Au reste, il y a à la fois de l’esprit et de la poésie à supposer que le nectar, si vanté par les poètes, n’est autre chose que la louange. […] Il y a, pour chaque genre de poésie, une vraisemblance reçue, une convenance particulière, dont il ne faut pas s’écarter. […] Tout ce tableau est charmant, et le dernier vers plein de poésie.
et il ajoute, en foule, collectif. « Il vous jettera comme une balle dans un champ spacieux, et c’est à quoi se réduira le char de votre gloire » : voilà des alliances de mots et une poésie bien extraordinaires. […] Il y a surtout dans la Bible de certaines façons de s’exprimer, plus touchantes, selon nous, que toute la poésie d’Homère. […] Quelle poésie peut jamais valoir ce seul tour : « Populus tuus populus meus, Deus tuus Deus meus.
Ces honorables, qui font de la poésie, du roman, de l’histoire, du théâtre par pure distraction, se réunissent, de temps en temps, pour jouer à la littérature — comme les marmots en congé pour jouer aux barres. […] Le siècle n’est pas aux poésies de M. de Laprade : notre génération prend le livre, le livre lui glisse forcément et fatalement des mains. […] Lorsqu’il écrivit ces lignes, l’auteur n’avait pas encore lu Pro aris, nouvelles poésies de M. de Laprade pleines de mouvement et de vigueur.
Comme le zèle des abonnés vous manque plutôt que celui des rédacteurs, que les principales parties des connaissances humaines sont dignement représentées dans votre recueil, et que la poésie en est à peu près exclue pour des raisons de prudence qu’il est inutile de détailler, vous avez cru flatter mes goûts en me proposant une place dans la critique littéraire. […] Présentez à une Revue une pièce de poésie, la poésie est de mauvaise défaite, et la Revue a ses poètes en titre.
Qu’importe, en effet, que Raousset fût un poète, lui qui fut cinq ans la Poésie, lui dont la moustache blonde faisait trembler les hommes du Mexique et rêver ses femmes, alors que les plus belles quittaient leurs mères pour venir sous sa tente et disaient de lui à leurs compatriotes irrités : « Si, quiero el conde, y lo quiero con amor ! […] Mais la Madelène, qui est de son temps, et de plus écrivain, n’a pu s’empêcher de découvrir ce petit côté de poésie et de phrase que le xixe siècle aime à choyer dans les plus mâles et les plus réels d’entre nous. […] Mais que seraient ces vers et ce couplet, sans cet écho réveillé d’un pressentiment sinistre qui revient les frapper et leur communique sa poésie !
L’amour de Réa est l’amour d’une âme déjà éprouvée, mais en possession de toutes ses puissances ; c’est l’amour d’un cœur riche qui se dilate encore plus qu’il ne se concentre, et qui répand son sentiment dans toutes les choses de ce monde, dans toutes les sensations de la vie, dans toutes les poésies de la nature et de l’art, et jusque dans les idées de son esprit ; car chez elle l’amour remonte du cœur au cerveau ; car au sein de cette passion à laquelle elle s’est abandonnée trop librement et sans combat, elle reste invariablement spirituelle, et si spirituelle qu’un moment elle m’a fait trembler ! […] « As-tu remarqué — écrit-elle à l’homme qu’elle aime — que les hommes ont la poésie de l’idéal et les femmes de la réalité ? […] Au moment même où elle lui avait fait monter, de lettres en lettres et d’aveux enivrants en aveux enivrants, jusqu’au bonheur suraigu et coupable qui est le point fatal et final de l’amour heureux, jusqu’à ce ciel d’une minute qui est le ciel de l’amour, celui dont parle madame de Staël avec tant de poésie — et qui n’est souvent qu’un bourreau vulgaire — frappa, et la faute fut punie !
Un vieux vaudevilliste royaliste, qui n’a pas le sol, va à Londres tout exprès pour lire au prince je ne sais quelle pièce de poésie à son éloge et en tirer une gratification comme dans le bon temps. […] Il y professe la Poésie française, et à ce propos toute chose.
J’avais déjà publié mon Tableau de la Poésie française au xvie siècle, les Poésies de Joseph Delorme, et des articles dans le Globe et dans la Revue de Paris ; il me prit tout d’abord à partie sur un des derniers articles, celui de Jean-Baptiste Rousseau.
1839 (Pauvres Fleurs, poésies.) […] Elle n’est pas de ces âmes pour qui la poésie n’a qu’un âge, et qui, en avançant dans cette lande de plus en plus dépouillée qu’on appelle la vie, s’enferment, se dérobent désormais, se taisent.
On peut voir maintenant que Charles d’Orléans et Thibaut de Champagne, qui avaient pris à eux seuls toute la gloire de leurs contemporains ou devanciers, n’étaient que d’heureux et premiers échantillons de cette branche de notre poésie qui s’étend depuis le milieu du xiie siècle jusqu’à la fin du xve , et qui cesse dans la poésie plus érudite de la Renaissance.
Aussi, dans la Quenouille et la Besace s’y exprimera-t-il avec moins de pessimisme que dans les Serres chaudes, avec moins de poésie artificielle et avec des refrains de complaintes plus délicates, plus douces, plus émouvantes. […] [La Poésie populaire et leLlyrisme sentimental (1899).]
Poésie (1898). — Œuvres complètes, tome II. […] Sa poésie, en général, est douce, endolorie parfois de mélancolie et tout humectée de charme.
La Poésie, l’Histoire et la Philosophie n’ont point, certes, perdu le rang qu’elles ont toujours tenu dans l’imagination ou la raison des hommes, et il est évident qu’elles le garderont. […] Le Génie, comme le Char de triomphe sur lequel la Poésie, cette dupe de ses propres images, s’obstine si bêtement à le faire monter, soulève, en passant, la poussière des imitateurs.
. — Comment le penchant métaphysique a transformé la poésie. […] Et ce penchant s’est trouvé tellement souverain, qu’il a soumis à son empire les arts et la poésie elle-même. […] Ainsi l’Espagne, au seizième et au dix-septième siècle, a renouvelé avec un autre esprit la peinture et la poésie italiennes. […] C’est celle que Carlyle a prise ; c’est par elle que la religion et la poésie dans les deux pays se correspondent ; c’est par elle que les deux nations sont sœurs. […] La moitié de la poésie humaine échappe à ses prises.
comme si la poésie sous toutes ses formes et l’éloquence elle-même n’étaient pas la volupté de l’oreille en même temps que de l’esprit et du cœur ! […] Dans la poésie, non plus que dans la vie, les bonnes, les meilleures intentions ne suffisent. […] la poésie des chansons de geste, des fabliaux et des mystères — eût seule échappé ! […] En découronnant toutes ces nobles et charmantes figures de leur auréole de poésie, j’ai comme la conscience de commettre une sorte de crime. […] Quelle prose ou quelle poésie résisterait à pareille épreuve ?
Estaunié rejoint ainsi de façon frappante la poésie de Sully Prudhomme. […] Mais la poésie surtout vécut en partie sur lui. […] Dans l’espèce humaine la littérature c’est d’abord et partout la poésie et le théâtre. […] Mais dans cet apport des genres anciens qui constituent le genre nouveau, il faudrait faire en Angleterre, où la littérature incline plus que chez nous vers la poésie pure, une place plus grande à la poésie. […] L’Académie française décerne alternativement un prix de poésie et un prix d’éloquence.
C’est une perpétuelle exclamation ; cette âme expansive aime, admire, adore ; si dès lors elle avait su chanter, elle aurait exprimé plus d’un des sentiments dont la poésie de M. de Lamartine fut plus tard l’organe. […] Ballanche, qui, de compagnie avec son père, s’occupait de réimpressions d’ouvrages classiques et religieux, d’une édition de la Poésie sacrée des Hébreux de Lowth, vint à Paris en 1801 ou 1802, quelques mois après la publication du Sentiment. […] La philosophie, qui en est simplement religieuse et chrétienne, n’a rien de cette nouveauté un peu étrange et de cette phraséologie essentielle à une doctrine, et que la poésie ne réclame pas. […] Ballanche n’a été conduit là, au moins à ce qu’il me semble, que par suite d’une erreur de goût qui l’a porté à convertir et à traduire en poésie une opinion créée par la réflexion et l’analyse. » Nous croyons qu’il ressort de la biographie psychologique de M. […] Je me déliai, et cherchai plus que jamais mon refuge dans l’étude et dans la poésie intérieure, charme et consolation de ma jeunesse.
Renan, après avoir accordé un certain rôle historique à l’idée de race dans (La Poésie des races celtiques), renonce plus tard à cette idée (Discours sur l’idée de patrie). […] Selon de Gobineau, la poésie des races blanches supérieures serait la poésie épique ; celle des races noires, la poésie lyrique ; la poésie grecque, mélange de poésie lyrique et de poésie épique n’a pu exister que parce que le peuple grec n’appartenait pas à la race aryane pure et qu’il entrait dans le sang grec à la fois un élément blanc et un élément noir. — La qualité intellectuelle des races blanches supérieures (races nordiques) serait la supériorité du jugement ; la race hindoue se caractériserait par l’imagination débordante et par la puissance d’abstraction ; la race jaune par le sens de l’utilité.
Dans la poésie, on se moque de la tradition, on parodie les anciens. […] En effet, le drame descend des princes aux simples bourgeois et des vers à la prose ; le roman campe au premier plan des ouvriers et des paysans ; les pauvres, les gueux, les humbles, envahissent jusqu’à la poésie. […] La poésie trouvait là un magnifique thème à lyriques effusions et l’histoire le plus beau sujet de méditation. […] Consulter à ce sujet Merlet : Tableau de la littérature française (1800-1815), et Jullien, Histoire de la poésie à l’époque impériale. […] Des destinées de la poésie, p. 31.
Le romantisme, vainqueur sur la scène, dans le roman, dans la poésie, est, longtemps après 1830, férocement combattu par l’Académie. […] Les premiers ne sont qu’au nombre de deux et alternent d’année en année (prix de poésie, prix d’éloquence). […] Moins de quinze ans après, Malherbe, relisant les poésies de Ronsard, en rayait la moitié ; et, comme on lui demandait s’il trouvait bonne la moitié épargnée, il répliquait que, réflexion faite, il valait mieux effacer le tout. […] On va inventer la vraie poésie ; le cerveau humain est gros de prodiges. […] Poésie sur la convocation des notables, 1787.
— il ne fut pas plus grand que Delacroix ; même, entre les poètes qui l’ont suivi, précédé, tels apparaissent, qui eurent des visions plus cohérentes, une forme plus précise, plus impeccable… C’est que Victor Hugo fut le combattant, et fut le théoricien ; c’est qu’il eut, éminemment, les procédés extérieurs de l’école ; c’est qu’il soumit à son génie tout, poésie, drame, roman, satire, épopée, histoire. […] Aussi les Wagnéristes ne se doivent pas enfermer dans le domaine étroit de la pure musique ; ils doivent étudier à toutes les œuvres, en tous les arts ; et pour cette étude, encore, le Maître leur fournit un sûr critère, donnant à la Peinture Wagnérienne comme à la Poésie et à la Musique, cette fin : la création de la vie. […] Ainsi que le littérateur peut, par le même moyen des mots constants d’une langue, nous communiquer, immédiatement, la suite de ses pensées — et c’est la Prose — ou bien, aussi, — dans la Poésie — négligeant, presque, le sens habituel des mots, avec le seul agencement des rythmes et des sons, évoquer en nous, plus exacte, la vie intense de l’émotion ; ainsi peuvent les peintres, par le même moyen des procédés plastiques, traduire, immédiatement, leur vision du monde objectif, — ou bien, aussi, négligeant, presque, le sens habituel des figures, avec le seul agencement des lignes et des teintes, évoquer en nous, réelles, précises, des émotions que nulle poésie, nulle musique, ne sauraient exprimer. Deux peintures sont ; l’une, immédiate, la peinture dite réaliste, donnant l’image exacte des choses, vues par la vision spéciale du peintre ; l’autre, médiate, comme une Poésie de la peinture, insoucieuse des formes réelles, combinant les contours et les nuances en pure fantaisie, produisant aux âmes, non la vision directe des choses, mais — conséquence de séculaires associations entre les images et les sentiments, — un monde d’émotion vivante et bienheureuse : deux peintures sont, toutes deux également légitimes et sacrées, formes diverses d’un Réalisme supérieur, et que le Wagnériste trouve, toutes deux, sur la voie tracée à l’Art par le Maître vénéré. […] Wyzewa différencie la peinture réaliste et l’autre, « médiate », poésie de la peinture, « monde d’émotion vivante et bienheureuse ».
même après la triste révolution, le feuilleton s’occupait des grandes machines de la poésie et des beaux-arts ! […] — Quelle vie nouvelle ajoutée à la poésie de Quinault, à la prose de Molière, et quelle est la voix puissante qui sait chanter, d’une façon si lamentable, les héros de ce siècle, apportés à Notre-Dame de Paris, sous un sarcophage d’or et de velours ? […] « pour sa science et pour son génie, qui peuvent enseigner aux artistes, quelle que soit leur profession, que : l’art et la poésie de la nature expriment le vrai au travers du prisme de l’idéal ». […] Tu m’étais la pensée de cette vie remplissant l’univers d’amour et de sainteté, et revêtant de poésie la beauté humaine, etc. […] Surtout, parmi ces hommes et ces femmes, les ornements vivants et glorieux de ces fêtes de la poésie, celle qui attirait l’attention, les regards et les respects, la jeune femme applaudie à son entrée comme si elle eût été la reine, c’était madame la duchesse de Montpensier !
Histoire, philosophie, éloquence, poésie même, que ne comprend-elle pas ? […] Faguet, de sentir comme moi la poésie. […] Ce sont là les sources les plus fraîches de la poésie du moyen âge. […] Car on ne tiendra pas pour élégantes ni mondaines les poésies de J. […] Le mystère au contraire ne conspire-t-il pas parfois avec la poésie ?
Il s’intéressa fort aux vers de Mme Valmore et par suite à sa destinée, car jamais poète n’offrit à ce degré l’identité de sa poésie et de sa vie. […] J’aurais adoré l’étude des poètes et de la poésie : il a fallu me contenter d’y rêver, comme à tous les biens de ce monde. […] vous me l’avez promis. » M. de Latour était pour Mme Valmore tout autre chose encore qu’un conseiller critique : c’était par sa position et son caractère un intercesseur et un canal des grâces ; homme affectueux et sensible qui pratiquait la poésie à la cour, traducteur de Silvio Pellico, qui s’était accoutumé à penser et à sentir comme Pellico. […] On a beau masquer et recouvrir cela ensuite, c’est à désespérer les vivants. — Je n’aurai plus maintenant qu’à mettre à la suite les plaintes sans trêve, mais toujours humbles et soumises, de celle que j’ose appeler la Mater dolorosa de la poésie : « (A sa nièce, 1er avril 1853)… Ma bonne Camille, je te remercie de la tendre compassion de ton amitié. […] Elle est d’une plume que cette question de l’intérêt et de l’avenir des Lettres et de la Poésie, auxquelles les brusques mouvements sociaux se montrent parfois si malfaisants, a toujours sensiblement et personnellement touchée.
L’événement d’hier est déjà de la chronique, de la poésie ou de l’histoire ; l’œuvre de demain s’anticipe impatiemment, et la curiosité la dévore. […] Respirons, respirons sans mélange la poésie de ces pages où l’intimité s’exhale à travers l’éclat. […] La religion, la poésie, la monarchie, durant ces trente années, dominèrent, chacune plus ou moins, selon les circonstances, dans cette vie qui marcha comme un long poëme. […] Littérairement, il n’y avait qu’une voix pour saluer le fondateur, parmi nous, de la poésie d’imagination, le seul dont la parole ne pâlissait pas dans l’éclair d’Austerlitz. […] Ce mal originel d’ennui puisé au ventre de la mère, qui tourne chez les uns en vice et en folies déréglées, tourne chez les autres en poésie et en génie ; mais la douleur se cache sous la beauté.
Politien, son ami, le décrit comme un homme d’une beauté accomplie : taille élevée, constitution solide et souple, force à la lutte, habileté à manier les coursiers, bravoure modèle, goût de tous les arts, passion pour la poésie, grâce pour les femmes, discrétion dans ses amours, tel fut son éloge ratifié par son temps. […] » Pic de la Mirandole, le prodige lettré d’Italie, dans ses Mémoires, disait que le génie de Laurent était à la fois si énergique et si souple, qu’il paraissait avoir été formé pour triompher dans tous les genres. « Ce qui m’étonne surtout, ajoutait ce juge si compétent, c’est qu’au moment où il est le plus engagé dans les affaires de la république, il peut ramener l’entretien sur des sujets de littérature et de philosophie avec autant de liberté et de facilité que s’il était le maître de son temps comme de ses pensées. » Il écrivait des sonnets, restés classiques, et s’excusait en ces termes de se livrer à la poésie, crime illustre dont on l’accusait : « Il y a quelques personnes, dit-il, qui m’accuseront peut-être d’avoir perdu mon temps à écrire des vers et des commentaires sur des sujets amoureux, précisément lorsque j’étais plongé dans des occupations très-graves et très-multipliées. […] Il fut le second restaurateur de la belle poésie italienne, en sorte que s’il n’eût pas été Médicis, il eut été un second Pétrarque. […] Il passa de là aux harmonies sacrées où Dieu remplit tout, et me montra à moi-même la vraie route et le vrai but de toute poésie. […] Laurent, aussi soigneux de sa popularité que de son génie, usa de la liberté du carnaval pour composer des poésies dansantes dont les belles filles des campagnes de Florence venaient le remercier avec des guirlandes de fleurs en main devant son palais.
