présentent en criaillant « leurs petits » systèmes de droit romain, leurs petites doctrines sur les emphythéoses, lorsque tout à coup la déesse se soulève avec un cri : « Taisez-vous !

1152. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Ces deux doctrines sont au contraire intimement liées l’une à l’autre.

1153. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

On a combattu la doctrine de M. 

1154. (1694) Des ouvrages de l’esprit

L’on a cette incommodité à essuyer dans la lecture des livres faits par des gens de parti et de cabale, que l’on n’y voit pas toujours la vérité : les faits y sont déguisés, les raisons réciproques n’y sont point rapportées dans toute leur force, ni avec une entière exactitude ; et, ce qui use la plus longue patience, il faut lire un grand nombre de termes durs et injurieux que se disent des hommes graves, qui d’un point de doctrine, ou d’un fait contesté se font une querelle personnelle.

1155. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

On avait, par une confusion inattentive, établi un rapport de cause à effet entre la Révolution et la philosophie ; Cassagnac l’a brisé avec un discernement remarquable, et des preuves qu’il apporte d’une opinion si nouvelle il résulte que, bien loin d’avoir été la fille de la philosophie, la Révolution en a été la mère adoptive, qu’elle l’a prise dans l’obscurité et présentée au monde, parce que, pendant et après son triomphe, elle a trouvé dans les doctrines de cette philosophie un prétexte pour ses crimes et une justification pour ses excès.

1156. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Puisque le monde est un lieu sans espoir, orientons notre destinée vers le mystique séjour ; puisque l’Église possède toute la vérité, étouffons tout ce qui n’est pas sa doctrine ; puisque le corps de l’homme n’est qu’abjection, exaltons, à ses dépens, sa divine substance spirituelle.

1157. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Estime-t-on trop haut, les mille actions incessantes des formes sociales si l’on conclut que cette « universalité », propre à l’empire romain, en faisait un terrain tout préparé pour la floraison des doctrines stoïcienne et chrétienne, et désignait à jamais Rome comme le siège consacré des idées « catholiques ? 

1158. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Dans les deux volumes de ses Pages de critique et de doctrine, M.  […] Bourget y renouvelle en somme la doctrine de L’Étape, selon laquelle la famille, et non l’individu, constitue la réalité sociale, M.  […] Il ne présente pas à la critique ce bloc d’idées arrêtées par lequel elle aurait prise sur lui et le cataloguerait parmi les tenants ou les auteurs d’une doctrine. […] Paul Bourget, j’avoue que je n’ai pas lu les pages de doctrine. La doctrine de M. 

1159. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Ainsi, divisant les matières avec soin pour ne pas les traiter vaguement, je m’efforcerai à les réduire en un corps de doctrine, en théorie complète de littérature, dont les principes auront une pleine évidence. […] Homère, Sophocle, Démosthène, chez les Grecs, Bossuet, Corneille, et Molière, chez nous, s’élancèrent hors de la doctrine. […] Si nous eussions hérité des fruits de tout son travail, nous posséderions le meilleur traité des divers genres de poésie chez les Grecs : l’attention qu’il porta dans la recherche des principes, en résolvant nos doutes, eût servi à régulariser notre doctrine et à l’achever. […] La rectitude des principes est ici l’objet de notre plus importante considération ; elle ne doit se ployer à aucuns petits égards, lorsqu’il s’agit de bien marquer la doctrine. […] Cette contradiction avec soi-même, qui dément à la fin du cours littéraire de La Harpe, les éloges qu’il fit de son protecteur au commencement, porte à croire qu’il ne fut pas de bonne foi, ou que sa doctrine fut mauvaise.

1160. (1887) Essais sur l’école romantique

Comment ne s’est-il pas souvenu qu’en cette année 1829, pour lui être juste, je m’étais rendu désagréable à mes collègues des Débats, qu’il savait tous plus ou moins rebelles aux doctrines comme aux vers du chef de la nouvelle école ? […] Si aujourd’hui j’ai une foi si ferme en ces principes, c’est que je sens bien que je ne les ai pas pris comme le costume d’un rôle, mais qu’ils me sont venus naturellement, et au moment même où mon imagination (je voudrais trouver un mot plus modeste pour qualifier ce qui n’est pas proprement ma raison) forgeait des subtilités pour justifier ma complicité momentanée dans les nouvelles doctrines. […] Pourquoi craindrais-je de raconter comment mon retour aux doctrines classiques a eu toute la vivacité et toute la soudaineté d’une inspiration ? […] Tout ce qu’on peut demander, c’est que chacun fasse cette appréciation à sa manière, et l’expose rigoureusement, comme un corps de doctrine, sans déranger le cours de ses déductions pour répondre à des raisonnements isolés, venus de divers côtés, et qui porteraient sur de petits faits de détail.

1161. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Un orateur des Martyrs (Livre XVI) est un composé curieux de Voltaire, de Rousseau, de Dupuis et de Saint-Just, et ramasse les excès de leurs doctrines dans un discours tourné en parodie qui est une satire atroce. […] Prendre le xviiie  siècle pour modèle à ne pas suivre, voilà une doctrine qui semble étroite et presque négative. […] Du cœur au génie, quelque doctrine qui y répugne et quelque théorie d’école qui s’interpose, il se fait des communications invisibles et involontaires, et votre art a profité de ce dont vous étiez pleins en votre âme, de cela même que votre goût lui refusait. […] Le mot est vague, mais la doctrine, ou, si l’on veut, la tendance, l’est aussi, et le fond des sentiments de Lamartine l’est tout de même. […] Ce sentiment est infiniment poétique encore, détend ce qu’il y a de dur dans la doctrine, l’élargit, la transforme et l’épure.

1162. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Le jeune Chateaubriand dit fort bien — cent ans avant Taine — que « la voie spéculative et les doctrines abstraites » sont pour beaucoup dans les causes de la Révolution, et que c’est même là son trait distinctif. Il dit encore : « La grande base de leur doctrine était le fameux système de perfection, savoir que les hommes parviendront un jour à une pureté inconnue de gouvernements et de mœurs. » Ce « système de perfection », Chateaubriand promet de le développer « dans la seconde partie du cinquième livre de cet Essai ». […] Les doctrines étaient jugées par leurs fruits. […] « Ce point de doctrine est extrêmement important, car par là les théologiens admettent que la foi explicite, adéquate au révélé, est pratiquement irréalisable ; elle est dans les livres, et là seulement… « Donc un homme aura la foi, qui enferme cette foi dans une seule vue de foi, comme serait la paternité de Dieu, le royaume de Dieu, la communion des saints, l’Église œuvre de Dieu…, et qui, par le fait qu’il ne niera aucune des vérités révélées impliquées dans ces notions synthétiques, les acceptera toutes implicitement. […] La première traite des dogmes et de la doctrine.

1163. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Je ne pense pas qu’il s’en dégage encore ni une doctrine littéraire, ni une philosophie, ni une vue d’ensemble sur la littérature contemporaine. […] Toutes les méfiances, toutes les injures, toutes les haines de la doctrine sont pour elle. […] Ce grand sceptique a dans la jeunesse d’aujourd’hui des fervents comme en aurait un apôtre et un homme de doctrine. […] Brunetière est un esprit très libre en dehors des cas où ses doctrines essentielles sont directement intéressées. […] Zola pourraient aller contre ses doctrines et n’en être pas moins de belles œuvres.

1164. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Bossuet, d’abord attaché aux jésuites ou à leurs adhérents, puis lié avec les messieurs de Port-Royal, puis se tenant à distance et observant la neutralité, était assurément un politique ; il ne se sentait pas de goût en général pour être du parti des disgraciés, des persécutés et des vaincus ; il avait fort égard à la doctrine et aux opinions en faveur à la Cour ; il avait un faible pour tout ce qui régnait à Versailles ; son esprit même, son talent avait besoin, pour se déployer tout entier et atteindre à toute sa magnificence, de l’appui ou du voisinage de l’autorité et de l’accompagnement de la fortune. […] Bossuet est invinciblement un orateur, un prédicateur de la première volée, et tout ce qui lui est nécessaire en fait d’idées, de doctrines, de points d’appui, de considérations et d’images pour le plus grand développement de sa faculté oratoire, on peut être sûr qu’il l’aura.

1165. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Et l’on veut qu’après soixante années d’épreuves de toutes ces natures de gouvernement, vous vous imposiez la loi de croire ce que vous ne croyez plus, de dire ce que vous ne pensez plus, d’affecter par vanité de constance dans vos opinions une opiniâtreté de mauvaise foi dans des doctrines qui vous ont menti, déçu, trompé tant de fois ! […] Le jeune orateur républicain Garnier-Pagès, ravi mais étonné d’entendre un ancien ministre du roi de juillet proférer les doctrines les plus envenimées et les menaces les plus acerbes contre la couronne, se leva d’enthousiasme de son banc radical, à l’extrémité gauche de l’assemblée, pour crier bravo au ministre conservateur dépaysé dans l’anarchie. « Oui, bravo, bravo, répéta debout le républicain encore incrédule ; mais nous suivrez-vous jusqu’au bout dans cette voie ou vous nous devancez à cette tribune ?

1166. (1925) La fin de l’art

C’est l’art de la restriction mentale poussée au plus haut point, l’art de cacher sous une adhésion de forme aux doctrines religieuses officielles la plus grande liberté d’esprit cette attitude, qui ne fut pas rare au xviie  siècle, rendit les plus grands services. […] Le fait est que, s’il pensa selon la doctrine d’Épicure, il vécut une vie fort peu épicurienne.

