En remettant en honneur les erreurs de cette époque, elle avait ravivé les préventions contre ses écrivains. Partisan très fervent des maximes opposées, si j’avais eu l’imprudence de juger ces écrivains dans le vif de ce retour de faveur et de disgrâce, j’aurais fait de la polémique au lieu de faire de l’histoire. Vainement me serais-je efforcé de ne regarder leurs œuvres que par le côté de l’art ; le philosophe invoqué par l’esprit d’anarchie m’aurait caché l’écrivain supérieur. […] J’ignore si je les ai bien jugés ; du moins j’ai la conscience qu’au moment où ces pages ont reçu leur dernière forme, il ne m’était resté aucun ressentiment de l’usage qu’on avait fait des erreurs de ces écrivains contre les vérités conservatrices de la société humaine. […] C’est à l’écrivain à se rendre assez maître de sa vie pour remplir son devoir envers le public et la vérité.
mon pauvre grand écrivain, votre Baudelaire à vous est venu ! […] Adieu, cher écrivain ; que vos orangers de Nice vous consolent de mes romans ! […] Henry Murger est un de ces écrivains qui se font aimer. […] Pour moi, Théophile Gautier est le type de l’écrivain « sans reproches ». […] Il est de ces écrivains pour qui l’observation n’est que la réflexion directe de leur propre cœur.
Dans le courant de l’année 1800 les écrivains ont-ils songé qu’ils allaient être du dix-neuvième siècle ; et croirons-nous qu’ils se soient évertués à différer d’eux-mêmes pour le 1er janvier 1801 ? […] Rares en œuvres durables, elles sont souvent fécondes en écrivains de tout genre, et surtout en idées. […] J’ai fait un choix parmi les écrivains, et je n’ai retenu, pour en parler, que ceux dont il m’a paru que l’on pouvait vraiment dire qu’il manquerait quelque chose à la « suite » de notre littérature, s’ils y manquaient. […] En revanche, à d’autres écrivains, comme Honoré d’Urfé, par exemple, et comme Pierre Bayle, j’ai fait une place qu’on n’a point accoutumé de leur donner. […] On trouvera donc, à la fin de chacune de ces notices, l’indication presque complète des œuvres, et des meilleures éditions des œuvres de chaque écrivain, avec leur date ; et, en tête, l’énumération des principales sources auxquelles on pourra, si l’on le veut, se reporter.
De bons écrivains ont détesté Racine. […] Ceux qui ne sont pas écrivains en demeurent vibrants. […] Ces écrivains croyaient peindre fortement. […] Ce sont les écrivains de style abstrait ou style d’idées. […] C’est l’écrivain complet.
D’après lui, tous les bons écrivains ont imité Homère. […] Car ils sont fort rares, par bonheur, les écrivains français qui ont su le grec. » Que beaucoup de grands écrivains français aient imité Homère, c’est un fait que toutes les négations du monde ne détruiront pas ; et si, de plus, ils ignoraient le grec, cela prouve qu’il n’est pas nécessaire de le savoir pour faire des chefs-d’œuvre et fructueusement imiter Homère, Nous ne disons pas autre chose. […] Il est douteux qu’on ait raison quand, pour avoir raison, il faut donner tort à tant de grands écrivains. […] On la tient pour la pire des rhétoriques, on déclare « le paysan qui herse supérieur à l’écrivain qui suivrait un pareil conseil ». On a beau crier, pourtant, — les exemples de notre dernier livre le prouvent — les meilleurs écrivains n’ont pas eu d’autre méthode, qu’ils imitent Homère ou qu’ils transposent directement la réalité, comme Virgile, Chateaubriand ou Flaubert.
tel est le but éclatant, mais escarpé, que des écrivains nés d’hier se sont flattés d’atteindre aujourd’hui ; telle est la proie de lion intellectuelle qu’ils ont cru abattre dès leur premier coup de feu littéraire ! […] ; supposez enfin que toute cette gourme d’esprits faussés, mais non pas faux, qui est en eux, tombe un jour comme elle doit tomber sous peine de perdre le talent dont ils ont le germe, et vous aurez deux écrivains, — ou un écrivain à deux têtes, comme l’aigle d’Autriche — d’une expression étincelante, et chez qui la race mettra son feu ! Quant à savoir si cet écrivain ou ces écrivains acquerront jamais la haute aptitude exigée pour résumer une société morte, après l’avoir ressuscitée dans un volume de trois cents pages, c’est là une question qu’il est inutile de poser, car, pour cela, il faut du génie. […] Louis XIV, qui n’aimait pas la province, on sait pourquoi, l’insultait par ses écrivains ; mais MM. de Goncourt, dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale, n’ont-ils jamais su, ou les traditions de la famille ne leur ont-elles jamais appris, que la province — et surtout la province d’avant la Révolution — gardait dans ses châteaux et dans ses grandes villes un exemplaire plus pur que Paris lui-même de ce qu’on appelait la société française, de ce mélange heureux et si admirablement réussi de lumière, d’élégance, d’amabilité et presque de vertus, qui faisait de la France l’aimant du monde ? […] analyser Paris, analyser la province, montrer ce que l’un et l’autre et ce que tous les deux sont à la société française dont on lit l’histoire, voilà ce à quoi un écrivain sérieux était obligé.
C’est un écrivain d’application et d’agencement, de creusement et de volonté, lequel a la religion de Buffon : que le génie n’est qu’une patience… En raison même de ses facultés et de ses théories qui font suite à ses facultés, je crois bien que M. Théophile Gautier est peut-être le seul des écrivains actuels qui pouvait jouer sans déchet à ce jeu interrompu du Capitaine Fracasse, et l’achever aujourd’hui à peu près comme il aurait pu l’achever il y a trente ans. […] C’est la disposition des âmes qui l’ouvrent bien plus que la création de l’écrivain qui en fait l’immoralité et la contagion… Or, s’il en était ainsi pour M. […] Eh bien, cette double personnalité de poëte et d’écrivain en M. […] Je n’y ai pas reconnu non plus l’écrivain au vaste dictionnaire dans le recureur d’une vingtaine de mots tombés en désuétude, entre lesquels il roule la langue de tout le monde, et c’est surtout cette disparition totale de l’écrivain et du poëte, dont l’union donne M.
Les écrivains, qui veulent marcher trop vite, raillent l’Université, ses travaux et ses opinions ; et l’Université qui, par la nature même de ses études, est portée à s’occuper du passé plus que du présent, nie les écrivains. Les écrivains torturent volontiers le dictionnaire et se plaisent à martyriser la syntaxe ; l’Université repousse toutes les innovations, même parfois les mieux justifiées. Les écrivains se laissent prendre à toutes les idées qui flottent dans l’air, sans, hélas ! […] Ainsi comprise, la critique a produit, en France surtout, toute une littérature, dans laquelle des écrivains plus ou moins remarquables ont pu faire briller leur talent : Théophile Gautier et de M. de Banville l’ont quelquefois prise pour prétexte à leur éblouissante fantaisie ; M. […] Le résultat de ce travail est un portrait intellectuel plus ou moins complet, selon la valeur des documents employés et l’application du critique, de l’écrivain placé dans son milieu : les rapports entre l’homme et l’œuvre se trouvent déterminés ceux entre l’homme, l’œuvre et l’époque, sont indiqués.
Ainsi, l’aristocratie de l’intelligence sera sauvegardée et c’est la vraie tâche du critique et non pas d’enrichir les écrivains. […] Pourquoi les vrais écrivains leur envieraient-ils ces succès. […] En lui, il y a une âme passionnée pour la gloire de la Terre Natale et il est un des écrivains les plus purs de notre littérature. […] À tout prix, il veut museler la licence syntaxique de nos écrivains. […] Aujourd’hui que les écrivains s’en mêlent qu’elle évite avec la ceinture dorée, son ancienne renommée.
Une paresse générale, couverte sous les dehors de l’activité, gagne presque tous les Ecrivains. […] N’en blâmons pas les Auteurs ; c’est le public qui les a gâtés ; il veut du frivole, & nos Ecrivains n’ont pu s’empêcher de se tourner vers cet objet du goût dominant du siécle. […] Elle m’a été d’un grand secours pour certaines parties ; car ce savant Ecrivain n’a pas traité, à beaucoup près, tout ce qui regarde la Littérature. […] Il auroit été agréable pour moi, mais sans doute fort ennuyeux pour mes lecteurs, de donner un Livre tout rempli de louanges ; il falloit quelques Ecrivains médiocres pour faire contraste avec les excellens, & pour rompre l’uniformité. En appréciant le mérite des Ecrivains que la mort nous a enlevés, je me suis permis un peu plus de liberté que dans le compte que j’ai rendu des productions des Auteurs vivans.
Il le sentoit, & il a associé aux grands auteurs des écrivains médiocres & presque inconnus. […] Ils renferment les faits importans qui caractérisent le plus un écrivain, avec une liste de ses ouvrages & des éditions qu’on en a faites. […] On ne sauroit trop en recommander la lecture à ceux de nos Ecrivains qui traitent superficiellement les matieres qui demandent les recherches les plus profondes. […] Cet ouvrage contient la liste des Académies établies à Paris & dans les différentes villes du Royaume, & celle des auteurs vivans & des écrivains morts depuis 1751. […] Pour que les mémoires qui concernent les écrivains morts depuis peu, ne s’égarent point, M.
Pour comprendre cet écrivain, il faut connaître la terre qui le porta comme son fruit naturel. […] Ce vieillard avait été écrivain régimentaire des Zaporogues. […] Quel écrivain aux ambitions un peu hautes ne l’a rêvé, ce livre où l’on doit tout dire ? […] Une fatalité mystérieuse a pesé sur tous les écrivains de sa génération. […] … Mon ami, grand écrivain de notre terre russe, exaucez cette prière !
L’inquiétude du mystère, il n’est pas un écrivain digne de ce nom qui ne l’ait connue. […] Est-ce parce que ces écrivains sont de plus grands artistes que les nôtres ? […] De même le style des écrivains étrangers doit toujours nous échapper en grande partie. […] Quant à l’idée de la mort, je ne pense pas que jamais écrivain en ait été plus intimement pénétré que Pierre Loti. […] Oui, ce sont nos écrivains que j’appelle les vrais cosmopolites.
oui, sans doute, on n’enseigne pas à écrire, si l’on veut dire par là qu’il n’existe pas de méthode pour faire un grand écrivain. […] On prétend que le livre a réussi parce qu’il a trompé l’acheteur et que tous les lecteurs se sont crus capables de devenir bons écrivains. […] Il faut avoir de l’oreille pour être musicien ; il faut avoir le sens de l’harmonie pour être bon écrivain. […] Depuis quand est-on obligé d’être grand écrivain pour enseigner le style ? […] Qu’adviendra-t-il, si un écrivain d’autorité et de valeur semblables vante cette même phrase et cette même page ?
Il y a quelques années, un écrivain, celui qui trace ces lignes, voyageait sans autre but que de voir des arbres et le ciel, deux choses qu’on ne voit pas à Paris. […] L’écrivain ne put résister à la tentation d’examiner le Rhin sous ce double aspect. […] Dans l’illustre et grand siècle où nous sommes, n’avoir pas reculé dès le premier jour devant la laborieuse mission de l’écrivain, c’est s’être imposé la loi de ne reculer jamais. […] N’est-ce pas un devoir pour l’écrivain, quel qu’il soit, d’être toujours adhérent avec lui-même, et sibi constet, et de ne pas se produire autrement qu’on ne le connaît, et de ne pas arriver autrement qu’il n’est attendu ? […] Il n’est pas d’écrivain un peu réfléchi auquel cela ne soit arrivé.
Ce fut l’âge d’or de ses écrivains. […] Mais quand il vit que le succès de sa Revue tenait à d’autres causes que le talent des écrivains, ô bonheur ! il put se donner le plaisir d’éteindre, comme des quinquets, les écrivains de son recueil qui pouvaient avoir encore quelque étincelle, et de faire autour de lui le gris qu’il aime, ce hibou albinos ! […] Buloz est un mangeur d’écrivains. […] Des écrivains de la première heure, madame Sand est le seul dont la rédaction y soit habituelle, Gustave Planche avait interrompu la sienne, puis il l’avait reprise en ses derniers jours.
L’écrivain qui ne cherche que dans l’immuable nature de l’homme, dans la pensée et le sentiment, ce qui doit éclairer les esprits de tous les siècles, est indépendant des événements ; ils ne changeront jamais rien à l’ordre des vérités que cet écrivain développe. […] Dans le siècle de Louis XIV, la perfection de l’art même d’écrire était le principal objet des écrivains ; mais, dans le dix-huitième siècle, on voit déjà la littérature prendre un caractère différent. […] L’illustration littéraire du dix-huitième siècle est principalement due à ses écrivains en prose. […] Vers le dix-huitième siècle, quelques écrivains français ont conçu, pour la première fois, l’espérance de propager utilement leurs idées spéculatives ; leur style en a pris un accent plus mâle, leur éloquence une chaleur plus vraie. […] L’écrivain, l’orateur se sent exalté par l’importance morale ou politique des intérêts qu’il traite.
Alors que, depuis le xviie siècle, le monde était comme le milieu naturel de l’espèce des écrivains, alors que les ouvrages devaient, pour réussir et vivre, lui être et destinés et adaptés, il arrivera rarement désormais que les écrivains les plus illustres, les plus à la mode même, soient des hommes du monde, et y prennent l’esprit, la couleur de leur œuvre. […] L’imitation classique des œuvres grecques ou latines n’a plus de raison d’être : un écrivain perdrait son temps à se donner des mérites que presque personne ne sentirait. […] C’est un fait que les subtils écrivains, les graves penseurs, sont illisibles dans un journal : les unes nous impatientent et les autres nous fatiguent. […] Ce journaliste était né écrivain. […] Tous ces écrits sont des documents d’histoire : mais le plus instructif document, historique et humain tout à la fois, est celui que fournit le propre tempérament de l’écrivain.
La gloire d’écrivain & d’artiste le flattoit. […] Dans ce déchaînement universel des poëtes contre Corneille, Rotrou, le sublime Rotrou, fut le seul qui refusa de se prêter à l’indigne manœuvre d’un ministre despotique & jaloux de règner sur les écrivains comme sur les rois. […] Il accepta celle de Scudéri, de cet écrivain le fléau de la raison, du goût & de ses lecteurs, de cet odieux & boursoufflé chantre d’Alaric ou de Rome sauvée, de ce poëte si fécond & si stérile, ridiculisé par Despréaux & tant d’autres. […] Ce fut alors qu’un tas d’écrivains obscurs, enhardis par l’impunité de la satyre, ou par l’idée d’avoir part aux bonnes graces du cardinal, s’acharna, comme à l’envi, contre le plus bel ornement de son siècle, contre le créateur de la scène Françoise. […] Tôt ou tard, les cabales sont confondues, & l’écrivain supérieur triomphe.
Plaute, Térence, Salluste, Tite-Live, César, tous ces écrivains immortels, à qui la langue Latine est si redevable, qui l’ont enrichie de tant de beautés, ne furent pas jugés dignes d’être des modèles. […] Dès sa tendre enfance, Erasme s’étoit familiarisé avec tous les bons écrivains du siècle d’Auguste ; il avoit appris par cœur Térence & Horace. […] Mais il ne vouloit pas qu’elles fissent illusion, & qu’on ne distinguât point les défauts dont elles sont accompagnées, ni qu’elles préjudiciassent à tous les bons écrivains Latins. […] La fureur de montrer de l’esprit, & de jouer sur les mots, a gagné nos latinistes, autant que les écrivains François. […] La plus grande difficulté qu’il y a, selon ce même écrivain, à posséder une langue morte, vient sur-tout de la propriété des termes.
Pélissier, c’est là tout mon livre ; il n’a vu que cela, cela seul l’a frappé, il ne parle que de cela, et il conclut en disant que mon ouvrage est destiné à « faire croire que le génie des grands écrivains se mesure à la diligence avec laquelle ils pourchassent les répétitions ou exterminent les auxiliaires ». […] Inutilement exposons-nous pendant 300 pages les procédés de travail et la psychologie littéraire des grands écrivains, pour en dégager une théorie générale et un enseignement pratique. […] Il affecte de croire que toute ma « vivante démonstration de l’Art d’écrire se réduit à avoir blâmé les assonances et les répétitions des grands écrivains ». […] « Je ne crois pas, dit-il, qu’on doive demander des leçons de style aux grands écrivains. […] Pélissier ; ce n’était l’avis ni de Chateaubriand, ni de Mme de Staël, ni de Chénier, qui non seulement croyaient qu’on peut demander des leçons aux grands écrivains, mais conseillaient même d’étudier leurs manuscrits. « Je conseillerais, dit Chateaubriand, l’étude des manuscrits originaux des auteurs du grand siècle.
Ne serait-il pas le plus beau de nos écrivains ? […] Les écrivains sont disparates. […] Ahuris par le carnaval romantique, ils y saluaient pour grands hommes : romancier, le faux écrivain Octave Feuillet ; poète, le faux bonhomme Béranger. […] Ses écrivains, ses savants, ses philosophes, ses poètes sont les nôtres par excellence. […] Dans cette éclipse quasi totale, l’honneur revient à ses artistes, à ses écrivains d’avoir maintenu la France au rang des grandes nations.
Cet Ecrivain est plein de feu & d’énergie. […] Cet Ecrivain a l’imagination belle, l’expression noble, une éloquence admirable. […] Lenglet, est un rhéteur babillard plûtôt qu’un écrivain raisonnable. […] Cet écrivain n’étoit pas assez instruit, & ne vouloit pas se donner la peine de s’instruire. […] Un écrivain peut seulement, dit M. de V.
Ils pourroient dire ce que Quintilien répond pour les poëtes latins aux critiques qui auroient voulu exiger des écrivains latins, qu’ils plussent autant que les écrivains grecs. […] On trouve même dans les écrivains anciens des choses impossibles données pour vraïes, et des choses ordinaires traitées de prodiges. […] Pour donner une idée du progrès que les anciens avoient fait dans cette partie de la peinture qui comprend le grand art des expressions, nous rapporterons ce qu’en disent les écrivains de l’antiquité. […] Mais il est superflu de citer davantage les écrivains de l’antiquité. […] Le coloriste divin des temps passez, celui que les écrivains ont tant vanté, devient un artisan ordinaire en comparaison des nouveaux artisans.
Beaucoup d’écrivains se croient alors le droit d’inventer sans cesse des mots nouveaux ; et ce qui semble de l’abondance, amène la confusion. […] La langue des Allemands n’est pas fixée ; chaque écrivain a son style, et des milliers d’hommes se croient écrivains. […] Parmi leurs écrivains, ceux qui ne possèdent pas un génie tout à fait original, empruntent, les uns les défauts de la littérature anglaise, et les autres ceux de la littérature française. […] C’est un défaut réel dont les écrivains doivent se préserver. […] On a souvent reproché aux écrivains allemands de manquer de grâce et de gaieté.
Certainement si la France, en perdant au printemps de 1831 le très-estimable écrivain Victorin Fabre, avait perdu le tome cinquième en personne de Montesquieu, de Voltaire, de Jean-Jacques et de Buffon, on n’en parlerait pas autrement que M. […] Sabbatier est de ceux qui s’indignent « à la seule pensée de voir rabaisser nos grands écrivains au niveau de quelques extravagants d’Allemagne ou d’Angleterre » (page 21). […] En revanche, nous le verrons affirmer sans sourire (page 25) que cette littérature de la république, tant calomniée, comptait deux grands écrivains en prose, Bernardin de Saint-Pierre et Garat, comme si Bernardin de Saint-Pierre, qui avait produit tous ses grands ou charmants ouvrages sous le règne de Louis XVI, pouvait être dit un littérateur de la république, et comme si Garat, bon littérateur, pouvait être, dans aucun cas, appelé un grand écrivain. […] Ginguené se prend aussitôt pour le jeune homme d’une tendresse fondée sur l’estime, il l’appelle son fils, il l’adopte en quelque sorte ; et c’est là en effet la vraie place de Victorin, à la suite et à côté de ces écrivains estimables qui espéraient en lui un rejeton. […] Sabbatier, comme faisant éclair dans ce noir tableau, les seuls écrivains orthodoxes qui trouvent grâce à ses yeux, ce sont MM.
L’écrivain s’y est donné tout développement dans l’intervalle, et ne s’est refusé aucune des excursions ou des vues qui pouvaient agrandir son sujet et l’éclairer. […] Cette révolution, en deux mots, est celle-ci : Le siècle de Louis XIV est déjà bien loin de nous ; pourtant, jusqu’en des temps très rapprochés, les écrivains corrects, ceux qui aspiraient au titre de classiques, se flattaient non seulement de le rappeler, mais de le continuer. […] Nul mieux que lui n’avait mission, en effet, pour s’éprendre de la langue du Grand Siècle et pour la revendiquer comme sienne : il est certainement, de tous les écrivains de nos jours, celui qui en renouvelle le mieux les formes, et qui semble sous sa plume en ressusciter le plus naturellement la grandeur. […] Les diverses phases par lesquelles la prose a passé depuis la fin du xvie siècle s’éclairent avec précision ; les moindres variations de régime dans les formes et les vogues successives du langage viennent se fixer avec une sorte de méthode et de rigueur, non seulement par l’étude de quelques écrivains célèbres, mais aussi par celle de beaucoup d’écrivains secondaires et pourtant agréables, auxquels on avait peu songé. […] Parmi les écrivains témoins de la langue, M.
Les fondateurs de religions sont les oracles réputés divins ; les écrivains politiques sont les législateurs des nations. […] Rousseau fut un des premiers écrivains en France qui écrivirent avec l’âme. […] Rousseau fut le premier écrivain français de sentiment. […] Mais, si c’est là son vice comme moraliste, c’est là sa force comme écrivain. […] Ces deux filiations firent plus tard de Rousseau un enfant impressionnable, un écrivain sublime, un rêveur chimérique et un philosophe vicieux.
La philosophie anglaise est scientifique, c’est-à-dire que ses écrivains appliquent aux idées morales le genre d’abstraction, de calcul et de développement dont les savants se servent pour parvenir aux découvertes et pour les expliquer. […] Nos écrivains français ayant toujours présent à leur pensée le tribunal de la société, cherchent à obtenir le suffrage de lecteurs qui se fatiguent aisément ; ils veulent attacher le charme des sentiments à l’analyse des idées, et faire ainsi marcher simultanément un plus grand nombre de vérités. […] Les Anglais, dans leurs poésies, portent au premier degré l’éloquence de l’âme ; ils sont de grands écrivains en vers ; mais leurs ouvrages en prose participent très rarement à la chaleur et à l’énergie qu’on trouve dans leurs poésies. […] Quelques auteurs anglais, cependant, Bolingbroke, Shaftesbury, Addison, ont de la réputation comme bons écrivains en prose : néanmoins leur style manque d’originalité, et leurs images de chaleur : le caractère de l’écrivain n’est point empreint dans son style, et le mouvement de l’âme ne se fait point sentir à ses lecteurs. […] Ils reprochent avec vérité aux écrivains français leur égoïsme, leur vanité, l’importance que chacun attache à sa personne, dans un pays où l’intérêt public ne tient point de place.
Il y a sans doute quelques exceptions à ce dédain des écrivains du temps, soit pour la littérature des pays voisins, soit pour celle de la vieille France. […] Molière, le moins religieux des écrivains d’alors, a soin, quand il attaque les faux dévots, de mettre dans la bouche d’un de ses personnages l’éloge de la piété sincère. […] Tous les écrivains s’en inspirent, sauf trois ou quatre exceptions. […] Ainsi protestent quelques indépendants (toujours les mêmes) ; mais le reste des écrivains du temps acceptent et reflètent la philosophie régnante. […] Les écrivains psychologues abondent autour de lui.
À son talent d’historien et d’écrivain M. […] Longus est un écrivain célèbre. […] Il atteint par le moindre appareil possible la plénitude de sens où l’écrivain plat et vulgaire aboutit par d’ennuyeuses longueurs, et dont l’écrivain coquet se détourne pour faire admirer ses moyens. […] Il y a une très grande variété de styles, s’il y en a autant, non seulement que d’écrivains de génie, mais que d’écrivains vraiment personnels. […] Sarcey passe pour un écrivain plutôt débraillé.
Quelques écrivains que nous avons nommés illustrent cette époque. […] Peu d’écrivains ont obtenu plus de succès. […] Au total, Diderot fut un écrivain funeste à la littérature comme à la morale. […] Peut-être a-t-elle été plus nuisible que celle des autres écrivains. […] Un écrivain devint l’organe de ce ressentiment.
Le style qui y regne, annonce, nous en convenons, une plume exercée, le ton d’un Critique pénétrant, qui croit démêler le principe des actions & apprécier justement les hommes ; mais des Critiques plus pénétrans retrouvent trop souvent le Romancier dans l’Historien, le Bel-Esprit académique dans l’Ecrivain, l’homme à prétention dans le Moraliste. […] Duclos à la Bruyere, soit par la maniere, soit par le fond, il est cependant peu d’Ecrivains parmi nos Littérateurs, & sur-tout nos Littérateurs Philosophes, qui aient su racheter leurs défauts par autant de mérite. […] Je ne puis me dispenser, à ce sujet, de blâmer les Ecrivains qui, sous prétexte d’attaquer la superstition…… cherchent à saper les fondemens de la morale, & donnent atteinte aux liens de la Société ; d’autant plus insensés, qu’il seroit dangereux pour eux-mêmes de faire des prosélytes. […] Ils ne doivent pas ignorer que les plus misérables Ecrivains, en ce genre, partagent presque également cet honneur avec eux. […] Quels succè avoient pu inspirer tant d’orgueil à cet Ecrivain ?
Nul écrivain n’est plus réfléchi, plus calculateur que celui-ci. […] Ce Rivarol était le grand-père de l’écrivain. […] Elles ont aimé en lui un grand écrivain dont le génie vibrait à leur haleine. […] Mais un écrivain épique est nécessaire à la vaste conscience flottante d’une époque. […] Il est probable qu’en déplorant la disparition de la critique, les écrivains comme MM.
Taine qui est, avant tout, et sera, après tout, un écrivain, un homme littéraire, et qui, s’il entendait ses intérêts, resterait dans cette plantureuse voie de la littérature ; M. […] Mais si la moquerie n’est plus ici, il y a toujours, et plus avivé que jamais, le sentiment littéraire avec toutes ses sagacités et l’écrivain avec toutes ses fantaisies, l’écrivain qui couvre et parfois fait oublier le faux d’un système que je m’obstine à reprocher à M. […] Taine y sont moins exprimées que dans l’étude sur Stuart Mill, mais surtout parce que, l’écrivain chauffant l’écrivain, M. […] Taine, a prodigieusement inspiré l’imagination de l’écrivain ! […] Et c’est là ce que j’ai voulu noter aujourd’hui, c’est cette différence entre l’intérêt de ces deux notices, dans lesquelles je me détourne du philosophe pour ne voir et n’exalter que l’écrivain.
Le mérite d’un écrivain ne consiste pas à tout dire, mais à dire l’essentiel, le décisif, et à suggérer le reste. […] Nous retrouvons donc ici cette loi que nous avons déjà aperçue tant de fois : dans toutes les parties de la tâche de l’écrivain, la marque éminente de la bonté et de la beauté des choses, c’est la nécessité. […] Ces mots qui font saillir les qualités des choses sont précieux, et les maîtres écrivains en tirent de merveilleux effets ; mais un débutant allonge son discours plutôt qu’il ne le fortifie par les épithètes, qu’il reçoit souvent vagues et banales. […] Il n’y a que les écrivains supérieurs qui sachent être brefs, sans être secs, et faire tenir un sens infini dans une étroite formule. […] Rien ne paraît s’interposer entre l’esprit du lecteur et celui de l’écrivain, pour en gêner ou en rompre la communication ; il semble qu’on voie les choses mêmes, et non par l’intermédiaire des mots.
Ce sont aussi les qualités d’un autre écrivain de ce temps, la coqueluche aussi des bourgeois, qui aussi, comme Mme Sand, a ses prétentions d’artiste. Cet écrivain, c’est M. […] Outre le génie de l’écrivain, elle avait l’idée, l’aperçu, le trait, l’étincelle. […] — de son prudhommisme d’images, puisqu’on a fait d’elle un grand écrivain ! […] ici il ne s’agit plus que de l’écrivain !
C’est que Voltaire est plus qu’un écrivain et plus qu’un poète à nos yeux, c’est une date ; c’est la fin du moyen âge. […] Il était né de lui-même, fils de ses œuvres, comme on a dit plus tard ; écrivain de sentiment, il tirait tout de son propre cœur. […] Ce pays est si intellectuel, que ses écrivains le gouvernent plus véritablement que ses ministres. Ses rois donnent leurs noms aux monnaies, mais ce sont ses écrivains qui donnent leur esprit aux règnes. […] On la voit croître d’écrivain en écrivain, de livre en livre avec la littérature jusque dans l’antichambre du plus antirévolutionnaire des rois, Louis XIV.
On doit le compter sans doute parmi le petit nombre des écrivains originaux, quoique son genre soit bien insupportable à tout homme de goût & de bon sens. […] D’abord le général des Feuillans détacha trois ou quatre écrivains de son ordre, pour faire repentir Balzac de son audace. […] Quel gros volume ne composeroit point la liste de tous les écrivains accusés d’athéisme depuis Anaxagore ! […] Cette ombre de faveur & la gloire réelle d’être nommé le père de la langue françoise, le maître & le modèle de l’éloquence, acharnèrent contre lui de petits écrivains avides d’un peu d’or & de fumée. […] Il ne manque à cet écrivain d’une imagination élevée, d’un stile énergique, harmonieux, pittoresque & correct, que d’être né trente ans plus tard, & d’avoir pris le goût des grands écrivains du siècle de Louis XIV.
Giraudoux et constater qu’il n’est pas toujours un bon écrivain, qu’il est souvent un écrivain de qualité rare et exquise. L’étrange écrivain ! […] Pierre Hamp n’est pas un très bon écrivain. […] André Thérive, bon écrivain, judicieux humaniste. […] le signe de l’étourderie, chez un écrivain.
Cousin un grand écrivain ? […] N’aurons-nous jamais une Revue écrite par un écrivain ? […] Et, cependant, quels écrivains plus contraires ? […] Barbey d’Aurevilly est un écrivain. […] Combien de gens voient dans chaque écrivain un ennemi !
Cet écrivain méritoit ce ménagement par ceux qu’il avoit toujours gardés, même en donnant naissance à la cabale. […] Avec quelque génie, ajoute-t-il, que cet écrivain soit né pour réussir dans tout ce qu’il embrasse, tout lui fait ombrage. […] Milord Harvey, pour se donner de la considération, s’étoit mis à la tête de ce tas d’écrivains obscurs & conjurés contre Pope. […] L’auteur y passe en revue les écrivains & même les libraires de Londres. […] Je paye mes dettes ; je crois en dieu & dis mes prières. » La langue Angloise est redevable à cet excellent écrivain d’un caractère qu’elle n’avoit pas.
Que beaucoup d’écrivains veuillent les méditer ! […] C’est un écrivain probe qu’il faut estimer. […] Il est aussi bien publiciste, essayiste, écrivain d’art. […] « Une vie d’écrivain. […] Bruxelles, Association des écrivains belges.
Cet écrivain cherche de la réclame et c’est son droit. […] Adolphe Retté, que j’ai tout au contraire soutenu et défendu cet écrivain ; que M. […] L’Été est le délicieux début d’un excellent écrivain. […] Il considère Émile Zola comme le premier d’une famille nouvelles de poètes, et il sait gré aux jeunes écrivains naturalistes d’avoir rendu justice à ce grand écrivain. […] Ce sont toujours ses chères Flandres qui ont servi à l’écrivain de motif et de décor.
Paul Hervieu est un écrivain heureux, et qui mérite de l’être. […] Il suffisait alors d’un article ou d’un sonnet décelant l’écrivain pour vous notifier. […] Jusqu’à quel point est-il amusant d’analyser un écrivain de gaîté ? […] Aucun des écrivains gais de la promotion récente ne rit donc. […] On n’estime l’écrivain que comme fantaisiste.
Mirabeau écrivain est, en général, jugé assez sévèrement. […] Mirabeau écrivain ne se rendait pas compte sans doute de toutes ces choses. […] Dans Mirabeau écrivain, j’aperçois à tout moment l’orateur à demi penché, en avant et au-dessus de sa phrase. […] Je reviens à l’écrivain, et à l’orateur qui prélude dans l’écrivain. […] As-tu bien le front de comparer mon style à celui de ce Rousseau, l’un des plus grands écrivains qui fut jamais ?
Certains pensent avec des phrases toutes faites et en usent exactement comme un écrivain original use des mots tout faits du dictionnaire. […] Cela est impossible, du moment qu’on suppose que l’écrivain est sincère et qu’il est doué, comme cela fut d’abord convenu, des deux mémoires, visuelle et verbale. […] Tous les écrivains dénués de la mémoire visuelle n’ont pas nécessairement une excellente mémoire des signes, ou plutôt des groupes de signes. […] On ne s’occupe pas assez des mauvais écrivains ; je veux dire qu’on les devrait châtier d’une main plus ferme. […] Il semble bien cependant que l’extravagance d’un Cormenin soit moins pénible que la correcte platitude de tant d’écrivains estimés.