Vous entendez bien par là notre M. de Malherbe, et savez bien qu’en qualité de premier grammairien de France, il prétend que tout ce qui parle soit sous sa juridiction, comme il est cause en effet qu’on parle plus régulièrement qu’on ne faisait, et moins au hasard et à l’aventure4. » La déclaration n’est point suspecte : c’est à la forte discipline de Malherbe que nous devons la double réforme de la poésie et de la prose. […] Il y a, d’ailleurs, de grandes ressemblances entre ces deux hommes, destinés à constituer la langue française dans ses deux formes, la poésie et la prose. […] Il s’en voit des traces même dans Malherbe, qui donnait les premiers exemples du langage noble dans la poésie ; et Balzac n’y échappe pas toujours, même dans ses pages les plus soutenues. […] Il ne fut guère moins utile à la prose que Malherbe à la poésie. […] Il est parlé plus bas, au chapitre VI, des poésies de Voiture.
Des Contes de La Fontaine et de ses autres poésies. […] On a essayé d’en faire un des pères d’une école française plus libre et d’une poésie plus naïve ; je n’y veux voir qu’un hommage un peu détourné à cette gloire aimable et chère, entre coûtes, à notre pays. […] Il n’y a pas de poésie humaine qui nous donne plus d’aise, qui nous enveloppe plus doucement, qui nous domine plus en paraissant nous obéir. […] Sa poésie est noble comme son lion, qui ne sait pas qu’il est noble. […] Des Contes et des autres poésies de La Fontane.
Mais les retards qu’il a subis avant d’être joué en France, les coupures grotesques qu’on lui inflige, les sottes critiques dont il a été longtemps l’objet, démontrent une fois de plus que la cause wagnérienne est intimement liée aux intérêts des musiciens français, car cette cause est celle de la bonne musique, de la poésie expressive, du drame réel ; en un mot, de l’art sincère et vrai. […] Un entrepreneur de traduction semble même avoir pris à tâche de déformer la poésie wagnérienne ad usum Galliæ. […] Qu’il y ait un certain nombre d’italianismes dans Lohengrin, cela est hors de doute ; mais ces légères taches ne comptent pas, en présence de tant de nobles inspirations, d’une si belle surabondance de poésie. […] seuls — pour la première fois depuis notre rencontre… » Le drame est tout symbolique, je l’avoue, mais la poésie en est assez expressive, assez vivante, pour être immédiatement comprise, et personne n’y demeurera indifférent. […] D’une inégalée séduction musicale, elle est large, je le répète, par la poésie profonde et par la portée du sujet.
On peut définir la poésie la fantaisie la plus haute dans les limites non du bon sens terre à terre, mais du sens droit et de l’analogie universelle. […] La Judée et ses aspects se retrouvent d’une manière générale dans les poètes bibliques et dans leur forme d’imagination ; la nature orientale se peint dans l’exubérance littéraire des Hindous, la Grèce aux lignes précises dans la poésie grecque. […] Il y eut certainement un même état de l’esprit en France qui se signifia par les théories de Descartes, où la pensée est séparée radicalement de la matière et comme réduite à l’abstraction, par la poésie abstraite de Boileau, par la poésie toute psychologique et aussi trop abstraite de Racine, enfin par la peinture abstraite et idéaliste du Poussin29. […] Une personne animée de dispositions bienveillantes pour l’humanité ne goûtera pas pleinement des livres exprimant une misanthropie méprisante, comme l’Education sentimentale ; de même, un homme à l’esprit prosaïque et précis sera difficilement saisi d’admiration à la lecture de poésies qui font appel au sens du mystère, ou qui essaient, de susciter une mélancolie sans cause.
Plus vous étudierez les maîtres et les disciples venus après eux, — pater et juvenes patre digni , et plus vous trouverez qu’ils obéissent au même art poétique, où il est enseigné que la poésie est une imitation des actions, des paroles et des mœurs de nos semblables ; que cette imitation, pour être exacte et fidèle doit être conforme aux mœurs et aux usages des temps dont on parle, et que c’est justement dans la juste expression des caractères que les poètes font paraître cet art de l’imitation qui est un art si charmant, lorsqu’il est fidèle et complet ; même le mensonge est agréable s’il a les apparences de la vérité. […] Même ces pièces diverses portaient les noms des villes et des bourgs où elles avaient été représentées pour la première fois : Atellanæ fabulæ, les atellanes, du nom d’une ville élégante : Atella, située entre Naples et Capoue, au beau milieu des délices romaines. — Poésies fescéniennes, du nom d’une ville de la Toscane savante. […] Oui, mais plus grand et plus rare est le danger, plus rare aussi et plus charmante est la poésie habile à produire ce danger des esprits éclairés, des âmes impatientes, des imaginations avides de tout savoir. […] Ces dangers même et ces excommunications fréquentes se tournent en louange pour ceux qui mettent la poésie avant toutes choses, et qui placent l’art suprême, au suprême honneur ! […] Autour de ces heureux parvenus de la poésie, se faisait toute la comédie de leur temps.
Et puis, laissez-moi croire que l’enquête ne serait pas si sombre ni si dénuée de poésie qu’on le prétend. […] Pour n’en prendre qu’un exemple, n’est-il pas d’un usage presque universel, dans le roman, le drame, la poésie, de conduire au couvent les héroïnes désespérées ? […] On acquiert, entre autres, la certitude qu’il y a parmi les ouvrières, à côté des vices, des travers, des imperfections propres à leur condition ou communes à l’humanité, des trésors d’énergie, de délicatesse et de poésie. […] Le seul nom d’enfance n’évoque-t-il pas un roman qui est en nous tous, et qui s’y trouve à l’état romanesque précisément, je veux dire avec la poésie de la réalité et celle du recul, avec le double attrait de la jeunesse qui se souvient et de l’expérience qui raconte, avec ces grossissements de certains épisodes, que le lointain déforme et amplifie, comme il fait, entre les branches d’arbres, pour les astres qui se lèvent ? […] La rencontre d’un ami peut achever un rôle incomplet ; une fin de chapitre sortir d’une course en fiacre ; l’audition d’un concert jeter dans une rêverie qui dictera, en la chantant, toute la poésie d’un livre.
Il va, ensuite, élargissant son idéal de l’œuvre d’art : il comprend la nécessité d’une fusion entre ces trois formes solidaires : la plastique, la poésie et la musique. […] La musique et la poésie ont eu même naissance, même sort, et doivent se réunir dans le drame complet. […] C’est d’abord la peinture qui a rendu possible la vision de ces miracles intraduisibles en paroles ; puis la poésie qui, dans le lyrisme, emporte l’âme déjà au-delà des symboles. […] Elle doit traduire, par la mélodie symphonique, nos sentiments et nos émotions, parce que ni le roman, ni la poésie, mais la musique seule peut exprimer cet arrière fond émotionnel situé, parfois, sous nos idées. […] Il voit en Mallarmé, le poète wagnériste par excellence, l’artiste complet attendu en poésie.
Il cultivait avec succès la musique, la poésie et la littérature légère. Sa musique n’était point savante, mais agréable ; sa poésie n’était point sublime ; il a pourtant essayé de faire une tragédie : elle est faible, mais sans être ni ridicule ni ennuyeuse. […] Ç’a été sans doute un bel esprit ; de ses poésies, ses opéras resteront, et surtout ses ballets ; de ses fables, l’invention plaira toujours à l’esprit ; il a quelquefois attrapé le naturel, jamais le naïf. […] C’est sans doute à une faute de ce genre qu’il faut attribuer cet étrange passage sur l’abbé de Bernis à ses débuts, « qui continuait, dit-on (p. 209), à faire des vers quelquefois obscènes, et toujours trop abondants… » Je suis persuadé, d’après le courant de la phrase et du sens, qu’au lieu de ce vilain mot, que ne justifient point les poésies légères de l’abbé de Bernis, il faut lire un tout autre mot plus simple, et par exemple : « Des vers quelquefois agréables, et toujours trop abondants. » Dans l’histoire des troubles du Parlement, il y a un exil et un retour qui sont racontés par le président avec assez d’intérêt.
193 Au reste il a rassemblé exprès les contrastes de son talent, en se traduisant en prose, et en raillant un peu la poésie, qui l’enchante. Ceci est tout français et charmant ; nous quittons vite la poésie, non pas par caprice maladif, comme par exemple Henri Heine, mais par amour de la clarté, par gaieté, pour sortir des grands mots et voir les choses nues. […] Qu’on garde les petits vers pour la poésie légère : la pensée vole alors aussi légèrement qu’eux. […] C’est d’ailleurs le propre de la poésie de faire des ensembles.
Il sied encore de regarder dans l’intérieur même de la France les provinces où subsiste une autre langue que celle de la capitale ; à certains moments les patois, ces parents pauvres, prêtent des mots à la sœur plus riche et plus brillante qui les éclipse ; la Bretagne, demeurée fidèle à l’idiome des ancêtres, fut au moyen âge un des chemins par lesquels ont pénétré dans nos romans les vieilles légendes celtiques ; en notre siècle, la résurrection d’une poésie en langue d’oc n’a pas été sans effet sur l’inspiration des poètes du Midi qui ont écrit en français. […] Mickiewicz, chassé de Pologne, révèle aux Parisiens les mérites de la poésie slave. […] Pendant que des Français, soucieux de ranimer la sève nationale par d’habiles greffages, importaient des théories, des procédés d’éducation et d’organisation militaire ayant cours en territoire germanique, d’autres Français, patriotes exclusifs et craignant de voir amoindrie la personnalité de leur pays, combattaient à outrance tout ce qui provenait d’une source suspecte et détestée, dénigraient de parti pris les gloires allemandes, sifflaient Wagner coupable d’avoir insulté la France, célébraient par réaction Roland, Jeanne d’Arc et les volontaires de la première République, faisaient des succès exagérés à l’opéra-comique, sous prétexte que c’est un genre éminemment français, ou à des poésies dont le principal mérite était de relever le courage et la confiance des battus de la veille. […] A la même époque, sur les planches, seigneurs et « escholiers » jurent par leur bonne lame de Tolède, et pourpoints, brassards, pertuisanes reluisent aux feux de la rampe ; la poésie fait sortir des tombeaux gnomes et farfadets, fées et lutins, châtelaines, troubadours et nobles chevaliers ; le roman évoque des truands, des gitanes et le moine bourru.
Déjà, dans Thomas Corneille, ces qualités secondaires et purement spirituelles de son illustre frère se montraient plus ouvertement et, pour ainsi dire, sur le premier plan, n’étant plus tenues en bride et comme ramassées à l’ombre du génie ; mais, chez Thomas, il s’y mêlait encore de la verve et du feu de poésie. […] Dans sa Digression sur les anciens et les modernes (1688), il a raison sur presque tous les points, excepté sur le chapitre de la poésie et de l’éloquence, surtout de la poésie, qu’il ne sent pas et qu’il croit posséder et pratiquer. Totalement dénué de la forme poétique idéale supérieure et de cette richesse des sens qui en est d’ordinaire l’accompagnement et l’organe, il parle de la poésie en toute occasion comme ferait son ami La Motte, c’est-à-dire comme un aveugle des couleurs.
C'est une singulière organisation que celle de ce brillant et facile talent, et après l’avoir entendu nous-même, en ses beaux jours, et à écouter ceux qui l’ont pu mieux connaître, nous oserions dire : Villemain n’aime et ne sent directement ni la religion, ni la philosophie, ni la poésie, ni les arts, ni la nature. […] Élève favori de Fontanes, il l’eût surpassé en tout, hormis dans la poésie.
Évidemment, il assigne à la poésie le rôle d’une musique spéciale, et la veut consacrée à l’expression d’états de l’âme spéciaux : de ces larges et troubles coulées d’images, par instants envahissant l’esprit, incapables d’être notées dans une prose, et constituant, pour la psychologie, l’essence même des émotions… La forme musicale de M. […] Mais nos préférences vont aux poèmes intitulés : À Jour fermant, sept notations dédiées à Léon Dierx — bouges marins, tempêtes sous le ciel bas, sites maritimes et d’hiver, vaisseaux appareillant vers les Atlantides… Très belle encore la Finale, où s’atteste plus particulièrement le caractère évocateur de cette poésie.
La poésie est chez les hommes ce que la beauté est chez les femmes. […] Je vous entends : il faut vivre ; mais quelle étrange aberration est-ce de vouloir faire de la poésie un métier !
Il jeûnait, il priait avec abondance de larmes… Ces saintes poésies furent les occupations de saint Grégoire dans sa dernière retraite. Il y fait l’histoire de sa vie et de ses souffrances… Il prie, il enseigne, il explique les mystères, et donne des règles pour les mœurs… Il voulait donner à ceux qui aiment la poésie et la musique des sujets utiles pour se divertir, et ne pas laisser aux païens l’avantage de croire qu’ils fussent les seuls qui pussent réussir dans les belles-lettres191. » Enfin, celui qu’on appelait le dernier des Pères, avant que Bossuet eût paru, saint Bernard, joint à beaucoup d’esprit une grande doctrine.
Alphonse céda à leurs sollicitations ; il prit Torquato à son service personnel, il lui accorda une pension de seize couronnes d’or par mois, et il le dispensa de toute fonction et de toute assiduité pour le laisser tout entier à la poésie, seul service digne de son génie. […] Dans le Tasse, la sensibilité et l’imagination seules étaient supérieures ; la raison, qui ne manquait pas à sa poésie, manquait à sa vie ; l’intelligence était saine, le caractère était égaré ; sa mélancolie, faiblesse de sa trame, comme dans Rousseau, obscurcissait sa raison. […] La faveur dont il paraissait jouir auprès de la comtesse, et celle que lui continuait, malgré son inconstance apparente, la douce Léonora, redoublèrent contre lui la jalousie et la haine de ses ennemis, surtout du célèbre poète Guarini, son rival en poésie pastorale, auteur du Pastor Fido, œuvre égale à l’Aminta du Tasse. […] Cette fuite du Tasse, de cette cour qui avait élevé sa fortune jusqu’à l’amour d’une princesse, vers ce village de Sorrente, où il espérait retrouver l’obscurité et la paix de son berceau, égale en poésie et en pathétique les plus touchantes imaginations de son poème. […] Alphonse répondit de sa propre main au cardinal Albano une lettre que nous possédons, et qui prouve assez que le séquestre mis sur les papiers et sur les poésies du Tasse à Ferrare, n’avait d’autre objet que d’en prévenir la destruction par les mains d’un insensé, dans un de ses accès de mélancolie.
Le style des Pensées : abstraction et réalité, raisonnement et poésie. […] Si nous dépouillons le morceau de sa grandiose poésie, et que nous en cherchions le sens précis, nous remarquerons avec étonnement que Pascal, au temps même où la science faisait ses premiers pas, lorsque le premier emploi des méthodes et des instruments remplissait d’orgueil et d’espérance, mesure avec sûreté le domaine de la science et la puissance de la science. […] Pascal est un grand poète chrétien, à placer entre sainte Thérèse et l’auteur inconnu de l’Imitation ; tant il a rendu avec force la poésie de la religion : non la poésie extérieure, mais la poésie intime, personnelle, qui coule de l’âme croyante et unie à son Dieu. […] Gilberte Pascal (1620-1687) épousa en 1641 Florin Périer, conseiller à la cour des Aides de Clermont ; Marguerile Périer, la miraculée, et Etienne Périer, l’auteur de la Préface de 1670, sont ses enfants. — Jacqueline Pascal (1625-1661), esprit vif, imagination de feu, fut comme une enfant prodige, obtint à treize ans un prix de poésie.
Alors ils tentèrent un art nouveau, la poésie. […] Us veulent être, ensemble, émouvants et descriptifs, représenter les choses qu’ils voient, et, en même temps, les embellir, c’est-à-dire joindre à cette représentation une poésie. […] Par un seul mot, mais par un de ces mots qui suffisent pour revêtir la Poésie de toute la majesté de la Vérité, sa sœur, Wagner révèle la grandeur des âmes insatisfaites au sein des plus suaves paresses, lorsque Tannhaeuser s’écrie : « Les jouissances » ne comblent pas mon cœur ! […] Nous avons dit que c’est Wolfram d’Eschenbach, son rival en poésie et en amour, qui insiste pour le ramener à la princesse Élisabeth qui l’aime, et en lui parlant d’elle, le décide à reprendre son ancienne place, entre eux poètes qu’il avait maintes fois vaincus, et qui pourtant déploraient son absence. […] Chacun des arts, peinture, musique et littérature ne saisissent qu’un mode particulier de la vie, c’est pourquoi chaque forme essaie de s’élargir aux domaines particuliers des autres arts comme la poésie étend le domaine de la littérature à celui de la musique.
Les poèmes qui composent ces chants (pour bien marquer qu’il ne s’agit pas d’un poème, Lautréamont écrit : « j’ai publié un volume de poésies ») sont d’un esthétique conforme à celle des poètes anglais de 1825i ; ce sont des anecdotes lyriques. […] Poésie Ron-Ron. […] En 1919, les Poésies d’Isidore Ducasse sont republiées pour la première fois par André Breton dans Littérature. […] Poésie, roman, idées, 2e édition revue et augmentée, Paris, Armand Colin, 1928, p. 27). […] Râteliers platoniques et Poésie ron-ron ont été publiés à Lausanne en 1918 et 1919 (sans nom d’éditeur), Pensées sans langage a été édité par Figuière en 1919 (Paris).
Comédie-Française : À Racine, poésie par M. […] Chaque temps a la poésie qu’il peut. Celle-là ne ressemble point à la poésie romantique ni parnassienne ; mais c’est bien de la poésie tout de même. […] Il nous annonce d’abord un résumé de l’histoire de la poésie. […] Simplement qu’il n’y a de poésie pour lui que la poésie épique et lyrique, — et de poésie épique et lyrique que celle des Indous et des Grecs.
Elle s’appelle la poésie. […] Il a de la poésie une conception dogmatique, religieuse, autocratique. […] Il n’y a de poésie que dans le désir de l’impossible ou dans le regret de l’irréparable. […] La poésie philosophique n’est pas bonne pour le grand nombre. […] M. de Ronchaud aima toute sa vie la poésie, l’art et la liberté.