1167. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Il n’est pas de tentative plus vaine que de vouloir expliquer cette identité de plan chez tous les membres de la même classe, par un but quelconque d’utilité ou par la doctrine des causes finales. […] Une légère teinture de philosophie spéculative, ou tout simplement de logique serait utile, non seulement à nos plus grands et plus savants naturalistes pour défendre leurs meilleures doctrines ; mais elle serait plus encore nécessaire à ceux qui se permettent de leur adresser des critiques qui sont tout bonnement des non-sens.

1168. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Bref, le prétendu déterminisme physique se réduit, au fond, à un déterminisme psychologique, et c’est bien cette dernière doctrine, comme nous l’annoncions tout d’abord, qu’il s’agit d’examiner. […] Cette doctrine distingue donc nettement les uns des autres les faits psychiques coexistants : « J’aurais pu m’abstenir de tuer, dit Stuart Mill, si mon aversion pour le crime et mes craintes de ses conséquences avaient été plus faibles que la tentation qui me poussait à le commettre 33. » Et un peu plus loin : « Son désir de faire le bien et son aversion pour le mal sont assez forts pour vaincre… tout autre désir ou toute autre aversion contraires 34. » Ainsi le désir, l’aversion, la crainte, la tentation sont présentés ici comme choses distinctes, et que rien n’empêche, dans le cas actuel, de nommer séparément.

1169. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

L’éclectisme, aux différentes époques, s’est toujours cru plus grand que les doctrines anciennes, parce qu’arrivé le dernier il pouvait parcourir les horizons les plus reculés. […] Dantan sont faits selon les meilleures doctrines. […] Ceux qui sont plus près de la parole et du verbe magistral gardent la pureté de la doctrine, et font, par obéissance et par tradition, ce que le maître fait par la fatalité de son organisation.

1170. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Ce que je reprochais l’autre fois à l’écrivain en question reposant sur le même ordre de choses, c’est-à-dire, pour tout résumer en deux mots, sur le passionisme et l’inspirantisme transcendantaux de ce critique consciencieux, mais égaré, je prendrai la liberté de vous renvoyer pour toute appréciation générale des doctrines au n°1 du présent journal et me contenterai, dans ce court aperçu, de relever quelques détails par trop gais. […] Jamais Victor Hugo ne s’était élevé à cette sérénité dans l’auguste, jamais il n’avait aussi splendidement et souverainement affirmé les doctrines d’amour, d’union et de fraternité, sans lesquelles les idées de liberté restent fatalement incomplètes et dérisoires. […] (Et vous vous en souvenez, dès le début du mouvement dans le plus révolutionnaire manifeste qu’il ait jamais écrit, le chef éclatant, le déjà glorieux porte-drapeau des nouvelles doctrines avait parlé en toute conviction bien arrêtée, en pleine lumière, du « divin » Racine, à une époque où le mot « divin », énervé, galvaudé, devenu banal de nos jours, avait toute sa force glorificatrice !)

1171. (1925) Portraits et souvenirs

Cet idéalisme n’était pas, pour Villiers de l’Isle-Adam, un simple jeu métaphysique, mais une foi et une doctrine. […] Cette collaboration intime était, d’ailleurs, un des principes sur lesquels reposait sa doctrine poétique. […] Barrès est arrivé à substituer, peu à peu, à son idéal de jeunesse, une doctrine de maturité assez différente. […] Le goût italien, imbu de maniérisme, et de bizarrerie, apportait avec lui une recherche dangereuse de la singularité, mais heureusement cette tendance trouva un contrepoids dans les doctrines déjà clairvoyantes des prédécesseurs d’André Le Nôtre, les Claude Mollet, les Boyceau.

1172. (1864) Études sur Shakespeare

La foi, il est vrai, était chancelante et ne pouvait plus s’attacher fermement à des doctrines ébranlées : aussi ces doctrines devaient-elles succomber un jour ; mais ce jour était retardé. […] Attachée, par situation, aux doctrines des réformés, Élisabeth avait, en commun avec le clergé catholique, le goût de la pompe et de l’autorité. […] On a dit que Shakespeare était catholique ; il paraît du moins certain que telle fut la croyance de son père ; en 1770, un couvreur, raccommodant le toit de la maison où était né Shakespeare, trouva, entre la charpente et les tuiles, un manuscrit déposé là sans doute dans un moment de persécution, et contenant une profession de foi catholique, en quatorze articles qui commencent tous par ces mots : « Moi, John Shakespeare. » Le pouvoir toujours croissant des doctrines réformées avait peut-être rendu les devoirs d’alderman plus difficiles pour un catholique qui, avec l’âge, pouvait aussi être devenu plus scrupuleux sur ceux de sa foi.

1173. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il n’y a pas, notez-le bien, de formes d’esprit plus opposées que celle de l’historien proprement dit, narrateur et chroniqueur, et celle du philosophe ou de l’homme de doctrine.

1174. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Je ne voudrais pas faire de fausse sensibilité, mais je défie des personnes, fussent-elles d’opinion, de point de départ et de doctrines les plus opposées, qui se sont rencontrées une fois dans une même œuvre de charité active, au lit d’un malade, d’un mourant, de se haïr, de se dédaigner, de se rejeter.

1175. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Il n’avait cessé de songer à cette idée principale et maîtresse dont il pourrait se faire le chef auprès des générations nouvelles, et qu’il pourrait inscrire sur son drapeau : « Mon plus beau rêve en entrant dans la vie politique, écrivait-il à son frère, homme monarchique et catholique, était de contribuer à la réconciliation de l’esprit de liberté et de l’esprit de religion, de la société nouvelle et du Clergé. » Mais cette réconciliation s’en alla en fumée avant qu’il eût pu en rallier les éléments et en formuler la doctrine.

1176. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Si nous cessions d’avoir l’orgueil de nous-mêmes, mon cher Mill, nous aurions fait une perte irréparable. » On sent parfaitement les diverses idées qui se combattent en lui : il n’est pas d’humeur militaire, et il n’est pas non plus absolument de doctrine industrielle et économiste : il voudrait assister à de grandes choses, et il doute que la nation en soit capable : faut-il conseiller la grandeur à qui n’est pas de force à la soutenir ?

1177. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

En paraissant admettre comme correctif que probablement la dame, en cela, n’avait suivi que des idées poétiques qui ne tirent pas à conséquence, Bayle a soin d’ajouter tout aussitôt, selon sa méthode de nous dérouter : « Ce n’est pas qu’on ne puisse cacher beaucoup de libertinage sous les priviléges de la versification. » A côté des vers du Ruisseau, on en trouverait bon nombre d’autres notables par la portée philosophique, et moins contestables pour la doctrine.

1178. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Quoi qu’il en soit, le but moral de Phèdre est hors de doute ; le grand Arnauld ne put s’empêcher lui-même de le reconnaître, et ainsi fut presque vérifié le mot de l’auteur « qui espéroit, au moyen de cette pièce, réconcilier la tragédie avec quantité de personnes célèbres par leur piété et par leur doctrine. » Toutefois, en s’enfonçant davantage dans ses réflexions de réforme, Racine jugea qu’il était plus prudent et plus conséquent de renoncer au théâtre, et il en sortit avec courage, mais sans trop d’efforts.

1179. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Cette absence de Paris est sans doute cause que Bayle paraît à la fois en avance et en retard sur son siècle, en retard d’au moins cinquante ans par son langage, sa façon de parler, sinon provinciale, du moins gauloise, par plus d’une phrase longue, interminable, à la latine, à la manière du xvie  siècle, à peu près impossible à bien ponctuer127 ; en avance par son dégagement d’esprit et son peu de préoccupation pour les formes régulières et les doctrines que le xviie  siècle remit en honneur après la grande anarchie du xvie .

1180. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Charron mettra à la doctrine de son ami un couronnement orthodoxe : d’autres feront les mêmes additions, les mêmes corrections avec une sévérité hostile.

1181. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Aucune des doctrines qui ont presque renouvelé cette vision en nous ne semble être arrivée jusqu’à lui.

1182. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

  Un homme peut advenir, en tout oubli — jamais ne sied d’ignorer qu’exprès — de l’encombrement intellectuel chez les contemporains ; afin de savoir, selon quelque recours très simple et primitif, par exemple la symphonique équation propre aux saisons, habitude de rayon et de nuée ; deux remarques ou trois d’ordre analogue à ces ardeurs, à ces intempéries par où notre passion relève des divers ciels : s’il a, recréé par lui-même, pris soin de conserver de son débarras strictement une piété aux vingt-quatre lettres comme elles se sont, par le miracle de l’infinité, fixées en quelque langue la sienne, puis un sens pour leurs symétries, action, reflet, jusqu’à une transfiguration en le terme surnaturel, qu’est le vers ; il possède, ce civilisé édennique, au-dessus d’autre bien, l’élément de félicités, une doctrine en même temps qu’une contrée.

1183. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il n’est ni de mon sujet ni de mon goût d’examiner si la vie privée de Bernardin de Saint-Pierre n’a pas, comme on l’en a accusé, démenti ses doctrines philanthropiques ; mais il a risqué de le faire soupçonner, et il a pu donner aux indiscrets l’envie de s’assurer si le disciple de J.

