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1071. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Sainte-Beuve, avec la demi-lune rousse de sa tête, pelée comme le derrière d’un renard attaqué d’alopécie, son teint hortensia, son oreille rouge comme celle de Tartuffe et prête à chaque instant à monter au violet de la colère, le tout recouvert du vieux foulard qu’il étendait là-dessus quand il rentrait, échauffé, de l’Académie, et le beau Scaramouche de Chasles, à la face pâle, aux yeux italiens, aux moustaches callotiques, longues, peintes, relevées, qui ne devinrent que le plus tard possible la barbe blanche sans transition de gris qui apparut soudainement, comme celle d’un alchimiste, un jour, à son cours, et fut pour les femmes qui y venaient le coup de pistolet de la surprise.

1072. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

tout le temps du livre ; car son amour de la fin, sorti des boues remuées de sa nature, — il y a des boues dans cette femme de marbre blanc, — n’a été mis là par les auteurs que comme une ressource de dénouement pour qu’aux dernières pages le lecteur, écœuré de cette femme, ne jetât pas le livre de dégoût !

1073. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Chaigneau, dont j’ai tout à l’heure cité l’opinion sur l’œuvre de la Basilique, a, dans un petit roman d’une poignante intensité, rendu d’une façon très pénétrante l’impression que l’on ressent, quand, du sommet de la butte, le regard domine l’immense et chaotique étendue : « Une vapeur de clarté où se fondaient les fumées blanches essaimées de toitures, enveloppait Paris d’un vague et radieux frémissement qui noyait les détails rectilignes, pour n’accuser, en ébauche, que les ressauts capricieux des faîtages.

1074. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Enfin, seul, devant votre table de travail et votre papier blanc, vous vous demanderez : « Que veulent les femmes ? […] Gaiement éparpillés sur une même ligne, des villages longent le pied des coteaux, et leurs toits rouges et leurs façades blanches éclatent parmi les verdures estompées. […] Autour, ce sont des demeures de paysans, à peine moins blanches et d’apparence à peine moins luxueuses qu’elle. […] Et, pour compléter le tableau, non loin de la porte, familière et biblique, une chèvre, attachée à un piquet, toute blanche, paissait l’herbe haute. […] Tenez, j’ouvre son dernier volume et je tombe sur ceci : « Vendredi 25 juillet. — Aujourd’hui j’ai écrit en grosses lettres, sur la première feuille d’un cahier blanc : La Fille Élisa.

1075. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

L’a-t-on mouillé d’une bonne bouteille de vin blanc ? […] En effet, je crois que s’il eût eu une maîtresse pâle, il n’eût jamais pu dire qu’elle eût été blanche ; s’il en eût eu une mélancolique, il n’eût pu dire aussi, pour adoucir la chose, qu’elle eût été sérieuse, et, tout ce qu’il eût pu obtenir de lui, eût été de ne lui parler jamais de ce dont il ne pouvait lui parler à son avantage… Ceux qui cherchent le plus à trouver à reprendre en lui, ne l’accusent que de soutenir ses opinions avec trop de chaleur… Il est certain qu’il est un peu difficile, et que les moindres imperfections le choquent ; mais il faut souffrir sa critique comme un effet de sa justice… Je n’aurais jamais fait si je voulais vous dire tout ce que Mégabate a de bon ; c’est pourquoi il vaut mieux que j’achève cette légère ébauche de sa peinture, en vous assurant que cet homme est incomparable, et qu’on n’en peut parler avec trop d’éloges447. » Tallemant a fait de Montausier un portrait moins idéal. — « M. de Montausier, dit-il, est un homme tout d’une pièce ; madame de Rambouillet dit qu’il est fou à force d’être sage. […] Guénaut, médecin de la reine, disait naïvement qu’on ne saurait attraper l’écu blanc des malades, si on ne les trompait.

1076. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Index général des noms cités dans les neuf volumes »

Blanc (Charles), II, 170, 171 ; III, 51, 120, 193 ; IV, 50, 55 ; V, 36, 85, 162, 190, 191, 199, 209, 217, 218, 219, 292, 293. Blanc (Hippolyte), IX, 25. Blanc (Louis), II, 40 ; IV, 72, 106, 107, 108, 109, 186, 240, 292 ; V, 154, 155.

1077. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Quand je dis que la neige est blanche, je veux dire par là que, lorsque la neige est présente à ma vue, j’ai la sensation de blancheur. […] Et cependant votre expérience de la chose est la même dans les deux cas ; vous n’avez jamais vu que des cygnes blancs, comme vous n’avez jamais vu que des hommes ayant la tête au-dessus des épaules. […] Ainsi, dans un été très-sec, il n’y a pas de rosée, ni dans un hiver très-sec de gelées blanches.

1078. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Ils vivent sur les sommets de l’Olympe « que les vents n’ébranlent point, qui ne sont jamais mouillés par la pluie, d’où la neige n’approche point, où s’ouvre l’éther sans nuages, où court agilement la blanche lumière. » Là, dans un palais éblouissant, assis sur des trônes d’or, ils boivent le nectar et mangent l’ambroisie, pendant que les muses « chantent avec leurs belles voix ». […] Aristophane promet au jeune homme qui suivra ses bons conseils, la belle santé et la beauté gymnastique : « Tu auras toujours la poitrine pleine, la peau blanche, les épaules larges, les jambes grandes…….. […] Certainement le spectacle était beau lorsque ces grands jeunes gens, les plus forts et les mieux faits de la Grèce, avec leurs cheveux longs et soigneusement rattachés au sommet de la tête, avec leur tunique rouge., leurs larges boucliers polis, leurs gestes de héros et d’athlètes, venaient chanter des vers comme ceux-ci : « Combattons avec courage pour cette terre notre sol, — et mourons pour nos enfans sans épargner nos âmes. — Et vous, jeunes gens, combattez ferme l’un à côté de Fautive ; — que nul de vous ne donne l’exemple de la fuite honteuse ni de la peur, — mais plutôt, faites-vous un grand et vaillant cœur dans votre poitrine… — Pour les anciens, les vieillards dont les genoux ne sont plus agiles, — ne les abandonnez pas, ne fuyez pas, — car il est honteux de voir tomber au premier rang, devant les jeunes gens, — un homme vieux qui a déjà la tête et la barbe blanches ; — il est honteux de le voir gisant, exhalant dans la poussière sa vaillante âme — et serrant de ses mains sa plaie sanglante sur sa peau nue. — Au contraire, tout convient aux jeunes — quand ils ont la fleur éclatante de l’adolescence. — Admirés par les hommes, aimés par les femmes, — ils sont encore beaux s’ils tombent au premier rang… — Ce qui est laid à voir, c’est un homme gisant dans la poussière, —  percé par derrière, le dos traversé par la pointe d’une lance. — Que chaque homme après l’élan reste ferme, — fixé au sol par ses deux pieds, mordant sa lèvre avec ses dents — les cuisses, les jambes, les épaules au-dessous, la poitrine jusqu’au ventre, tout le corps, — couvert par son large bouclier ; — qu’il combatte pied contre pied, bouclier contre bouclier, — casque contre casque, aigrette contre aigrette, — poitrine contre poitrine, tout proche, — et que de tout près, corps à corps, frappant de sa longue pique ou de son épée, — il perce et tue un ennemi. » Il y avait des chants semblables pour toutes les circonstances de la vie militaire, entre autres des anapestes pour aller à l’attaque au son des flûtes. […] Agésilas, pour encourager ses hommes, fit un jour dépouiller les Perses prisonniers ; à la vue de ces chairs blanches et molles, les Grecs se mirent à rire, et marchèrent en avant, pleins de dédain pour leurs ennemis.

1079. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Le critique, lui, se place tour à tour au point de vue de chacun, mais il n’y reste pas ; il sait que la lumière blanche, celle qui éclaire la masse des hommes et la nature, est un composé de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, de même que l’art humain comprend dans sa complexité toutes les formes de l’art individuel ou national. […] Ou encore c’est le conseil, plus facile à donner qu’à suivre, de dire à la fois blanc et noir. […] je me suis laissé dire qu’il s’habille comme vous et moi, et je ne sache pas qu’il ait la barbe blanche. […] On sait que la philosophie peut prendre toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ; elle peut être noire comme un corbillard, rose et verte comme l’aurore, le printemps et l’espérance ; on l’a vue vêtue de blanc comme une communiante, de violet comme un évêque ; quelques-uns se sont plaints de la trouver changeante comme une étoffe gorge-de-pigeon ou grise comme un brouillard d’hiver. […] Il a le culte de la beauté et il répète avec dévotion cet hymne en son honneur : La mort peut disperser les univers tremblants, Mais la beauté sourit et tout renaît en elle, Et les mondes encor roulent sous ses pieds blancs.

1080. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Vous voyez quelquefois des groupes de ces petites Anglaises, toutes en grands mantelets blancs, un chapeau de paille noué sous le menton avec un ruban, une corbeille passée au bras, et dans laquelle sont des fruits et un livre ; toutes tenant les yeux baissés, toutes rougissant lorsqu’on les regarde. […] Qu’on se représente un fleuve immense, coulant au travers des plus épaisses forêts ; qu’on se figure tous les accidents des arbres qui accompagnent ses rives ; des chênes-saules, tombés de vieillesse, baignent dans les flots leur tête chenue ; des planes d’Occident se mirent dans l’onde avec les écureuils noirs, et les hermines blanches, qui grimpent sur leurs troncs, ou se jouent dans leurs lianes ; des sycomores du Canada se réunissent en groupe ; des peupliers de la Virginie croissent solitaires ou s’allongent en mobile avenue. […] Des argiles rouges et blanches, placées dans l’escarpement des montagnes, imitent çà et là des ruines d’anciens châteaux. […] « La rivière, dont le cours est très étendu, lui dirent les indigènes, va vers le soleil du midi ; et selon ce que nous avons appris, des hommes blancs bâtissent des maisons à son embouchure. […] Mackenzie que dix hivers auparavant s’étant embarqué dans le même canot, avec quarante Indiens, il avait rencontré sur la côte deux vaisseaux remplis d’hommes blancs ; c’était le bon Toolec 21, dont le souvenir sera longtemps cher aux peuples qui habitent les bords de l’Océan Pacifique.

1081. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Dieu, dans sa bonté, A créé pour elle un jeune notaire, Homme sérieux, de blanc cravaté. […] La neige lui fait un linceul blanc comme son cœur d’enfant inoffensif. […] Le plaisir que j’aurais à lui donner la fessée, à cette oie blanche ! […] Paul Mounet, magnifique dans sa robe blanche et d’une bonhomie grave et d’un héroïsme simple qui étaient à ravir. […] On voit dans le fond, dans le vaste jardin, passer les infirmiers en sarraux blancs.

1082. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Le marbre blanc des cours semble un tissu léger, une mosaïque de perles brillantes. […] Une foule de cérémonies symboliques avaient précédé : c’étaient le bain, les vêtements de lin blanc, la confession, souvent à haute voix, la communion, le serment, qui exprimait tous les sacrifices et toutes les vertus imposées au chevalier. […] Quand il fut resté un peu dans le lit, il se vêtit de draps blancs qui étaient de lin. Lors Hugues lui dit en son latin : “Sire, ne tenez pas à mépris ces draps blancs ; ils vous donnent à entendre que chevalier doit tendre à conserver sa chair pure, s’il veut arriver à Dieu.” […] Après se leva debout, puis se ceignit d’une ceinture blanche ; ensuite Hugues lui mit deux éperons à ses deux pieds, et lui dit : “Sire, tout ainsi que vous voulez que votre cheval soit animé à bien courir, quand vous frappez des éperons, ces éperons signifient que vous ayez bien dans le cœur de servir Dieu toute votre vie.”

1083. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Cette malice de Rosny, tout heureux ce jour-là de voir son maître marié et pouvant désormais espérer des héritiers légitimes, ç’avait été de faire verser aux filles de la reine du vin blanc en guise d’eau, ce qui les avait grisées.

1084. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Aimable sénéchal de Champagne, que de peines et d’efforts il a fallu, que d’académiciens des Inscriptions faisant la chaîne et mis les uns au bout des autres, pour arriver à sauver de toute corruption et de toute injure, et pour nous rendre au naturel et dans sa simplicité, ce que vous dictiez si gaiement en cheveux blancs dans le joli langage ou ramage de votre jeunesse, et en vous promenant d’un pied encore ferme dans la grande salle du château de Joinville85 !

1085. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Le petit précepteur qu’on choisit, Julien, fils d’un menuisier, enfant de dix-neuf ans, qui sait le latin et qui étudie pour être prêtre, se présente un matin à la grille du jardin de M. de Rênal (c’est le nom du maire), avec une chemise bien blanche, et portant sous le bras une veste fort propre de ratine violette.

1086. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Un jour qu’elle lui conseillait de faire des vers blancs, des vers sans rimes, ce qui est très conforme au génie de l’idiome breton, il répondit qu’il n’attendait pour cela qu’un sujet : « Un sujet !

1087. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

« Je vis, me dit quelqu’un dont les paroles sont pour moi un témoignage, je vis Béranger quelques mois après l’Empire : Il était content ; il me dit « Ne voyez-vous pas que nous sommes à jamais délivrés du drapeau blanc ?

1088. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Elle a peu de dents de devant et gâtées, les chairs belles, la barbe courte, hérissée et blanche.

1089. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

En regard de ses boxeurs, je me plairais à mettre un Mariage dans le grand monde, tous ces beaux fronts inclinés devant l’élégant ministre qui les prêche en cravate blanche, ou encore ces deux dames qui se promènent dans West-End, le valet de pied derrière, à distance, tenant sous le bras les volumes du roman nouveau qu’elles viennent d’acheter : c’est du plus haut ton.

1090. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Aller en avant et à l’arme blanche est bien plutôt notre affaire.

1091. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

M. Louis Blanc, pour bien d’autres.

1092. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Dans la préface de ses Nouvelles, supposant qu’un de ses amis aurait bien pu faire graver son portrait pour le placer en tête du livre, il donne de lui-même, et de ce portrait absent, la description suivante, quand il avait soixante-six ans (1613) : « Celui que vous voyez ici à la mine d’aigle, les cheveux châtains, le front uni et ouvert, les yeux gais, le nez courbé, quoique bien proportionné, la barbe d’argent (il n’y a pas vingt ans qu’elle était d’or), la moustache grande, la bouche petite, les dents pas plus qu’il n’en faut, puisqu’il n’en a que six, et celles-ci en mauvais état et encore plus mal placées, puisqu’elles ne correspondent pas les unes aux autres ; la taille entre les deux, ni grande ni petite, le teint vif, plutôt blanc que brun ; un peu haut des épaules sans en être plus léger des pieds ; celui-là, je dis que c’est l’auteur de la Galatée, de Don Quichotte de la Manche, le même qui a fait le Voyage du Parnasse et d’autres ouvrages qui courent le monde de çà de là, peut-être sans le nom de leur maître.

1093. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Pas le moindre soin ; des mots oubliés ou restés en blanc, peu lui importe !

1094. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Dans l’eau, ridée par une botte de paille qu’un homme trempe au lavoir pour lier l’avoine, les joncs, les arbres, le ciel, se reflètent avec des solidités denses, et sous la dernière arche du vieux pont, près de moi, de l’arc de son ombre se détache la moitié d’une vache rousse, lente à boire, et qui, quand elle a bu, relevant son mufle blanc bavant de fils d’eau, regarde. » Une telle page, assurément, est ce qu’on attend le moins d’un littérateur : elle semble détachée de l’album d’un peintre, d’un Troyon consciencieux, sincère, qui ne marcherait point sans son carnet.

1095. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Étonné de la voir ainsi ployant sous le poids de son fardeau, il lui dit : « Voyons ce que vous portez ; » et, en même temps, ouvrit, malgré elle, le manteau qu’elle serrait, tout effrayée, contre sa poitrine ; mais il n’y avait plus que des roses blanches et rouges, les plus belles qu’il eût vues de sa vie ; cela le surprit d’autant plus que ce n’était plus la saison des fleurs.

1096. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Tant de malheur peut-il fondre à plaisir, Quand le matin rit dans la vapeur blanche, Quand le rayon qui mourait sur la branche Est en passant si tiède à ressaisir ?

1097. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Toute métaphore dans une telle organisation évolue, s’organise, s’étend : l’objet propre ou l’idée première reculent ; et naïvement, spontanément il retrouve, dans ce pâtre promontoire qui garde les moutons sinistres de la mer 874, la forme d’imagination qui, sur les côtes tourmentées de la Sicile, avait animé l’informe Polyphème et la blanche Galatée.

1098. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

De se donner ou de se garder   Plus probablement ceci que cela, car une charmante figure mâle, ornée de fines moustaches et de grands yeux noirs à cils ombreux, couronnée de cheveux bruns coupés ras et poussant dru, passait dans la glace à chaque instant, montrant, dans un sourire très doux, des dents juvéniles, toutes blanches et au grand complet… Un dîner, une visite, cela suffit.

1099. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Imaginez une feuille d’impression dont nous ne lirions qu’un côté ; le verso a disparu, il est en blanc, et ce verso qui la compléterait, c’est la disposition du public d’alors, la part de rédaction qu’il y apportait, et qui souvent n’était pas la moins intelligente et la moins active.

1100. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

C’est dans les pages mêmes du fils qu’il faut apprendre à aimer l’expression modérée, continue et pleine, de cette belle vie antique de M. d’Aguesseau le père ; c’est là qu’il faut voir briller, sous des cheveux de plus en plus blancs, la vertu toujours égale du vieillard dans toute la fleur de sa première innocence.

1101. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Le costume est tout noir, varié à peine par une draperie de dentelle blanche sur les bras et les épaules.

1102. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Voici en ce sens quelques vers qui ne me semblent nullement méprisables : À former les esprits comme à former les corps, La Nature en tous temps fait les mêmes efforts ; Son Être est immuable, et cette force aisée Dont elle produit tout ne s’est point épuisée : Jamais l’astre du jour qu’aujourd’hui nous voyons N’eut le front couronné de plus brillants rayons ; Jamais dans le printemps les roses empourprées, D’un plus vif incarnat ne furent colorées : Non moins blanc qu’autrefois brille dans nos jardins L’éblouissant émail des lis et des jasmins, Et dans le siècle d’or la tendre Philomèle, Qui charmait nos aïeux de sa chanson nouvelle, N’avait rien de plus doux que celle dont la voix Réveille les échos qui dorment dans nos bois : De cette même main les forces infinies Produisent en tout temps de semblables génies.

1103. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Quant à lui, qui probablement eût fait de même s’il se fût trouvé avec eux, il se vit, en débarquant en Catalogne, jeté dans un groupe tout différent ; il y rencontra des militaires la plupart étrangers, bien qu’ayant fait partie autrefois des armées de l’Empire, des Italiens, des Polonais, qui n’étaient liés par aucun scrupule envers la France du drapeau blanc.

1104. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Dante, au contraire, lui est pénible et difficile ; il le trouve d’un sublime dur : « Il me paraît plein de gravité, d’énergie et d’images fortes, mais profondément tristes ; aussi je n’en lis guère, car il me rend l’âme toute sombre. » Le Moyen Âge répugne à de Brosses ; il lui refuse le nom d’antiquité ; il visite au retour, à la bibliothèque de Modène, le docte Muratori, avec ses quatre cheveux blancs et sa tête chauve, travaillant malgré le froid extrême, sans feu et nu-tête, dans cette galerie glaciale, au milieu d’un tas d’antiquités ou plutôt de vieilleries italiennes : « Car, en vérité, dit-il, je ne puis me résoudre à donner le nom d’antiquités à tout ce qui concerne ces vilains siècles d’ignorance… Sainte-Palaye, au contraire, s’extasiait de voir ensemble tant de paperasses du xe  siècle. » — Tous ces jugements se tiennent, on le sent, et s’accordent soit en littérature, soit en peinture ou en musique ; et celui qui aime tant l’Arioste pourra se déclarer de la sorte en faveur de Pergolèse : Parmi tous ces musiciens, mon auteur d’affection est Pergolèse.

1105. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

* * * — Aujourd’hui, pendant la messe de mort de Mme X…, je pensais à la beauté jolie de ses vingt-huit ans, au rosé de fleur de sa peau, à la grâce molle de sa taille, et je me revoyais, de quatorze à dix-sept ans, enfantinement amoureux d’elle, et tout heureux de me frotter à ses robes de mousseline blanche, de me trouver dans l’air où elle vivait.

1106. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Le corps, couvert d’un linceul blanc, un crucifix sur la poitrine, est étendu là sur le lit de mort, un très simple lit de fer.

1107. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Sous la peau blanche et fine, le sang afflue et fait éclater dans toute leur force la vie et la santé.

1108. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Belle autrefois, mais d’une beauté métaphysique, pour ainsi dire, et méprisée des sensuels et des connaisseurs en volupté ; d’un visage correct de médaille que ne réchauffaient même pas ses cheveux blonds devenus très vite blancs, entre la vieillesse et la pensée, elle a dû être mauvaise à aimer pour les âmes ardentes Comme elle a dû les impatienter !

1109. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

M. Blanc (de Turin) avait été autorisé à traduire.

1110. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

C’est une organisation à sang blanc et froid, et je ne veux point nommer toutes les espèces de bêtes auxquelles il ressemble.

1111. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Si à quelques places, comme dans la pièce La Géante, ou dans Don Juan aux Enfers, — un groupe de marbre blanc et noir, une poésie de pierre (di sasso) comme le Commandeur, — Baudelaire rappelle la forme de Victor Hugo, mais condensée et surtout purifiée ; si, à quelques autres, comme La Charogne, la seule poésie spiritualiste du recueil, dans laquelle le poète se venge de la pourriture abhorrée par l’immortalité d’un cher souvenir : Alors, ô ma beauté !

1112. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

L’homme ordinaire, apercevant un lis, ne voit qu’une grande fleur blanche dont le calice évasé contient des fils jaunâtres ; le botaniste distingue la corolle, les six pétales, l’ovaire, le style, le stigmate, les étamines, les anthères, le pollen, les divers changements et les divers rapports de toutes ces parties depuis leur naissance jusqu’à leur mort.

1113. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Dans ces temps où la superstition se mêlait à la fureur, on voyait d’un côté des empoisonnements, des assassinats, et les crimes de la plus flétrissante volupté ; de l’autre, des processions, des confréries et des pénitents blancs et noirs ; comme si des cérémonies, sans le remords et la vertu, pouvaient expier les crimes ; comme si elles n’étaient pas un nouvel outrage pour la divinité, qu’on faisait semblant d’apaiser en la déshonorant.

1114. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

pardonne ces rêves : j’entends ta voix, j’entends ta forte plainte sortir des cavernes glacées de la blanche Helvétie ; j’entends tes soupirs versés sur les fleuves teints de sang.