Je ne sais par quelle raison tant d’écrivains modernes nous parlent de l’éloquence des choses, comme s’il y avait une éloquence des mots. […] Ainsi la clarté est l’apanage de notre langue, en ce seul sens qu’un écrivain français ne doit jamais perdre la clarté de vue, comme étant prête à lui échapper sans cesse. […] L’estime raisonnée d’un philosophe honore plus les grands écrivains que les exclamations de collège, et la prévention des pédants. […] Mais les défauts des grands écrivains sont tout ce que les auteurs médiocres en imitent. […] En un mot, la vérité, la simplicité, la nature, voilà ce que tout écrivain doit avoir sans cesse devant les yeux.
Il ne s’agissait plus d’établir les règles de la langue ; on les avait reçues des écrivains supérieurs : la fonction de ces académies a été de les conserver. […] Patru courait pourtant moins de risques que Chapelain ; mais c’est un trait propre à cette école d’écrivains théoriciens : le goût les rendait timides. […] Aucune influence n’y fut plus efficace que celle des écrivains de Port-Royal. […] Nous en sommes venus à mieux aimer l’esprit que l’emploi qui s’en fait, et l’écrivain que la vérité. […] Tout est donné aux choses, rien à ce qui pourrait distraire le lecteur de l’objet traité, pour l’attirer sur la personne de l’écrivain ou sur son art.
. — La grande nouvelle qui domine toutes les autres est celle de la transformation du journal la Presse qui vient d’augmenter son format, d’abaisser son prix, et de prendre d’un grand coup de filet la masse et l’élite des écrivains. En effet, selon que l’annonçait le journal le Globe du 24 novembre, la Presse, par une spéculation audacieuse, vient d’acheter tout ce qu’il y avait d’écrivains sur le marché ; elle les a achetés à tout prix et comme à perpétuité ; elle a fait comme ces riches capitalistes qui, pour être maîtres de la situation, achètent tout ce qu’il y a d’huiles ou de blés et accaparent, sauf à revendre ensuite en détail aux petits marchands. […] Mais il y a pis ; car, en paraissant dans un journal quotidien politique, ces œuvres des grands écrivains servent avant tout d’appât et d’amorce à des doctrines et à des entreprises dont le but principal peut être funeste ou du moins directement opposé aux vues mêmes de ces écrivains. […] Thiers va publier l’Histoire du Consulat dans quelque temps, on espère exciter par là Chateaubriand à détacher de ses Mémoires toute la partie relative au duc d’Enghien et au Consulat ; le désir de rétablir les faits à son point de vue et la démangeaison de contredire Thiers feraient ainsi passer l’illustre écrivain sur la détermination, qu’on disait invariable, de ne rien laisser publier, avant sa mort, de son livre tant convoité.
Cet Ecrivain est un exemple que la Nature vend quelquefois bien cher les dons précieux qu’elle dispense à ses favoris. […] Les esprits désintéressés & connoisseurs l’ont déjà placé dans le très-petit nombre de nos Ecrivains qui ont un caractere à eux, & dont il est aisé de distinguer, au premier coup-d’œil, la maniere. […] Le premier devoir d’un Ecrivain éloquent, est de ne point se laisser séduire lui-même, parce que sa propre séduction entraîne bientôt celle des autres, & que l’on est fâché d’être obligé de condamner par réflexion, ce qui d’abord a subjugué par attrait. […] Linguet, nous dirons que cet Ecrivain, à qui l’on ne peut contester, malgré ses défauts, les qualités qui caractérisent le génie, auroit dû s’attendre, à cause de ces qualités mêmes, à plus d’égards de la part de quelques Gens de Lettres, qui n’ont pas senti combien il en méritoit. […] A peine cet Ecrivain a-t-il été hors de France, que, profitant de la liberté des presses étrangeres, il a écrit contre ses ennemis, & les a peints sous les couleurs les plus vraies.
Vinet est à la fois un écrivain très-français et un écrivain tout à fait de la Suisse française. […] Vinet à notre usage, écrivain complet, critique profond. […] Préoccupé qu’il est, avant tout, de la stricte déduction, l’écrivain ne se fie pas assez à la liaison générale et au courant simple de l’idée. […] Vinet quand il devient du meilleur aloi : car c’est alors un écrivain plutôt encore graveur que peintre. […] Il a donc assez des habitudes littéraires des écrivains de Port-Royal (et jusqu’à leur goût de l’anonyme), comme il a beaucoup de leurs doctrines religieuses.
On ne se demanda point si l’observateur l’emportait en lui sur le peintre, si le penseur était au-dessous ou au-dessus de l’écrivain. […] On dit de partout : « Voilà un grand moraliste, voilà un adorable écrivain ! […] Il avait pendant neuf ans (nous disait-on) étudié amoureusement les beautés de cet écrivain et cohabité avec son génie. […] Nous avons certainement beaucoup d’estime pour l’homme qui passe neuf ans de sa vie — une année de moins que pour prendre Troie — à purifier le texte imprimé d’un grand écrivain, à lui ôter, avec une loupe pour les voir mieux, ses plus imperceptibles grains de poussière, et à le rétablir dans toute la force et dans toute la beauté de ses points et de ses virgules ; mais il nous reste dans l’âme encore beaucoup d’estime que nous lui aurions offerte, et avec quel élan ! […] C’est là, sans doute une délicatesse… mais il est évident aussi que des délicats de cette espèce ne sont pas faits pour traiter largement un mâle sujet littéraire et nous l’ouvrir jusqu’aux entrailles ; il est évident qu’ils n’ont pas été créés et mis au monde pour ne rien comprendre aux énergiques trivialités des grands écrivains, et qu’il leur faut renoncer à écrire la biographie intellectuelle du Génie, aussi bien qu’à peigner, la crinière des lions !
Signaler la portée d’un tel écrivain était un beau rôle. […] Il est regrettable que si peu d’écrivains aient étudié l’enfant. […] Il fut un écrivain et un artiste. […] Mais quelle que soit l’aptitude de chacun, il est sûr que le bon écrivain et le mauvais écrivain procèdent en général de même façon. […] Rentrez dans le style de tradition des écrivains français.
De ces quatre grands écrivains, il en est deux que M. […] Pour les écrivains du xviie siècle, il fait d’ordinaire un partage égal. […] Nisard ne dissimule pas son éloignement pour cet écrivain. […] Rousseau est le premier écrivain du xviiie siècle qui l’ait connu. […] Ainsi le principe des vérités générales explique les beautés de nos écrivains, il en explique aussi les défauts.
Quand le critique est lui-même un écrivain de la valeur de M. […] Flaubert, comme tout écrivain, emploie l’une et l’autre. […] Carrère, critique orateur, aime les écrivains orateurs. […] L’un des trois écrivains auxquels M. […] Julien Benda parmi les « écrivains philosophes ».
Vous donc qui désirez vous essayer dans l’art d’écrire, étudiez les grands écrivains : c’est le meilleur des traités de rhétorique. […] La griffe du tigre se fait sentir sous le velours qui la couvre ; le caractère de l’écrivain se révèle dans ses écrits. […] L’infortune semble pour les écrivains une des conditions de la gloire. […] Loin de là, nous serons toujours heureux de voir le front d’un grand écrivain ceindre la double couronne du génie et de la vertu. […] C’est là une étude trop négligée jusqu’à ce jour dans l’appréciation des grands écrivains.
Toute époque teint de ses propres couleurs les hommes d’autrefois ; toute nation accommode et interprète à sa manière les écrivains qui ne sont pas de chez elle. […] Le roman russe de nos jours a induit beaucoup de nos écrivains à se demander, après Tolstoï, quel est le sens de la vie et à prêcher « la religion de la souffrance humaine ». […] A côté de quelques écrivains qui ont la franchise d’avouer leurs maîtres et de reconnaître leurs dettes envers eux, combien n’y en a-t-il pas qui cachent leurs emprunts, même les plus innocents, comme si c’étaient autant de larcins ! […] Je ne dis pas certes que tous nos écrivains aient le droit de répéter fièrement avec Musset : Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre. […] Tantôt les sujets traités par les écrivains sont profondément renouvelés.
Ces écrivains nuisent à l’art, sans rien ajouter à l’éloquence ni à la pensée. […] Mais il n’existe pas un écrivain éloquent ou penseur, dont le style ne contienne des expressions qui ont étonné ceux qui les ont lues pour la première fois, ceux du moins que la hauteur des idées ou la chaleur de l’âme n’avaient point entraînés. […] Le plus parfait de nos poètes, Racine, est celui dont les expressions hardies ont excité le plus de censures ; et le plus éloquent de nos écrivains, l’auteur d’Émile et d’Héloïse, est celui de tous sur lequel un esprit insensible au charme de l’éloquence pourrait exercer le plus facilement sa critique. […] Subdivisez les phrases de ce style autant que vous le voudrez, les mots qui les composent se rejoindront d’eux-mêmes, accoutumés qu’ils sont à se trouver ensemble ; mais jamais un écrivain n’exprima le sentiment qu’il éprouvait, jamais il ne développa les pensées qui lui appartenaient réellement, sans porter dans son style ce caractère d’originalité qui seul attache et captive l’intérêt et l’imagination des lecteurs. […] Il n’est pas probable toutefois qu’ils oublient l’écrivain qui a donné le plus de chaleur, de force et de vie à la parole ; l’écrivain qui cause à ses lecteurs une émotion si profonde, qu’il est impossible de le juger en simple littérateur.
Influence de nos écrivains sur l’Allemagne. — 2. […] Puis s’établissent les rapports directs entre les pays, voyages d’écrivains anglais en France, français en Angleterre582. […] Nombre d’autres écrivains ou écrivassiers français furent alors les correspondants particuliers de souverains, de princes, de gentilshommes dont la France était la patrie intellectuelle. […] Jamais dans un autre siècle on n’a eu à compter tant d’étrangers parmi les plus exquis de nos écrivains. […] Mais Frédéric Il est un grand écrivain : le mot n’a rien d’excessif.
Il faut pour cela que l’écrivain connaisse son lecteur autant qu’il s’en fait connaître, et juge d’avance l’effet que fera sur lui l’impropriété du terme, pour le contraindre à faire la correction nécessaire. Si le lecteur prend l’hyperbole à la lettre, ou l’ironie au sérieux, l’écrivain a manqué son coup, comme le chasseur maladroit qui tue son chien en tirant un lièvre. Ce qu’on appelle les figures de construction sont des incorrections plus ou moins fortes : comme elles se rencontrent assez souvent chez les grands écrivains, on les a décorées de noms savants qui les voilent ou même les proposent à l’admiration : syllepse, ellipse, pléonasme, etc. Il y a sans doute des lois secrètes de la pensée et du langage, qui peuvent dispenser parfois un écrivain d’obéir au code de la grammaire : mais c’est la postérité qui prononce dans ce cas s’il y a abus ou beauté, et, en tout cas, ces libertés ne sont pas à l’usage de ceux qui apprennent à écrire. […] Le nom de figures convient mieux à certaines constructions, et certains groupes de mots, où le choix et le goût de l’écrivain ont plus de part, et qu’il emploie, pouvant ne pas les employer.
Cet Ecrivain est comme Montagne, il perd continuellement son objet de vue, mais n’a pas, comme lui, l’art de répandre de la force & de l’agrément dans ses écarts. Montagne a le talent de développer tellement chacun des objets successifs, qu’il devient l’objet principal, & fait oublier volontiers le point duquel l’Ecrivain est parti ; on s’y arrête avec complaisance, par le nouvel intérêt qu’il inspire. […] On voit un Ecrivain qui veut établir un principe & n’établit rien. […] Malgré cela, M. de Voltaire & quelques autres Ecrivains ont su ressusciter cette cendre, & se parer très-souvent des dépouilles de ce Discoureur.
Un écrivain qui possède le don de l’optique théâtrale se gardera bien de le représenter. […] Un écrivain se promène sur le boulevard, et le tumulte de la foule l’enivre. […] Ce tour de force a paru impossible à tous les écrivains prudents. […] Pour un écrivain d’imagination, c’est d’ailleurs là une épreuve nécessaire. […] La seconde raison doit être cherchée dans l’âme même de l’écrivain.
On ne saurait imaginer en effet combien ce voisinage gêne un écrivain critique qui se respecte. […] quand on n’a qu’à vouloir pour être un bon et peut-être un grand écrivain, comment ne le veut-on pas tout de suite et toujours ? […] D’un autre côté, en faisant même abstraction du talent de l’écrivain, il est impossible de ne pas être touché de la généreuse hardiesse de sa tentative. […] Son talent d’écrivain y a même perdu. […] Scherer, qu’un semblable passage pour un grand écrivain !
Mais au moins, direz-vous, sont-ils de quelque évêque ou de quelque sévère écrivain Point ; M. […] Si quelqu’une a fait parler d’elle, il feint de croire que c’est seulement pour ses talents d’écrivain. […] Toutes, sauf une ou deux, ont été d’aimables et bonnes créatures : vous n’en pourriez dire tout à fait autant des écrivains de l’autre sexe. […] Sur cent écrivains de notre sexe à nous, il en est bien quatre-vingt-dix-neuf et demi qui n’ont rien inventé non plus. […] Elles ont joué un rôle considérable dans la vie de tous les grands écrivains, presque sans exception.
Au plus fixe-t-elle sa valeur d’écrivain, de chroniqueur. […] Je ne puis même endurer, sans souffrance, qu’une jolie bouche dise des sottises sur un écrivain que j’aime. […] Le premier article que j’ai consacré en entier à un écrivain était pour un confrère, de réel talent, mais dont le caractère m’était si opposé que, par la suite, nous nous brouillâmes tout à fait. […] On est sévère pour un écrivain parce qu’on attend beaucoup de son talent ; si on le discute, apparemment, c’est qu’il en vaut la peine. […] Il y a un intérêt d’histoire littéraire à préciser le genre du talent, et, au besoin, le tour particulier du gâtisme des écrivains aimés du public.
Il ne fut donc qu’un écrivain et qu’un feuilletoniste, Jules Janin, mais la rose est un composé de feuilles ! […] Il avait cette familiarité avec les inventeurs de se servir de leurs inventions dans son intérêt d’écrivain : sans cérémonie de grand seigneur, qui partout se sent un peu chez soi ! […] Il est assurément le seul écrivain qui ait eu l’audace de pareilles entreprises et à qui elles aient réussi. […] Et, de fait, ce jour-là, ce fut l’écrivain qui le maîtrisa, qui le déborda, qui l’emporta comme toujours, et ce ne fut pas, comme on l’a cru, la fatuité, — le turcaretisme de son bonheur. […] Sans sa vocation d’écrivain, il aurait été comme Théodore Burette, son ami, un professeur de rhétorique, et, clichés et ficelles !
Mais il a tant d’esprit, de bon sens, de naïveté, de finesse, de génie, que le désordre de ses pensées plaît plus que l’arrangement symétrique d’un écrivain médiocre. […] C’est peut-être celui de nos écrivains modernes qui a lu ces vieux auteurs avec le plus de fruit. […] On a fait disparoître dans cette collection le sophiste hardi, pour n’offrir que l’écrivain brillant, l’homme sensible, le moraliste penseur. […] On y admire cette connoissance profonde de la Religion, cet amour de la vertu, cette éloquence de style qui le distinguoient parmi le petit nombre des bons écrivains de son tems. […] Il faut pourtant en excepter la Jouissance de soi-même, le meilleur livre de ce fécond écrivain, & dans lequel on trouve le germe de tout ce qu’il a dit ensuite.
un écrivain de consistance et de résistance, très-distinct et très-différent de M. […] C’est un écrivain rencontré dans une École qui ne sait pas écrire et qui, pour cette raison-là, mais seulement pour cette raison-là, vaut mieux qu’elle. […] Duranty n’est un grand écrivain, et je doute qu’il parvienne jamais à cette transcendance. […] Duranty peut aujourd’hui nous en convaincre… Écrivain diminué par son système, il est encore plus diminué comme observateur. […] Duranty et cet écrivain, des analogies et des imitations.
Lors du grand mouvement de la Renaissance, les écrivains travaillèrent ainsi à faire avancer l’école qui demeurait attardée et embourbée. […] Les Académies sont formées d’écrivains arrivés ou parvenus ; elles représentent l’âge mûr et la vieillesse. Les cénacles sont composés d’écrivains qui entrent dans la carrière, qui se mettent en marche vers la gloire ; ils représentent la jeunesse. […] Il a dû avant tout écarter, terrasser les écrivains qui étaient, lors de ses débuts, en possession de la faveur générale. […] Les apprentis écrivains n’en sont pas devenus plus prudents.
On a vu par l’exposé historique du début que la plupart des critiques n’ont essayé de montrer la nature des écrivains dont ils s’occupaient que pour mieux apprécier leurs œuvres. […] Si la comparaison est ampliative, comme chez Chateaubriand, elle témoigne de l’accolement facile dans l’esprit de l’écrivain d’images relativement lointaines, douées d’un caractère constant de noblesse et de beauté, avec celles que lui présentaient ses souvenirs ou le cours de ses idées. Ce caractère constant peut s’expliquer par le plaisir qu’il procurait à l’écrivain, par une disposition organique qui lui faisait ressentir vivement les émotions de grandeur et qui a influé sur toutes les parties de son œuvre. […] Si la plupart des peintres et des écrivains réalistes ont une mémoire essentiellement visuelle, les dessinateurs japonais et les de Goncourt reproduisent plus particulièrement des sensations de mouvement ; des musiciens descriptifs, tels que Berlioz, sont des auditifs. […] Certains écrivains, par contre, comme Mérimée, Flaubert, M.
Ce fut à ce moment que deux excellents écrivains, M. […] Ils se rattachaient ainsi à la sévère et belle lignée des Nerval, des Constant, etc… Mais à ces écrivains a fait défaut le lyrisme Il serait à souhaiter, chez l’écrivain imbu de traditions et de critique qu’est M. […] S’exercera-t-elle, par dilution, chez des écrivains plus abordables, sur le grand public ? […] Ce sont des écrivains d’art utilitaire, d’appétit moralisant, des écrivains d’art social. […] Il n’est nullement nécessaire que l’écrivain soit égoïste ou purement passionnel.
Champfleury est, comme les conteurs, un écrivain qui touche aux poètes. C’est un écrivain qui, nous l’espérons pour l’honneur de son diamant futur, est encore tout entier dans sa gangue, et pour lequel nous serons obligé d’être sévère parce que nous lui croyons du talent en germe, et que l’esprit de ce système qui perd tout dans les arts et dans la littérature pourrait étouffer ce talent que nous tenons à voir s’épanouir. Il est une tradition d’école qui fait accuser le Père Malebranche d’avoir, dans son grand ouvrage De la Recherche de la Vérité, médit de l’imagination avec beaucoup d’imagination, jugement singulier et faux comme tant d’autres, car le Père Malebranche, qui a l’espèce d’imagination qui, pour un philosophe, est une maladie, n’a pas celle qui, pour un écrivain, est une faculté. […] Le xviiie siècle a si souvent été décrit, vanté, retourné par les écrivains ennuyés du xixe qui voulaient s’amuser un peu, et qui, dans leur maussade époque, n’en avaient jamais l’occasion, que l’imagination s’est blasée et qu’il est bien difficile de faire renaître un intérêt quelconque pour une société dans les entrailles de laquelle tous les chiffonniers de la littérature contemporaine, ces chercheurs souvent sans lanterne, ont donné leur coup de crochet. […] Quand on touche aux fils saignants des cœurs délicats avec cette délicatesse de main, on est mieux qu’un miniaturiste d’une époque fanée, on est un moraliste et un émouvant écrivain.
Que nous voici loin de la virtuosité théâtrale de certains écrivains. […] Et quand un écrivain habile comme l’est M. […] Pas plus qu’il ne songe à s’en formaliser, il ne songe à taxer l’écrivain de perversité ni son livre d’indécence. […] On pourrait souhaiter que les leçons du moraliste aient autant d’efficacité que celles de l’écrivain. […] Certains de ses articles firent date dans la carrière des écrivains qui les inspirèrent.
Les idées propagées par les écrivains, les penseurs entrent dans la mêlée sociale. […] Il n’y avait pas en cela qu’une humeur bientôt générale de quelques écrivains. […] Pourquoi, dans la main des écrivains, le scalpel et la sonde des chirurgiens ? […] Mais elle anime à leur insu les écrivains. […] La même loi continuera de plier les écrivains à sa discipline.
Mais alors l’accord se brise entre l’Église et les écrivains. […] Je ne parle pas des évêques, tels que Bossuet et Fénelon, qui brillent au premier rang des orateurs et des écrivains de l’époque. […] Ses démêlés avec les écrivains remplissent l’histoire du xviiie siècle. […] Or, qualités et défauts tiennent à l’idée qu’ils se font du rôle de l’écrivain. […] A plus forte raison, des écrivains, indifférents ou hostiles, ont-ils introduit soit des tendances soit des idées hérétiques.
Les écrivains de la troisième époque de la littérature latine n’avaient pas encore atteint à la connaissance parfaite, à l’observation philosophique des caractères, telle qu’on la voit dans Montaigne et La Bruyère ; mais ils en savaient déjà plus eux-mêmes : l’oppression avait renfermé leur génie dans leur propre sein. […] Les écrivains du temps des empereurs, malgré les affreuses circonstances contre lesquelles ils avaient à lutter, sont supérieurs, comme philosophes, aux écrivains du siècle d’Auguste. […] Il est possible que, dans une telle situation, les écrivains tombent dans l’affectation, parce qu’il leur importe trop de rendre piquantes les formes de leur style. […] Pline l’ancien est l’écrivain de l’antiquité qui a le plus approché de la vérité dans les sciences. […] C’est ce genre de progression qui se fait sentir dans les écrivains de la dernière époque de la littérature latine, malgré les causes locales qui luttaient alors contre la marche naturelle de l’esprit humain.
Or, il n’est pas vrai que l’écrivain doive se mettre à la mesure du public. […] — Beaucoup d’écrivains font de la critique, comme les jeunes filles de l’aquarelle : pour faire plaisir à leurs amis. […] — Il n’est qu’une chose qu’un écrivain ne pardonne pas au critique : le silence. […] … Sainte-Beuve, un peu légendairement sans doute, nous apparaît comme l’écrivain qui toute la semaine travaillait en vue de son article, de son Lundi. […] L’effort critique des écrivains contemporains, qui est sérieux et suivi, paraît intéresser les lecteurs des journaux et des revues.
Tel est le faible des écrivains à vues : s’il leur vient une idée, fût-elle hors de leur sujet, il n’y a pas de risque qu’ils en fassent le sacrifice. […] Il y a, tout au contraire, en Diderot des parties de l’écrivain supérieur. […] Au-delà de son art, je ne vois plus que la froide recherche de l’effet et le procédé de l’état de lieux, si fatigant même quand c’est un écrivain qui le dresse. […] On confondait en ce temps-là dans la même admiration les écrivains du dix-septième siècle et ceux du dix-huitième. […] Chateaubriand est peut-être le plus brillant de nos écrivains en prose, et nul n’est brillant s’il n’a de la flamme.
Mais la condamnation prononcée, au nom de l’art, contre ces écrivains et leur nombreuse famille m’a toujours semblé trop absolue. […] Peut-on en dire autant de tous ceux, sans exception, qui passent pour écrivains et sont comptés dans la « littérature » ? […] Le monde est plus largement ouvert à leurs écrivains et plus familier qu’à nous. […] Heureux écrivains ! […] Et il y a devant nous tous, écrivains ou poètes, des millions de créatures aimantes, souffrantes, altérées de savoir et de croire, et qui demandent : « Pourquoi suis-je né ?
Elle est d’observation facile ; elle est précieuse même pour les écrivains qui savent très peu le monde. […] Voilà pourquoi certains écrivains lui ont attribué une telle pauvreté de sentiments et d’idées. […] » Voilà donc, avec leurs avantages et leurs défauts romanesques, quelques-unes des figures parmi lesquelles un écrivain trouvera ses modèles. […] Plusieurs écrivains, je le sais, se livrent à cette œuvre de méditation dans la retraite de leur cabinet. […] Alors une vision émouvante s’ouvre devant l’écrivain, une vision qui lui fait oublier toute la peine passée, qui soutiendra son courage dans les épreuves nouvelles qui vont suivre.
Cette affectation inexcusable dans tout Ecrivain, plus encore dans un Ecrivain ecclésiastique, est sur-tout sensible dans ses Elémens de l’Histoire d’Angleterre, & dans ceux de l’Histoire générale. […] D’ailleurs, un Ecrivain impartial doit insister, avec le même zele, sur le bien & sur le mal. […] Il seroit incompréhensible qu’avec un style net, précis, correct, & quelquefois élégant, cet Ecrivain n’eût pas le talent d’intéresser ses Lecteurs, si on ne pouvoit en rejeter la faute sur la froideur, l’uniformité, & le défaut de mouvemens.
Accepté, non pas seulement par les Débats, mais par l’opinion, sur un pied très flatteur d’écrivain sans avoir jamais été contesté une minute par personne, lorsque le talent le plus robuste et même le génie le sont quelquefois si longtemps par tout le monde, — plus heureux en cela que M. […] Je ne trouve point cela bon, parce que cette mauvaise humeur ferait grimacer le talent le plus charmant, si on l’avait, et qu’elle doit horriblement fausser le regard de l’écrivain quand il s’agit de le promener avec lucidité sur le temps présent, dont on se croit franchement victime. […] D’écrivain donc de vocation, de devoir, de goût, d’écrivain qui aime ce qu’il fait, et pour cette raison le fait bien, il n’y en a point chez Prévost-Paradol. […] Comme tous les hommes qui sont, du reste, plus des rhéteurs que des écrivains, Paradol ne se soucie point du mot nuancé qui exprime la vérité des choses, et il fausse celui qu’il emploie en croyant le rendre plus fort… L’écrivain sincèrement passionné s’y prend de tout autre manière, car il a la mesure de sa passion même, tandis que ceux-là qui travaillent à froid et n’ont rien, comme disait Diderot, sous la mamelle gauche, craignent de manquer leur coup, et le manquent de peur de le manquer. […] Par la nature de son talent, Prévost-Paradol est peut-être, de tous les écrivains du Journal des Débats, celui qui convenait le mieux à ce journal et qui a le plus de ce qui s’appelle l’esprit de la maison.
Comment cet écrivain avait-il agi sur les esprits, et révélait-il sa qualité intime par son action ? […] Quelques nuances, quelques impressions ont été apportées par la sensibilité artistique des écrivains. […] Ce n’est pas cette mesure timide des gens de goût poli qui masquent ou nient volontiers les réalités laides, et qui aiment à voir en beau les écrivains dont ils s’occupent. […] Ils sont faits, toutes les fois que le sujet le permet, sur le type que voici ; Qu’est-ce que l’écrivain ? […] Il aura sa place au bas des pages ou dans les notices bibliographiques, non comme écrivain à étudier, mais comme guide, instrument et secours pour les hommes d’étude.
Les personnages sont les créatures du grand écrivain. […] Pour elle comme pour tout écrivain, le style est l’homme. […] Il a reçu en partage les dons qui font les grands écrivains. […] Un écrivain vulgaire serait tombé dans les fossés scabreux. […] Zola, l’écrivain a dû avoir plus de tentations que le prêtre.
Quelques Ecrivains modernes l’ont critiqué assez durement. […] Le propre des grands Ecrivains est d’avoir de foibles imitateurs. […] La censurer, ce seroit flatter les ennemis de cet Ecrivain qui en a beaucoup. […] La Poésie lyrique est le triomphe de cet Ecrivain. […] Il y a de très-belles Odes morales de cet Ecrivain aimable & estimable.
Et ce futur grand écrivain s’assigne un idéal de vie de plus en plus différent de la vie de l’écrivain et du littérateur de profession. […] Il était bon, d’abord, que l’écrivain vît le monde entier, non seulement le Pacifique, mais les mers du Pôle, non seulement l’Amérique, mais la Chine, non seulement Tahiti, mais le Sénégal. […] Pierre Loti a eu l’esprit d’y naître — et d’être officier de marine, c’est-à-dire condamné par sa profession aux pérégrinations sans fin Il fallait en second lieu que l’écrivain sût voir. […] Enfin, il fallait que l’écrivain sût exprimer ce qu’il avait vu et senti. […] Il est d’abord dans les choses même que l’écrivain nous met sous les yeux.
Pendant que les rois promènent leur cour dans les châteaux merveilleux qui se nomment Blois, Amboise, Chambord, Chenonceaux, écrivains et artistes sont nés en foule dans ce coin de terre privilégié. […] Ce qu’on peut se demander encore, c’est vers quelles contrées se portent les regards et les rêves des écrivains et du public. […] Il peut se produire une catastrophe qui se répercute dans l’œuvre des écrivains. […] Les tempêtes, la pluie et le beau temps n’obéissent guère aux injonctions qui peuvent leur être adressées par un écrivain, fût-ce un savant, fût-ce un mage ou un journaliste. […] Malheur à l’écrivain qui veut tout dire !
Briggs à l’écrivain téméraire qui oserait avouer toute la vérité sur le caractère de Poe. […] Des écrivains sortis de camps les plus opposés, — M. […] Serge Aksakof était, comme Tourguenef, tout ensemble un chasseur et un écrivain. […] Il fut plus tard un bon écrivain. […] Lombroso comme le premier des écrivains italiens.
On acclama surtout l’écrivain parce qu’il se doublait d’un homme politique. […] Elles le furent par les écrivains qui nous occupent dans ce volume ; elles le sont par ceux qui essayent de marcher sur leurs traces. […] l’écrivain dénué de sens moral qui, dans sa jeunesse composait un volume où l’on a remarqué surtout les situations scabreuses ? […] C’est ce que feront après lui Goethe et Schiller et tous les écrivains russes. […] Ils crurent, — avec bien d’autres, — que, chez un écrivain, le génie est fait pour la meilleure part des mouvements de son âme.
L’heureuse fécondité de cet écrivain est, en effet, proverbiale. […] Il n’existe pas même de loi pour l’interdire aux écrivains du troisième sexe. […] À l’écrivain d’un seul livre correspond le critique d’un même article toujours répété. […] Nul n’abonde en affirmations délibérées comme cet écrivain sceptique. […] Ce qui marque un écrivain, c’est qu’il sait écrire, vérité trop élémentaire !
L'écrivain heureux passe, bon gré, mal gré, à l’état de fermier-général, et trop souvent il acquiert les défauts en même temps que les bénéfices industriels. Je ne veux pas dire que l’écrivain goûté et dévoré du public doive renoncer à des profits légitimes pour laisser un libraire s’enrichir à ses dépens. […] Même lorsque l’écrivain reste poëte, c’est-à-dire insouciant, libéral et prodigue, même lorsqu’il dissipe, il est désastreux pour son talent qu’il ait tant à dissiper. […] Les pièces originales intégralement reproduites sont réunies ensemble par des pages de texte assez peu nombreuses, mais pourtant suffisantes pour supporter l’ensemble, pour le faire valoir, et offrir aussi le cachet brillant de l’écrivain. […] philosophique qui l’aura occupé, car nous tenons d’une personne qui l’a rencontré dans ce voyage et qui passait au retour par nos contrées, que l’illustre écrivain, chaque matin, méditait quelque chose.
Cependant les écrivains dont le génie s’était formé au milieu des luttes sanglantes de la liberté, devaient avoir un autre caractère que les écrivains dont les talents s’étaient perfectionnés sous les dernières années du paisible despotisme d’Auguste. […] Ils doivent en partie cet avantage à la raison profonde des écrivains qui les ont précédés. […] Les écrivains qui ont existé pendant la république, ne s’étant jamais permis d’exprimer les affections qu’ils éprouvaient, c’est dans le court passage des mœurs les plus sévères à la plus effroyable corruption, que les poètes latins ont montré une sensibilité plus touchante que celle qu’on peut trouver dans aucun ouvrage grec. […] Tacite est le seul écrivain de l’antiquité qui ait réuni ces deux qualités à un degré presque égal. […] La vue intellectuelle de Montaigne va bien plus loin que celle d’aucun écrivain de l’antiquité.
Il veut dire écrivain d’un jour. […] Paulin et Littré, menacent d’être longues, ils ne trouveront ni dans l’écrivain ni dans l’homme l’ascendant d’un dominateur. […] Il cachait ainsi une ambition verte, comme l’a si bien dit un écrivain de son temps, qui savait peindre ce qu’il voyait. […] Et voilà pourquoi, dans sa mesure, d’ailleurs étroite, nous préférons de beaucoup l’homme à l’écrivain. Nous l’avons dit déjà, l’écrivain était radicalement médiocre.
D'un autre côté, il apprécie, avec autant de justesse que de précision, les Ecrivains qui ont fait époque, soit en perfectionnant les Arts, soit en étendant leurs limites. […] Rigoley de Juvigny : on devient plus difficile à mesure qu'on voit plus de ressources dans un Ecrivain. […] En parcourant les différentes branches de la Littérature, on y met en opposition les Ecrivains qui ont préparé le Siecle de Louis XIV, avec ceux d'aujourd'hui ; & ce parallele, tracé avec autant de lumiere que de vérité, malgré les exceptions qu'on a soin de faire, ne tourne point à l'avantage des derniers. […] Tant qu'un Ecrivain pourra s'assurer de ne combattre qu'en faveur du bien public, il ne doit pas s'attendre aux suffrages de ceux qui en sont les plus mortels ennemis.