Saura-t-elle écouter, d’une façon assez railleuse, le poésies de M. […] on lui a refusé, l’an passé, le prix de poésie ! […] Un siècle qui se meurt est si heureux de se rattacher à une poésie naissante ! […] Que de philosophie et de poésie à cette place ! […] Cette libre allure était alors une chose toute nouvelle en poésie.
Cette sombre poésie résulte de l’abondance des faits et de l’incertitude alarmante du rêve qui en sort. […] Comme il avait abandonné l’inquiétant symbolisme pour une poésie qui recourait aux origines de notre littérature, il abandonna l’École romane, il abandonna Thibaut de Champagne et du Bellay pour une poésie qui délibérément se fait la contemporaine d’Henri IV. […] Il leur trouve une poésie qui vient de leur futilité, de leur complaisance à vivre et de leur courage innocent. […] Elle est sa poésie et la poésie de son œuvre. […] Les Chansons d’Ève, qui évoquent les premiers jours du monde, le mystérieux commencement de tout, le rêve inaugural, sont à ses mélodies antérieures ce qu’est à la poésie de Musset la poésie d’Alfred de Vigny.
« Toute l’opération, dit-il, consiste à découvrir, par des comparaisons nombreuses et des éliminations progressives, les traits communs qui appartiennent à toutes les œuvres d’art, en même temps que les traits distinctifs par lesquels les œuvres d’art se séparent des autres produits de l’esprit humain. » Considérant donc les cinq grands arts, peinture, sculpture et poésie, architecture et musique, se fondant sur des faits que fournissent l’expérience ordinaire, l’histoire des grands hommes, celle des arts et des lettres, observant tantôt l’œuvre de Michel-Ange ou celle de Corneille, tantôt les peintures de Pompéi ou les mosaïques de Ravenne, il fait cette première induction, que l’objet de l’œuvre d’art semble être l’imitation de la nature. Mais certains faits semblent contredire à cette assertion : les preuves que donnent le moulage, la photographie et la sténographie, la comparaison de certaines œuvres d’art, comme les portraits de Denner et ceux de Van Dyck, le parti pris d’inexactitude qu’on remarque dans l’art souvent le plus élevé, la comparaison de la prose et de la poésie, des deux Iphigénies de Gœthe où la beauté est en proportion inverse de l’exactitude, tout cela témoigne que le but de l’art n’est pas l’imitation rigoureuse et absolue. […] Dans les trois arts d’imitation, sculpture, peinture et poésie, ces ensembles correspondent à des objets réels.
Il est vrai que le souvenir de leur sexe peut également se retourner contre elles… En somme, soit que l’idée d’un autre charme que celui de leur style agisse sur nous, soit qu’au contraire l’effort de leur art et de leur pensée nous semble attenter aux privilèges virils, il est à craindre que nous ne les jugions avec un peu de faveur ou de prévention, qu’elles ne nous plaisent à trop peu de frais dans les genres pour lesquels elles nous semblent nées (lettres, mémoires, ouvrages d’éducation), et qu’elles n’aient, en revanche, trop de peine à nous agréer dans les genres que nous considérons comme notre domaine propre (poésie, histoire, critique, philosophie). […] Quelques-unes ont été supérieures dans le roman ; aucune ne l’a été dans la poésie, ni au théâtre, ni dans l’histoire, la critique ou la philosophie. […] Jacquinet répond à la première de ces questions dans sa substantielle préface : Peut-être peut-on se demander si la beauté solide et constante de langage des vers, par tout ce qu’il faut au poète, dans l’espace étroit qui l’enserre, de feu, d’imagination, d’énergie de pensée et de vertu d’expression pour y atteindre, ne dépasse pas la mesure des puissances du génie féminin, et si véritablement la prose, par sa liberté d’expression et ses complaisances d’allure, n’est pas l’instrument le plus approprié, le mieux assorti à la trempe des organes intellectuels et au naturel mouvement de l’esprit chez la femme, qui pourtant, si l’on songe à tout ce qu’elle sent et à tout ce qu’elle inspire, est l’être poétique par excellence et la poésie même.
Dans une imagination forte, dans les auteurs, dans les nuages, dans les accidents du feu, dans les ruines, dans la nation où ils ont recueilli les premiers traits que la poésie a ensuite exagérés. […] Il ne leur a manqué que de nous dire plus souvent où l’on voyait ce dieu ou cette déesse dont ils caressaient l’original vivant ; mais les peuples qui lisaient leurs poésies, ne l’ignoraient pas. […] C’étaient autant d’articles de la foi, autant de versets du symbole païen consacré par la poésie, la peinture et la sculpture.
Il n’en a fait ni une poésie, ni une passion fatale, ni une douleur, ni un remords, ni un repentir, ni un dégoût après l’ivresse, ce qui serait une poésie encore. […] Anxiétés, jalousies, fatigue, désillusion, ennui, ridicules, tout est ici, mais sous un voile de poésie jeté sur tout par une imagination ravissante, et c’est bien le mot, car elle nous ravit aux cruautés de cette comédie du mariage comme nous autres hommes la comprenons et l’écririons.
Est-il démontré que l’histoire d’Écosse et d’Irlande, écrite en langue erse et gallique, ait laissé des monuments de poésie historique, chantés lyriquement et épiquement par les bardes ou poëtes primitifs, dont Ossian, son père Fingal, son fils Oscar et beaucoup d’autres plus ou moins célèbres ont immortalisé les récits ? […] Est-il prouvé que ces poésies en vers, ou ces chants en prose cadencée, se soient conservées dans les traditions ou dans les antiques manuscrits de ces contrées ? […] Que cet homme était à la fois assez grand poëte pour imaginer toute une poésie originale, et assez maniaque pour s’obstiner, pendant quarante ans, au plus stérile et au plus ingrat des travaux d’esprit ? […] XVII Voilà pour l’originalité de ces merveilleuses poésies. […] Faut-il s’étonner que la poésie universelle ait pris un accent plus mélancolique et plus pathétique en Europe depuis l’apparition de ces chants ?
La poésie et le progrès sont deux ambitieux qui se haïssent d’une haine instinctive, et, quand ils se rencontrent dans le même chemin, il faut que l’un des deux serve l’autre. […] Ajoutez, si vous voulez, toutes les épithètes les plus honorables et les plus gracieuses qui peuvent s’appliquer à la poésie de second ordre, à ce qui n’est pas absolument le grand, nu et simple. […] » Au lieu d’extraire simplement la poésie naturelle de son sujet, M. […] J’ai rarement vu représentée avec plus de poésie la solennité naturelle d’une ville immense. […] Je parle de ses dessins à l’encre de Chine, car il est trop évident qu’en poésie notre poëte est le roi des paysagistes.
Pour la poésie, c’est absurde. […] La poésie a ou peut avoir sa forme, sa couleur, sa musique propre. […] Et rien ne vaut la poésie. […] Il est aussi varié qu’abondant, et il a, sans relâche, abordé tous les genres, même en poésie. […] Il ne fut réellement supérieur que dans la poésie légère.
Je remets donc toujours à transcrire mon petit drame indépendant, et je dévore mes jours à des soins tout aussi graves. » (15 janvier au soir, 1856)… Tu dis, chère âme fidèle, que la poésie me console. […] C’est cette sœur aînée qui avait appris à lire à la jeune Marceline tout enfant, et l’on trouve en maint passage des poésies un souvenir esquissé de sa douce figure. […] Quand on écrit la biographie de certains poètes, on peut dire que l’on montre l’envers de leur poésie ; il y a disparate de ton : ici, dans cette longue odyssée domestique, on a simplement vu le fond même et l’étoffe dont la poésie de Mme Valmore est faite, et à quel degré, dans cette vie d’oiseau perpétuellement sur la branche, — sur une branche sèche et dépouillée, — près de son nid en deuil, toute pareille à la Philomèle de Virgile, elle a été un chantre sincère.
La poésie légère s’épanouit dans ce tiède milieu ; le madrigal y foisonne ; le sonnet y brille de tout son éclat ; l’épigramme y pousse ses feuilles épineuses ; la pastorale galante y apporte l’illusion de la campagne. […] Le même idéal inspire alors la poésie épique. […] La poésie descriptive, à son tour, essaie ce tour de force : peindre les choses en termes généraux, abstraits, incolores et nobles ; elle déguise ce qui est rustique sous des périphrases semblables à des manteaux de cour ; la mythologie couvre d’oripeaux de pourpre les vulgarités de la vie campagnarde, et voilà comme les blés se transforment en trésors de Cérès, la vache en Io, la chèvre en Amalthée, la bergère en Amaryllis. […] Dirai-je la critique et l’histoire impuissantes à comprendre les âges barbares, parce qu’elles se les figuraient à l’image des époques civilisées ; la poésie lyrique à peu près tuée en son germe, parce que toute effusion personnelle est d’un homme « mal élevé », ainsi que disait Buffon en parlant de Jean-Jacques ; enfin la vie du peuple et celle de la famille proscrites de la littérature comme choses basses et indignes de son attention ?
Dans les premières années du règne, l’éloquence de la chaire avait une rivale dans la poésie dramatique. […] La poésie chante la loi naturelle et flétrit le fanatisme ; le roman, hardi dans ses propos comme dans ses peintures de mœurs, raille tant qu’il peut l’idéal monastique. […] On est frappé du divorce voulu qui exista entre la poésie et la religion : le christianisme était proscrit, par Boileau, de la tragédie aussi bien que de l’épopée et ce n’est que par exception qu’il y pénétra. […] Il est pourtant nécessaire et intéressant de savoir que, par exemple, lors de la Renaissance, il y a eu un réveil du paganisme dont on trouverait la trace dans l’œuvre de Ronsard et de bien d’autres : qu’au dix-huitième siècle les surates du Coran ou les maximes de Confucius, témoin les écrits de Montesquieu, de Voltaire, du marquis d’Argens, ont eu parmi les philosophes une sorte de popularité ; que dans notre siècle le bouddhisme, preuve en soit la poésie de Leconte de Lisle ou de Jean Lahor, a rencontré en France des amis et presque des fidèles.
À la cinquième, le poète a épuisé ses rimes et ses ressources ; la langue française, en poésie, n’en a pas plus. […] D’autres côtés grandiront et survivront : ce sont ceux qu’a touchés le souffle pur et frais de la poésie. […] Mais, à une époque d’effort, de lutte et de calcul, il a su trouver sa veine, il a fait jaillir sa poésie, une poésie savante et vive, sensible, élevée, malicieuse, originale, et il a excellé assez pour être sûr de vivre, lors même que quelques-unes des passions qu’il a servies, et qui ne sont pas immortelles, seront expirées.
On s’aperçoit que la philosophie est une nourriture et que la poésie est un besoin. […] Certes, comme livre littéraire, la Bible, vaste coupe de l’Orient, plus exubérante encore en poésie que Shakespeare, fraterniserait avec lui ; au point de vue social et religieux, elle l’abhorre. […] Ces crudités font partie de la poésie aussi bien que de la colère, et les prophètes, ces poètes courroucés, ne s’en gênent pas. […] Vers le même temps, un autre, anglais aussi, mais de l’école écossaise, puritain de cette variété mécontente dont Knox est le chef, déclarait la poésie enfantillage, répudiait la beauté du style comme un obstacle interposé entre l’idée et le lecteur, ne voyait dans le monologue d’Hamlet qu’« un froid lyrisme », et dans l’adieu d’Othello aux drapeaux et aux camps qu’« une déclamation », assimilait les métaphores des poètes aux enluminures des livres, bonnes à amuser les bébés, et dédaignait particulièrement Shakespeare, comme « barbouillé d’un bout à l’autre de ces enluminures ».
Je suis resté, jusqu’à la fin, plus fidèle à sa poésie qu’à sa prose et à ses romans ou à ses drames. […] Mais il est assez piquant de voir cette camaraderie, établie de plain-pied du premier jour, entre le capitaine de Vigny et un simple soldat de son régiment, au nom de la poésie, leur maîtresse commune.
« Oui, c’est un triste, mais un beau sujet de poésie que toutes ces folies trempées de sang ! […] La conversation, dès les premiers mots, roula en plein sur la poésie ; Mme Hugo me demanda à brûle-pourpoint de qui donc était l’article un peu sévère qui avait paru dans le Globe sur le Cinq-Mars de De Vigny : je confessai qu’il était de moi.
Aujourd’hui, c’est un coin politique et historique ; demain, une poésie ou une rêverie mélancolique ; après-demain, quelque roman sanguinaire ou licencieux, puis tout d’un coup une chaste et grave et religieuse production ; il faut que la pauvre critique aille toujours à travers cela, il faut qu’elle s’en tire, qu’elle s’en teigne tour à tour, qu’elle voie assez de chaque objet pour en jaser pertinemment et d’un ton approprié. […] Mickiewicz a pris la grande infortune polonaise de ce côté ardent et mystique, si propice à la poésie.
Toutefois si la poésie d’images et de description reste toujours à peu près la même, le développement nouveau de la sensibilité et la connaissance plus approfondie des caractères ajoutent à l’éloquence des passions, et donnent à nos chefs-d’œuvre en littérature un charme qu’on ne peut attribuer seulement à l’imagination poétique, et qui en augmente singulièrement l’effet. […] Je ne pense pas que, chez les anciens, aucun livre, aucun orateur ait égalé, dans l’art sublime de remuer les âmes, ni Bossuet, ni Rousseau, ni les Anglais dans quelques poésies, ni les Allemands dans quelques phrases.
Mais là, comme dans la poésie, le progrès n’est pas sans compensation : littérairement, je préfère le premier style de Calvin, si laborieux, mais si plein et si nerveux, à la facilité pâteuse qu’il a plus tard acquise. […] Ce sera l’œuvre de Malherbe : il resserrera la poésie et la langue qui s’écoulaient et se fondaient.
Et en effet, dans les dernières années de la restauration, l’esprit nouveau du dix-neuvième siècle avait pénétré tout, reformé tout, recommencé tout, histoire, poésie, philosophie, tout, excepté le théâtre. […] Il y a des esprits, et dans le nombre de fort élevés, qui disent que la poésie est morte, que l’art est impossible.
Les vieillards de Troie ne pouvaient trouver mauvais que les peuples se fussent armés pour la querelle de la beauté : et Homère faisait sortir de cette pensée une poésie tout entière. C’est bien une poésie qui est renfermée dans le motif des croisades !
Le temps n’est plus où, même après Byron, un charmant poète écrivait avec tant de mélancolie : « Les Orientaux portent le deuil en bleu : voilà pourquoi le ciel et les mers de cette pauvre Grèce sont d’un si magnifique azur. » Des railleurs sont venus, comme Stendhal et comme beaucoup d’autres, qui ont pris les poètes et la poésie philhellènes à rebours. […] … About, qui nie même la poésie de la Grèce, qui arrache ce dernier haillon d’or et de pourpre aux fils d’Homère, et qui, par le fait de son genre d’esprit encore plus que de ses observations personnelles, se range du côté de l’opinion acceptée sur ce pays durement jugé ; Edmond About n’a plus qu’à la justifier et à la faire saillir.
Il en avait toujours senti les beautés, les poésies, les langages, mais en artiste, en poète, en raffiné, en âme qui s’était parfumée, comme celle de Rousseau, dans des rêveries de promeneur solitaire, et trempée, trempée dans la rosée où Jean Lapin s’en va faire sa cour à l’Aurore. […] Il tient de Bernardin de Saint-Pierre l’humeur charmante, la sérénité platonicienne, la poésie naturelle, la science venue, pour eux deux, — ou la science à laquelle ils sont allés tous les deux de la même manière, — l’un avec son fraisier, l’autre avec ses fourmis !
car, sous son fouet, son fouet fécondant comme la verge de Moïse, coula, avec le sang de l’amour-propre irrité, un flot de poésie qui ne s’arrêta plus, la plus belle poésie du monde moderne !
Pourquoi ne pas installer là tous ces rêves religieux qui satisferaient notre besoin de poésie, qui autoriseraient notre conception morale de la vie ? […] Selon moi, ils possèdent la vraie poésie de la vie.
Liaison de la philosophie et de la poésie. — Comment les idées générales ont péri sous la philosophie scolastique. — Pourquoi la poésie périt. — Comparaison de la civilisation et de la décadence au moyen âge et en Espagne. — Extinction de la littérature anglaise. — Traducteurs. — Rimeurs de chroniques. — Poëtes didactiques […] Sur ce point, il est intarissable : on lui attribue deux cent cinquante et un poëmes ; la poésie ainsi entendue devient une œuvre mécanique ; on compose à la toise. […] En effet, la poésie et la religion ne sont plus capables de suggérer un sentiment vrai. […] Toujours des abstractions ternes, usées, vides ; c’est la scolastique de la poésie. […] Les Récompenses de cour, la Couronne de laurier, l’Élégie sur la mort du duc de Northumberland, plusieurs sonnets, sont d’un style convenable et appartiennent à la poésie officielle.
Quelle est la part du romantisme dans la poésie de Lamartine ? […] Ce poète était débordant de poésie, d’une poésie d’actualité. […] Sainte-Beuve aimait la poésie, et il l’aimait avec désespoir. […] Je connais des endroits où la Garonne roule dans son flot capricieux toute la poésie. […] J’aime la poésie de M.
Voyez en effet : le nombre, le rapprochement, ont-ils jamais nui aux brillants champions de la pensée, de la poésie, ou de l’éloquence ? […] Et ailleurs, dans la critique courante, dans la poésie, combien n’a-t-il pas servi aux esprits d’être en nombre, en groupes opposés ! […] Non, dans les arts, dans la poésie, non plus qu’en diverses matières humaines, le succès n’est pas la bonne mesure, et l’applaudissement soudain, décerné à bon droit à quelques-uns, ne prouve pas contre la lutte ou l’isolement prolongé de quelques autres. Les beaux-arts et la poésie, dans toute une partie essentielle, sont et doivent être des industries singulières et par un coin secrètes, des initiations, à certains égards, d’esprits merveilleux, des savoir-faire dédaliens, où n’atteint pas le grand nombre, mais à quoi il finit par croire, sur la foi de son impression sans doute, mais de son impression dirigée et quelquefois créée par les critiques et connaisseurs. […] Villemain dans le Globe, qui débuta après lui par des couronnes académiques, a porté dans la poésie latine qu’il professe un sel délicat et rare, une urbanité élégante et simple, une aménité de parole où l’art disparaît, pour ainsi dire, dans une décence naturelle.