1184. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

C’est là d’ailleurs un témoignage du néant de cette doctrine, qui prêche l’originalité à tout prix.

1185. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Les résultats paraîtraient triomphants aux orthodoxes et surtout le premier, à savoir que le christianisme n’a guère été attaqué jusqu’ici qu’au nom de l’immoralité et des doctrines abjectes du matérialisme, par des polissons, en un mot.

1186. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Ce qui étonne encore, dans toute la donnée de la pièce, c’est sa contradiction flagrante avec les doctrines, dix fois proclamées, de l’auteur.

1187. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

C’était cet entresol plein d’idées et de doctrines, qui enfermait toutes les cataractes du ciel et qui devait tôt ou tard éclater.

1188. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

* * * — Dans les troubles de l’art, à la fin des vieux siècles, quand les nobles doctrines sont mourantes, et que l’art se trouve entre une tradition perdue et quelque chose qui va naître, il apparaît des décadents libres, charmants, prodigieux, des aventuriers de la ligne et de la couleur qui risquent tout, et apportent en leurs imaginations, avec une corruption suave, une délicieuse témérité.

1189. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Il a toujours, (même dans ses fables), une telle préoccupation, je ne dirai pas critique, mais de théorie littéraire, que ses idées littéraires, que ses doctrines littéraires le suivent partout.

1190. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Alors, comme je le faisais entrevoir tout à l’heure, la vitalité se déplace, elle va visiter d’autres territoires et d’autres races ; et il ne faut pas croire que les nouveaux venus héritent intégralement des anciens, et qu’ils reçoivent d’eux une doctrine toute faite.

1191. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

La doctrine que je repousse me semble d’abord méconnaître le but véritable de la littérature et de l’art.

1192. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Il est vrai qu’une certaine doctrine accepte le témoignage des sens, c’est-à-dire de la conscience, pour obtenir des termes entre lesquels établir des rapports, puis ne conserve que les rapports et tient les termes pour inexistants.

1193. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Comme, d’autre part, rien n’est plus aisé que de raisonner géométriquement, sur des idées abstraites, il construit sans peine une doctrine où tout se tient, et qui paraît s’imposer par sa rigueur.

1194. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Aucune doctrine philosophique, pourvu qu’elle s’entende avec elle-même, ne peut d’ailleurs échapper à cette conclusion.

1195. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Gaïus, interprète de la doctrine officielle, écrit qu’« il y a très peu de motifs pour lesquels on permette d’établir de tels groupements ». — Mais, comme il arrive souvent dans l’histoire des institutions juridiques155, la sévérité des lois n’est ici qu’un indice de la force des coutumes qu’elles voudraient enrayer : l’impossible en droit est souvent l’invincible en fait.

1196. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Je n’aurais pourtant pas omis ces principes, sans tronquer les éléments même de la doctrine, sans me rendre indigne de vous interpréter les chefs-d’œuvre des grands maîtres : cependant j’éprouvais la gêne en vous les développant. […] Rassemblons ces lois éprouvées que renferme la collection des excellentes épopées, et formons-en un code méthodique et complet ; nous ne risquerons pas d’établir des principes faux et imaginaires, et nous acquérons une doctrine régulatrice sur laquelle nous jugerons du bon, et du mauvais, suivant les formes reçues. […] Aristote fondant sa doctrine sur les rapports préexistants entre les deux genres, leur attribue les mêmes espèces ; et, comme je l’ai dit, il en nomme quatre, la simple, l’implexe, la pathétique, et la morale. […] On interprète injustement mes expressions, lorsqu’on les soupçonne d’être mêlées d’humeur et d’amertume : prend-on pour le langage d’une aversion que je n’eus aucun sujet personnel de concevoir la chaleur involontaire que m’inspire l’évidence des principes blessés et le zèle de l’antique doctrine ? […] Mais ne voulant plus rien laisser de vague dans la doctrine littéraire, je dois prévenir attentivement jusqu’aux moindres objections à ma méthode analytique, et entrer avec scrupule dans tous les détails sans crainte d’être minutieux.

1197. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Une telle doctrine n’a pu naître que dans un esprit large et souriant. […] Zola est moins fidèle à ses doctrines qu’il ne dit et qu’il ne croit. […] Pourtant, elle ne choque aucune de nos idées modernes, n’est en contradiction absolue avec aucune de nos doctrines. […] Les doctrines nouvelles de l’hérédité morale et de la suggestion par l’hypnose n’ont pas laissé intact le vieux dogme de la liberté humaine. […] De toutes les doctrines philosophiques, le panthéisme est assurément la plus favorable à la poésie.

1198. (1897) Aspects pp. -215

. — Forissus du sanctuaire, les disciples s’installent au plus creux de la doctrine, élèvent leur Tour d’ivoire, se tripotent aux fins de sérénades à soi-même et font miauler le Verbe en le chatouillant d’une molle barbe de plume. […] Mais la doctrine s’effondre et le plus sûr symptôme de sa ruine c’est l’opportunisme de M.  […] En 1868, au congrès de Genève, il expose sa doctrine et y amène trente membres sur les cent dix présents, entre autres : Élie et Élisée Reclus, Fanelli, Joukowski, etc. […] Il est, d’ailleurs, décidé à ne rien abandonner de ses convictions et il est tellement sûr de l’orthodoxie de sa doctrine qu’il croit n’avoir qu’à se présenter au Vatican pour emporter l’approbation du pape. […] Vous dites aimer la vie, vous voulez vous fondre dans la nature, et vous admettriez une doctrine qui déclare que la nature c’est le péché et qui prône l’amour de la mort ?

1199. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

S’il avait sa doctrine, ou pour mieux dire, ses préférences en littérature, il n’a jamais cédé à aucun parti pris d’école. […] » Il faut que l’on voie bien dans le public qu’il est dégagé de toute tradition d’école, libre de toute doctrine officielle. […] » Ce n’est pas assez de n’être lié par aucune doctrine officielle : il serait encore plus cavalier de n’avoir pas de doctrine du tout. […] Mais comme il se retranche alors derrière le consentement obtenu d’elle autrefois, comme il se refuse à démentir par ses actes ses paroles et ses doctrines, un abîme se creuse entre eux. […] C’est une seule et même doctrine : Ne vous séparez, pas à la légère ; mais si, pour motifs graves, vous vous séparez, que ce soit sérieusement et pour de bon !

1200. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Si donc cette nouvelle doctrine peut nous en apprendre quelque chose d’un peu plus sûr, elle mérite qu’on la suive. » Cette inquiétude, ce sentiment de l’immense et obscur au-delà, cette grave éloquence mélancolique, sont le commencement de la vie spirituelle60 ; on ne trouve rien de semblable chez les peuples du Midi, naturellement païens et préoccupés de la vie présente. […] En fait d’idées, les plus profonds récrivent les doctrines mortes d’auteurs morts.

1201. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Ô Poètes, éducateurs des âmes, étrangers aux premiers rudiments de la vie réelle, non moins que de la vie idéale ; en proie aux dédains instinctifs de la foule comme à l’indifférence des plus intelligents ; moralistes sans principes communs, philosophes sans doctrine, rêveurs d’imitation et de parti pris, écrivains de hasard qui vous complaisez dans une radicale ignorance de l’homme et du monde, et dans un mépris naturel de tout travail sérieux ; race inconsistante et fanfaronne, épris de vous-mêmes, dont la susceptibilité toujours éveillée ne s’irrite qu’au sujet d’une étroite personnalité et jamais au profit de principes éternels ; ô Poètes, que diriez-vous, qu’enseigneriez-vous ? […] J’avoue volontiers que les saines doctrines académiques s’en accommodent peu.

1202. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

C’est là une réaction exagérée contre l’ancienne doctrine de l’unité du moi. […] Les recherches récentes de la psychologie confirment cette doctrine, chassent de plus en plus l’inconscience absolue du domaine de la vie.

1203. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

— Plusieurs naturalistes ont protesté récemment contre la doctrine utilitariste qui admet que chaque détail de la structure d’un être a pour but le bien de son possesseur. […] Si cette doctrine était vraie, elle serait fatale à ma théorie.

1204. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Le mot appartient à Schiller ; la doctrine s’est formée parce qu’on a reconnu, par la comparaison des talents, que les écrivains qui avaient peint sincèrement leur époque étaient supérieurs aux autres comme artistes, comme exécutants, avaient une intelligence et un sentiment plus profonds. […] Il le définit ainsi : « L’infini et la variété dans la nature éternellement variable et infinie. » Il reconnaît que les jeux de la mise en scène, les roueries du métier, la combinaison sont les objets du profond mépris des réalistes et qu’ils trouvent mal écrit ce qui charme les stylistes et il ajoute : « Le plus souvent rejeté dans la peinture des mœurs populaires et rustiques par la nécessité de bien accuser ses doctrines et sa méthode, il n’est pas étonnant que le réalisme s’offre au premier abord sous un aspect un peu grossier, dont ses adversaires ne manquent pas de lui faire un crime. » Ainsi il voit des défauts et il les excuse ; il est impossible de trouver un antiréaliste plus ami du réalisme. […] Je trouve M. de Pontmartin tout aussi important parce qu’il est homme de doctrines et qu’il représente, en littérature, la bonne compagnie, le catholicisme et le mariage. […] Il ment donc utilement et en guise de parade contre les doctrines ennemies ; il a bien raison, quand on n’est plus jeune il faut prendre ses précautions et opposer la ruse à la force.