Il faut se dégager de la littérature pour être bon littérateur et du mauvais style pour être bon écrivain. […] Faisons nous-mêmes ce qu’ont fait les grands écrivains. […] Cela prouve qu’il y a plusieurs façons d’être écrivain. […] Saint-Simon est grand écrivain ; mais Montesquieu aussi est grand écrivain ; il l’est autrement, voilà tout.
Ce qu’on ne savait pas, c’était l’importance que trois pédants colossaux devaient retrouver, dans ce temps, aux yeux du moins de l’écrivain qui se dévouait à écrire leur vie oubliée. […] Tufière énorme, qui cachait sous les rides bilieuses du front de l’érudit l’orgueil d’une naissance chimérique, plus intraitable encore que son orgueil de savant, Joseph Scaliger, dans les mains d’un écrivain moraliste et d’une certaine vigueur de pinceau, serait une figure et un caractère. Seulement, pour détacher cette étrange physionomie, la creuser et la faire se mouvoir, il aurait fallu des qualités d’observateur et d’écrivain qui n’ont point été départies à la correcte, sèche et grammaticale nature de Charles Nisard. […] L’Abbé Christophe (Philosophes et Écrivains religieux, Les Œuvres et les Hommes, IIIe série).
N’est-il pas écrivain lui-même ? […] Mais enfin un écrivain se met nécessairement dans ce qu’il écrit. […] Faut-il marquer un écrivain d’un mot drôle et qui reste ? […] Ganderax est un écrivain qui a eu du bonheur. […] Marivaux est un écrivain contagieux, si l’on peut ainsi parler.
C’est un grand avantage pour parler d’un écrivain que d’avoir vécu dans sa familiarité, car il y a toujours beaucoup de l’homme dans l’auteur. […] Un écrivain remarquable, original, téméraire de vérité et de paradoxe, surgit dans un coin du monde. […] Ce qu’il y a de plus majestueux en lui c’est l’attitude et de plus miraculeux c’est l’écrivain. […] Le silence de Napoléon aux avances du grand écrivain avait aigri l’encre du comte de Maistre. […] Voyons maintenant en lui l’écrivain et le philosophe.
Toute la diction dans La Guerre et la Paix, dans Anna Karénine, témoigne de l’insouciance et de l’impuissance de l’écrivain. […] Cet écrivain, l’un des plus grands parmi les réalistes, perçoit et décrit le monde extérieur avec une vision originale immédiate, avec une pénétration dans ses détails et son intimité qui donnent la vérité même comme fraîchement découverte et saisie sur le fait. […] Toutes les visions dont le souvenir nous est ainsi présenté, lotîtes les émotions dont on est ainsi saisi, ont existé d’abord et ont frémi dans l’âme du grand écrivain qui les a fixées à jamais eu son œuvre. […] Au cours de sa carrière de grand observateur, cet écrivain eut l’infortune de porter un jugement définitif entre les phénomènes et les actes que lui montrait le cours de la vie. […] De ce désaccord intime entre les penchants de l’écrivain et le spectacle que son intelligence était forcée à contempler, sans pouvoir l’aimer ou le comprendre, ce fut un sentiment de tristesse, de répulsion, de détachement, de volontaire irréflexion qui résulta.
Nous allons essayer de définir les principaux de ces écrivains. […] Robert Scheffer est un écrivain compliqué. […] C’est un écrivain honnête dans tous, les secs. […] Toulet est l’un de nos écrivains les plus spirituels. […] Catalogue des écrivains, article : Mme de Villedieu.
On a vu dans cette querelle la cause du progrès, respectable, dit-on, jusque dans les plus méchants écrivains. […] Il appartient à cette classe d’écrivains qui se servent de la plume de tout le monde pour ne dire que ce que tout le monde dit. […] Aussi, les écrivains qui le cultivent sont-ils d’assidus courtisans de la mode à qui le spécieux doit sa fortune passagère. […] C’est par des ignorances sur les autres et sur eux-mêmes que les écrivains du dix-huitième siècle ont payé leur prévention contre les deux antiquités. […] Tel doit être le profit pour ceux qui lisent les écrivains du dix-huitième siècle à la lumière du dix-septième.
On m’a écrit de cette Ville plusieurs Lettres anonymes, où, après m’avoir prodigué plus de louanges que je n’en mérite, on se plaint de ce que j’ai accusé cet Ecrivain d’être ennemi du Christianisme. […] Quel Ecrivain s'inquiéta moins que lui de mettre de l'unité & de la suite dans ses conceptions ? […] Du Cabinet des Ministres j’ai été traduit au Tribunal de l’Académie, par le froid Ecrivain qui en est le Greffier. […] Moi décrier des hommes de génie ou des Ecrivains vraiment supérieurs ! […] Je croyois qu’avec de grands mots, on étoit grand Ecrivain, qu’avec des sentences ampoulées on étoit grand Moraliste.
Essayons donc d’apprécier les hommes qui font profession de juger les écrivains. […] Le sens historique, qui manquait au siècle, manquait à l’écrivain. […] Nos grands écrivains de l’Empire et des premières années de la Restauration, Chateaubriand, Mme de Staël, M. de Lamartine, M. […] D’abord le ton de la conversation, qu’affectionnent à juste titre nos écrivains, n’est pas plus facile à prendre que le ton dogmatique. […] Il semble que la plume des écrivains, comme la presse qui les copie, soit animée par l’infatigable vapeur.
A-t-il été un grand écrivain ? […] En un mot, nous demandons aux écrivains la comédie totale, corps et âmes. […] Est-ce le goût que vous demandez à un écrivain ? […] C’est un peintre, qui juge, avec toute la science d’un peintre et toutes les ressources d’un écrivain. […] L’écrivain plutôt timide des livres précédents est devenu audacieux.
Pour ne rien exagérer, ce fut bien plus une influencé bienfaisante qu’un écrivain supérieur. […] Quant à la force de l’expression, il ne s’y trouve rien qui n’ait été poussé plus loin par les deux meilleurs écrivains du même temps, Comines et Villon. […] Elle y réussit en plus d’un endroit, et cette ressemblance même avec un des plus grands écrivains de l’Italie n’est pas un médiocre mérite. […] L’écrivain de génie est supérieur à son temps et à tous les temps, et le titre n’en convient qu’à celui qui ajoute en quelque manière aux facultés de sa nation. […] Génin y a mis cette exactitude et ce soin ingénieux des éditeurs qui sont bons écrivains.
Henri Béraud (1885-1958) est écrivain et journaliste français, ancien combattant pacifiste, collaborant au Petit Parisien, à Paris-Soir. […] André Germain (1882-1971), écrivain français, critique d’art et critique littéraire. […] Malgré la modération de ses positions politiques, il est salué comme un symbole par les écrivains pacifistes. […] L’écrivain luxembourgeois d’extrême-gauche Pol Michels (1897-1956) s’inspire dans ses écrits du futurisme et de l’expressionnisme. […] Karl Otten (1889-1963), écrivain pacifiste allemand, ami de Heinrich Mann, Erich Mühsam et Carl Sternheim.
Ce que je dis là, de certains hommes, je le dis aussi de certains écrivains, M. […] Je comprends et il me plaît que la critique d’un écrivain catholique soit intolérante à l’endroit des ennemis de la foi. […] Quelques classiques, quelques écrivains ecclésiastiques, Balzac et Félicien Mallefille, c’est à peu près tout ce qu’elle épargne. […] Il plaît et règne par les apparences qu’il donne à sa personne physique, comme l’écrivain par ses livres. […] Cet écrivain catapultueux n’est-il donc que le dernier et le plus forcené des romantiques ?
L’esprit français, à l’état d’archétype comme dans Platon, est censé présider en personne à cette Histoire ; selon qu’il se reconnaît plus ou moins dans tel ou tel écrivain qui passe, il l’approuve ou le condamne, il l’élève ou le rabaisse. […] Dans cette suite pressée d’écrivains qu’il rapproche ou qu’il oppose, n’accorde-t-il pas trop à celui-ci ? […] Nisard n’est-il pas un peu subtil quand, séparant chez lui le spécieux et le vrai, il le veut bon écrivain sitôt qu’il entre dans le vrai, prosateur inégal et douteux dès que le spécieux commence ? […] Mais sur les trois ou quatre écrivains maîtres et rois du siècle, sur Montesquieu, sur Buffon, sur Voltaire, toutes les parts n’y sont-elles pas faites d’un coup d’œil élevé, d’une main sûre, et avec des expressions significatives qui restent dans l’esprit et dont on se souvient ? […] Le goût n’est pas une doctrine, encore moins une science : c’est le bon sens dans le jugement des livres et des écrivains.
Chaque phrase d’un écrivain crée une liaison de mots, qui tendra à se reproduire avec plus ou moins de fréquence ou de force selon la célébrité de l’écrivain et de la phrase. […] Le mot qu’on prononce accroche un vers, une phrase où quelque écrivain l’a logé : et il nous amène les autres mots qui y sont avec lui, bien qu’on n’ait affaire que de lui seul. […] Ces deux dernières catégories d’associations, qui n’évoquent que des mots, sont de mince secours pour l’écrivain. […] Ce qui arrive, c’est que l’écrivain lui-même se laisse entraîner à ces associations et n’a pas la force de les repousser. […] C’est à l’écrivain de savoir faire jaillir l’abondante source d’impressions qu’ils recèlent, souvent sous une apparente aridité.
Ce dernier écrivain se méprend un peu ; il y a dans « cette littérature-là » plutôt Danton que Marat. […] Les penseurs de ce temps, les poètes, les écrivains, les historiens, les orateurs, les philosophes, tous, tous, tous, dérivent de la Révolution française. […] Les écrivains et les poètes du dix-neuvième siècle ont cette admirable fortune de sortir d’une genèse, d’arriver après une fin de monde, d’accompagner une réapparition de lumière, d’être les organes d’un recommencement. […] Stimuler, presser, gronder, réveiller, suggérer, inspirer, c’est cette fonction, remplie de toutes parts par les écrivains, qui imprime à la littérature de ce siècle un si haut caractère de puissance et d’originalité. […] Les écrivains fils de la Révolution ont une tâche sainte.
Dès 1531, quelques écrivains François tentèrent également de réformer notre orthographe, d’après l’idée du Trissin ; mais ils ne réussirent pas mieux que lui. […] Quelques écrivains se flattèrent d’être plus heureux. […] Les plus grands écrivains se rangèrent à leur opinion. […] Beaucoup d’écrivains se joignirent à ce combattant redoutable. […] Suivre la raison & l’autorité, voilà, selon les écrivains les plus judicieux, la règle la plus sûre par rapport à l’orthographe.
Ce noble exemple, tant ridiculisé par un monde aveugle, me paraît, à lui seul, capable de racheter les erreurs de sa vie… Il y a loin de la dignité d’action du pauvre Rousseau à la pompeuse fortune littéraire des spéculateurs en philanthropie, Voltaire et son écho lointain Beaumarchais… » M. de Balzac, après avoir, non sans raison, remarqué que cette sévérité contre les auteurs qui vendent leurs livres siérait mieux peut-être sous une plume moins privilégiée à tous égards que celle de M. de Custine, se donne carrière à son tour, se jette sur les contrefaçons, agite tout ce qu’il peut trouver de souvenirs à la fois millionnaires et littéraires : la conclusion est qu’à moins de devenir riche comme un fermier général, on se maintient mal aisément un grand écrivain. […] Pour nous, l’impression a été surtout pénible : cette longue discussion de la pauvreté et de la richesse d’un écrivain nous a semblé triste. […] sans doute, l’argent, dans la vie et dans le talent de l’écrivain, pèse pour quelque chose. Mais à la pauvreté hautaine, étalée et presque cynique de Jean-Jacques, à la délicatesse de haut goût et un peu aristocratique de M. de Custine, à cette longue demande d’indispensables millions et de liste civile littéraire par M. de Balzac, je ne veux opposer, comme vérité, tact et dignité, qu’une page d’un écrivain bien compétent : « En vous rappelant sans cesse, écrit quelque part M. de Sénancour, que les vrais biens sont très supérieurs à tout l’amusement offert par l’opulence même, sachez pourtant compter pour quelque chose cet argent qui tant de fois aussi procure ce que ne peut rejeter un homme sage. […] Il le faudrait surtout, lorsque, recherché du public, on peut, en quelques semaines de travail, se procurer ce qui eût suffi à l’année d’un grand écrivain frugal d’autrefois.
Les Français cultivaient la littérature espagnole au commencement du dix-septième siècle : cette littérature avait en elle une sorte de grandeur qui préserva les écrivains français de quelques défauts du goût italien alors répandu dans toute l’Europe ; et Corneille, qui commence l’ère du génie français, doit beaucoup à l’étude des caractères espagnols. […] On voyait des écrivains saisir quelquefois, comme Achille, l’arme guerrière au milieu des ornements frivoles ; mais, en général, les livres ne traitaient point les questions vraiment importantes ; les hommes de lettres étaient relégués loin des intérêts actifs de la vie. […] Aucune pensée, aucun sentiment ne perd pour cela de son énergie ; l’élévation du langage conserve seulement cette dignité de l’homme en présence des hommes, à laquelle ne doit jamais renoncer celui qui s’expose à leurs jugements ; car cette foule d’inconnus qu’on admet, en écrivant, à la connaissance de soi-même, ne s’attend point à la familiarité ; et la majesté du public s’étonnerait avec raison de la confiance de l’écrivain. […] L’auteur qui a porté au plus haut degré de perfection, et le style, et la poésie, et l’art de peindre le beau idéal, Racine, est l’écrivain qui donne le plus l’idée de l’influence qu’exerçaient les lois et les mœurs du règne de Louis XIV sur les ouvrages dramatiques. […] La grandeur factice qu’il fallait accorder à Louis XIV portait les poètes à peindre toujours des caractères parfaits, comme celui que la flatterie avait inventé : l’imagination des écrivains devait au moins aller aussi loin que leurs louanges ; et le même modèle se répétait souvent dans les tableaux dramatiques.
Il faut rechercher la correction sans exagération, sans minutie, sans puérilité, respecter ces bonnes et larges règles de la syntaxe qui ont servi, non gêné nos grands écrivains, et qui sont l’image sensible du génie même de la langue. […] Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative. […] L’étude des écrivains du xviie siècle est extrêmement féconde en résultats, pour cette connaissance de la langue que je veux aussi approfondie, aussi vaste que possible. […] En recherchant les termes les plus justes qui répondent aux mots étrangers et aux idées des écrivains, on pénètre plus avant dans le sens des mots français, on en mesure mieux l’énergie et la vertu, et l’on en fait provision en même temps pour le jour où l’on devra exprimer ses propres pensées.
Ce roman nous raconte les gésines littéraires, les pénibles amours et les coliques néphrétiques du jeune Noël Servaise, écrivain naturaliste de son état. […] Mais il est visible que, depuis les naïfs aèdes qui amusaient les longues mangeries des âges primitifs, depuis les trouvères à l’âme superficielle et enfantine, depuis les écrivains du dix-septième et du dix-huitième siècle, même depuis les romantiques et les parnassiens, ce mal a fait chez nous d’étranges et effroyables progrès. […] Il y a aussi ce fait que la littérature, plus lucrative de nos jours qu’elle ne l’a jamais été, apparaît de plus en plus comme une profession à laquelle il est avantageux de se vouer exclusivement : et de là le nombre toujours croissant des jeunes écrivains, un pullulement prodigieux, une concurrence âpre, amère, enragée. […] Autrefois, un écrivain était le plus souvent un honnête homme qui faisait des livres, et qui, le reste du temps, vivait comme les autres hommes ; et cela d’autant mieux qu’il avait besoin, pour réussir, de se mêler à la société polie de son temps, et de se distinguer d’elle le moins possible. […] Un sublime écrivain n’en peut être infesté ; C’est un vice qui suit la médiocrité… Et encore : Que les vers ne soient pas votre éternel emploi, Cultivez vos amis, soyez homme de foi.
Il est peu d’écrivains, parmi les anciens & les modernes, qu’on puisse lui comparer. […] Il est de son vivant, ce qu’il sera aux yeux de la postérité, le premier écrivain de son siècle. […] Ces deux illustres écrivains firent connoissance ensemble l’an 1710, dans une distribution des prix du collège de Louis le grand. […] Les divisions de ces deux illustres écrivains produisirent souvent des traits lumineux : leurs personnalités furent mélées d’une critique saine. […] Il est bien difficile, en effet, qu’un long séjour hors de sa patrie, que les infirmités & les années ne changent la manière d’un écrivain.
— La preuve par les écrivains. […] Lebesgue exige des conditions compliquées : « Cela, d’ailleurs, ne suffit pas absolument à former l’écrivain ; il faut également savoir écouter, car c’est par l’harmonie, qualité rare, que les images s’évoquent, intégrales, dans le trame des phrases. […] Comment on invente : « C’est par le travail, la sensibilité et l’imagination qu’on entretient et fortifie la faculté d’invention, dit-il (page 163) », comme si on acquérait de l’imagination, comme si invention et imagination n’étaient pas presque des synonymes. — Comment on obtient le relief : « Il faut exaspérer son style, le chauffer, l’enfiévrer », comme si cela ne dérivait pas directement de la qualité sensuelle de l’écrivain. — Comment refaire le mauvais style : c’est pourquoi l’auteur corrige Lamartine. […] Ceci posé, mon livre s’adressant aux débutants et aux élèves, c’est-à-dire à ceux qui commencent à exercer leur faculté d’invention, j’ai prévenu, en effets ces apprentis écrivains « qu’il y avait des images qu’on peut découvrir plus facilement que d’autres, par l’application de l’esprit et l’effort du travail », à condition toujours d’avoir « du talent et des dispositions imaginatives ». […] Toutes traduisent les procédés de travail employés par les meilleurs écrivains, et c’est ce qui rendra toujours notre enseignement difficile à réfuter.
Écrivain lui-même, écrivain « distingué », disent les dictionnaires de biographie, ce ne sont pas, hélas ! […] Ce que l’écrivain proprement dit, l’écrivain digne de ce nom, a en vue, ce n’est pas tant, comme le simple publiciste, la diffusion large et rapide, que la permanence de sa pensée. […] Et maintenant, pauvre écrivain, quel parti prendras-tu ? […] On l’accorde à Gœthe entre tous les écrivains de notre siècle. […] L’harmonie était parfaite entre l’âme de l’écrivain et celle de son temps.
. — Les Philosophes et les Écrivains religieux (1887). — Les Œuvres et les Hommes, seconde édition (1889 et années suivantes). […] Barbey d’Aurevilly est un écrivain. […] — amusante, un psychologue hardi et pénétrant ; un de nos romanciers les plus dramatiques, un écrivain très original, et enfin, ce qu’il ne faut pas négliger, un des rares caractères de cette époque. […] Charles Buet Lamartine a caractérisé d’un mot l’écrivain dont nous inscrivons le nom glorieux en tête de cette étude : il a appelé M.
Préface Les essais qui forment ce livre sont consacrés à six écrivains de nationalités diverses, introduits, accueillis et devenus célèbres en France pendant ces cinquante dernières années et qui marquent ainsi un des traits particuliers de l’histoire de notre littérature : l’influence qu’y ont exercée des auteurs étrangers de race, de langue, de tournure d’esprit à tout ce que l’on considère comme le propre du génie gallo-latin. […] Le succès est venu d’abord aux écrivains nationaux qui se réclamaient de modèles étrangers. […] Enfin ce fut le tour des écrivains que nous allons étudier et aujourd’hui, l’accueil qu’ont reçu certains romans russes, a fait entreprendre d’un coup un nombre considérable de traductions, dont il faut bien que la vente paraisse assurée. […] Considérant ensuite l’œuvre de chacun d’eux comme compréhensible et admirable seulement pour des esprits dont elle exprime les penchants et qui se trouvent être ainsi dans une certaine mesure, les pareils moralement de son auteur, nous saurons à la fois et ce qu’ont de particulier les écrivains que nous sommes allés adopter à l’étranger, et ce que signifient les adhésions qu’ils ont recueillies eux et les artistes qui les imitent en France ou qui leur ressemblent.
Beaucoup d’écrivains distingués de notre dix-neuvième siècle les traversèrent. […] Dans son opinion, ces écrivains occupaient le premier rang. […] J’estime plus ce succès qu’un succès d’écrivain. […] Si l’écrivain fait saillir à l’extrême ce contraste, il peint trop noir. […] Il a une place marquée pour toujours dans l’élite des écrivains du dehors.
Ce courant a entraîné, parmi les écrivains de la période, ceux-là surtout qui, comme M. […] Zola a pu faire œuvre d’écrivain. […] Il y avait un accord frappant entre les écrivains préférés de M. […] Les simples gens l’apprennent des écrivains. […] Ce que nous aimons chez les écrivains, c’est leur ressemblance avec nous-mêmes.
M. de Pompignan ne s’est pas borné à la Poésie ; il s’est acquis encore des droits à la gloire d’être un de nos meilleurs Ecrivains en Prose. […] L’Eloge historique du Duc de Bourgogne est un morceau d’éloquence qui nous retrace la noble simplicité des Anciens ; son Discours de réception à l’Académie, malgré tout le persifflage qu’il lui attira, peut être regardé comme la production de l’honnête homme, du sage Littérateur, du vrai Philosophe ; ses autres Discours Académiques offrent par-tout l’Ecrivain élégant, & assez formé sur les bons Modeles, pour en devenir un à son tour. Ce qui acheve de prouver qu’il est un de nos meilleurs Littérateurs, est l’érudition qu’il joint au mérite du style & de la Poésie ; érudition qui n’est point fantastique & mendiée, comme celle de tant d’Ecrivains dont le fond consiste dans quelques Extraits lus sans réflexion, & insétés uniquement pour faire étalage, mais une érudition solide, étendue, choisie, dirigée par le goût, appuyée sur la connoissance de l’Hébreu, du Grec, du Latin, & de plusieurs Langues vivantes. […] Racine le fils, sur les Tragédies de son pere ; sa Traduction des Dialogues de Lucien, celle des Tragédies d’Eschyle sur-tout, sont autant de travaux qui déposeront en faveur de son génie, de son savoir, de ses lumieres, de son zele pour le progrès des Arts, contre les esprits jaloux qui l’ont attaqué sans le valoir ; contre les esprits superficiels qui l’ont jugé sans le connoître ; contre les Philosophes qui l’ont décrié sans pouvoir lui nuire ; ils prouveront encore, avec ses autres Ouvrages, l’énorme différence qu’il y a entre l’Honnête homme qui sait faire un noble usage de ses talens, & l’Ecrivain dangereux qui en abuse pour dépriser ceux de ses Rivaux.
. — Des rapports de Louis XIV avec les écrivains. — § III. […] Des genres et des écrivains que Louis XIV a moins goûtés, et s’il est juste d’appeler le dix-septième siècle de Louis XIV. […] Il est très vrai que la plupart des écrivains contemporains de Louis XIV étaient ses aînés de plusieurs années. […] Mais jusqu’au moment où se révéla l’autorité de ce prince, il n’était sorti d’aucun de ces écrivains un ouvrage durable. […] Écrivains et roi, je le veux bien, se sont simplement entendus : le roi n’a pas eu à diriger, ni les écrivains à suivre.
Avant de caractériser les écrivains anglais et les écrivains allemands, il me paraît nécessaire de considérer d’une manière générale les principales différences des deux hémisphères de la littérature. […] Il semble que la peinture de ce sentiment devrait dépendre uniquement de ce qu’éprouve l’écrivain qui l’exprime. Et tel est cependant l’ascendant qu’exercent sur les écrivains les mœurs qui les environnent, qu’ils y soumettent jusqu’à la langue de leurs affections les plus intimes. […] Néanmoins ne croirait-on pas, en lisant les écrivains du Nord, que c’est une autre nature, d’autres relations, un autre monde ? La perfection de quelques-unes de ces poésies prouve, sans doute, le génie de leurs auteurs ; mais il n’en est pas moins certain qu’en Italie les mêmes hommes n’auraient pas composé les mêmes écrits, quand ils auraient ressenti la même passion ; tant il est vrai que les ouvrages littéraires ayant le succès pour but, l’on y retrouve communément moins de traces du caractère personnel de l’écrivain, que de l’esprit général de sa nation et de son siècle.
On y voit, presque à chaque moment, des Productions bizarres, des succès monstrueux, des réputations usurpées, &, sans quelques Ecrivains incapables de céder au torrent, le bon sens & la raison y seroient sans disciples, comme sans appui. […] Si les Ecrivains dont nous relevons les défauts, nous faisoient cette question, nous pourrions leur répondre : La crainte d’en faire qui ne valussent pas mieux que les vôtres, nous a empêchés d’en donner au Public : la connoissance que nous avons des qualités indispensables pour un bon Ouvrage, nous détermine à censurer les vôtres. […] Les Lecteurs éclairés nous les pardonneront d’autant plus aisément, qu’ils doivent sentir par eux-mêmes, que lorsqu’il s’agit de venger la Religion, les Mœurs & le Goût, contre les erreurs de plusieurs Ecrivains accrédités, on ne sauroit s’exprimer avec trop de force. […] Parmi les Ecrivains contre lesquels nous nous sommes élevés, on distinguera sur-tout les prétendus Philosophes de notre siecle. […] Par un motif contraire, nous nous sommes attachés à réduire à leur juste valeur certains Ecrivains trop indiscrétement qualifiés de Grands Hommes dans les Dictionnaires historiques.
Ce livre m’a paru, en général, plein d’éclairs et de fumée, de chaleur et de détails puérils, de lumière et de contradiction, de logique et d’écarts ; en mille endroits l’ouvrage d’un écrivain du premier ordre, et en quelques-uns celui d’un enfant. […] On dit, et peut-être avec raison, qu’il n’y a pas un homme au monde qui ait fait de son esprit le plus grand usage possible ; on peut dire, et peut-être avec encore plus de fondement, qu’il n’y a pas un écrivain qui, dans ses ouvrages, montre à ses lecteurs l’esprit qu’il a : les uns font parade de l’esprit d’autrui, les autres tiennent le leur contraint et captif ; ceux-là n’ont d’avis sur rien, ceux-ci n’osent dire le leur. […] Rousseau ; c’est là, selon l’opinion publique, le caractère distinctif de ses ouvrages, c’est là ce qui en fait le succès, c’est là ce qui le fait préférer par bien des lecteurs à tous nos écrivains, sans en excepter aucun. […] Rousseau a l’avantage de s’être mis à son aise avec ses lecteurs ; car on pourrait dire aux autres écrivains : que n’en faites-vous autant ? […] Ce que l’auteur dit des voyages à la fin de son quatrième volume, est étranglé et superficiel, et n’est là que pour amener un extrait sec et déplacé d’un autre ouvrage du même écrivain sur le Contrat social.
Quand la Révolution éclata, quand les luttes de l’Assemblée constituante occupèrent l’attention de l’Europe, Mallet du Pan, dans le Mercure, fut le seul écrivain qui sut, sans insulte ni flatterie, donner une analyse raisonnée de ces grands débats. […] Ne quittant son poste d’écrivain courageux et indépendant qu’à la dernière extrémité, à la veille des 20 juin et des 10 août 1792, Mallet du Pan fut chargé par Louis XVI d’une mission de confiance auprès des souverains, laquelle n’eut point d’effet. […] Mallet a confié ce soin délicat à un écrivain de Genève, M. […] Mais moi dont, à travers tout, le métier est d’être critique et écrivain, je ne puis m’empêcher de dire : Ne remarquez-vous pas, chemin faisant, comme ce style de Mallet dans ses brusqueries est énergique et ferme, comme il grave la pensée ; et l’abbé de Pradt, qui appelait Mallet son maître, en le comptant parmi les trois ou quatre écrivains éclos de la Révolution française, n’avait-il pas raison ? […] Je recommande cet article à tous ceux qui tiennent à classer avec précision et sans injustice les écrivains du xviiie siècle selon leur degré de parenté avec la Révolution.
Évidemment, Ernest Hello étant un des écrivains catholiques les plus convaincus, il ne doit pas être bien étonnant qu’il ait fait un livre éloquent, dans l’esprit du catholicisme. […] Ils furent des écrivains plus ou moins brillants, plus ou moins habiles, — La Bruyère l’est même somptueusement, écrivain ! […] L’auteur a eu l’héroïsme de son sujet à trente endroits où les écrivains de ce temps auraient pris la fuite comme des pleutres, devant ce moulin à vent du ridicule contre lequel ils ne se battent pas ! […] Les Bollandistes, à qui, grâce à Dieu, on revient maintenant, étaient délaissés ou pillés par des écrivains sans valeur qui les affadissaient… Nul homme de génie ou de talent ne se levait pour la gloire des Saints méconnus. […] Le surnaturel, auquel il croit avec tant de force, n’a transfiguré que son talent, mais l’homme et l’écrivain sont restés sur leurs bases humaines.
Ce ne sont pas les écrivains du dix-huitième siècle, a-t-on dit, qui ont corrompu le siècle ; c’est la corruption du siècle qui a gâté les écrivains. […] Si l’écrivain se fait pire dans ses ouvrages qu’il ne l’est dans sa vie, c’est parce que les lecteurs lui mettent la réputation à ce prix. […] Non qu’il ne fût très piqué de passer pour un savant douteux ; mais il l’eût été encore plus qu’on le contestât comme écrivain. […] On voit à toutes les pages un écrivain qui ne dit que ce qu’il veut dire et rien qui ne doive être dit. […] Boit, si c’est le plaisir auquel songeaient Boileau et ses illustres amis, quand ils faisaient à l’écrivain un devoir de plaire par le vrai aimable.
Émile Hennequin, dans une étude que pour sa vertu suasive j’espère vous voir lire, a démontré que l’originalité de Zola parmi les écrivains réalistes était ses surprenantes qualités poétiques, grâce auxquelles malgré l’apparente apathie d’un tempérament également et indifféremment apte à tout décrire, à tout évoquer, il ne s’appliquait qu’à la transcription des êtres et des choses de force : il est artiste, parce qu’il choisit non ses milieux ou ses personnages, mais chez ceux-ci un groupe préféré de leurs propriétés : seules l’intéressent les puissances actives, saines ou délétères, robustesse humaine ou perversion féminine. […] Avec ce procédé, on condamnerait sommairement les trois quarts des peintres et la moitié des écrivains, je dis les meilleurs. […] Autant cet écrivain nous paraît piètre penseur, mal renseigné et peu spéculatif, autant nous l’admirons pour son génie incomplet et puissant ». […] Comment, maintenant, osâtes-vous devancer cette judicieuse mais discrète Postérité, jusqu’à décider quels écrivains naturalistes, à ses yeux non ouverts encore, mériteraient d’être discutés, à l’exclusion de leurs émules ? […] Pendant un quart de siècle, quelques écrivains laborieux et artistes ont fait, pour le roman, pour le théâtre, pour la langue française, de braves efforts et de réelles conquêtes.
Ainsi j’ai déjà parlé de Buffon1 : mais comment n’être point tenté de reparler d’un si noble écrivain à propos d’une édition nouvelle et vraiment nouvelle de ses Œuvres, édition excellente de texte, élégante et commode de format, sobre et classique de notes, et à laquelle M. […] J’ai souvent causé avec des savants modestes qui se rattachent à cette méthode de philosophie et d’expérience, et, après chaque entretien, je suis toujours sorti plein de respect pour Buffon savant, sans parler de cette autre admiration qu’on a de soi-même pour le peintre et l’écrivain. […] Isidore Geoffroy Saint-Hilaire explique plus loin cette idée qu’il se fait de Buffon, d’un Buffon un peu plus nouveau que celui avec lequel nous avaient familiarisés les jugements de Cuvier et des naturalistes de son école : Comme écrivain, Buffon occupe depuis longtemps, dit-il, le rang qui lui appartient… Mais en faisant si grande la part de l’écrivain, a-t-on rendu justice au naturaliste, au penseur ? […] Après l’avoir dit presque seul il y a seize ans, je suis heureux de le redire aujourd’hui avec tant d’autres : Buffon est aussi grand comme naturaliste et comme penseur que comme écrivain. […] Quelques esprits superficiels s’obstinent à voir dans Buffon l’écrivain poudré et à manchettes : ils ne sortent pas des anecdotes sur Montbard, et ils en sont restés sur son compte aux plaisanteries de d’Alembert ou de Rivarol ; ils lui reprochent le « Paon », comme si le « Paon » était de lui ; ils le punissent encore aujourd’hui de s’être donné Guéneau de Montbeillard pour associé, et Lacépède pour continuateur.