1115. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Bonnet blanc et blanc bonnet ! […] Devant la blanche ferme où parfois, vers midi, Un vieillard vient s’asseoir sur le seuil attiédi, Où cent poules gaîment mêlent leurs crêtes rouges, Où, gardiens du sommeil, les dogues dans leurs bouges Écoutent les chansons du gardien du réveil, Du beau coq vernissé qui reluit au soleil, Une vache était là, tout à l’heure arrêtée, Superbe, énorme, rousse et de blanc tachetée, Douce comme une biche avec ses jeunes faons, Elle avait sous le ventre un beau groupe d’enfants, D’enfants aux dents de marbre, aux cheveux en broussailles, Frais et plus charbonnés que de vieilles murailles, Qui, bruyants, tous ensemble, à grands cris appelant D’autres qui, tout petits, se hâtaient en tremblant, Dérobant sans pitié quelque laitière absente, Sous leur bouche joyeuse et peut-être blessante, Et sous leurs doigts pressant le lait par mille trous, Tiraient le pis fécond de la mère au poil roux. […] « Leurs culottes sont rouges et ne sont plus blanches, ils en ont changé les boutons. […] Le langage de tous les acteurs du drame est d’une élégance uniforme… ce chancelier de l’Hôpital, ce personnage demi-gaulois, demi-romain, cette longue barbe blanche qui imposait aux jeunes courtisans, cet homme d’une conscience si ferme, qui, avec ses expressions fortes et familières troublait Catherine de Médicis et la faisait hésiter sur une mauvaise action, que fait-il dans le drame de Chénier ? […] » N’oublions pas qu’il est devenu un élégant chevalier, qu’il porte l’épée au côté et la toque à plume blanche.

1116. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Les arbres, les buissons se découpaient sur l’étendue blanche, que les contours trop précis faisaient pareille à un jouet puéril. […] Plus tard, on l’a mis dans un lit, dans du linge blanc et dans du silence. […] Un jour, lui qui a d’ordinaire le teint vif, ses joues sont pâles, blanches. […] Nous l’avons vu très amoureux de sa belle ; une page de blanc : nous le retrouvons dans la roulotte. […] Et enfin, quand il parvient à Liège, « le jour règne, blanc et joyeux ; des marchands enlèvent les volets de leurs devantures ; des servantes lavent les seuils ».

1117. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Elle a bel et bien trahi son vieux père, « la brebis blanche », et pour courir « après son noir bélier ». […] Ce que la malade d’esprit et de cœur implorait sous l’aiguille morphinée, sa sœur, aussi malade, mais plus heureuse, le demande au piano dont les blanches touches, fraîches sous les doigts brûlants, recèlent un trésor d’indicibles rêves. […] Je le revois, dans un angle de salon, un lorgnon sur la pointe de son nez busqué, déchiffrant, dans de blanches paumes qui en frémissaient d’effroi, toutes sortes de secrets qu’il savait par cœur, et, quand il avait bien donné la petite mort à ses jolies pénitentes, il riait de ce beau rire sonore que j’entendrai toujours. […] S’ils parlent de Chardin, c’est ainsi que le pourrait faire un apprenti peintre extasié devant des procédés : « Comme il réjouit le regard avec la gaieté de ses tons, la douceur de ses réveillons, sa belle touche beurrée, les tournants de son pinceau gras en pleine pâte, l’agrément de ses harmonies blondes, la chaleur de ses fonds, l’éclat de ses blancs glacés de soleil, qui semblent dans ses tableaux les reposoirs de la lumière ! […] Du cosmopolitisme Il suffisait de rencontrer Tourguéniev et de l’écouter causer, ne fût-ce qu’une soirée, pour constater combien le Russe était demeuré intact dans ce grand vieillard à la longue barbe blanche, au nez trop fort, au regard simple, et aussi pour apercevoir qu’un autre personnage s’était comme greffé sur ce premier homme : le cosmopolite.

1118. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Gros sel et sel blanc, sachant qu’ils se complétaient, vivaient en bons termes, et M.  […] Le naturalisme a tourné ici, comme le symbolisme avec Mallarmé, autour d’une page blanche, d’une perfection sans tache et sans réalité, du roman où il n’arrive rien et qui, pour des initiés, signifierait tout. […] Les Illuminations et Le Nénuphar blanc poussent à l’hyperbole ( Hyperbole ! […] Mais enfin, pour moi, la beauté des Illuminations et du Nénuphar blanc n’a pas bougé, et comme le livre de M.  […] Il fait, en bon globule blanc, la police de l’organisme littéraire.

1119. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Le ciel est généralement comme un métal dans la fournaise ; la lumière, poussiéreuse ; les terrains sont d’un ton chaud et cru, composés de marnes verdâtres et de tufs d’un blanc éclatant. […] Ont-ils toujours leurs culottes blanches ? […] Sa taille était drapée dans une blanche tunique, qui descendait jusqu’aux mollets, et quels mollets !

1120. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Or l’idée générale d’homme comprend les femmes, les vieillards et les enfants, celle de la rose comprend les roses blanches et les roses thé, les roses naissantes, boutons à demi épanouis, et les roses flétries. […] Le genre rose, par exemple, comprend les roses blanches et les roses thé ; il comprend aussi et surtout les roses roses, les roses proprement dites, les roses véritables ; dire d’une fleur qu’elle est une rose blanche, c’est à la fois lui donner une qualification et la lui retirer en partie ; on ne lui ouvre pas toutes grandes les portes du genre ; on la fait entrer comme à regret, sous condition, pour l’installer dans un coin, tout près du bord ; l’épithète n’est pas seulement déterminative, elle est restrictive.

1121. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

À mesure qu’il avancera en âge et qu’il prendra possession de lui-même, il se livrera avec plus de hardiesse à son penchant inné, et nous le verrons, en tête de l’un de ses fragments d’Émaux et Camées, inscrire ce titre mystérieux : le Poème de la Femme, Marbre de Paros ; ou bien ensuite modeler avec des rythmes et des rimes ce qu’il appelle ses Études de mains ; ou bien encore — ce qui est plus rare chez lui — user des procédés spéciaux à la science musicale et composer les Variations sur le Carnaval de Venise pour arriver enfin aux amalgames les plus hétérogènes dans la Symphonie en blanc majeur 15. — Les frères de Goncourt n’accusent pas des prétentions moins nettes, et constamment ces précieux ouvriers de la prose se montrent hantés par des soucis identiques à ceux de leur illustre prédécesseur. […] Salut, ô Muse antique, Muse au frais laurier vert, à la blanche tunique,            Plus jeune tous les jours. […] Je bois à la santé d’abord, blanche Théone,            Puis aux dieux inconnus. […] Des douleurs et des passions, même vraies et sincères, si elles ne revêtent la splendeur poétique et décorative de la tragédie grecque ou du grand drame héroïque, le trouveront indifférent, à moitié hostile : Des médecins et des notaires en cravate blanche qui viennent pleurer dans le trou du souffleur parce que leurs femmes les ont en cornifistibulés, c’est bête et assommant !

1122. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas, par un obscur et lointain atavisme, aurait hérité ce mépris de la femme commun à toutes les races, hors la blanche. […] Il paraît qu’au cimetière Montmartre, sur la tombe d’Alphonsine Plessis, on a scellé au marbre une couronne de camélias blancs artificiels. […] Cécile, du Journal d’une femme, s’en va, blanche dans sa robe de bal et par une soirée toute blanche de neige, se coucher et s’ensevelir à un endroit déterminé qu’elle a choisi par une superstition du souvenir : « Quelle scène ! […] la nature se couvre de neige comme d’une draperie blanche et semble mener elle-même un deuil de jeune fille. […] soyez bénis, vous deux qui tête nue, Méprisant les conseils de ce monde insolent, Avez jusques au bout, de la femme connue, En vous donnant la main, mené le convoi blanc !

1123. (1864) Le roman contemporain

M. Louis Blanc au Luxembourg. […] Il me semble voir passer dans cette idylle du Florian de nos jours des houlettes enrubannées et des agneaux aux laines blanches, parfumées et frisées par Estelle, qui bêlent de jolis airs que la serinette leur a appris. […] Pour rester conséquent avec son respect pour les fourmis et pour ne pas gâter l’héroïsme de son entorse, il faut nécessairement qu’il défende à son jardinier de faire écheniller ses arbres, et qu’il ôte son chapeau aux vers blancs et aux hannetons. […] M. Louis Blanc, et que M. 

1124. (1894) Études littéraires : seizième siècle

— Sire Lion, dit le fils de souris, De ton propos certes je me souris : J’ai des couteaux assez, ne te soucie, De bel os blanc plus tranchants qu’une scie ; Leur gaîne c’est ma gencive et ma bouche. […] Qui eût cuidé le désir d’un cœur franc Être caché dessous un papier blanc ? […] Ronsard lui-même s’en souvient plus qu’il ne voudrait le dire ou plus qu’il ne le croit : Et la Touvre qui court toute blanche de cygnes est un joli vers : Marot avait dit : La pauvre Touvre arrosant Angoulême… Et sur son eau chantent de jour et nuit Ces cygnes blancs dont toute elle est couverte. […] Ceci, par exemple, est absolument esprit de village français: « Sais-tu pourquoi, des poulets qu’ils prennent, jamais les renards ne mangent le blanc ? […] — Parce qu’ils ne les font pas cuire, et que le blanc de poulet est rouge quand il est cru. » Voilà bien le piège tendu à l’enfant ou au nigaud, et le gros éclat de rire quand celui-ci y est tombé.

1125. (1911) Études pp. 9-261

Il y a des ciels qui raniment soudain au fond du cœur l’image des belles patries perdues : Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés, Qui font se fondre en pleurs les cœurs ensorcelés24. […] Ses aquarelles révèlent au contraire une habileté si vertigineuse que seule peut-être l’égale la virtuosité des Japonais : sur la feuille blanche toute l’ossature d’un paysage s’indique par quelques touches colorées d’une exactitude telle qu’elle fait parler les vides intermédiaires, arrache au silence de chacun une signification. — Quand Cézanne peint à l’huile, sa main tressaille de la même adresse, mais il la contient : il se méfie ; il redoute de se substituer à sa sincérité ; il impose à son pinceau une lenteur fidèle. […] Le meilleur témoignage de son origine artificielle, c’est sa rareté sans faiblesse ; elle ne cesse jamais d’être incomparable et Matisse préfère laisser des blancs plutôt que de les combler sans trouvailles. […] Souvent aussi il a l’absurdité de la logique ; n’étant pas embarrassé ni retenu par la réalité, il déploie une gratuite barbarie, comme dans le Nu à l’écharpe blanche. […] Et voici que dans les œuvres lyriques, elle chante pure, debout ainsi qu’un grand ange blanc : Tout s’est tu, mais l’esprit qui contient toute chose ne se contient pas en moi.

1126. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Mais assurément (je ne puis m’empêcher encore d’ajouter ceci) la plus criante incohérence, dans le cas présent, c’est d’avoir fait intervenir de but en blanc le plus noble, le plus sobre, le plus austère des poëtes, pour appuyer une théorie où il est surtout question de Lisette et de Margot, et où, pour tout idéal d’art sérieux, l’enfant d’Épicure et d’Ovide s’écrie : Vive d’un doigt coquet le livre déchiré Qu’arrose dans le bain le robinet doré ! […] Voici le portrait, un peu plus doux et presque tendre, qu’a tracé de lui Ranieri dans la notice de l’édition de Florence (1845) : « Il était d’une taille moyenne, courbée et frêle ; il avait le teint blanc tournant au pâle, la tête grosse, le front large et carré, les yeux d’un beau bleu et pleins de langueur, le nez fin, les traits extrêmements délicats, la prononciation modeste et un peu voilée, le sourire ineffable et comme céleste. » 142.

1127. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Horace aime à poser sa Vénus près des lacs d’Albane, en marbre blanc, sous des lambris de citronnier : sub trabe citrea. […] Faites, faites en vue d’autrui, et indépendamment de cet arrangement décent envers vous-même, de cette satisfaction morale, de cette propreté sans tache qu’il est beau de garder, mais qui n’est pas l’unique but ; tendez, tendez votre main à celui qui tombe, même quand vous la sentiriez moins blanche à offrir.

1128. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Vous auriez dû vous servir de l’huile blanche que je vous ai donnée. » Il tire la fiole de sa poche, et la farde sur les deux joues. […] Les rangées de masques défilent, entrelaçant leurs groupes ; « les uns, vêtus d’orangé fauve et d’argent, les autres de vert de mer et d’argent, les justaucorps blancs brodés d’or, tous les habits et les joyaux si extraordinairement riches, que le trône semble une mine de lumière. » Voilà les opéras qu’il compose chaque année, presque jusqu’au bout de sa vie, véritables fêtes des yeux, pareilles aux processions du Titien.

1129. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Admirez les crescendo et les roulades par lesquelles elle termine ses morceaux brillants ; pour enlever l’auditeur à la fin du portrait de la nonne innocente, elle ira chercher « la Grâce qui fait luire autour d’elle ses plus purs rayons, les anges qui de leurs chuchotements éveillent ses rêves dorés, les ailes des séraphins qui répandent sur elle leurs divins parfums, l’époux qui prépare l’anneau nuptial, les blanches vierges qui chantent l’hyménée1109 », bref toute la garde-robe du Paradis. […] et pourtant, par gageure sans doute, il a raconté dans la Boucle de cheveux une partie d’hombre ; on la suit, on l’entend, on reconnaît les costumes, « les quatre rois, majestés révérées, avec leurs favoris blancs et leurs barbes fourchues, les quatre belles dames dont les mains portent une fleur, emblème expressif de leur aimable puissance, les quatre valets en robes retroussées, troupe fidèle, une toque sur la tête, une hallebarde à la main, puis les quatre armées bigarrées, brillant cortége, rangées en bataille sur la plaine de velours vert1123. » On voit les atouts, les coupes, les levées, puis un instant après le café, la porcelaine, les cuillers, l’esprit de feu (entendez l’alcool) ; ce sont déjà les procédés et les périphrases de Delille.

1130. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Le soleil, au lieu de s’y répercuter en blanc comme sur les murailles éblouissantes des villes neuves, s’y reflète en teintes légèrement azurées qui donnent de l’antiquité aux édifices et de la sérénité aux pensées. […] Le costume de Nanerl était fait pour une archiduchesse ; c’est du taffetas blanc brodé, avec toutes sortes de garnitures. » Le même au même.

1131. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

. — J’ai rempli de papier blanc la place du quatrième acte qui manque, et il est très probable que la partie terminée m’excitera et m’encouragera à finir ce qui reste à faire. […] Le corps, mis à nu, était enseveli dans un drap blanc ; on avait mis alentour de gros morceaux de glace, pour le conserver frais aussi longtemps que possible.

1132. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Je l’ai dit ailleurs et, je le répète ici : nous demandons pour l’ouvrier du pain blanc, une maison saine, des heures de repos ; nous nous intéressons à toutes les œuvres qui peuvent relever sa condition matérielle : nous multiplions, d’autre part, les écoles, les bibliothèques, les cours d’adultes, les conférences ; nous préparons de nos mains l’avènement du quatrième état ; nous y travaillons par nos défauts aussi bien que par nos efforts ; et je ne vois pas dès lors comment nous pourrions prétendre que le peuple aura sa part de toute chose, sauf de littérature et d’art. […] La discussion devient superflue, on ne discute pas avec la mauvaise foi ; l’injure suffit : bref, une politique étrangère de blouses blanches et de va-t-en-guerre, l’insulte contre de grandes nations rabaissées de parti pris, des rodomontades, des provocations, des défis, qu’on serait le plus souvent bien fâché de voir relevés.

1133. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

que je n’entendrai plus dans mon escalier) ; des bas gris ou bleus de filosèle, souvent mouchetés d’une tache entre le soulier et le pantalon ; le pantalon relevé pour le préserver de la boue ou de la poussière de la rue ; un gilet d’indienne propre, mais commune, un peu débraillé sur sa large poitrine, et laissant voir un linge blanc, mais grossier, tel que les ménagères de campagne en filent avec leur propre chanvre pour le tisserand de la maison ; une redingote de drap grisâtre, dont le tissu râpé montrait le fil sur les coudes, et dont les basques inégalement pendantes battaient très bas ses jambes à chaque pas sur le pavé. […] Il portait à la main un bâton de bois blanc sans pommeau et sans douille ; ce n’était pas un bâton de vieillesse, mais une habitude de la main : il ne s’y appuyait pas ; il décrivait du bout de cette branche de houx des cercles capricieux sur le parquet, sur le pavé ou sur le sable.

1134. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Mme de Maintenon cherche à prémunir ses filles contre les périls qu’elles ont déjà rencontrés : « N’ayez ni fantaisie ni curiosité pour chercher des lectures extraordinaires et des ragoûts d’oraison. » — « Il y a une grande différence entre connaître Dieu par la science, par la pointe de l’esprit, par la subtilité de la raison, par la multiplicité des lectures, ou le connaître par les simples instructions du christianisme. » Dans le blanc des lignes, il me semble lire en caractères plus distincts : « Surtout pas trop de Racine, et plus jamais de Fénelon ! 

1135. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

L’amitié du père Lefebvre pour le jeune Daru avait commencé à Tournon dès l’année 1776, quand celui-ci n’avait que neuf ans ; elle dura jusqu’à la fin, doucement flattée et enorgueillie dans l’élévation et la juste fortune de celui à qui il écrivait en 1788 : « Votre gloire doit faire la consolation de mes cheveux blancs, ne négligez rien pour la rendre solide. » À cet effet, le père Lefebvre n’épargnait pas à son ancien élève les conseils du sage et de l’homme de goût : Voulez-vous que je tous parle franchement, mon cher Daru ?

1136. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Il mourut à Paris le 6 mars 1681, à l’âge de quatre-vingt-un ans ; il fut inhumé, en personnage illustre, dans l’église de Saint-Sulpice, avec une belle épitaphe très en vue, et un médaillon en marbre blanc contenant son portrait et surmonté d’un génie pleurant qui tient son flambeau renversé.

1137. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

M. Louis Blanc, et qui se sont remis à l’étude comme si de rien n’était ; on a pratiqué et mis en lumière (chose horrible !)

1138. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Mme de Boufflers est là (si toutefois c’est bien elle), la plume blanche au chapeau, le profil ne manquant pas de fierté, et gouvernant bien son cheval.

1139. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Enfin Collé fit là quelque chose de ce que nous avons vu faire au spirituel et charmant auteur du Palais-Royal, Labiche : il mit habit noir et cravate blanche pour se rendre digne du Théâtre-Français et se retrancha de sa gaîté, du meilleur de sa veine.

1140. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle y faisait verser d’abondantes larmes, et il arriva un jour qu’un mauvais plaisant qui avait entendu parler de ce succès larmoyant irrésistible et qui l’attribuait à l’engouement du parterre, vint solennellement se placer au balcon, étalant sur le rebord une couple de mouchoirs blancs pour étancher les flots de pleurs qui allaient couler.

1141. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Une maladie nerveuse singulière, bizarre, qui se déclara en lui après l’usage du petit vin blanc de Saint-Maurice, et le projet de sa mère de le venir rejoindre, décidèrent M. de Sénancour à demeurer en Suisse ; seulement il quitta le Valais pour le canton de Fribourg, et s’y mit en pension à la campagne, dans une famille patricienne du pays.

1142. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Non, l’épithète propre et pittoresque ne remplace pas toujours la première avec avantage ; non, toutes les nuances du prisme, en les supposant exprimables par des paroles, ne suppléent pas, ne satisfont pas aux nuances infinies du sentiment ; non, le ciel en courroux n’est pas nécessairement détrôné par le ciel noir et brumeux ; les doigts délicats ne le cèdent pas à jamais aux doigts blancs et longs.

1143. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Nous eûmes ce jour-là un spectacle extraordinaire : toute l’Académie en corps dans l’appareil le plus respectable, une assemblée nombreuse, un vieillard qui ajoutait à sa réputation par ses cheveux blancs, qui fut précédé par des applaudissements généraux, et dont toutes les paroles étaient attendues comme des oracles ; et qui trouva moyen de perdre en un quart d’heure toute la masse d’estime littéraire qu’il s’était acquise depuis si longtemps ; le Vert-Vert et le Méchant restent, mais l’auteur n’est plus. » (Notice sur la Vie et les Écrits de G.

1144. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Car encore qu’il ait écrit qu’« il ne faut ni blanc ni vermillon sur les joues d’une chose telle que la théologie », il admettait pourtant en théorie dans l’éloquence sacrée l’emploi des éruditions antiques et des histoires naturelles « comme l’on fait des champignons, pour réveiller l’appétit »,.

1145. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Mais ils reçoivent des nouvelles de leurs pays, de leurs familles ; et l’on conçoit comment peut là-dessus s’exercer l’imagination d’un jeune Français sous la Régence, avec quelle curiosité libertine il mettra en scène la vie oisive et voluptueuse du sérail, des femmes très blanches surveillées par des eunuques très noirs, des passions ardentes, des jalousies féroces, des désirs enragés.

1146. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Et vers les cerfs blancs des mensonges Les jaunes flèches des regrets.

1147. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Ces pages furent publiées dans la Revue d’art dramatique, à Paris, et dans la Revue blanche, à Liège, livraisons du 1er octobre 1890.

1148. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Le Taureau blanc, ch. 

1149. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Elle approche, elle croît à vue d’œil ; il distingue déjà ses mariniers noirs, ceints de pagnes blancs.

1150. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Qui n’a rencontré, dans quelque salon, M. de Chantrin, le bellâtre frisé, brossé, peigné, poncé, bien élevé, orné de favoris soyeux dont pas un poil ne passe l’autre, et juchant, sur sa cravate blanche, une de ces têtes de cire où flânent, comme dit Stendhal, « des idées convenables et rares ».

1151. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Je vous dirai seulement que je suis insolent, que je parle beaucoup, bien haut et d’un ton de maître ; que je chante et que je danse en marchant, et enfin que je fais une dépense furieuse en poudre, plumets, gants blancs, etc.

1152. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Un jeune seigneur (Gui de Laval), qui la vit dans le moment de sa gloire, et qui en écrivît une lettre à sa mère et à son aïeule, nous l’a peinte alors de pied en cap, au naturel : « Je la vis monter à cheval, dit-il, armée tout en blanc, sauf la tête, une petite hache en sa main, sur un grand coursier noir qui, à l’huis de son logis, se démenait très fort, et ne souffrait qu’elle montât ; et lors elle dit : “Menez-le à la croix.” » Cette croix était près de l’église, au bord du chemin.

1153. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Au sortir de là, il vécut dans ce Paris d’alors (1733-1743) de la vie de jeune homme, aux expédients, essayant de maint état sans se décider pour aucun, prenant de la besogne de toute main, lisant, étudiant, dévorant avec avidité toute chose, donnant des leçons de mathématiques qu’il apprenait chemin faisant ; se promenant au Luxembourg en été, « en redingote de pluche grise, avec la manchette déchirée et les bas de laine noire recousus par derrière avec du fil blanc » ; entrant chez Mlle Babuti, la jolie libraire du quai des Augustins (qui devint plus tard Mme Greuze), avec cet air vif, ardent et fou qu’il avait alors, et lui disant : « Mademoiselle, les Contes de La Fontaine, s’il vous plaît, un Pétrone… », et le reste.