Je dois le dire à tous ; les études littéraires qui vont nous occuper ne ressembleront point à ces traités de rhétorique, à ces cours de littérature où l’art d’écrire est formulé en règles et en préceptes : je ne vous dirai point comment se font les poèmes et les tragédies, mais je vous ferai connaître les chefs-d’œuvre de la poésie épique et du drame tragique. […] Quels amis valent ces livres qui sont là toujours prêts à répondre à notre appel, et qui ne nous abandonnent ni dans le malheur, ni dans la prospérité Nous n’avons qu’à tendre la main, et aussitôt Homère, Virgile, Horace, Corneille, Molière, Racine, nous enivrent tour à tour des parfums de leur poésie. […] Les sentiments élevés, les hautes vertus que la poésie, l’éloquence et l’histoire se plaisent à mettre sous nos yeux, ne peuvent pas être pour nous un vain spectacle. […] La poésie a souvent failli à sa mission, l’éloquence à ses devoirs. […] Comme en Grèce les poésies et les discours étaient ou improvisés ou récités de mémoire, on négligea de donner à l’écriture des caractères propres à diriger le lecteur à haute voix dans les intonations et dans les mouvements de son débit.
Non, sans doute, puisqu’il sait en faire jaillir incessamment de nouvelles sources de poésie. […] Et malgré tout, dans tous les cas, la poésie brave mieux les années et les revers. […] La poésie lyrique manque à la gloire du siècle de Louis XIV. […] Mais on peut estimer que ce laisser-aller et ce désordre apparents donnent à la poésie une grâce spontanée qui a son prix. […] Du ton de l’anthologie grecque Mme de Noailles s’est élevée sans effort à celui de la grande poésie.
Toute une poésie pittoresque, ou dramatique, une poésie d’ode ou de mystère passe ainsi dans ces expositions de dogme et ces descriptions de morale435 ; et ce fort logicien de Navarre nous fait parfois penser à Dante ou à Milton. […] Et de là vient la puissance pathétique de ces effusions de tendresse douloureuse, lorsqu’il peint la grâce si charmante et si tôt flétrie de Madame, de ces effusions de sympathie admirative, lorsqu’il conte les victoires, l’héroïsme, la simplicité du prince de Condé : si ce n’est pas de l’histoire, c’est à coup sûr de la poésie. […] Par là, plus largement encore que dans les Sermons, se répand la poésie, poésie de la nature ou poésie du coeur, tableaux pittoresques, ou émotions exaltées.
Et à cet égard j’ose dire que si quelqu’un, dans notre langue, a donné le modèle d’une poésie démocratique et révolutionnaire, c’est lui. […] comme aussi celui de se confesser publiquement ; et certes Dieu n’y gagnait rien, non plus que la morale, mais la poésie ne s’en portait pas mieux. […] Et sans doute, c’est une forme de la poésie, mais le Dies Iræ que nous citions à l’instant même est une preuve qu’il en existe une autre. […] La poésie peut-elle enchaîner la liberté de l’imagination et lier les ailes du rêve ? […] Le passé n’est pas seulement la poésie du présent, il en fait peut-être aussi la vie même !
Fauriel, dans les ingénieuses Réflexions qui précèdent sa traduction de la Parthénéide de Baggesen, établit que ce n’est point la condition des personnages représentés dans la poésie idyllique qui en constitue l’essence, mais que c’est proprement l’accord de leurs actions avec leurs sentiments, la conformité de la situation avec les désirs humains, en un mot la rencontre harmonieuse d’un certain état de calme, d’innocence et de bonheur, que la nature comporte peut-être, bien qu’il soit surtout réservé au rêve. […] Il prend au sérieux la poésie, l’élégie ; il la pratique, il en vit, il en meurt : c’est là une bien grande faiblesse, j’en conviens, mais c’est humain et touchant. […] Quelques idylles et poésies champêtres, composées en ces mêmes années, s’ajoutèrent à une nouvelle et assez jolie édition que donna Léonard (La Haye, 1782).
Plusieurs de nos écrivains, par amour pour les difficultés, ou pour la poésie, ont prétendu qu’on ne pouvait rendre les poètes en prose, que c’était les défigurer, les dépouiller de leur principal charme, la mesure et l’harmonie. […] Croit-on que notre poésie, avec ses rimes, ses hémistiches toujours semblables, l’uniformité de sa marche, et, si on l’ose dire, sa monotonie, puisse représenter la cadence variée de la poésie grecque et latine ?
De même encore, pour les recueils de vers : Horace, non plus que Boileau, ne cherche un nom piquant pour l’ensemble de ses poésies : elles seront Satires, Odes ou Épîtres, selon leur sujet. […] Au xiiie siècle Saint Bonaventure, le Docteur séraphique, donnait ses pensées et ses prières sous ce titre plein de poésie : l’Itinéraire de l’âme vers Dieu. […] Un poète précieux, nommé Charles Fontaine, fit, au xvie siècle de ces poésies, Les Ruisseaux de Fontaine, mais Jacques Yver le dépasse par son recueil le Printems d’Yver.
Nul causeur, sauf Michelet, n’a su allier à ce point la poésie et l’esprit. […] On chercha dans les arts plastiques aussi bien qu’en poésie à perfectionner la technique, à serrer de plus près la nature, à donner plus de précision au style, à observer la vérité historique. […] On a cru et on a dit que les progrès des sciences chasseraient la religion, comme la poésie d’un ciel désormais sans mystères. […] Son vaste front, encadré de longs cheveux blancs, ses yeux pleins de flamme en même temps que de bonté disaient sa poésie, son enthousiasme, son grand cœur. […] Il y avait dans ses paroles tant de profondeur et tant de fantaisie, tant de joyeuse sérénité et tant de sympathique bonté, de l’esprit sans malice et de la poésie sans déclamation !
Autrement comment pouvoir exprimer en toute sincérité certains sentiments, certaines vérités nobles, désintéressées, naturelles, qui sont l’âme même de toute généreuse poésie ? […] Nous avons été fort étonné de lire dans un des derniers volumes de poésies de Victor Hugo : Méry, fils de Virgile !
Nous exécuterons ce projet dans l’Article de Racine le fils, où nous aurons occasion de parler encore de la Poésie didactique. […] Réflexions sur la Poésie, chap.
Il est grand par sa poésie, grand par son talent de dialecticien et grand par sa science des nations, mais il est plus beau et plus pur mille fois parce qu’il a compris ce qu’attend le monde. […] Pourquoi tant de vaillants et magnifiques génies, si experts en toutes sortes d’affaires, si adroits dans la création de chants lyriques, si sublimes par la poésie, si grands chaque fois qu’ils firent des odes ou des harangues, pourquoi donc furent-ils si petits lorsqu’il s’agit pour eux de faire une œuvre utile ?
; 2º La poésie sacrée telle qu’elle existe dans les psaumes, dans les prophètes et dans les traités moraux, etc. […] Quant au second style général des saintes lettres, à savoir la poésie sacrée, une foule de critiques s’étant exercés sur ce sujet, il serait superflu de nous y arrêter.
Son ouvrage comprend la belle littérature, les productions agréables, telles que les histoires, les romans, les brochures, les piéces d’éloquence & de poésie, les ouvrages dramatiques, particuliérement la musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, en un mot, ce qu’on entend par belles-lettres & beaux arts. […] Le Journal de Verdun commencé depuis plus de soixante ans, débute par des annonces de livres nouveaux, donne quelques morceaux de poésie ; mais les nouvelles politiques en occupent la plus grande partie ; & il en est un recueil qui servira à l’histoire.
ô la belle poésie ! […] N’avons-nous pas une infinité de pièces dans le style marotique, et ces pièces, pour être de vrais pastiches en poésie, en sont-elles moins estimables ?
… Plus heureux avec les artistes et les poètes qu’avec les historiens, Napoléon a inspiré des pages et des poésies sublimes. […] Mais la Poésie n’est pas l’Histoire.
La plupart de ces messieurs présomptueux, — nous ne voulons pas les nommer, — qui représentent assez bien dans l’art les adeptes de la fausse école romantique en poésie, — nous ne voulons pas non plus les nommer, — ne peuvent rien comprendre à ces sévères leçons de la peinture révolutionnaire, cette peinture qui se prive volontairement du charme et du ragoût malsains, et qui vit surtout par la pensée et par l’âme, — amère et despotique comme la révolution dont elle est née. […] Il veut être ému, il veut sentir, connaître, rêver comme il aime ; il veut être complet ; il vous demande tous les jours son morceau d’art et de poésie, et vous le volez.
Son style est quelquefois mystérieux comme l’être à qui il parle ; son oreille même cherche dans les sons une harmonie inconnue ; et comme pour donner une habitation à la divinité, il a élevé des colonnes, exhaussé des voûtes, dessiné des portiques ; comme pour la représenter, il a agrandi les proportions et cherché à faire une figure imposante ; comme pour en approcher dans les jours de fêtes, il a substitué à la marche ordinaire des mouvements cadencés et des pas en mesure ; ainsi, pour la louer, il cherche, pour ainsi dire, à perfectionner la parole ; et joignant la poésie à la musique, il se crée un langage distingué en tout du langage commun. […] On sait que dans ses poèmes il a mieux célébré les héros que les dieux : ses hymnes sont du même ton ; ce sont plutôt des monuments de la mythologie païenne, que des éloges religieux ; mais on y retrouve quelquefois son pinceau et les charmes de la plus riante poésie.
La poésie, l’éloquence et les arts parurent un peu se ranimer ; mais le gouvernement avait corrompu le génie ; et il y a encore plus loin, pour les lettres, du siècle de Constantin à celui de Trajan, que de celui de Trajan à celui d’Auguste. […] Il est facile d’examiner l’effet que cet esprit général dut, au bout de trois siècles, produire sur la poésie, l’éloquence et le goût.
J’avais d’abord pensé avec eux et dirigé mes travaux vers la poésie. […] Ainsi mourrait cette poésie, si je la transportais sur ces pages. […] Montée à ce paroxysme, la fièvre byronienne devait tomber ; la poésie surmenée va languir et déchoir. […] Quel rapport y a-t-il entre notre poésie contemporaine et la poésie populaire ? […] Il réserve les trésors de sa poésie aux jeunes filles.
En France, sans insister sur la poésie épique, dont les conditions sont peut-être spéciales et cadrent mieux avec une certaine enfance de la langue et de la société qu’avec la maturité de l’âge classique, il est incontestable que la poésie lyrique n’a pas atteint au xviie siècle son apogée. […] vous imaginez-vous qu’il ait versé sur les hommes la pluie d’or de sa poésie sans aucun souci de l’accueil qui lui serait fait ? […] Dans tous les genres de poésie, les révolutions du goût ne sont pas moins radicales qu’au théâtre et dans le roman. […] de la métaphysique ou de la poésie ? […] Mais où est l’utilité, au sens où l’on a toujours entendu ce mot, de l’art, de la poésie, de la métaphysique, de l’esthétique… ou d’un ouvrage tel que celui-ci ?
De cette imitation gauche de la vraie poésie, on garde quelque chose, un reflet, un rayon au cœur. […] Sa poésie est somptueuse et bienfaisante. […] Ce que vous représentez, c’est l’idéal populaire de cinquante années de poésie. […] Et, encore une fois, il y a là trop de poésie pour nous. […] La poésie en est un peu celle de certaines chansons populaires, — si belles !
Je ne vois pas de mal à ce qu’il ait essayé du roman, de la poésie, du théâtre, ne fût-ce que pour en connaître par expérience les difficultés. […] La poésie française ne date que de Ronsard. […] qui ne contiennent pas autant de poésie que cette prose-là, et notez qu’elle ne renferme pas moins de philosophie. […] À la science, le monde réel ; à la poésie, le monde du rêve ! […] De la poésie suggestive à la poésie symbolique il n’y a qu’un pas, et les jeunes adeptes du symbolisme, qui vont jusqu’à dénier à M.
Ce sont ces influences qui déterminent l’originalité des civilisations, et quiconque ne les admet pas ne comprendra jamais rien à la poésie de l’histoire, des littératures et des religions. […] Le roman italien dont le poète Collins, déjà fou, mentionna l’existence sans en pouvoir indiquer le nom à l’historien de la poésie anglaise, Warton, reste encore il découvrir. […] Voilà l’Éden que Shakespeare fit de cette terre sauvage, Éden digne d’être le berceau d’une nouvelle poésie, rachetée de la tache originelle du mauvais goût barbare. […] comme il est mieux d’accord avec la poésie et le bon sens ! […] Le ministre gallois est presque entièrement dénué de poésie, rarement il rencontre un rayon de grâce, et il n’arrive à l’imagination que par la véhémence morale.
Avec son rare talent d’écrivain, le don d’évocation qu’il possède, la poésie dont il enveloppe toutes choses, M. […] La poésie de M. […] » Je signalerai encore la belle poésie qui a pour titre : « Judas ». […] On ne rend guère plus compte d’un recueil de poésies que d’un bouquet, de son odeur et de sa couleur ; c’est affaire de goût, d’impression personnels. […] Je signalerai d’abord dans ce livre d’élégantes et fidèles traductions, des imitations de poésies grecques d’Homère, Aristophane, Anacréon, Méléagre, de l’anthologie, d’épigrammes funéraires, descriptives et comiques ; dans la poésie latine, de Lucrèce, Virgile, Horace, Plaute, Martial, etc.
. — Manque de poésie. — Caractère de la poésie et du style classiques et monarchiques. […] Çà et là subsiste une image heureuse, débris de la poésie qui vient de périr ; mais tout le tissu de l’œuvre semble d’un Scarron, aussi ignoble que l’autre et plus méchant. […] Avec quelle partie de son âme pourrait-il comprendre la poésie et la fantaisie ? […] Le duc de Buckingham versifie un Essai sur la poésie et un Essai sur la satire. […] C’est cette direction commune et cette déviation particulière que le monde et sa poésie ont annoncées, que le théâtre et ses personnages vont manifester.
Un monde a fini, celui d’Homère et de l’épopée ; un monde commence, celui d’Archiloque, de Callinos, de Terpandre, d’Olympos et de la poésie lyrique. […] Quand nous voulons nous figurer une poésie lyrique, nous pensons aux odes de Victor Hugo ou aux stances de Lamartine ; cela se lit des yeux ou tout au plus se récite à mi-voix, à côté d’un ami, dans le silence du cabinet ; notre civilisation a fait de la poésie la confidence d’une âme qui parle à une âme. […] Voilà comment l’âge qui a produit le vaste ensemble de la poésie lyrique a produit du même coup l’ensemble non moins vaste de l’orchestrique. […] Entre toutes ces poésies, les plus populaires et les plus propres à nous faire comprendre ces mœurs lointaines sont les cantates qui célèbrent les vainqueurs des quatre grands jeux. […] C’est seulement dans la période suivante, en même temps que l’orchestrique et la poésie lyrique, qu’on les voit se développer, se fixer, prendre la forme et l’importance finale que nous leur connaissons.
Nous ne le prononcions qu’avec admiration et respect, et aussi avec cet étonnement ravi que nous éprouvons devant les êtres privilégiés qu’a touchés au front le rayon divin de la Poésie. […] Si la poésie fut son occupation souveraine, la comtesse de Noailles a été mêlée activement à l’existence de son temps. […] Il n’était sensible ni à la poésie ni à la musique. […] Ce singulier roman est pourtant peut-être tout ce qu’il subsistera de l’œuvre de Mendès qui, en poésie, n’aura bien probablement qu’une place d’anthologie. […] On sait qu’en effet Edmond de Goncourt ne tenait qu’en médiocre estime la Poésie, mais les poètes ne lui en voulaient pas trop de ce dédain et ne lui marchandaient pas leur admiration.
Et ce n’est pas assez de la poésie ordinaire pour nous en tirer. […] C’est par elle que la poésie et la rêverie subsistent encore. […] Poésie, philosophie, peinture, moeurs, tout y conduit. […] Cela sert à comprendre ce qu’est la poésie. […] Le mélange de la nature humaine, loin d’effacer la nature animale, la met en relief ; c’est en transformant les êtres que la poésie en donne l’idée exacte ; c’est parce qu’elle les dénature, qu’elle les exprime ; c’est parce qu’elle est l’inventeur le plus libre, qu’elle est le plus fidèle des imitateurs.
Un peu plus de poésie, une main plus sûre, et telle scène de l’Ariane serait digne de Racine. […] Le voilà qui se choque du prosaïsme de notre poésie, et qui extrait du théâtre de Racine quinze ou vingt vers médiocres pour s’autoriser à écrire plus hardiment. […] Un génie brillant, le feu de la poésie, les souvenirs de quelque amour de jeunesse, c’est assez pour créer Zaïre. […] Qu’est-ce donc que cette poésie qui répand sur le style les couleurs et l’harmonie, et qui fait parler poétiquement les personnages, sans qu’aucun d’eux sente son poète ? […] Ducis voulut remplacer son faux poli par un peu de rudesse imitée de Shakspeare, corriger sa sécheresse par un peu de poésie descriptive imitée de Paul et Virginie, réchauffer sa rhétorique par quelques accents tirés de son cœur d’homme de bien.
Mais la curiosité a droit de s’étendre plus loin, et, une fois éveillée, elle se demande ce qu’était en réalité ce Cid dont il est tant parlé, quelle est l’exacte vérité sur son compte, quelle part on doit faire à l’histoire dans son prodigieux renom, et quelle est celle qui revient légitimement à la poésie. […] En ce qui est du Cid en particulier, et quel que soit le contraste de ce qu’il est devenu dans la poésie à ce qu’il s’est montré dans l’histoire, il y a quelque raison pourtant à ce travail d’adoucissement et d’épuration dont il a été l’objet. […] Il est nommé et renommé à chaque vers de toutes les façons les plus affectueuses et les plus sonores, à remplir la bouche du récitateur et les oreilles des auditeurs ; car ces poésies se récitaient devant les foules, à haute voix. […] Voir les réflexions en tête de la chanson latine sur le Cid, publiée par lui, pages 284 et suiv. du volume intitulé : Poésies populaires latines du Moyen-Age, 1847.