On voit qu’il ne manquera bientôt plus rien à l’étude du caractère et de l’écrivain : il en sera, à cet égard, de d’Aubigné comme de Pascal, on aura tout dit sur lui, et pour et contre, et alentour ; on l’aura embrassé dans tous les sens. […] Entré dans l’arène vers le temps où le vieux Montluc en sortait, et de cinquante ans plus jeune, il offre dans les rangs calvinistes, et aussi dans la série des écrivains militaires, une sorte de contrepartie de ce chef catholique vaillant et cruel. […] Quand on loue en lui l’écrivain énergique et franc, qu’on n’oublie donc point qu’il n’a pas été (comme cela est arrivé à d’autres guerriers qui ont pris la plume) un écrivain tout naturel et involontaire ; il savait ce qu’il faisait et était du double métier. […] Mais l’historien et l’écrivain gagnent chez d’Aubigné à ces erreurs passionnées. […] Il intervient plus d’une fois dans son Histoire par des discours qu’il est censé tenir à son prince ; il aime cette partie oratoire et y excelle ; il la traite en homme de talent et en écrivain.
Les écrivains, à demi conservateurs en matière littéraire, sont résolument novateurs en matière politique. […] On pourrait signer du nom d’un des grands écrivains de l’époque antérieure chaque réforme accomplie ou tentée. […] Les plus grands écrivains n’échappent pas à cette haine du sabre pour la pensée. […] C’est par suite un enrichissement énorme des ressources offertes aux écrivains. […] On peut se demander si la corruption inhérente aux grandes villes n’a pas marqué certains écrivains d’une tache ineffaçable.
C’était un écrivain de cœur, un génie du foyer, un esprit domestique. […] Buffon a dit, dans ce mot, ce que le style devrait être bien plutôt que ce qu’il est ; car, bien souvent, le style est l’écrivain, plus qu’il n’est l’homme. L’art s’interpose entre l’écrivain et ce qu’il écrit ; ce n’est plus l’homme que vous voyez, c’est le talent. […] l’écrivain ne le sait pas lui-même ; c’est un don de sa nature, comme la couleur de ses cheveux ou comme la sensibilité de son tact. […] Elle n’est pas un écrivain, elle est le style.
C’est le cas de presque tous les écrivains du moment. […] Cet écrivain ne se trompait pas. […] Maginard n’est pas un écrivain, pourtant. […] Mais les écrivains novateurs tinrent bon. […] Et puis les écrivains sont trop nombreux.
Tel caractère d’un écrit ou d’un discours présuppose et permet d’affirmer l’existence de telle faculté correspondante chez l’écrivain ou l’orateur, et chacune des facultés ainsi constatées peut être considérée comme une des forces productrices cherchées. […] Et encore n’ai-je rien dit des écrivains qui, pour un motif ou un autre, ont cru devoir dissimuler une partie de leurs opinions. […] Zola, Lemaître, Alphonse Daudet, Rodin, Puvis de Chavannes, Berthelot, c’est-à-dire des écrivains, des artistes, des savants à une investigation méthodique et minutieuse. […] Parfois elle nous découvre, comme un fait dont l’autorité est l’indiscutable, l’action exercée sur un écrivain par un événement ou un objet extérieur. Cela se produit surtout pour les écrivains qui ont été prodigues de confidences sur eux-mêmes.
Qu’on ne s’attende cependant point à trouver du changement dans la maniere dont nous nous exprimons sur les Auteurs ridicules ou sur les Ecrivains dangereux. […] Nous, au contraire, appuyés sur les autorités les plus incontestables, ayant pour garans les sentimens des bons Ecrivains de tous les siecles, nous avons loué dans les Ouvrages des Auteurs Jésuites, comme dans ceux des autres, ce qui nous a paru louable ; nous avons condamné de même ce qui nous a paru défectueux. On n’est pas mieux fondé à nous accuser de trop de sévérité à l’égard des Ecrivains de Port-Royal. […] Il est tels Ecrivains inconnus ou dignes d’oubli, dont l’article a pu fournir matiere à des réflexions, à des remarques utiles, à des anecdotes instructives ; dont l’exemple a pu servir de leçon ou de préservatif : alors nous les avons admis en faveur de l’instruction. […] Assez d’Ecrivains parmi les Philosophes nous ont tracé, par leur exemple, le chemin de la fortune & celui de la célébrité ; nous étions instruits de la route, il ne s’agissoit que de vouloir nous y engager.
Ernest Renan est un de ces écrivains célèbres. […] Mais aucun écrivain n’a ressenti plus que M. […] De tels écrivains ont une puissance souveraine. […] Peu d’écrivains ont, plus que M. […] Dans un écrivain, comme dans un général, ce sera le genre d’imagination.
Un courant de libre positivisme, de naturalisme antichrétien traverse bien le siècle, visible dans les œuvres de deux grands écrivains et dans certains cercles mondains. […] Mais Louis XIV absorbe et arrête trop en lui-même ces sentiments, tandis qu’un plus pur patriotisme se faisait sentir chez les écrivains antérieurs à 1660. […] La société est faite : ils ne prétendent rien y changer ; mais l’individu, qui vivra dans cette société, est toujours à faire : c’est cet individu à qui tous nos écrivains veulent imposer une forme. […] Les savants font concurrence aux écrivains jusque dans la faveur des salons : et tous les grands écrivains s’occupent de science. […] Le sens de l’art antique n’existe ni dans les salons ni chez les écrivains : pour trouver des modèles littéraires, on ne va pas au-delà du xviie siècle.
On se flattoit qu'en se formant sur les vrais modeles, son goût acquerroit les qualités nécessaires à un bon Ecrivain ; que son imagination renonceroit aux idées gigantesques ; qu'il perdroit l'habitude de peser sur les mots ; qu'il mettroit plus de liaison dans ses phrases, moins d'appareil dans ses réflexions, plus de nombre, d'aisance & de naturel dans son style ; qu'il se déferoit enfin d'un ton de prétention & de pédantisme, qui sentoit trop le nouveau venu de l'Université *. […] Personne n'ignore qu'il est nécessaire de plaire, afin de persuader ; mais cet Ecrivain ne semble vouloir persuader que pour avoir lieu de plaire. […] Les Anciens, & les bons Ecrivains du Siecle dernier, avoient une toute autre méthode : comme les métaphores & les comparaisons ne sont destinées qu'à éclaircir une pensée, qu'à la rendre saisissante & palpable, ils ne présentoient que des images connues & frappantes. […] Est-ce ainsi qu'écrivent de nos jours, dans des matieres bien plus abstraites, les Buffon, & nos autres bons Ecrivains ? […] Au lieu de s'appliquer à faire connoître les Ecrivains Panégyristes, il ne s'attache le plus souvent qu'à peindre les Héros qu'ils ont célébrés.
Il fut à la fois écrivain et homme d’État. […] Cette grâce, cette expression douce et légère qui embellit en paraissant se cacher, qui donne tant de mérite aux ouvrages et qu’on définit si peu ; ce charme qui est nécessaire à l’écrivain comme au statuaire et au peintre ; qu’Homère et Anacréon eurent parmi les poètes grecs, Apelle et Praxitèle parmi les artistes ; que Virgile eut chez les Romains, et Horace dans ses odes voluptueuses, et qu’on ne trouva presque point ailleurs ; que l’Arioste posséda peut-être plus que le Tasse ; que Michel-Ange ne connut jamais, et qui versa toutes ses faveurs sur Raphaël et le Corrège ; que, sous Louis XIV, La Fontaine presque seul eut dans ses vers (car Racine connut moins la grâce que la beauté) ; dont aucun de nos écrivains en prose ne se douta, excepté Fénelon, et à laquelle nos usages, nos mœurs, notre langue, notre climat même se refusent peut-être, parce qu’ils ne peuvent nous donner, ni cette sensibilité tendre et pure qui la fait naître, ni cet instrument facile et souple qui la peut rendre ; enfin cette grâce, ce don si rare et qu’on ne sent même qu’avec des organes si déliés et si fins, était le mérite dominant des écrits de Xénophon. […] Si, parmi nos écrivains modernes, il y en a quelqu’un à qui Xénophon paisse être comparé, c’est Fénelon. […] Ces beaux siècles de la Grèce qui produisirent les héros, firent naître aussi une foule d’écrivains pour relever leurs actions. […] Parmi les écrivains grecs qui ont fait des éloges, on ne s’attend guère à trouver le nom de Lucien ; il est beaucoup plus connu par la finesse de ses satires : c’est le Swift des Grecs.
L’écrivain perd le droit de mettre en tête et en vedette l’objet ou le trait qui le frappe le plus vivement et d’abord : le cadre est fait, les places sont désignées d’avance. […] L’imagination sympathique, par laquelle l’écrivain se transporte dans autrui et reproduit en lui-même un système d’habitudes et de passions contraires aux siennes, est le talent qui manque le plus au dix-huitième siècle. […] « Bien que nous ayons retranché la moitié de ses phrases et de ses mots, nous ne laissons pas de trouver dans l’autre moitié presque toutes les richesses dont nous nous vantons et dont nous faisons parade. » — Comparez le lexique de deux ou trois écrivains du seizième siècle et de deux ou trois écrivains du dix-septième. […] Prendre pour exemple deux écrivains du même genre et de second ordre, Charron et Nicole. […] La méthode est la qualité dominante de nos écrivains. » 366.
On a fait à ses propres yeux preuve d’instruction ; et, chose qu’on recherche plus que l’instruction, on a loué son propre goût en critiquant un grand écrivain. […] Cette amitié singulière entre le prince et l’écrivain ne fut jamais bonne au second. […] Mais celui qui a le plus perdu dans ce commerce entre inégaux, c’est l’écrivain. […] Le goût n’est pas une doctrine, encore moins une science ; c’est le bon sens dans le jugement des livres et des écrivains. […] Le tort d’être chrétiens lui cache les beautés les plus intimes des écrivains du dix-septième siècle.
Mais, dira-t-on, vous ne pouvez disconvenir au moins qu’un écrivain qui n’emploierait dans ses ouvrages que des phrases entières tirées des bons auteurs latins, n’écrivît bien en cette langue. […] En effet, le vrai mérite d’un écrivain est d’avoir un style qui soit à lui ; le mérite au contraire d’un latiniste tel qu’on le suppose, serait d’avoir un style qui ne lui appartînt pas, et qui fût, pour ainsi dire, un centon de vingt styles différents. […] On dira peut-être qu’il doit avoir soin de n’employer aucune expression, aucune phrase de cet auteur, qui ne soit autorisée par d’autres bons écrivains ; en ce cas, et par cette raison même, il est évident que Térence ne saurait lui servir de modèle. […] On peut faire à peu près la même réflexion sur tant d’écrivains modernes, qui passent pour avoir fait d’excellents vers latins. […] Ce qui est certain, c’est que rien n’est si rare parmi nous que de bien imiter le style d’un autre écrivain, encore moins celui de deux ou trois écrivains différents ; pourquoi voudrait-on que cela fut plus facile en latin ?
Ce qui est certain, c’est que, pour l’écrivain par exemple, telle ou telle époque de sa vie vient se suspendre tout entière à tel ou tel ouvrage qu’il composait pendant cette époque. […] Et il en est de même pour l’écrivain. […] Si donc il vient à le transporter en pays inconnu, à lui parler uniquement de ce qu’il ignore, la besogne se simplifie : le lecteur ne saura, ne verra, n’entendra que ce qui lui sera dit et montré ; n’associera que les idées voulues par l’écrivain : rien ne viendra à rencontre des effets ménagés ; il sera en quelque sorte au pouvoir de l’écrivain. […] C’est que l’écrivain ne nous fait voir les choses qu’indirectement, en suscitant l’émotion interne qui accompagne la vision externe. […] L’art de l’écrivain consiste à faire penser ou à faire sentir moralement pour faire voir.
Il est un des premiers Ecrivains qui aient débrouillé parmi nous l'Histoire des Empereurs ; & celle qu'il en a composée, est encore lue avec estime, malgré tous les Ouvrages qu'on a publiés depuis sur le même sujet. […] Il a d'ailleurs l'attention de citer à la marge les sources où il a puisé, attention indispensable à tout Ecrivain convaincu qu'en fait d'Histoire il vaut mieux ne rien hasarder, que de savoir revêtir ses fausses conjectures des agrémens du style. […] On peut proposer cette Lettre aux Ecrivains polémiques comme un modele de raisonnement, d'érudition, & encore plus de cette politesse si rarement observée dans les disputes.
Et puis, surtout, si des milliers d’écrivains bientôt obscurs n’entretiennent pas une vie littéraire, il n’y aura plus de littérature du tout, c’est-à-dire pas de grands écrivains. […] Mais le voilà qui vient dire aux écrivains : « Attention ! […] Les grands écrivains ont dit, en critique, leur mot. […] Nombreux sont les écrivains qui sont lancés par des articles de confrères illustres. […] L’impérialiste didactique qui sommeille au cœur de tout écrivain s’en donne à cœur joie.
Au contraire, Messieurs, c’est aux écrivains que je m’adressais. […] Un jeune écrivain de mérite, et qui en est à recommencer pour son compte une des phases par lesquelles notre génération a passé, s’étonnait l’autre jour que la France fût restée indocile ou infidèle à tant de belles etjustes leçons professées dans un style clair, limpide, par un écrivain doué de « ce bon sens souverain qui commande même au génie. » Nous lui donnons ici une des mille raisons de ce peu de succès. « On a honte, dit M. […] Qu’un écrivain aimable et romanesque, un Nodier, par exemple, se joue à mille passions, à mille fantaisies et à des excès de tout genre, on le conçoit, on le lui pardonne, on l’en remercie même si son imagination et ses écrits en profitent ; mais si les passions à l’abandon débordent et font irruption dans l’existence d’un homme public, on lui en demande compte. […] Laboulaye, de son côté, en lui accordant de ne pas être « un méchant écrivain », ne l'a certainement pas flatté ni surfait. […] Ce calcul journalier, qui fait d’une feuille un revenu, qui suppute les souscriptions, qui établit une rétribution pécuniaire, si positive et si détaillée, entre le lecteur dont on flatte l’opinion, et l’écrivain qui la flatte, ne laisse ni le temps ni l’indépendance que demande la composition d’ouvrages utiles.
Je me figure quelquefois, à mes jours de réflexion sombre et de découragement, que je suis, — que nous tous, écrivains de profession et à la fois écrivains de scrupule et d’inquiétude, nous sommes les artistes d’un art qui s’en va. […] Il nous faut en prendre décidément notre parti, écrivains et gens de lettres : tout homme d’esprit qui est d’une profession, s’il a à s’en expliquer devant le public, surpasse d’emblée les lettrés, même par l’expression ; il a des termes plus propres et tirés des entrailles mêmes du sujet. […] Je citerai, parmi les écrivains qui ont marqué dans cette voie, chacun à sa manière et selon son procédé, M. […] Deschanel prétend simplement que dans toute œuvre d’écrivain, dans toute production un peu considérable, il y a lieu d’étudier et de noter les influences du sang, de la parenté, de la famille, de la race, du sol, du climat. […] Ce qui est nouveau, c’est lorsqu’on le peut, et autant qu’on le peut, de démêler attentivement ces diverses influences, d’en relever la trace ou d’en suivre les reflets à travers les œuvres, et d’y joindre toutes les indications puisées dans la vie, dans la destinée, dans le caractère, l’humeur, la complexion et le tempérament de l’écrivain.
De quelques écrivains en vers : Gilbert […] L’homme ne palpite pas sous l’écrivain. […] Rousseau fait-il un pas hors du lieu commun, et s’avise-t-il de penser hors des pensées des autres, d’écrivain incertain il devient barbare. […] Le Henri IV de l’Essai sur les mœurs est plus vivant que celui de la Henriade, parce qu’il est tracé de main d’écrivain. […] De quelques écrivains en vers. — Gilbert.
Comme le code pénal, le code militaire a excité la verve des écrivains. […] Aussitôt dans l’attitude des écrivains changement bien significatif, correspondant au changement survenu dans le code. […] Pendant ce temps, d’autres écrivains étaient frappés des illogismes, des timidités, des compromis qui vicient la loi récente. […] Défense était faite aux écrivains, par un édit de Louis XV, de médire de la religion, du roi, des ministres, des traitants, de tous ceux qui, de près ou de loin, touchaient à la chose publique. […] Mais en même temps que la verve des écrivains est invitée à se renfermer dans des limites plus restreintes, elle est stimulée par la possibilité d’atteindre, au moyen du journal même, un public plus vaste, de monnayer leur talent à la journée, d’obtenir une rémunération immédiate et plus forte.
Pourtant, si on veut l’étudier comme homme et comme écrivain, et non plus le saluer au passage comme une statue, il convient de le prendre à l’origine et dans la suite de ses actions et de ses écrits. […] Ce dernier trait est d’un écrivain, mais le reste est d’un boutefeu. […] Le degré de licence et d’invective que se permet dans ce journal un écrivain qui, de loin et relativement, peut passer encore pour modéré, excède toutes les bornes que nous supposerions. […] Ce début du prospectus promet, et l’écrivain tient assez bien sa promesse. […] Ô les écrivains polis, modérés et purs !
Quand il se désignait sa place parmi les écrivains du jour, il portait son regard aux premiers rangs. […] C’est un esprit fait et déjà mûr qui développe ses réflexions, et, par endroits, c’est presque un grand écrivain qui les exprime. […] Quand Rivarol débuta dans la littérature, les grands écrivains qui avaient illustré le siècle étaient déjà morts ou allaient disparaître : c’était le tour des médiocres et des petits. […] Rivarol d’ailleurs n’est point un écrivain absolutiste, comme nous dirions, et il faut bien se garder de le classer comme tel. […] L’honneur de Rivarol, selon moi, est, dans quelque ordre d’idées qu’il pénètre, d’y rester toujours ce qu’il est essentiellement, un écrivain précis, brillant, animé, prompt aux métaphores.
On voit dans ses réfléxions un écrivain judicieux, également éloigné de respecter superstitieusement l’usage, & de le heurter en tout par une réforme impraticable. […] Le même écrivain publia un abrégé de ce volumineux Dictionnaire en un volume in-8°. qui est entre les mains de tout le monde. […] Le ton d’autorité qu’il prend dans tous ses Livres, les censures qu’il se permet contre les meilleurs écrivains lui firent beaucoup d’ennemis. […] Dites-moi, ajoute ce célébre écrivain, si Racine a persiflé Boileau ? […] en censurant les défauts des écrivains de nos jours, ne condamne pas tous les mots nouveaux qu’ils emploient.
La rare pureté du style de l’écrivain, ses principes, sa forte éducation classique, passèrent, à dater de ce jour, pour de l’étroitesse d’idées, de l’aridité de sentiment, de la pruderie universitaire. […] Cet écrivain sec, ce critique… n’était pas même un critique ! […] Désiré Nisard est un écrivain d’idées très fines et de nuances très variées, qui, de préférence et d’instinct, est allé aux hommes de nuances dans l’histoire, comme Mélanchton ou Érasme, pour les peindre et les expliquer. […] Trelawney, le Trelawney des Mémoires de lord Byron et de notre imagination prévenue, dans l’écrivain quelconque qui a tenu la plume et qui a osé signer du nom de Trelawney les Recollections. […] Impossible de suivre le sagace écrivain dans tous les détails qu’il aborde.
Aujourd’hui et pour la plupart des chroniqueurs de la littérature, cette œuvre semble n’exister qu’en fonction de la personne de l’écrivain. […] Cette action peut se prolonger bien au-delà de la génération à laquelle appartenait l’écrivain. […] Plusieurs des écrivains que je viens d’énumérer, Gautier, Taine et Barbey sont, eux aussi, à cette date, surtout des articliers. […] Je disais que le développement de cet écrivain est très représentatif. […] C’était rogner le gain de l’écrivain, gain qui n’était pas très élevé déjà.
Le roman-feuilleton ne sera régénéré que par un écrivain de génie. […] L’écrivain qui veut la toucher n’a pas le choix : il doit être divin ou ignoble. […] J’ai lu aussi d’autres écrivains ; ma mémoire n’a retenu ni leurs noms ni leurs œuvres. […] Le strict devoir de l’écrivain serait de se considérer ici comme un éducateur. […] La voie d’appel à la bonne volonté des écrivains de talent nous a paru tout indiquée.
Il y a une quinzaine d’années environ qu’un critique aussi instruit que spirituel, chargé, dans le Journal de l’Empire, d’examiner les traductions nouvelles qui paraissaient alors en foule, s’avisa un matin, comme par boutade et pour couper court à sa tâche, de signifier nettement que les grands écrivains de l’antiquité étaient et seraient à jamais intraduisibles, et qu’il y avait bien de la simplicité à se donner sérieusement le soin Ingrat de les reproduire. […] Cousin, ou les écrivains originaires eux-mêmes ? […] La perfection du genre consiste donc à atteindre ce degré extrême de l’approximation, à ôter ainsi aux traducteurs à venir l’espoir raisonnable d’aller au-delà, et à donner dans une langue moderne le dernier mot sur un grand écrivain de l’antiquité. […] Entre toutes les qualités d’un écrivain, la force et l’énergie se prêtent le mieux à ce passage toujours violent d’un idiome dans un autre ; elles offrent plus de corps, pour ainsi dire, à la main qui les déplace, et il suffit que cette main et l’instrument qu’elle manie ne fléchissent pas sous le fardeau. […] En examinant sous le rapport du style ce premier livre des Histoires, traduit par l’illustre auteur, nous l’avons trouvé plus digne qu’on ne croit de Tacite et de lui, par le ton libre et ferme qui y respire, et je ne sais quelle séve de grand écrivain qui y circule ; on sent qu’il y traite son émule d’égal à égal, et que même, au besoin, il s’inquiète assez peu de le brusquer.
En effet, nul doute que les jeunes écrivains eussent tout à fait pris goût à ces jeux de rythme et de sentiment où se complaisaient nos aînés, si les aventures de la mort, de la déroute et de l’émeute n’avaient communiqué une tragique véhémence à nos âmes, élevées dans ces souvenirs. […] La chimérique mélancolie qui alanguissait les esprits aux environs de 1890, et depuis une dizaine d’années, les passe-temps où ils se plaisaient, aucune de leurs occupations ni des émotions dont ils s’ampoulaient, n’étaient susceptibles de convenir à de frémissants écrivains auxquels leurs pères ont su transmettre un peu de ces haines généreuses qui les animaient avec force pendant la guerre et après la Commune. […] Que l’on compare ces écrivains avec les délicieux dandys, de qui les esprits si confus ont paru naguère touchés, à la fois, par les grondantes tempêtes rythmiques que déchaîne l’orchestre de Wagner, et par tant de fades afféteries : à part Maurice Barrès, infiniment lucide, solide et frémissant, je ne pense point qu’on trouve dans cette stérile génération des hommes en qui tressaillent nos profondes énergies. […] Quand les qualités d’ordonnance qui forment la base du caractère français (cela apparaît assez dans notre architecture, la symétrie de nos jardins taillés et les lois de notre équilibre, auxquelles se sont toujours soumis nos grands écrivains classiques) ; quand ces qualités d’ordonnance semblaient tout à fait détruites, au contact de poètes allemands si incohérents dans leur frénésie, Zola en garda le goût, et ses romans en portent l’empreinte. […] Je ne désire pas insister sur l’esprit poétique qui anime les jeunes écrivains.
Toutes les sociétés où Larroque, écrivain très-médiocre, étoit reçu dans Paris, sçavent comme la chose s’est passée. […] « Cet écrivain, jaloux de tout, disoit Bayle, n’a pu me le pardonner. » Ces paroles paroissent décider la question ; mais elles ne sont fondées que sur le rapport d’un anonyme, qui assure qu’on avoit souvent mis Bayle sur le chapitre des démêlés éclatans des deux plus célèbres refugiés François, qui s’étoient donnés auparavant des louanges réciproques dans leurs ouvrages. […] Cet écrivain original, qui en avoit de si profondes & de si julles, disoit que, s’il n’avoit écrit pour les libraires, il n’eût pas composé plus d’un in-folio. […] Quel dommage que ce recueil contienne tant de petits faits, parle de tant de petits écrivains qu’un lecteur judicieux ni la postérité n’ont aucun intérêt de connoître. […] Si le stile de Bayle est souvent libre, indécent ; si cet écrivain s’arréte à des contes, à des historiettes scandaleuses, c’est qu’il ignoroit l’usage du monde & l’emploi de bien des mots dont il se sert.
Tandis que les orateurs dans la tribune, les poètes dans leurs vers, les musiciens dans leurs chants, célébraient publiquement les guerriers, les athlètes et les grands hommes, d’autres écrivains composaient, dans la retraite, des éloges qui étaient écrits et rarement prononcés. […] On prétend que Démosthène l’admirait ; il fut loué par Socrate ; Platon en a fait un magnifique éloge ; Cicéron l’appelle le père de l’éloquence ; Quintilien le met au rang des grands écrivains Denys d’Halicarnasse le vante comme orateur, philosophe et homme d’État ; enfin, après sa mort, on lui érigea deux statues, et sur son mausolée on éleva une colonne de quarante pieds, au haut de laquelle était placée une sirène, image et symbole de son éloquence. […] Comment un écrivain est-il assez malheureux pour se dire à lui-même de sang-froid : essayons de faire l’éloge d’un tyran. […] Il y a d’ailleurs certaines lectures analogues à des âmes de héros ; et pour un homme tel qu’Alexandre, il n’y avait d’écrivain qu’Homère. […] Admettez un tiers à cette conversation, il ne concevra point ce que ces mots ont de touchant, ni pourquoi ils excitent une émotion si tendre, et font peut-être verser les plus douces larmes : telle est l’image du différent effet que produisent les beautés accessoires et les finesses d’expression dans une langue vivante ou dans une langue morte ; plus un écrivain a de ce genre de beautés, plus il doit perdre.
Tout cela, du reste, vient d’une mauvaise compréhension de la tâche de l’écrivain. […] La peinture doit compléter l’œuvre des écrivains et des philosophes. […] Tout cela, du reste, vient d’une mauvaise compréhension de la tâche de l’écrivain. […] D’écrivains plus dissolvants je n’en connais aucun, mais c’est par sincérité de nature et sans y penser. […] Balzac n’a aucune simplicité, c’est l’écrivain le plus compliqué ; il est grand par l’ensemble de ses œuvres, l’originalité et la fougue de sa personnalité, mais il restera bien plutôt un personnage historique qu’un écrivain.
C’est ainsi qu’il a fort bien discerné le caractère ferme et arrêté que les écrivains du Dix-Septième Siècle avaient donné à notre langue, et montré qu’ainsi faite elle répugnait à la poésie du nord. […] Il aurait ensuite pu reconnaître que quelques-uns de nos écrivains modernes procurent précisément le même plaisir, et excitent de même la rêverie, c’est-à-dire qu’ils ont comme les poètes du nord un style compréhensif. Et alors il n’y avait plus qu’à poser le problème : Comment quelques-uns de nos écrivains se sont-ils rapprochés du procédé de style de Shakespeare et des poètes du nord ? […] Rousseau l’ont provoquée, quoique par son style Jean-Jacques n’appartienne aucunement à la famille d’écrivains dont il fut le précurseur. […] Herder aussi est un écrivain symboliste, et aucune autre forme ne convenait mieux à son système panthéistique.
La nature l’avait fait ainsi, et il ne ressemblait, par certains côtés essentiels, à nul autre des écrivains qui l’avaient précédé. […] Que de tableaux sont gâtés dans les Études de la nature par la borne de l’intelligence et par le défaut d’élévation d’âme de l’écrivain ! En accordant ce qu’on voudra sur le peu de caractère de Bernardin de Saint-Pierre, il est tout à fait injuste et faux de dire que cet écrivain manquait d’élévation d’âme. Ses tableaux, au contraire, attestent à chaque page cette élévation naturelle que l’écrivain retrouvait dès qu’il rentrait dans ses instincts contemplatifs et solitaires. […] Notez, encore une fois, que l’écrivain dont on vient de lire le jugement est un des plus puissants en talent et des plus célèbres de nos jours23.
Mais, dès l’Aventurière, Émile Augier s’affirme l’écrivain et l’auteur comique vraiment français qu’il est resté. […] C’est sans doute pour obéir à ces scrupules que la famille d’Augier n’a pas consenti à ce que les dernières consolations de la religion fussent données au grand écrivain. […] — C’était un grand écrivain dont le talent, si français, touche au génie par la clarté, la force et la franchise supérieures. […] À quoi bon, d’ailleurs, parler de l’écrivain ? […] on ne pouvait pas lui reprocher, au grand écrivain, de nous tourmenter pour qu’on reprît ses chefs-d’œuvre.
Pendant qu’il vaquait à ses multiples devoirs de savant, d’écrivain, d’académicien, d’inspecteur de monuments historiques, de sénateur, de courtisan (il se titre lui-même, en ces Lettres, de bouffon de l’Impératrice !) […] Comme homme, Mérimée était trop ce qu’il était comme écrivain pour avoir jamais eu un sentiment profond et passionné dans l’âme. […] C’était presque un comprimé, c’était presque un pincé, un écrivain tiré à quatre épingles, et, répétons-le ! […] C’est alors qu’on voit dans toute sa vérité, dans toute la naïveté première de sa nature, l’écrivain qui, dans son livre, fera le beau avec toutes les recherches de l’art et quelquefois de l’artifice. […] mais l’immonde écrivain (immonde ce jour-là) qui a écrit sur Notre-Seigneur Jésus-Christ des choses qui auraient mérité le dernier supplice chez un peuple chrétien, dans cette brochure H.
Henri de Régnier, qui a récemment traité Renan d’« assez bon écrivain » ! […] Et ces écrivains honnis de M. […] n’est pas un grand écrivain ». […] Elle nous renseigne moins sur les écrivains dont il parle que sur lui-même. […] » Il ne faut comparer que les écrivains du même rang.
Le poète, l’écrivain, l’artiste se trouvent par là comme voués à une fatale, perpétuelle, et violente émulation de gloire. […] Sont-ils la fin ou le commencement de quelque chose, les derniers de nos écrivains du Moyen Âge, ou les premiers de nos modernes ? […] 2º L’Éditeur, le Philologue et l’Écrivain. — La famille des Estienne [Cf. […] Henri Estienne est-il un « écrivain » ? […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Une page de Montaigne sur Amyot [Cf.
Les immenses Productions qu’on a de lui, prouvent d’abord son amour pour l’étude & son opiniâtreté pour le travail, & c’est déjà beaucoup en faveur de cet Ecrivain ; mais son style toujours diffus & incorrect, la marche de son esprit plus méthodique que subtile, son érudition plus étendue que choisie, sa critique plus minutieuse que profonde, dérobent à ses Ecrits la plus grande partie de la gloire qu’il auroit pu en retirer. […] Dom Calmet est moins excusable de n’avoir pas assez senti les différentes nuances des qualifications, en prodiguant le nom de célebre, d’illustre, &c. à des Ecrivains ignorés jusque dans leur propre patrie. Il eût dû se borner, dans sa Bibliotheque des Ecrivains de Lorraine, à donner une notice de leurs Ouvrages, & ne pas se croire autorisé à dispenser des couronnes, qui, par malheur pour son discernement, tombent presque toutes sur des talens médiocres & souvent sur l’opposé des talens.
Mais Chérau, devenu Parisien, ne cessera jamais d’être un écrivain régionaliste. […] Chérau soit un écrivain « moral ». […] Et ils ne finissent pas toujours bien, pour le lecteur, ni parfois pour l’écrivain. […] Taine montrera les influences de la race, du milieu, du moment, sur l’écrivain. […] C’est une excellente initiation à cet écrivain.
Elle a pu être une inspiratrice pour l’écrivain. […] Artiste est devenu souvent synonyme d’écrivain. […] Peintres et écrivains ont mêmes modèles, même idéal. […] Il serait un de nos plus grands écrivains, si écrire consistait uniquement à décrire. […] Elle aura une admiration sans bornes, extatique, pour quelque grand écrivain.
Mais l’élève avait en propre sa personnalité d’écrivain : pas de périodes, ou très peu dans Maupassant. […] Autre chose par quoi l’écrivain est neuf et puissant. […] Je m’en applaudirais : c’est vraiment un écrivain parfait, d’une qualité rare. […] Pour un peu, ils en feraient un plat écrivain de sacristie. […] Mais cet écrivain donne l’impression qu’il pourrait l’être.
Aucun de nos Ecrivains ne paroît avoir eu plus de talent pour l’Histoire, & sur-tout pour l’Histoire Ecclésiastique, où les discussions doivent être fondues avec adresse dans le corps du récit. […] Les Discours préliminaires montrent sur-tout l’homme instruit & laborieux, dont l’érudition n’obscurcit point le discernement ; l’Ecrivain aussi ingénieux que sage, qui sait animer les sujets les plus arides, & nous offrir les débris de l’antiquité, dégagés de la rouille du temps, & embellis par l’habileté de son pinceau : par-dessus tout, on est touché du ton de respect avec lequel sa plume en traite les différentes matieres ; sentiment qui prouve autant en faveur de la piété de l’Auteur, que de ses lumieres. C’est dans de tels Ecrivains qu’il faut apprendre à juger sainement de la Religion & de ses dogmes.
Cette Académie comprend un certain nombre d’écrivains, (j’en admire quelques-uns) qui se réunissent pour des raisons tout autres que littéraires : prix aux sauveteurs, aux vieux domestiques vertueux, aux riches maîtresses de maison. […] Mais s’il n’y a de grands écrivains que les novateurs, les grands écrivains ont donc moins de chance que les autres de devenir académiciens. […] J’ai toujours un peu de chagrin lorsqu’un bel écrivain a la petite faiblesse de désirer s’agréger à cette assemblée de sous-préfets, et quand c’est un ami je le lui dis franchement. […] La liberté de pensée et les convictions d’écrivain d’un Flaubert ou d’un Baudelaire sont d’une autre sorte que celles de nos petits auteurs contemporains. […] De tout temps elle posséda des écrivains véritables, un plus grand nombre de vagues prosateurs et poètes assaisonnés de puissances éphémères : hommes de Cour autrefois, hommes politiques depuis 1830.