1154. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

« Des sourcils noirs, ombrageant des yeux noirs très actifs », ressortaient encore plus sous de beaux cheveux blancs.

1155. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Il portait habituellement culottes courtes, bas de laine gris, habit marron, chapeau à larges bords, cheveux blancs, un peu à la Franklin.

1156. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Dans le dialogue original et vif qu’on supposerait de l’un à l’autre, ils ne seraient d’accord que sur le Jupiter Olympien et contre Napoléon ; tous deux hommes d’humeur et ne voyant qu’un côté des choses ; mais Quatremère de Quincy plus élevé, et, au nom même de l’art antique et de la religion du goût, faisant honte à Courier de sa popularité politique, de mettre ainsi un talent d’Athénien au service des gens de La Minerve, et d’avoir pu dire sérieusement, dans une lettre adressée au Drapeau blanc : « Le peuple m’aime ; et savez-vous, monsieur, ce que vaut cette amitié ?

1157. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Zola perçoit le blanc des dentelles, le vert des piqueurs, la nappe bleue de la Seine, l’éclat des aciers et le braisillement des glaces.

1158. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Je trouve fort bon et l’hôpital et le massif et l’égout ; mais quand vous m’exposerez ensuite à la porte de cet hôpital, sur ce parvis, dans le voisinage de cet égout, au milieu de la plus vile populace, parmi les gueux, le gouverneur de la ville richement vêtu, chamarré de cordons, sa femme en beau satin blanc, je ne pourrai m’empêcher de vous dire : Monsieur Doyen, et les convenances ?

1159. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

., — des Trois Roses surtout, le chef-d’œuvre du livre, dans cette variété de mourantes ; ces trois fleurs, d’un blanc si différent dans le lumineux et qui ne se fanent point pour mourir !

1160. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Lacordaire est, à la vérité, un chroniqueur religieux irréprochable et fidèle, appuyé sur l’Église et ses irréfragables canonisations ; mais le laïque Hello est autrement ardent de foi et superbe d’enthousiasme que ce moine blanc, qui, littérairement, a aux doigts de la rhétorique, et, prélude de l’Académie future, de la rhétorique de Villemain !

1161. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

De bien trompés ont voulu voir en lui l’apôtre des petits, se rappelant cette morale des Animaux malades de la peste : Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. […] En parfait artiste, il a mis dans les moyens de son expression le symbole d’elle-même, dans ce choix des tons blancs et gris, vaporeuses consistances, solidités non privées de légèreté.

1162. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

J’aime incomparablement mieux que vous soyez de ce marbre blanc, immobile, éthéré, qu’on appelle l’Apollon, que si vous étiez capable de manger six livres de pain et un dindon rôti et de sauter un fossé de quinze pieds. […] Appui de ma vieillesse, et comble de mon heur, Touche ces cheveux blancs à qui tu rends l’honneur ; Viens baiser cette joue, et reconnais la place Où fut empreint l’affront que ton courage efface… Mais Rodrigue, à présent qu’il a accompli le sacrifice commandé par l’honneur et le devoir, est tout entier au désespoir de son bonheur perdu ; il repousse, en pleurant, les consolations paternelles : Ne me dites plus rien ; pour vous j’ai tout perdu ! […] Et ce mariage réunit la couronne de Castille à celle d’Aragon, — comme, à la fin du Richard III de Shakespeare, la Rose blanche s’alliant à la Rose rouge réunit York et Lancastre. […] Genès se présente habillé de vêtements blancs, monte sur un socle qui avait servi à porter une statue de Vénus, et fait le discours suivant : « Écoute, Empereur, et vous tous, écoutez, armée, sages et peuple de cette ville. […] Mais, à présent, depuis que l’eau du baptême m’a touché, et que, interrogé, j’ai répondu que je croyais, j’ai vu vers moi descendre du ciel une main, et au-dessus de moi s’arrêter des anges radieux, qui m’ont rappelé tous mes péchés depuis mon enfance, et me les ont récités par cœur comme d’après un livre, et puis ils m’ont lavé avec cette eau, dans laquelle, en votre présence même, je viens d’être trempé, et ils m’ont ensuite montré à moi-même plus blanc que la neige.

1163. (1802) Études sur Molière pp. -355

Ces lettres, ces billets doux brûlés, ne valent ni ce seul vers, accompagné d’un portrait ; Et c’est un imposteur enfin que je vous rends, ni le couteau de six blancs, ni le demi-cent d’éguilles de Paris, que se rendent Marinette et Gros-René ; pas même la paille qu’ils veulent rompre. […] Baron dans ce rôle, portait aussi sans doute une perruque noire, puisque je lis : Cela sent son vieillard, qui, pour s’en faire accroire, Cache ses cheveux blancs d’une perruque noire. et cependant l’Ariste que j’ai vu ces jours derniers, coiffé d’une perruque blonde bien poudrée, entendit sans se déconcerter le dernier hémistiche de ces vers, et le public aveugle, glissa la dessus, sans distinguer le blanc du noir. […] On se permet dans cette pièce une infinité de retranchements, et les comédiens pensent avoir là-dessus carte blanche, puisque les commentateurs n’ont cessé de leur répéter, que Molière, de son vivant, les avait soufferts. […] S’il boit du vin blanc ou du rouge ?

1164. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Les cavaliers qui l’écoutent y trouvent, comme chez Ford, Beaumont et Fletcher, la copie crue de la vérité la plus brutale et la plus immonde, et la musique légère des songes les plus gracieux et les plus aériens, les puanteurs et les horreurs médicales374, et tout d’un coup les fraîcheurs et les allégresses du plus riant matin ; l’exécrable détail de la lèpre, de ses boutons blancs, de sa pourriture intérieure, et cette aimable peinture de l’alouette, éveillée parmi les premières senteurs des champs. « Je l’ai vue s’élevant de son lit de gazon, et, prenant son essor, monter en chantant, tâcher de gagner le ciel et gravir jusqu’au-dessus des nuages ; mais le pauvre oiseau était repoussé par le bruyant souffle d’un vent d’est, et son vol devenait irrégulier et inconstant, rabattu comme il l’était par chaque nouveau coup de la tempête, sans qu’il pût regagner le chemin perdu avec tous les balancements et tous les battements de ses ailes, tant qu’enfin la petite créature fut contrainte de se poser, haletante, et d’attendre que l’orage fût passé ; alors elle prit un essor heureux, et se mit à monter, à chanter, comme si elle eût appris sa musique et son essor d’un de ces anges qui traversent quelquefois l’air pour venir exercer leur ministère ici-bas. […] Nous sommes contents de le voir roide dans un habit noir, serré dans une cravate blanche et un formulaire à la main. […] Et quand vous y serez, vous aurez des robes blanches qu’on vous donnera, et vous irez et vous parlerez tous les jours avec le roi, oui, tous les jours de l’éternité426. « Puis ils vinrent à rencontrer plusieurs des trompettes du roi habillés de vêtements blancs et resplendissants, qui de leurs sons hauts et mélodieux faisaient retentir même le ciel.

1165. (1929) Amiel ou la part du rêve

L’histoire romantique, après le Livre Blanc, se plaisait à faire des Suédois les aïeux des Suisses, et, dans les cerveaux férus de mythologie germanique, Upsal figurait une métropole religieuse de la race. […] Et il y avait là peut-être une œuvre à accomplir, un milieu à féconder, une bataille littéraire et morale à mener, les pages blanches, large ouvertes, d’une saine activité. […] Le Journal d’après-souper se termine par une page de fureur contre l’esprit français, contre le peuple de l’apparence et du faux plaqué, ces logiciens, absolus comme l’ignorance, qui ne comprennent rien « que le noir et le blanc, le oui et le non, omettent ainsi toutes les couleurs d’une part et d’autre part tous les degrés intermédiaires entre l’affirmation et la négation… Leur casier de catégories est d’une simplicité sauvage. […] En janvier, il sut que l’année 1881 serait la dernière, que le foulard blanc légendaire ne défendrait plus longtemps la gorge que le croup avait touchée en 1825.

1166. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Aujourd’hui que les procédés et les mystères de la peinture à l’huile sont connus de tout le inonde, on aura peine à comprendre comment Étienne se trouvait si favorisé d’être admis à voir commencer un tableau, et quelle fut sa joie en pouvant considérer à loisir une toile blanche de sept pieds, sur laquelle on avait reporté, au moyen d’un carrelage, les figures d’une grande composition. […] Ce fut donc avec la plus scrupuleuse attention qu’il étudia, on peut le dire, ce qui était tracé sur cette toile blanche posée sur un chevalet. […] Ce rouge et ce cou blanc frappèrent tout à coup l’imagination d’Étienne, excitée déjà par les réflexions que la visite de David lui avait suggérées, et il lui sembla voir tomber la jolie tête de cette jeune femme. […] Déjà, vous le voyez, j’ai laissé croître mes cheveux et ma barbe ; l’on achève en ce moment une vaste tunique blanche que je porterai sous un ample manteau bleu, et je ne chausserai plus mes pieds que de cothurnes. […] » Et en disant ces mots, il monta sur la table du modèle et dessina au crayon blanc, sur la muraille, le profil de Bonaparte, de la hauteur de quatre à cinq pouces.

1167. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Ce n’est pas en imposant aux jeunes gens les qualités des barbes blanches qu’on les rendra sages quand ils auront en effet la barbe blanche. […] Pleine de regrets stériles, de désirs impuissants, et de rancunes inexorables, elle traduit au public indifférent et paresseux ce qu’elle ne comprend pas. » On pense bien que « à peu d’exceptions près » concerne les critiques qui, montés sur le dos du poète, s’en vont criant : « Voilà l’éléphant blanc des éléphants blancs, tous les autres sont noirs. » Le Journal des Goncourt entasse les témoignages comiques de l’antagonisme entre les artistes et la critique professorale, de la lutte entre les chantres et les chanoines du Lutrin littéraire. […] Montaigne, dans la vie, entre les tablettes qui portent ses livres et le papier blanc qui sur sa table est prêt aux jeux de la plume d’oie, c’est un lecteur, un admirable lecteur, mais nous ne pensons pas, nous Français, que ce soit un critique.

1168. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Jugez maintenant des matériaux qu’ils fournissent au théâtre et des personnages qu’ils demandent au théâtre ; pour être d’accord avec le public, la scène n’aura pas trop des plus franches concupiscences et des plus puissantes passions ; il faudra qu’elle montre l’homme lancé jusqu’au bout de son désir, effréné, presque fou, tantôt frissonnant et fixe devant la blanche chair palpitante que ses yeux dévorent, tantôt hagard et grinçant devant l’ennemi qu’il veut déchirer, tantôt soulevé hors de lui-même et bouleversé à l’aspect des honneurs et des biens qu’il convoite, toujours en tumulte et enveloppé dans une tempête d’idées tourbillonnantes, parfois secoué de gaietés impétueuses, le plus souvent voisin de la fureur et de la folie, plus fort, plus ardent, plus abandonné, plus audacieusement lâché à travers le réseau de la raison et de la loi qu’il ne fut jamais. […] Il aura des esprits qu’il enverra chercher de l’or dans l’Inde, et « fouiller l’Océan pour entasser devant lui les perles orientales », qui lui apprendront les secrets des rois, qui, à son ordre, enfermeront l’Allemagne d’un mur d’airain, ou feront couler les flots du Rhin autour de Wittenberg, qui marcheront devant lui « sous la forme de lions, pour lui servir de garde, ou comme des géants de Laponie, ou comme des femmes et des vierges, dont le front sublime ombragera plus de beauté que la gorge blanche de la reine de l’Amour. » Quels rêves éclatants, quels désirs, quelles curiosités gigantesques ou voluptueuses, dignes d’un César romain ou d’un poëte d’Orient, ne viennent pas tourbillonner dans cette cervelle fourmillante ! […] L’avocat parle d’abord latin77 : « Non, qu’il parle en langue ordinaire ; autrement, je ne répondrai pas. —  Mais vous comprenez le latin. —  Je le comprends, mais je veux que toute cette assemblée entende. » Poitrine ouverte, en pleine lumière, elle veut un duel public, et provoque l’avocat : « Me voici au blanc, tirez sur moi, je vous dirai si vous touchez près. » Elle le raille sur son jargon, l’insulte, avec une ironie mordante. « Sûrement, messeigneurs, cet avocat a avalé quelque ordonnance ou quelque formule d’apothicaire, et maintenant les gros mots indigestes lui reviennent au bec, comme les pierres que nous donnons aux faucons en manière de médicaments.

1169. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Les morts dorment tous à l’entour sous leurs blanches pierres tumulaires, dans l’attente d’une résurrection heureuse. […] Dans toutes les cérémonies religieuses, le fluide appelé whisky est, dit-on, chose requise, et il s’y en fait une large consommation1405. —  « L’autre secte, celle des dandies, affecte une grande pureté et le séparatisme, se distinguant par un costume particulier, et autant que possible par une langue particulière, ayant pour but principal de garder une vraie tenue nazaréenne, et de se préserver des souillures du monde. » Du reste, ils professent plusieurs articles de foi dont les principaux sont : « que les pantalons doivent être très-collants aux hanches ; qu’il est permis à l’humanité, sous certaines restrictions, de porter des gilets blancs ; —  que nulle licence de la mode ne peut autoriser un homme de goût délicat à adopter le luxe additionnel postérieur des Hottentots. » — « Une certaine nuance de manichéisme peut être discernée en cette secte, et aussi une ressemblance assez grande avec la superstition des moines du mont Athos, qui, à force de regarder de toute leur attention leur nombril, finissaient par y discerner la vraie Apocalypse de la nature et le ciel révélé. […] On y tissait les étoffes, on s’en habillait ; des fossés étaient creusés, des sillons tracés, des maisons bâties ; jour par jour, hommes et animaux se levaient pour aller au travail ; nuit par nuit, ils retournaient lassés chacun dans son gîte. —  Ces vieux murs menaçants ne sont pas une conjecture, un amusement de dilettante, mais un fait sérieux ; c’est pour un but bien réel et sérieux qu’ils ont été bâtis. —  Oui, il y avait un autre monde quand ces noires ruines, blanches dans leur nouveau mortier et dans leurs ciselures fraîches, étaient des murailles et pour la première fois ont vu le soleil — il y a longtemps. —  Cette architecture, dis-tu, ces beffrois, ces charrues de terre féodale ?

1170. (1925) Dissociations

Le bel animal Je me suis arrêté longtemps, l’autre jour, au Jardin des Plantes, devant un maki, de Madagascar, tout vêtu de velours noir brodé de blanc. […] Certes, nous ne serions pas pris au dépourvu, la houille blanche se substituerait à la houille noire, voilà tout, mais que de troubles mécaniques en perspective, que de luttes et quel imprévisible déplacement des centres industriels ! […] (le reste en blanc).

1171. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Le portrait de cette prieure chez Marivaux est curieusement soigné et peigné, comme il les sait faire : Cette prieure était une petite personne courte, ronde et blanche, à double menton, et qui avait le teint frais et reposé.

1172. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Une voix qui rappelle la blancheur du lis, c’est une voix qui a clarté et douceur, et je ne sais quoi encore qui se marie bien avec des cheveux blancs.

1173. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Coigny lui donnait pour emblème une hermine avec ces mots : Douce, blanche et fine.

1174. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

. — Ou bien, je me voyais encore le soir, dans son cabinet d’étude éclairé par la tranquille lumière de la bougie : il était assis à la table en face de moi, en robe de chambre de flanelle blanche ; la douce émotion que l’on ressent au soir d’une journée bien employée respirait sur ses traits ; notre conversation roulait sur de grands et nobles sujets ; je voyais alors se montrer tout ce que sa nature renfermait de plus élevé, et mon âme s’enflammait à la sienne.

1175. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Ainsi, quand il a donné en conscience et très au long toutes les preuves qu’il y a eu Terreur blanche dans le Midi, il se dédit et ne veut pas qu’on dise la Terreur de 1815 ; il appelle cela de l’emphase.

1176. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Une autre fois, c’est un simple portefaix, l’honnête Miccalion, qui fait son offrande aux dieux : « Cette statue, ô Passant, est une consécration du portefaix Miccalion ; mais elle n’a pas échappé à Mercure, la piété du portefaix qui, dans son pauvre métier, a trouvé moyen de lui faire une offrande : toujours et partout l’homme de bien est homme de bien. » Mais la fleur des épigrammes de Léonidas en faveur du pauvre monde me paraît être l’épitaphe qu’il composa pour la bonne ouvrière Platthis, morte à quatre-vingts ans : « Soir et matin, la vieille Platthis a bien souvent repoussé le sommeil pour combattre la pauvreté ; elle a chanté aussi sa petite chanson à la quenouille et au fuseau, son compagnon d’ouvrage, jusqu’au terme de la blanche vieillesse ; se tenant à son métier jusqu’à l’aurore, elle parcourait avec les Grâces le stade de Minerve, dévidant d’une main tremblante, autour de son genou tremblant, l’écheveau qui devait suffire à la trame, l’aimable vieille !

1177. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Leurs robes sont justes, et elles portent de petites franges d’or et d’argent depuis les poignets jusqu’aux hanches, qui sont très belles et très blanches.

1178. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Tous les seigneurs et les courtisans prenaient parti dans la querelle du Cid ; à ces scènes d’appel et de désobéissance, je me figure qu’un frisson parcourait la salle, et parmi les rangs de la jeune noblesse on devait se regarder dans le blanc des yeux.

1179. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Mais, même en tenant compte de la fantaisie qui évidemment y a eu très grande part et qui s’y donne toute carrière, le comte Vitzthum croit avoir trouvé le sens et le but de l’ouvrage : selon lui, lorsqu’il le composa, Maurice, qui avait l’œil sur le Nord et qui était dans le secret de certains projets menaçants, songeait surtout à une guerre éventuelle en Pologne et à la manière de l’y conduire : Mes Rêveries seraient donc moins un traité théorique qu’un mémoire ad hoc pour un but spécial déterminé, un ensemble de notes et d’instructions adressées au roi Auguste, son père, et qui reviendraient à cette conclusion : « Si vous voulez faire la conquête de la Pologne, voici comment il faut organiser votre armée : donnez-moi carte blanche et quarante-cinq mille hommes, en deux campagnes, sans livrer une seule bataille, je vous rendrai maître de la république ; cela ne vous coûtera pas un sou. » — Ce point de vue ingénieux et nouveau, qui donnerait une clef à une production un peu bizarre, me paraît exagéré et ne saurait guère s’appliquer qu’à deux ou trois chapitres du livre : l’exemple de la Pologne et les plans de guerre qui s’y rapportent ne viennent à l’auteur que chemin faisant.

1180. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

La vue de ces trois mouchoirs blancs faisant bandeau sur le visage de trois officiers à cheval eut cela d’heureux quelle changea subitement la fureur du peuple en surprise et bientôt en gaieté : ils durent à cela peut-être de ne point être écharpés et mis en pièces.

1181. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

M. de Ségur prend là sa place au rang de nos moralistes les plus fins et les plus aimables ; on a comme la monnaie, la petite monnaie blanche de Montaigne, du Saint-Évremond sans afféterie, du Nivernais excellent.

1182. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Voyez ce que devient dans un cerveau d’enfant l’histoire de la dame en blanc dont le mari voyage et qui est aimée d’un autre monsieur.

1183. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Et cela est doux comme un rêve blanc de première communiante ; et ce roman pieux est un roman troublant ; Sibylle est une folle adorable qu’on voudrait rencontrer sur son chemin ; et comme on mentirait pour lui prendre son cœur !

1184. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Des hommes qui s’étaient fait une célébrité dans le cercle des idées et des connaissances propres à leur époque, recommençaient leurs études sur la fin de leur vie, et allaient en cheveux blancs aux écoles où l’on enseignait la langue d’Homère et celle de Cicéron.

1185. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Elles circulaient partout sous leurs couvertures jaunes, rouges, blanches, vertes ou bleues.

1186. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

— Il y a des espaces laissés en blanc, aux angles des vieilles mappemondes du quinzième siècle, qui portent cette légende gravée entre leurs lignes indécises : Hic sunt Leones.

1187. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Philiberte, pour éprouver, une dernière fois, l’amour de Raymond, remet à son arbitrage les rivalités de ses deux prétendants : qu’il choisisse, pour elle, entre l’oncle et le neveu ; le contrat, rédigé et signé, avec le nom du mari en blanc, n’attend plus que sa décision.

1188. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Parce que M. de Pontmartin a gardé un reste de cocarde blanche et que moi je n’en ai pas de cocarde (car je n’en ai pas), il se croit un singulier droit, et il abuse étrangement de son symbole.

1189. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Les sonnets, les odes et les autres ouvrages qui veulent du sublime, ne s’accommodent pas du simple et du naturel ; c’est l’obscurité qui en fait tout le mérite ; il suffit que le poète croie s’entendre… Nous sommes cinq ou six novateurs hardis qui avons entrepris de changer la langue du blanc au noir ; et nous en viendrons à bout, s’il plaît à Dieu, en dépit de Lope de Vega, de Cervantes… Sachons bien qu’en écrivant ces choses, Lesage avait en vue Fontenelle, Montesquieu peut-être, certainement Voltaire, qu’il trouvait trop recherchés et visant à renchérir sur la langue de Racine, de Corneille, et des illustres devanciers.

1190. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Les amis de Galiani, et l’abbé lui-même avaient coutume de dire de son livre sur les blés : « C’est moins un livre sur le commerce des blés qu’un ouvrage sur la science du gouvernement : il faut savoir y lire le blanc et l’entre-deux des lignes. » Le gouvernement chargea l’abbé Morellet de répondre à Galiani, et cet autre abbé, aussi grand de taille que l’autre était petit, aussi didactique et pesant de plume que l’autre était léger, fit cette réponse de manière à n’être pas lu.

1191. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Du sommeil, au milieu de ces veillées et de ces nuits blanches de la duchesse, il n’en était pas question ; on lui avait persuadé qu’il n’était fait que pour les simples mortelles.

1192. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Le blanc et le noir, le vrai et le faux, elle vous retourne tout cela, et ce serait du vrai pédantisme, auprès d’elle, que de s’en préoccuper.

1193. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Il semblait qu’elle n’eût qu’à choisir, et l’on ne peut montrer son travers altier avec plus de naïveté qu’elle ne le fait elle-même à propos d’une grande fête qui eut lieu au Palais-Royal sur la fin de l’hiver de 1646, et pour laquelle la reine mère voulut la parer : L’on fut trois jours entiers à accommoder ma parure ; ma robe était toute chamarrée de diamants avec des houppes incarnat, blanc et noir ; j’avais sur moi toutes les pierreries de la Couronne et de la reine d’Angleterre, qui en avait encore en ce temps-là quelques-unes de reste.