L’éloquence, la poésie, les situations dramatiques, les pensées mélancoliques agissent aussi sur les organes, quoiqu’elles s’adressent à la réflexion. […] La poésie est de tous les arts celui qui appartient de plus près à la raison. Cependant la poésie n’admet ni l’analyse, ni l’examen qui sert à découvrir et à propager les idées philosophiques. […] La poésie a été plus souvent consacrée à louer qu’à censurer le pouvoir despotique.
Plus tard, ce fut dans la chair et le sang de sa poésie que M. […] Vielé-Griffin alla comme eux vers la poésie du peuple pour les raisons que j’ai énumérées plus haut, et aussi, je l’ai fait pressentir en parlant de la technique, parce que la liberté d’allure de ces rythmes devait attirer sa spontanéité ennemie des règles imposées31. […] Non seulement on est loin de la verve naturelle du peuple, dans la Poésie lyrique, mais on n’écrit pas même d’après les traditions héroïques de la race. […] Pourtant, — MM. de Régnier et Griffin l’ont compris en tentant la poésie la plus noble, — il n’est pas de demi Beauté ; et qui d’entre nous, se disant artiste, aurait la lâcheté de ne pas dévouer tout son être au poème éternel ?
Le même tour d’esprit qui mettait les lumières au-dessus des grands sentiments, qui dédaignait la gloire comme trop coûteuse, qui raillait la poésie comme une ingénieuse inutilité, et la prospérité des arts comme témoignant du nombre des fainéants, dénigrait le prince par qui toutes ces choses avaient été honorées et encouragées. […] Par exemple, on forme de tous les traits qui appartiennent aux plus grands poètes un type de poésie ; en regard de ce type, on place tel poète qui, pour être au-dessous, n’en a pas moins des traits du grand poète, et on lui en refuse le nom. […] Dans le second, nous voyons apparaître et comme se lever successivement à l’horizon, tous ces astres de la poésie, de l’éloquence et des arts, qui brillent à jamais au ciel de la France, et dirigent ses générations dans toutes les voies de l’idéal. […] Le Mondain est sa véritable ode ; il y est plus lyrique que dans ses odes sur certains événements publics, où l’émotion n’est pas moins factice que la poésie.
., trouvent tous jusqu’à un certain point de l’harmonie dans la langue et dans la poésie latine. […] Le premier avouait au second, qu’il ne pouvait sentir l’harmonie de la poésie italienne, quoi qu’il en eût lu beaucoup, et qu’il crût savoir assez bien la langue. J’ai, répondit l’Italien, les mêmes plaintes à me faire à moi-même au sujet de la poésie française ; je crois savoir assez bien votre langue ; j’ai beaucoup lu vos poètes ; cependant les vers de Chapelain, de Brébeuf, de Racine, de Rousseau, de Voltaire, tout cela est égal à mon oreille, elle n’y sent que de la prose rimée. […] En voici un exemple tiré des poésies de ce jésuite.
Je ne connais pas de poésies pastorales plus limpides, plus transparentes que ces lettres où l’on voit passer soudain le lièvre de Cowper et les perdrix de Francis Jammes. […] Tout cela s’acquiert et se mérite… Et cette haute idée de la dignité du commandement, ce beau désir de tenir au mieux l’emploi le plus modeste dans la hiérarchie, nous conduisent à voir que sous cette poésie parfumée, joyeuse et d’un goût parfait, pareille aux chansons immortelles de Mistral, respire une âme forte : Ne priez pas, dit-il aux siens, pour que les souffrances me soient épargnées ; priez pour que je les supporte et que j’aie tout le courage que j’espère. […] Puis nous sommes partis en traînant nos fusils sur le parquet… C’est comme une image d’Épinal, un de ces moments de poésie et de légende qu’on croirait n’exister que dans les livres… Avant qu’il s’éloigne de chez nous et de cette Lorraine dont il disait « Lorraine si verte avec ses coteaux, ses rivières, ses pâturages et ses forêts, nous y reviendrons en pèlerinage après la guerre », avant qu’il meure, prenons de ce jeune Provençal une dernière image dans la campagne de Bar-le-Duc : Nous étions dans un verger, couchés, attendant des ordres. […] Puisque nous voici avec le noble enfant Michel Penet (d’un esprit ravissant, plein de poésie), laissons-le nous présenter le petit chasseur Chocolat.
La poésie y tient une grande place : les restes de poésie latine, les chants d’Église ou d’école n’y sont pas oubliés ; les longs récits épiques en français, dits chansons de geste, y sont analysés avec ampleur et avec une connaissance comparée de toutes les divisions et de toutes les branches. […] Le poème de Roland à Roncevaux est un de ceux qui rendent le plus directement l’écho du monde chevaleresque dans notre littérature et notre poésie : les récits en prose de Villehardouin en donnent une haute idée également.
La Grèce, c’était le thème favori pour la peinture, la poésie, l’éloquence, c’était l’hymne universel. […] « Il n’y a pas, me dit un connaisseur, dans cette brave langue d’un esprit fier un mot qui ne soit vivant, brillant, brûlant de poésie. » Et encore, dans le chant troisième de Don Juan, il faudrait détacher cette suite de ravissants couplets, l’hymne en l’honneur des Iles de la Grèce, encadré dans d’autres stances d’une amère et méprisante ironie. […] Grenier est un esprit essentiellement moderne ; il l’a assez prouvé dans une brochure curieuse intitulée : Idées nouvelles sur Homère (1861), dans laquelle il s’exprime en pleine liberté sur ce père de toute poésie, et en sens contraire de l’opinion commune.
Oui, je le sais, la volonté est pour beaucoup dans la poésie d’Alfieri ; Goethe l’a dit : « Alfieri est plus curieux qu’agréable. […] On me reproche l’obscurité ; mais vienne la liberté, et je serai clair. » C’est un forgeron de poésie qu’Alfieri ; mais il y a des forgerons divins, et il en est un. […] Dans les moments de séparation où il était privé d’elle, il a exhalé sa douleur en des poésies qui respirent passion et tendresse.
pourquoi toute l’éloquence semble-t-elle s’être rassemblée vers le temps et aux alentours de Cicéron, toute la poésie au siècle d’Auguste ? […] Ceux qui ont le plus étudié et le mieux pénétré le caractère des poésies sacrées et des cantiques des Hébreux, les Lowth, les Herder, n’ont rien dit que Bossuet n’ait exprimé avant eux d’une parole pleine et sommaire. […] Les curieux pourraient chercher dans le Recueil de plusieurs pièces d’éloquence et de poésie présentées à l’Académie française… une page du discours de M. de La Chapelle, directeur de l’Académie, répondant à M. de Valincour, qui venait y prendre séance à la place de Racine, le 27 juin 1699.
Quand je passais quelques jours sans la voir, elle prenait la peine de venir elle-même chez moi pour s’informer de ce qui me retenait ; elle gardait mon argent de réserve avec le sien dans son tiroir ; elle me préparait, si j’étais malade, au coin de mon feu, les tisanes commandées par le médecin ; elle écrivait à ma mère des nouvelles de mon cœur et de mon âme ; elle aurait remplacé la Providence, si la Providence s’était éclipsée pour moi ; elle prenait à mes poésies, qui n’avaient pas encore paru, un intérêt partial, passionné, que je n’y prenais pas moi-même ; elle me comparait à Racine enfant ; elle était fière de préparer aux Bourbons un poëte encore inconnu, mais qu’elle rendrait royaliste et religieux comme elle. […] Ils lui parlèrent de moi comme d’un jeune homme qui donnait de belles espérances à la poésie, au royalisme, et qui n’était point enrôlé dans le parti opposé à la religion. […] Il me dit que la poésie rendait égaux tous les hommes et qu’il serait heureux de mon amitié.
Parlant expressément de cette vie qu’il menait à Cirey, il disait encore : Nous sommes bien loin d’abandonner ici la poésie pour les mathématiques… Ce n’est pas dans cette heureuse solitude qu’on est assez barbare pour mépriser aucun art. […] Je regarde un homme qui a aimé la poésie, et qui n’en est plus touché, comme un malade qui a perdu un de ses sens. […] Ici Voltaire se révolte : c’est une querelle de ménage entre la géométrie et la poésie.
On peut dire tout ce qu’on voudra, maint noble cœur prendra parti pour Marie Stuart, même quand tout ce qu’on a dit d’elle serait vrai. » Cette parole que Walter Scott met dans la bouche de l’un des personnages de son roman (L’Abbé), au moment où il prépare le lecteur à l’introduction auprès de la belle reine, reste le dernier mot de la postérité comme des contemporains, la conclusion de l’histoire comme de la poésie. […] Dargaud leur a rendu justice avec effusion et cordialité ; il a fait passer dans les moindres lignes de son Histoire le sentiment de poésie et de pitié exaltée qui l’anime pour les souvenirs de la royale et catholique victime ; il a mérité une très belle lettre que Mme Sand lui a adressée de Nohant (10 avril 1851), et où elle le félicite en le critiquant à peine, et en parlant surtout de Marie Stuart avec charme et avec éloquence. […] Elle s’y accoutuma au sein de la cour la plus polie, la plus savante, la plus galante d’alors, y brillant en sa fleur naissante comme l’une des plus rares merveilles et des plus admirées, sachant la musique et tous les arts ( divinae Palladis artes ), apprenant les langues de l’Antiquité, soutenant des thèses en latin, commandant des rhétoriques en français, jouissant de l’entretien de ses poètes et leur faisant rivalité avec sa propre poésie.
tout cela se noyait et se masquait plus ou moins dans sa poésie. […] Ducis, dans ses dernières années, a fait beaucoup de poésies diverses où il exprime ses prédilections, ses goûts ; il chante le ménage des deux Corneille, il célèbre et paraphrase La Fontaine en des vers qui se sentent de la lecture habituelle et de l’esprit du grand fabuliste. […] Ô Poésie française, me suis-je dit bien des fois en lisant Ducis, que tu es femme du monde, volontiers capricieuse et infidèle, et que tu sais aisément trahir ceux qui t’aiment !
Plus tourmentée que la poésie de Vielé-Griffin et d’une émotion plus âcre, elle est d’une prosodie curieuse, voulue, marquée de contrainte. […] Verhaeren paraît un fils direct de Victor Hugo, surtout en ses premiers œuvres ; même après son évolution vers une poésie plus librement fiévreuse, il est encore resté romantique ; appliqué à son génie, ce mot garde toute sa splendeur et toute son éloquence.
« Tout ce que l’enfer peut vomir de plus faux — dit-il des Philippiques — y était exprimé dans les plus beaux vers, le style le plus poétique, et tout l’art et l’esprit qu’on peut imaginer. » Quand il arrive aux affreux passages où le Régent est accusé d’empoisonnement : « L’auteur — ajoute-t-il — y redouble d’énergie, de poésie, d’invocations, de beautés effrayantes, de portraits du jeune roi et de son innocence… d’adjurations à la nation de sauver une si chère victime, en un mot, de tout ce que l’art a de plus fort et de plus noir, de plus délicat, de plus touchant, de plus remuant et de plus pompeux… » Ce n’est pas tout. En lisant ces vers, si magnifiques au dire de Saint-Simon, le Régent, si indifférent d’ordinaire, retrouva et versa des larmes, et plus tard Fréron, l’âpre critique, moins explicite que Saint-Simon, parla lui-même, dans son Année littéraire, de cette poésie avec respect !
Ses Poésies ne méritent pas plus d’être lues, que sa Traduction de la Pharsale de Lucain, qui n’est propre qu’à donner du prix à celle de M.
Georges Bal, dans ses Rêves et chimères, donne libre cours à une poésie bien jaillissante.
Mézières C’est le recueil posthume du noble écrivain disparu… Ces vers, si pleins, si forts, font penser à la poésie, toute virile, de Mme Ackermann.
Charles Fuster M. de Tournefort est revenu, ici, à la poésie intime, mais surtout au lyrisme de fort bon aloi.
Ses Pieces fugitives ne prouvent pas qu’il ait du talent pour la Poésie ; ses Histoires particulieres de quelques villes prouvent son travail & son érudition, pas toujours son goût & sa méthode ; mais son Dictionnaire des Epithetes Françoises prouve invinciblement sa patience.
Poésie, tome V, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1910, p. 3.
Lucas, Hippolyte (1807-1878) [Bibliographie] Poésies complètes (1891).
Charles Fuster Voilà un livre dont nous n’acceptons pas toutes les innovations prosodiques ; mais il renferme, dans le ton et les rythmes chers à Verlaine, de bien exquise poésie.
Benjamin Bégaud Sa poésie possède un charme pénétrant, quoiqu’un peu étrange.
-B La Bien-Aimée, c’est l’immortelle poésie.
Charles Fuster Ces poésies, si chantantes et si fraîches, ont dû être écrites dans la paix des champs devant le sourire des choses.
Il y a de la ferveur et du mysticisme dans sa poésie, très harmonieuse, très large et très lyrique.
Ses Poésies offrent de l'esprit & de la facilité, & sa Traduction des Satires de Perse avec des Remarques, lui donne le droit de figurer parmi les Traducteurs qui ont su réunir le mérite de l'élégance & celui de la fidélité à rendre le sens de l'original.
Charles Fuster L’auteur réunit, en un recueil solide, nourrissant, plein de sève, les poésies que lui ont inspirées son existence au milieu des paysans et son amour de la campagne, ou plutôt de la montagne.
Charles Fuster La poésie de M.
Charles Fuster Après ses premières poésies, si spirituellement émues, M.
Antony Valabrègue Voici le caractère de la poésie de M.
Aussi renonça-t-il à la Poésie, malgré les lauriers académiques, qui sont assez ordinairement le terme des succès.
La réputation brillante qu’elle a eue d’abord, ne s’est point soutenue, malgré les traits d’esprit qui pétillent dans ses Romans, ses Contes de Fées & ses petites Poésies.
Ce seroit en dire assez, si nous ne pouvions ajouter à sa louange, qu’il s’est exécuté lui-même, & paroît avoir renoncé à la Poésie, & sans doute à la Prose.
Adolphe Ribaux La Lyre, œuvre originale, d’un souffle puissant, d’une inspiration élevée, à laquelle tous les sincères amoureux de la poésie, tous les vrais lettrés ont fait un accueil sympathique.
Rouff, Marcel (1877-1936) [Bibliographie] Les Hautaines, poésies (1897) OPINION.
Deux Tragédies oubliées, quelques Poésies fugitives aussi oubliées, sont les présens qu’il a faits au Public, toujours ingrat pour ce qui porte le caractere de la médiocrité.
NICOLE, [Claude] Président de l’Election de Chartres, sa patrie, né en 1600, mort en 1685 ; Poëte médiocre & oublié, dont on trouve cependant deux volumes de Poésies dans les Bibliotheques où l’on se pique de tout recueillir.
Philippe Gille Un volume de poésies par M.
Alphonse Lemerre Auteur de plusieurs volumes de poésie dont les principaux sont le Cœur et les Yeux et les Réalités, M.
Monneron, Frédéric (1813-1837) [Bibliographie] Poésies, publiées à Lausanne (1887).
Paul Pionis Je dois convenir, après avoir lu ce livre, que le proverbe si connu : « Bon sang ne peut mentir », ne saurait être mieux appliqué qu’à l’auteur de ces poésies fraîches comme les fleurs d’avril, mais à l’allure martiale et chevaleresque comme celle des anciens preux.
Ce jeune Poëte annonce des talens, sur-tout pour l’Idylle, genre de Poésie, qui, depuis Madame Deshoulieres, a été cultivé assez infructueusement parmi nous.
Comme il a cultivé les Lettres & la Poésie pour son propre amusement, il seroit injuste de lui faire un crime de n’avoir pas également réussi à amuser le Public.
L’Académie Françoise, celle des Jeux Floraux, celle d’Angers, ont couronné plusieurs de ses Poésies, mais n’ont pas eu le pouvoir de les garantir de l’oubli.
Rien de nourri, au point de vue du fond, et rien de suggestif, à celui de la forme, comme la poésie de Mlle de Bézobrazow.
Alphonse Lemerre Il a donné en 1882, Chants de belluaire, recueil de poésies enflammées, d’où s’exhale éloquemment le cri d’une âme juste, à jamais froissée par la brutalité des temps.
Adam Ce que veut le lecteur dans un volume de vers, c’est de la grâce, ce sont des sentiments, des émotions ; c’est de la poésie, en un mot, et le livre de M. de La Grasserie (Les Rythmes) en déborde.
Eugène Bazin, de Versailles, auteur d’un recueil intitulé Rayons , poète religieux, harmonieux, sincère, compatissant, qui ne maudit pas, qui joint à d’heureux échos de la poésie anglaise des accents qui sont bien à lui.
Cette alliance de la poésie et de la pensée a été le rêve de ma vie.
Raoul Bonnery a réuni des poésies de circonstance, un très grand nombre de morceaux lus par lui à mainte inauguration de statue, à mainte cérémonie commémorative, et aussi une quarantaine de pièces plus intimes, plus familières, qui n’en valent pas moins.
Ils n’ont rien de « fin de siècle », mais ils ont ce qui est éternel, la poésie, la douleur et la foi.
Auguste Dorchain Ses poésies se recommandent par la délicatesse et l’élévation des sentiments ; on y rencontre un certain mysticisme, une inspiration romantique et une note patriotique très accentuée.
Horace Valbel Goudezki a publié un volume, Les Montmartroises, puis un volume de chansons et de poésies, dans la note gauloise ; puis, dans la note sentimentale, Les Vieilles Histoires, et il prépare les Chansons de litières, dont il a donné la primeur aux spectateurs du Chat-Noir.