Ce que j’ai dit ailleurs des convenances éternelles, qui font naître tout exprès pour chaque genre l’écrivain qui doit en donner le modèle, n’est vrai d’aucun écrivain autant que de La Rochefoucauld, et plus tard de La Bruyère. […] Ne dites pas : C’est beau de langage, mais c’est faux de pensée : ce sont là de vaines paroles ; les grands écrivains se trouveraient fort peu dédommagés du reproche d’avoir mal pensé par la louange d’avoir bien dit. […] Ce sont des mots à remettre au vocabulaire, pour l’écrivain qui saura leur donner la vie en les employant au service de la vérité. Il a paru utile de toucher quelque chose de cette dangereuse distinction de la forme et du fond, en traitant de l’auteur le plus loué comme écrivain et le plus contredit comme penseur. […] Les corrections, par lesquelles La Rochefoucauld est encore plus admirable que par le bonheur de la première rédaction, ôtent à l’écrivain ce qu’elles ajoutent à la vérité dont il est l’organe.
Au figuré, le mot classicus se trouve employé dans Aulu-Gelle, et appliqué aux écrivains : un écrivain de valeur et de marque, classicus assiduusque scriptor , un écrivain qui compte, qui a du bien au soleil, et qui n’est pas confondu dans la foule des prolétaires. […] Quelques écrivains de talent, en effet, doués d’originalité et d’une verve d’exception, quelques efforts brillants, isolés, mais sans suite, aussitôt brisés et qu’il faut recommencer toujours, ne suffisent pas pour doter une nation de ce fonds solide et imposant de richesse littéraire. […] En ce sens, les classiques par excellence, ce seraient les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble encore, et d’une force légèrement voilée. […] Quoi qu’il en soit, l’esprit qui a dicté cette théorie conduit à mettre au premier rang des classiques les écrivains qui ont gouverné leur inspiration plutôt que ceux qui s’y sont abandonnés davantage, à y mettre Virgile encore plus sûrement qu’Homère, Racine encore plus que Corneille. […] Ce n’est certes pas moi qui médirai de Pope ni de ses excellents disciples, surtout quand ils ont douceur et naturel comme Goldsmith ; après les plus grands, ce sont les plus agréables peut-être entre les écrivains et les poètes, et les plus faits pour donner du charme à la vie.
Cet homme de bien et de bon conseil, que nous ne nommions pas, venait précisément de mourir le 16 juillet dernier, et aujourd’hui un écrivain lyonnais, bien connu par ses utiles et honorables travaux, M. […] Les pièces qui y sont produites montrent surabondamment que nous n’avions rien exagéré, et elles ajoutent encore des traits précieux à l’intime connaissance que nous avons essayé de donner du célèbre écrivain. […] Mais son vrai titre, celui qui l’honorera toujours, est la confiance que lui avait accordée M. de Maistre, et la déférence, aujourd’hui bien constatée, que l’éminent écrivain témoignait pour ses décisions. […] Aujourd’hui c’est M. de Maistre qui vient y joindre à l’improviste son autorité d’écrivain auquel, certes, la verve n’a pas manqué. […] L’honorable écrivain dont nous parlons ne s’en est pas assez pénétré ; il y aurait, matière à le narguer là-dessus.
Cette facilité qui s’offre à l’écrivain de laisser les choses aller selon leur cours naturel et de s’abstenir de les soumettre à un plan original, est une dangereuse et forte tentation. […] Ce n’est pas ainsi qu’il faut procéder : l’ordre des temps, la division des lieux doivent être un secours et non une tyrannie pour l’écrivain. […] L’écrivain doit les dire : il faut qu’il leur fasse dire leur secret, ouvrir le fond de leur âme sans en avoir l’air. […] Les écrivains les plus déterminés à serrer de près la réalité font un choix plus large, mais font un choix, pour peu qu’ils soient artistes. […] Le grand écrivain n’a pas pris dans la nature le détail expressif : il a créé l’expression par son choix volontaire, qui a exclu tous les autres détails identiques pour en recevoir un seul.
Cette imitation servile des poetes qui ont composé en des langues étrangeres, est le sort des écrivains qui travaillent, quand leur nation commence à vouloir sortir de la barbarie. […] Les bons écrivains n’empruntent des autres que des manieres de la copier. […] Au temps de D’Ablancourt, un auteur imprimé depuis soixante ans paroissoit un écrivain gothique. […] Ils en préferent le stile au stile plus orné des écrivains postérieurs, parce que la phrase italienne étoit parvenuë à sa régularité dès le seiziéme siecle. […] Ainsi nous pouvons promettre sans trop de témerité la destinée de Virgile, d’Horace et de Ciceron aux écrivains françois, qui font honneur au siecle de Louis Le Grand, c’est-à-dire, d’être regardez dans tous les temps et par tous les peuples à venir comme tenans un rang entre les grands hommes, dont les ouvrages sont réputez les productions les plus précieuses de l’esprit humain.
Pour un esprit comme le sien, pour un esprit jeune alors, animé, plein de sève, et par-dessus tout cela poétique (il venait de publier un volume de vers), c’était une charge, mais non une charge d’âme, que de continuer Sismondi, — Sismondi, l’historien érudit, si l’on veut, mais l’historien sans vie réelle, sans mouvement, sans chaleur, et l’un des écrivains de cette belle école grise de Genève qui, pour le gris, le pesant et le froid, a remplacé avantageusement Port-Royal ! […] Il ne craignit pas de se montrer, dans la difîérence de ses facultés et l’indépendance de son allure, à la suite du considérable écrivain. […] Renée resta Français, et Français de Paris, et nous eûmes une histoire pénétrante souvent, brillante parfois, mais vivante toujours, et toujours écrite ; car il est toujours ce que Sismondi n’est jamais, dans le sens aiguisé du mot : je veux dire un lettré et un écrivain. […] Ouvrez où vous voudrez ce livre de Louis XVI et sa Cour, et voyez si partout l’écrivain, l’écrivain dont nous avons parlé au commencement de ce chapitre, ne fait pas descendre l’expression comme la lumière sur les côtés les plus ravalés de ce caractère tout à la fois inerte et brutal, sur cet homme épais, tout physique, qui oubliait son métier de roi dans des métiers mieux faits pour lui ! […] Il y a l’homme d’esprit, il y a l’homme politique, l’homme politique sceptique quelquefois dans l’histoire où, excepté l’action du caractère et de la main, il y a tant de choses qui pourraient ne pas être et qui sont indifféremment là ou là ; mais, par-dessus ces divers hommes, il y a le peintre de plume, l’écrivain d’imagination et de style, l’anti-Genevois, l’anti-Sismondi !
L’écrivain peut écrire l’histoire qui y mène comme une mécanique l’écrirait. […] Pourquoi n’a-t-il pas, en fait, comme écrivain, l’esthétique de sa philosophie ? […] Eh bien, en sa qualité d’écrivain d’imagination, Hippolyte Castille adore la force et voudrait bien en avoir ! […] Évidemment, l’homme qui se sert de cette plume-là et sait partager, en la racontant, l’impatience de sang et de fierté des hommes qui furent les ennemis de sa cause, est fait pour autre chose que pour être un fataliste historique et rester l’écrivain qui, par amour du style, ne trouve rien de mieux que de mettre le mot « trombe » à la place du mot Dieu ! […] Il s’est fait historien de la Révolution française pour devenir homme d’État, et peut-être restera-t-il écrivain.
Au treizième, parurent tous ces docteurs qui jouèrent un si grand rôle dans leur temps, et qui sont si peu lus dans le nôtre, dont quelques-uns sont au nombre des saints, mais qui ne sont plus au nombre des écrivains célèbres. […] Ajoutez que, dans les temps dont nous parlons, la plupart des écrivains étaient étrangers à leur pays et à leur siècle. […] Pour affaiblir cette résistance, l’orateur ou l’écrivain tâchera d’emprunter avec le langage, et d’adopter, autant qu’il est possible, les passions, les goûts, et pour ainsi dire les idées religieuses, politiques et civiles du peuple dont il veut imiter la langue. […] Ainsi, ces sortes d’écrivains n’auront ni la physionomie de leur nation, ni celle de leur siècle, ni celle de la nation et du siècle qu’ils prétendent imiter, ni la leur même. […] Il est triste, pour tant d’écrivains, qu’en les oubliant on ne leur ait rendu que justice.
Le berceau de cette révolution fut l’hôtel de Rambouillet, cet hôtel regardé, depuis la fin du siècle passé, comme l’origine des affectations de mœurs et de langage, et qui fut dans le grand siècle, et pour tous les grands écrivains qui l’illustrèrent, pour Corneille, pour Boileau, pour La Fontaine, pour Racine, pour Molière même, oui pour Molière, plus que pour aucun autre, l’objet d’une vénération profonde et méritée. […] Les écrivains qui accréditent cette erreur ne remarquent pas que si leur opinion était juste, la gloire de Molière, qu’ils croient rehausser, serait au contraire rabaissée : car, s’il était vrai qu’il eut fait la guerre à la marquise de Rambouillet, à sa fille Julie, aux Sévigné, aux La Fayette, aux La Suze, au lieu de la faire seulement aux Scudéry, on pourrait dire qu’il est sorti vaincu d’un côté, étant vainqueur de l’autre, un effet, s’il a purgé la langue et les mœurs des affectations hypocrites et ridicules des Peckes, d’un autre côté les femmes illustres, qui ont survécu à l’hôtel de Rambouillet et en avaient fait partie, ont banni du langage et des mœurs des grossièretés et des scandales qu’il protégeait, et y ont apporté des délicatesses et des larmes dont elles ont eu les premières le sentiment. […] On attribue exclusivement à Molière, à Racine, à Boileau et aux écrivains de leur temps, l’épuration de la langue et sa beauté. La vérité est que madame de Sévigné, dont pas une locution n’a vieilli, Descartes, Pélisson, Pascal, Malherbe, Régnier, Corneille, avaient écrit longtemps avant qu’aucun des écrivains du siècle de Louis XIV eut paru dans la littérature, même avant le règne de ce prince.
Le Voyage à l’Ile-de-France est donc déjà d’un écrivain exercé, et par endroits éloquent. […] Louis XVI, qui était, bien le roi d’un écrivain comme Bernardin, le nommait intendant du Jardin-des-Plantes. […] Sut-il l’apprécier en retour et reconnaître en cet écrivain grandissant le plus direct, le plus autorisé en génie, et le plus dévorant en gloire, de ses héritiers ? […] Je ne prétends point pourtant, dans cette allusion au Consul romain, adopter en tout les plaisanteries de Juvénal et des écrivains du second siècle sur les vers de Cicéron. […] Toutefois, l’infériorité incomparable du talent poétique de Cicéron en face de sa gloire d’orateur et d’écrivain philosophique demeure une preuve à l’appui du fait général.
Ces écrivains, qui s’intitulaient des moralistes « avec le moins d’imagination possible », n’ont eu que de l’imagination, et n’ont été que des romanciers ! […] Mais un écrivain de talent peut venir — ajoute M. de Goncourt — qui appliquera à la société d’en haut cette « analyse cruelle que M. […] Voilà ce que l’écrivain des Zemganno appelle le Naturalisme et son analyse tout à la fois : le retranchement de la moitié de la création dans l’observation de l’artiste ! […] Si, nous autres écrivains, nous pouvions écrire comme ces gens-là se meuvent ! […] la propriété des mouvements, nous serions de grands écrivains… Je suis convaincu que, pour qui a le sentiment des analogies et la puissance des mystérieuses assimilations, les regarder, c’est apprendre à écrire.
Si les repos sont trop multipliés, c’est que l’écrivain est poussif, ou bien le lecteur. […] Mais elles sont si jolies, elles feront tant d’honneur à l’écrivain, elles se présentent dans une forme déjà achevée et qui les fait si bien valoir, qu’on n’a vraiment pas la force de les exclure. […] Ce rapport nécessaire est tout pour les grands écrivains. […] Au contraire, on sent vite quand l’esprit et la science de l’écrivain débordent son œuvre, et l’on est soi-même sollicité sans cesse en la lisant d’aller au-delà du texte. […] Sans compter que ce qu’ils ont de bon est plus difficile à rencontrer chez eux, qui n’excluent rien, que chez les écrivains qui font un choix sévère.
. — Les philosophes sont gens du monde et par suite écrivains […] Point d’écrivain qui soit plus maître de soi, plus calme d’extérieur, plus sûr de sa parole. […] En ceci, nul écrivain ancien ou moderne n’approche de lui ; pour simplifier et vulgariser, il n’a pas son égal au monde. […] Il n’y eut jamais d’écrivain qui ait possédé à un si haut degré et en pareille abondance tous les dons du causeur, l’art d’animer et d’égayer la parole, le talent de plaire aux gens du monde. […] Quand le talent de l’écrivain rencontre ainsi l’inclination du public, peu importe qu’il dévie et glisse, puisque c’est sur la pente universelle.
Cet écrivain, qui se croyoit si redoutable, s’est essayé dans plusieurs genres. […] C’est dans ces écrits périodiques que Desfontaines a paru aux yeux de ses partisans l’Aristarque de nos jours : c’étoit à leur gré un critique judicieux, qui avoit le tact sûr, avec un talent singulier pour saisir les beautés & les endroits foibles d’un ouvrage ; pour les présenter au public dans leur vrai point de vue, pour les lui présenter d’une manière élégante & enjouée ; un observateur qui mettoit de l’intérêt dans les moindres choses, qui sçavoit l’art d’amuser & d’instruire, de fondre habilement, dans l’occasion, toute cette érudition qu’il avoit puisée dans les meilleurs écrivains anciens & modernes. […] Le deuil que j’ai porté de son amitié est fini. » Dès-lors il n’eut plus de ménagement pour un écrivain dont il étoit, à la fois, le plus grand admirateur & le censeur le plus rigide. […] Cette maligne disposition de notre prétendu Aristarque à l’égard du premier écrivain de la nation, ne parut pas à celui-ci devoir mériter de l’indulgence. […] On retint la suivante : Cet écrivain, si fertile en libelles, Croit que sa plume est la lance d’Argail ; Au haut du Pinde, entre les neuf pucelles, Il s’est placé comme un épouvantail.
Quand il seroit vrai que notreHorace se fût élevé contre ses Poëmes, pourroit-on disconvenir qu’il y a dans l’Opéra, comme le remarque très-bien un Ecrivain de nos jours, « un vice radical qui a suffi pour indisposer contre lui les meilleurs Esprits, tels que Boileau, Racine, Lafontaine, Rousseau, la Bruyere, &c. ? […] Nous croyons cependant que ce spectacle est convenable pour de grandes fêtes, & qu’il est même susceptible de beautés particulieres dont aucun Ecrivain n’a mieux senti que Quinault toutes les especes différentes ; mais, nous le répétons, il ne faut pas s’étonner que Boileau, si exact, si sévere dans ses Productions, & qu’une étude continuelle des Anciens avoit accoutumé à leur caractere de beautés mâles & nerveuses, ne pût se familiariser avec une poésie presque toujours dénuée d’images & de métaphores hardies. […] « En attaquant [dit-il] dans mes Satires les défauts de quantité d’Ecrivains de notre Siecle, je n’ai pas prétendu pour cela ôter à ces Ecrivains le mérite qu’ils peuvent avoir d’ailleurs.
Girac, écrivain de la moyenne classe, versé dans les langues, dans l’histoire & dans la connoissance de l’antiquité, eut le jugement assez droit pour sentir qu’on prenoit le change, qu’on s’égaroit sur le goût. […] Récompenser des écrivains qui se prennent de querelle, c’est le moyen de les rendre encore plus nombreuses, & de mettre en combustion toute la république des lettres. […] Pour ce qui est de sa capacité, je n’ai point mémoire d’avoir lu d’écrivain si ignorant… Quel avantage dois-je donc attendre de combattre un homme si foible, de tenir tête à une harangère, & d’imiter ce Ctésiphon de Plutarque qui faisoit le coup de pied de mulet ? […] Après un court examen, il ordonna aux deux écrivains, dont la querelle avoit amusé si longtemps la ville & les provinces, qu’ils eussent à ne plus écrire l’un contre l’autre.
C’est pour cela que Taine est un modèle… C’est dans Taine et dans les écrivains qui lui ressemblent qu’on apprendra le style qu’on peut apprendre. » Nous avons naturellement cité ce passage, si bien d’accord avec nos théories ; et c’est une joie de voir cette fois M. de Gourmont, contraint de se retourner contre M. […] Sans vocation, pas d’écrivain possible, cela va de soi, et c’est dans ce sens qu’on peut dire « qu’on ne se donne pas son style », Mais cette disposition obscure, ce don qu’on ne s’était pas découvert, nous disons, nous : c’est la volonté qui les dégage, c’est le travail qui les précise, c’est l’effort qui les développe. […] Ce que nous soutenons, c’est que certains écrivains se sont créé ou ont modifié leur style par cela seul qu’ils l’ont voulu, et c’est une naïveté de prétendre que, s’ils y sont parvenus, c’est qu’ils avaient les moyens intellectuels d’y parvenir. […] Taine était, d’ailleurs, persuadé que l’art d’écrire s’enseigne, et il croyait très certainement à l’assimilation et à la démonstration technique du style, lorsqu’il adressait ces conseils à un ami, au sujet d’une jeune femme : « Il faut qu’elle se dise résolument et tous les matins : Je veux être écrivain.
Ainsi un livre dans lequel la forme de l’Écrivain (quelle qu’elle soit ; ce n’est pas la question) est maîtresse chez elle, quand elle ne l’est pas dans les journaux, où, comme partout, la forme emporte le fond (ou l’empâte), tel est ce premier volume des Œuvres et des Hommes. […] Il ne croit qu’à la Critique personnelle, irrévérente et indiscrète, qui ne s’arrête pas à faire de l’esthétique, frivole ou imbécile, à la porte de la conscience de l’écrivain dont elle examine l’œuvre, mais qui y pénètre et quelquefois le fouet à la main, pour voir ce qu’il y a dedans… Il ne pense pas qu’il y ait plus à se vanter, d’être impersonnel que d’être incolore, — deux qualités aussi vivantes l’une que l’autre et qu’en littérature, il faut renvoyer aux Albinos ! […] Le livre des Œuvres et des Hommes, sera en effet, distribué en autant de catégories, qu’il y a de fonctions spéciales et de vocations dans l’esprit humain, et chaque série de fonctions aura autant de volumes que le nécessiteront le nombre des écrivains et la valeur de leurs travaux. On y observera l’ordre hiérarchique des connaissances et des génies, et c’est pour cela qu’on commence aujourd’hui par ce qu’il y a de plus général dans la pensée : les Philosophes et les Écrivains religieux.
Ils ont eu sur sa carrière d’écrivain une influence décisive. […] Ce sont pourtant d’assez bons écrivains. Et peut-être serait-il temps de nous souvenir que celui dont nous parlons est tout de même un écrivain, et un écrivain de théâtre. […] L’écrivain n’avait pas changé, mais le public. […] Cet écrivain sans ennemis était l’ennemi de quarante écrivains.
Ce sont trois essais d’interprétation du génie de l’écrivain. […] Il est plus difficile de baptiser Dumas écrivain. […] Chuquet, fut un amateur et un fantaisiste plutôt qu’un artiste, un original plutôt qu’un écrivain original, un écriveur plutôt qu’un écrivain. […] Le zèle des écrivains est indiscutable. […] Les Grands écrivains français, 1 vol. in-16º; Hachette.
Cousin a eu une heureuse idée, celle de revoir, de retrouver en quelque sorte son Cours de 1815 à 1820, et de le donner au public aussi fidèlement qu’il a pu le ressaisir, mais sans se faire faute au besoin de suppléer l’éloquent professeur de ce temps-là par le grand écrivain d’aujourd’hui. […] Il y a quelques écrivains de notre temps, en très-petit nombre qui ont un don bien rare, ou plutôt une heureuse incapacité : ils ont beau écrire en courant et improviser, ils ne sont jamais en danger de rien rencontrer qui soit contre le goût et le génie de la langue. […] Qu’il y a peu d’écrivains pareils ! […] Cousin de même, dans l’ordre oratoire ou dans les développements de l’écrivain, n’a qu’à se laisser aller à sa pente et comme à son torrent : s’il ne se préoccupe d’aucune démonstration philosophique trop spéciale, il trouvera d’emblée, il parlera ou écrira avec plénitude et de source cette belle langue du xviie siècle qui fait l’objet de nos regrets et de nos admirations. […] Cousin, il n’y a pas seulement le professeur et l’orateur qui fait concurrence à l’écrivain, il y a le causeur, celui que vous savez, de tous les jours, de toutes les heures.
J’offre ce livre « à qui lit », comme disaient les honnêtes préfaces du vieux temps, à quiconque lit nos écrivains français. […] J’ai profité de tous les travaux qui pouvaient apporter des notions positives sur les écrivains et sur les écrits : faits biographiques ou bibliographiques, sources, emprunts, imitations, chronologie, etc. ; ce sont là des éléments d’informations qui font comprendre plus et mieux. Mais pour représenter le caractère des écrits et la physionomie des écrivains, je me suis interdit de résumer les jugements des maîtres que j’admire, de Taine et de Sainte-Beuve, comme de M. […] J’ai donc indiqué sur chaque écrivain de quelque importance les principaux ouvrages à consulter, m’attachant de préférence à signaler les recherches qui fournissent des renseignements positifs auxquels nulle finesse d’intelligence ne peut suppléer, et parmi les études des critiques, indiquant surtout les contemporains dont le jugement littéraire se trouve en relation avec toutes les idées et les besoins du temps présent. […] Je me suis arrêté longuement aux grands noms ; j’ai plutôt diminué qu’accru le nombre des écrivains de second ou troisième ordre.
Celle de Térence est toujours pure, toujours élégante, & sent l’homme du monde ; ce qui fait dire à Cicéron que toute la politesse Romaine est renfermée dans cet écrivain. […] Tu ne la nommes pas, écrivain plagiaire, Sur le Parnasse vrai corsaire ; Laverne est ta divinité. […] Cet écrivain est mort en 1692, dans la soixante dix-neuvième année de son âge. […] Il eut l’imprudence de se mesurer avec Richelet, un des plus méchans & des plus brouillons écrivains de son siècle. […] Du caractère dont étoient ces deux écrivains, on ne doutoit point qu’ils ne se portassent à quelque action de violence.
Le goût pour les Romans s’étoit ralenti pendant quelque tems ; mais vers l’an 1730. quelques écrivains, nés avec beaucoup de talent pour ce genre, le réveillerent. […] Il est malheureux que parmi ces censeurs il faille compter M. de Crebillon le fils ; il étoit digne par son esprit de goûter un écrivain qui en a beaucoup. […] Quelques autres écrivains y ont trouvé un tableau philosophique de ce qui se passe dans l’univers vraiment admirable ; mais tout le monde n’a pas pensé comme eux. […] Le but principal de l’écrivain fut de décrier ce tas d’imaginations extravagantes, de chimères romanesques, de fictions gigantesques & puériles, qui sous le nom de Romans, infectoient le goût & bouleversoient les cervelles en Espagne. […] Si l’ingénieux écrivain à qui nous devons ce Roman moral est léger dans les Quatre Flacons, il est éloquent & profond raisonneur dans Belisaire.
Il s’applique aussi à cette autre comédie qui s’appelle l’art en littérature, et à cet autre comédien qu’on nomme l’écrivain. De bonne foi sur le fond des choses, mais par cela seul qu’il veut les exprimer de manière à plaire à l’esprit ou à le convaincre davantage, l’écrivain calcule ses effets pour ses livres comme le comédien pour la scène, — et ceux-là, parmi les écrivains, qui passent pour les plus inspirés, sont ceux dont le calcul est le plus rapide mais n’en est pas moins du calcul. Lamennais, le grand écrivain et le prêtre écrivain, a toujours porté à la distance de ses livrés le masque éclatant et sombre de son génie ; mais le visage vrai, le visage humain qu’il y avait dessous, qui l’avait vu et qui jamais s’en était douté ? […] À ces deux moments d’une vie rompue et qu’il jeta, comme une branche d’arbre cassée, de deux côtés si différents, Lamennais avait le masque colossal que le génie se compose lui-même et qui fait croire à la toute-puissance de la vie et de l’intensité dans ces sublimes infirmes, dans ces pauvres créatures souvent délicates et souffrantes, que ce soit Lamennais lui-même, Pascal ou Byron, et c’est ce masque oublié, délacé dans des lettres familières et faciles, où l’on respire même de son talent, qui permet de trouver, sous l’écrivain, l’homme.
Les années qu’il m’est donné de vivre encore ne me réservent pas d’aussi douces heures que celles que j’ai passées au milieu d’eux, au sein de devoirs aimés, surprenant ou veillant dans de jeunes cœurs ouverts à toute parole sincère ces secrètes conformités de l’écrivain et du lecteur qui font la vie des ouvrages d’esprit. […] Et quelle histoire réussirait à rendre moins précieuses les leçons d’un professeur illustre, écrivain du goût le plus délicat et de la raison la plus ornée, qui a élevé la critique littéraire au rang de l’histoire, et qui, à l’exemple des antiques orateurs retravaillant leurs harangues pour l’épreuve de la lecture, a changé de brillantes improvisations en écrits durables ? […] Persuadé que les lettres doivent être un supplément de l’expérience personnelle une force active et présente, une discipline qui s’ajoute aux exemples du foyer domestique, à la religion, aux lois de la patrie, j’ai cherché dans nos grands écrivains moins l’habileté de l’artiste que l’autorité du juge des actions et des pensées, moins ce qui en fait des êtres merveilleux, dont la gloire nous peut troubler, que ce qui les met de tous nos conseils et les mêle à notre vie, comme des maîtres aimés et obéis.
ORLÉANS, [Pierre-Joseph d’] Jésuite, né à Bourges en 1641, mort à Paris en 1698 ; un des Ecrivains du Siecle dernier, qui ont montré le plus de talent pour écrire l’Histoire. Avec une imagination vive & élevée, un esprit plein de finesse & de pénétration, il avoit acquis, par l’étude des bons Modeles, les qualités nécessaires à un bon Ecrivain. […] Il est tant de petits incidens dévoués par leur peu de valeur au silence, qu’on ne peut trop savoir de gré aux Ecrivains substanciels & judicieux, dont la plume rejette tout ce qui ne tend point à développer, à faire saisir & à constater les faits essentiels.
Ce n’était pas seulement un homme de goût et d’un tact très-fin, c’était un fort bon écrivain que Vaugelas. […] On ne peut s’empêcher, en lisant La Mothe-Le-Vayer, de lui donner raison en général, quand il s’élève avec une franchise gauloise contre la contrainte servile qu’on voudrait imposer à tout écrivain ; il s’indigne de ces subtilités et de ces enfantillages, et comme il est trop poli pour dire en français ce qu’il pense, il se couvre à ce propos du latin de Cicéron. […] » On l’y voit blâmant l’excès de la recherche et de la curiosité, observant d’ailleurs la mesure, conseillant aux bons écrivains un peu faibles par la pensée de s’adonner aux traductions comme à de beaux thèmes où ils pourront acquérir beaucoup d’honneur, maintenant et défendant l’usage des citations en langue latine (il y est intéressé) dans tout discours qui ne s’adresse pas au peuple et à une majorité d’ignorants. […] Dans une table générale et monumentale des écrivains de la langue, de ceux qui ont compté et concouru le jour ou la veille d’un règne si mémorable, sur cet Arc de triomphe de la France littéraire, on écrirait son nom en petites lettres ; mais il aurait sa place assurée. […] Poitevin qui s’est amusé, dans ce qu’il appelle une Cacographie, à recueillir les prétendues mauvaises phrases des meilleures écrivains du temps.
La première, à laquelle Louis XIV ne fit que donner son nom et que prêter plus ou moins sa faveur, lui vint toute formée de l’époque précédente ; j’y range les poëtes et les écrivains nés de 1620 à 1626, ou même avant 1620, La Rochefoucauld, Pascal, Molière, La Fontaine, madame de Sévigné. La maturité de ces écrivains répond ou au commencement ou aux plus belles années du règne auquel on les rapporte, mais elle se produisait en vertu d’une force et d’une nourriture antérieures. […] Sur ce point il confine au xviiie siècle plus qu’aucun grand écrivain de son âge ; Vauvenargues, à quelques égards, est plus du xviie siècle que lui. […] Quoi qu’il en soit, et sans faire injure à nos mérites laborieux, son premier petit in-12 devrait être à demeure sur notre table, à nous tous écrivains modernes, si abondants et si assujettis, pour nous rappeler un peu à l’amour de la sobriété, à la proportion de la pensée au langage. […] M. de Barante, dans quelques pages élevées où il juge l’Éloge de La Bruyère par Fabre (Mélanges littéraires, tome II), a contesté cet artifice extrême du moraliste écrivain, que Fabro aussi avait présenté un peu fortement.
Mais pour se servir de ce vers compliqué et savant, il fallait du génie et une oreille musicale, tandis qu’avec les règles fixes, les écrivains les plus médiocres peuvent, en leur obéissant fidèlement, faire, hélas ! […] ……………………………………………………………………………………………… Parmi les écrivains français dont vous voulez restaurer la langue, vous nommez François Rabelais, Philippe de Comynes (et non point Commines, ainsi que vous l’écrivez), Villon et Rutebœuf, « écrivains libres, dites-vous, et dardant le terme acut du langage, tels des toxotes de Thrace leurs flèches sinueuses ». […] Ce sont des écrivains de tout point dissemblables, et s’ils ressemblent tous deux, comme vous dites, aux toxotes de Thrace, il faut nécessairement que cette ressemblance s’étende à beaucoup d’écrivains. […] Dufaure, plutôt que par aucun des écrivains symbolistes. […] Vous prenez soin, Monsieur, de désigner dans votre manifeste, en même temps que les bons écrivains français qui ont préparé le symbolisme, les mauvais qui l’ont retardé.
Examinons avec quels succès, en défiant quiconque d'oser nous taxer avec fondement de méconnoître ce qu'il y a de bon dans cet Ecrivain, ou d'outrer la censure contre ce qu'il y a de mauvais. […] La plume de l’Ecrivain n’y paroît qu’usée, foible, intarissable en répétitions. […] Il suffit de dire que les fautes, les erreurs, les bévues, s’y entrechoquent à chaque page, & que l’Ecrivain y répete, répete, répete sans cesse les mensonges qu’il avoit déjà répétés en mille endroits. […] Quant aux autres Ecrivains qui ont eu le malheur de lui déplaire ou de le contredire, il a eu la bonté de se mettre au dessous d’eux, par la maniere dont il les a traités. […] Nous venons d'examiner l'Ecrivain, il ne s'agit plus que d'analyser l'Homme.
Si Courbet et Millet avaient été des maîtres peintres, Émile Zola était un maître écrivain. […] Et les écrivains de génie qui se produisent alors ne peuvent être dépassés. […] Les écrivains contemporains ne font qu’actualiser ce qui est éternel. […] Diderot parle d’un idéal qui ne s’acquiert pas et que l’écrivain ou l’artiste apporte en naissant. […] Il faut que nous cessions d’établir la réputation, la fortune, la gloire d’écrivains sans idées et sans grandeur.
Que si maintenant nous revenons à lui comme écrivain, nous ne devons jamais nous surfaire la valeur de ce titre ainsi appliqué ; c’est un écrivain sans le savoir. […] César, le premier des écrivains de son ordre et le plus comme il faut des grands hommes, a réuni en lui tous les talents et tous les arts. […] Parmi les modernes, Louis XIV, quoiqu’on ait publié ce qu’on appelle ses œuvres, ne saurait être appelé un écrivain. […] Le grand Frédéric, lui, était un roi essentiellement écrivain ; et quand il écrivait en prose, sauf les germanismes inévitables, c’était un écrivain ferme, sensé, vraiment philosophe, plein de résultats justes et de vues d’expérience, et doué aussi par endroits d’une imagination assez haute et assez frappante. […] En tout, l’écrivain de profession domine en lui et diminue un peu l’écrivain-roi.
Peu d’écrivains, même parmi les immortels du jour, savent aussi bien que Bourget reprendre une grande inspiration pour la banaliser et la faire lucrativement grotesque. […] J’aime d’admiration l’écrivain paradoxal et vigoureux, le métaphysicien qui prolonge parfois le dogme catholique en des profondeurs de vertige et de ténèbres ; mais on sent soudain une main rude et forte vous soutenir et, brusques éclairs qui traversent l’abîme, des images inattendues fulgurent devant vos yeux de la menace et de la clarté. […] Sur quelques points de métaphysique et de morale indiqués dans Je m’accuse, j’aurais plaisir aussi à contredire le redoutable écrivain. […] Un bon écrivain peut se tromper quelquefois, ô Edmond Lepelletier, sans que les cochons cessent pour cela d’être des cochons. […] J’aimais Le voyage de Shakspeare, étude curieuse de la formation d’un génie, et l’Astre noir, étude âpre de l’écrivain génial dans sa pleine et complexe maturité.