1194. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Pour le teint, elle ne l’a pas de la dernière blancheur ; il a toutefois un si bel éclat qu’on peut dire qu’elle l’a beau ; mais ce que Sapho a de souverainement agréable, c’est qu’elle a les yeux si beaux, si vifs, si amoureux et si pleins d’esprit, qu’on ne peut ni en soutenir l’éclat ni en détacher ses regards… Ce qui fait leur plus grand éclat, c’est que jamais il n’y a eu une opposition plus grande que celle du blanc et du noir de ses yeux.

1195. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

J’ai mangé d’un succulent potage, deux côtelettes panées à la minute, l’œil et les abat-joues de cette tête de veau si blanche, ce morceau de brochet du côté de l’ouïe que vous m’avez servi vous-même : je n’ai rien refusé parce qu’il faut que la volonté de Dieu et des jolies femmes soit faite ; j’ai fait honneur aux trois services : en un mot, j’ai dîné, moi indigne, comme aurait pu le faire un ancien prélat, et voilà cependant (ici les pleurs redoublent) que je songe à quelles cruelles privations sont exposés tant de pauvres prêtres sans dîmes, de chanoines sans bénéfices, qui n’ont peut-être pas une omelette au lard, et qui dîneront mal d’ici à l’éternité, si la Providence ne vient à leur secours.

1196. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Un de ses plaisirs était, lorsqu’il se trouvait seul, de s’habiller complètement à la française, y compris les souliers et les bas blancs : il n’était Turc de costume qu’en cérémonie.

1197. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Qu’on lise, pour ne citer presque qu’au hasard, la note sur Le Drapeau blanc (22 janvier 1830), celle sur le Journal des débats (22 février), où les mots de lâcheté et de fausseté résonnent ; la réplique (22 mars) à La Quotidienne qui a crié tout haut : Vous mentez , et où il est dit : « Ces choses-là s’entendent d’autant mieux qu’on les dit plus bas et de plus près. » Et plus tard qu’on lise encore la réponse au Constitutionnel (14 septembre 1830) ; la réplique au Messager (4 janvier 1831), celle au journal Le Temps (16 et 18 mars 1831).

1198. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

À cet âge où il fut nommé recteur, Rollin, que nous ne nous figurons jamais qu’en cheveux blancs, n’était pas vieux : il n’avait que trente-trois ans.

1199. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Voltaire écrit lettre sur lettre au maréchal de Richelieu, qui le favorise également : « Vous ne le connaissez point du tout, et moi je le connais pour m’avoir trompé, pour m’avoir ennuyé, et pour m’avoir voulu dénoncer. » Trouvant de la résistance à son vœu d’exclusion, Voltaire autorise enfin d’Alembert à dire de sa part tout ce qu’il voudra ; il lui donne carte blanche et procuration pour fulminer au besoin, en son nom, tous les anathèmes : « Je passe le Rubicon pour chasser le nasillonneur délateur et persécuteur ; et je déclare que je serai obligé de renoncer à ma place, si on lui en donne une .

1200. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Un voyage en Orient était à cette date une grande chose : là où Chateaubriand ira bientôt en cavalier et en gentilhomme, Byron en grand seigneur, Lamartine en émir et en prince, Volney se proposait d’aller un bâton blanc à la main.

1201. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Par malheur, plus un objet est approprié à un usage défini, plus il a chance de ne l’être qu’à celui-là, et de devenir inutile, désagréable ou même franchement laid sous tous les autres rapports : une plume de fer, qui ne manque pas d’une certaine grâce quand on la voit courir légèrement sur le papier, est pourtant beaucoup moins esthétique qu’une plume d’oie grinçante qui, inférieure peut-être sous un seul rapport, celui de son usage précis, aura la grande supériorité d’être une plume d’oiseau, blanche, transparente et vivante.

1202. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Pour Green, Shakespeare n’est pas seulement « un enfleur de vers blancs », un « secoue-scènes » (shake-scene), un Johannes factotum (allusion au métier de call-boy et de figurant) ; Shakespeare est une bête féroce.

1203. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Un jeune homme de vingt ans fait cette action héroïque d’épouser une belle jeune fille ; on lui dresse des arcs de triomphe, on vient le voir par curiosité, on lui envoie le grand-cordon comme le lendemain d’une bataille, on couvre les places publiques de feux d’artifice, des gens qui pourraient avoir des barbes blanches mettent des perruques pour venir le haranguer presque à genoux, on jette en l’air des millions sterling en fusées et en pétards aux applaudissements d’une multitude en haillons, qui ne mangera pas demain ; le Lancashire affamé fait pendant à la noce ; on s’extasie, on tire le canon, on sonne les cloches, Rule, Britannia !

1204. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Le Blond s’enthousiasme pour cette phrase de M. de Bouhélier : « Une auberge embaumée et blanche, crépie à la chaux poudreuse sous les roses ; un moulin dont les ailes battent les eaux (!!!)

1205. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

À la désolation du Werther indécis qui agaça la languette de son pistolet, mais qui ne lira pas, à la sauvagerie hagarde du solitaire de la plaine crayeuse de Montrouge, qui, le soir Venu, s’apprivoisait sous les réverbères des faubourgs, a succédé la convenance sociale, religieuse et poétique, d’un faiseur de vers voués au blanc et qu’on peut donner sans inconvénient aux jeunes filles qui n’ont pas besoin d’être consolées… La seule convenance que je n’y trouve pas, c’est l’emploi abusif et presque insolent des images empruntées à ce que nos Évangiles ont de plus divin pour dire… quoi ?

1206. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Cela a été le sort commun de toutes les espèces races ou variétés qui ont précédé l’homme blanc sur la terre. […] De plus, l’homme n’a pas été nécessairement à l’origine l’homme intelligent ; son intelligence ôtée, l’homme blanc d’aujourd’hui n’en serait ni plus ni moins homme, au point de vue biologique. […] Elle façonne les carnivores, dont les derniers venus sont le renard bleu et l’ours blanc ; elle façonne les ruminants et sa dernière pensée en ce genre est le renne ; elle façonne enfin les oiseaux, dont la haute température affirme la récence (Quinton). […] Ne voit-on pas déjà, du Noir au Blanc, la dentition s’affaiblir ? […] On est enlevé le long d’un tunnel, d’un boyau noir, et souvent, arrivés en haut, les joyeux touristes ne voient rien qu’un immense nuage blanc.

1207. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Voyez le merle blanc : on lui dit qu’il est une pie, on lui dit qu’il est un geai, on lui dit qu’il est un pigeon ramier. […] Et la plus neuve et la plus significative est sans doute cette pièce manquée : Mariage blanc. […] Il y a dans les Contes beaucoup de petits enfants, bébés martyrs (En nourrice), pauvres petits qui meurent de froid (la Chapelle blanche). […] L’héroïne de Mariage blanc est une phthisique : « Elle partira n’ayant connu des hommes que ce qu’ils ont de plus pur et de meilleur, la sympathie sans désirs et la chaste pitié. […] Grand, maigre, avec une sèche figure d’ascète, point de larges effets de manteau noir s’ouvrant comme de grandes ailes sur la robe blanche, mais des mains jointes et serrées avec ferveur, point de coups de gueule, mais plutôt un organe ingrat, une voix faible qui ne prend de force que dans la conviction de l’orateur, un prêtre grave et simple, un dominicain à lunettes, c’est le P.

1208. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Et le ménage ira tant bien que mal, jusqu’aux premiers cheveux blancs d’Angélique. « Vous l’avez voulu, Georges Dandin, « vous l’avez voulu !  […] A l’orchestre et au balcon, beaucoup de plastrons, plus blancs que farine, et çà et là, de jolies petites boulangères, blanches comme la mie des petits pains de gruau, avec des rondeurs de miches et des cheveux dorés comme des brioches. […] mes enfants, qu’elle est jolie dans ses voiles blancs et lilas ! […] Dans un repli du blanc linceul, hélas ! […] Elle aime le berger Saphir, parce qu’il est pour elle « l’inconnu », parce qu’il a les mains blanches, et aussi parce qu’il ne l’aime pas.

1209. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Si l’art militaire n’existait pas du temps de Jeanne d’Arc, Jeanne d’Arc pouvait en avoir tout autant, dès qu’elle se fut hissée sur son cheval blanc, que n’importe quel connétable. […] Dans ce cas-là, la carte la plus polie c’est la carte blanche. […] Prévost semble en être resté à la Sophie de ce réactionnaire de Rousseau, et croire que le rêve de tout mari est « l’oie blanche », dont Rousseau a tracé, avec tant de complaisance et d’amour, le portrait, entre nous un peu burlesque. […] Il est grand-père, ses cheveux sont blancs, ou disparus, ce qui est pire. […] Il a donné Les Contemporains, les Impressions de théâtre, Myrrha, Serenus, La Révoltée, Le Mariage blanc, Les Bois, L’Aînée, Le Pardon, etc.

1210. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

à mettre une ligne en guise de chapitre, du papier blanc au lieu de texte ; procédé qui a été inventé il y a plus de trente-cinq ans et qui n’a jamais prouvé de l’esprit que chez les éditeurs. […] En nous attendrissant sur les vertus de son admirable oncle Tom, que nul blanc n’égalera jamais, elle nous donnait des envies insensées de badigeonner nos enfants en noir, et de les vouer immédiatement à la nègrerie et à la perfection. […] Cela ne peut pas tarder ; regardez bien là-bas, sur ce drap blanc, — je veux dire chez Pagnerre, — cela va paraître, ce sera superbe ! […] Au premier abord, vous ne distinguez pas très bien ; vous ne voyez que du noir sur du blanc. […] Pourquoi donc cette réaction royaliste, qu’on a surnommée la Terreur blanche, a-t-elle été flétrie par tous les historiens ?

1211. (1923) Nouvelles études et autres figures

S’ils l’oublient, s’ils s’adonnent à la basse envie, le monde deviendra horrible, et, « drapant leurs beaux corps de voiles blancs, la Pudeur et l’Équité s’en iront dans l’Olympe rejoindre la race des Immortels ». […] Plus haut, des hommes lui apparaissent tout blancs et très beaux, qui exhalent un parfum exquis : ce sont les amis de Dieu, les martyrs et les saints. […] La république proclamée par la France en Europe, ce sera la couronne de nos cheveux blancs », ses convictions royalistes l’avaient déjà quitté, et Sainte-Beuve, citant plus tard cette lettre, avait raison d’ajouter : « Le Victor Hugo de Jersey et de Guernesey était en germe dans cette lettre intime et levait déjà le front : déjà le tribun perçait sous le songeur. » Son personnage de Marins dans les Misérables, le seul de son œuvre à qui il ait prêté un peu de sa vie réelle, est un libéral bonapartiste qui ne demande qu’à emboîter le pas des Enjolras. […] Toujours est-il qu’avec ou sans antithèses il le conquit et que, deux jours après son élection à la présidence, il l’invitait au premier dîner qu’il donnait à l’Élysée, dîner improvisé, dont il le pria d’excuser la rusticité, dîner d’intimes servi « dans une porcelaine blanche commune », avec « une argenterie bourgeoise, usée, grossière ».

1212. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Ce mariage et cette mort sont très touchants, bien qu’un peu trop noyés dans la dentelle et la mousseline blanche ; c’est du pathétique mondain, très supérieur à l’agonie de madame Doche dans la Dame aux camélias. […] L’imagination avec ses chimères, l’esprit avec ses périls, la raison avec son orgueil, la fantaisie avec ses caprices, tout cela, ce n’est pas l’âme, cette portion divine de notre être, qui plane sur le tumulte de nos passions et de nos sens comme la blanche hirondelle des mers sur les flots noirs et agités. […] bonne petite blanche à nous !  […] Mais, si la chute du drame noir fut lourde, le succès du feuilleton blanc fut immense ; c’était, après celui de Manon Lescaut, qui avait fait moins de bruit, l’installation définitive d’un nouveau genre qui pouvait avoir ses inconvénients, ses exagérations et ses périls, mais qui rendait les genres anciens tout bonnement impossibles ; ils le comprirent si bien, qu’ils se le tinrent pour dit, et que M.  […] Placez-les bien vite au rayon choisi de votre bibliothèque moderne, à côté de ces Causeries du Lundi, de ces Mélanges littéraires, de toute cette charmante monnaie de l’esprit contemporain, qui nous donne en pièces d’or ou en pièces blanches ce que nos pères nous donnaient en lingots.

1213. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Dans la pièce au nom du duc de Bellegarde, on sait la belle prosopopée : Reviens la voir, grande Âme… Quelque soir, en sa chambre apparais devant elle, Non le sang en la bouche et le visage blanc, Comme tu demeuras sous l’atteinte mortelle                  Qui te perça le flanc : Viens-y tel que tu fus quand, aux monts de Savoie, Hymen en robe d’or te la vint amener131, Ou tel qu’à Saint-Denis, entre nos cris de joie,                  Tu la fis couronner. […] Après en avoir cité quelques-uns : « Feuilletez ceux que je vous nomme, ajoute-t-il, et vous me direz si vous ne découvrez pas visiblement, dans leurs mots et dans leurs pensées, des esprits verts quoique ridés, des voix sonores et cassées, l’autorité des cheveux blancs, enfin des têtes de vieillards.

1214. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Croirait-on, à les voir couverts de cheveux blancs, de croix d’honneur, de lunettes d’or, de toges et d’habits brodés, fiers, bien nourris, maîtres de cette société qu’ils grugent… croirait-on que leurs calculs sont dérangés, que leur sommeil est troublé par le bruit du fouet dont ils ont eux-mêmes armé un pauvre petit diable sans nom, sans fortune et sans talent ! […] Nulle trace de fadeur dans ces fiançailles si austères et si blanches.

1215. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Mais si, comme je le crois, l’essentiel de la poésie est de dégager le Divin caché dans les choses, d’être un chant pur, une flamme droite et blanche, brûlant presque sans matière, une sorte de mystique Intuition de l’ineffable Unité que la création réfracte en symboles, il me semble que Shelley, malgré ses préjugés antichrétiens et la vaine impiété de bien des tirades déclamatoires, a réalisé seul, dans toute sa pureté, au commencement du dernier siècle, cette poésie essentielle, dont tous les autres poètes que nous aimons ne semblent avoir reflété, à divers degrés, que des lueurs. […] Ne pouvant, d’autre part, franchir la barrière antérieure du siècle écoulé, pour aller au déclin du dix-huitième, quérir André Chénier et vous le présenter avec le bénéfice de ma sympathie, c’est un bulletin blanc que je dois déposer dans votre urne.

1216. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Je dirai les taches vertes, les colorations multiples, les glauques remous des vagues rongées de lumière, les sapinières et leurs ondes qui déferlent sous un ciel tout blanc. […] Direz· vous que pour peindre la rose blanche qui poussa dans mon cœur de quinze ans, et l’iris safrané dont se pare à cette heure ma vie de jeune homme, pas n’est besoin de chercher de nouvelles combinaisons de couleurs, ni de gratter les tons séchés de ma palette !

1217. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Les Indiens d’Amérique ont des termes pour désigner le chêne blanc et le chêne noir ; ils n’en ont pas pour désigner le chêne général. […] Ma conception générale d’homme ou de chien, si clic persiste tant soit peu dans la conscience, tend il prendre une forme concrète ; elle devient un blanc ou un nègre, un épagneul ou un boule-dogue. — L’élément moteur est représenté surtout par le mot ; nous y reviendrons. […] Celui qui lira attentivement certains passages (trop longs pour être traduits ici) de la célèbre Introduction au Traité de la nature humaine, qui les étudiera non comme une théorie des idées générales, mais comme un document, une confession psychologique, en conclura que l’idée générale était pour lui une vision. « L’idée d’homme que-je puis me fabriquer, dit-il, doit être celle d’un homme blanc ou noir, ou basané, droit ou courbé, grand, petit ou de moyenne taille.

1218. (1864) Études sur Shakespeare

À peine reposée des orages qu’avaient promenés sur son territoire les fortunes alternatives de la Rose rouge et de la Rose blanche, agitée, épuisée de nouveau par la capricieuse tyrannie de Henri VIII et la tyrannie haineuse de Marie, l’Angleterre ne demandait à Élisabeth, aux jours de son avènement, que l’ordre et la paix. […] Viens, ma Corinne, viens, et vois en passant comme chaque prairie devient une rue, chaque rue un parc verdoyant et orné d’arbres ; vois comme la dévotion a donné à chaque maison une grosse branche ou un rameau ; tout ce qui était porte ou portique est devenu une arche, un tabernacle formé d’épines blanches élégamment entrelacées13. » Et cette élégance des chaumières est la même dont se pareront les châteaux ; les champs et des fleurs, c’est ce que chercheront les jeunes gentilshommes comme les garçons du village. […] Malone, l’un des principaux commentateurs de Shakespeare, fit enduire la statue d’une épaisse couche de blanc, conduit sans doute par cette prévention exclusive en faveur des coutumes modernes qui l’a souvent égaré dans ses commentaires. Un voyageur indigné a, par un quatrain inscrit dans l’Album de l’église de Stratford, appelé la malédiction du poëte sur le profanateur qui « badigeonne son tombeau comme il gâta ses pièces. » Sans adhérer absolument aux dures expressions d’une légitime colère, on ne peut s’empêcher de sourire en retrouvant, dans la couche de blanc de M. 

1219. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Ce divertissement interrompt tout à coup, avec des chocs et des éclairs d’armes blanches, le cours paisible du drame littéraire. […] Toutes les collines des environs venaient se ranger en demi-cercle sous nos yeux ; ici, riant des pointes blanches de leurs maisons parmi la verdure sombre ; là, menaçant par l’armement des forteresses : l’enceinte entière de Paris avec ses alentours, embrassée d’un seul coup d’œil. […] Oui, on le mit sous les verrous, le pauvre faune ; on voulut lui rendre la raison en le condamnant à regarder du mauvais côté de hautes murailles blanches. […] Et au fond de cette retraite la fleur de la foi s’épanouit dans son âme, une fleur splendide, à la corolle blanche, dentelée, au cœur d’un jaune ardent, d’où se dégageait un parfum troublant. […] — « Oui, oui, j’entends parfois, moi aussi, retentir au loin les chants des vierges d’Idumée, quand, enveloppées dans leurs longs voiles blancs, elles nous accueillaient sous les palmiers à notre retour de la chasse au lion ou de la razzia contre le Philistin.

1220. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Cette différence entre la mauvaise copie et l’original, vous ne pouvez pas la rendre avec du noir sur du blanc. » Le dialogue, il ne l’appréciait que réduit aux mots essentiels. […] « J’éprouve une espèce de sentiment religieux en commençant l’histoire de Napoléon. » Avec quelle complaisance il décrit, dans le Rouge et le Noir, les dragons du 6e, enveloppés de leurs manteaux blancs, la tête recouverte de casques aux longs crins noirs, qui reviennent d’Italie ! […] Il n’ajoute pas que ce manteau blanc et ce casque aux longs crins noirs, il les portait dans cette Italie qui lui fut la révélation des trois ivresses auxquelles il s’abandonna le plus ardemment : la musique, la peinture et l’amour. […] Ses grandes dalles blanches et noires sonnent sous mes pieds. […] Pour tout mobilier, une table en bois blanc, et deux chaises de paille… » Cette maison historique, restée la même après quarante-quatre ans, l’Empereur allemand a voulu la voir.

1221. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Le roi envoya son oncle, le duc de Cumberland, offrir à Pitt, qui était à la campagne (17 juin 1705), carte blanche pour former une administration.

1222. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Il était resté le même à travers toutes les vicissitudes, les ingratitudes des partis qui, en dernier lieu, l’avaient réduit à l’expatriation et à l’exil, — inflexible et immuable sous ses cheveux blancs.

1223. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Il n’y avait à la Trappe, dans le cabinet de l’abbé, que quelques estampes de dévotion sur des murailles blanches : cette page-ci est décidément trop belle, je la détache et je l’emporte avec moi.

1224. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Vaste amas de poussière humaine, Blancs Aliscamps, je vous ai vus !

1225. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Je ne l’avois jamais vue qu’à cinq ou six pas, et je l’avois toujours trouvée fort belle ; son teint me paroissoit vif et éclatant ; les yeux, grands et d’un beau noir, la gorge et le reste de ce qui se découvre assez librement dans ce pays, fort blanc.

1226. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Chaque année, quelques pièces blanches allaient rejoindre son petit tas d’écus enterré au coin le plus secret de sa cave ; certainement, le paysan de Rousseau, qui cachait son vin et son pain dans un silo, avait une cachette plus mystérieuse encore ; un peu d’argent dans un bas de laine ou dans un pot échappe mieux que le reste à l’inquisition des commis.

1227. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Ainsi, quand il peint dame Oiseuse, dont la gorge est blanche, Comme est la neige sur la branche Quand il a fraîchement neigé, n’est-ce pas une sensation personnelle et toute frissonnante encore qu’il fixe dans cette jolie image ?

1228. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Un réalisme naïf ou grossier évoque les âmes à côté des corps, et de même sorte est le symbolisme qui revêt Jésus et le bon larron de chemises blanches, tandis qu’une chemise noire exprime l’irrémissible impénitence du mauvais larron.

1229. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Le début du chapitre de la Ville est le sommaire d’une description faite bien des fois par nos romanciers, l’indication d’un tableau ou d’une aquarelle que nos artistes nous ont montrée bien des fois : ces lieux mondains où le tout-Paris se rassemble pour se montrer et se voir, au xviie siècle, les Tuileries ou le Cours, aujourd’hui un vernissage, une allée du Bois, un retour de courses. .Mais je ne sais rien de plus caractéristique que le portrait de Nicandre, ou l’homme qui veut se remarier455 : ce n’est pas un portrait, à vrai dire, c’est l’esquisse d’un dialogue, où il n’y a qu’à remplir les répliques de l’interlocutrice, laissées en blanc par La Bruyère, et faciles à suppléer : tout le rôle de Nicandre est noté avec une précision singulière.

1230. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Chefs-d’œuvre de Shakespeare, trad. conformément au texte original en vers blancs, en vers rimés et en prose, … 1826.

1231. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

À l’un, sa pieuse majuscule ou clé allitérative, et la rime, pour le régler : l’autre genre, d’un élan précipité et sensitif tournoie et se case, au gré d’une ponctuation qui disposée sur papier blanc, déjà y signifie.

1232. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

On les « regarde » et ils gagneraient à être faits comme un poème dada, avec beaucoup de blancs mettant en valeur des titres renseignant sur les faits du jour : c’est l’idéal vers lequel tendent les feuilles à gros tirage, avec plus ou moins de franchise.

1233. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Comme exemple de combinaison mentale, on peut citer la couleur blanche résultant de la succession rapide des sept couleurs du prisme devant notre œil.

1234. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Elle-même a les chairs et le teint d’un blanc lilas, légèrement azuré.