1205. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Des principes de la secte il n’embrasse que ceux qui détachent de la vie, de la fortune34, de la gloire, de tous ces biens au milieu desquels on peut être malheureux, qui inspirent le mépris de la mort, et qui donnent à l’homme et la résignation qui accepte l’adversite, et la force qui la supporte : doctrine qui convient et qu’on suit d’instinct sous les règnes des tyrans, comme le soldat prend son bouclier au moment de l’action ; mais doctrine qu’on se garde bien d’embrasser et de professer à la cour voluptueuse d’un prince dissolu. […] Je dirai plus ; il est selon mon cœur, et peut-être est-il encore selon la justice, de hasarder une opinion qui tende à blanchir un personnage illustre, contre des autorités qui contredisent la teneur de sa vie, de sa doctrine, et l’estime générale dont il a joui. […] Dans ces temps voisins de la naissance du christianisme, et à l’époque de la fureur des tyrans déchaînés contre cette doctrine, n’accusait-on pas les chrétiens d’égorger un enfant dans leurs assemblées nocturnes, et de se repaître de ses membres sanglants ? […] Je ne dis rien de son commerce épistolaire avec saint Paul241, ouvrage ou d’un écolier qui s’essayait dans la langue latine, ou d’un admirateur de la doctrine et des vertus du philosophe, jaloux de l’associer aux disciples de Jésus-Christ. […] La phrase signifie se faire janséniste sous le cardinal Fleury qui protégeait les jésuites, ou rigoriste sous Maurepas qui suivait si bien les conseils de ses commis : « Amusez-vous et laissez-nous faire. » La fin de l’alinéa, à partir de : mais doctrine… n’existait pas dans la première édition.

1206. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Goethe en a fait une doctrine.

1207. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Mais ce n’est point une doctrine suivie et un trop exact raisonnement qu’on doit chercher dans la familiarité du vieux poète : ce sont des sentiments, un souffle moral élevé, des éclats d’imagination antique et jeune à la fois, de grandes paroles ; et elles ne font faute jusqu’à la fin sous sa plume et sur ses lèvres ; elles abondent de plus en plus avec les années, comme les flocons de neige dont parle Homère et auxquels il compare les paroles tombantes de Nestor.

1208. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Au contraire, lorsque j’allai voir l’abbé Lacordaire qui était dans une chambre au premier étage, je fus frappé du contraste ; celui-ci ne parlait qu’avec une extrême réserve et soumission des mécomptes qu’ils avaient éprouvés, et il employa notamment cette comparaison du grain « qui, même en le supposant de bonne nature, a besoin d’être retardé dans sa germination et de dormir tout « un hiver sous terre » : c’est ainsi qu’il expliquait et justifiait, même en admettant une part de vérité dans les doctrines de l’Avenir, la sévérité et la résistance du Saint-Siège.

1209. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Heureusement que c’était à un poète lui-même qu’elle l’adressait ; car il se trouva que la Préface, mise en tête de ces humbles Essais, et qui n’était probablement pas de l’auteur des vers, se ressentait plus qu’il n’aurait fallu de l’existence de prolétaire à laquelle elle se rattachait, et avait un certain goût de doctrines sociales réputées dangereuses.

1210. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

À s’en tenir au point de vue de la stricte réalité, on sait déjà les inconvénients de toute chose, le néant des amitiés, le revers des enthousiasmes, l’insuffisance des doctrines stoïques et altières.

1211. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

L’amendement qui venait à l’appui de cette doctrine a été repoussé au Corps législatif après avoir été combattu par le rapporteur de la commission, soutenu de MM. les ministres.

1212. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

On verra plus loin le développement de cette doctrine.

1213. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Mais ceci nous amène à la théorie de la vraisemblance, qui joue un rôle considérable dans l’ensemble de la doctrine de Boileau, et qui ne laisse pas d’en être une partie délicate et dangereuse.

1214. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Hormis la révélation de certaines résistances du goût public sur lesquelles nous reviendrons, nulle question de doctrine ou d’art n’est enveloppée dans es attaques ; et l’étude des pamphlets dirigés contre Racine n’a qu’un intérêt anecdotique.

1215. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Les mots les plus ordinaires ont été, dans ces dernières années, ou tellement détournés de leurs acceptions consacrées, ou étendus à tant d’autres sens, que dans un écrit où l’on prétend, peut-être à tort, exposer des doctrines, il est nécessaire de rappeler ces acceptions premières, ou de justifier celles qu’on y substitue.

1216. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

On commença par toute la France, dit un des biographes de Rabelais47, à chercher le sens caché de ces livres de « haute graisse, légers au pourchas et hardis à la rencontre », que Rabelais compare à de petites boîtes « peintes au-dessus de figures joyeuses et frivoles, et renfermant les fines drogues, pierreries et autres choses précieuses. » Ce fut à qui romprait « l’os rnedullaire », pour y trouver « doctrine absconse, laquelle », disait Rabelais, « vous revelera de très-hauts sacrements et mystères horrifiques, tant en ce qui concerne nostre religion qu’aussi l’estat politique et vie oeconomique48. » Cette recherche mécontenta les catholiques ; Rabelais ne leur avait rien épargné de ce qui pouvait se dire, jusques au feu exclusivement ; elle désappointa les partisans des idées nouvelles, que Rabelais n’attaquait pas, mais qu’il défendait encore moins.

1217. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Cet homme, si profondément chrétien, qui était chanoine et voulait être chartreux, ayant, pour ainsi dire sous la main une doctrine qui règle toutes choses d’une manière si simple, qui ne laisse aucune objection sans réponse, aucune contradiction sans l’expliquer, demandait à cette sagesse, dont Montaigne venait de lui faire voir si clairement les obscurités et les misères, une règle dont l’imperfection avait été la thèse même du livre des Essais.

1218. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

« C’est, écrivait-on alors, cet art qui commande à tous les autres ; qui ne se contente pas de plaire par la pureté du style et par les grâces du langage, mais qui entreprend de persuader par la force de la doctrine et par l’abondance de la raison. » Qui donc en donnait une idée si exacte, en des termes si nobles et si précis ?

1219. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

C’est en la mettant au-dessus de lui qu’il s’en rend maître, et pour la langue comme pour la doctrine, c’est de sa libre obéissance qu’il tire son autorité.

1220. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Les états opposés vers lesquels tendent ces doctrines sont également incompatibles avec l’existence et nous en sommes trop loin.

1221. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

. — Je ne sais pas d’esprits qui soient plus à l’opposite et aux antipodes que Bossuet, le panégyriste et l’apologiste magnifique de toutes les choses établies, de toutes les doctrines reçues et dominantes, — un esprit qui n’a jamais eu un doute !

1222. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Mon ami a une doctrine : c’est de toujours occuper la femme qui vous aime, — dût-on l’occuper à pleurer.

1223. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

… Alors Flaubert se met à attaquer — toutefois avec des coups, de très grands coups de chapeau, au talent de l’auteur — se met à attaquer les préfaces, les doctrines, les professions de foi naturalistes de Zola.

1224. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Pour notre part, nous ne saurions admettre une doctrine, qui nous semble enlever à l’art tout son sérieux.

1225. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

La secte de Luther remplaça presque généralement celle de Jean Huss ; mais la mémoire du supplice atroce infligé à ce dernier continua d’animer les esprits des novateurs, même après qu’ils se furent écartés de sa doctrine.

1226. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

L’idéal de la mémoire, ce serait une existence palingénésique entièrement conforme à une existence antérieure, comme celle que promettait aux hommes la doctrine stoïcienne.

1227. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Tarde fut amené à sa théorie de l’imitation par une doctrine de sens opposé sur la différence universelle et la nécessité, pour une réalité quelconque, de différer de toutes les autres. […] C’est le cas de quelques disciples indépendants qui, tout en acceptant des parties importantes d’une doctrine, en modifient d’autres et parfois en transforment l’esprit général ; c’est, à un degré moindre, le cas du vulgarisateur qui, en quelque sorte, organise l’imitation et la rend plus facile. […] Souriau, si elles n’expliquent pas complètement l’invention, éclairent tout un côté de la réalité que la doctrine du prolongement de la vie laissait un peu dans l’ombre. […] Mais en même temps qu’il conservait quelques-unes de ses anciennes croyances fort peu d’accord avec sa doctrine, il étendait trop ses nouvelles idées, les généralisait mal, déformait inconsciemment la réalité.

1228. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

depuis qu’on nous a imposé tant de libertés, que d’étranges doctrines se sont répandues, et qu’au nom d’un progrès qui considère les frontières comme des obstacles à la propagation de l’idée socialiste, quelques-uns ont décrété que l’amour de la patrie était non seulement suranné, mais dangereux. […] Je passe sur la partie pour ainsi dire technique de la brochure, très clairement exposée, pleine de bonne volonté et de sincérité pour tous, et j’arrive à ce passage fait pour rassurer ceux qu’offensent un peu les doctrines de ceux de nos nouveaux poètes qui n’admettent pas la limite des mètres, secouant le joug de la césure et de la rime, tout en croyant faire des vers. […] Tout d’abord le livre paraît s’ouvrir sur une sanglante actualité ; son héros est un écrivain qui a, dans un journal, défendu les doctrines d’anarchistes, lanceurs de bombes. […] Ils pourront ainsi étudier tout à l’aise les doctrines du père du Saint-Simonisme, de Comte, de Fourier, de Karl Marx, de Lassalle, aller admirer les maîtres à Venise, à Munich, suivre sur les étangs bavarois les cygnes et les rêves wagnériens de Louis II, et, ce qui fait tout pardonner, trouver le bonheur dans ce petit phalanstère d’idées et de sentiments mis en commun. […] Il y a quelques années, M. de Rothschild soutenait avec vivacité, au consistoire israélite, la doctrine de l’immortalité de l’âme ; un savant israélite de la plus vieille école, qui me le racontait, ajoutait cette réflexion « Comprend-on cela ?