Lerminier a donc fait un livre chaud, semé de vérités larges et brillantes, comme sa vocation d’orateur et d’écrivain placé en face de la jeunesse le lui a conseillé. Avant d’être un livre, cet exposé du xviiie siècle a été un cours ; dans sa préface, l’écrivain a très habilement posé la différence du style à la parole, les sacrifices que l’un exige, auprès des licences heureuses que l’autre se permet. […] Lerminier ces mots rapides échappés aux hasards d’une plume ardente, c’est qu’ils sont assez rares pour pouvoir aisément disparaître ; et c’est qu’au degré d’autorité croissant qu’acquiert l’écrivain, ils tombent de plus haut et sont remarqués davantage. […] Je sais que c’est une défense peu avantageuse à prendre que celle du Système de la nature et de cette faction d’holbachienne ; mais je ne veux soutenir d’Holbach ici que comme un homme d’esprit, éclairé quoique amateur, sachant beaucoup de faits de la science physique d’alors, n’ayant pas si mal lu Hobbes et Spinosa, maltraité de Voltaire, qui le trouvait un fort lourd écrivain et un fort ennuyeux métaphysicien, mais estimé de d’Alembert, de Diderot, et dont l’influence fut grande sur Condorcet et M. de Tracy. […] … » Et en continuant sa recherche, l’écrivain ne découvre dans l’opposition de ce siècle que Gilbert qui puisse compter.
Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. […] Comme courtisan, comme guerrier, comme écrivain, il croyoit n’avoir point d’égal ; & l’on sçait combien il étoit dans l’erreur. […] Boursault avoit relevé des fautes dans ce grand comique & dans quelques autres écrivains du premier ordre. […] On le vit en user, à l’égard de Boileau, comme en ont usé souvent, à l’égard des meilleurs écrivains, quelques-uns de leurs ennemis. […] Il vivoit avec tout ce qu’ils avoient en France d’écrivains de distinction : mais il n’aimoit pas le corps.
Prenez la prose anglaise à sa grande époque avec des écrivains tels qu’Addison, Johnson, Swift, Richardson, Fielding, leur originalité consiste exclusivement dans la pensée et le tour d’esprit : la langue que parlent ces hommes ingénieux est peu variée, assez monotone dans ses constructions, et parfois même, si j’ose dire toute mon opinion, quelque peu languissante et plate. […] Entre Froissart et Comines, cet écrivain déjà si profond, figureront la rhétorique éloquente d’Alain Chartier, la doctorale sensibilité de Christine de Pisan. Comines conclut le quinzième siècle : voici le seizième qui entre en lice avec toute une phalange de prosateurs, quand l’Allemagne ne comptait qu’Ulric de Hutten et Luther, que la prose n’était pas née pour ainsi dire en Espagne et que l’Italie ne nous opposait plus, à l’exception de Machiavel et de Guichardin, que des écrivains diserts bien inférieurs à tous ces génies créant chacun une langue dans la langue française. […] Au contraire, un seul excepté, tous les grands poètes de la France, je dirai même plus, tous les écrivains en vers de quelque valeur, ont compris que la Rime contenait en grande partie la musique et la couleur de notre poésie nationale. […] Quicherat où sont admises toutes les prétendues licences poétiques contraires à la pratique de tous nos bons écrivains en vers.
Bon critique d’ailleurs et judicieux écrivain. […] Peisse, un de ces écrivains discrets que deux ou trois hommes d’imagination font profession d’admirer beaucoup pour se donner des airs judicieux. » — Le fait est que M. […] Armand Carrel le citait comme un des meilleurs écrivains du temps.
Nous ne l’envisagerons point comme Théologien : nous souscrivons au jugement qu’on en a porté à cet égard ; mais en qualité d’homme de Lettres, il nous est permis de le regarder comme le génie le plus heureux, & comme un des meilleurs Ecrivains que nous ayons eus. […] On est fâché de voir le même Ecrivain qui fait si bien nous peindre l’avénement du Messie, la sublimité de sa doctrine, la sainteté de sa morale, l’éclat de ses miracles, les circonstances de sa passion, les ignominies de sa mort, donner dans des écarts, dont une sagacité aussi profonde & aussi déliée que la sienne auroit dû le garantir. […] Qu’on pardonne à l’Homme l’incertitude de ses vues, la témérité de ses opinions, l’Ecrivain paroîtra toujours supérieur ; & la France, en condamnant ses erreurs, est en droit de s’enorgueillir de ses talens.
Elle a transformé certaines maisons mondaines en bureaux d’esprit, en antichambres ou en succursales de l’Académie, et, du nombre des amateurs, qui l’appréciaient comme un jeu, elle a fait sortir parfois de grands écrivains. […] Tel mot était condamné, parce qu’il avait déplu à telle grande dame, à tel écrivain en vogue. […] Heureusement que le peuple et les écrivains, moins dégoûtés que les précieuses et moins soucieux de leur approbation, réagissaient contre ces excès. […] Et pourtant, malgré les railleurs, malgré l’exemple des grands écrivains, cette influence mauvaise du milieu mondain s’est prolongée des années et des années sur notre littérature. […] Le désir de plaire au monde a poussé maintes fois écrivains et orateurs à sacrifier les qualités fortes et solides aux qualités douces et brillantes.
Un écrivain qui a quelque souci de la postérité cherchera sans cesse à purifier sa diction, sans effacer toutefois le caractère particulier par lequel son expression révèle l’individualité de son esprit. […] Qu’il lui soit permis de déclarer, avant de terminer, que l’esprit d’imitation, recommandé par d’autres comme le salut des écoles, lui a toujours paru le fléau de l’art, et il ne condamnerait pas moins l’imitation qui s’attache aux écrivains dits romantiques que celle dont on poursuit les auteurs dits classiques. […] À entendre des écrivains qui se proclament classiques, celui-là s’écarte de la route du vrai et du beau qui ne suit pas servilement les vestiges que d’autres y ont imprimés avant lui. […] ces écrivains confondent la routine avec l’art ; ils prennent l’ornière pour le chemin.
Si beaucoup d’écrivains approuvent les Athéniens, il en est aussi qui les condamnent. […] L’écrivain qui s’éleva le plus contre le genre de Racine fut le célèbre abbé Villiers. […] >Elles sont le fléau des écrivains. […] Moins elle donne dans le bas, plus elle est faite pour être l’effroi des écrivains célèbres. […] Cet écrivain a beaucoup travaillé pour les différens théâtres de Paris, &, dans tous, il a eu des succès.
Dans presque tous les genres, des écrivains remarquables parurent, et purent se livrer sans obstacle aux inspirations de leur génie. […] L’empereur exerçait donc un attrait puissant sur les écrivains. […] Le courage des écrivains, dans ce temps, consistait plus dans ce qu’ils ne disaient pas que dans ce qu’ils disaient. […] D’un côté, on lui disait, en lui montrant les écrivains du philosophisme : « Prenez garde ! […] Les écrivains devaient trouver une facile connivence chez le public.
Ceux-là sont des écrivains « arrivés ». […] Dès ses débuts, Moréas se montra un écrivain méticuleux et attentif. […] Ces écrivains sont des réalistes, des réalistes pour ainsi dire classiques. […] Les trois écrivains dont M. […] Charles Whibley, est un écrivain de grand talent, un érudit et un ironiste.
La prévention est assez forte aujourd’hui contre les écrivains qui peignent les « gens du monde ». […] Que n’eût point donné Jean-Jacques Rousseau pour n’être pas gauche auprès des femmes, pour les séduire par autre chose que son génie d’écrivain, par des dons purement extérieurs et frivoles ! […] C’est sans doute un lieu commun de dire que la littérature, en se mêlant à tous les sentiments de l’écrivain, les atténue ou les déforme. […] L’écrivain — j’entends celui qui par vocation observe les hommes et transcrit ses observations — peut se jouer à lui-même la comédie de la passion. […] L’attitude de l’écrivain est continuellement celle d’un observateur un peu dédaigneux.
Resté le dernier survivant de la génération d’écrivains à laquelle il appartenait, il lui faisait honneur à nos yeux ; il la personnifiait par les meilleurs côtés ; c’est en la jugeant par lui qu’on s’en pouvait former l’idée la plus favorable. […] C’est ce qui se vérifia pour les écrivains distingués dont nous avons à parler ; il s’agit des écrivains littéraires du Journal des débats d’alors. […] Quelques-uns des écrivains que nous avons cités, devenus grands personnages et grands fonctionnaires, laissèrent la plume. […] De ces divers écrivains, ainsi agrégés, qui avaient commencé ou qui continuèrent alors de concert la fortune du journal, quatre noms sont restés de loin associés dans le souvenir comme représentant la critique littéraire sous l’Empire : Geoffroy, Dussault, Hoffman et M. de Féletz, qui vient de mourir le dernier. […] La personne, non moins que l’écrivain, méritait ce choix.
De plus, Montesquieu écrivain a, avant tout, comme son compatriote Montaigne, de l’imagination dans le style ; il s’exprime par images ; presque à tout coup il enfonce des traits, il frappe des médailles. […] Les plus grands écrivains ont donné quelquefois dans ce travers-là. […] Dans ses lettres à M. de Kergorlay on le voit de bonne heure tracer le plan de sa vie, s’assigner un but élevé et se confirmer dans la voie dont il n’a jamais dévié : « À mesure que j’avance dans la vie, écrivait-il (6 juillet 1835) âgé de trente ans, je l’aperçois de plus en plus sous le point de vue que je croyais tenir à l’enthousiasme de la première jeunesse : une chose de médiocre valeur, qui ne vaut qu’autant qu’on l’emploie à faire son devoir, à servir les hommes et prendre rang parmi eux. » Il est déjà en plein dans l’œuvre politique, au moins comme observateur et comme écrivain, et malgré tout, en présence du monde réel, il maintient son monde idéal ; il se réserve quelque part un monde à la Platon, « où le désintéressement, le courage, la vertu, en un mot, puissent respirer à l’aise. » Il faut pour cela un effort, et on le sent dans cette suite de lettres un peu tendues, un peu solennelles. […] De nos jours, d’ailleurs, je ne vois pas d’emploi plus honorable et plus agréable de la vie que d’écrire des choses vraies et honnêtes qui peuvent signaler le nom de l’écrivain à l’attention du monde civilisé, et servir, quoique dans une petite mesure, la bonne cause. […] Je sais qu’il y a entre mon style et le style des grands écrivains un certain obstacle qu’il faudrait que je franchisse pour passer de la foule dans les rangs de ceux-ci. » Il va trop loin et il n’est pas du tout juste avec lui-même en se mettant dans la foule ; il est au premier rang des écrivains de notre temps qu’on appelle distingués.
Des tragédies de Shakespeare41 Les Anglais ont pour Shakespeare l’enthousiasme le plus profond qu’aucun peuple ait jamais ressenti pour un écrivain. […] Shakespeare, égalé quelquefois depuis par des auteurs anglais et allemands, est l’écrivain qui a peint le premier la douleur morale au plus haut degré ; l’amertume de souffrance dont il donne l’idée pourrait presque passer pour une invention, si la nature ne s’y reconnaissait pas. […] La découverte de l’imprimerie a nécessairement diminué la condescendance des auteurs pour le goût national : ils pensent davantage à l’opinion de l’Europe ; et quoiqu’il importe que les pièces qui doivent être jouées aient avant tout du succès à la représentation, depuis que leur gloire peut s’étendre aux autres nations, les écrivains évitent davantage les allusions, les plaisanteries, les personnages qui ne peuvent plaire qu’au peuple de leur pays. […] Il s’est alors conduit comme un habile chef de parti, mais non comme un bon écrivain. […] Je n’ai pas cité les ouvrages anglais qui traitent de la littérature anglaise, et en particulier la Rhétorique du docteur Blair, parce que le but et les idées de ces écrivains n’avaient aucun rapport avec le plan général que je m’étais proposé dans cet ouvrage, ni avec l’indépendance que je voulais porter dans mes jugements sur les écrivains étrangers.
On sort de la lecture du dernier de ses ouvrages, comme des précédents, assuré qu’il est le plus maître écrivain de langue française. […] Barrès, en dix lignes, chaque jour, désignait les mains sales avec un esprit, une désinvolture, qui marquent, je le redis parce que c’est l’essentiel de lui : — un grand écrivain. […] C’est à cette heure l’écrivain dont je me suis aperçu que je me servais le plus comme pierre de touche du goût d’un interlocuteur nouveau « Qu’est-ce que vous pensez d’Adam ? […] Les Cœurs nouveaux seraient un excellent prétexte à cette nécessaire étude critique de l’écrivain qui est, avec M. […] Ne comptent que les littérateurs en activité, non en devenir, et c’est pourquoi j’omets sans doute de plus purs écrivains possibles, mais aucun écrivain actuel, en ne nommant à l’honneur de la prose récente que M.
Que Monselet, à propos du Sifflet d’argent (journal dont il nous conte l’histoire), nous montre jusqu’à quel point la Critique peut descendre sous des plumes cupides et honteuses, il est assurément dans son droit de moraliste et d’écrivain ; mais, à côté de ce tableau, qui a sa vérité relative, il doit indiquer que cette dégradation de la Critique n’est plus que de la piraterie littéraire. […] Semblable à tous les hommes qui ont l’ambition de leur talent, il a pu rencontrer, dans cette forêt de Bondy enchantée qu’on appelle la littérature, les trois charmantes fées dont tout écrivain, comme le chevalier du Tasse, doit vaincre les charmes : la Bêtise, l’Envie et la Fausse Amitié ; mais ce n’est pas là une raison pour élever son ressentiment jusqu’à la Critique elle-même, dans sa notion pure et absolue. […] Ses habitudes de bibliophile lui feraient-elles tort comme écrivain ? […] L’écrivain qui a enlevé d’une main si sûre et si habile ce petit chef-d’œuvre de récit et de drame : Un beau brin de fille, n’a pas besoin de collationner de vieilles histoires pour nous intéresser et nous émouvoir. […] Il nous a donné une notice, bibliographiquement assez complète, sur Rétif de la Bretonne13 ; mais, selon nous, l’idée de raconter, d’atténuer ou d’excuser la vie d’un pareil homme, ne pouvait venir qu’à un écrivain chez lequel le xviiie siècle a fait fléchir un peu le sens moral.
Trois moyens : 1° Soulager les infortunes des écrivains pauvres, au nom de l’empereur, en ménageant l’amour-propre ; 2° Fondation annuelle pour prix à des sujets désignés par une Commission ; 3° Logement au Louvre pour la représentation nouvelle de la littérature, et rapports directs de cette Société avec l’empereur ou son ministre d’État, en dehors de l’Instruction publique. […] On n’entend parler ici ni des lettrés qui appartiennent à l’Université, ni de ceux qui font partie des Académies, mais de la très-grande majorité des écrivains composant ce qu’on appelle la Presse littéraire. […] On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poëte préféré : on lui adresse son admiration, on lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ? […] De tout temps, on l’a observé, les gens de lettres n’ont pas été des mieux et n’ont pas fait très-bon ménage avec les hommes politiques, même avec ceux qu’ils ont servis ; on l’a remarqué des plus grands écrivains, gens de fantaisie ou d’humeur, de Chateaubriand, de Swift ; écrivains et gouvernants, ils peuvent s’aimer comme hommes, ils sont antipathiques comme race.
A propos du sujet, il convient de ne pas oublier de se demander quelle est l’époque choisie par l’écrivain. […] Après l’époque, le moment représentés, il est bon de constater quel est le pays, le milieu physique où l’écrivain s’est cantonné. […] On peut se demander encore si l’écrivain ou l’orateur procède par narrations, par dialogues, par descriptions, par raisonnements enchaînés et quelle part il accorde à chacun de ces procédés. […] On dresse le vocabulaire dont l’écrivain se sert. […] Les épithètes qu’on accolera dès lors au style d’un écrivain ne feront que condenser en quelques mots une série de données ramassées une à une au cours de notre féconde et multiple enquête.
croyez-le bien, il a tout fait pour ne pas réussir, l’auteur des Deux Masques, cet écrivain de race, d’éducation, de développement continu, infatigable et superbe ! […] Cette puissance du retrouvé et du rendu dans la peinture historique, personne parmi les écrivains modernes ne la possède à un plus haut degré que Saint Victor, si ce n’est Michelet. […] Il fut même presque un écrivain malgré lui, comme Sganarelle fut médecin. […] Sans ces mépris, l’écrivain à la diable et à la haineuse âme de damné qui fut Saint-Simon, serait inconsciencieusement resté dans son brillant étui de courtisan et n’aurait jamais sauté de cette boîte à surprise. Michelet et Saint-Victor sont, au contraire, deux artistes et deux écrivains de vocation et de fonction, qu’on peut comparer pour leurs manières de peindre et d’écrire.
C’est un écrivain, comme s’il n’était pas un savant. Et un savant, comme s’il n’était pas un écrivain. […] Homme de style autant qu’il est peu inventeur, il se l’est composé, ce style, par je ne sais quelle alchimie secrète ; il n’a point le sui generis qu’ont les grands écrivains spontanés qui, vraiment, ont un style à eux. C’est du style d’ordre composite, fait de deux ou trois autres qui ont joué sur la pensée de l’écrivain, qui l’ont teinte et qui l’ont embrasée. […] Mais La Fontaine n’est pas le seul écrivain qui ait laissé ses influences sur Feuillet, sur cet étonnant caméléon intellectuel qui écrit des contes aujourd’hui et qui demain peut-être nous écrira quelque livre d’art ou d’histoire.
Quand on étudie quelque grand écrivain ou poète mort, La Bruyère, Racine, Molière, par exemple, on est bien plus à l’aise, je le sens, pour dire sa pensée, pour asseoir son jugement sur l’œuvre ; mais le rapport de l’œuvre à la personne même, au caractère, aux circonstances particulières, est-il aussi facile à saisir ? […] L’écrivain est toujours assez facile à juger, mais l’homme ne l’est pas également. […] Dès qu’on cherche l’homme dans l’écrivain, le lien du moral au talent, on ne saurait étudier de trop près, de trop bonne heure, tandis et à mesure que l’objet vit. […] Je remarquerai ensuite qu’historiquement parlant, ce qu’on appelle la mémoire des hommes tient souvent en littérature au rôle attentif et consciencieux de quelque écrivain contemporain dont le témoignage est consulté.
Une différence bien remarquable entre les écrivains d’Athènes & ceux de Rome, c’est qu’on voit les premiers, ainsi que les nôtres, dévorés de jalousie, tourmentés d’un ver rongeur, se faisant une éternelle guerre ; au lieu que les grands auteurs Latins n’ont jamais eu leur gloire obscurcie par cette tache. […] Croiroit-on, après cela, qu’adoré dans la capitale du monde par tous les gens de goût, il dût s’y voir insulté par un tas d’écrivains misérables ? […] Mais les plus ardens étoient Bavius & Mœvius, deux écrivains moins décriés encore par la platitude & l’ennui de leurs ouvrages, que par les travers de leur esprit & la malignité de leur cœur. […] Elle eut bien voulu faire passer à la postérité la prose de cet illustre écrivain, pour prouver à tous les siècles qu’il n’a pas mieux réussi hors de son genre, que Cicéron hors du sien.
Il s’occupe d’améliorer le régime de l’impôt sur le revenu pour les écrivains. […] Barres est un grand écrivain. […] Pour vous, un duc est un homme comme un autre, et il n’y a rien au-dessus d’un éminent écrivain. […] Quand il s’agit des lettres d’un grand écrivain, c’est un crime contre l’esprit. […] Il croit avoir radicalement exécuté et enterré un écrivain lorsqu’il l’a traité de penseur.
Il ne regarda de la vie que les livres ; il s’attira de bonne heure la haine des mauvais écrivains, l’amitié des illustres. […] Voilà Boileau comme homme ; voyons Boileau comme écrivain. […] C’est le don de Boileau, de Molière, de Voltaire, les plus spirituels des écrivains en vers, mais les moins véritablement poètes. […] L’épître ici est égale à la tragédie, et les deux écrivains amis sont, dans des ordres de poésie différents, au même niveau de diction poétique. […] Ne sont-ce pas là des médailles de style poétique qu’on ne trouverait, en aussi grande abondance, dans aucun écrivain de tous nos siècles français ?
Feydeau a de l’écrivain. […] Feydeau, comme écrivain, a son individualité, et nous souhaiterions, pour lui, qu’il fût, comme moraliste, au niveau de ce qu’il est comme écrivain. […] Rien ne lui a manqué, rien, si ce n’est la proportion avec le véritable mérite et du livre et de l’écrivain. […] Il y a souvent l’ombre du même type de femme sous la plume des écrivains qui ne sont pas assez forts pour être impersonnels ! […] C’est le mariage, la racine de tous les maux, le mariage indissoluble, imprévoyant, sacrilège envers la sainte et libre nature, et que les écrivains comme M.
Pour ceux qui connaissent son caractère de droiture, d’énergie et de franchise, ou qui ont apprécié la haute portée de son talent, c’était un besoin de manifester les sentiments d’estime et d’affection qu’ils lui portent : ceux qui partagent ses principes politiques ont dû lui savoir gré de cette généreuse ardeur toujours prompte à relever les provocations ou à venger les injures qui s’adressent à la cause de Juillet ; les hommes de cœur, enfin, qui, sans être attirés vers lui par une communauté d’opinion aussi étroite, ont pris en dégoût les honteuses palinodies qui font le scandale de notre temps, n’ont pu refuser quelque marque de sympathie à un écrivain dont la foi politique, éclairée et persévérante, va jusqu’au sacrifice de la vie. […] Comme tous les écrivains patriotes, il s’est attaqué aux puissants, à ceux qui abusaient de la force contre le droit, et il ne s’est souvenu des carlistes que quand de loin en loin ils relevaient la tôle. […] C’est ainsi qu’il avait fait respecter par d’autres adversaires l’indépendance de l’écrivain, en leur portant le défi d’exercer sur lui le prétendu droit d’arrestation préalable.
On peut me blâmer notamment d’avoir voulu corriger certaines phrases d’écrivains célèbres. Ces sortes d’exercice ne choquent point quand ils s’appliquent à de la prose anonyme ; ils sont peut-être messéants quand il s’agit des grands écrivains. […] Albalat en a tiré une méthode pratique dont on peut dire que, si elle ne formera aucun écrivain original, il le sait bien lui-même (?)
Laissons donc ; la frontière est tracée ; il y a deux sortes d’écrivains : les écrivains qui écrivent et les écrivains qui n’écrivent pas, — comme il y a les chanteurs aphones et les chanteurs qui ont de la voix. […] Une des excuses des écrivains qui ne savent pas écrire est la diversité des genres. […] Les écrivains que vous dépouillerez le plus fructueusement, ce sont vos prédécesseurs immédiats. […] Nos écrivains, les romanciers spécialement, se sont créé dans ce pays une excellente clientèle. […] Le Subconscient chez les artistes, les savants et les écrivains, par le Dr Paul Chabaneix.
Beaucoup d’écrivains, d’auteurs de profession ou d’amateurs ont écrit en français hors de France, sans être Français eux-mêmes ou en étant des Français exilés, émigrés : c’est de cette vaste littérature de banlieue que M. […] Les écrivains de Port-Royal font une tribu distincte dans la littérature française et au cœur du grand siècle : Pascal seul a éclaté pour tous ; si l’on veut bien connaître les autres, il faut y regarder de très près et les suivre longtemps dans leur monotonie apparente, dans leur demi-obscurité. […] Les autres écrivains et citoyens genevois, restés plus fidèles que lui, ont besoin, pour être appréciés, d’une étude attentive, et d’être écoutés de très près ; et ils en sont dignes. […] Il a, sur nos écrivains du grand siècle, et sur Boileau notamment, considéré comme auteur de satires, des opinions qui ne laisseraient pas de surprendre si on les citait, et qui ne me paraissent pas manquer de vérité dans leur entière indépendance. […] Comparez Saussure écrivain avec Buffon, avec Ramond et même avec Volnay, et il vous apparaîtra, réduit à ses seules qualités sans doute, mais aussi dans toute la rectitude et l’excellence de son goût.
Bossuet est l’écrivain le plus naturel et le plus varié du dix-septième siècle. […] Nous avons des écrivains familiers qui font descendre à leur niveau les choses élevées. Les exemples sont plus rares d’écrivains qui s’élèvent ou s’abaissent selon la nature des vérités qu’ils traitent. […] Jamais écrivain plus élevé n’a fait moins d’efforts pour l’être et n’a su plus facilement descendre. […] Je ne sache que ce grand écrivain chez qui l’on ne sente jamais, quelque matière qu’il traite, le tâtonnement ni l’effort.
L’effort, je dirais presque l’entêtement de l’écrivain, se trahit à chaque page. […] Champfleury n’est pas plus un écrivain qu’il n’est un véritable observateur ? […] Weill qu’un esprit très ordinaire et qu’un fort médiocre écrivain. […] Dirons-nous un mot, en terminant, du style et de la manière de l’écrivain ? […] — C’est le chef-d’œuvre du jeune écrivain.
Retz n’avait de l’écrivain comme du politique que de belles parties ; en voulant se justifier il ne réussit qu’à s’obscurcir. […] C’est peut-être pour cela qu’ils ont été de grands écrivains. […] Il est des écrivains qui se rendent plus forts et plus agréables en se corrigeant. […] On peut être un grand écrivain et ne savoir que médiocrement la grammaire ; Saint-Simon en est la preuve. […] La phrase doit être libre : c’est la physionomie de l’écrivain.
On voulut bien remarquer en particulier que, lié comme je l’étais avec lui et même lui ayant dû la première idée et la mise en train de ces Causeries du lundi, je ne lui en avais jamais consacré une seule comme à un écrivain de quelque valeur, à un auteur de mémoires. […] cherchez ; j’y consens d’avance… d’être un excellent conseil pour ce qu’écrivent les autres, de leur donner des avis et même des idées… Mais il y a une chose que je ne lui délivrerai jamais, c’est un brevet d’écrivain pour lui et à son compte. Écrivain, il ne l’est à aucun degré ; il n’est, en ce genre, que ridicule : et cette dernière et malheureuse prétention, qui lui a pris sur le tard, gâte toutes tes autres qualités qu’il a réellement.
Mais devant moi quel vil Ecrivain passe ? […] Les termes de vil Ecrivain, de Tigre, de Polisson, de Monstre, qu'on nous a prodigués dans cent Libelles, n'ont jamais déshonoré notre plume. Nous rougirions d'employer de pareilles expressions, même à l'égard de ces Ecrivains philosophes qui, peu contens de s'être épuisés en injustices, en sarcasmes, en personnalités de toute espece contre nous, ont encore recours aux calomnies les plus révoltantes & aux persécutions les plus perfides.
Francis Vielé-Griffina, Retté, Gourmont y atteignirent ; et Mauclair encore, et Gide, délicieux idéologues, exquis écrivains. […] Ce motif dirige la grande foule des écrivains, — qui ne s’avisent de littérature que pour l’écriture : babillage excessif, où la niaiserie fuse avec élégance ; opinions pitoyables qui crèvent comme des bulles ; combinaisons de mots harmonieux ; sont babioles dont ils jouent — ces virtuoses ! […] Certains ont confondu l’art antique, dressant des symboles de sentiments, rendant concret l’abstrait : ainsi Vénus personnifiant la Volupté ; Éros : l’Amour, Pallas : la Sagesse ; … Mais cet art — que plagient les écrivains romans — était matérialiste.
De cette constitution immuable de notre nature sort la nécessité qui s’impose à l’artiste et à l’écrivain de découper dans le monde immense et divers des formes et des pensées un fragment de médiocre dimension, formant un tout homogène, capable d’être supposé indépendant et isolé du reste, présentant un rapport des parties facilement intelligible à l’esprit, et fournissant une diversité d’impressions facilement réductibles en une émotion dominante. […] Au reste, il y aura, selon l’écrivain, selon le sujet, selon le lecteur, mille degrés depuis la simplicité rigoureuse jusqu’à la plus souple complexité. […] Mais l’écrivain, qui est poète et philosophe, y sent un rapport profond : le même soleil éclaire la froide Irlande, l’humide Bretagne, l’Inde ardente ; sur toutes les joies et toutes les douleurs de ces êtres, qui s’aiment, se regrettent, s’espèrent, il brille indifférent et verse également sa tranquille lumière. […] Et comme, dans le mouvement général de l’univers, les êtres particuliers ont leur mouvement propre, ainsi, pour l’écrivain, tandis que l’ouvrage entier s’avancera vers sa fin, chaque partie accomplira son évolution particulière et aura son progrès propre. […] Pascal, qui a fait une si profonde réflexion sur le travail de l’écrivain, et qui, là comme en toute chose, a vu plus nettement et plus loin que personne, a remarqué la peine que donne cette recherche nécessaire : « La dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première. » Et soit qu’on ait parlé, ou entendu les autres parler, n’a-t-on pas pu remarquer souvent comme il est difficile de finir ?
L’écrivain de telle phrase : « Chacune des femmes étendues avait déjà un compagnon secret dont elle créait le charme à l’image réelle de son désir enfantin » est un écrivain qui, de sa langue, n’a plus rien à apprendre. […] Recueil de contes fantastiques, d’un écrivain symboliste. […] Maurice Maeterlinck que les œuvres de ce dramatiste et les charges des écrivains amuseurs popularisèrent. […] France l’écrivait ce matin : « Il en est des strophes des poètes comme des femmes ; rien n’est plus vain que de les louer : la mieux aimée sera toujours la plus belle… » IV. — Lorrain Voici un bon écrivain et le meilleur chroniqueur de ce temps.
Le Télémaque a fait renouveller la première question agitée, en 1663, par un écrivain obscur, nommé Pierre de Bresche, dans son ouvrage intitulé, le Mont-Parnasse. […] De quelque manière qu’on envisage La Mothe, il ne peut être mis dans la classe des excellens écrivains. […] La Mothe, au jugement d’un de nos écrivains également versé dans la littérature & dans les sciences abstraites, n’eut d’autre tort que celui d’écrire contre la poësie en écrivant contre les vers dans les pièces de théâtre. […] Cependant, conclut notre écrivain, quelque imperfection qui se trouve dans nos vers, il faut les laisser tels qu’ils sont, parce que le mal est sans remède. […] C’est un des écrivains qui a eu le plus de ce qu’on appelle amis ; mais il est mort, en 1731, abandonné de tout le monde.
C’est à ce métier que tant d’écrivains se font une espèce de nom. […] Aujourd’hui que notre langue se dénature et se dégrade, les grands écrivains la devineront de même en proscrivant de leurs écrits le ramage éphémère de nos sociétés. […] Un d’entre eux tournait en ridicule la délicatesse excessive d’un écrivain célèbre qui avait témoigné un chagrin (trop grand sans doute) de quelques satires publiées contre lui : l’écrivain célèbre fit une chanson où l’homme en place était effleuré très légèrement. […] Mais si un homme de lettres ambitionne la fortune, dit avec raison un de nos plus illustres écrivains, il doit la faire soi-même. […] « Les savants et les écrivains célèbres qui vous approchent en si grand nombre, applaudiront à l’hommage que je vous rends.
C’était là un résultat plein de lumière, mais il ne suffisait pas au courageux écrivain. […] À quelque famille d’idées ou à quelque parti qu’on appartienne, si on respecte un peu en soi le sens critique, on conviendra, sans peine et sans exagération d’aucune sorte, que Granier de Cassagnac est un des premiers écrivains de ce temps. […] Jusque-là, en effet, personne, parmi les écrivains qui avaient voulu raconter ou expliquer la Révolution française, n’avait eu, comme l’historien qui s’élevait alors, le coup de pinceau historique. […] Il est le journaliste toujours armé, dans la mêlée des principes et des intérêts de son temps, lui qui aurait pu être un écrivain de choses éternelles. […] C’est l’écrivain des choses éternelles que je souffre de voir sacrifié à la nécessité des choses du temps.
En ce judicieux et glorieux règne littéraire, je ne vois guère de fats parmi les écrivains de renom que Saint-Évremond, Bussy, c’est-à-dire des restes de la précédente régence, — un peu Bouhours. […] Des écrivains d’un talent réel, mais secondaire, et qui ne visent pas à le perfectionner ni à le mûrir, le poussent de vitesse, pour toute conduite, et le montent comme en une orgie. […] Ainsi le xviiie siècle, ainsi les deux régences qu’exploite à l’envi une escouade d’écrivains, dont quelques-uns d’ailleurs bien spirituels. […] Les portraits de jeunesse, pour les écrivains, ont donc avec raison leur moment, leur charme unique et leur éclair même de vérité : ne nous en repentons pas, mais osons passer franchement aux seconds. […] La carrière des écrivains dont la naissance date environ de celle du siècle, se prête tout à fait à ce second point de vue.