1235. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Pour peindre la comtesse de Fiesque, par exemple, il dira : « Elle avait les yeux bruns et brillants, le nez bien fait, la bouche agréable et de belle couleur, le teint blanc et uni, la forme du visage longue : il n’y avait eu qu’elle au monde qui s’était embellie d’un menton pointu. » Ce n’est qu’un rien, mais remarquez-vous comme cela est dit ?

1236. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

C’est la veine noire dans le marbre blanc ; elle circule partout, et apparaît à tout moment à l’improviste sous le ciseau.

1237. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Elle est en vers blancs, & très-agréable.

1238. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Malvina égarée, aux yeux blancs, perdus dans la nue, elle a tendu une main hagarde à la bague d’alliance… Mlle Eugénie de Guérin n’a eu ni mari ni enfant qui l’ait distraite de son frère, ou qui l’en ait consolée.

1239. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Au milieu brillait la médaille militaire, médaille en fer blanc qui, bientôt peut-être, sera d’argent.‌

1240. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

C’est bien la bizarrerie romantique du grand tragédien ; mais Delacroix, plus fidèle peut-être, nous a montré un Hamlet tout délicat et pâlot, aux mains blanches et féminines, une nature exquise, mais molle, légèrement indécise, avec un œil presque atone.

1241. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Roberts, — vers récents ceux-là, que je découvre en tête de son volume : Chants de tous les jours :‌ A travers le brouillard la lune repose belle, Pénétrée d’une couleur spectrale d’améthyste, ‌ Ô blanche nuit, charme jusqu’à l’étonnement ‌ Des bestiaux dans la brume !‌

1242. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Je me souviens qu’un dimanche j’étais monté au sommet d’une colline, d’où la vue s’étendait, presque infinie, sur des terres toutes cultivées où les villages ne semblaient que des points blancs perdus dans la moisson.

1243. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Ô nef de Crète, à la blanche voilure, qui, traversant les flots bruyants de la mer, amenas ma souveraine de son fortuné palais aux plaisirs d’un funeste a hymen !

1244. (1881) Le naturalisme au théatre

On croit voir la tragédie, vers le commencement de ce siècle, pareille à une haute figure pâle et maigrie, n’ayant plus sous sa peau blanche une goutte de sang, traînant ses draperies en lambeaux dans les ténèbres d’une scène, dont la rampe s’est éteinte d’elle-même. […] D’ailleurs, les tragédies de Corneille étaient, elles aussi, mises à cette mode ; on voyait Horace poignarder Camille en gants blancs. […] dans ce décor immense, on pourrait parfaitement arriver à un ensemble très pittoresque, en montrant les forts de la Halle coiffés de leurs grands chapeaux, les marchandes avec leurs tabliers blancs et leurs foulards aux tons vifs, les acheteuses vêtues de soie, de laine et d’indienne, depuis les dames accompagnées de leurs bonnes, jusqu’aux mendiantes qui rôdent pour ramasser des épluchures. […] Ces choses ont lieu tous les jours, seulement il ne les voit pas, il ne s’y arrête pas ; il faut que l’expérience les montre violemment, que le coup de pistolet parte, que la goutte d’acide tombe, pour qu’il reste stupéfait lui-même de sa pourriture en gants blancs. […] Je dis blanc, on entend noir.

1245. (1881) Le roman expérimental

Nous sommes loin, par exemple, de George Sand, qui, dit-on, se mettait devant un cahier de papier blanc, et qui, partie d’une idée première, allait toujours sans s’arrêter, composant au fur et à mesure, se reposant en toute certitude sur son imagination, qui lui apportait autant de pages qu’il lui en fallait pour faire un volume. […] On rêve alors toutes sortes de choses folles, on écrit des œuvres où les ruisseaux se mettent à chanter, où les chênes causent entre eux, où les roches blanches soupirent comme des poitrines de femme à la chaleur de midi. […] Depuis plus de dix ans, je répète les mêmes choses, et je dois vraiment m’exprimer bien mal, car ils sont encore rares ceux qui consentent à lire « blanc » quand j’ai écrit « blanc ». […] Puis, on peut marquer l’homme du peuple d’un trait plus fort ; cela est amusant comme métier, on obtient des silhouettes vigoureuses, de violentes oppositions de noir et de blanc.

1246. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Un poêle de faïence à fleurs roses, que l’on charge du couloir, suivant la mode du pays, — un papier de tenture à dessins chinois, — un parquet destiné à être semé de sable blanc, — quelques meubles de noyer incrusté, — de grêles appliques en verre de Venise rapportées d’Italie : voilà ce qui reste des modestes splendeurs où M. le conseiller prélassait son importance, et aussi une lanterne à deux bougies, pour les sorties de Mme la conseillère ! ‌ […] La nuit est belle sur la lagune, le poète veut sortir ; le romancier a ses feuilles blanches à noircir d’encre et demande à rester. […] Alfred de Musset lui-même a vu tour à tour les choses sous ces deux aspects puisque, de la plume qui avait tracé les vers vengeurs de la Nuit d’octobre, il a écrit la délicieuse fantaisie du Merle blanc.‌

1247. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Michelet voyait déjà réunis « tous les drapeaux des nations, le tricolore vert d’Italie (Italia mater), l’aigle blanc de Pologne (qui saigna tant pour nous !) […] Son vaste front, encadré de longs cheveux blancs, ses yeux pleins de flamme en même temps que de bonté disaient sa poésie, son enthousiasme, son grand cœur. […] Devenu blanc à vingt-cinq ans, il ne changea plus ; il ne vieillit pas. […] Je le vois encore assis dans son fauteuil, à sa réception du soir, la taille serrée dans une redingote sur laquelle on n’aurait pu trouver une tache ni un grain de poussière ; ses pantalons à sous-pieds bien tirés sur ses souliers vernis, tenant un mouchoir blanc dans la main, qu’il avait délicate, nerveuse et soignée comme celle d’une femme, et la tête encadrée dans ses cheveux blancs, longs, légers et soyeux. […] Son esprit s’accoutuma involontairement à la mesure des vers de six, huit et douze syllabes, et l’on trouve dans la Montagne, dans de l’Instruction, et déjà même dans la Sorcière, des pages entières en vers blancs.

1248. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Du bois blanc habilement peint ne suffira-t-il pas à représenter à nos yeux le meuble le plus précieux ? […] Tout en évitant la monotonie dans les couleurs et la constante uniformité des vêtements blancs, on ne doit pas rechercher des contrastes trop accentués, ni ce bariolage de tons crus auxquels il faut la brillante lumière de l’implacable soleil. […] Le blanc sied aux grands rôles et la pourpre est particulièrement réservée aux rois. […] Il consiste uniquement dans une tunique de laine blanche. […] L’aspect de cette salle nue, blanchie à la chaux, que garnissaient deux rangées de lits entourés de leurs rideaux blancs, était d’un réalisme vraiment saisissant.

1249. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Comme ces belles patriciennes de la décadence romaine, qui, pour l’assouvissement de leur fine chair, de cette blanche argile vivante habituée, cependant, à des caresses plus délicates, recherchaient avec furie la brutale étreinte des Barbares, nous nous sommes abandonnés dans les bras du géant ; nous acceptâmes d’être terrassés, d’être meurtris par les rudes sonorités de l’Or du Rhin, jusqu’au jour où nous avons compris que c’étaient nos propres défaites que célébraient toutes ces sonneries et tous ces tonnerres, que c’était le triomphe grandissant d’une autre race. […] Une fois pour toutes, les Juifs ne sont pas responsables de l’âme inférieure qui leur a été imposée par les cruautés catholiques du Moyen Âge, par « l’âme blanche du Moyen Âge », si chère à M. 

1250. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Pourvu que le mineur ait son fromage blanc, il est heureux ! » Ce fromage blanc ne m’est jamais sorti de la mémoire.

1251. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Dans le Ventre de Paris, une charcutière goute son boudin bouillant et il la dépeint ainsi « Elle mordait à petits coups de dents, écartant avec soin ses belles lèvres dans la crainte de les brûler, et ce bout noir s’en allait peu à peu dans tout ce rose » ; un peu plus loin « Elle donna le bougeoir à Florent en le regardant avec sa belle face tranquille de vache sacrée. » Autre part « La baronne promenait son regard noir sur les murs blancs. » Certes, beurre fin, bout noir et tout rose, vache sacrée, regard noir et mur blanc ne sont pas les expressions sincères d’une impression immédiate, elles trahissent la recherche.

1252. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Demandez à ceux qui lui appuient un oreiller sur la bouche, comme fait le More Othello à la blanche Desdemona. […] Mais, assez de reproches ; il y a un arrêt qui décide que M. de Balzac est plus blanc que son Lys dans la vallée, qu’il avait vendu à la Revue de Paris, plante humble et inodore, oignon mal venu sur le terrain de ce grand génie que notre argent n’a pu féconder .

1253. (1930) Le roman français pp. 1-197

Que cet aspect extérieur, cette physionomie, cette manière, soient plus ou moins influencés par un nouvel aspect matériel — et matérialiste — de la civilisation des races blanches, par l’automobile, l’avion, le cinéma, les sports ; que la nouvelle rapidité avec laquelle nous avons appris à accomplir non seulement tous les actes de la vie, mais tous ses gestes, nous aient enseigné à comprendre plus vite, à voir plus de choses à la fois, et que nous exigions alors de ceux qui nous content « des histoires », une plus grande rapidité dans la façon de les conter, moins de cohésion peut-être, mais une plus grande multiplicité de détails — fût-ce aux dépens de la composition — ou bien au contraire une vision plus brutale et synthétique des choses, comparable à l’impression que nous gardons d’une course en auto à 80 à l’heure — rien de plus exact. […] Le cheval blanc qu’il croit avoir donné à Jules Sandeau, les ananas de Ville-d’Avray, qui lui rapporteront 100 000 francs par an, sa rencontre avec Henri Monnier auquel il dit, à l’entrée de la Bourse : « Je fais une opération qui va me rapporter 14 millions », et Monnier qui répond, tendant la main : « Ça va, prêtez-moi cent sous sur l’affaire !  […] Rien qui ne soit plus éloigné des conceptions anglo-saxonnes, de celles de Kipling, de London, de Conrad, qui non seulement prennent la colonisation par la race blanche comme un fait inéluctable, mais considèrent cette race comme supérieure et ayant « le droit de commander ». […] Enlevez tout cela, qui n’est pas du « roman » : il reste et demeure le romancier de l’Algérie, l’écrivain qui, le premier a su montrer l’Algérie telle qu’elle est : un phénomène immense dans l’histoire contemporaine, le creuset où sont déjà venus se mêler, se métisser pour créer une race nouvelle, huit cent mille Européens de race latine, Français, Espagnols, Italiens : douze cents si l’on y joint ceux du Maroc et de Tunisie : une espèce d’« Amérique blanche », et latine encore une fois, tandis que l’autre est germano-anglaise. […] Voici la phrase de Proust : « Celui qui est devenu entièrement sourd ne peut même pas faire chauffer une bouteille de lait sans devoir guetter des yeux, sur le couvercle ouvert le reflet blanc, hyperboréen, pareil à celui d’une tempête de neige et qui est le reflet prémonitoire auquel il est sage d’obéir en retirant, comme le Seigneur arrêtant les flots, les prises électriques ; car déjà l’œuf ascendant et spasmodique du lait qui bout accomplit sa crise en quelques soulèvements obliques, enfle, arrondit quelques voiles à demi chavirées qu’avaient plissé la crème, ou lance dans la tempête une en nacre, et que l’interruption des courants, si l’orage électrique a été conjuré à temps, fera toutes tournoyer sur elles-mêmes, et jettera à la dérive, changées en pétales de magnolia. » Que d’efforts et de pathos descriptifs pour si peu !

1254. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

On a essayé d’en faire sur du marbre blanc, avec des teintures particulières & propres à la pénétrer : on en fait avec des laines & des soies, qui sont des broderies ou tapisseries travaillées à l’aiguille ou au métier : on en fait encore sur des étoffes de soie blanche ou sur des toiles de coton blanc, en y employant seulement des teintures qui pénétrent ces étoffes. […] On n’oublia pas cette échelle blanche que saint François a indiquée à ses enfans, pour les faire monter tout droit au ciel, non plus que ce privilège de tous les Franciscains, d’être préservés des malins tours du diable(*). […] Le défenseur de l’éternité de l’ordre au manteau blanc & noir, osa la garantir sur la vertu du saint scapulaire, sur tous les privilèges accordés par la sainte Vierge, au bienheureux Simon Stoch.

1255. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Ils allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans parler… Souvent, du haut d’une montagne, ils apercevaient, tout à coup, quelque cité spendide, avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigognes… » Le défaut d’un pareil morceau, si parfait soit-il, et il se prolonge durant cinquante lignes, c’est que ces phrases ne peuvent pas s’être prononcées dans le cerveau de la pauvre femme d’un petit praticien de province. […] Mathurin Régnier aurait pu écrire avec Richepin : Voici venir l’hiver tueur des pauvres gens : Ainsi qu’un dur baron précédé de sergents, Il fait, pour s’annoncer, courir le long des rues La gelée aux doigts blancs et les bises bourrues ; de même que le sévère et ferme Boileau se retrouve dans certains vers des Fleurs du mal : … Le savant obstiné dont le front s’alourdit… … Notre blanche maison petite mais tranquille… … La Haine est le tonneau des pâles Danaïdes… Je cite au hasard, et La Bruyère n’aurait pas renié les portraits de caractères tracés dans Madame Bovary ou dans l’Éducation sentimentale. […] « J’ai été bien malheureux quelquefois dans ma vie », disait-il à ce même Coppée, faisant allusion aux années 1848 et 1849 où il n’avait plus un journal auquel collaborer, « mais je n’ai jamais quitté mes gants blancs. » Cet immense labeur de journaliste, commencé dès son arrivée à Paris, sous la monarchie de Juillet, s’est continué presque jusqu’à sa mort. […] D’une voix émue Valade répétait la stance que vous écouterez tout à l’heure : L’église de ma jeunesse L’église au blanc badigeon, Où jadis, petit clergeon Je servais la messe… Ces vers où passait un large souffle de libre vie rustique, Valade nous les récitait dans un petit café littéraire, aujourd’hui disparu, à l’angle de la rue de Vaugirard et de celle de l’Odéon, à quelques pas de ce Luxembourg qui nous réunit aujourd’hui.

1256. (1899) Arabesques pp. 1-223

Au jardin, les capucines et les glaïeuls papillotent dans une blanche lumière d’après-midi. […] Mais trop doux encore pour être frappés, dominent les bouleaux blancs ; leurs troncs grêles partent en fusée comme des sources qu’on ignore et que révèle leur jet d’argent. […] Les Blancs exterminèrent les Peaux-Rouges ; mais si, au lieu de les poursuivre à outrance, de les empoisonner d’alcool, il les avaient laissés se développer selon leurs propres tendances, en leur fournissant même de quoi se perfectionner — comme on le fait pour les taureaux, les moutons, les chiens, mais non pour les hommes — en quoi les peaux-rouges seraient-ils inférieurs aux blancs ?

1257. (1885) L’Art romantique

Tout au contraire, je me rappelle avoir vu dans les ateliers de Paul Delaroche et d’Horace Vernet de vastes tableaux, non pas ébauchés, mais commencés, c’est-à-dire absolument finis dans de certaines parties, pendant que certaines autres n’étaient encore indiquées que par un contour noir ou blanc. […] G., obsédé par toutes les images qui remplissaient son cerveau, eut l’audace de jeter sur une feuille blanche de l’encre et des couleurs. […] En face d’eux s’avance le patriarche, vieillard aux épaules voûtées, à la grande barbe blanche, dont les petits yeux sont protégés par des lunettes vertes, et portant dans tout son être les signes d’un flegme oriental consommé. […] La radieuse Vénus antique, l’Aphrodite née de la blanche écume, n’a pas impunément traversé les horrifiques ténèbres du moyen âge. […] Tel mythe peut être considéré comme frère d’un autre, de la même façon que le nègre est dit le frère du blanc.

1258. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

— Donnez-moi carte blanche, dit Riquette à Mme d’Arny-Lahutte, et je vous promets : 1e d’enlever votre mari à Mme Champcourtier, et 2me de vous le repasser intact. […] Elle a mis, pour le recevoir, sa couronne sur ses cheveux blancs, et drapé sur ses vieux os un vieux manteau royal. […] Il faut pouvoir décrire l’endroit où vous avez perdu la bague, s’il vous interroge. » Mais, au moment d’entrer, ils aperçoivent, à « une certaine profondeur, trois vieux pauvres à cheveux blancs, endormis contre un quartier de roc ». […] Nez et menton un peu pointus ; voix un peu blanche.

1259. (1927) Approximations. Deuxième série

Elle se leva et l’entraîna dans le cloître : le soir d’été tombait tiède et doux ; les roses embaumaient l’air calme, et le crépuscule s’assombrissait sous les blancs arceaux. […] Dans des cabinets de toilettes, et parmi une atmosphère tiède et embuée, luisent doucement des linges blancs sur la peluche. […] On songe à Boudroulboudour, Plus blanche en son pantalon noir Que nacre sous l’écaillebs ? […] Après « et remplissant tout l’entre-deux » il me semble voir les autres mettre à la ligne, — assurer à l’expression le recul d’un blanc irréprochable. […] Au bout de ses doigts, l’enveloppe blanche vacille un peu.

1260. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Mais son col secoue vainement cette blanche agonie ; vainement il a nié l’espace qui le tient, et qu’il sait avoir créé. […] Cet unanime blanc conflit D’une guirlande avec la même, Enfui contre la vitre blême Flotte plus qu’il n’ensevelit. […] Ce blanc conflit monotone, qui sans fin répète les lignes vagues, sur la vitre où il semble fuir, il flotte, mais ne recouvre point la nuptiale couche qui lui sied. […] Puis, je fis passer le médium, lesté d’un verre de vin blanc, dans le « cabinet », qui était un arrière-salon, séparé de ma chambre par un rideau bleu. […] Il suffit à Mme M…, pendant qu’elle est à Londres, de penser avec force à une maison de campagne qu’elle possède dans le comté de Surrey, pour qu’on l’y voie aussitôt : on l’y voit couverte d’un châle blanc qui lui appartient en effet, mais que jamais auparavant on ne lui a vu porter.

1261. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Les serpents lettrés se joindraient aux serpents politiques ; les calomnies pleuvraient sur mes cheveux blancs.

1262. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Ben-Abou est un homme superbe ; il était monté sur une mule blanche et environné d’une vingtaine de jeunes pages de l’empereur, le fusil haut, la tête découverte, une longue tresse de cheveux courts pendant sur l’oreille gauche, et vêtus de robes de toutes couleurs ; les chevaux richement équipés : le tout formait un groupe éclatant.

1263. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

La façon de questionner, quand il voulait s’éclaircir d’un doute, n’était pas indifférente : pour saisir l’usage au passage et le prendre sur le fait, il ne s’agissait pas d’aller demander de but en blanc à un courtisan ou à une femme du monde : « Comment vous exprimez-vous dans ce cas particulier ?

1264. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Certes, si quelque prophétique vision, quelque miroir enchanté lui avait déroulé à l’avance sa carrière publique si courte et si remplie, ses dépêches au Pape et au roi du fond du boudoir austère, son apparition toujours applaudie à la barre des assemblées, et, pour clore le drame, elle-même en robe blanche, la chevelure dénouée, montant triomphalement à l’échafaud, si elle eût pu choisir, certes elle n’aurait pas hésité ; comme l’antique Achille, elle eût préféré la destinée militante, tranchée à temps et immortelle, à quelque obscure félicité du coin du feu.

1265. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

C’est plaisir de retrouver, dans le Neveu de Hameau, la redingote de peluche grise avec laquelle il se promenait au Luxembourg en été, dans l’allée des Soupirs, et de le voir trottant, au sortir de là, sur le pavé de Paris, en manchettes déchirées et en bas de laine noire recousus par derrière avec du fil blanc.

1266. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

La Bruyère, né pour la perfection dans un siècle qui la favorisait, n’a pas été obligé de semer ainsi ses pensées dans des ouvrages de toutes les sortes et de tous les instants ; mais plutôt il les a mises chacune à part, en saillie, sous la face apparente, et comme on piquerait sur une belle feuille blanche de riches papillons étendus. « L’homme du meilleur esprit, dit-il, est inégal… ; il entre en verve, mais il en sort : alors, s’il est sage, il parle peu, il n’écrit point… Chante-t-on avec un rhume ?

1267. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Bonaventure des Periers était moins heureux tout à côté, lorsque, essayant de traduire en vers blancs la première satire d’Horace : Qui fit, Mæcenas …, il disait, en la dédiant à son ami Pierre de Bourg : « D’où vient cela, mon amy Pierre, que jamais nul ne se contente de son estat ? 

1268. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Elles coulaient, ces larmes divines, sur des joues où le lis semble mêlé d’une teinte légère d’incarnat ; elles coulaient sur cette peau délicate et tendre, comme ferait un clair ruisseau dans une prairie émaillée de fleurs blanches et roses.

1269. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Ce tableau d’assez poétique intention, mais d’exécution médiocre, représentait une vierge en tunique blanche qu’on vient chercher dans son sépulcre ; mais, à la place de la morte, on ne trouve qu’un lit de fleurs dont les gerbes fraîchement nées semblent répandre dans le cercueil merveilleux des parfums et des ivresses du ciel.

1270. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

On voit hors des deux bouts de ses deux courtes manches Sortir à découvert deux mains longues et blanches, Dont les doigts inégaux, mais tout ronds et menus, Imitent l’embonpoint des bras ronds et charnus.

1271. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il y retrouva La Fontaine, il y connut Boileau et Molière : avec eux, il hanta le Mouton blanc et la Croix de Lorraine ; et il apprit à rire de Chapelain.

1272. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Je connais des ministres protestants, très larges d’idées, qui sauvent tout par leur cravate blanche irréprochable.

1273. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Davidsohn, avec sa moustache noire, son gilet blanc et sa politesse correcte et raide d’Allemand bien élevé, je revois les acteurs et les décors, et je retrouve l’enthousiasme, l’enthousiasme qui se communiquait de place en place et que j’éprouvais, moi, pauvre diable d’étudiant égaré dans cette élite, plus fort, plus entraînant que je ne l’ai jamais éprouvé depuis.

1274. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Voici la luxurieuse séduction des visages féminins, une blanche floraison d’appels ; une symphonie de languides yeux, de descendantes lignes chaudes, et de rondes clartés, Parsifal ; et voici l’étonnante sonate, chef-d’œuvre de l’artiste, suprême ravissement, les onduleux contours de nymphes, dans une tranquille lumière épanouie, et plus loin, sur un horizon où pointent d’angoissantes ténèbres, la fugitive figure assombrie d’un héros, Siegfried et les Filles du Rhin.