1229. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

C’est tout au plus si les vertus de son amie la belle Caraïbe Arc-en-Ciel, comparées aux vices des Anglais, confirmèrent à ses yeux les doctrines de Rousseau, son maître, sur l’innocence des bons sauvages et la méchanceté de l’homme civilisé. […] On a voulu faire du naturalisme la marque de fabrique d’une usine où travaillent beaucoup de romantiques attardés ; on a tenté de désigner par ce nom je ne sais quelle doctrine que ses représentants officiels n’ont jamais pu expliquer, et dont M.  […] C’est dans la ville de Thonon, en 1595, qu’il écrivit ses Controverses, en réponse aux doctrines de Calvin, de Théodore de Bèze et de Zwingle. […] Entre la doctrine de l’art pour l’art et celle de « l’art pour l’homme » il a, de très bonne heure, fait son choix. […] C’est sur ce vieux sol piétiné par tant de peuples, fécondé par un si riche débordement de doctrines, tout imprégné de ferments et de poisons, que nous avons pris notre élan.

1230. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Moi-même, mon admiration pour le talent de l’écrivain et du romancier ne m’empêchera pas de dire mon antipathie pour les doctrines politiques et religieuses du penseur. […] Sa doctrine (politique comme religieuse) est, on le voit, très purement catholique. […] Si nous sommes absolument contraire aux doctrines fulminées dans cet ouvrage, nous en louons sans réserve le style exact, net, coloré, et la logique imperturbable. […] Il faut donc, tout en combattant ses doctrines, applaudir cet artiste vraiment français et rire des méthodiques qui ne verraient pas quel ordre réel gouverne tout ce peuple d’idées. […] » Voilà, sous de fausses apparences de raison, une doctrine fort commode en vérité — et qui n’a pas le sens commun.

1231. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

On peut dire à certains égards qu’il y a deux littératures, comme dans les antiques écoles il y avait deux doctrines : une littérature officielle, écrite, conventionnelle, professée, cicéronienne, admirative ; l’autre orale, en causeries du coin du feu, anecdotique, moqueuse, irrévérente, corrigeant et souvent défaisant la première, mourant quelquefois presque en entier avec les contemporains.

1232. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

La doctrine du xviiie  siècle était, au fond, le matérialisme, ou le panthéisme, ou encore le naturalisme, comme on voudra l’appeler ; elle a eu ses philosophes, et même ses poëtes en prose, Boulanger, Buffon ; elle devait provoquer son Lucrèce.

1233. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

« Plus tard on apprend que toute doctrine a sa raison, tout intérêt son droit, toute action son explication et presque son excuse.

1234. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Non seulement, par la tradition du moyen âge, il est commandant-propriétaire des Français et de la France, mais encore, par la théorie des légistes, il est, comme César, l’unique et perpétuel représentant de la nation, et, par la doctrine des théologiens, il est, comme David, le délégué sacré et spécial de Dieu lui-même.

1235. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Non pas cependant qu’on m’ait attribué aucune complicité de doctrines avec cet homme chimérique d’institutions, philosophe d’échafaud, impassible de meurtre, sans cruauté comme sans pitié dans le cœur, s’il avait un cœur, immolateur par système de tout ce qui résistait au froid délire d’un impossible nivellement sous le niveau de fer de sa guillotine.

1236. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Il avait des doctrines et point de haines, des soifs de gloire et point d’ambitions.

1237. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

C’est le progrès selon la doctrine des progressistes indéfinis, ces adorateurs obstinés du temps qui les dément dans les langues comme dans les choses ; ces adorateurs du présent qui les dévore eux-mêmes et qui anéantit tout autant de choses humaines qu’il en crée.

1238. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

IV J’ai toujours aimé Victor Hugo, et je crois qu’il m’a toujours aimé lui-même, malgré quelques sérieuses divergences de doctrines, de caractère, d’opinions fugitives, comme tout ce qui est humain dans l’homme ; mais, par le côté divin de notre nature, nous nous sommes aimés quand même et nous nous aimerons jusqu’à la fin sincèrement, sans jalousie, malgré l’absurde rivalité que les hommes à esprit court de notre temps se sont plu à supposer entre nous.

1239. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Son imagination était restée pieuse, sa raison était devenue tolérante ; elle n’avait gardé de ses premières doctrines que l’amour qui les sanctifie toutes.

1240. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Prévenu, comme je le suis, pour les modèles sévères, on trouvera tout simple que j’aie goûté surtout, pour l’autorité qu’en reçoivent mes doctrines, la simplicité nerveuse de ce style, une absence de recherche qui est moins d’un écrivain qui la dédaigne que d’un penseur qui l’ignore, une langue où les images ne sont que le dernier degré de la propriété et de la justesse.

1241. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Mais ces artistes ont apporté dans leur réforme de la musique des principes et des théories que je voudrais exposer brièvement, dans leur comparaison avec les doctrines wagnériennes.

1242. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Ils s’éprennent des nouveaux gazouillements entendus et des dernières ailes aperçues voltigeantes dans le ciel ; mais ils ne sont point les couleurs des générations successives de doctrines.

1243. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

I Base mécanique et psychologique de la mémoire Les lois de la mémoire et de l’association des idées apportent un nouvel appui à la doctrine selon laquelle les idées ou images sont des forces, en ce sens qu’elles ont une intensité et enveloppent une tendance aux mouvements nécessaires pour les exprimer.

1244. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Lescolle de ceste doctrine n’est point es auditoires des professeurs hébreux, grecs et latins en l’Université de Paris : elle est au Louvre, au Palais, aux Halles, en Grève, à la place Maubert. » (Cité par J.

1245. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Le livre avorta ; mais, malgré cet avortement, il contribua par sa popularité en Europe à répandre, avec la littérature française, l’aspiration aux doctrines et aux institutions de raison et de liberté, premières conditions de vérité dans les esprits et dans les choses.

1246. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Tenté par le sujet de Pindare, auquel il a rattaché la question de la poésie lyrique chez tous les peuples, Villemain, qui a manqué cette svelte chose qu’on appelle un essai en littérature, l’aura-t-il manquée glorieusement parce qu’il a fait davantage, parce que, de renseignement, de doctrine et d’aperçu, il nous aura donné un livre à fond, un traité complet sur Pindare et la poésie lyrique ?

1247. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Zola ; il y a entre la Notre-Dame de Paris et Le Ventre de Paris assez d’espace pour qu’on y ait vu passer bien des choses, doctrines et œuvres, abaissantes, abaissées, se matérialisant, se démocratisant toujours davantage.

1248. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Aucune doctrine, aucune discipline, aucune crise intérieure, aucune contrainte extérieure n’ont altéré l’équilibre de sa vie. […] C’est en Allemagne une idée populaire et une doctrine scientifique que tout ce qui parle allemand appartient de droit à l’Allemagne et doit lui revenir tôt ou tard ; tant pis pour l’histoire et les traités ; le propriétaire légitime reprend son bien où il le trouve, même transformé, même mélangé d’éléments étrangers, hier le Schleswig à demi danois, aujourd’hui l’Alsace française et la moitié de la Lorraine française, demain les portions de la Suisse, de l’Autriche, et de la Russie où l’on parle allemand. […] Ici encore renseignement doit être surtout historique ; il ne s’agit point de professer une doctrine, mais do faire connaître des doctrines, et le premier devoir du maître est de ramener son cours à n’être qu’une source d’informations. […] Ribot de nous familiariser avec une doctrine si compréhensive, si haute, et cependant si peu connue en France que beaucoup d’hommes instruits, parmi nous, ignorent encore aujourd’hui le nom de son auteur. […] Ribot, qui expose clairement et qui est un disciple si zélé d’Herbert Spencer, devrait bien repenser à sa façon, et dans les cadres de notre langue, la doctrine de son maître, ajouter un volume d’exposition à ses deux volumes de traduction.

1249. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Un de nos premiers écrivains a fortement indiqué un rapport vraisemblable entre les temps horribles où vécut Lucrèce et les doctrines désolantes dont ce poète a fait choix. […] Mais, ce qui nous séduit dans Lucrèce, c’est le talent du grand poète, talent plus fort que les entraves d’un faux système, et que l’aridité d’une doctrine qui semble ennemie des beaux vers comme de toutes les émotions généreuses. […] Il détruit tous ces dieux, dont les poètes avaient peuplé l’univers embelli ; il raille ces doctrines, si saintement philosophiques, et si chères à l’imagination comme à la vertu, qui promettent une autre vie et d’autres récompenses ; il supprime toutes les espérances, toutes les craintes. […] Les doctrines qu’il expose ont reçu l’empreinte de son âme, et ses compilations mêmes ont un cachet d’originalité. […] Quelquefois on les fit servir à la propagation même de la nouvelle doctrine et à la dérision de l’ancienne.