Léon Cladel Ses œuvres de début lui valurent les encouragements de ses aînés, qui le tenaient déjà pour un artiste de race et qui ne peuvent que l’applaudir sans restriction pour son dernier recueil de poésies : Les Farouches.
Warnery, Henri (1859-1902) [Bibliographie] Poésies (1886). — Sur l’Alpe (1894). — Le Chemin d’espérance (1899).
La Poésie en est douce, simple, facile, souvent gracieuse, & toujours naturelle ; l’expression fidele du sentiment y tient lieu de ces images brillantes, de ces hardiesses de style, de ces tours vifs & énergiques qui caractérisent le langage poétique, & que la simplicité du genre n’admet pas.
Le petit volume de ses Poésies contient la Traduction en vers François de plusieurs morceaux de Virgile & d’Ovide, qui font regretter qu’il n’ait pas traduit en entier un Ouvrage d’un de ces deux Poëtes.
Son Histoire de la Poésie Françoise, est ce qu’il a fait de plus supportable, si toutefois on peut appeler Histoire, un léger Essai historique, ou plutôt un coup-d’œil rapide, & souvent peu juste, sur les anciens Poëtes de notre Nation.
Il a été le maître en poésie et en versification de la première moitié du xvie siècle. […] Mais dans te poésie courtisanesque il n’en va pas ainsi. Cette poésie est tout ce qu’il y a de plus objectif, et son objet n’intéresse que son objet. […] Quant à Héroët et Maurice Scève, ils ont du plaire à Ronsard et à ses disciples comme intermédiaires entre la poésie italienne et la poésie française, et comme introducteurs de la poésie italienne en France. […] Ils voulaient un idiome spécial, aristocratique, pour la poésie.
Mesureur, Amélie (1854-1926) [Bibliographie] Nos enfants, poésies, avec lettre-préface de F.
Dans sa poésie à la note adoucie, M.
Et même la tristesse des heures mélancoliques s’empreint dans les poésies de M.
Ses Poëmes, ses Comédies, ses Poésies diverses, ses Observations, ses Mémoires, ses Histoires, ses Testamens politiques, ses Dialogues, ses Lettres, ses Romans, ses Nouvelles, ses Contes, ses Calendriers, Ouvrages presque tous infectés de l’esprit de satire & du poison de la haine, peuvent être comparés à ces nuées d’infectes éphémères, qui piquent un moment & ne vivent qu’un jour.
On ne doit pas oublier qu’il a rendu quelques services à nos Versificateurs, par un Traité de la Poésie Françoise, longtemps le plus complet & le meilleur que nous eussions.
Après l’éloquence de M. de Mun et la poésie de M. […] C’est qu’il préfère à des arrangements de fade poésie une authentique réalité ? […] La nature, il la peint de couleurs ravissantes, avec un souci de grâce et de poésie. […] Gabriel de Chénier publia trois volumes des poésies d’André Chénier. […] Son réalisme, d’ailleurs, elle l’a orné de poésie.
Sa poésie ressemble à ces jours tièdes d’arrière-saison où un oiseau encore invisible chante sur une branche qui s’effeuille.
Forget écrivit ses poésies forestières, réunies sous le titre d’En plein bois (1887) et dédiées au grand paysagiste lorrain, au poète forestier par excellence, enfant lui-même du Barrois, André Theuriet.
André Theuriet Je tiens à signaler, comme nous apportant une charmante espérance, les poésies de M.
Philippe Gille C’est un livre de poésies émues, clairement exprimées, que celui que M.
Autels, [Guillaume des] né à Charolles vers l’an 1529, mort vers l’an 1570, Poëte Latin & François, dont les Poésies sont oubliées, & à qui le P.
Ses Poésies recueillies bordent aujourd’hui les Quais, après avoir occupé quelques pages dans le Mercure, & avoir fait dire à M. l’Abbé le Blanc, qui étoit sans doute son ami : Quand je lis ces Ecrits où ta plume s’exerce A peindre avec tant d’art les amoureuses loix, Je croirois lire Ovide, ou Tibulle, ou Properce, Si l’un des trois, jadis, eût fait des vers François.
Madame Guibert a joint, dit-on, dans sa premiere jeunesse, les agrémens de la figure à la prétention de l’esprit : elle a dû, sans doute, l’accueil de ses Poésies à l’empire de ses charmes.
] Procureur au Parlement de Paris, sa patrie, mort en 1508 ; mauvais Poëte, qui eut beaucoup de réputation de son temps, & qui la méritoit peut-être, par l’esprit, la gaieté, & la naïveté qu’il mettoit, dit-on, dans la plupart de ses Poésies.
Mauger est, en général, noble, aisee, mais souvent dépourvue de cette chaleur & de ces images qui font le charme de la Poésie.
On ne lit plus les volumes de Poésie qu’il nous a laissés.
Charles Le Goffic Cœur breton, vers tout pénétrés de douceur, habités par le rêve, et que les gaucheries de la forme rapprochent encore de la pure et vraie poésie populaire.
Horace Valbel Il (Numa Blès) fréquenta quelques cabarets artistiques, et en dernier lieu celui des Éléphants, où chaque soir il faisait applaudir ses chansons d’actualité, ses chansons satiriques, parodies, poésies et monologues humoristiques, et notamment : Nos femmes ; Les Cadeaux présidentiels ; Conseils à Max Lebaudy ; Les Statues des grands hommes ; Les Adjoints et les Maires ; La Contravention ; Les Bains de mer ; Ce que je sais !
Carrère, Jean (1868-1932) [Bibliographie] Premières poésies (1898).
Charles Le Goffic Comme littérateur, on lui doit un nombre considérable d’ouvrages de toutes sortes ; en poésie : Patria (1873), recueil de poèmes réédités en 1888, avec le sous-titre de : Mémento de l’année 1870-1871.
. — À travers la vie, poésies (1885).
Les Poésies de ce jeune Auteur n’annoncent que de la médiocrité ; ce qui ne promet pas de grands progrès.
On trouve dans nos Recueils de Poésies plusieurs petites Pieces de Mlle Bernard, qui font honneur à son esprit.
Quelques morceaux de Poésies de Pope, qu’il a traduits avec autant d’élégance que de force & de précision, font connoître de quoi il seroit capable, si des occupations importantes lui permettoient plus de délassemens.
., tiennent à la partie matérielle de l’architecture, tandis que les effets de la doctrine chrétienne, avec les passions du cœur de l’homme, et les tableaux de la nature, rentrent dans la partie dramatique et descriptive de la poésie.
À toutes les époques, sans doute, des personnes du sexe, nées la plupart dans des conditions de loisir où la culture de l’esprit est facile, avaient attiré l’attention par des romans, des lettres, des poésies, des livres d’éducation. […] Cette situation de Lélia et de Sténio, qui était exactement l’inverse de celle d’Adolphe et d’Ellénore dans le roman de Benjamin Constant, cette présence de Trenmor, c’est-à-dire d’un homme mûr, ironique, que Lélia estime, qui comprend Lélia, et qui porte ombrage à Sténio ; c’était là un germe heureux que la réflexion eût pu développer dans le sens de la réalité aussi bien que dans celui de la poésie et du symbole.
Les poésies, les romans sont arrivés à un tel degré d’individualité, comme on dit, à un tel déshabillé de soi-même et des autres ; — le style, à force d’être tout l’homme, est tellement devenu non plus l’âme, mais le tempérament même, — qu’il est à peu près impossible de faire de la critique vive et vraie sans faire une opération inévitablement personnelle, sans faire presque de la physiologie à nu sur l’auteur et parfois de la chirurgie secrète ; ce qui frise à tout moment l’offensant. […] En restreignant la question à la poésie même, le rapport avec certaines époques antérieures est frappant.
La poésie est l’expression de ce tourment de l’âme ; il n’y en a pas d’autre, c’est la poésie de Lamartine.
Il le montre ascétique et contrit, sans doute à cause de ses poésies dévotes. […] L’Art pur, l’Art sans compromissions, sans étiquette de chapelle ; l’Art au service de la souveraine Beauté. » Il parlait de « haines à jamais abolies, de consciences haussées à la divinité » et il concluait : « Nous voilà prêts à fêter au prochain banquet la poésie personnifiée cette fois par Jean Moréas, le plus pur, le plus haut et le plus désintéressé des poètes. » Je lisais ces lignes de Léon Deschamps, lorsqu’un télégramme m’apprit le coup fatal.
C’est l’année où l’on réédite les Chants de Maldoror, Les Amours jaunes de Corbière et où paraissent, sous ce titre Le Reliquaire, les poésies d’Arthur Rimbaud, jusque-là dispersées. […] Il dressait des poètes nouveaux une série de médaillons avec une sympathie si évidente qu’il achevait d’exaspérer le dernier rempart irréductible du Parnasse, le génial mais hargneux et vindicatif Leconte de Lisle, qui s’oublie jusqu’à déclarer en public : « Après Victor Hugo et Moi je ne vois pas ce qui reste à faire avec les vers. » — « De la poésie », lui hurlent en chœur les symbolistes vexés, et le public applaudit.
C’est le cas pour la poésie lyrique ou descriptive, pour les sermons, pamphlets, discours politiques, pour les ouvrages de théorie, etc. […] C’est le cas pour la poésie épique, le roman, les pièces de théâtre, l’histoire, etc.
Poésie, Prose, Eloquence, le Barreau, la Chaire même, tout annonce ses traces destructives, & en porte l’empreinte. […] Ce sont des Philosophes qui déclament contre l’imagination & la Poésie, qui réduisent le mérite des Vers au seul mérite de la pensée, qui ont substitué, dans le style, l’emphase au naturel, l’enflure au sentiment, l’entortillage à la clarté, la glace au pathétique….
Ainsi encore, à un autre endroit de son livre, l’auteur du Tableau nous dit que la forte poésie « exprime l’idéal d’une société », et quoiqu’on s’étonne de trouver ces vagues formules — la fumée de cigare du dix-neuvième siècle — sous la plume incisive de M. […] L’idéal d’une société, en supposant qu’on sache ce que c’est, serait au contraire une mauvaise mesure de poésie.
Il a donc la poésie des bras brisés de la Vénus de Milo. Mais c’est la seule poésie qu’il ait, rien n’étant plus dénué que cette histoire d’imagination, de coloris et de pittoresque.
Jean Appleton, aurait pu nous initier à la délicatesse extrême des sentiments, à l’intime poésie des choses que les Étapes d’amour dégagent dans chaque poème.
Émile Pouvillon Votre midi n’est pas un midi quelconque, mais le midi du Languedoc, quelque chose entre l’éblouissement de la Provence et le sourire de l’Aquitaine, le midi de votre Peyrou montpelliérain qui voit la montagne et la mer, mais qui les voit sans les toucher, dans la fluidité d’un rêve ; le midi de Nîmes et de la maison Carrée, et encore, le midi de Pradier, de ce gentil statuaire qui mit un reflet de la beauté antique sur ses mièvres et voluptueuses figurines, auxquelles certaines de vos poésies font penser quelquefois.
J’ai vu avec un vif plaisir, par l’accueil qui vous a été fait à Lyon, qu’on y apprécie comme il convient un genre de poésie intimement lié à la musique et par cela même très expressif, à la condition de faire bénéficier l’esprit de cette alliance, au lieu de l’abaisser à des farces ridicules et stupides comme celles dont vivent les cafés-concerts.
Edmond Pilon La poésie de M.
. — Fables et poésies nouvelles (1864-1865). — Proses et vers (1867).
Henri Mazel « La poésie, a dit Stuart Merrill, est d’une saine et suave jeunesse parée de fleurs un peu pâles et alanguies d’une mélancolie à laquelle il faut croire sans trop s’apitoyer. » C’est bien, en effet, ce, qu’indique le titre de son premier volume, à la fois riant et plaintif, les Ariettes douloureuses, contrepartie de la sérénade de Don Juan où les pizzicati de la mandoline enguirlandent et gouaillent le sentimental du chant d’amour.
Jules Barbey d’Aurevilly C’est un poète ému, sincère, d’une nuance charmante — et puisque la poésie est l’intensité — intense à la manière des poètes de nuance, dont l’intensité, à l’ordre inverse des poètes de relief et d’énergie, est la transparence et la morbidesse.
Paul Mariéton Une existence douloureuse secouée d’exaltations, de déceptions sans nombre faiblement compensées par la vision lointaine d’une gloire désirée et qui tarde à venir, voilà la vie, voilà la poésie de Louisa Sieffert.
Buffier avoit rappelé les Vers (il ne dit pas la Poésie) à leur premiere destination, en les faisant servir à imprimer, dans la mémoire des hommes, les événemens principaux de l’Histoire.
Ses Comédies, ses Tragédies, ses Poésies héroïques, tous ses Ouvrages en vers sont risibles, par les inepties qui y fourmillent d’un bout à l’autre.
Cinq ou six prix de Poésies remportés dans plusieurs Académies, & deux Discours, l’un sur le Goût, l’autre sur la Frivolité, prouvent qu’il est en état d’écrire également bien en Vers & en Prose.
Nous ne le plaçons ici que pour compléter la nomenclature de ceux qui ont cultivé la Poésie parmi nous.
Boissier, Émile (1870-1905) [Bibliographie] Dame mélancolie, poésies et proses rythmées, avec préface de Paul Verlaine (1893). — Le Psautier du Barde, avec préface par Armand Silvestre (1894).
Nous y trouvons, en général, des poésies trop impersonnelles, et dont quelques-unes, très habiles, très artistiques, ont quelque froideur.
Témoin encore ceux qu’on a insérés dans le Recueil de Poésies choisies, qui N’a fait de chez Sercy qu’un saut chez l’Epicier.
Besson, Martial (1856-1945) [Bibliographie] Poésies (1885). — Poèmes sincères (1887). — Anthologie scolaire du xixe siècle (1894). — Anthologie des instituteurs poètes, en collaboration avec Michel Abadie (1896).
Bailly, sont en train de se répandre, de semer leurs primeurs de poésie en maint journal ; ils n’ont pas jusqu’ici recueilli leurs gerbes ; d’autres, qui les avaient rassemblées et accumulées en silence, nous les versent à nos pieds pêle-mêle, sous ce titre même : Les Gerbes déliées, par Louis Goujon (1865).
Des recueils comme celui-là et comme deux ou trois autres qui ont paru récemment sont en poésie, entre la glorieuse époque de la Restauration et le poète inconnu qui entraînera sur ses pas la génération nouvelle, ce que sont en musique les doux accents de Lucia, les mélancoliques soupirs de Bellini, les délicieux refrains d’Auber, entre Guillaume Tell et le musicien à venir qui nous consolera du silence de Rossini.
C’est très-mal à propos que Naudé préfere ses Poésies Latines à celles de Bucchanan & de Casimir.
Ce jugement regarde sur-tout ses Poésies, qui consistent dans des Déclarations d’amour à Iris, des Bouquets, des Epîtres, des Chansons licencieuses aussi méprisables par la versification que par le sujet.
Ménage & Gui-Patin en parlent avec éloge, & rapportent plusieurs de ses Poésies Latines, qui font regretter qu’on n’en ait pas formé un Recueil.
Les Mathématiques, l’Histoire naturelle & civile, les Langues, la Politique, la Morale, la Poésie, exercerent tour à tour sa plume, également foible dans tous les genres.
La Poésie Latine & Françoise occuperent successivement ses loisirs.
Nous ne parlons pas de ses Poésies : nous dirons seulement qu'elles n'annoncent aucune prétention, modestie assez rare parmi les Poëtes médiocres.
Il y a de la poésie dans la composition, et de la force dans la couleur.
C’est un médaillon présenté au génie de la poésie, pour être attaché à la pyramide de l’immortalité.
Littré a un côté de lui-même qu’il n’a jamais laissé qu’entrevoir et qui est celui d’une poésie philosophique à laquelle, m’a-t-on assuré, il excelle. On m’a parlé d’une ode sur la Lumière, dans laquelle, pénétré de toutes les théories optiques modernes et imbu des grandes paroles pittoresques des maîtres primitifs, il s’est élevé à une belle inspiration de science et de poésie. […] Les tomes xxi, xxii, xxiii, de cette Histoire contiennent de lui des notices importantes sur des médecins du moyen âge, des glossaires, des romans ou poèmes d’aventures et autres branches de poésie des trouvères. […] Il y a notamment inséré des traductions en vers de poésies de Schiller, essais de jeunesse datant de 1823 et 1824. […] La poésie n’est qu’une des formes plus légères de son application : c’est une des rares récréations qu’il s’est permises ; c’est chez lui le coin de l’amateur.
— pour quelques qualités fortes et généreuses, pour la fraîcheur du souffle ou la franchise de la sève, seront des œuvres du XIIe siècle ou des premières années du XIIe, Villehardouin pour l’histoire, la Chanson de Roland ou telle autre chanson de Geste pour la poésie. […] Ausone, né à Bordeaux, où il professa la rhétorique pendant trente ans, puis appelé à Trêves par l’empereur Valentinien pour être le précepteur de son fils Gratien, Ausone, dans ses poésies subtiles, recherchées, maniérées, délicates toutefois et par instants rêveuses y est à la fois le dernier des Anciens et, à certains égards, un moderne. […] Fauriel, une allusion formelle à deux des anciens idiomes de la Gaule encore existants alors, au celtique et au gaulois14. » Reprenant cette question dans son Histoire de la Poésie provençale (t. […] Mais ce mouvement de retour vers la vieille poésie ne se suivit point alors. […] Histoire de la Poésie provençale, I, p. 193-195.
La poésie. […] — Pourquoi il a renouvelé l’épopée de la Table-Ronde. — Pureté et élévation de ses modèles et de sa poésie. — Elaine. […] Et tout à côté la poésie la plus magnifique foisonnait et fleurissait, comme en effet elle fleurit et elle foisonne au milieu de nos vulgarités. […] Sa poésie ressemble à quelqu’une de ces jardinières dorées et peintes où les fleurs nationales et les plantes exotiques emmêlent dans une harmonie savante leurs torsades et leurs chevelures, leurs grappes et leurs calices, leurs parfums et leurs couleurs. […] ce sont elles qui en cet instant ont ramassé dans ce cœur meurtri toutes les magnificences de la nature et de l’histoire pour les faire jaillir en gerbe étincelante et reluire sous le plus ardent soleil de poésie qui fut jamais !