1275. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Ils arrivaient, saisis d’un ravissement sans bornes, franchissaient les portiques vermeils, revêtaient les blanches tuniques et les hauberts d’argent ; prosternés sur le parvis, dans la fulguration des voûtes éblouissantes, sous un cantique d’enfants pareils aux anges, ils éprouvaient dès ce monde les joies de la céleste Patrie.

1276. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Il paraît bien qu’il était né au Blanc, petite ville du Berry45, en février 1785 : ce qui le fait mourir à l’âge de soixante-six ans accomplis.

1277. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Nous pouvons, pendant que nous percevons du blanc, imaginer du rouge, mais non percevoir du rouge ; cela prouve que l’image a son milieu cérébral et mental différent de la perception complète.

1278. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

On peut comparer son livre à une vieille Dame, respectable par sa vertu & par son grand âge, & qui avec cela se coëffe en cheveux, met des mouches, du rouge, & porte un mantelet blanc sur une robe couleur de rose.

1279. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Il lui est resté je ne sais quoi du grimaud de collège, malgré la barbe faite et le linge blanc.

1280. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Un sentiment inattendu s’est tout à coup éveillé dans sa vieille conscience d’historien religieux, de moraliste, d’homme d’autorité, et l’a saisi à la fin de sa tâche, l’inquiétant, pour la première fois, sur la valeur de travail de blanc forcé auquel il s’est livré depuis longtemps pour le compte du xviiie  siècle.

1281. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

« Chacun montrait ses cheveux blancs au doigt, — disait Hall, — et murmurait : Quand cette neige fondra, il y aura un débordement. » La neige s’est fondue, mais le débordement s’est fait assez longtemps attendre.

1282. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Aussi a-t-il été dès sa première œuvre le bébé du succès, et il en sera certainement un jour, car il est jeune encore, le barbon… Depuis le public qui le trouve charmant, jusqu’aux critiques eux-mêmes, lâches avec le public comme les tribuns avec le peuple, il est convenu que l’auteur de Dalila et du Cheveu blanc est un talent dont le caractère est la grâce, — la grâce décente.

1283. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

On rêve alors toutes sortes de choses folles, on écrit des œuvres où les ruisseaux se mettent à chanter, ou les chênes causent entre eux, où les roches blanches soupirent comme des poitrines de femmes à la chaleur de midi.

1284. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

On sait assez, par l’histoire des explorations ou le spectacle des colonies, combien il est difficile aux blancs de conserver l’idée que les noirs ont des droits, et sont des hommes comme les autres.

1285. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Ils firent un prompt usage de cette découverte, & leur imagination, naturellement exaltée, enfanta sur-tout un nombre prodigieux de Romans de chevalerie ; tels, entre autres, que l’Amadis de Gaule, attribué par quelques-uns à Sainte Thérese, Dom Bellianis, le Miroir de Chevalerie, Tirant le Blanc, & Palmerin d’Angleterre.

1286. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

la tête couronnée de pourpre et d’une blanche auréole, le bon Pasteur conduit vers vous, sans écart, son troupeau chéri.

1287. (1887) Essais sur l’école romantique

Il sommeille : et, de loin, à voir son lit flottant, On croirait voir voguer sur le fleuve inconstant         Le nid d’une blanche colombe. […] Entre quatre mille alexandrins sur l’âme, et un petit volume de contes libertins, plein de blancs et de choses folles, quelle parité y a-t-il ? […] Les jours de fête, il est ému, comme les petits enfants, du son des cloches, des tentures blanches, des fleurs qu’on sème dans les rues ; il redescend à ses premières années, et il retrouve dans le trésor de sa mémoire des émotions que l’âge y avait émoussées, ou que le respect humain y faisait taire ; quand les processions passent, il se met à la suite, non pas pour qu’on lui compte chez les hommes de faux airs de dévotion et d’hypocrites mouvements des lèvres, mais pour redevenir enfant, ou pour penser en silence combien cela donne de calme et répand de baume sur les blessures, de croire qu’on assiste réellement aux fêtes de Dieu. […] Comme un enfant qui souffle un blanc flocon d’écume, Chaque homme enfle une bulle où se reflète un ciel ! […] Je sais des romanciers qui, ayant amené leurs personnages à ce point qu’il leur faut mourir sous peine d’être les plus couards des personnages de roman, et qui, ne sachant de quelle façon neuve les faire finir, ont été consulter de belles dames, remettant entre leurs blanches mains le droit de choisir le genre de mort qui leur sourirait le plus ; et, comme ces belles dames ne voulaient pas prendre la responsabilité de retirer du monde des êtres si beaux, au regard si profond, au front si pur, et qu’au contraire elles demandaient grâce pour eux, ces romanciers les ont tout simplement déportés dans les forêts vierges de l’Amérique, et les ont laissé vivre, faute de pouvoir leur donner une mort qui ne fût pas un plagiat, soit de quelque mort employée par d’autres, soit d’une mort de leur propre invention.

1288. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

J’imagine que cela veut dire, en langue humaine, que si l’écrivain veut faire un effet qui dans sa pensée corresponde au son des harpes, qui sont blanches, il va chercher des mots où se rencontrent beaucoup d’A, cette lettre évoquant l’idée du blanc. […] Il continue : — Mais pourquoi diantre A est-il blanc, tandis qu’U est jaune ? […] Des séraphins en pleurs Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs Vaporeuses, tiraient de mourantes violes De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles… Mais en Mallarmé ne se retrouvaient point les visions de noir et d’inquiétant tourment dont s’émeut l’impassibilité de Leconte de Lisle. […] Jamais peut-être plus pure sensation n’a été donnée, de l’orgueil suprêmement intellectualisé : Tout son col secouera cette blanche agonie Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie ! […] Un personnage apparaîtrait, hiératique, imberbe, tout enveloppé de tissus précieusement blancs, sans gestes  en tête la tiare papale, dômale et également blanche, ceinte des trois couronnes gemmées de toutes pierreries : et ce serait, ce suprême Pontife — une symbolisation Phallique, autour de quoi eussent évolué sans doute, comme l’entendait Mallarmé, les danseuses rituelles.

1289. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

En effet, les résultats de la statistique, même ceux qui sont fournis par les grands nombres, semblent indiquer qu’il y a dans les variations des phénomènes une compensation qui amène la loi ; mais comme cette compensation est illimitée, cela ne peut jamais rien nous apprendre sur un cas particulier, même de l’aveu des mathématiciens ; car ils admettent que, si la boule rouge est sortie cinquante fois de suite, ce n’est pas une raison pour qu’une boule blanche ait plus de chance de sortir la cinquante et unième fois. […] Je trouvai, en effet, tous les phénomènes d’une très bonne digestion dans les réactions intestinales, et je constatai que tous les vaisseaux chylifères étaient gorgés d’un chyle très abondant, blanc, laiteux, comme chez les carnivores. […] Deuxième exemple (suite du précédent). — Il m’arriva, en sacrifiant les lapins auxquels j’avais fait manger de la viande, de remarquer que des chylifères blancs et laiteux commençaient à être visibles sur l’intestin grêle à la partie inférieure du duodénum, environ à 30 centimètres au-dessous du pylore. […] En examinant la chose de plus près, je constatai que cette particularité chez le lapin coïncidait avec l’insertion du canal pancréatique situé dans un point très bas, et précisément dans le voisinage du lieu où les chylifères commençaient à contenir du chyle rendu blanc et laiteux par l’émulsion des matières grasses alimentaires. […] Je fis encore instinctivement le syllogisme suivant : Le chyle blanc est dû à l’émulsion de la graisse ; or chez le lapin, le chyle blanc se forme au niveau du déversement du suc pancréatique dans l’intestin ; donc c’est le suc pancréatique qui émulsionne la graisse et forme le chyle blanc.

1290. (1900) La culture des idées

Λευκοδάχὶων voulait-il dire qui a des bras blancs ou n’était-ce plus qu’une épithète épuisée ? Λευκακανθα donnait-il une image comme blanche épine ou une idée neutre comme aubépine, qui a perdu sa valeur représentative ? […] Apprenez le langage secret et les gestes maçonniques des invertis, efforcez-vous d’acquérir (cela est difficile) cette incroyable voix molle et blanche par quoi un de ces êtres se reconnaît infailliblement dans les concerts humains : cela vous sera utile, car, outre que ces gens forment une secte très unie et assez puissante, la singularité d’un tel cynisme doublera votre réputation, si vous en avez déjà, et, si vous êtes encore inconnu, suffira à vous mettre en bon rang parmi les curiosités littéraires. […] Étude parue dans La Revue blanche, 15 novembre 1898, p. 428-436 (NdE). […] Huysmans et sur la religion, l’art, le symbolique, le Diable et Christine de Stommeln » dans La Revue blanche, 1er avril 1898, p. 486-502 (NdE).

1291. (1888) Portraits de maîtres

Voici maintenant une comparaison déroulée dans la langue de Soumet : Sur la neige des monts, couronne des hameaux, L’Espagnol a blessé l’aigle des Asturies Dont le vol menaçait ses blanches bergeries ; Hérissé l’oiseau part et fait pleuvoir le sang, Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend, Regarde son soleil, d’un bec ouvert l’aspire, Croit reprendre la vie au flamboyant empire Dans un fluide d’or il nage puissamment Et parmi les rayons se balance un moment ; Mais l’homme l’a frappé d’une atteinte trop sûre ; Il sent le plomb chasseur fondre dans sa blessure ; Son aile se dépouille et son royal manteau Vole comme un duvet qu’arrache le couteau. […] Il était midi ; une lumière blanche tombait du ciel pâle sur la terre pâmée de chaleur ; le sol luisait comme du métal, et l’ombre ne traçait plus au pied des édifices qu’un mince filet bleuâtre, pareil à la ligne d’encre dont un architecte dessine son plan sur le papyrus les maisons, aux murs légèrement inclinés en talus, flamboyaient comme des briques au four ; les portes étaient closes et aux fenêtres, fermées de stores en roseaux clissés, nulle tête n’apparaissait. […] La période poétique s’y déroule avec une largeur magistrale qui n’a d’égale que certaines phrases musicales d’un Weber ou d’un Beethoven : D’une main supportant son corps demi penché, Rejetant de son front ses longs cheveux, Psyché Écarte l’herbe haute et les fleurs autour d’elle, Respire et sent la vie et voit la terre belle, Et blanche, se dressant dans sa robe aux longs plis, Hors du gazon touffu monte comme un grand lis. […] Ce ne fut pas en face des spectacles de la Terreur blanche que ces ardeurs naissantes pouvaient s’amortir. […] Un cheval d’un blanc rose Porte un garçon doré, vermeil, sonnant du cor, Qui semble presque femme et qu’on croit vierge encor, Doux être confiant comme une fleur précoce… Il rit ; ses témoins sont du même âge que lui ; Tous chantent légers, fiers, laissant flotter leurs brides C’est Mars, Argile, Athos, Rotsay, roi des Hébrides, David, roi de Sterling, Jean, comte de Glascow ; Ils ont des colliers d’or ou de roses au cou ; Ainsi se presse au fond des halliers sous les aulnes Derrière un petit dieu l’essaim des jeunes faunes.

1292. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Molière faisait si naturellement les vers que ses pièces en prose sont remplies de vers blancs ; on l’a remarqué pour le Festin de Pierre, et l’on a été jusqu’à conjecturer que la petite pièce du Sicilien avait été primitivement ébauchée en vers et que Molière avait ensuite brouillé le tout dans une prose qui en avait gardé trace. […] Rien d’étonnant, au reste, que cette fine et mystique nature de Fénelon, dans sa blanche robe de lin, dans sa simple tunique, un peu longue, un peu traînante (en fait de style), n’ait pas entendu ces admirables plis mouvants, étoffés, du manteau du grand comique.

1293. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Il aura relié à tout quadrilatère une propriété constante, l’équivalence de ses angles et de quatre angles droits, comme nous gelions à tout cristal blanc de carbone une propriété constante, la structure octaédrique. […] Dans notre cas, cet intermédiaire est une propriété des molécules élémentaires dont le cristal blanc de carbone est la somme réelle.

1294. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Tout semble le chevet d’un immense mourant ; Tout est l’ombre ; pareille au reflet d’une lampe, Au fond, une lueur imperceptible rampe ; C’est à peine un coin blanc, pas même une rougeur. […] Il nous raconte quelque part qu’il a vu en rêve un « ange blanc » passant sur sa tête et qui venait « prendre son âme » : « Es-tu la mort, lui dis-je, ou bien es-tu la vie ? 

1295. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Tous ses livres de vers : Le Temps blanc, Le Temps rouge, L’homme crie contiennent de tristes hurlements, il nie tout, se nie soi-même. […] Il est estimé du milieu littéraire et Gide le fait entrer à la Revue blanche.

1296. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Plus j’étudie l’époque qui entoure l’an 1000, et plus j’y sens un souffle d’exaltation superbe, un renouveau ; ce qui nous semble, à nous, du désordre, était pour les gens d’alors un commencement de stabilité ; l’équilibre féodal s’ébauchait ; des intérêts communs groupaient des provinces, les unissaient contre le Sarrasin, esquissaient des nations ; quand nous estimons misérable la condition des vilains, nous oublions la relativité du bonheur ; surtout, nous méconnaissons la puissance de la foi nouvelle, qui n’est plus la nôtre, mais qui fut en son temps une lumière bienfaisante et miraculeuse ; elle nous semble déprimante ; en réalité elle fut une délivrance, et, grâce à elle, le monde se parait « d’une blanche robe d’églises neuves ». […] Il fait jouer successivement La Dernière Idole (1862), Les Absents (1864), L’Œillet blanc (1865), Le Frère aîné (1867), Le Sacrifice (1869), L’Arlésienne (1872) et Lise Tavernier (1872) ; toutes ces pièces ne relèvent du théâtre que par la forme dialoguée ; leur esprit est fait d’un mélange de lyrisme et de romanesque qu’on retrouve à la même époque dans Le Petit Chose (1868) et dans les Lettres de mon moulin (1869).

1297. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

(Sur la pierre blanche.) […] Elle est intitulée : « Sur une main de marbre blanc trouvée dans le Rhône, à Arles. » Ce sont des quatrains ; je citerai les trois derniers : De Diane en fleur es-tu la main — ou de cette Vénus éphèbe — qui, aux yeux d’un peuple exultant, — découvrait sa jeune poitrine ? […] … Chante l’immense joie de vivre, d’être fort, d’être jeune, de mordre aux fruits terrestres avec de fortes et blanches dents voraces, de porter tes mains audacieuses et cupides sur toutes les douces choses tangibles, et d’écouter toutes les musiques, et de regarder avec des yeux de flamme la divine face du monde, comme l’amant regarde l’aimée… Chante la joie ! […] « X… était moliériste, comme il convient à tout esprit bas ; Y… est probablement le seul gredin qui ait méprisé Molière. » Les noms sont dans le texte : on peut les laisser en blanc, la formule demeure excellente. […] Lavisse esquisse d’amusantes silhouettes de quelques-uns de ses maîtres, notamment de Gaston Boissier, qui arrivait de Nîmes, dont les cheveux et les favoris, que nous avons connus d’un si beau blanc de neige, tiraient alors sur le roux, et que ses rhétoriciens avaient affublé du sobriquet de Gaston Phœbus.

1298. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Mais cette page imprimée n’est qu’une surface blanche maculée de noir. […] Des oiseaux blancs volaient alentour mollement Et des voiles au loin s’inclinaient toutes blanches. […] Guyau, dans tous ses ouvrages, a fait une large place à la poésie (Voir par exemple, dans l’Irréligion de l’avenir, l’allégorie de la fiancée toujours déçue qui tous les matins revêt sa robe blanche, ou du voyageur épuisé de fièvre qui suit des yeux l’onduleuse caravane de ses frères en marche vers les pays inconnus ; dans la Morale, sans obligation ni sanction, la page vraiment sublime qui dans les flots en mouvement nous montre le symbole du roulis éternel qui berce les êtres).

1299. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Le retour de l’île d’Elbe avait encore exaspéré cette irritation par le désarroi national qu’il provoqua, et les deux étendards, le drapeau blanc et le drapeau tricolore, devinrent le symbole d’un conflit dont les journées de Juillet furent le funeste aboutissement. […] Le dessin vériste, pour employer un terme cher à la littérature italienne d’il y a cinquante ans, est une des caractéristiques de l’art florentin, et à comparer les personnages des fresques de Santa Maria Novella, par exemple, ou de la chapelle Brancacci, avec les événements de l’histoire locale, nous nous rendons compte que ce sont bien là les citoyens qui ont construit et habité les palais aux soubassements fortifiés, soutenu ces rudes guerres civiles, sans cesse renouvelées, entre Guelfes et Gibelins, ou Blancs et Noirs. […] La troisième, en blanc, suivait une dame Livia Fausta. « Ces trois escadrons », c’est de nouveau Montluc qui parle, « étaient composés de trois mille dames, gentils femmes ou bourgeoises. […] Les statues et les peintures y abondent, témoignant de la ferveur religieuse de la ville de sainte Catherine et de saint Bernardin ; et, splendeur unique, le pavé tout entier est en marbre blanc, avec des graffiti incrustés en marbre noir qui dessinent une suite de plus de trente tableaux figurant toutes sortes de scènes depuis le Roi David chantant des psaumes, jusqu’au Massacre des Innocents.

1300. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il raconte cependant à l’abbé qu’il avait remarqué une demoiselle fort bien faite, « la gorge et le reste de ce qui se découvre en ce pays, fort blanc ». […] C’est avec eux que, dans ces années-là, Racine vit à l’ordinaire, assez librement, semble-t-il, et qu’il fréquente les cabarets célèbres du Mouton blanc, de la Pomme de pin ou de la Croix de Lorraine. […] Et il continue, raille Port-Royal sur ses inconséquences, ses faiblesses, son esprit de secte et de coterie, et conte la jolie histoire de la mère Angélique et des deux capucins à qui cette supérieure zélée sert du pain des valets et du cidre quand elle les croit amis des jésuites, et du pain blanc et du vin des messieurs quand on lui a dit que ces deux moines sont bons jansénistes. […] Sur leur entablement régnait une balustrade où étaient arrangés des vases de porcelaine pleins de fleurs ; les bassins des fontaines étaient de marbre blanc, soutenus par des tritons dorés ; et dans ces bassins on en voyait d’autres pins élevés qui portaient de grandes statues d’or.

1301. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Nos ancêtres étaient du papier blanc et le lin même dont on fera le papier. […] Bergson a mis le six et blanc. Et eux ils mettent le double blanc. […] — On dirait que c’est l’Ogre qui a passé par là, ou le Petit Poucet, et qu’ils ont semé ces gros cailloux blancs pour retrouver leur chemin. […] Et le petit poucet, qui ne connaissait pas les chemins, et qui jetait des cailloux blancs pour marquer les chemins, et pour reconnaître par où il aurait passé, était un nain, et ne pouvait naturellement jeter que de petits cailloux.

1302. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Or, Wordsworth nous parle ainsi de la cabane du Highlander : Elle est bâtie en terre, et la sauvage fleur  Orne un faîte croulant ; toiture mal fermée, Il en sort, le matin, une lente fumée, (Voyez) belle au soleil, blanche, et torse en vapeur !

1303. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Ne permettez fascher celle que vous avez conservée jusques ici sans rides, et sans pas un poil blanc ; et n’ostez, à l’appétit de quelque colère, le plaisir d’entre les hommes. » L’arrêt de Jupiter qui remet l’affaire à huitaine, c’est-à-dire à trois fois sept fois neuf siècles, et qui provisoirement commande à Folie de guider Amour, clôt à l’amiable le débat : « Et sur la restitution des yeux, après en avoir parlé aux Parques, en sera ordonné. » Cet excellent dialogue, élégant, spirituel et facile, mis en regard des vers de Louise Labé, est un exemple de plus (cela nous coûte un peu à dire) qu’en français la prose a eu de tout temps une avance marquée sur la poésie.

1304. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

La famille de Désaugiers et lui-même furent en proie à toutes les calamités qui assaillirent les blancs.

1305. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

C’est pour eux qu’on sème, qu’on récolte, qu’on travaille, qu’on se prive ; et, si les liards épargnés péniblement chaque semaine finissent au bout de l’an par faire une pièce blanche, c’est dans leur sac qu’elle va tomber.

1306. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Dans ses accès d’enthousiasme, le sang chaud et méridional de Souberbielle, qui se portait à son front, lui donnait une figure sibyllique d’inspiré de l’échafaud ; ses cheveux blancs se hérissaient avec le frémissement de l’exaltation sur sa tête, et les reflets rouges de ses rideaux de lit cramoisis, transpercés par le soleil du matin et se répercutant sur ce lit de vieillard, semblaient filtrer non de la lueur, mais une teinte de sang.

1307. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Ainsi nos salons tout blancs, sans glace ni trace de luxe aucun ; la salle à manger avec un buffet et des chaises, deux fenêtres donnant sur le bois du nord ; l’autre salon à côté avec un grand et large canapé ; au milieu une table ronde, des chaises de paille, un vieux fauteuil en tapisserie où s’asseyait mon frère, deux portes vitrées sur la terrasse ; cette terrasse sur un vallon vert où coule le ruisseau ! 

1308. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Mais le plus souvent on s’attablait dans quelque cabaret fameux, au Mouton blanc, ou à la Croix de Lorraine, place du Cimetière-Saint-Jean, ou encore à la Pomme de pin, la taverne légendaire qu’avaient hantée Villon et Régnier, et que tenait alors Crenet, immortalisé par un vers de Boileau.

1309. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

à ton aspect le cœur se précipite ; Un flot marmoréen inonde tes pieds blancs ; Tu marches fière et nue, et le monde palpite, Et le monde est à toi, déesse aux larges flancs !

1310. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

« Les femmes, dont surtout il cherche le suffrage, « En faveur du lecteur applaudiront l’ouvrage. » Aussitôt fait que dit : le jeune homme charmé De ses doigts délicats tire un gant parfumé, Caresse, d’une main plus blanche que l’ivoire, Sa blonde chevelure et sa moustache noire, Et, se levant au bruit d’un murmure flatteur, Reçoit le manuscrit sans regarder l’auteur.

1311. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Il était la terreur d’Alphonse Daudet qui se sauvait toujours lorsqu’il voyait apparaître son vieux confrère, la stature et l’air provocants sous ses cheveux blancs, la moustache en croc d’un colonel de cavalerie.

1312. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

» Mais Wagner eut un vengeur, un ennemi, ennemi aussi de Berlioz, Seudo, qui pour la plus grande colère de Berlioz, écrivait (année musicale de 1861) : « Berlioz et Wagner, deux frères ennemis, deux enfants terribles de la vieillesse de Beethoven qui serait bien étonné s’il pouvait voir ces deux merles blancs sortis de sa dernière couvée !

1313. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Alors, brusquement, ceux-ci se dressent, livides centenaires aux longues barbes blanches !

1314. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

A quoi donc songe la pâle souveraine, immobile sur son lit de repos comme une statue de marbre blanc sur une tombe ?