Voltaire est de tous les écrivains celui dont les ouvrages servent le mieux à démontrer combien un ordre politique raisonnable ôterait de ressources à la plaisanterie. […] Plus de simplicité dans les manières et dans les situations fournirait aux écrivains, sous la république, beaucoup moins de scènes de comédies. […] Un écrivain ne mérite de gloire véritable, que lorsqu’il fait servir l’émotion à quelques grandes vérités morales. […] Enfin, pour ouvrir une nouvelle source d’émotions théâtrales, il faudrait trouver un genre intermédiaire entre la nature de convention des poètes français et les défauts de goût des écrivains du Nord. […] L’inquiétude qui nous dévore finira par un sentiment vif et décidé, dont les grands écrivains doivent se saisir d’avance.
De la plaisanterie anglaise On peut distinguer différents genres de plaisanterie dans la littérature de tous les pays ; et rien ne sert mieux à faire connaître les mœurs d’une nation, que le caractère de gaieté le plus généralement adopté par ses écrivains. […] Dans tous les pays, un écrivain capable de concevoir beaucoup d’idées, est certain d’arriver à l’art de les opposer entre elles d’une manière piquante. […] Or la disposition commune à la plupart des Anglais, n’excite point leurs écrivains à la gaieté. […] La nation étant plus une, l’écrivain prend l’habitude de s’adresser dans ses ouvrages au jugement et aux sentiments de toutes les classes ; enfin les pays libres sont et doivent être sérieux.
Tous les écrivains le détestoient : mais aucun n’osoit encore rompre des lances avec lui. […] Cet écrivain sublime & empesé quitta sa gravité pour courir au secours de Ménage. […] Pouvoit-on attendre autre chose d’un écrivain ennuyeux & boursouflé, petit pour vouloir être toujours grand, & qui n’étoit pas plus fait pour le genre comique, que Scarron pour le genre sérieux. L’exemple de Balsac, & ses exhortations continuelles aux autres écrivains, pour augmenter le nombre des combattans, en déterminèrent plusieurs à le faire.
Le Latin étoit encore trop en règne ; au lieu qu’il commença à déchoir sous Louis XIV, à mesure que nos grands écrivains parurent & que le génie de notre langue se développa. […] Cela fut discuté, en France, avec cette chaleur qu’on peut attendre d’une nation passionnée pour sa langue, & glorieuse de la voir se perfectionner chaque jour par la plume de tant d’écrivains originaux. […] Malheureusement il le fut d’abord par deux écrivains très-médiocres, l’abbé Tallemant, le jeune, & l’abbé de Maroles. […] On a comparé les talens de nos bons écrivains à celui de nos femmes, qui, sans être plus belles que les autres femmes de l’Europe, le paroissent davantage ; parce qu’elles se mettent mieux, qu’elles ont porté plus loin l’art de la parure & saisi plus surement les graces nobles, simples & naturelles.
Transporté de honte pour le compte du genre humain, cet homme, qui était un écrivain du talent le plus élevé, résolut d’arracher, dans la mesure de ses forces, Christophe Colomb à la destinée de silence et d’ingratitude qui pesait depuis près de quatre siècles sur sa mémoire, et qui avait mis la grandeur de l’oubli en proportion avec la grandeur du service rendu par lui au monde tout entier. […] Car c’est un esprit de feu, composé de foi et d’enthousiasme, que ce Léon Bloy inconnu, qui ne peut plus l’être longtemps après le livre qu’il vient de publier… Pour ma part, parmi les écrivains catholiques de l’heure présente, je ne connais personne de cette ardeur, de cette violence d’amour, de ce fanatisme pour la vérité. C’est même cet incompressible fanatisme, dont il se vante comme de sa meilleure faculté, qui l’a empêché de prouver aux regards du monde ses autres facultés et sa supériorité d’écrivain. […] Je veux surtout insister sur ce point : Léon Bloy — l’écrivain sans public jusqu’ici, et dont quelques amis connaissent seuls la violence éloquente, qu’on retrouvera, du reste, dans la troisième partie de son livre, quand il descendra de la hauteur du commencement de son apologétique, — a pris aux Livres Saints, sur lesquels il s’est couché depuis longtemps de toute la longueur de sa pensée, la placidité de la force et la tempérance de la sagesse.
C’est là l’effet du talent de l’écrivain, mon ami. […] Voilà une espèce de brute, comme nous dit l’écrivain dans le commencement de son histoire, qui a une bonne pensée dans sa vie : celle de trouver à tout risque un morceau de pain pour sa belle-sœur et ses sept petits enfants. […] Comment un écrivain d’un si sympathique caractère que Victor Hugo a-t-il pu l’oublier ? […] Mais les plus grands poètes et les plus éloquents écrivains des siècles qui suivront tes crimes en feront des vertus, et proclameront la sainteté du supplice infligé par toi à tes ennemis ! […] Ce ne sont pas les lois ordinaires du roman conçu, médité, écrit par un écrivain consciencieux et humain ; c’est le procédé d’un dieu de la plume, d’un possédé de la verve, qui se dit à soi-même : « À quoi bon composer du vraisemblable ?
Cousin, s’était porté en avril 1842 sur Pascal, au moment où d’autres écrivains s’en occupaient également ; mais il s’y était porté avec les caractères propres à sa nature entraînante et impétueuse. […] Mais, comme écrivain, il était bien moins dessiné alors qu’il ne l’est aujourd’hui pour nous. […] On pourrait, sans trop de plaisanterie, soutenir que, pour que cette édition si conforme fût devenue possible et nécessaire, il fallait simplement une chose, c’est que Napoléon fût venu et qu’on eût dit de lui qu’il était le plus grand écrivain du siècle. Quelques réflexions peut-être seraient propres à tempérer ce zèle qui nous a pris pour les fac-simile complets des écrivains. […] Il y a une manière très-usitée de prendre Pascal et de le présenter à grands traits dans son ensemble ; nous tous plus ou moins, écrivains de ce siècle, lorsque nous avons parlé de lui à la rencontre, nous sommes tombés dans cette manière-là.
Les idées neuves sont rares en ce monde : on pourrait n’en pas rencontrer une seule dans l’œuvre de plus d’un grand écrivain, qui n’en vaut pas moins. […] À quoi sert-il de pouvoir mettre deux dates et une formule d’appréciation sous le nom d’un écrivain dont on n’a pas lu et dont on ne lira jamais une ligne ? […] Ces écrivains, les hommes à système et les hommes à contradictions, ont l’avantage, étant très personnels et marquant toutes leurs pensées à leur empreinte, d’être rebelles au plagiat et de décourager les prodigieux efforts que la paresse de l’esprit impose à la mémoire : on s’en nourrit, on s’en assimile ce qu’on peut ; on ne les apprend pas par cœur, on ne les découpe pas en formules, on ne les plaque point sur ses compositions. […] L’écrivain qui se fait lire est un inconnu : l’amitié, le respect n’insinuent point ses doctrines dans l’esprit du lecteur ; il n’a pas même l’avantage si puissant de la simple présence et l’autorité physique de la voix et du regard. […] On s’exercera ainsi à penser par le secours des grands écrivains.
Au surplus, l’incertitude et l’obscurité où sont tombées les imputations des deux parties ne laisse pas de tourner à l’avantage de notre auteur, car, s’il est impossible de prouver aujourd’hui que Furetière ait réellement prostitué sa sœur et acquis par simonie ses bénéfices, il n’est pas besoin de preuves pour reconnaître que Lorau, Charpentier, Leclerc, Barbier d’Aucourt, Regnier Desmarais et consorts, étoilent les uns des ignorants, les autres de détestables écrivains. […] Puis, afin qu’il n’y eût plus à y revenir, et de peur apparemment que l’écrivain ne survécût à l’homme déshonoré, la conspiration du silence s’organisa peu à peu autour de sa mémoire. […] Titon du Tillet, qui, dans son Parnasse français, a consacré de si pompeuses notices à tant d’écrivains médiocres, se borne à quelques lignes et se met à l’abri derrière les on dit, sans oser remonter aux sources. […] 13 Ces considérations étaient nécessaires pour expliquer comment l’oubli injuste où Furetière est tombé peut n’être pas un argument contre sa valeur comme écrivain, et même comme romancier. […] C’est ce sentiment de haine pour le bourgeois, pour le pédant, qui apparente Furetière aux écrivains les plus marquants de cette période de 1650 à 1680, qu’on est convenu d’appeler le siècle de Louis XIV.
Et, cependant, voici un écrivain qui a plus de talent qu’il n’en faut pour faire du bruit, — voici un écrivain qui publie un livre, grave et pourpensé, qu’il appelle d’un nom, rouge, pour les uns, comme le voile d’écarlate qui fait écumer le taureau ; lumineusement vermeil, pour les autres, comme une banderole de victoire ; et ni ceux qui pensent comme lui ni ceux qui pensent autrement que lui ne semblent disposés à prendre à partie cette Histoire de la Liberté religieuse et à en affronter l’examen ! […] Dargaud a toujours été ce qu’on appelle, pour le quart d’heure, un écrivain de la Libre Pensée. […] Ainsi il admire l’Hôpital et Coligny, ses héros d’opinion, et il admire avec autant de passion sincère le grand François de Guise, par exemple, qui est le héros de l’opinion opposée à la sienne, mais il ne jugera plus avec cette haute et radieuse libéralité les travaux du Concile de Trente, et quand il aura dit des Jésuites « qu’ils eurent le génie de la politique et la passion religieuse », cet écrivain généreux, quand il s’agit de tel homme historique, se croira quitte envers la justice et la vérité. […] Plus écrivain qu’il n’ait jamais été à aucune époque de sa vie, il n’en est pas moins resté ce qu’il était plus jeune ; il n’en a pas moins la vie dans le style et l’émotion qui est plus que la vie. En s’élevant, la belle proportion, qui fait sa personnalité, n’a pas été troublée, et, comme toujours, ici encore, autant que dans ses précédents ouvrages, l’âme est aussi élevée que le talent et l’homme égal à l’écrivain.
Beyle, ou Stendhal (car les éditeurs lui ont conservé, à ce maniaque de pseudonymes, le nom de guerre sous lequel il a composé ses plus beaux ouvrages), fut un écrivain très peu connu de son vivant, qui a publié, de 1820 à 1841, les livres les plus spirituels. […] Ce devait être un livre à part, comme son auteur, — qui ne fut point un écrivain dans le sens notoire et officiel du mot, qui n’en eut ni les mœurs, ni les habitudes, ni l’influence, ni l’attitude devant le public. […] Tout en aimant d’un goût involontaire le plaisir intellectuel qu’il nous donne, nous n’en avons pas été abruti au point de ne pas voir tous les défauts et toutes les misères d’un écrivain qui en eut, pour sa part, autant que personne, si ce n’est peut-être davantage. […] Diminué par la vanité de son intelligence, il est souvent aussi diminué par elle comme écrivain. […] Voilà aussi le secret de sa longue impopularité, — ou, pour mieux dire, de sa longue obscurité comme écrivain.
Beyle ou Stendhal (car les éditeurs lui ont conservé, à ce maniaque de pseudonymes, le nom de guerre sous lequel il a écrit ses plus beaux ouvrages) fut un écrivain très-peu connu de son vivant, qui a publié, de 1820 à 1841, les livres les plus spirituels. […] Ce devait être un livre à part, comme son auteur, — qui ne fut point un écrivain dans le sens notoire et officiel du mot, — qui n’en eut ni les mœurs, ni les habitudes, ni l’influence, ni l’attitude devant le public. […] Tout en aimant d’un goût involontaire le plaisir intellectuel qu’il nous donne, nous n’en avons pas été abruti au point de ne pas voir tous les défauts et toutes les misères d’un écrivain qui en eut, pour sa part, autant que personne, si ce n’est peut-être davantage. […] Diminué par la vanité dans son intelligence, il est souvent aussi diminué par elle comme écrivain. […] Voilà aussi le secret de sa longue impopularité — ou, pour mieux dire, de sa longue obscurité comme écrivain.
Avec ou sans voyage, l’auteur eût été toujours un écrivain, ayant toute sa virtualité d’écrivain, et, que disons-nous ? […] Or, c’est ce tableau, ou plutôt ce livre, que nous demanderons aujourd’hui à deux voyageurs contemporains qui viennent chacun de publier son voyage, tous deux appartenant à cette race d’écrivains préoccupés du pittoresque, qui ne vivent que pour le pittoresque, et qui vont l’un et l’autre justifier, l’un malgré des qualités souvent charmantes, et l’autre par ses défauts très réels et très persistants, ce que nous venons de dire des livres de voyages. […] qualités d’écrivain, qualités de livre : talent, intérêt romanesque, qui n’est pas seulement l’intérêt de ce gros je que détestait Pascal et qui est le mot damné de tout voyageur. […] Maxime du Camp, le plus engagé des écrivains contre elle ; car il a dit de l’Académie, dans ses livres, de ces paroles qui sont des choses, — et des choses mortelles ! […] » disait un jour Sophie Arnould au duc de la Vallière, en jetant son cordon bleu par terre. « Agenouillez-vous là-dessus », dit l’Académie aux écrivains qui ont méprisé ses fauteuils, en mettant par terre les livres dans lesquels ils les ont méprisés, — et ils obéissent comme la vieille ducaille !
Si cet esprit n’est qu’une mode et règne seulement quelques années, l’écrivain est un Voiture. Si cet esprit est une forme littéraire et gouverne un âge entier, l’écrivain est un Racine. Si cet esprit est le fond même de la race et reparaît à chaque siècle, l’écrivain est un La Fontaine.
FLEURY, [Claude] Prieur d’Argenteuil, Sous-Précepteur des Ducs de Bourgogne, d’Anjou & de Berri, de l’Académie Françoise, né à Paris en 1640, mort en 1723 ; un des Ecrivains qui ont honoré le plus la France & les Lettres, par la supériorité & le bon usage de leurs talens. […] Pour remplir avec succès un projet si utile, l’érudition, le discernement & le zele de l’Ecrivain se sont pliés à tous les objets. […] Mais où l’Ecrivain est absolument exempt de ces défauts, & se développe avec une supériorité qui étonne, c’est dans les Discours préliminaires.
Freron, annoncent un Littérateur formé sur l’étude réfléchie des bons modeles, un Critique doué de l’esprit d’analyse, & d’une sagacité merveilleuse pour saisir les beautés & les défauts d’un Ouvrage ; un Ecrivain correct, zélé pour les vrais principes, & capable d’y ramener les esprits qui s’en écartent. […] Nous ignorons les motifs qui l’en empêchent ; mais nous savons que son zele pour le maintien des regles, l’a porté à solliciter la Rédaction d’un Journal Littéraire, & que les Philosophes, si intéressés à arrêter la plume des Ecrivains en état d’éclairer le Public sur leurs défauts & leurs travers, ont eu le crédit de faire supprimer ce Journal. […] l’intérêt de quelques Ecrivains, qui, à toute force, veulent se faire estimer, en dépit de la raison & du bon goût, sera-t-il préférable au bien général ?
Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. LA France abonde en écrivains de ce genre ; mais nous en avons peu de bons. […] La même raison qui nous fait restreindre l’usage du Modèle des Lettres, nous empêche de conseiller un Choix des Lettres des plus célébres écrivains, qu’on a publié à Paris, en deux vol.
Zola occupa la presse et le public plus qu’aucun attire écrivain ; on s’arracha ses livres, on se disputa sur son compte. […] On sait que le groupe d’écrivains dit naturaliste (puisqu’il faut employer ce mot) se réunit chez M. […] Or la décoration se donne assez généralement aux artistes et écrivains de talent. […] c’est l’œuvre d’un écrivain sans foi ! […] Tout porte à croire qu’il triomphera : il a pour lui des écrivains de talent ; M.
A ceci que le principe de l’exactitude documentaire y gouverne souverainement l’imagination de l’écrivain. […] Et fussent-elles complètes, pourront-elles être considérées comme tout à fait sincères, émanant d’écrivains aussi uniquement, aussi complètement écrivains ? […] Ces écrivains-là veulent avant tout sentir. […] Cela se sent, et surtout par la comparaison entre des morceaux réussis et des morceaux manqués d’un même écrivain. […] Si jamais écrivains méritent que nous leur appliquions la phrase de Pascal, ce sont ces deux-là : « On est tout étonné et ravi.
elle a dû principalement révolter ceux de nos écrivains qui pensent qu’en fait de goût comme dans des matières plus sérieuses, toute opinion nouvelle et paradoxe doit être proscrite par la seule raison qu’elle est nouvelle. […] Un des avantages de la philosophie appliquée aux matières de goût, est de nous guérir ou de nous garantir de la superstition littéraire ; elle justifie notre estime pour les anciens en la rendant raisonnable ; elle nous empêche d’encenser leurs fautes ; elle nous fait voir nos égaux dans plusieurs de nos bons écrivains modernes, qui pour s’être formés sur eux, se croyaient par une inconséquence modeste fort inférieurs à leurs maîtres. […] Quel écrivain, s’il n’est pas entièrement dépourvu de talent et de goût, n’a pas remarqué que dans la chaleur de la composition, une partie de son esprit reste en quelque manière à l’écart, pour observer celle qui compose et pour lui laisser un libre cours, et qu’elle marque d’avance ce qui doit être effacé ? […] Observons en finissant, que quand ces reproches seraient fondés, ils ne seraient peut-être convenables, et ne devraient avoir de poids que dans la bouche des véritables philosophes ; ce serait à eux seuls qu’il appartiendrait de fixer l’usage et les bornes de l’esprit philosophique, comme il n’appartient qu’aux écrivains qui ont mis beaucoup d’esprit dans leurs ouvrages, de parler contre l’abus qu’on en peut faire. Mais le contraire est malheureusement arrivé ; ceux qui possèdent et qui connaissent le moins l’esprit philosophique, en sont parmi nous les plus ardents détracteurs, comme la poésie est décriée par ceux qui n’ont pu y réussir, les hautes sciences par ceux qui en ignorent les premiers principes, et notre siècle par les écrivains qui lui font le moins d’honneur.
et ce fut ainsi que se réalisa une fois de plus le beau mot de Balzac l’ancien sur la France : « La France est un vaisseau qui a pour pilote la tempête. » Évidemment, en présence de ces événements et de ces immensités, l’écrivain peut se tenir dispensé du maigre travail des biographies, ou, s’il lui plaît d’en faire encore, ce ne doit pas être pour mesurer la grandeur des hommes, mais pour montrer leur petitesse, et la montrer avec l’implacable exactitude d’un niveau. […] En effet, puisqu’un écrivain comme Michelet revenait à l’histoire personnelle et à la défroque biographique, puisqu’il abordait un sujet (les femmes) si cher aux imaginations françaises, on pouvait croire, n’est-il pas vrai ? […] Seulement, n’est-il pas singulier que des écrivains qui ne croient pas au Dieu personnel du Christianisme viennent, dans leur indigence de métaphores, prostituer cette pure et spirituelle notion d’anges aux actrices, plus ou moins jeunes-premières, de leurs révolutions ? […] Qui ne sait l’outrance de la pensée de l’écrivain qui a écrit Le Prêtre, la Femme et la Famille ? […] Quant à l’historien de saint Dominique, le faux romancier de Marie-Madeleine, et l’écrivain, — partout ailleurs que dans ces Conférences d’une si étonnante médiocrité, — ils ont trouvé tous les trois la gloire qui leur convenait eu entrant à l’Académie.
… Aux applaudissements de la foule, cette honte recherchée… Il n’y a plus de Religion d’État pour châtier, comme il le faudrait, les écrivains qui, sous prétexte de critique, se livrent aux abominables et révoltantes conclusions d’un livre comme cette nouvelle Vie de Jésus, sortie évidemment de l’autre, et qui a pour ambition de la surpasser. […] Ceci était réservé à un écrivain du xixe siècle, — un animalcule d’écrivain, en comparaison de Byron et de Voltaire, — et, selon moi, pour qu’on dise cela hautement et avec impunité en plein xixe siècle, il faut que le siècle dans lequel on le dit soit aussi perdu d’esprit et aussi perverti que l’écrivain ! […] L’écrivain est médiocre, le penseur vulgaire ; M.
L’auteur de La Chanson des gueux, qui se chauffe avec les ossements des tombes et des têtes de morts tant il est affamé de flamme et de tableaux d’un tragique effréné, l’écrivain moins puissant, mais non moins ardemment épris de choses physiques, qui a écrit Les Morts bizarres et Les Caresses, et qui couve, en ce moment, comme le Chaos et la Nuit couvèrent l’Amour dans une terrible mythologie, l’œuf monstrueux de ses Blasphèmes, vient de nous faire, en Madame André, le livre le plus retenu, le plus contenu, le plus rassis, le plus didactique, le plus sage de la sagesse humaine, et le plus en dissonance et en contraste avec ce qu’il nous avait donné le droit de croire ses incoercibles instincts. […] Il est de la famille des écrivains qui, de toute éternité, ont mis de leur âme dans ce qu’ils écrivent, et qui ajoutent de leur âme à cette sotte et à cette brute qu’on appelle la nature, qu’on mutile (comme le journal qui a mutilé Madame André) quand on ne fait que la copier platement, cette nature… M. […] Assurément, on peut s’étonner déjà de cette opinion dans un écrivain de la génération qui n’est plus préoccupée, hélas ! […] Cet écrivain, qui avait débuté par des poésies osées, d’un cynisme archaïquement rabelaisien, d’un cynisme d’un autre temps et d’un relief sinistrement ou grotesquement pittoresque ; cet impétueux sensuel, qui ailleurs ne comprenait de l’amour que les voluptés et les fureurs, s’est dompté tout à coup jusqu’à exécuter un livre d’analyse et à travailler agilement sur ce métier à dentelles. […] Ici, je reconnais l’écrivain, griffant (l’ancien faucon !)
Après tant de noms obscurs d’écrivains faibles et presque inconnus à la postérité, on trouve enfin un nom célèbre, c’est celui de Julien. […] Auguste, très bon écrivain en prose, fit de plus des tragédies et des poèmes. […] Marc-Aurèle, philosophe comme Épictète, fut écrivain comme lui. […] Ainsi, avant Julien, seize empereurs avaient été au rang des écrivains de Rome. […] Julien, dont nous n’examinons ici que les talents littéraires, fut en même temps philosophe, orateur, écrivain satirique et plaisant ; et il paraît tour à tour, dans ses ouvrages, l’élève de Platon, de Démosthène et de Lucien.
. — Méprise des écrivains qui imputent les critiques de Phèdre a la société de Rambouillet. — Autre méprise sur la satire de Boileau à l’occasion de Phèdre. — Fausseté de l’assertion que madame de Sévigné protégeait Pradon et n’aimait pas Racine. — Relations de madame de Sévigné avec Molière, La Fontaine, Boileau et Racine. […] Si j’en parle ici, c’est parce que je dois relever la méprise des écrivains qui ont confondu des sociétés si différentes, à l’occasion de la Phèdre de Racine, jouée pour la première fois le 1er janvier 1677. […] Aujourd’hui des écrivains affirment, premièrement, que l’hôtel de Rambouillet intrigua contre la Phèdre de Racine ; secondement, que Boileau a défendu l’ouvrage de son ami contre les gens de l’hôtel Rambouillet. […] Elle a senti le mérite du fabuliste mieux que n’a fait Boileau, qui n’en parle point dans sa poétique : elle l’apprécie en moraliste profond, en esprit délicat et fin, en écrivain habile, en poète du premier ordre. […] Le témoignage public de l’affection de La Fontaine pour madame de Sévigné suffirait pour démentir les écrivains qui la supposent décriée dans les écrits d’un des quatre amis.
Certes, il existe en ce moment plusieurs autres poètes qui cultivent avec un juste succès les quatre genres que nous venons de citer ; mais ceux d’entre eux qui ont le plus de droit aux hommages seront les premiers à sanctionner les nôtres ; certes, nous avons des écrivains distingués qui traitent encore des genres si admirablement traités par nos grands maîtres, mais, on ne saurait trop le répéter, ce ne sont pas ces écrivains qui peuvent caractériser l’époque actuelle. […] Elle tombe à faux en ce que les grandes époques littéraires ne sont quelque chose que par les points où elles ne se touchent pas ; et véritablement il y a peu de justice et de générosité à opposer tous les grands écrivains morts que les temps ont lentement produits, aux écrivains d’une seule époque qui est à peine au quart de son période. Il n’y a de comparaison possible et utile à faire qu’entre les écrivains d’un même siècle ; c’est-à-dire entre les continuateurs de l’ancienne école et les sectateurs de l’école qui commence. […] Au surplus, pour faire sentir l’injustice de quelques préventions défavorables, il est bon de rappeler que les poètes ont en général été de bons écrivains en prose, quand ils l’ont bien voulu, tandis qu’il n’y a peut-être pas d’exemple de grands écrivains qui soient montés de la prose à la poésie. […] Mais Voltaire, si inventif dans ses conceptions, si intéressant dans ses fables, si neuf par les pensées, est resté, comme poète et comme écrivain, bien au-dessous de Corneille et de Racine.
Et pourtant Amiel est un écrivain français. […] Succès qui va au poète et non à l’écrivain. […] Si les écrivains l’ont manquée à moitié, c’est qu’elle est paradoxalement difficile. […] Or, le Journal intime est l’œuvre d’un excellent écrivain. […] Néanmoins, si je désirais quelque chose, ce serait d’être un écrivain, un très grand écrivain. » S’il désirait quelque chose !
L’écrivain inexpérimenté croit que la liberté favorise son génie. […] On avait déjà vu de nos jours des écrivains peu croyants rendre hommage au catholicisme. […] Comme tant d’écrivains de nos jours, il se dépense dans des feuilles condamnées à l’oubli. […] Emile Faguet, dans les dix meilleurs écrivains du siècle. […] Mais il est aussi des écrivains qui connaissent et qui estiment pour lui-même leur art de romancier.
1839 Nous avons eu occasion déjà, dans cette série d’écrivains français, d’en introduire plus d’un qui n’était pas né en France, et d’étonner ainsi le lecteur par notre louange prolongée autour de quelque nom nouveau. […] Ç’a toujours été un rôle embarrassant que d’arriver le cadet d’un grand écrivain et de tout homme célèbre ou simplement à la mode, qui vous prime, qu’on soit un vicomte de Mirabeau, un Ségur sans cérémonies 25, ou Quintus Cicéron, ou le second des Corneille. […] Vangelas, le premier de nos grammairiens corrects et polis, était venu de Savoie en France ; Saint-Réal en était et y retourna, écrivain concis, et, pour quelques traits profonds, précurseur de Montesquieu. […] En ce qui est du comte Xavier, le naturel décida tout ; le travail du style fut pour lui peu de chose ; il avait lu nos bons auteurs, mais il ne songea guère aux difficultés de la situation d’écrivain à l’étranger. […] — Il aimait à parler avec éloges d’un écrivain génevois spirituel qui est un peu de son école pour le genre d’émotion et pour l’humour.
On pourrait, à peu de chose près, les appliquer à d’autres écrivains distingués ; on en dit tous les jours à peu près autant des ouvrages du même genre qui paraissent. […] Pour le critique, c’est-à-dire pour l’écrivain de comparaison et d’expérience, cette impulsion doit surtout venir du dehors en se combinant avec le train habituel et avec les forces acquises. […] Rien ne va par continuité, surtout aujourd’hui ; les époques historiques se succèdent à vue d’œil, les manières diverses chez les mêmes écrivains se prononcent et se déplacent avec une confondante rapidité. […] Les écrivains polémiques et les pamphlétaires l’ont bien senti : ceux qui ont eu du succès en dernier lieu l’ont pris sur un autre ton, et ce ton, en général, était plus aisé en ce qu’il a plutôt grossi. […] Tandis que les poëtes et les écrivains qui se croient créateurs passent très-vite et meurent tout entiers, s’ils ne sont excellents, le critique accrédité et fidèle vit, c’est-à-dire (oh !
M. de Barante est de nos jours un des rares écrivains dont la carrière, non pas entièrement close, mais tout à fait définie, se dessine le mieux sous cet aspect. […] Cette règle morale qu’on ne craindrait pas de dire qu’il observa jusque dans le sentiment, nous la retrouvons nettement traduite dans son expression d’écrivain. […] Une autre école, opposée à cette philosophie, produisait alors d’éloquents écrivains, des critiques instruits et piquants sans doute ; mais c’était une réaction qui, en parant à un excès, poussait à un autre. […] Le gouvernement d’alors était très-ombrageux sur les moindres affaires d’écrivain. […] Un autre esprit, maître plutôt en fait d’art, un écrivain, un peintre original et vigoureux, allait aborder l’histoire de front par une prise directe, immédiate ; il allait y porter une manière scrupuleuse et véridique, et, si l’on peut dire, une fidélité passionnée.
Lainé, homme d’État de l’école de Cicéron ; M. de Bonald, écrivain remarqué et remarquable, plus par la raison et la piété que par l’imagination et par le cœur ; M. le baron Monnier, fils du président de l’Assemblée constituante, M. de Rayneval, son ami, les plus spirituels et les plus aimables des hommes ; leurs deux femmes, Polonaises charmantes, qu’ils avaient épousées d’amour, à Varsovie, pendant la campagne de Pologne, et qui les aimaient comme elles en étaient aimées. […] Je ne le comparais à aucun autre écrivain de son temps ; c’était la nature qui l’avait fait ce qu’il était, et les misérables écrivains du métier, à l’exception d’un petit nombre qu’on appelait les écrivains ou les poëtes de l’empire, avaient beau s’insurger et bourdonner leur ironie contre lui comme des mouches malfaisantes, il ne daignait point les écraser de son courroux. […] Cela pouvait servir de base à un écrivain, mais nullement à un philosophe. […] Tandis que le jeune écrivain travaillait courageusement à corriger son œuvre sous l’œil de ses amis, il débuta dans la publicité en brisant une lance, assez peu courtoise, il faut le dire, contre madame de Staël, que la célébrité lui désignait comme sa grande rivale du moment. […] On n’est point un grand écrivain parce qu’on met l’âme à la torture.
Quand je cherche à être sincère, à n’exprimer que ce que j’ai éprouvé réellement, je suis épouvanté de voir combien mes impressions s’accordent peu, sur de très grands écrivains, avec les jugements traditionnels, et j’hésite à dire toute ma pensée. […] Mais dogmatique ou non, la critique, quelles que soient ses prétentions, ne va jamais qu’à définir l’impression que fait sur nous, à un moment donné, telle oeuvre d’art où l’écrivain a lui-même noté l’impression qu’il recevait du monde à une certaine heure. […] Des écrivains tels que M. […] Un tel sans gêne les ravit, puis leur parut stupide. » D’abord ce n’est point ici l’écrivain qui prend la parole, mais M. […] Je ne sais pas d’écrivain en qui la réalité se reflète à travers une couche plus riche de science, de littérature, d’impressions et de méditations antérieures.
Il lui avait d’ailleurs été soufflé par les Déliquescences d’Adoré Floupette, où avaient collaboré deux bons écrivains : Henri Beauclair et Gabriel Vicaire. […] Il a, en outre, rendu service aux écrivains nouveaux, car plus que personne il a contribué à créer autour de leurs œuvres une agitation profitable. […] Nous sommes les bons écrivains. […] Nous sommes les bons écrivains. […] Nous sommes les bons écrivains.
Le traducteur est donc réduit à se servir de periphrase, et à ne pouvoir rendre qu’en plusieurs mots ce que l’écrivain françois a pu dire par un seul mot. […] Tous nos meilleurs poëtes m’ont fort assuré que cette verité ne seroit jamais contestée par aucun écrivain sensé. […] Il est clair par les raisons que nous avons exposées, qu’il est bien plus facile aux écrivains latins de faire des alliances agréables entre les sons, de placer tous les mots d’une phrase auprès d’autres mots qui se plaisent dans leur voisinage : en un mot de parvenir à ce que Quintilien appelle inoffensam verborum copulam, qu’il n’est possible aux écrivains françois de le faire. […] Les auteurs latins sont remplis de ces phrases imitatives, qui ont été admirées et citées avec éloge par les écrivains du bon tems. […] Ceux de nos écrivains qui voudroient tenter de faire quelque chose d’approchant de ce que faisoient les latins, ne seroient point aidez par aucune recherche méthodique déja faite sur cette matiere.
Daunou, dans l’Oratoire, une grande réputation d’écrivain, que venait confirmer au même moment un accessit remporté à l’Académie de Berlin. […] L’homme de cabinet et l’écrivain, chez Daunou, mettaient donc toujours le cachet à l’orateur, et parfois le scellé. […] Comme écrivain, un inconvénient se marque toutefois. […] Daunou qu’un autre écrivain, bien connu de nous, et que la mort vient de réunir à lui avant l’heure. […] Daunou était plutôt un homme parfaitement et profondément instruit, et un savant écrivain, qu’un érudit à proprement parler.
Aussi l’écrivain n’a pas recommencé. […] Ma vocation d’écrivain date de là. […] Un tel goût d’un écrivain pour un autre écrivain, et ressenti avec cette continuité, ne saurait s’expliquer tout à fait. […] L’écrivain n’a pas eu besoin de mots techniques ou nouveaux. […] Mais quelle ébauche et quel écrivain !