Il ne paraît jamais avoir connu une première discipline bien sévère : il avait été élevé au collège des jésuites à Mâcon, puis à Paris ; son père, qui voulait faire de lui son successeur dans la magistrature, et qui l’obligea d’étudier les lois, le laissait en attendant se livrer aux amusements de son âge, aux muses légères, à la poésie galante et de compliment. […] Cependant il occupe ses longs loisirs à une poésie ou à une versification de tous les jours. […] Acanthe, assis au pied d’un aulne, exhale donc ses regrets et maudit la poésie, qu’il accuse fort injustement de son malheur ; il allait de dépit briser ses chalumeaux, lorsque du lit profond de la Saône, qui coule devant lui, il voit sortir et apparaître un fantôme, une ombre vêtue à la romaine, celle du poète Maynard, l’auteur de deux ou trois belles odes et de quantité d’épigrammes oubliées.
Il l’avait logé chez lui, au bout d’une longue galerie, dans le plus beau coin du château, d’où l’œil embrassait toutes les beautés du lac, le mouvement du port et de la ville, et un horizon immense terminé par la vaste étendue des Alpes : « Tout cela était au service de sa poésie. » Il l’y posséda durant deux années, et il ne parlait jamais de ce temps de réunion qu’avec fraîcheur et ravissement : — Quel bonheur, écrivait-il, de sentir à ses côtés un ami, et un ami tel que Matthisson, avec lequel je pouvais sortir de la prose de la vie pour entrer quelquefois dans la poésie de l’enfance qu’il avait si bien su chanter ! […] Après dîner il s’évadait furtivement pour faire de la poésie d’amour avec quelque aimable et jeune personne.
. — Dans la leçon orale qu’il débita pour cette même agrégation, il avait à parler d’un traité de saint Augustin sur la Vie heureuse ; il commença vivement, a peu près en ces termes et dans cette donnée (je ne réponds que du trait) : « Saint Augustin était jeune, brillant, amoureux, entouré d’amis ; il avait remporté des prix de poésie et s’était vu applaudi en plein théâtre ; il était professeur de rhétorique à vingt-deux ans, et sans concours ; et cependant il n’était pas heureux ! […] J’avais dit, le jour où j’eus l’honneur de succéder à Delavigne pour le fauteuil académique, que je regrettais, dans ses drames, qu’au lieu d’aller de concessions en concessions du côté du romantisme sans y atteindre jamais, le poète ne fût pas resté plus franchement ce qu’il était par nature et par goût, — classique : et quand j’exprimais publiquement ce regret ce n’était pas du tout que moi-même je fusse devenu classique, ni que je me fusse converti (comme Rigault le prétendait en me raillant agréablement) ; mais j’aime ce qui a un caractère, j’aime l’originalité et l’individualité dans la poésie et dans l’art, cette individualité ne fût-elle pas précisément la mienne ni celle de mes amis. […] Mais un Charles Nodier verrait la chose autrement, avec fantaisie, boutade et poésie ; il n’aurait pas tant cherché « le sens philosophique de la poupée » ni « le progrès moral des joujoux », et Polichinelle, avec sa double bosse, aurait trouvé grâce devant lui.
Enfin, il est bien permis d’être sobre de poésie dans la semaine, quand on a fait Athalie le dimanche. […] Racine, à la différence de Shakespeare, n’a fait autre chose, dans sa poésie et dans sa peinture des passions, que de choisir de la sorte et de supprimer le laid qui est dans la réalité et dans la nature, pour ne laisser subsister que le beau qui lui sied et qu’il aime. […] Ses Poésies sacrées sont pleines de pensées, de sentiment et d’onction.
Ces deux formes si inégales ont éprouvé chez nous des destinées bien différentes : la dernière, une des plus nobles formes de l’art, une des créations choisies de l’esprit humain, a fourni d’immortels chefs-d’œuvre et a mis pour jamais en lumière les noms les plus glorieux de notre littérature et de notre poésie ; l’autre forme, au contraire, n’a promu à la célébrité (au moins chez nous) aucun nom d’auteur et de poëte, et n’a laissé, quoi qu’on s’efforce de faire aujourd’hui pour être juste, que des œuvres sans élévation, sans action durable et féconde. […] Mais, pour s’élever à une telle conception, il fallait, outre le génie d’abord et le don individuel, il fallait une poésie non contrôlée, non tenue en laisse ou conduite à la lisière par le prêtre de la paroisse lisant sa leçon entre deux scènes ; il fallait une poésie biblique émancipée doublement et par la Réforme et par la Renaissance, un poëte chrétien ayant lu Homère, ayant senti Luther, ayant connu Cromwell, ayant vu sortir déjà tous les fruits amers et féconds de l’arbre de science.
Israël et le Magnificat ; que tout ce qu’il y a de poésie dans le culte chrétien, l’encens, les chasubles brodées d’or, les longues processions avec des fleurs, léchant, le chant surtout aux fêtes solennelles, grave ou lugubre, tendre ou triomphant, l’a vivement exalté ; qu’il a respiré cet air, vécu de cette vie, et que, par conséquent, il a dû pénétrer plus avant dans le sens et l’intelligence de la musique chrétienne que beaucoup de jeunes gens qui, nourris des traditions de collège et ne voyant dans la messe qu’une corvée hebdomadaire, ne se seraient jamais avisés d’aller chercher de l’art et de la poésie dans les cris inhumains d’un chantre à la bouche de travers. » Et plus loin, insistant, sur le caractère propre, à ces chants grandioses ou tendres, et qu’il importe de leur conserver sans les travestir par trop de mondanité ou d’élégance, devançant ce que MM. d’Ortigue et Félix Clément ont depuis plaidé et victorieusement démontré, il dira (qu’on me pardonne la longueur de la citation, mais, lorsque je parle d’un écrivain, j’aime toujours à le montrer à son heure de talent la plus éclairée, la plus favorable, et, s’il se peut, sous le rayon) : « J’ai dit tout à l’heure, en parlant du Dies iræ, que je ne connaissais rien de plus beau ; j’ai besoin d’y revenir et de m’expliquer. […] Renan, pour la poésie de l’industrie à propos de l’Exposition universelle, et qui maintiendra de ce côté tout ce que l’avenir laisse entrevoir de neuf, d’original et de possible en effet.
« Tel est le pays que les premiers rameaux de la race de Japhet (indo-européenne), partis d’Asie, ont peuplé, soit en descendant par terre l’escalier du Pinde, soit en arrivant par mer d’île en île ; c’est la patrie qu’ils ont choisie. » C’est ainsi que la science renouvelle, en le fixant et le précisant, ce que l’imagination, la poésie et la peinture avaient si souvent touché. […] Zeller dans son discours sur la Grèce et dans le tableau de ses manifestations si variées en tout genre, religion, guerre, héroïsme, poésie et beaux-arts, je le préfère dans son discours sur Rome. […] Il dira lui-même de l’histoire que c’est œuvre d’orateur ; et en effet Tite-Live souvent fera le panégyrique de la République romaine, et Tacite le procès de l’Empire., La poésie épique, enfin, dégénérée de la perfection de Virgile, est inspirée dans la Pharsale d’un souffle tout oratoire et mérite à Lucain ce jugement de Quintilien, qu’il était plutôt un orateur qu’un poète. » C’est ingénieux et incontestable.
Tout cet azur, ces flots de lumière et de couleur, ces fonds d’or et bleu de ciel, qui étaient habituels à sa poésie, et qu’il transporte, en les voilant à peine, dans sa prose, pouvaient-ils se mêler impunément à des tableaux tels que ceux qu’il avait à offrir ? […] Le Napoléon des dernières années y est parfois avec des traits où M. de Lamartine a combiné son style nouveau et quelque chose de ses anciennes préventions ; il a retraduit dans sa manière moderne son ancienne poésie. […] Par une irrégularité et un hors-d’œuvre de composition, M. de Lamartine a placé à la fin de son second volume, c’est-à-dire sous la date de 1814 et avant les Cent-Jours, un tableau de la littérature, de la poésie, de la philosophie et de toutes les branches de la pensée, écloses et produites dans le cours de la Restauration.
« Votre très dévouée, « *** » Et ces vers de Tahureau, nous ne les avions pas pris dans Tahureau, dont les éditions originales sont de la plus grande rareté, nous les avions pris dans le Tableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au xvie siècle de Sainte-Beuve, — oui, dans ce livre couronné par l’Académie. […] Et, à quelques jours de là, nous comparaissions devant un juge d’instruction presque poli, mais qui perdait soudainement toute politesse dans son embarras et son déconcertement, quand nous lui montrions les cinq vers incriminés, tout vifs imprimés dans le Tableau historique et critique de la poésie française. […] En dépit de tout ce qu’on écrira, de tout ce qu’on dira, il est indéniable que nous avons été poursuivis en police correctionnelle, assis entre les gendarmes, pour une citation de cinq vers de Tahureau imprimés dans le TABLEAU HISTORIQUE ET CRITIQUE DE LA POÉSIE FRANÇAISE par Sainte-Beuve — couronné par l’Académie.
Le coup avait été si fort, que le contrecoup lointain l’emporta jusque dans la poésie ; son récit fut un drame, presque lyrique ; son style sévère et contenu s’épancha tout d’un coup en images passionnées et pressées. […] Ailleurs, comparant les différentes poésies, il n’en trouve qu’une digne de ce nom, la poésie lyrique, parce qu’elle seule exprime les grandes et intimes douleurs de l’âme.
En 1880, il a fait paraître les Satires contemporaines, qui devraient plutôt s’appeler les « Satires inoffensives » et qui ne sont guère que des fantaisies plus malicieuses que méchantes ; puis, en 1884, Ad Memoriam, œuvre de poésie personnelle et intime qui exprime la tristesse d’un rêve brisé !
[Préface à La Poésie des bêtes, de François Fabié (1886).]
Victor Hugo Sa poésie ne se produisait guère qu’à l’état d’ébauche.
On a de lui des Poésies Françoises & Latines, dont celles-ci sont les plus supportables.
Il y a aujourd’hui un Libraire du même nom, qui s’est exercé dans la Poésie légere, mais qui ne paroît pas doué du talent nécessaire pour y réussir.
Quoique ses Ouvrages, qui consistent en des Romans, des Contes, des Traductions, & des Poésies, soient semés de traits d’imagination, d’esprit, 28 de facilité, ils sont allés grossir la masse des Livres destinés à l’oubli.
S’il eût fait de la Poésie son occupation, comme il en fit son amusement, il eût pu égaler nos meilleurs Poëtes.
Soubeyran, à vouloir prouver que la Prose est préférable à la Poésie, dans le genre dramatique : on dira seulement, que son amour pour la Prose le porta à augmenter les fonds du Prix d'Eloquence de l'Académie de Toulouse.
Poésie, tome III, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1905, p. 3.
La poésie est la première des tentations ; très peu y échappent. […] Sainte-Beuve même, esprit critique s’il en fut, débuta par la poésie. […] Il est vrai que la poésie espagnole est la chose la plus facile du monde. […] Il s’agit de littérature et de poésie. […] « Honneur sans doute au rythme et à la rime, caractères primitifs et essentiels de la poésie.
Garda-t-il rancune à la poésie ? […] C’est celui-là que la poésie, le roman, le théâtre, non contents de l’excuser, ont exalté et divinisé. […] Or rien peut-être n’est plus opposé que la poésie et le romanesque. […] La poésie consiste à aller au fond de ce qui est. […] On s’était abreuvé de lyrisme continu ; on s’est défié même de la poésie.
Ils méprisent la poésie classique, mais ils méprisent toute la poésie ; ils méprisent la haute littérature classique, mais ils méprisent à peu près toute la haute littérature. […] Bayle est « moderne », admire froidement Homère, le trouve souvent un peu « bas », et, du reste, est aussi fermé à la grande poésie, et même à toute poésie, qu’il soit possible. […] Il n’est point amoureux, et rien ne le montre mieux que ses poésies amoureuses. […] Sa poésie et sa fantaisie sont du goût de Louis XIII. […] Il n’atteint pas la grande poésie, c’est-à-dire la poésie.
Si une inclinaison irrésistible au songe, une recherche inquiète et patiente de la beauté, une sensibilité nostalgique, combattue et dominée par une faculté d’idéalisation généreuse, créent la poésie, il était né poète.
Mariotte, Émile [Bibliographie] Les Déchirements, poésies (1886). — Diwân (1896).
Après avoir chanté dans sa jeunesse des refrains qu’ont répétés les échos de l’Helvétie, il a pris, en vieillissant, une vocation de plus en plus prononcée pour la poésie intérieure et morale.
Trézenik, Léo (1855-1902) [Bibliographie] Les Gouailleuses, poésies (1882). — L’Art de se faire aimer (1883). — Les Hirsutes (1883). — Proses décadentes (1886). — Les Gens qui s’amusent (1886)
Quoiqu’il ait été de l’Académie Françoise, on ne se souvient plus ni de ses Poésies, ni de ses Traductions, ni de ses Histoires : son nom auroit vraisemblablement subi le même sort, sans ces deux vers de Boileau.
Ses Poésies sont très-agréables pour ceux qui préferent l’esprit & la gentillesse au sentiment.
Les Poésies Latines de M.
Ses Productions connues se réduisent à un Poëme de Narcisse, dont quelques détails paroissent aussi heureux, que l’invention en est médiocre ; à une Ode assez froide, pour faire juger que la Poésie lyrique n’étoit pas de son ressort : mais les morceaux d’Imitation des Géorgiques de Virgile, insérés dans les Nouvelles Observations critiques de M.
Castilhon, les Amusemens philosophiques & littéraires de deux Amis, où la Poésie & la Prose sont judicieusement & agréablement entremêlées, il a composé un Essai sur l’Art de la Guerre, auquel on ne peut reprocher que la modestie du titre.
Cependant de la chaleur, de la poésie et de l’enthousiasme.
Renée dans sa jeunesse a eu ses Heures de poésie 60, il a eu son hymne À la beauté idéale, il s’est mêlé en fidèle au cortège d’André Chénier ; il a connu intimement, il a aimé et apprécié Maurice de Guérin, ce poète du Centaure, qui promettait à l’art un génie original. Je ne sais quel goût de distinction native : se sent toujours chez ceux qui, jeunes, ont eu de ces religions secrètes ; même quand l’heure de l’érudition est venue, on se dit en les lisant, et on devine à un certain air, que la poésie a passé par là. […] D’ailleurs Pradon avait fait une critique des poésies de M. […] Bernis, à ses débuts, ne se proposait pas d’autre idéal, et lorsqu’il fit ses premiers pas dans la carrière de la poésie comme dans celle de l’ambition, c’est auprès du duc de Nivernais, et dans son cercle élégant et poli, qu’il mettait du prix à recueillir des suffrages. […] [NdA] Heures de poésies, par Amédée Renée ; Paris, chez Delloye, 1841.
. ; Saül, tragédie biblique que j’ai imitée ou traduite en vers dans ma jeunesse, et qui a quelque originalité parce qu’elle a plus de poésie réelle, ne sont pas sans talent, mais sont presque sans génie ; ces plagiats plus ou moins éloquents de langue étrangère, si l’on n’est pas soi-même un maniaque de langues, ne laissent rien dans l’esprit de celui qui les parcourt, que la froide satisfaction de se dire : J’ai lu une banale déclamation dans un dialecte bien imité. […] Il a fait dix-sept satires, un tome de poésies lyriques. […] « C’est la duchesse de Devonshire, la plus belle et la plus riche des Anglaises, avec laquelle j’étais lié, et qui me mentionne dans son testament d’amitié peu d’années après ; l’excellent cardinal Consalvi, ministre du cœur de Pie VII ; lord Byron ; Hoblouse, son ami ; Thomas Moore, le poète de l’Inde ; lord Russell, qui gouverne encore aujourd’hui l’Angleterre ; Lamartine, ajoute l’historien, non plus timide et tremblant, comme en 1811, mais levant déjà son front inspiré, et lisant à ce noble auditoire les strophes mélodieuses qui allaient renouveler la poésie en France. » Ce salon était un sommet serein de la pensée qui réapparaissait au-dessus des flots. […] À son retour, il rêve une gloire poétique, mais il ne se trouve dans l’esprit ni poésie ni langue ; il se décide à suppléer à la poésie, qui lui manque totalement, par cette espèce de jargon pédestre qu’on fait passer pour du génie devant les parterres ; il va chercher une langue presque morte en Étrurie.
Charles Asselineau À de certains scintillements qui brillantent çà et là la poésie de M. le marquis de Belloy, on songerait plutôt à la baie de Naples et à ses heureux rivages, où l’ombre et la molle brise de Sicile lui ont sans doute conseillé ses deux dernières comédies : Le Tasse à Sorrente et la Mal’aria.
Boissière, Jules (1863-1897) [Bibliographie] Devant l’Énigme, poésies (1883). — Provensa !
. — Poésie de la dernière saison, œuvre posthume avec une notice par M.
. — Poésies posthumes (1884). — Le Triomphe de l’amour, drame en vers (1885).
Sainte-Beuve Je ne ferai que saluer au passage notre amie Mlle Ernestine Drouet, aujourd’hui Mme Mitchell, l’une de nos dames inspectrices les plus instruites, les plus capables, mais que ces graves fonctions n’ont pas arrachée à la poésie.
. — Ce que disent les fleurs ; le Son d’une âme, poésies (1896).
. — Poésies pour tous (1866). — Les Magiciennes d’aujourd’hui (1869). — La Vie de feu (1875). — Les Mariages dangereux (1878). — Les Rieurs de Paris (1880). — Les Romans du wagon (1883). — Les Jeunes Gens à marier (1886).