1315. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

La seule œuvre encore entendue de nos jours et son chef-d’œuvre est La Dame blanche (1825).

1316. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Il serait trop heureux qu’une jeune fille pauvre et de bonne maison daignât l’introduire, de sa blanche main, dans le monde des honnêtes gens et de la bonne compagnie.

1317. (1904) En méthode à l’œuvre

  û, a, iu, ui (ll), ai e, è, é, ei, ei (ii) ie, iè, ié, î, ï (ll), i, ii Jaunes, ors, verts Blancs à azurs pâles Bleus, à azurs noirs F, L, R, S, Z D, GH, L, P, Q, R, T, X LL, R, S, V, Z les Trompettes, Clarinettes et petites Flûtes les Violons par les pizzicati, Guitares et Harpe.

1318. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Incarnat, que les dictionnaires définissent : entre rose et rouge, ne contenait pour Voltaire que l’idée de carnation : « Votre peau, dit Cunégonde à Candide, est encore plus blanche et d’un incarnat plus parfait que celle de mon capitaine. » Carbonate.

1319. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Le mot « homme » de même, que nous nous figurons blanc, pourra être verbalement opposé au mot « bête » que nous imaginons quadrupède et velue ; mais en fait, ces mots font abstraction des grands singes marchant souvent debout et la face glabre, ainsi que des peuplades sauvages, les Papouas et les Boschimans, marchant courbés et les bras ballants jusqu’aux genoux, le nez épaté et la face fuligineuse.

1320. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine,         Les vierges aux belles couleurs Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine         Entrelaçaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui, le mangent s’il est tendre.

1321. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Je les repais de vent, que je mets à haut prix ; Prends garde à ce qui peut allécher leurs esprits ; Sais toujours applaudir, jamais ne contredire ; Etre de tous avis, en rien ne les dédire ; Du blanc donner au noir la couleur et le nom ; Dire sur même point tantôt oui, tantôt non.

1322. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Cela mérite-t-il de s’appeler une œuvre, cet almanach poétique de cent vingt-neuf pages, sans compter les blancs ?

1323. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

J’ai ainsi empilé sur l’état présent de votre univers des états futurs qui restent pour moi en blanc : ils font pendant aux états passés qui sont de l’autre côté de l’état présent et que j’aperçois, eux, comme des images déterminées.

1324. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Des traductions de Xénophon et d’Hérodote se marient à ses morceaux courts, comme des marbres grecs rapportés d’Italie dans une maison blanche de Touraine. […] On a été blanc, ou bleu, ou rouge. […] Quand le problème de Rousseau se pose, il est contre Rousseau ; il est pour l’homme civilisé contre l’homme naturel, pour l’homme blanc contre le sauvage.

1325. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

est empreint d’un sentiment tout religieux : « Enfin parut la douce clarté, le jour au blanc attelage, pour luire au monde entier. […] Que Mme Duse néglige de se farder, et dédaigne même de teindre les fils blancs que la trente-cinquième année a mêlés à ses épais cheveux noirs, cela ne manque pas de bravoure, cela veut dire : « Il faut m’aimer comme je suis », et cela se peut admettre sans trop de difficulté dans la plupart des rôles, bien que nos yeux soient habitués, chez les comédiennes, à l’artifice du fard, et que la lumière dévorante de la rampe le réclame en quelque mesure. […] Je relis la « scène de l’aveu », une de celles qui furent le plus applaudies, et que le poète a dû particulièrement « soigner ». « Doux regards… jour béni… rêve divin… blanche comme une hostie… le seuil des paradis… les ailes d’un ange… », telles sont les images fortes et neuves qui ornent les premiers vers de la déclaration de Tristan.

1326. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

. —  Je souhaite qu’elle vous prête sa jolie main blanche — pour raccommoder votre soutane et repasser votre rabat. —  Partout où vous voyez une soutane et une robe, —  pariez cent contre un qu’il y a dedans un rustre. —  Vos Eaux-Vides, vos Amers, vos Platurks 994, et toute cette drogue, —  pardieu ! […] Le hêtre a sur la tête une très-galante perruque, et il n’y a pas de plus joli justaucorps blanc que celui du bouleau. » De même pour les qualités de l’âme : « la religion n’est-elle pas un manteau, et la conscience une culotte, qui, quoique employée à couvrir la saleté et l’impudicité, se met bas très-aisément pour le service de l’une et de l’autre ?

1327. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Macaulay a toujours devant les yeux des imaginations anglaises, remplies par des images anglaises, je veux dire par le souvenir détaillé et présent d’une rue de Londres, d’un cellier à spiritueux, d’une allée de pauvres, d’une après-midi à à Hyde-Park, d’un paysage humide et vert, d’une maison blanche et garnie de lierre à la campagne, d’un clergyman en cravate blanche, d’un matelot en casquette de cuir.

1328. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Quand je dis que la neige est blanche, je veux dire par là que, lorsque la neige est présente à ma vue, j’ai la sensation de blancheur. […] Et cependant votre expérience de la chose est la même dans les deux cas ; vous n’avez jamais vu que des cygnes blancs, comme vous n’avez jamais vu que des hommes ayant la tête au-dessus des épaules.

1329. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Tout jeune, il tira de l’argent d’un carme déchaussé, son parent, qui croyait sa tête propre à devenir celle d’un apôtre, en lui faisant avaler que ses dettes payées il entrerait au couvent ; et, ses dettes payées, il fit moqueusement la révérence au carme et pirouetta… La pastelliste au crayon blanc, madame de Vandeul, appelle simplement cette scapinade une étourderie, mais il n’en reste pas moins certain que Diderot avait en lui du sycophante. […] C’est que ce satyre intellectuel ait été tou te sa vie, avec une passion persistante, le Pygmalion de cette blanche et froide Galatée, qui, comme l’autre, a pu dire « MOI ! 

1330. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Voilà pourquoi nous rencontrons dans le monde des personnes déjà avancées en âge qui ont encore, sous leurs cheveux blancs, toute leur vivacité, toute leur fraîcheur de dévouement et d’amitié, parce qu’elles ne se sont ni desséchées à des flammes stériles, ni prodiguées à des objets indignes d’elles, et qu’elles sont récompensées de leur sobriété de cœur en le conservant toujours jeune. […] L’auteur de la Physiologie du mariage se faisant tout à coup le disciple de Svedenborg, de Saint-Martin et de madame de Krüdner, quittant le bouge de madame Vauquer et l’alcôve de la Fille aux yeux d’or pour se vouer au blanc ou au bleu et planer avec les anges dans les régions éthérées du mystère et de l’infini, ressemble, en littérature, à ces gens qui, ne croyant pas en Dieu, redoutent le nombre treize ou les départs du vendredi : c’est la superstition du spiritualisme, ce n’en est pas la religion. […] Là où il aurait dit, il y a vingt ans : « L’oubli, ce fossoyeur… » il dit aujourd’hui : Le fossoyeur-oubli ; — là où il aurait dit : « Cette bouche terrible qu’on appelle le tombeau », il dit : La bouche-tombeau. — Ainsi de suite ; nous avons pu relever dans une vingtaine de pages la biche-illusion, le ver-réalité, la terre-vision, le grelot-monde, la branche-nombre, la branche-destin, le gibet-misère, l’aigle-trépas, l’arbre-éternité, les mondes-anges, les soleils-démons, le blanc cheval-aurore, l’esprit-forçat, le ciel-cachot, les autels-poëmes, et cent autres. […] S’il était possible qu’en échange de ce tribut il ne nous donnât que du papier blanc, l’hommage n’en serait que plus flatteur, la démonstration plus éloquente, la situation mieux posée ; et il n’y aurait là, après tout, que justice. […] C’est ici que le rôle de Voltaire devient particulièrement odieux, surtout quand on songe qu’il était, à cette date, presque septuagénaire, et que ses espiègleries en cheveux blancs ne respectaient pas même l’enfance.

1331. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Tels sont l’étoffe blanche de laine trempée dans le bichlorure d’étain, proposée par M.  […] Il est blanc et très pur ; nous le devons à l’obligeance de M.  […] Suivant cet auteur, ces tubes renferment un liquide vert, ou jaune, ou brun, ou violet, ou blanc, ou incolore, d’une saveur amère comme la bile. […] Quand on ouvrit l’estomac, on y trouva une matière neutre d’un blanc grisâtre qui existe habituellement pendant le sommeil hibernal de ces animaux. […] Il semblait devoir en résulter que, dans ce milieu composé de sérum et de sucre, il s’était développé deux espèces de cellules, les unes paraissant d’organisation animale, plus ou moins analogue aux globules blancs du sang, les autres vétégale, qui forment la levure de bière.

1332. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Et si quelque survivant attardé de l’autre siècle est incapable de cette contrainte, les cabarets lui sont ouverts, la Pomme de pin, le Mouton blanc, où il ira rimer, entre hommes, ses couplets bachiques et ses chansons ordurières. […] Cependant ces quatre grands hommes ne s’en sont pas moins, non seulement connus et appréciés, mais aimés ; et l’hôtellerie sans nom où se rencontrèrent, un jour de l’année 1548, Ronsard et Du Bellay, n’est pas plus célèbre dans l’histoire littéraire que « cabaret classique » du Mouton blanc, où se réunissaient Ariste et Gélaste, Acanthe et Polyphile. […] — Le pensionnaire du surintendant Fouquet, 1657. — Sonnets, Madrigaux et Ballades. — Le poème d’Adonis [Cf. l’Adonis de Shakespeare], 1658. — Le Songe de Vaux, 1658 ; — l’Élégie aux nymphes de Vaux, 1661. — Liaison de La Fontaine avec Molière, Boileau et Racine [Cf. le Prologue de Psyché ; et Scherer, « Le Cabaret du Mouton blanc », dans ses Études critiques]. — Il passe de la protection de Fouquet sous celle de la duchesse de Bouillon [Cf.  […] Ubicini, nº 9] ; — l’Ode sur la convalescence du roi et la Renommée aux Muses. — Qu’aucune de ces pièces ne semblait présager un poète dramatique ; — et qu’en d’autres temps Racine peut-être n’eût été qu’un élégiaque ; — ou un romancier. — Compatriote, ami de jeunesse, et allié de La Fontaine [par Mlle Héricart, femme de La Fontaine], il eût même versé comme lui dans la préciosité, si ce n’avaient été l’amour des comédiens ; — les réunions du Mouton blanc ; — la soif d’une réputation que le théâtre donnait plus bruyante alors qu’aucun genre littéraire ; — les facilités que lui offrit l’amitié de Molière ; — et une ardeur intérieure de passion ou de génie qui ne pouvait se contenter de sentir modérément [Cf.  […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Origine et jeunesse de Boileau ; — le Palais en 1640 ; — grande robe, moyenne robe, petite robe. — Les « études théologiques » de Boileau ; — ses études de droit ; — ses premières pièces ; — la composition des premières Satires, 1660, 1661 ; — les Stances pour l’École des femmes, 1662. — Liaison de Boileau avec Molière, La Fontaine et Racine. — Encore le Cabaret du Mouton blanc. — La Dissertation sur Joconde. — Lecture des Satires dans les compagnies. — Le recueil de Hollande, 1665. — Boileau se résout de se faire imprimer, 1666. — Émotion produite par les premières Satires [I, VI, VII, II, IV, III, V] — et particulièrement dans la « Société précieuse ». — Répliques de Cotin : La Satyre des satyres, 1666, — et de Boursault, 1669. — Leur violence injurieuse. — Courage et persévérance de Boileau. — Le Discours sur la satire, 1668. — Coalition des ennemis de Boileau. — Chapelain et les Perrault l’empêchent d’être inscrit « sur la liste des bienfaits du Roi » ; — et essaient de l’empêcher d’obtenir le privilège nécessaire pour l’impression de ses œuvres ; — pendant que M. de Montausier le menace de voies de fait. — L’Épître au Roi ; — Boileau la fait présenter au roi par Mme de Montespan ; — et à ce propos des services rendus aux gens de lettres par Mme de Montespan, — qui expliquent, sans les excuser, les flatteries qu’ils lui ont tous ou presque tous adressées. — Pouvaient-ils être plus prudes que Vivonne, le frère de la dame ?

1333. (1774) Correspondance générale

Tant qu’Argire ne me montrera pas la dernière répugnance à croire Aménaïde coupable de trahison, malgré la preuve qu’il pense en avoir ; tant que la tendresse paternelle ne luttera pas contre cette preuve, comme elle le doit ; tant que je n’aurai pas vu ce malheureux père se désoler, appeler sa fille, embrasser ses genoux, s’adresser aux chefs de l’État, les conjurer par ses cheveux blancs, chercher à les fléchir par la jeunesse de son enfant, tout tenter pour sauver cet enfant, l’acte n’aura pas son effet. […] Lorsque vous me remettrez mon volume de feuilles blanches, je vous donne ma parole d’honneur de ne le pas ouvrir que je n’y sois contraint pour l’application de vos planches. […] Donnez-moi carte blanche pour tout ce que je dis de lui, et n’hésitez pas à croire tout ce qu’il vous dira de moi ; et alors, madame, permettez-moi de prendre votre main et de la presser très-cordialement. […] Un morceau de pain, noir ou blanc peu importe, un pot d’eau claire, quelques livres, un ami, et de temps en temps les charmes d’un petit entretien féminin ; voilà, avec une conscience tranquille, tout ce qu’il me faut. […] Je vous embrasse, j’embrasse Mme Clerc et le petit ourson blanc ; s’il vous vient quelque mot bien saugrenu et bien doux, adressez-le de ma part à Mlle Anastasia.

1334. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

« Quand j’ai mis du noir sur du blanc », dit le Famulus de Faust qui ne comprend rien à l’hypocondrie de son maître, « je me sens l’âme toute ragaillardie. » Sous ce mot plaisant d’un nigaud et sous ce contentement d’un barbouilleur de papier, il y a une observation, triste sans doute pour la nature humaine, mais juste et vraie. […] Qu’on se figure l’effet de ces illusions enivrantes sur sa jeune imagination, quand les jouissances couraient en foule au-devant de lui, quand Francfort le proclamait, en le couronnant, « poète favori de l’Allemagne », quand les jeunes filles, habillées de blanc, venaient répandre des fleurs sur le chemin où il passait ! […] Il y a tel de ses chapitres auquel il ne manque que d’être copié par une petite fille à tête blonde, pour son concours d’écriture, sur un cahier de papier blanc satiné, cousu d’un ruban bleu. […] » Il vit son père étendu sur son lit de mort, sa barbe blanche tombant sur son corps amaigri, et il respira profondément. […] Je vous vois encore avec votre robe flottante à manches courtes et ce bracelet d’or à votre beau bras blanc.

1335. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

La Gloire prit dans ce dessein un morceau de marbre, l’Amour des tablettes de cire, et l’Amitié un livre blanc.

1336. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Un soir, au moment de partir pour le bal de l’Opéra, elle trouve sur la toilette la Nouvelle Héloïse 486, je ne m’étonne point si elle fait attendre d’heure en heure ses chevaux et ses gens, si, à quatre heures du matin, elle ordonne de dételer, si elle passe le reste de la nuit à lire, si elle est étouffée par ses larmes ; pour la première fois, elle vient de voir un homme qui aime  Pareillement, si vous voulez comprendre le succès de l’Émile, rappelez-vous les enfants que nous avons décrits, de petits Messieurs brodés, dorés, pomponnés, poudrés à blanc, garnis d’une épée à nœud, le chapeau sous le bras, faisant la révérence, offrant la main, étudiant devant la glace les attitudes charmantes, répétant des compliments appris, jolis mannequins en qui tout est l’œuvre du tailleur, du coiffeur, du précepteur et du maître à danser ; à côté d’eux, de petites Madames de six ans, encore plus factices, serrées dans un corps de baleine, enharnachées d’un lourd panier rempli de crin et cerclé de fer, affublées d’une coiffure haute de deux pieds, véritables poupées auxquelles on met du rouge et dont chaque matin la mère s’amuse un quart d’heure pour les laisser toute la journée aux femmes de chambre487.

1337. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Nul n’a mieux enseigné à ouvrir les yeux et à regarder, à regarder d’abord les hommes environnants et la vie présente, puis les documents anciens et authentiques, à lire par-delà le blanc et le noir des pages, à voir sous la vieille impression, sous le griffonnage d’un texte, le sentiment précis, le mouvement d’idées, l’état d’esprit dans lequel on l’écrivait.

1338. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

« Elle était vêtue, comme la sibylle du Dominiquin, d’un châle des Indes, tourné autour de sa tête, et ses cheveux, du plus beau noir, étaient entremêlés avec ce châle ; sa robe était blanche ; une draperie bleue se rattachait au-dessous de son sein ; son costume était très-pittoresque, sans s’écarter cependant assez des usages reçus pour que l’on pût y trouver de l’affectation.

1339. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Nous sommes loin de l’histoire, avec ces Sarrasins, qui ont pris la place des Basques montagnards, et ces Sarrasins païens, idolâtres, du reste vaillants et accomplis « barons », s’ils étaient chrétiens : avec ce Charlemagne à la barbe blanche, âgé de deux cents ans, majestueux symbole de la royauté chrétienne : avec ces douze pairs qui combattent et périssent aux côtés de Roland : avec ce traître Ganelon, dont la trahison, plus inutile encore qu’inexpliquée, n’est sans doute qu’une naïve satisfaction que se donne le sentiment national, incapable de concevoir le désastre sans un traître au moins qui soit présent : avec ce Turpin, type légendaire du prélat guerrier, détaché ainsi que Ganelon d’une autre partie de l’histoire pour survivre immortellement transfiguré dans la légende de Roland.

1340. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Par une inspiration poétique autant que chrétienne, il prit en 1840 l’habit blanc de Saint-Dominique et fut en France le restaurateur de l’ordre : cela fournit à Guizot, en le recevant à l’Académie, l’occasion d’un éloquent morceau, sur le caractère du temps qui réunissait dans une paisible confraternité l’inquisiteur et l’hérétique.

1341. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Ces blancs asiles lui étaient, physiquement, un bain de paix.

1342. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Analysons celui-ci, que je rends à dessein compliqué : En ces quatre mesures, comme dans tout passage analogue, on sent indépendamment du rythme des blanches et des noires un secret mouvement de chacun des accords vers les accords qui suivent.

1343. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Elle le voit ; il l’exhorte avec l’autorité du sang, des cheveux blancs, de la mort qui s’approche, à confesser la foi chrétienne.

1344. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

. — À la promesse renouvelée, la Foi répond, des plus douces hauteurs, — comme sur les ailes de la blanche colombe, — descendant dans l’air, — toujours plus largement et plus totalement saisissant les cœurs humains, emplissant le monde et l’entière nature, ensuite regardant de nouveau vers l’éther céleste, comme doucement apaisée.

1345. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Encore un mot de conversation, car il me fâche avec vous de laisser du papier blanc.

1346. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

La veille avait flétri de ta blanche parure Les plis qu’autour du sein le nœud pressait encor ; Tes cheveux dénoués jusques à la ceinture             S’épandaient en flots d’or.

1347. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Laissez-nous compter nos forces effectives, les talents véritables qu’on a tour à tour traités de romantiques depuis vingt-cinq ans ; nous laisserons les noms classiques en blanc, vous les remplirez-vous mêmes.

1348. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Enfin, de Rubens, qui vient tout écraser avec ses toiles splendides, il n’a pas, il ne peut pas avoir la plantureuse grandeur, l’enthousiasme de la chair vivante, la sensualité du coloris et les bacchanales de palette, mais pourtant il nous fait penser aux ardentes couleurs de ce maître de la couleur, quand, avec un peu de noir et de blanc, — une fumée d’estompe, un rien presque, à ce qu’il nous semble, — il incendie le ton des objets, lustre les étoffes les plus chatoyantes, et verse à flots la lumière ou la distribue en pointes d’éclairs !

1349. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Un jardinier qui n’est point sorti de sa province estime que tous les cygnes sont blancs ; si on le conduit au Muséum et qu’on lui montre les cygnes noirs de l’Australie, il n’attribuera plus la blancheur qu’à une certaine variété de cygnes. […] Ainsi, dans un été très sec, il n’y a pas de rosée, ni, dans un hiver très sec, de gelées blanches.

1350. (1940) Quatre études pp. -154

Un soir, à neuf heures, en me rendant à mon cours, je me trouvai suivre et rejoindre deux étudiantes qui allaient aussi vers l’amphithéâtre, robes blanches dans la nuit qu’elles semblaient fleurir ; je saisis sans le vouloir un lambeau de leur conversation. […] S’imaginer qu’ils deviendraient plus heureux parce qu’ils changeraient de cocarde, blanche, rouge, ou tricolore, pure absurdité ; erreur sur la nature de leur être et sur leur destin. […] Ils n’ont pas seulement regardé la prairie, mais le brin d’herbe, mais la marguerite qui vient jeter sa note blanche et jaune au milieu de la verdure.

1351. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Elle n’était point pâle, mais, plus blanche que la neige qui tombe à flocons, sans un souffle de vent, sur une gracieuse colline, elle semblait se reposer, comme une personne fatiguée. […] Le vieux roi de Pylos ne paraît que pour nous montrer sa barbe blanche et recevoir les compliments d’Ulysse. […] Un des motifs qu’il leur donne, c’est l’imprudence qu’il y aurait à eux de se fier aux acteurs ; car, dit-il, « il y a là un parvenu, corbeau paré de nos plumes, qui, avec son cœur de tigre recouvert d’une peau d’acteur 18, se croit aussi habile à enfler (to bombaste) un vers blanc que le meilleur d’entre vous, et devenu absolument un Johannes factotum, est, dans sa propre opinion, le seul shake-scene 19 du pays. » Ce passage ne laisse aucun doute sur les emprunts faits à Green par Shakspeare dès 1592 ; et comme les Henri VI sont les seules pièces de notre poëte qu’on croie pouvoir placer avant cette époque, la question paraîtrait à peu près résolue ; en même temps que la citation faite par Green, à cette occasion, d’un vers de la pièce originale, prouverait que c’était là ce qui lui tenait au cœur. […] Sans doute il ne faut pas juger un personnage de ces temps de désordre d’après les habitudes douces et régulières de nos idées modernes, et beaucoup de choses doivent être mises sur le compte de l’entourage d’hommes et de faits au milieu desquels apparaissent les caractères historiques ; mais lorsqu’à l’époque où a vécu Richard III, après les horreurs de la Rose rouge et de la Rose blanche, la haine publique va choisir un homme entre tous pour le présenter comme un modèle de cruauté et de perfidie, il faut assurément qu’il y ait eu dans ses crimes quelque chose d’extraordinaire, ne fût-ce que cet éclat que peut y ajouter la supériorité des talents et du caractère qui, lorsqu’elle s’emploie au crime, le rend à la fois plus dangereux et plus insultant.