1250. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

On a pu dans la suite rappeler contre Camille Jordan telle page, telle lettre qui lui était échappée alors et qui pouvait à la rigueur le faire ranger parmi les royalistes ; mais il ne le fut jamais dans le sens direct qu’on attache à ce mot, c’est-à-dire à titre de partisan des princes déchus : il put de bonne heure être royaliste de doctrine et partisan en théorie de l’autorité d’un seul ; mais il ne conspira jamais contre la forme républicaine tant qu’elle prévalut. […] Une telle doctrine affecte même leur sensibilité.

1251. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

L’esprit d’Ampère offrait table rase aux doctrines et aux méthodes des Fauriel, des Niebuhr, Grimm, Goethe… Il ne recevait pas ces doctrines sur la défensive en quelque sorte, et, comme doit faire tout bon universitaire, la baïonnette en avant, à son corps défendant, ce que fit toujours le docte Victor Le Clerc par exemple.

1252. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Concordance de cette doctrine et de l’esprit anglais. —  Liaison de l’esprit positif et de l’esprit religieux. —  Quelle faculté ouvre le monde des causes. […] Rarement, je vous l’accorde, un penseur a mieux résumé par sa doctrine la pratique de son pays ; rarement un homme a mieux représenté par ses négations et ses découvertes les limites et la portée de sa race.

1253. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Elle a ébranlé sans remords l’édifice de sa croyance, et travaille sans relâche à reconstruire pour ses derniers jours une doctrine nouvelle et plus solide. […] Mais comme la discussion se passe en famille, ils abrègent nécessairement le développement de leurs doctrines, et nous pouvons, sans présomption, espérer que les plaidoiries seront bientôt terminées. […] Je lui pardonne volontiers son pédantisme gourmé, l’emphase guindée de ses doctrines, et le puritanisme de son goût, en faveur des anecdotes et des traditions qu’il a recueillies avec une religion laborieuse. […] Or, voici ce que j’ai recueilli sur la doctrine de l’incompétence. […] J’ai reproduit fidèlement la doctrine du château, je dois reproduire avec la même franchise l’opinion de la majorité ignorante, je le veux bien, mais certainement sincère, à laquelle j’appartiens.

1254. (1903) Le problème de l’avenir latin

Un sélectionniste américain définit la doctrine : « Tous les arrangements conscients et intentionnels entre hommes et femmes qui ont pour but précis les caractères de leur progéniture ». […] En outre, la nocivité de la doctrine, exposée et prêchée sans entraves, demeurerait entière, perpétuant l’œuvre corruptrice, en admettant même que cette mesure affaiblit en nombre les forces romaines ; le péril subsisterait donc redoutable. […] Je reconnais qu’à certains égards le domaine de la vérité s’élargit et que celui du mensonge se resserre ; mais de là à entrevoir une époque où tout vestige romain aura disparu des consciences, où la sécession intérieure entre l’homme et la doctrine sera un fuit accompli, il y a un abîme. […] N’avoir plus la force de la haine — non contre les individus, mais contre les doctrines — n’avoir pas la conscience que certaines choses doivent disparaître à jamais, cela me semble tout simplement le produit de la déliquescence mentale.

1255. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Il fit donc ou acheva ses études à Tarascon dans le collège des prêtres de la Doctrine, et s’engagea même ensuite dans la congrégation, mais par des vœux simples.

1256. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

1841 Quelque dégagé qu’on veuille paraître des considérations traditionnelles et des doctrines dites classiques, on ne peut nier que le plus clair et le plus solide de la richesse poétique de la France ne soit dans le genre dramatique et sous la forme de tragédie.

1257. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Elle-même provient d’une autre cause plus générale, l’idée de la conduite humaine tout entière, intérieure et extérieure, prières, actions, dispositions de tout genre auxquelles l’homme est tenu vis-à-vis de Dieu ; c’est celle-ci qui a intronisé la doctrine et la grâce, amoindri le clergé, transformé les sacrements, supprimé les pratiques, et changé la religion disciplinaire en religion morale.

1258. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

L’esprit des peuples aurait combattu avec nous, et l’horreur de nos journées d’août, de septembre et de janvier, n’aurait pas repoussé de nos drapeaux les peuples attirés par nos doctrines.

1259. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Necker lui en rappelait l’origine, les écrits de madame de Staël lui en rappelaient les doctrines.

1260. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

L’ouvrage se compose de quatre parties, divisées elles-mêmes en livres : La première partie traite des Dogmes et de la doctrine ; La seconde développe la Poétique du Christianisme ; La troisième continue l’examen des Beaux-Arts et de la Littérature dans leur rapport avec la Religion ; La quatrième traite du Culte, c’est-à-dire de tout ce qui concerne les cérémonies de l’Église et de tout ce qui regarde le Clergé séculier et régulier.

1261. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Un instant, il nous montre la victoire d’un devoir incontestable (Horace), puis d’un devoir plus douteux (Polyeucte) sur la passion ; mais bientôt cela ne lui suffit plus : ce qu’il exalte, c’est le triomphe de la volonté toute seule, ou tout au plus de la volonté appliquée à quelque devoir extraordinaire, inquiétant, atroce, et dans la conception duquel se retrouvent, avec la naïve et excessive estime des « grandeurs de chair » (Pascal), les idées de l’Astrée et de la Clélie sur la femme et les doctrines du XVIe siècle sur la séparation de la morale politique et de l’autre morale.

1262. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Car, sortir par le libre examen, comme Ibsen et Eliot, d’une religion dont le libre examen est lui-même le fondement, ce n’est point proprement en sortir, c’est plutôt en développer et en épurer la doctrine.

1263. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Sa sincérité, quant au fond de ses doctrines, me paraît aussi incontestable que son manque de rigueur lorsqu’il s’agit de les exposer, et que les défaillances de sa probité intellectuelle lorsqu’il s’agit de les propager ou de les défendre.

1264. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

— se reflète en son esthétique et fasse de celle-ci non pas la doctrine du self-government, qui est la plus féconde et suppose d’ailleurs des lois, mais celle d’une parfaite Anarchie.

1265. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Malgré ses mauvaises doctrines et ses mauvais exemples, si Crébillon est moins qu’un homme de génie, il est plus qu’un homme de talent.

1266. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Sorte de filtrage, épurant et amoindrissant, d’où la vieille doctrine divine tombait goutte à goutte, humaine.

1267. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Songez que vous parlez à ce peuple français, le premier peuple du monde, parce qu’il est le plus chevaleresque et en même temps le plus philosophique ; à ce peuple changeant il est vrai, parce qu’il est étonnamment impressible, mais qui sait souffrir et mourir pour une doctrine, qui fait la guerre pour le triomphe d’une idée, et dont les fureurs même ont été commises au nom d’un principe.

1268. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Mais cela ne fait rien à l’exposition de cette doctrine philosophique qui est quelque chose comme un milieu, un intermédiaire entre l’épicurisme et le stoïcisme.

1269. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

mais qui est un enseignement, malgré des doctrines qui n’ont que faire ici et qu’il s’est bien gardé d’y introduire, M. 

1270. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

La seule doctrine de Platon nous présente le juste dans son unité ; ce philosophe pense qu’on doit suivre comme la règle du vrai ce qui semble un, ou le même à tous les hommes.

1271. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Le malheur est qu’on ne commette impunément aucune erreur de goût : les erreurs de goût mènent aux erreurs de jugement, les erreurs de jugement aux erreurs de doctrine ; et c’est ici le cas. […] Est-ce qu’il y a deux opinions sur l’Exposition de la doctrine catholique, ou sur la Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte ? […] Molinier qui est en cause ici ; ce n’est pas même seulement son édition des Pensées ; ce sont certaines doctrines contemporaines et certaines habitudes fâcheuses qui se sont de notre temps introduites dans la critique. […] En 1694, Bossuet interprète la doctrine des Pères avec une rigueur qu’on était loin d’y mettre en 1673. […] Entre Racine et ses ennemis, j’entends ceux qui sont dignes que l’histoire les nomme et les discute, ce n’étaient pas seulement des questions de personnes, c’était une question de doctrine qui se débattait.

1272. (1881) Le roman expérimental

Le dernier mot du livre est que la médecine expérimentale ne répond à aucune doctrine médicale ni à aucun système philosophique.

1273. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Bien entendu, je parle seulement des doctrines qui ont un rôle sur la scène du monde, et des philosophes qui ont construit leurs doctrines sans autre souci que celui de la vérité. — Des deux réponses principales, Kant a fait la première.

1274. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Quels jugements ces esprits sérieux et neufs en portèrent, avec quelle promptitude ils s’élancèrent jusqu’à la vraie religion de leur race, c’est ce qu’on peut voir dans leur pétition au Parlement173 : Cent trente ans avant Luther, ils disaient que le pape n’est point établi par le Christ, que les pèlerinages et le culte des images sont voisins de l’idolâtrie, que les rites extérieurs sont sans importance, que les prêtres ne doivent point posséder de biens temporels, que la doctrine de la transsubstantiation rend le peuple idolâtre, que les prêtres n’ont point le pouvoir d’absoudre les péchés. […] Ils ont prié, mais, sauf un ou deux poëmes médiocres, leur doctrine incomplète et réprimée n’a point abouti.

1275. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Dans cet accès de passion nationale et de sévérité protestante, quiconque affiche des idées ou des mœurs libres semble un incendiaire et ameute contre soi l’instinct des propriétaires, les doctrines des moralistes, les intérêts des politiques et les préjugés du peuple. […] Nous nous sommes liés à la partialité des divinations religieuses et à l’inexactitude des divinations littéraires, et nous avons accommodé nos doctrines à nos instincts et à nos chagrins.