Ses Poésies marotiques sont agréables, quoique fort au dessous de leur modele.
Sans la singularité d’un stratagême dont il s’avisa, son nom ne seroit pas plus connu que ses Poésies ; mais on se ressouviendra toujours que pour donner du prix à ses Vers, il les fit paroître sous le nom imaginaire de Mlle Malcrais de la Vigne.
Ami de Malherbe, & son compatriote, il s’exerça comme lui dans la Poésie, sans avoir les mêmes talens, & n’eut pas, par conséquent, les mêmes succès.
Le naturel & le tendre de la Poésie, l’intelligence & les ressorts de ce genre de Spectacle, y sont employés avec une finesse qui en rend l’effet des plus intéressans.
En effet, ses Tragédies & ses autres Poésies ne valent pas mieux que sa Poétique, dont le style, tantôt obscur & emphatique, tantôt diffus & rampant, est très-proportionné à la médiocrité des pensées, & à la foiblesse des principes.
Il remporta cinq à six fois le prix de la Poésie à l’Académie Françoise, & ses Ouvrages couronnés ont encore la force de se soutenir dans l’estime des Connoisseurs.
Après l’Abbé de Chaulieu, il est un de ceux qui ont le mieux réussi dans ce qu’on appelle Poésies fugitives, ou Vers de Sociétés.
Le genre auquel il s'est le plus particuliérement attaché, est la Poésie lyrique ; & par le feu, la verve, la noblesse qui regnent dans ses Odes, on voit qu'il est né Poëte.
L'élégance & la noblesse de l'expression n'ont pu sauver de l'oubli ses Poésies Latines, qui manquent d'imagination & de verve, qualités absolument nécessaires à un Poëte pour vivre dans la posterité.
Anonyme C’est un livre de poésie pure, c’est aussi un livre de réalité poignante, un salut en même temps qu’un adieu à la vie, puisqu’il s’agit d’un poète, atteint du mal inguérissable de la phtisie, dont il meurt, dont il se sent mourir, agonisant amoureux de la nature, des cieux de Provence, des joies des choses, des tendres caresses de la femme, de tout ce qui ravit les autres et qu’il faut quitter.
Henri Rouger croit obstinément à la poésie.
Son Poëme de la grandeur de Dieu dans les merveilles de la Nature, a eu d’abord de la célébrité ; mais, à le bien examiner, il ne differe de ses autres Poésies, que par quelques morceaux heureux, & par des notes instructives à la vérité, mais tirées pour la plupart du Spectacle de la Nature, de M.
Ses deux Traités de la Poésie & de l’Eloquence, sont une répétition inutile des préceptes des grands Maîtres anciens & modernes.
Le Recueil de ses Poésies n’a pas été accueilli du Public aussi favorablement qu’il le méritoit.
Quant à ses Poésies, on peut les négliger sans conséquence, si on excepte deux ou trois Pieces, sauvées du naufrage, à l’abri de ces Recueils qui n’ont pas toujours le pouvoir de s’en sauver eux-mêmes, faute d’être faits avec discernement & avec goût.
Elle cultiva la Poésie, & s'attacha sur-tout à l'Elégie, où elle est regardée comme un modele de délicatesse, de naturel, & de facilité.
La faculté de demi-métamorphose dont parle Sainte-Beuve devient une métamorphose entière, comme la demi-lune de Mascarille, une métamorphose de tout en la poésie et de toute la poésie en Hugo. […] La critique pure naît ici des mêmes sources glacées que la poésie pure. […] Mallarmé n’a fait de la poésie que pour préciser l’essence de la poésie, il n’est allé au théâtre que pour chercher cette essence du théâtre, qu’il lui plaisait de voir dans le lustre. […] Taine éprouvait un grand mépris pour Victor Hugo et lui préférait la poésie de Musset ; Brunetière préférait de beaucoup les vers de Sully-Prudhomme à ceux de Baudelaire. […] Quand Lamartine ou Leconte de Lisle croient donner une théorie de la poésie, entendez que chacun donne une théorie de sa poésie et transforme spontanément les habitudes de son génie en lois d’un genre.
L’amour, la poésie amoureuse, y semblaient, même aux hommes les plus graves, la principale affaire. […] Est-ce que la prose italienne a précédé la poésie ? […] Le titre qu’il leur donne, Vérité et Poésie, ne doit-il pas nous tenir en garde ? […] Elle contracte avec la poésie une alliance intime. […] Il revient incessamment aux grandes sources primitives de la poésie hébraïque et hellénique, à l’Orient des aryens.
Edmond Barthélemy Édouard Dubus nous apparaît surtout comme un poète du sentiment, un des derniers poètes du sentiment, tout à fait près de Verlaine, avec, pourtant, des garanties de développements, de certains développements qui donneront autre chose… Un poète du sentiment, mais point sentimental ; de là, sans doute, le sourire mi-navré, mi-ironique de cette poésie où toutes sortes de tendresses s’évaporent dans le doute, se meurent d’incertitude, encens à qui l’espace fait défaut.
Arsène Houssaye, mêle à son inspiration française une veine de poésie allemande ; il a un sentiment domestique et naturel qui lui est familier, et l’on dirait qu’il a eu autrefois une des sylphides des bords du Rhin pour marraine.
Arnaud cultiva aussi la Poésie.
Il joignit à ce talent celui de la Poésie ; cependant sa réputation poétique n’est pas aussi glorieuse que celle qu’il s’est acquise comme Acteur.
Il a donné une édition des Poésies d’Anacréon, des Comédies de Plaute, & des Commentaires de César, Ouvrages qui lui assurent l’estime des Amateurs de la Littérature ancienne.
Dans ses Poésies Latines, on trouve une élégance & une urbanité qui en rendent la lecture intéressante, quoique les différens sujets n’en soient pas toujours intéressans.
La plupart de ses Poésies, qui sont en grande quantité, furent imprimées chez Plantin, dont la célebre Presse n’avoit sans doute pas alors de meilleure occupation.
Il y a un autre Auteur du même nom, Conseiller en la Cour des Monnoies, né aussi à Reims en 1736, dont nous connoissons quelques Poésies fugitives, qui supposent le talent d’exprimer de petites choses d’une maniere aussi facile qu’agréable, & un Dictionnaire des origines, qui donne une idée trop succincte des objets qui en font la matiere.
Ses Poésies Latines sont communément bonnes ; mais ses Vers François ne valent absolument rien, quoiqu’ils aient été loués par la plus grande partie des Rimeurs de son temps.
Au reste, ce Poëte est le premier qui ait tenté d’introduire dans notre Poésie les Vers blancs ou sans rime.
En fait, c’est tout qu’il faudrait souligner, car c’est l’ensemble qui donne la vraie note de cette poésie. […] On voit le charme, autant que les limites de cette poésie. […] Sa poésie vaut avant tout par le détail minutieusement observé, puis par le groupement de ces détails. […] Je prononçais tout à l’heure le beau nom de Chénier : je ne vois pas de meilleur exemple, en effet, ni qui soit plus frappant, d’assimilation de substance, pour la transformer en poésie. […] Une telle poésie serait impossible en terre germanique, et j’imagine qu’elle doit paraître incompréhensible à ceux qui n’y furent pas préparés par une identique formation.
Cet immense Homère a travaillé naïvement et admirablement pour les deux sexes, pour tous les genres d’éloquence et de poésie, pour toutes les conditions, pour les hommes forts et pour nous autres pauvres malades. […] Avec Ducis, l’enfant des montagnes, tout a changé : nous sommes dans un air pur, nous avons monté bien des degrés en honneur et en dignité morale comme en poésie. […] Il y aurait pourtant des fidèles qui, avertis par le coup de cloche, ne manqueraient pas d’accourir à la fête de ce Paul Ermite, de ce saint Jérôme de la poésie. […] Je crois que la défense de Claudius sera bien, quand vous l’aurez ornée de votre chaleur et de votre belle poésie.
Influence de Chateaubriand : le romantisme ; la poésie lyrique ; l’histoire. […] Tirer la conclusion définitive de la querelle des anciens et des modernes, montrer qu’à l’art moderne il faut une inspiration moderne (Chateaubriand disait chrétienne), ne pas mépriser l’antiquité, mais, en dehors d’elle, reconnaître les beautés des littératures italienne, anglaise, allemande, écarter les anciennes règles qui ne sont plus que mécanisme et chicane, et juger des œuvres par la vérité de l’expression et l’intensité de l’impression, mettre le christianisme à sa place comme une riche source de poésie et de pittoresque, et détruire le préjugé classique que Boileau a consacré avec le christianisme, rétablir le moyen âge. l’art gothique, l’histoire de France, classer la Bible parmi les chefs-d’œuvre littéraires de l’humanité, rejeter la mythologie comme rapetissant la nature, et découvrir une nature plus grande, plus pathétique, plus belle, dans cette immensité débarrassée des petites personnes divines qui y allaient, venaient, et tracassaient, faire de la représentation de cette nature un des principaux objets de l’art, et l’autre de l’expression des plus intimes émotions de l’âme, ramener partout le travail littéraire à la création artistique, et lui assigner toujours pour fin la manifestation ou l’invention du beau, ouvrir en passant toutes les sources du lyrisme comme du naturalisme, et mettre d’un coup la littérature dans la voie dont elle n’atteindra pas le bout en un siècle : voilà, pêle-mêle et sommairement, quelques-unes des divinations supérieures qui placent ce livre à côté de l’étude de Mme de Staël sur l’Allemagne. C’était en deux mots la poésie et l’art que Chateaubriand ramenait à la place de la rhétorique et de l’idéologie : c’était le sentiment de la nature et l’inquiétude de la destinée qu’il offrait comme thèmes d’inspiration, pour remplacer la description des mœurs de salon et la mise en vers de toutes les notions techniques. […] De celles-ci coulera tout le romantisme, histoire et poésie.
Glasenapp dit : « Dans la scène d’amour du second acte, les idées du philosophe ont été exprimées à la perfection dans le langage de la poésie et de la musique. » (I, 385) ; M. […] Ces tropes de la nuit et du jour, de la mort et de la vie, traînent depuis trois mille ans dans toutes les poésies. […] Il faudrait aussi admettre que Wagner fût allé à l’encontre de ses propres théories : « Dans le drame c’est par le sentiment que nous percevons… un sujet dramatique qui ferait appel tour à tour à l’intelligence et au sentiment serait un sujet sans cohésion, brouillé… le drame n’a qu’un seul but, agir sur le sentiment (IV, 97, 246, 253)… dorénavant deux chemins seulement s’ouvrent à la poésie ; ou bien elle peut quitter son domaine pour celui de l’abstraction, devenir philosophie, ou bien elle se confondra avec la musique… le langage de la musique ne peut être interprété selon les lois de la musique (VII, 150)… etc. » On pourrait m’objecter que dans ce cas spécial Wagner a oublié ces théories si clairement énoncées, si nous ne trouvions, dans ses propres œuvres, une preuve concluante du danger qu’il y a à vouloir voir des intentions philosophiques là où il n’y a qu’une œuvre d’art. […] Il a publié Poésie d’un vivant entre 1841 et 1843.
Hésiode fit un Roman ; Homere en fit pour le moins deux : ils décorerent leurs fictions des couleurs de la Poésie : voilà ce qui les distingue de quelques autres Romanciers leurs successeurs. […] Les Arabes, qui, dans tous les temps, avoient cultivé la Poésie & leur imagination, répandirent leurs productions romanesques dans les contrées de l’Asie & de l’Afrique qu’ils avoient subjuguées. […] Un de ses Ecrivains les plus versés dans la littérature ancienne & moderne, Giraldi, avoue que l’Italie est redevable aux François & de sa poésie & de l’invention des Romans. […] Ce furent, en effet, nos Troubadours Provençaux qui instituerent le genre de poésie perfectionné depuis eux, mais adopté chez la plupart de nos voisins.
Coran, Charles (1814-1901) [Bibliographie] Onyx, recueil de poésies (1840). — Rimes galantes (1817). — Dernières élégances (1869).
Gayda, Joseph [Bibliographie] L’Éternel féminin, poésies (1881). — La Soif d’aimer (1886).
Ses Poésies ne valent pas la peine qu’on en parle.
Les Réflexions sur la Poésie, la Peinture & la Musique, renferment tout ce qu’on a dit de plus juste, de plus sage & de mieux vu sur ces trois parties des Beaux-Arts.
Ce seroit toujours beaucoup, si le Public eût confirmé les éloges du Tribunal ; mais le vernis philosophique, répandu sur le Poëme de la Rapidité de la Vie, & sur le Discours en vers sur la Philosophie, n’en a pas imposé aux vrais Connoisseurs sur le défaut d’intérêt, de poésie & de vrai talent qu’ils y ont remarqué ; ce qui n’a pas empêché de regarder ces deux Poëmes comme très-supérieurs à ceux qui ont eu le Prix.
Presque toutes les parties des Belles-Lettres ont été de son ressort ; l’Histoire, la Politique, la Morale, la Religion, l’Art de traduire en Vers & en Prose, le genre romanesque, la Comédie, la Poésie légere, exercerent tour à tour sa plume, & ses Ouvrages eurent le plus grand débit.
Poésie, tome VII, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1933, p. 3.
1831 Voici deux livres nouveaux, deux œuvres de poésie éminentes et originales, deux productions bien diverses et en apparence tout à fait contraires de deux talents réfléchis et inspirés, de deux sensibilités, on ne saurait plus antipathiques au premier coup d’œil, et pourtant parentes au fond et presque sœurs. […] C’est le propre des poésies extrêmement civilisées de revenir avec une curiosité expresse à la nature la plus détaillée, à la simplicité la plus attentive.
Mais la vraie poésie de la Bible, qui échappait aux puérils exégètes de Jérusalem, se révélait pleinement à son beau génie. […] Mais la poésie religieuse des psaumes se trouva dans un merveilleux accord avec son âme lyrique ; ils restèrent toute sa vie son aliment et son soutien.
En Poésie comme en Prose, l'enflure, la froideur, la sécheresse, le ton dogmatique, sont les principaux traits qui lui donnent droit d'être cité, avec distinction, parmi nos Lycophrons modernes. […] Le mérite de la premiere se réduit à deux ou trois Strophes, noyées dans un amas de grands mots vides de sens & de poésie ; la seconde offre, tout au plus, une douzaine de vers assez raisonnables.
— en la diminuant, atteint à la poésie ». […] Girard ne les défend guère énergiquement que par la seule raison qu’il était de tradition chez les Grecs, peuple harangueur, de faire des harangues ; qu’on tenait cela de la poésie épique, etc.
Assurément, je ne suis pas de ceux qu’un tel rapprochement peut offenser ; car j’ai toujours regardé la poésie matérialiste, travaillée, byzantine de Théophile Gautier, comme une poésie de décadence et d’épuisement, venant après celle de Lamartine qui a tant d’âme.
Cent ans pendant lesquels Napoléon nous secoua l’esprit sous les coups redoublés du Sublime, et fit de la poésie épique en attendant qu’il y eût des poètes ! […] Nous avons un Diderot, sans le pédantisme, sans le matérialisme du philosophe Diderot, un Diderot… rien qu’éloquence et poésie !
Quand il publia ses dernières poésies, — Émaux et Camées, — je consacrai, dans ce livre des Hommes et des Œuvres 31, une longue étude à ce talent savant et laborieux. […] Excepté en poésie, où il sent et pense pour son propre compte, M.
Au milieu des intérêts haletants de ce pays de la matière, Poe, ce Robinson de la poésie, perdu, naufragé dans ce vaste désert d’hommes, rêvait éveillé, tout en délibérant sur la dose d’opium à prendre pour avoir au moins de vrais rêves, d’honnêtes mensonges, une supportable irréalité ; et toute l’énergie de son talent, comme sa vie, s’absorba dans une analyse enragée, et qu’il recommençait toujours, des tortures de sa solitude. […] Le Robinson de la poésie, dans son île d’Amérique, eut mieux que Vendredi, pour supporter et partager la vie.
Rachilde, déjà à moitié folle avant la rencontre de cette poésie trop forte pour elle, coucha peut-être une nuit entre Edgar Poë et Baudelaire. […] C’est la fleur de poésie, sans la terre de réalité sur laquelle elle poussa. […] La Fée des Chimères, avec ce charme inattendu d’une poésie craintive jusqu’à l’ironie, est de ces livres qu’on ne refait pas. […] On y voit non seulement la matière des « poésies », mais encore les qualités et quelques-uns des défauts de leur manière. […] La poésie s’est vengée de trente-cinq ans d’infidélité et les vers de Mme William Mitchel sont très inférieurs à ceux d’Ernestine Drouet.
Millet a pris les choses d’aussi haut qu’il a pu : il remonte à la naissance de la Poésie Grecque, & nous donne une idée des talens de douze Poëtes qui ont précédé Homere.
Après avoir donné une élégante Traduction en Vers d'Anacréon & de quelques autres Poëtes Grecs ; après avoir débuté sur la Scene par deux Tragédies, Ajax & Briseïs, qui n'ont pas eu, à la vérité, beaucoup de succès, mais qui en eussent obtenu davantage, si une Poésie pure, facile, & harmonieuse, pouvoit remplacer le défaut d'intérêt dans l'une, & faire pardonner la trop grande complication d'incidens dans l'autre ; il a renoncé à la carriere du Théatre, & semble avoir fait ses derniers adieux à Melpomene, dans son Appel au petit Nombre, où il prouve à la Multitude qu'elle a tort, avec autant de chaleur & d'énergie, que de littérature & d'érudition.
Ses talens singuliers pour la Poésie auroient pu être perfectionnés par le temps, si la mort ne l'eût enlevée aux Muses à la fleur de son âge.
La poésie et les arts ont en eux deux représentants de plus ; décidément c’est l’heure de ce qu’on a longtemps appelé les jeunes générations ; elles arrivent, elles se casent, elles s’assoient.
. — Le Franc-Tireur, chants de guerre (poésies, 1871). — Jeanne d’Arc, drame lyrique (1878). — Théâtre en vers, 2 vol. (1879).