1352. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

une réponse à Mme de Mirepoix qui lui envoyait de ses cheveux blancs ; des vers à Mlle de Sivry, un enfant prodige qui étonnait les salons par sa facilité à rimer (La Harpe, dans un excès de franchise, trouve ces vers les meilleurs sans comparaison, et même les seuls bons, qu’ait faits le duc de Nivernais) ; des fables qu’il lisait dans les séances publiques de l’Académie : « il avait la complaisance de les lire, dit encore La Harpe, et la discrétion de ne les point imprimer ».

1353. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Il fallait que la Brie et le village de Faverolles, où il travaillait à quinze sous par jour pour nourrir neuf personnes, fussent bien dépourvus de toute humanité, pour qu’en frappant dans cette extrémité à la première porte venue où il y avait du pain noir ou blanc dans la huche, riche ou pauvre, même mendiant, ne lui prêtât pas un peu de son superflu ou de son nécessaire pour sauver la vie d’un soir à ces pauvres petits affamés.

1354. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Les murs du salon étaient tapissés en cuir doré ; le reste de l’ameublement annonçait une grande recherche ; au milieu était une table couverte de vases de porcelaine blancs comme la neige, pleins des fruits les plus variés et les plus beaux.

1355. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

« Le cygne : Ma vie tranquille se passe dans les ondes, elle n’y trace que de légers sillons qui se perdent au loin, et les flots à peine agités répètent comme un miroir pur mon image sans l’altérer. » « L’aigle : Les rochers escarpés sont ma demeure, je plane dans les airs au milieu de l’orage ; à la chasse, dans les combats, dans les dangers, je me fie à mon vol audacieux. » « Le cygne : L’azur du ciel serein me réjouit, le parfum des plantes m’attire doucement vers le rivage, quand, au coucher du soleil, je balance mes ailes blanches sur les vagues pourprées. » « L’aigle : Je triomphe dans la tempête quand elle déracine les chênes des forêts, et je demande au tonnerre si c’est avec plaisir qu’il anéantit. » « Le cygne : Invité par le regard d’Apollon, j’ose me baigner dans les flots de l’harmonie ; et reposant à ses pieds, j’écoute les chants qui retentissent dans la vallée de Tempé. » « L’aigle : Je réside sur le trône même de Jupiter : il me fait signe et je vais lui chercher la foudre ; et pendant mon sommeil, mes ailes appesanties couvrent le sceptre du souverain de l’univers. » « Le cygne : Mes regards prophétiques contemplent souvent les étoiles et la voûte azurée qui se réfléchit dans les flots, et le regret le plus intime m’appelle vers ma patrie, dans le pays des cieux. » « L’aigle : Dès mes jeunes années, c’est avec délices que dans mon vol j’ai fixé le soleil immortel ; je ne puis m’abaisser à la poussière terrestre, je me sens l’allié des dieux. » « Le cygne : Une douce vie cède volontiers à la mort : quand elle viendra me dégager de mes liens et rendre à ma voix sa mélodie, mes chants jusqu’à mon dernier souffle célébreront l’instant solennel. » « L’aigle : L’âme, comme un phénix brillant, s’élève du bûcher, libre et dévoilée ; elle salue sa destinée future, le flambeau de la mort la rajeunit en la consumant. » XLVIII Mais rien ne surpasse son analyse et sa traduction du drame de Faust, par Gœthe, et cette scène à laquelle ni l’antiquité ni Shakespeare n’ont de scène tragique à opposer.

1356. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Quand cet yvoire blanc qui enfle votre sein, Quand vostre longue, gresle et délicate main, Quand vostre belle taille et vostre beau corsage Qui ressemble au pourtraict d’une céleste image ; Quand vos sages propos, quand vostre douce voix Qui pourroit esmouvoir les rochers et les bois, Las !

1357. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Il prétend que mon âme habitera, après ma mort, sous la forme d’une mouette blanche, autour de l’église ruinée de Saint-Michel, vieille masure frappée par la foudre qui domine Tréguier.

1358. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

On ne sait trop ; on y trouve des moutons bien blancs et bien peignés, dignes d’avoir pour les garder des Alcidor, des Daphnis, des Sylvie, des Amaranthe.

1359. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Nous arrivons enfin à cet admirable tableau, où elle forme avec Gurnemanz et Parsifal ce groupe qui est resté dans la mémoire de tous ceux qui ont pu le voir : le vieillard bénissant Parsifal assis et rayonnant dans sa robe blanche, tandis que Kundry lève les yeux sur lui, comme anéantie dans sa contemplation.

1360. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

» Le motif de Lohengrin se dessine à l’orchestre, les interjections du chœur se croisent, se multiplient, car l’étincellement de l’armure blanche apparaît au lointain du fleuve.

1361. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Le poète déjà connu est toujours le Narcisse éternel qui a chanté ses cheveux noirs, qui va chanter les blancs, qui palpite pour lui et qui s’effraie pour lui, et s’imagine que tout l’intérêt des lecteurs va s’absorber dans cette incroyable contemplation de fakir !

1362. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Néanmoins l’imagination la tient pour vraie. « Un nez rouge est un nez peint », « un nègre est un blanc déguisé », absurdités encore pour la raison qui raisonne, mais vérités très certaines pour la simple imagination.

1363. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Chose inouïe dans ce siècle, il imagine le physique, comme Victor Hugo ; sans métaphore, ses portraits sont des portraits : « Harlay était un petit homme, vigoureux et maigre, un visage en losange, un nez grand et aquilin, des yeux beaux, parlants, perçants, qui ne regardaient qu’à la dérobée, mais qui, fixés sur un client ou sur un magistrat, étaient pour le faire rentrer en terre ; un habit peu ample, un rabat presque d’ecclésiastique, et des manchettes plates comme eux, une perruque fort brune et fort mêlée de blanc, touffue mais courte, avec une grande calotte par-dessus.

1364. (1898) La cité antique

Sa robe est blanche. Le blanc était la couleur des vêtements dans tous les actes religieux. […] Le fondateur doit se servir d’un soc de cuivre ; sa charrue est traînée par un taureau blanc et une vache blanche. […] « Plus on est paré de fleurs, disait-on, et plus on est sûr de plaire aux dieux ; mais, si tu sacrifies sans avoir une couronne, ils se détournent de toi440. » — « Une couronne, disait-on encore, est la messagère d’heureux augure que la prière envoie devant elle vers les dieux441. » Les convives, pour la même raison, étaient vêtus de robes blanches : le blanc était la couleur sacrée chez les anciens, celle qui plaisait aux dieux442. […] Ces jours-là, les citoyens formaient une grande procession, vêtus de robes blanches et couronnés de feuillage ; ils faisaient le tour de la ville ou du territoire en chantant des prières ; en tête marchaient les prêtres, conduisant des victimes, qu’on immolait à la fin de la cérémonie451.

1365. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Il porte envie aux fleurs qui émaillent les rives bénies de ce ruisseau, aux fleurs qu’elle a foulées, à celles qui sont tombées sur ses blanches épaules, sur les tresses dorées de sa chevelure. […] Plus blanche que la neige qui tombe à flocons sur une belle colline sans être chassée par le vent, elle paraissait se reposer comme une personne fatiguée. […] La pièce est écrite en vers blancs, et nous remercions M.  […] Dans le vers blanc, le choix des moindres expressions est d’une haute importance. […] Bulwer n’aurait eu aucune forme déterminée ; écrite en vers blancs, elle n’a qu’une forme incomplète.

1366. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

À propos de cette pudeur symbolique, je me souviens que le délicieux Mallarmé me disait un jour, sur une rive de la Seine, dont la blanche voile de sa yole fait l’enchantement, qu’il ne comprenait pas que l’on se publiât. […] Il avait fait, dans la journée, des courses pour récupérer des ors, comme il dit ; et sous son ample macfarlane à carreaux noirs et gris, rutilait une superbe cravate de soie jaune d’or, soigneusement nouée et fichée sur un col blanc et droit. […] Les pages blanches de l’œuvre à créer seront les hosties des artistes nouveaux. […] Les maîtres comme Verlaine et Mallarmé, de vrais jeunes comme Barrès, Régnier, Griffin, pêle-mêle avec les ratés, les piliers de café, les éternels jeunes à poils blancs… Et tous ont laissé dire… pour avoir l’air d’être beaucoup ! […] Banville a écrit : Elle filait pensivement la blanche laine.

1367. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Ils ont une jolie maison blanche aux contrevents gris ; tous les jours, la nappe mise ; à côté d’eux, une bonne femme qui les aime, des enfants sains et beaux qu’on établira avec la dot de leur mère. […] Qui sait s’il n’a pas, lui aussi, rêvé, pour toute aventure et pour tout roman, sa maison blanche et le travail fécond entre une femme et un berceau ! […] Flaubert m’a bien la mine de n’avoir jamais travaillé que devant la feuille blanche qu’il se proposait de noircir. […] Il me prend plutôt des envies de revêtir de blanc Indiana, vierge pure et sans tache. […] Et pour cadre à ce tableau des Mille et Une Nuits, au-dessus de vous, le ciel divin de l’Afrique ; autour de vous, Alger la blanche, couchée sur sa colline, semblable à une odalisque qui se baigne dans la lumière ; à vos pieds, ravissante de grâce et de douceur, la mer, plus lumineuse, s’il se peut, que le ciel.

1368. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Elle se modifiait cependant, non sous l’influence, il est vrai, de forces civilisatrices, mais en s’épuisant elle-même, en se saignant à blanc ; mais ce dépouillement du tempérament barbare se faisait néanmoins avec tant de lenteur, qu’il y en avait pour plusieurs siècles, si la conquête normande n’était survenue. […] On dirait d’hommes qui n’ont fait toute leur vie que chasser l’ours blanc du pôle et se battre avec les monstres de la mer. […] Il était d’usage que les nouveaux chevaliers portassent à la manche gauche un nœud de cordons de soie blanche et or jusqu’à ce que quelque noble dame le leur eût enlevé en disant : « Je me porte garant qu’il sera bon chevalier. » Cette bonne fortune ne tarda pas à advenir à lord Herbert. […] Après les étonnements du civilisé, voici ceux du sauvage résumés dans l’étrange admiration qu’inspirent à Caliban les deux matelots échappés du naufrage, — le sentiment de respect religieux de l’Indien d’Amérique en présence du blanc qu’il croit descendu du ciel, la bestiale servilité du nègre de Guinée adorant qui l’enivre, l’action rapide des pièges de la sensualité sur le sauvage ignorant. […] Dans Othello, le Maure passionné, imaginatif, sensible aux blessures de l’honneur, s’évanouissait, et à sa place il ne restait qu’un vilain homme, noir comme du charbon, qui assassinait méchamment une gentille petite femme blanche.

1369. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Et sur le fond vide du ciel se détache la redoutable et consolante figure de celle qui l’affranchira de tous les esclavages et le délivrera de tous les doutes : la Mort, Qui parcourt, comme un prince inspectant sa maison, Le cimetière immense et froid, sans horizon, Où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne, Les peuples de l’histoire ancienne et moderne. […] Ses pieds pâles et mats, comme de l’albâtre lavé, dépassaient le bout du drap blanc qui l’enveloppait de cette forme indécise qu’ont tous les cadavres en costume. […] On était blanc, ou bleu, avec frénésie. […] Ce point d’interrogation doit hanter souvent la pensée de ceux qui font profession de peindre leur rêve du monde « avec du noir sur du blanc ». […] V) revendique pour le romancier l’honneur d’avoir porté le long manteau blanc et le casque aux longs crins noirs, comme les soldats que Julien voit à leur retour d’Italie attacher leurs chevaux contre la fenêtre grillée de la maison de son père.

1370. (1876) Romanciers contemporains

Quand il a dit du vieux duc : « ce vieillard dont on eût respecté les cheveux blancs s’il n’avait pris soin de les teindre », il a trouvé le trait caractéristique. […] De la robe de soie toute blanche de Sidonie monte un joli visage qui sait se faire provoquant, et la couronne de cheveux a des révoltes de vie, des reflets de petites plumes ne demandant qu’à s’envoler. […] L’église, vide, était toute blanche, par cette matinée de mai. […] Au loin s’étendaient les routes toutes blanches de lune.

1371. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Le soleil était blanc sur les escaliers Dans l’air bleu, sur les clochers déchiquetés. […] elle avait dix-huit ans, Et elle souriait ; elle était en blanc, Et la procession chantait.

1372. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Elle contient des chambres très propres, et la maison elle-même, si elle a une façade peu attrayante, a sur la droite un côté assez curieux : un mur sous pignon, bâti en grosses pierres carrées noires et blanches formant damier ; de chaque côté de la petite fenêtre qui occupe le milieu, deux pierres sculptées avec la croix crossée, insigne des chanoines, et la date 1612 : c’est évidemment une ancienne dépendance de l’hospice. […] Un poème qui fait du roi des Francs Charles, âgé de trente-sept ans en 778, l’empereur Charlemagne à la barbe blanche et au chef fleuri, — qui ignore la participation des Basques à la bataille, — qui fait adorer aux Sarrasins les idoles Mahomet, Apollin et Tervagant, — qui raconte que Charlemagne non seulement massacra près de l’Èbre, grâce à un miracle, les ennemis échappés aux coups de Roland, mais prit Saragosse et en fit une ville chrétienne32, — un tel poème est évidemment très éloigné des événements qu’il raconte, et ce n’est que par grand hasard qu’on peut encore y discerner quelques traces de réalité contemporaine. […] Il y a surtout un couronnement de la Vierge, malheureusement endommagé, où la Vierge, adorablement belle, vêtue d’un manteau blanc tout brodé d’or, est entourée d’un délicieux pullulement d’anges. […] Les marins arabes ont transformé cette légende : ils font du « vieux Juif » un monstre marin à face humaine, à barbe blanche, qui apparaît parfois, au crépuscule, à la surface des flots80.

1373. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Il les perdit, épousa une femme de mauvaises mœurs, se ruina, resta sept ans en prison pour dettes, passa le reste de sa vie dans les embarras d’argent, regrettant sa jeunesse, perdant la mémoire, écrivaillant de mauvais vers qu’il faisait corriger par Pope avec toutes sortes de tiraillements d’amour-propre, rimant des obscénités plates, traînant son corps usé et son cerveau lassé à travers la misanthropie et le libertinage, jouant le misérable rôle de viveur édenté et de polisson en cheveux blancs. […] Le roi monte à cheval pour sa promenade à Hyde-Park ; à ses côtés courent la reine, et avec elle les deux maîtresses, lady Castlemaine et mistress Stewart : « la reine601 en gilet blanc galonné, en jupon court cramoisi, et coiffée à la négligence ; mistress Stewart avec son chapeau à cornes, sa plume rouge, ses yeux doux, son petit nez romain, sa taille parfaite. » On rentre à White-Hall, « les dames vont, viennent, causant, jouant avec leurs chapeaux et leurs plumes, les échangeant, chacune essayant tour à tour ceux des autres et riant. » En si belle compagnie la galanterie ne manque pas. « Les gants parfumés, les miroirs de poche, les étuis garnis, les pâtes d’abricot, les essences, et autres menues denrées d’amour arrivent de Paris chaque semaine. » Londres fournit « des présents plus solides, comme vous diriez boucles d’oreilles, diamants, brillants et belles guinées de Dieu ; les belles s’en accommodaient, comme si cela fût venu de plus loin602. » Les intrigues trottent, Dieu sait combien et lesquelles. […] Nos larmes prendront une voie plus courte ; la marée vous les apportera deux fois par jour617. » Voilà des larmes qui ne sont guère tristes ; la dame les regarde comme l’amant les verse, de bonne humeur ; elle est dans sa loge (il s’en doute et l’écrit), offrant sa main blanche à un autre qui la baise, et se donnant une contenance avec le frou-frou de son éventail.

1374. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

) Le mot faction venant du latin facere, on l’employe pour signifier l’état d’un soldat à son poste en faction, les quadrilles ou les troupes des combattans dans le cirque, les factions vertes, bleues, rouges & blanches. […] Le proverbe des finesses cousues de fil blanc, prouve que ce mot au sens figuré, vient du sens propre de couture fine, d’étoffe fine. […] Teint fleuri, dont la carnation semble un mélange de blanc & de couleur de rose.

1375. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Il se croit malade par manie, il se fait élégant faute de mieux ; sa jeunesse se va perdre dans les futilités, et son âme s’y dessécher, lorsqu’une nuit, allant au bal du Casino, un incendie qu’il admire d’abord comme pittoresque, le prend au collet sérieusement ; il est obligé de faire la chaîne avec ses gants blancs ; il s’irrite d’abord, puis la nouveauté de l’émotion le saisit ; le dévouement et la fraternité de ces braves gens du peuple lui gagnent le cœur : il a retrouvé la veine humaine, et son égoïsme factice s’évapore.

1376. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Voici quelques vers dont on me garantit l’exactitude et qui ont l’avantage d’être nés sur les lieux ; on y reconnaît tout d’abord, à l’accent, l’école qui a succédé à celle de Parny : Ondes du Bernica, roc dressé qui surplombes, Lac vierge où le cœur rêve à de vierges amours, Pics où les bleus ramiers et les blanches colombes Ont suspendu leur nid comme aux créneaux des tours ; Roches que dans son cours lava le flot des âges, Lit d’un cratère éteint où dort une eau sans voix, Blocs nus, ondes sans fond, site âpre, lieux sauvages, Salut !

1377. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Le modeste cercueil de chêne était orné de branches de palmier, de couronnes de laurier et d’une couronne de blanches azalées.

1378. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Le meilleur tireur n’est pas celui qui vise au blanc et qui fait un grand bruit avec son arme, mais celui qui vise juste et qui atteint l’objet qu’il s’est proposé.

1379. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Plus que jamais, rien pour la pensée ni pour le cœur, tout pour les yeux ; cela s’appelle Études de mains, ou Symphonie en blanc majeur : une aquarelle, un bibelot, une statue du musée, un aveugle jouant du basson, l’obélisque, Paris sous la neige, voilà ses modèles ; ou bien il grave la vision que Nodier ou Mérimée donnent de leurs héroïnes, Inès de las Sierras ou Carmen.

1380. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Voltaire n’est pas poète quand, pour peindre l’amour, il emploie tous les termes abstraits ou toutes les métaphores usées du dictionnaire ; mais l’auteur du Cantique des Cantiques, dont Voltaire se moquait, est poète quand il compare les dents de sa maîtresse à de petits moutons blancs qui sortent en rang du lavoir.

1381. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Extrait du virelai : Prendés le blanc, prendés le noir.

1382. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Les habiles gens s’entendront mieux avec Descartes écrivant que « les poils blancs qui commencent à lui venir l’avertissent qu’il ne doit plus étudier, en physique, à autre chose qu’au moyen de les retarder. » Et ailleurs : « Qu’il n’a jamais eu tant de soin de se conserver que maintenant. » Et plus loin : « Qu’il fait un abrégé de médecine, dont il espère pouvoir se servir par provision pour obtenir quelque délai de la nature. » Ceux qui souffrent, et c’est le grand nombre, ceux qui ont la mauvaise part dans la distribution des biens de fortune, d’opinion ou de santé, ceux pour qui en particulier le Christ est venu, aimeront mieux Pascal disant dans cette sublime prière que j’ai citée : « Je ne trouve en moi, Seigneur, rien qui vous puisse agréer ; je ne vois rien que mes seules douleurs, qui ont quelque ressemblance avec les vôtres.

1383. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Sa taille admirable était dissimulée par une pèlerine ; ses mains, longues et blanches, étaient toujours perdues dans des mitaines.

1384. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Wotan s’éteindra dans l’inexorable crépuscule, malgré Siegmund mort pour lui, malgré Siegfried assassiné à cause de lui ; et la walkyrie Brünehilde, la déesse devenue femme, la divinité devenue humanité, terrible sur son cheval dont les grandes ailes palpitent comme des flammes blanches sur les flammes du bûcher, proclamera la fin des dieux engloutis dans l’abîme de leur faute, et la gloire enfin de l’homme extasié dans l’amour.

1385. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Si nous allions plus loin, nous pourrions montrer que la psychologie ordinaire, en se restreignant à l’homme, n’a pas même embrassé tout l’homme, qu’elle ne s’est point souciée des races inférieures (noires, jaunes), qu’elle s’est contentée d’affirmer que les facultés humaines sont identiques en nature et ne varient qu’en degré, comme si la différence de degré ne pouvait pas être telle souvent, qu’elle équivaut à une différence de nature ; que dans l’homme elle a pris les facultés toutes constituées et qu’elle ne s’est occupée que rarement de leur mode de développement ; de sorte qu’en dernière analyse, la psychologie, au lieu d’être la science des phénomènes psychiques, a pris simplement pour objet l’homme adulte, blanc et civilisé.

1386. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

En vertu de la première loi, les sensations analogues s’associent : les sons graves ont une parenté avec les couleurs sombres ; les sons élevés avec les couleurs claires et avec le blanc.

1387. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

« Quoique formé de petites mailles très-serrées », continue à chanter le héros, « le tissu d’écorces, négligemment jeté sur ses blanches épaules, ne peut déguiser entièrement les contours de sa taille : telle la fleur à demi voilée par les feuilles jaunissantes déjà flétries autour de son calice.

1388. (1914) Boulevard et coulisses

Mais à peine avait-il commencé que la porte s’ouvrit et que parut un homme de taille moyenne, très élégant, en habit et cravate blanche, tenant d’une main des gants et agitant, de l’autre, un paquet d’épreuves d’imprimerie.

1389. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Une écume blanche, légère et gaie, en suit les contours changeants.

1390. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Quand il y a de la révolte, de l’impertinence ou de l’insurgerie, à la bonne heure que les maîtres se fâchent ; mais quand on parle poliment, chacun est libre de dire sa raison ; on peut tirer son chapeau devant le drapeau tricolore et dire qu’on a de l’amitié pour la croix blanche. […] A le voir avec la tête haute toujours découverte, ses beaux cheveux blancs et son verbe ardent, enflammé, il avait l’air d’un prophète : « C’est comme notre Etna, disait un jour un seigneur sicilien qui sortait de causer avec lui, il a la neige sur la tête et le feu dans la bouche : Pare il nostro Etna : la neve in testa ed il fuoco in bocca. » Peu de temps avant sa mort, il écrivait à un de ses amis de France : « Je sens que mon esprit et ma santé s’affaiblissent tous les jours.

1391. (1842) Discours sur l’esprit positif

La majorité de notre espèce n’est point encore sortie d’un tel état qui persiste aujourd’hui chez la plus nombreuse des trois races humaines, outre l’élite de la race noire et la partie la moins avancée de la race blanche. […] Sous des formes très diverses, et même radicalement inconciliables, cet extrême mode du régime préliminaire persiste encore avec une énergie fort inégale, chez l’immense majorité de la race blanche ; mais, quoiqu’il soit ainsi d’une observation plus facile, ces mêmes préoccupations personnelles apportent aujourd’hui un trop fréquent obstacle à sa judicieuse appréciation, faute d’une comparaison assez rationnelle et assez impartiale avec les deux modes précédents.

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