Une sensibilité rêveuse et profonde est un des plus grands charmes de quelques ouvrages modernes ; et ce sont les femmes qui, ne connaissant de la vie que la faculté d’aimer, ont fait passer la douceur de leurs impressions dans le style de quelques écrivains. […] Le seul avantage des écrivains des derniers siècles sur les anciens, dans les ouvrages d’imagination, c’est le talent d’exprimer une sensibilité plus délicate, et de varier les situations et les caractères par la connaissance du cœur humain. […] Les anciens savaient animer les arguments nécessaires à chaque circonstance ; mais de nos jours les esprits sont tellement blasés, par la succession des siècles, sur les intérêts individuels des hommes, et peut-être même sur les intérêts instantanés des nations, que l’écrivain éloquent a besoin de remonter toujours plus haut, pour atteindre à la source des affections communes à tous les mortels. […] Il était impossible qu’aucun écrivain de l’antiquité pût avoir le moindre rapport avec Montesquieu ; et rien ne doit lui être comparé, si les siècles n’ont pas été perdus, si les générations ne se sont pas succédé en vain, si l’espèce humaine a recueilli quelque fruit de la longue durée du monde.
Habitués au latin, au grec, à des langues mortes dont ils trouvaient les formes fixes, les règles certaines, le type désormais immuable dans les écrivains anciens, ils cherchaient le français et ne le trouvaient nulle part. […] Grammairiens et écrivains s’imaginent rapprocher le français du latin et en panser la corruption, quand ils hérissent pédantesquement leur écriture de lettres parasites qu’ils croient étymologiques, et quand ils essaient de ramener violemment au genre masculin les mots en eur et en our dérivés du latin en or, que la spontanéité de la formation populaire avait faits féminins depuis des siècles. […] Aussi fut-ce pendant tout le siècle, et chez les mêmes écrivains, la plus étrange confusion de formes anciennes et nouvelles, comme il apparaît bien par l’usage actuel, où très capricieusement sont parvenues tantôt les unes et tantôt les autres. […] Feugère) ; les glossaires et tables de mots des éditions des écrivains du xvie siècle.
Vous avez contre vous maintenant l’écrivain, le véritable écrivain, le grand écrivain, qui avait manqué jusqu’alors au cartésianisme ! […] Regnier, dans la collection des Grands Écrivains, Paris, 1883-1892, Hachette. […] Mesnard, dans la collection des Grands Écrivains de la France, Paris, 1865-1873, Hachette. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. […] 2º L’Homme et l’Écrivain.
Dites que notre littérature s’est gâté le style, qu’elle s’est chargée d’abstractions genevoises et doctrinaires, de métaphores allemandes, de phraséologie drolatique ou à la Ronsard : et quatre ou cinq noms qu’à l’instant tout le monde trouvera vous rappelleront les écrivains les plus vifs, les plus sveltes et dégagés, qui aient jamais dévidé une phrase française. […] Je crois pouvoir affirmer que tout écrivain qui a ce qu’on appelle du succès, c’est-à-dire qui réunit des lecteurs autour de son œuvre ; que tout homme qui est assez heureux, assez malheureux veux-je dire, pour être en butte à l’admiration, aux éloges, à la haine et aux critiques, n’a pas un moment laissé reposer sa plume sur ses compositions… Dans mon enfance on m’a montré, comme un glorieux témoignage du génie de Bernardin de Saint-Pierre, la première page de Paul et Virginie, écrite quatorze fois de sa main. […] dites que c’est là le trait distinctif de la littérature de ce temps, et plus d’un écrivain qu’on lit non sans plaisir et qui vous paraît facile vous avouera, s’il l’ose, qu’il corrige, qu’il rature et qu’il recopie beaucoup.
Elle a l’air d’un Ouvrage de commande, dont l’objet est d’affoiblir l’estime due aux grands Littérateurs, pour ériger en Héros du Parnasse, des Ecrivains que le bon sens ne regardera jamais comme des modeles. […] un Ouvrage, où la richesse des détails, la grandeur des événemens, la vérité des caractères, la sublimité de la morale, l’harmonie de la prose, l’emportent sur la pompe de la versification, & prouvent qu’un Ecrivain de génie peut s’en passer dans un Poëme épique ! […] Ces Articles prouvent combien cet Ecrivain est capable de joindre le mérite de penser avec justesse, à celui de s’exprimer avec grace, quand il ne cherche pas à sortir de lui-même, & à appliquer ses talens à des sujets qui leur sont étrangers.
Un des meilleurs Ecrivains & des plus agréables Poëtes de son temps. […] On reconnoît, dans la premiere, un Ecrivain, qui, comme dit M. […] Comme le sujet en est plus intéressant, plus compliqué que celui du Siége de Dunkerque, l'Ecrivain y déploie plus librement les richesses de son esprit.
Aïeule des chroniqueurs, elle est quelque chose aussi aux écrivains impressionnistes. […] Une autre plaie de La Bruyère, une seconde source d’amertume, ce fut l’humilité de la condition des écrivains qui n’étaient qu’écrivains. […] Elle n’explique guère les grands écrivains. […] Il a étudié les « genres littéraires » un peu de la même façon que Taine étudiait les écrivains. […] Les « genres » seuls existent ; les œuvres, très peu ; la personne des écrivains, moins encore.
Magnin ; nous ne le ferons pas plus grand qu’il n’a été, mais nous le montrerons, autant qu’il nous sera possible, dans la juste et nette application de ses facultés de critique et d’écrivain. […] Magnin, lorsqu’il entra au Globe et qu’il s’enrôla sous cette bannière dans ce groupe d’écrivains tous plus ou moins novateurs, quel était-il ? […] En un mot, il allait mettre des qualités d’écrivain classique au service de la cause romantique. […] Je dis illusion à dessein, car toute cette science n’était en effet qu’une appropriation heureuse et instantanée de l’écrivain : c’était du talent de metteur en œuvre, de rédacteur ingénieux et élégant. […] Je ne dirai plus qu’un mot de l’accessoire : j’appelle ainsi ses articles de critique concernant les écrivains du jour, Quinet, Hugo, Ponsard.
Comme écrivain, il allait s’annoncer à tous. […] Le Discours sur la Critique montre à quel degré le jeune écrivain en avait déjà le génie pour toute la partie du style et des convenances. […] Peut-être encore est-ce devoir de ne pas tout dire sur les grands écrivains, de voiler un côté faible, petit, inutile, humain, contraire à la statue. […] Villemain, quand il écrit, gagne sans doute en perfection, en poli, en pensée plus nourrie et mieux ménagée, mais il y a quelque chose qu’il n’a plus ; quand il est lui écrivain, il n’est pas lui orateur. […] Dix justes sauvaient une ville : un pareil nombre de bons, et, s’il se peut, d’excellents écrivains, ne suffirait-il pas à sauver une époque ?
Ces deux impossibilités se trahissent dans les Martyrs, effort avorté d’un esprit supérieur, mais n’attestant que la double insuffisance de l’écrivain. […] Chateaubriand se conduisit en grand écrivain, et moi en honnête homme ; il fut un écrivain du premier ordre, et moi un bon citoyen ; il inventa la coalition de 1827 pour se grandir, au risque de perdre la monarchie ; j’inventai la république unanime et modérée pour sauver la France et l’Europe : qu’on juge par le résultat. […] Bien qu’écrivain non comparable à M. de Chateaubriand, M. […] Non ; je dis seulement que l’imagination splendide et complaisante de l’écrivain avait plus de part que la conversion et la conscience à cette foi ; foi de bienséance plus que de sincérité, mais cependant point hypocrite. […] Dieu seul reste grand dans son style, et quelque ombre de cette grandeur divine reste attachée à l’écrivain lui-même et le rend grand comme lui.
Certains, donnés inédits, manquaient tout de même un peu trop d’originalité comme ces Marguerites du temps passé, de Mme James Darmesteter, dont les pages les plus savoureuses avaient un parfum un peu vif de Brantôme : les musiciens, n’est-ce pas, madame, ne sont point seuls exposés aux fâcheuses réminiscences… D’autres écrivaines, Mesdames Bertheroy, Judith Gautier, Stanislas Meunier, Augustine Filon, Andrée Theuriet, et Jane Dieulafoy accaparèrent la Collection que, jusque hier, le seul M. Léon Cahun, savant sûr et écrivain probe, honorait d’une mâle collaboration. […] L’exception, on la voit par sa souplesse indéfinie, il n’est point de matière à qui soit fermé le roman, et, si un bon écrivain le compose, le bon roman. […] Détestable écrivain, penseur nul, savant de détails mais fermé à l’intuition exacte, vive, nue et crue d’une civilisation, il s’attachait à l’exactitude morte, et il n’avait jamais songé que des hommes avaient pensé d’autre sorte que lui dans les cuirasses et parmi les tapisseries qu’il exhumait. […] Émile Gebhart est le moins ennuyeux des écrivains.
La vraie critique est celle de l’œuvre même, non de l’écrivain et du milieu. — Qualité dominante du vrai critique : la sympathie et la sociabilité. — De l’antipathie causée à certains critiques par certaines œuvres. — La vraie critique est-elle celle des beautés ou celle des défauts. — Du pouvoir d’admirer ou d’aimer. — Difficulté de découvrir et de comprendre les beautés d’une œuvre d’art ; difficulté de les faire sentir aux autres ; rôle du critique. […] De nos jours, nous l’avons vu, la critique de l’œuvre est devenue par degrés l’histoire et l’étude de l’écrivain. […] Le critique opère sur un écrivain pour connaître ses ouvrages comme le romancier opère sur un personnage pour connaître ses actes. […] L’œuvre, on ne la considère alors que comme le produit plus ou moins passif de ces deux forces également inconscientes au fond : le tempérament de l’écrivain et le milieu où il se développe. […] Faguet et Brunetière semblent poser en principe que les beautés de l’écrivain sont visibles pour tous, que ses défauts seuls sont cachés ; comme le devoir d’un bon critique est d’apprendre quelque chose à ses lecteurs, il vaut mieux assurément leur montrer des défauts que de ne rien leur montrer du tout.
Mais la possibilité de ce partage de la déclamation entre deux acteurs, est contestée par quelques écrivains, du nombre desquels est M. […] Quelques écrivains ont peine à la concevoir. […] D’autres écrivains ont rejetté également le ton familier de la déclamation. […] Les écrivains ne sont pas d’accord sur la déclamation qui convient le mieux à l’orateur sacré, & sur les défauts qui choquent le plus en lui. […] Il n’y a eu de contestations sur cette matière qu’entre quelques écrivains, dont le nom n’est pas d’un grand poids.
Enfin on a cessé d’étudier les œuvres des écrivains comme des modèles immobiles, comme des types platoniciens ; on les a replacées dans leur temps, et la critique est devenue historique. […] La critique doit reconnaître que le beau, tout absolu qu’il est en lui-même, a nécessairement des formes diverses et changeantes, que la vérité idéale, pour devenir vivante et vraiment belle, doit se teindre et s’empreindre de l’individualité des écrivains, que, si une certaine raison est le fond des œuvres belles, l’imagination avec ses mille couleurs en est l’inséparable ornement. […] Il a cherché dans les œuvres des grands écrivains les beautés durables de préférence aux beautés passagères, les vérités du bon sens de préférence aux hardiesses de l’imagination, des modèles et des règles plutôt que des curiosités piquantes, le vrai plus que l’agréable, le certain plus que le nouveau. […] Nous transportons ces vues dans la littérature et dans les beaux-arts ; nous pensons que c’est l’initiative individuelle qui a trouvé le beau, que l’idéal n’est passé dans la réalité et n’est devenu sensible que par la création libre des grands artistes et des grands écrivains, dont chacun lui a donné la couleur de son âme. […] L’homme de génie, dites-vous, n’est que l’écho de la foule ; mais cette foule elle-même, je le demande, où a-t-elle pris cette somme générale de vérité et de raison que l’écrivain supérieur viendrait à son tour exprimer ?
L’homme a beau varier ses compositions, l’écrivain a beau s’exercer dans les genres les plus différents, tout ce qui sort de sa plume porte le cachet de son talent naturel. […] De grands généraux, de grands écrivains en ont immortalisé la gloire : Molière en a immortalisé les ridicules et les vices. […] Des esquisses agréables, des miniatures charmantes, des écrivains spirituels ; mais plus de vastes conceptions, plus de grands tableaux, plus de grands hommes ; j’en atteste Marivaux, Lanoue, Dorat, et leurs tristes imitateurs. […] Tu distinguas l’imposteur de l’homme religieux ; tu saurais séparer le faux philosophe du véritable ami de la sagesse ; le novateur factieux, du citoyen qui travaille à d’utiles découvertes ; le charlatan littéraire, de l’écrivain qui dédaigne les succès d’un jour, et qui n’aspire qu’aux suffrages de la postérité. […] Le souverain qui associe tous les talents à la gloire de son règne est l’appui de l’écrivain qui en accroît la splendeur ; le législateur qui réforme son siècle est le soutien du moraliste qui l’éclaire.
J’en appelle à ceux de nos écrivains périodiques, qui ont pour objet de recueillir ou d’enterrer les pièces fugitives, et qui à ce titre doivent tous les mois un tribut de vers au public. […] Pour lui le premier mérite et le plus indispensable dans tout écrivain, est celui des pensées : la poésie ajoute à ce mérite celui de la difficulté vaincue dans l’expression ; mais ce second mérite, très estimable quand il se joint au premier, n’est plus qu’un effort puéril dès qu’il est prodigué en pure perte et sur des objets futiles. […] Nos meilleurs écrivains conviennent que les phrases, et si on peut parler ainsi, les formules du langage poétique sont insipides dans la prose. […] Il ne donne pas même le nom de poète au versificateur qui a souvent rempli ces conditions, s’il ne les a remplies beaucoup plus souvent qu’il ne les a violées ; et tel de nos écrivains qui a excellé dans la prose, qui a beaucoup pensé dans ses vers, qui en a fait beaucoup de bons, aurait doublé sa réputation en jetant au feu les trois quarts de ses poésies, et ne donnant le reste que par fragments. […] Or il me semble que j’ai bien pu dire sans scandale du latin des Psaumes, ce qu’un écrivain plus grave et plus pieux que moi a dit du grec de St.
Elle a fait plusieurs espèces de livres, soit des romans, comme Delphine et Corinne, soit des livres d’histoire et de politique, comme les Considérations sur la Révolution française, soit de philosophie morale, comme l’Influence des passions, soit de critique littéraire, mêlée de philosophie et de métaphysique, comme l’Allemagne ; et dans tous ces divers ouvrages, on trouve une écrivain d’un prodigieux talent. […] Ce n’est pas Mme Sand qui nous aurait fait accepter, avec ce talent qui est une magie, tous les écrivains de l’Allemagne sur le pied des plus hautes puissances intellectuelles, et nous les eût fait avaler, à nous autres railleurs français, pomme des hosties consacrées, alors que la plupart d’entre eux n’étaient guère que des pains à cacheter ! […] … Voilà pour l’écrivain en face de l’écrivain ! Mais si, au lieu du génie momentané de l’écrivain, nous touchions à son génie de toujours, à ce génie qui doit s’infuser, quand on en a, dans toutes les minutes de la vie, si nous mettions enfin la morne et silencieuse fumeuse de cigarettes vis-à-vis de cette éternellement éloquente, dont aucune fumée n’a terni la lèvre éclatante, de ce Rivarol-femme, de cette Mirabeau douce…, est-ce que Mme Sand, rapetissée par le contraste, ne disparaîtrait pas du coup ?
Machiavel et Montesquieu ne sont guères que des écrivains. […] La Démocratie en Amérique, qui a fait si aisément sa fortune et qui le coula, sans effort et sans résistance, à la tête des écrivains politiques du règne de Louis-Philippe, n’est pas un livre de conclusion, et n’annonçait guères que le logicien pût se développer jamais dans un esprit qui recevait, les deux mains ouvertes, les faits les plus contradictoires, et toujours avec le même sourire de bon accueil. […] Mais la vue supérieure de l’écrivain n’en est pas moins, dans sa propre estime, la centralisation imputée à l’ancien Régime, cette centralisation que la Révolution n’a pas dépassée, et qui la produisit un jour par le plus inattendu des contre-coups ! […] L’écrivain de la Démocratie en Amérique, dont on ne pouvait dire s’il était Américain ou s’il ne l’était pas, est toujours le même homme, le même incertain, le même joueur d’escarpolette éternelle. […] Tocqueville, qui a de la propreté plus que de la propriété dans la phrase, est un écrivain de troisième ordre, et, pour emprunter aux faits de son livre une image, il ne sortira jamais du tiers pour passer dans l’ordre de la noblesse littéraire.
Il y a même de très grands écrivains, de très grands artistes, qui emploient leur talent et leur art à fausser l’histoire et à faire d’elle la servante ou d’un système ou d’un parti ; par cela seul se déshonorant de ce qu’ils l’ont déshonorée… Michelet est de ceux-là, par exemple, et la critique peut pleurer sur lui, parce qu’elle sait tout ce qu’en le perdant la vérité y a perdu. […] Ce commandement qui est comme celui de la vérité elle-même, cette espèce d’ordre qu’on ne peut pas discuter, mais qui impose, venant d’un esprit supérieur en qui on a foi comme dans un chef, a, ici, pour être obéi, la forte accentuation qui pénètre… Le colonel Ardant du Picq n’est pas qu’un écrivain militaire, ayant le style de sa chose à lui. C’est un écrivain dans le sens général, rigoureux, absolu, du mot. […] Il retient sa pensée, la ramasse et la bloque toujours dans une phrase serrée comme une cartouche, et, quoi qu’il exprime, son style a la rapidité et la précision de ces armes à longue portée qui empêchent les balles d’être des folles, comme les appelait Souwarow, et qui ont détrôné la baïonnette… L’auteur des Études sur le Combat aurait été partout un écrivain. […] Aussi, même en dehors de ce qui est l’instruction et la discussion, en ces Études où il est plus particulièrement un critique de guerre dans l’antiquité et surtout dans les temps modernes, il a laissé des pages où le penseur a fait équation avec l’écrivain.
Donoso Cortès, marquis de Valdegamas, est un des écrivains catholiques les plus éminents de ces dernières années. […] Donoso Cortès, cet écrivain incontestablement supérieur par un talent qui touche au premier ordre, cet orateur qui a poussé ces deux ou trois discours dont l’air que nous avons autour de la tête vibre encore, l’illustre Donoso Cortès… disons-le brutalement, ne serait rien sans le catholicisme, et ce n’est pas certes pour l’abaisser que nous disons cela ! […] Pour notre part, nous ne croyons pas plus à l’écrivain sans pensée qu’au penseur sans style… Kant lui-même a du style, quand, par rareté, il a raison. III Donoso Cortès, qui a toujours raison, quand il est entièrement catholique, est donc un grand écrivain dont la Critique est appelée, aujourd’hui qu’on publie ses œuvres, à dire les défauts et leur étendue, les qualités et leur limite. […] Soit donc qu’il fasse acte d’écrivain à tête reposée ou d’orateur s’exprimant dans un parlement, Donoso Cortès est partout et surtout un formidable logicien, et tellement logicien, qu’il ne craint pas d’être scolastique par la forme, car il a assez d’expression à son service pour ne jamais paraître sec.
Lacordaire, comme tous les artistes, et j’ai été tenté d’écrire, les artificiers de parole, est beaucoup moins écrivain qu’orateur. Écrivain, il est souvent faux et froid, guindé, prétentieux, rhétoricien, oh ! […] Mais sur ces pages qui restent là, qu’on peut reprendre et qu’on peut relire pour les juger, ce traître style écrit, qui n’a ni la voix, ni le geste, ni l’émotion de la chaire qu’on a sous les pieds, ni les mille yeux attentifs du public qu’on a devant soi, ce traître style écrit dénonce la médiocrité, ou le néant, ou les défauts de l’écrivain. […] Lacordaire ne vient pas de l’ignorance de la langue ni de l’audace des néologismes ou des barbarismes qui ont quelquefois, quand l’écrivain a de la pensée et reste intelligible, la sauvage grandeur de toute barbarie. […] Elle vient, enfin, de ce que j’oserai appeler dans l’écrivain le besoin des amphigouris !
l’abbé Christophe n’est point un écrivain du mérite consommé de Hurter ou de la sagacité pénétrante de Ranke, mais sur ce dernier il a l’avantage d’être catholique et prêtre, et il faut bien qu’on sache que c’est un avantage. […] Selon moi, les écrivains n’ont pas plus à défendre ce qu’ils ont écrit que les gouvernements ce qu’ils ont ordonné. […] » Les écrivains laïques, pourvu qu’ils soient catholiques et théologiens, sont appelés à faire dans la littérature religieuse plus de bien que les prêtres eux-mêmes, à talent égal ; car, après tout, ce qu’il faut impérieusement, c’est d’amener le plus d’âmes possibles à la vérité. […] L’abbé Christophe, trop séduit par l’éloquence et la littérature de ce pape, qui fut un orateur et un écrivain, en fait presque un grand homme dans son histoire ; mais il en a exagéré la grandeur réelle. […] Mais les temps à flétrir et à maudire sont peut-être plus inspirateurs que les siècles à admirer, pour les écrivains qui ont en eux le génie de l’histoire.
Un écrivain qui a blessé les mots est coupable dans son métier : haro sur le brutal ! […] Il n’a omis aucune des vertus de l’écrivain. […] Une telle discipline est indispensable surtout à un écrivain qui, d’autre part, lance loin son audace, à un écrivain qui s’est fait une esthétique de l’exaltation. […] Réelle, ce serait trop beau : nous aurions autant d’écrivains originaux que d’écrivains. […] Comment définir ces écrivains ?
C’est la vie moderne, observée surtout dans ce qu’elle a de fébrile et d’un peu fou, sentie et rendue par les plus subtils et les plus nerveux des écrivains. […] un écrivain n’est jamais un photographe, quand il le voudrait ; tout ce qu’il peut faire, c’est d’être idéaliste à rebours : le naturalisme tel qu’il a plu à M. […] Ils considèrent les choses, avons-nous dit, autant en ouvriers des arts plastiques qu’en écrivains et en psychologues. […] L’entrée dans la littérature d’écrivains initiés aux arts plastiques, qui en ont la science et la passion, marque un nouveau progrès, déjà inquiétant. […] J’entre autant que je puis dans la pensée de l’écrivain ; mais, si je devine ses raisons, elles ne me convainquent qu’à moitié.
Et, en vérité, avec nos grands écrivains du xviie siècle, nous marchons depuis quelque temps de secousse en secousse, de surprise en surprise ; on ne nous laisse pas un instant sommeiller en paix sur l’oreiller de nos admirations établies. […] Une autre question qui ne porte plus tant sur l’écrivain que sur la femme elle-même, est celle-ci : Aucun des traits du caractère et de la physionomie de Mme de Sévigné est-il sensiblement modifié par l’impression générale que laisse la nouvelle lecture ? […] Ainsi pour les textes modernes, mais déjà acceptés, des grands écrivains de la France. […] quel adorable écrivain ! […] Deux volumes sont en vente. — Ce sont les premiers de la Collection des grands Écrivains de la Trame ; — librairie Hachette, boulevard Saint-Germain, 77.
Bourget, sont « de très grands écrivains », mais « de très grands écrivains de romans : leur langue ne pouvait pas, ne devait pas être celle de très corrects et très parfaits prosateurs. […] À peine y reconnaît-on par endroit l’ingénieux écrivain dont le badinage est célèbre. […] Les écrivains récents ne s’attardent pas ; ils n’aiment point à flâner. […] Gustave Geffroy, le vieil écrivain Porphyre Rondeau, proteste là-contre. […] La danseuse et l’écrivain sont amis, en tout bien tout honneur.
Les sentimens que l’Ecrivain leur inspire, surtout dans ses Elévations & ses Méditations, semblent agrandir & multiplier leur existence, & sont bien supérieurs aux, froids mouvemens que peut exciter une imagination péniblement exaltée, ou une vaine fermentation philosophique. […] Mais cet Ecrivain a hasardé tant de faits, & ces faits sont si opposés aux idées reçues, que cette anecdote ne trouvera pas plus de créance dans les esprits raisonnables, que mille autres de cet Auteur, que personne n’a voulu adopter. […] Bouchenu de Valbonnai, [Jean Pierre] Premier Président de la Chambre des Comptes du Dauphiné, né à Grenoble en 1651, mort en 1730, seroit inconnu dans la République des Lettres, si M. de Voltaire ne l’eût placé dans la liste des Ecrivains du siecle de Louis XIV.
Il a été, avant tout, écrivain dans le sens humain de ce mot. Il a été écrivain d’instinct, naïvement, comme « de l’eau est de l’eau », dirait Diderot encore ; — il a été écrivain d’imagination et de sentiment comme on doit l’être quand on veut élargir sa renommée et donner au talent qu’on a l’air et l’espace, sans lesquels il n’est jamais qu’une fleur rare, dans un vase précieux, étiolée !
Il a fait des découvertes réelles, bien qu’il les ait un peu exagérées dans le principe ; mais à lui tout est permis, et il a, par son talent d’écrivain et par ses retouches successives, des manières de compenser ou de réparer, et, une fois averti, des empressements à rentier dans le vrai, qui ne retirent rien aux effets d’un premier éclat. […] Ainsi la question est autre part que dans une date matérielle, et Pascal, par les Provinciales, demeure hautement en possession : il continue d’être le premier écrivain qui ait mis en circulation ces qualités si françaises. […] Pascal lui-même, à le bien prendre, et quoique inférieur de rang et de naissance, n’était qu’un honnête homme comme eux tous, un curieux, un amateur, qui ne devint écrivain de profession que par occasion et par rencontre. […] Mais le jour où l’on rencontre de sympathiques encouragements, on est amplement dédommagé de ces petites misères… » Je puis assurer que je n’ai contre M. de Barthélémy aucune inimitié et que je n’ai pas même de jalousie : j’ai eu, je l’avoue, de l’impatience de le voir, pensant si peu et écrivant si mal, s’imaginer qu’il allait être le biographe définitif d’un moraliste et d’un écrivain tel que La Rochefoucauld. […] Je me borne à signaler, pour les cas où l’on me trouverait bien sévère, quelques autres passages qui achèveront de prouver la précipitation et l’incurie de l’écrivain et de l’éditeur : à la page 110, la phrase qui commence par ces mots : « Liancourt se décida à tenter l’aventure… » est inintelligible.
Étienne Pasquier n’est point de ces écrivains originaux qui devancent les temps et qui font faire des miracles à leur langue maternelle. De tels écrivains en tout temps sont rares, et au xvie siècle je n’en vois que deux qu’on puisse raisonnablement saluer à ce titre éclatant, Rabelais et Montaigne. […] Ces écrivains, militaires ou magistrats, en même temps qu’ils se représentent eux-mêmes, nous représentent aussi et nous figurent les hommes de leur bord, de leur robe ou de leur camp. […] Chaque profession, en effet, nourrit à sa manière de bons esprits qui trouvent, dans le sujet habituel qu’ils ont en main, des expressions heureuses, des termes hardis et naturels, dont un bon écrivain peut faire ensuite son profit, mais dont seul il ne se serait pas avisé. […] Enfin, Pasquier, dans ses bons endroits, nous offre le plus bel ordinaire de la langue du xvie siècle, bans la chaîne de la tradition, il forme un terme moyen, un anneau solide entre les bons écrivains du xve siècle, tels qu’Alain Chartier, et les bons écrivains du xviie , tels que Patru ou Bourdaloue.
Mais les générations venues depuis sa mort ne savent plus bien ce qu’était ce personnage intrépide et inachevé, si souvent invoqué comme chef dans les luttes politiques, cet écrivain dont il ne reste que peu d’ouvrages et un souvenir si supérieur à ce qu’on lit de lui. […] Je veux m’expliquer plus clairement : si un véritable homme de lettres, bien simple, bien modeste, bien consciencieux, mais étranger à l’action, mais ne sachant ni payer de sa personne, ni représenter en Cour des pairs ou en cour d’assises, ni tenir tête aux assaillants de tout genre et de tout bord, ni dessiner sa poitrine avec cette noblesse dans le danger, avait écrit du fond de son cabinet la plupart des choses excellentes que Carrel a écrites (j’entends excellentes, littérairement parlant), il ne passerait, selon moi, que pour un bon, un estimable, un ferme, un habile et véhément écrivain ; mais il n’eût jamais excité les transports et les ardeurs qui accueillirent les articles de Carrel : c’est qu’avec lui, en lisant et en jugeant l’écrivain, on songeait toujours à l’homme qu’on avait là en présence ou en espérance, à cette individualité forte, tenace, concentrée, courageuse, de laquelle on attendait beaucoup. […] Vers le même temps, Carrel donnait quelques articles au recueil intitulé Le Producteur, et dans lequel les écrivains, disciples de Saint-Simon, sous leur première forme scientifique, essayaient le développement de leurs doctrines. […] Ces termes abstraits et doctrinaires étaient alors reçus, et je ne les relève chez un des bons écrivains de l’école historique que parce que les chefs de cette école et lui-même se montraient alors des plus sévères contre les écrivains qui appartenaient à l’école qu’on appelait d’imagination, et qu’ils se considéraient par rapport à ceux-ci comme infiniment plus classiques. […] L’homme qui s’exprimait de la sorte était déjà un écrivain d’un ordre élevé et n’avait plus qu’à poursuivre.
Dégoûtés eux-mêmes de leurs froides et lourdes imitations, ils s’en prirent à leurs modèles ; n’ayant pu égaler nos écrivains, ils se mirent à les dédaigner ; et ils résolurent de se faire originaux. […] Elles furent accueillies parmi nous avec ce ton d’ironie légère qui désole les écrivains germaniques, qui, comme ils disent, leur fait mal à l’âme, et auquel ils préfèrent la bonne foi et le sérieux de l’injure. […] Nos jeunes écrivains, les plus favorables à ces idées nouvelles, n’ont pas encore osé les préconiser hautement, ni surtout les mettre en pratique. […] Ce sont, disent-ils, les écrivains modernes qui ont imité les auteurs anciens, au lieu de créer comme eux ; qui leur ont emprunté, avec les formes de leurs poèmes, le fond même de leurs sujets et de leurs idées, au lieu de traiter, sous des formes différentes, des sujets et des idées appartenant à l’histoire, à la religion, aux mœurs des nations chrétiennes. […] Voilà les travers, les écarts où, parmi nous, d’époque en époque, de jeunes écrivains ont été entraînés par un désir mal réglé de produire de l’effet, et aussi, redisons-le pour leur justification, par un généreux amour de la célébrité, joint au désespoir modeste d’égaler leurs prédécesseurs, en les imitant.
Dès qu’il s’agissait de coordonner les théories de ses différents écrivains, on sentait qu’une dislocation était inévitable. […] « Symbolisme, en dehors de sa signification étymologique, désigne un groupe d’écrivains qui suivent les traces des Décadents. […] Doué d’une rare puissance d’imitation, il pastiche quand il veut, avec succès, les écrivains les plus différents, les plus personnels. […] Je dois dire que le plus grand nombre de ces écrivains ont du talent et un souci de l’Art que ne connurent point leurs aînés. […] De nombreux écrivains l’ont déjà compris et toute une légion de poètes latents est prête à affirmer avec eux l’existence de l’école socialiste. » Mais si le succès du socialisme semble assuré pour l’avenir, on ne peut pas dire que cela soit vrai pour l’heure présente.
A cette double marque on reconnaît les écrivains des époques de décadence. […] Je ne souffre pas beaucoup de voir cette vaine ambition dans un écrivain médiocre. […] Nos plus grands écrivains se seraient plutôt plaints d’eux-mêmes que de la langue. […] La vérité même y a je ne sais quoi de personnel à l’écrivain qui lui donne le même air qu’à l’erreur. […] Ce sont là des traits de ressemblance frappants entre Fénelon et les écrivains du dix-huitième siècle.
Il ne s’en est pas tenu là : recherches, questions, renseignements glanés de toutes parts, il n’a rien négligé, et il nous arrive aujourd’hui avec une édition modèle qui réalise pour le dernier en date des classiques ce que d’autres entreprennent et exécutent en ce même moment avec un zèle égal, mais non pas plus heureux, pour les grands écrivains du xviie siècle. […] Poëte, il n’était connu et deviné que de quelques-uns : homme de doctrine et de combat, écrivain politique et publiciste courageux, il était apprécié de tout ce que la société avait alors d’énergiquement modéré. […] Écrivain, la réflexion a de bonne heure accompagné et assisté sa muse. […] Il aime à redonner à un mot son sens primitif, qui souvent s’est oublié et perdu de vue dans l’acception figurée, et à lui rendre tous les sens qu’il avait en passant de la langue latine dans la nôtre, et que nos vieux écrivains lui avaient conservés.
A comparer ensemble les écrits, d’ailleurs si dissemblables, de Rousseau, de Buffon, de Diderot, de Thomas, on s’aperçoit bien vite que tous ces écrivains, qui furent contemporains, ont la phrase ample, périodique, largement déroulée, et l’on conclut sans témérité aucune que la prose oratoire, dans la seconde moitié du xviiie siècle, a joui d’une vogue éclatante. […] Ainsi l’examen de leur œuvre et de leur vie nous apprend que Marivaux, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Ducis ont tous aimé, admiré, reproduit certains écrivains anglais : nous voici autorisés à déclarer que l’Angleterre a exercé sur la France une forte influence intellectuelle au cours du xviiie siècle, et avec un peu d’attention, il est aisé de marquer dans quels domaines, entre quelles dates, en quel sens elle a agi. […] Mais il remarque que les écrivains anglais et un écrivain suisse, Rousseau, sont parmi les préférés du moment.