1276. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Le volume s’ouvre avec une pièce intitulée Doctrine. Voulez-vous savoir ce que c’est que cette Doctrine et par le début juger de l’ensemble ?

1277. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Charbonnel a expliqué cela, en analysant une doctrine à laquelle il reconnaît « la grandeur et aussi le caractère absolu de l’héroïsme ». […] Charbonnel est donc un spiritualiste mystique ; il n’expose pas une doctrine, mais une méthode, en même temps qu’il introduit la littérature dans une région qu’elle ne fréquente guère. […] On va respirer enfin un air d’amour, tout s’apaise tout se purifie, tout est printemps, et, cloches de bonnes nouvelles, lors, aux gens sur le pas des portes dites qu’enfin Doctrine est morte et qu’aujourd’hui c’est vie nouvelle.

1278. (1911) Nos directions

Et l’on vit, la science aidant, d’aussi divers esprits que les Goncourt, Zola, Bourget, adopter, pratiquer, prêcher, sous divers noms, une doctrine unique. […] Si je me suis senti contraint, au cours de ces réflexions cursives, de lui reconnaître moins de génie que de génie-talent, si j’ai trouvé dans son œuvre une autre doctrine que celle qu’on a accoutumé de prêcher en son nom, mon admiration sort pourtant de cet examen, rassurée, augmentée et purifiée. […] A l’indécision de nos aînés dans l’affirmation qui leur était possible d’une doctrine fixe et ferme, j’attribue le retour de quelques-uns de nous à la convention dite classique, où ils trouvaient une méthode, du moins. […] Votre oreille est tout habituée encore au parallélisme étroit des rythmes classiques et au retour régulier de la rime… Elle s’accoutumera peu à peu, croyez-moi, au parallélisme plus varié des « rythmes libres » selon la doctrine de M. 

1279. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Un dimanche de l’Avent, en 1670, comme Bourdaloue avait prêché sur la sévérité de la pénitence en y faisant une allusion très sensible aux doctrines supposées excessives de Port-Royal, de M. 

1280. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Le panthéisme de Goethe ne tombait point dans cette absurdité si injustement attribuée aux doctrines primitives de l’Inde, source de toutes les théogonies antiques et modernes.

1281. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

En ce temps-là, les rois, encore tout fiers de leurs succès, reconnaissaient une cause générale des rois supérieure à toutes les causes secondaires des jalousies nationales, des rivalités d’ambition, ou d’influence des cours ; une véritable ligue politique des gouvernements légitimes subordonnait toutes ces rivalités locales à son intérêt et à une doctrine d’ensemble des monarchies.

1282. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Moi, je continue à professer le même culte pour les idées libérales, la même horreur pour les idées serviles, le même amour pour la liberté civile et religieuse, le même mépris et la même haine pour l’intolérance et la doctrine de l’obéissance passive.

1283. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Qui m’aurait dit alors, que quinze ans plus tard, la poésie inonderait l’âme de toute la jeunesse française, qu’une foule de talents d’un ordre divers et nouveau, auraient surgi de cette terre morte et froide ; que la presse multipliée à l’infini ne suffirait pas à répandre les idées ferventes d’une armée de jeunes écrivains ; que les drames se heurteraient à la porte de tous les théâtres ; que l’âme lyrique et religieuse d’une génération de bardes chrétiens inventerait une nouvelle langue pour révéler des enthousiasmes inconnus ; que la liberté, la foi, la philosophie, la politique, les doctrines les plus antiques comme les plus neuves, lutteraient, à la face du soleil, de génie, de gloire, de talents et d’ardeur, et qu’une vaste et sublime mêlée des intelligences, couvrirait la France et le monde du plus beau comme du plus hardi mouvement intellectuel qu’aucun de nos siècles eût encore vu ?

1284. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Son penchant fut toujours plus de ce côté ; et, quoique fort occupé des doctrines d’Aristote, il suivit bien plus les exemples de Lope de Véga que ceux de Sophocle.

1285. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Ses poésies, comme ses doctrines, ne sont que des apparences ; et son nom, entre ceux que le genre humain répète et ceux qu’il oublie, suspendu et comme réservé pour un jugement qui ne sera jamais rendu, son nom n’est ni glorieux ni inconnu : il est spécieux.

1286. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

J’ai subi, comme tant d’autres, l’influence de ses doctrines ; mais je n’ose me dire son disciple, tant je me suis gardé d’être son imitateur.

1287. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Ce n’est que dans la doctrine chrétienne que le pessimiste et l’optimiste non seulement se confondent dans une certaine mesure, mais qu’ils existent côte à côte à leur plus haute puissance.

1288. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Dans cette Révolution dont les partis ont écrit l’histoire, il y a pis que de fausses idées et de fausses doctrines… et, il faut bien le dire enfin, il y a un outrage fait à la nature humaine, plus sanglant encore que l’outrage fait à l’esprit humain.

1289. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

En résumé, quelle que soit la doctrine à laquelle notre raison se rallie, notre imagination a sa philosophie bien arrêtée : dans toute forme humaine elle aperçoit l’effort d’une âme qui façonne la matière, âme infiniment souple, éternellement mobile, soustraite à la pesanteur parce que ce n’est pas la terre qui l’attire.

1290. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Ne vous souvient-il pas que Balzac avait inventé des théories chimiques, une réforme de l’administration, une doctrine philosophique, une explication de l’autre monde, trois cents manières de faire fortune, les ananas à quinze sous pièce, et la manière de gouverner l’État ?

1291. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

On comprend qu’aux époques de transition les traités dogmatiques soient difficiles, parce qu’un ouvrage est déjà vieux avant d’être achevé, et qu’une doctrine court risque d’être renversée avant d’avoir été entièrement formulée. […] L’histoire montre, au contraire, que dans tous les temps les doctrines médicales ont été en rapport avec les idées physiologiques, et qu’à chaque progrès accompli dans la science de la vie à l’état normal a correspondu un progrès équivalent dans la pathologie. […] On ne saurait plus conserver de doute sur l’origine animale du sucre, malgré les tentatives qui se produisent actuellement de la part de quelques personnes, encore au point de vue de certaines doctrines finalistes, qui ne sont plus de notre époque et qu’il faut reléguer parmi les errements de la métaphysique des siècles passés. […] Ainsi, on aborde le sujet avec une doctrine préconçue. […] Ainsi, Messieurs, on commence par des erreurs de doctrines, on continue par des erreurs de faits ; je vous montrerai bientôt qu’on finit par des vices de logique vraiment incroyables.

1292. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Or, cette fière doctrine de vérité, Ibsen, dans le Canard sauvage, n’en est plus si sûr. […] Des siècles et des siècles de routine héritée, de doctrine formelle et vide, de tyrannie et de soumission intellectuelle, de suffisance imperturbable et de docilité inepte, d’entêtement orgueilleux et féroce dans le faux, de profonde inintelligence des choses, consacrée et précieusement transmise en immuables formules ; bref, toute l’énorme sottise humaine semblait chanter un hymne triomphal dans ce magnifique couplet où l’éternel Pédant se peint lui-même en louant l’éternel Disciple. « … Il n’a jamais eu l’imagination bien vive, ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns ; mais c’est par là que j’ai toujours bien auguré de sa judiciaire… Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne démord jamais de son opinion… Mais sur toute chose ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine. » Cette page (relisez-la tout entière, je vous prie) est assurément une de celles qui donnent la plus haute idée de l’esprit de Molière. […] C’est le jacobinisme, c’est-à-dire l’esprit de simplification à outrance dans la théorie joint à l’esprit de violence dans la pratique, — doctrine faite de dureté et d’orgueil, d’une ignorance présomptueuse touchant les véritables conditions de la vie humaine et d’une sorte de mysticisme pédantesque dans la conception de l’Etat, — c’est le jacobinisme qui jadis a préparé l’avènement de la monarchie absolue ; c’est lui qui a fait la Saint-Barthélemy, la révocation de l’édit de Nantes et les dragonnades ; car toutes ces choses, remarquez-le bien, ont été accomplies en vertu de la théorie clémenciste du « bloc dont on ne peut rien distraire ».

1293. (1933) De mon temps…

Contre le Symbolisme naissant, il avait maintenu levé le drapeau du Parnasse dont il avait été un des tenants en vue, dont il avait écrit la légende et dont il appliquait strictement la doctrine, en disciple respectueux et fervent de Leconte de Lisle et de Théodore de Banville. […] Cette allusion au roman russe Oblomoff, dont le héros passe ses journées couché sur son poêle, dans une paresse fataliste et un slavisme indolent, nous renseigne sur l’existence que menait, en ces années, le jeune lettré polonais Téodor Wyzewski, qui jouissait déjà d’une certaine notoriété dans les milieux littéraires avancés du temps où s’élaborait la doctrine du Symbolisme sous la double influence de Stéphane Mallarmé et de Paul Verlaine.

1294. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Il n’y a pas de plus grande jouissance ni de plus beau triomphe qu’une copie excellente de la nature. » Et cette doctrine, ennemie de l’art, prétendait être appliquée non seulement à la peinture, mais à tous les arts, même au roman, même à la poésie. […] Autant que j’ai pu comprendre ces singulières et avilissantes divagations, la doctrine voulait dire, je lui fais l’honneur de croire qu’elle voulait dire : L’artiste, le vrai artiste, le vrai poëte, ne doit peindre que selon qu’il voit et qu’il sent.

1295. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

D’abord le fond de la légende : un mortel entre dans le royaume d’une déesse, s’arrache aux délices qui l’y enchaînent, revient à la région des humains et finit par retourner auprès de celle qu’il avait quittée ; — puis la couleur religieuse donnée à son aventure, à son départ et à son retour ; — la doctrine d’après laquelle il n’y a pas de si grand péché dont le repentir n’obtienne le pardon ; — enfin le symbole par lequel s’exprime cette pensée : — ces éléments appartiennent soit au folklore de presque tous les peuples, soit aux conceptions les plus chères des peuples du moyen âge catholique ; — il y a enfin un élément spécialement allemand, qui se marque uniquement par le nom du héros et par celui du Venusberg. […] De ce nombre est celui qui nous occupe, qu’il met dans la bouche de Barlaam inculquant au jeune Joasaph la doctrine chrétienne. […] De cette version arabe est issue une version juive qui, par un nouveau retour de fortune, a fait servir la légende, originairement bouddhique, puis chrétienne, puis musulmane, à l’enseignement des doctrines du judaïsme154. […] La singulière et charmante doctrine dans laquelle l’oiseau unit si intimement le dieu d’Amour et l’amour de Dieu, convient aussi, à ce qu’il me semble, bien qu’elle ait une forme de sermon, à un prédicateur laïque plus qu’ecclésiastique.

1296. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Elle n’accepte de mot d’ordre de personne, ni d’une doctrine ni d’un parti, et si le poëte, son maître, la force à marcher en tête de quelque bande chantant un hymne ou sonnant une fanfare, elle s’en venge tôt ou tard. […] De semblables doctrines font bientôt quitter le Pinde pour le mont Mérou et l’Ilissus pour le Gange. […] À ces motifs, il en ajoute d’autres : l’ignorance réelle ou volontaire de la vie actuelle, des sublimes inventions de la science et de l’industrie, le retour opiniâtre au passé, aux vieux symboles et aux mythologies surannées, la doctrine de l’art pour l’art, le soin puéril de la forme en dehors de l’idée et tout ce qu’on peut reprocher à de pauvres poëtes qui n’en peuvent mais. […] Sur quelle doctrine s’appuyait cet exemple nouveau ?

1297. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Georges d’Esparbès, livre plein de jeunesse, de foi et de courage, qui vient comme pour protester contre les doctrines vieillottes et égoïstes qui, sous prétexte de bon sens et de philosophie, saluent sans le discuter le fait accompli, prêchent le renoncement à toute résistance, l’abandon de tout ce qui a été la gloire et l’honneur de notre pays. […]   La conviction de Séverine, élève de Vallès, engendre la violence, et il n’y a aucun rapport entre ses livres et ceux des femmes écrivains de ce temps ; c’est par la franchise de la forme littéraire qu’elle appelle l’attention ; c’est par la sincérité de ses doctrines qu’elle la retient. […] Yves Guyot explique nettement sa doctrine, et dans son livre je trouve cette profession de foi : Je considère toujours que c’est par l’étude et l’observation des lois de la science sociale que l’humanité peut réaliser des progrès. […] Et voilà pourquoi le jeune Platon sans avoir formulé sa doctrine, ne sachant même pas qu’il serait philosophe un jour, avait déjà conscience de la réalité divine de l’Idéal et de son omniprésence.

1298. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Certes, si un prince était capable d’entrer dans quelques-unes de ces vues à la fois courageuses, patriotiques, mais étroites, hautaines et rétrospectives, il semble que ç’ait été le duc de Bourgogne tel qu’on nous le présente, avec ce mélange de bonnes intentions, d’effort sur lui-même, d’éducation laborieuse et industrieuse, de principes et de doctrine en serre chaude.

1299. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

XVII À l’époque où madame Récamier le connut et lui permit de l’aimer, il avait déjà écrit une espèce de poème en prose, Antigone, sorte de Séthos ou de Télémaque dans le style de M. de Chateaubriand ; on parlait de lui à voix basse comme d’un génie inconnu et mystérieux qui couvait quelque grand dessein dans sa pensée ; il couvait, en effet, de beaux rêves, des rêves de Platon chrétien, rêves qui ne devaient jamais prendre assez de corps pour former des réalités ou pour organiser des doctrines.

1300. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

À ce moment le carbonarisme s’emparait souterrainement de son armée ; le carbonarisme était une société secrète, une conspiration permanente dont il est difficile de définir les doctrines : c’était un jacobinisme modéré, mais ténébreux, qui couvait dans l’ombre et qui affiliait dans le vague ; son cri de guerre était la Constitution espagnole arrachée à Ferdinand VII par l’insurrection soldatesque de l’armée de Cadix.

1301. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Bonnes ou mauvaises, ces doctrines qui renaissaient sous l’empire despotique de Bonaparte étaient infiniment propres à lui plaire.

1302. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Affectant un certain mépris de la forme et de l’art, il posa que toute l’œuvre littéraire consiste à ouvrir son cœur, et pénétrer dans le cœur du lecteur : émouvoir en étant ému, voilà toute sa doctrine ; et si l’émotion est sincère, communicative, peu importe quelle forme l’exprime et la convoie.

1303. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Les idées les plus avancées de la philosophie moderne, qui ne sont encore le domaine que d’un petit nombre, sont là doctrines officielles.

1304. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Martin Luther confia ses doctrines à leur esprit méthodique progressivement élargi et il écrivit, pour eux, plus d’un choral.

1305. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

En un mot, l’action est libre, selon cette doctrine, parce que « le rapport de l’action à l’état d’où elle sort ne saurait s’exprimer par une loi, cet état psychique étant unique en son genre et ne devant plus se reproduire jamais170 ».

1306. (1914) Boulevard et coulisses

Quelque opinion que l’on ait sur les doctrines qui en sortirent, on ne peut nier leur retentissement et l’impression qu’elles firent sur les esprits contemporains.

1307. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Nous sommes d’ailleurs amenés à cette doctrine, adoptée déjà par beaucoup de naturalistes, sous le nom de Centres uniques de création, par quelques considérations générales, et surtout par l’importance constatée des barrières naturelles et par les analogies que nous fournit la distribution géographique des sous-genres, genres et familles.

1308. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Il s’arrête, en remettant, dit-il, un plus ample examen à un temps où les questions les plus innocentes ne seront pas traitées comme des affaires d’État : mais il semble que c’était plutôt à Mme de Staël de se plaindre qu’on traduisît ses doctrines philosophiques en opinions factieuses. […] En abordant l’Allemagne, Mme de Staël insista beaucoup aussi sur la partie philosophique, sur l’ordre de doctrines opposées à celles des idéologues français ; elle se trouvait assez loin elle-même, en ces moments, de la philosophie de ses débuts.

1309. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

La doctrine, par exemple, qui se dégage de la Dévotion à la Croix, du Damné par manque de foi, du Truand Béatifié ferait chez nous un peu scandale, bien que nombre de nos mystères l’illustrent explicitement : le bandit racheté par un acte de foi, le saint damné pour un moment de doute. […] La doctrine intégrale de leur maître reçut par eux sa forme la plus décisive ; ils s’étaient adjoints un auteur, André Obey qui en épousa l’exigence.

1310. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Gaston Deschamps, dans le Temps, ont poussé le cri d’alarme contre l’immoralisme qui envahit notre littérature, cette dangereuse doctrine, prêchée par Nietzsche, et introduite dans le roman par Mmes d’Houville et de Noailles, que M.  […] Voici un résumé très concis de la doctrine de Nietzsche ; il enseigne « que l’homme se développe et fait de grandes choses, en ne se laissant pas mettre en lisière par la vertu, mais en suivant, dans le cours de la vie, ses passions et son égoïsme7 ».

1311. (1898) La cité antique

Déjà l’on voit dans ce livre que l’idée de la métempsycose a passé par-dessus cette vieille croyance ; déjà même auparavant, la religion de Brahma s’était établie, et pourtant, sous le culte de Brahma, sous la doctrine de la métempsycose, la religion des âmes des ancêtres subsiste encore, vivante et indestructible, et elle force le rédacteur des Lois de Manou à tenir compte d’elle et à admettre encore ses prescriptions dans le livre sacré. […] Depuis un assez grand nombre de siècles, le genre humain n’admet plus une doctrine religieuse qu’à deux conditions : l’une, qu’elle lui annonce un dieu unique ; l’autre, qu’elle s’adresse à tous les hommes et soit accessible à tous, sans repousser systématiquement aucune classe ni aucune race. […] On peut croire que les premiers rudiments de cette religion de la nature sont fort antiques ; ils le sont peut-être autant que le culte des ancêtres ; mais, comme elle répondait à des conceptions plus générales et plus hautes, il lui fallut beaucoup plus de temps pour se fixer en une doctrine précise331. […] Le mot religion ne signifiait pas ce qu’il signifie pour nous ; sous ce mot, nous entendons un corps de dogmes, une doctrine sur Dieu, un symbole de foi sur les mystères qui sont en nous et autour de nous ; ce même mot, chez les anciens, signifiait rites, cérémonies, actes de culte extérieur. La doctrine était peu de chose ; c’étaient les pratiques qui étaient l’important ; c’étaient elles qui étaient obligatoires et impérieuses.

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