/ 3617
745. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

C’est le mouvement vrai, le premier mouvement. […] Tout cela est vrai. […] C’est du vrai style. […] Tout est vrai. […] Il s’agit de définir ce que doit être la vraie conversation.

746. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Hugues Rebell et ses vraies chimères. […] Mais les femmes, les vraies femmes en vraie chair et en vraies robes détestent cette inconnue qu’elles devinent, nuage miraculeux, entre leur beauté et les yeux du berger ; ― et la bergère dit : «. .. […] Il faut donc comprendre tout ce qu’il y a de légitime et de vrai dans la modération de M.  […] Je n’aime guère cette histoire, trop médicale, de transfusion du sang, mais le thème accepté, on est en présence d’un vrai drame d’aujourd’hui, hardi et vrai. […] Bataille dans sa Préface, « plus le drame apparaît simple et dépourvu de haute signification, mieux le vrai but est atteint ».

747. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Est-ce dans le Cid qu’est le vrai Corneille ? […] Oui, tous ces personnages sont vrais. […] Mais ils sont vrais, à les bien prendre. […] — C’est vrai. […] Oui, c’est vrai, et c’est vrai aussi qu’il y a dans Un Parisien un peu trop de froufrou et de papillotage.

748. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il est vrai que l’article était de M.  […] C’est un peu précieusement dit, mais c’est vrai. […] mais c’est un homme de lettres. — C’est vrai ! […] Si cela est vrai, je me demande si M.  […] Le talent si simple et si vrai de M. 

749. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

C’est même ici la vraie distinction, ou l’une au moins des vraies distinctions entre ces deux sentiments. […] C’est même ce que je suis porté à croire comme étant le vrai. […] Dans le monde moderne c’est la solution vraie, c’est la vérité. […] Voilà, au vrai, les « deux Frances » de 1850 à 1870. […] Il est vrai qu’immédiatement après, M. 

750. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « epigraph »

« Mais si, comme on l’a dit et comme de notre temps on ne se lasse pas de le prouver, l’histoire est toujours à faire, cela est vrai surtout de l’histoire des lettres, où les tentatives nouvelles du talent, les disputes des écoles, les prétentions du paradoxe et les démentis de l’expérience font incessamment découvrir des points de vue négligés dans l’art, des enseignements utiles pour le présent, des encouragements à la vraie nouveauté, des préservatifs contre la fausse et stérile hardiesse, et toute une étude d’imagination et le goût à faire pour l’avenir, sur les monuments du passé. » M. 

751. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

C’était un vrai hidalgo de lettres. […] de vrais miracles qui semblent à tout le monde très simples et très naturels ! […] Dans le vrai sens du mot, « il était du théâtre ». […] C’était là de la vraie terreur, de la vraie passion, du vrai drame. […] Ses vers, publiés par de Latouche, furent une vraie révélation.

752. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Il est vrai que les préceptes ne font naître ni le Poëte ni les Orateurs ; mais ils servent à les former & les retenir dans les bornes du vrai goût, que les Esprits même les plus médiocres se croient trop souvent en droit de franchir.

753. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Je ne pense pas que Théophile Gautier, de qui on a souvent rapproché M. de Saint-Victor, et qui, en effet, a pu être son maître un moment, soit aussi neutre, aussi indulgent, aussi placide d’impression qu’on veut bien le dire : il est facile, quand on lit Gautier avec intelligence, de saisir sa vraie impression et de la discerner, comme un sable fin, au fond de ce beau lac d’indifférence où il se joue ; mais enfin M. de Saint-Victor se distingue absolument de lui par la vivacité avec laquelle il articule et accuse en toute rencontre ses affections ou ses répugnances. […] Les portraits historiques sont certainement ce qu’il y a de plus notable dans le volume que nous annonçons : Néron, Marc-Aurèle, sont d’admirables contrastes, et chacun fouillé dans son genre ; Louis XI, César Borgia, le bizarre et perfide Henri III, ce roi-femme, — l’Espagne, l’Espagne surtout sous Charles II, — composent une suite, une vraie galerie où les amateurs de tableaux trouveront à inscrire au bas de chaque page les noms parallèles des maîtres du pinceau qui y correspondent. M. de Saint-Victor fait en littérature de vrais pendants aux Francia, aux Velasquez… Je laisse les noms en blanc, ne haïssant rien tant que les à peu près et ne m’aventurant que le moins possible hors de mon domaine. […] Il tient en tout à observer les degrés ; il ordonne volontiers la littérature et l’art comme Raphaël ordonne l’École d’Athènes, et comme Ingres son plafond ; chaque génie, chaque talent y est à son plan et selon sa mesure ; Gil Blas n’y est pas mis de niveau avec le Don Quichotte : rien de plus vrai ni de mieux senti ; mais il n’y a pas seulement des degrés, il y a des exclusions, il y a des anathèmes : c’était à peu près inévitable.

754. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Mais dès qu’en ouvrant le livre on s’est vu introduit dans un monde vrai, vivant, nôtre, à cent lieues des scènes historiques et des lambeaux de moyen âge, dont tant de faiseurs nous ont repus jusqu’à satiété ; quand on a trouvé des mœurs, des personnages comme il en existe autour de nous, un langage naturel, des scènes d’un encadrement familier, des passions violentes, non communes, mais sincèrement éprouvées ou observées, telles qu’il s’en développe encore dans bien des cœurs sous l’uniformité apparente et la régularité frivole de notre vie ; quand Indiana, Noun, Raymon de Ramière, la mère de Raymon, M. […] »  Indiana n’est pas un chef-d’œuvre ; il y a dans le livre un endroit, après la mort de Noun, après la découverte fatale qui traverse l’âme d’Indiana, après cette matinée de délire où elle arrive jusque dans la chambre de Raymon qui la repousse, — il y a là un point, une ligne de démarcation où la partie vraie, sentie, observée, du roman se termine ; le reste, qui semble d’invention presque pure, renferme encore de beaux développements, de grandes et poétiques scènes ; mais la fantaisie s’efforce de continuer la réalité, l’imagination s’est chargée de couronner l’aventure. […] On saura qu’Indiana a amené de Bourbon avec elle une femme de chambre, ou plutôt une amie d’enfance qui ne l’a jamais quittée, une vraie créole, une vive et piquante Indienne, Noun. […] Les personnages restent vrais, les scènes sont vraisemblables dans leur complication : sir Ralph seul touche un peu, par moments, à la caricature, mais nous ne le remarquerions pas, n’était le rôle final, le volte-face miraculeux auquel il est destiné.

755. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Il est vrai qu’on trouve dans les livres bouddhiques des paraboles exactement du même ton et de la même facture que les paraboles évangéliques 483. […] Le pauvre, qui n’en souffrait pas, devait se regarder comme le favori de Dieu, tandis que le riche, ayant une possession peu sûre, était le vrai déshérité. […] Des utopies de vie bienheureuse, fondées sur la fraternité des hommes et le culte pur du vrai Dieu, préoccupaient les âmes élevées et produisaient de toutes parts des essais hardis, sincères, mais de peu d’avenir. […] Enfin, dans un moment où, moins exagéré, Jésus ne présente l’obligation de vendre ses biens et de les donner aux pauvres que comme un conseil de perfection, il fait encore cette déclaration terrible : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu 502. » Un sentiment d’une admirable profondeur domina en tout ceci Jésus, ainsi que la bande de joyeux enfants qui l’accompagnaient, et fit de lui pour l’éternité le vrai créateur de la paix de l’âme, le grand consolateur de la vie.

756. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Ses tableaux des différens vices, des divers ridicules des hommes sont si vrais qu’on y reconnoît les originaux de tous les pays. […] Il est vrai qu’il avoit sur les yeux le bandeau de la foi ; mais il voyoit à travers son bandeau, comme l’a dit un homme d’esprit. […] Le Traité du vrai Mérite, par M. le Maitre de Claville, est un recueil de trivialités de collège, rassemblées sans ordre & quelquefois sans goût. […] Le vrai y est exposé avec cette aimable liberté qui sied si bien dans les ouvrages, où l’esprit ne fait que suivre les sentimens du cœur.

757. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Nous ne sommes plus, il est vrai, gouvernés par les doctrines anciennes ; mais nous sommes toujours régis par les institutions primitives, en ce sens que ce sont elles qui ont tout fondé. […] De même la parole fut douée, au commencement, d’une puissance et d’une fécondité dont elle ne jouit plus, il est vrai, mais dont les effets se perpétuent encore, Dieu n’a pas besoin de renouveler à chaque instant les miracles de la première création. […] Ainsi la liberté morale, qui est, en définitive, la vraie liberté, et dont la liberté politique n’est, pour ainsi dire, qu’une image, s’agitait dans les liens de la parole pour les rendre moins pesants. […] Mais, quoi qu’il en soit, j’ai besoin de le redire, et je voudrais faire passer dans mes lecteurs la conviction intime où je suis que Dieu ayant fait l’homme pour vivre en société, la providence de Dieu ne cessera point de veiller sur les sociétés humaines ; quoi qu’il en soit, répéterons-nous, s’il est vrai que jusqu’à présent Dieu se soit servi de la parole pour diriger les destinées du genre humain, si la parole enfin a été jusqu’à présent une révélation toujours subsistante au sein de la société, et que ce moyen ait cessé de lui paraître utile ou nécessaire, il saura bien en faire sortir un autre de la force même des choses, en supposant que celui-là manquât d’une manière absolue, ce que je suis loin d’admettre, ainsi qu’on a pu le voir, ou en supposant qu’il soit devenu insuffisant, ce qu’on sera beaucoup plus porté à croire.

758. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Qu’un jour, par exemple, il ait pris pour sujet de ses investigations et de ses récits la conquête du Mexique par les Espagnols qu’il a racontée, je n’en suis nullement étonné, et même je me l’explique très bien ; car la conquête du Mexique, c’est l’histoire d’une aventure inouïe d’audace et de cruauté, et qui devait saisir avec puissance ce tempérament d’aventurier, lequel est le vrai tempérament américain. […] lui, Prescott, le protestant de vue et le nihiliste religieux d’opinion, convient, avec une bonne foi impartiale des plus élevées, que le Concile de Trente a beaucoup influé sur la moralité du clergé catholique, et que ce fut la vraie, la seule nécessaire Réformation… Ici, je défie de dire mieux. […] Il est vrai qu’elle tremble bien peu. […] Il raconte Granvelle, cette figure impassible qui a tant de sensibilité par-dessous… ce cardinal qui a la beauté calme d’une physionomie militaire, cet homme blanchi à quarante-six ans par des soucis affreux, impopulaire, — la gloire vraie de tous les grands ministres ! 

759. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Voici Bacon et Descartes, il est vrai, voici Spinosa, mais le néant revient : qu’est-ce que Thomas Smith et Thomas Morus, et Sidney, et Nedham, et Milton, Milton, comme philosophe ? […] et il ajoute, par une opposition qu’il est difficile de comprendre : « La philosophie politique ne vogue pas sans boussole sur cette mer des destinées où Dieu lui apparaît comme pôle et la vraie liberté pour port. » Mais l’utopie aussi a parlé ce langage. […] Elle est restée aussi, comme une sage petite fille, les yeux baissés et les mains jointes sur sa ceinture, dans cette idée prude ou hypocrite d’une vraie liberté, et elle a mis Dieu par-dessus, mais quel Dieu ? […] Le Dieu de M. de Beauverger ne serait-il que le Dieu du Vicaire savoyard de Jean-Jacques, et parmi tant de libertés fausses, qu’elle est donc sa vraie liberté ?

760. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Malheureusement, l’Italia fara dà se n’est pas plus vrai en littérature qu’en politique. […] Excepté deux histoires, parmi ces histoires, et surtout une, qui me paraît un vrai chef-d’œuvre, dû à mieux et à plus que du talent, c’est-à-dire à des circonstances d’esprit très-particulières et sur lesquelles je vais revenir, il n’y a rien dans ces Amours d’Italie qui puisse classer grandement leur auteur. […] Boccace, l’autre Boccace, c’est-à-dire le vrai, est, lui, l’imagination la plus italienne qui ait jamais existé parmi les plus fines imaginations d’Italie, ces rosés de l’Arno ! […] L’Italie lieu commun, celle-là qu’il faut traverser pour arriver à l’Italie intime, à l’Italie vraie et profonde, à (celle-là qu’on n’apprend, disait lord Byron, qui l’y avait étudiée, que quand on s’est assis à son foyer pendant des années.

761. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

. — Comment chez les Grecs la philosophie sortit de la législation Il y a bien d’autres effets importants, surtout dans la jurisprudence romaine, dont on ne peut trouver la cause que dans nos principes, et surtout dans le 9e axiome [lorsque les hommes ne peuvent atteindre le vrai, ils s’en tiennent au certain]. […] Il était impossible que l’enfance de l’humanité suivît une marche différente ; on a remarqué dans un axiome que les enfants ont au plus haut degré la faculté d’imiter le vrai dans les choses qui ne sont point au-dessus de leur portée ; c’est en quoi consiste la poésie, laquelle n’est qu’imitation. […] De ces personæ, de ces masques qu’employaient les fables dramatiques si vraies et si sévères du droit, dérivent les premières origines de la doctrine du droit personnel. […] Enfin la raison humaine ayant pris tout son développement, le certain alla se confondre avec le vrai des idées relatives à la justice, lesquelles furent déterminées par la raison d’après les circonstances les plus particulières des faits ; formule éternelle qui n’est sujette à aucune forme particulière, mais qui éclaire toutes les formes diverses des faits, comme la lumière qui n’a point de figure, nous montre celle des corps opaques dans les moindres parties de leur superficie.

762. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

On sait aujourd’hui que le vrai Cid ne ressemble guère à celui de la légende et de la poésie. […] Il y eut d’abord une brochure anonyme, intitulée : l’Auteur du vrai Cid espagnol. […] Est-ce vrai ? […] Don Garcia Il est vrai. […] Vraie ou fausse, la légende donne une idée de ce que l’on disait et croyait de lui.

763. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Est-il vrai que ce soit l’opposition organisée ? Est-il vrai qu’un tribun soit condamné à s’opposer toujours, sans raison et sans mesure, au gouvernement ; à attaquer tout ce qu’il fait et tout ce qu’il propose ; à déclamer contre lui quand il approuve le plus sa conduite ? […] Un vrai conseiller d’État est un tribun placé près de l’autorité suprême. Le vrai tribun est un conseiller d’État placé au milieu du peuple. […] À cette date, si voisine de la confusion, les hommes n’étaient pas encore assez triés et démêlés, assez remis chacun dans leur vrai jour.

764. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Le vrai avantage qu’il me procurera, c’est de pouvoir de temps à autre me montrer à moi-même tel que j’ai été, tel que j’aurais voulu être, et tel que je l’aurais pu si j’eusse été secondé. […] Mais le vrai est que lorsque je me suis regardé dans un miroir, sans me trouver laid j’étais bien loin de me trouver tel que je semblais être pour les autres, et je me suis persuadé que leur imagination faisait la moitié des frais. […] La personne qui était en tiers avec nous ne me laissait pas assez libre sur mon vrai sérieux pour que je le fusse aussi sur ma vraie gaieté ; mais cela n’est point une excuse. […] Lavater, en louant le meilleur ouvrage de Saint-Martin, L’Homme de désir, avouait ingénument qu’il ne l’entendait pas tout entier : « Et dans le vrai, dit Saint-Martin, Lavater eût été fait pour tout entendre, s’il avait eu des guides. […] — Ce n’est pas qu’il n’y eût, par moments, bien de l’ambition et un gros orgueil au fond de ce doux Ballanche : il se croyait par éclairs un révélateur et un précurseur de je ne sais quel dogme futur qui serait plus vrai que tous ceux du passé ; mais le plus souvent le Léviathan dormait au fond du lac comme son doux maître. — Un jour, me parlant de Chateaubriand, Ballanche me disait : « Ne croyez-vous pas, monsieur, que le règne de la phrase est passé ? 

765. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Coigny m’a dit que c’était peut-être vrai, et que ces arbres avaient l’air d’être les arbres généalogiques des anciens souverains de ces contrées. […] C’était considérer ce travail sous son vrai jour, c’est-à-dire comme un exercice individuel qu’elle se proposait et comme un passe-temps fructueux. […] — La vraie philosophie, c’est de préférer ce qu’on a et de voir toutes chose du bon côté. De même, le vrai christianisme consiste à faire à tous les êtres animés, bêtes et gens, le plus de bien possible, et à attendre la mort sans crainte comme sans impatience. […] Mme de Tracy eut cette marque de franchise ; elle était restée très vraie, très elle-même, et, avec un certain air de caprice, travaillant à s’améliorer toujours.

766. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Quand on a vécu dix ans auprès d’un vrai grand homme, on doit trouver le reste un peu terne et décoloré.  […] Combien d’esprits et de talents poétiques, dans le temps de la vogue des tragédies ou des poëmes descriptifs, s’y sont épuisés, qui auraient pu toucher ou plaire dans des genres moindres et plus vrais ! […] Les Anglais, depuis William Cowper, le savent bien, eux à qui nous devons tant de recueils vrais, variés, autant d’âmes ! […] Nous avons à passer avec Gœthe la revue de presque tous nos auteurs en vogue dans les dix dernières années de la Restauration, à entendre sur eux son avis vrai et sans fard. […] Miss Fuller était une Américaine de Boston, personne d’un vrai mérite et d’une grande vigueur intellectuelle.

767. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

S’il est vrai que Théophile Gautier partagea ou eut l’air de partager quelques-uns des travers qu’il décrit, il était impossible de les railler avec plus de conscience, d’esprit et de finesse. […] je ne sais pas à quoi il ne croyait pas, tout esprit fort qu’il était : il est vrai qu’il ne croyait pas en Dieu ; mais, en revanche, il croyait en Jupiter, en M.  […] D’Albert est né trop tard ; il y a aussi des climats pour les âmes, et, une fois le vrai climat manqué, elles sont à jamais dépaysées et souffrent d’une nostalgie immortelle. […] Serait-il vrai qu’en France nous soyons en poésie comme en religion, exclusifs et négatifs ? […] Je n’ai pas présents tous les noms de la vraie Bohême, et il en est sorti, je le crois volontiers, plus d’un artiste et d’un écrivain qui a sa valeur.

768. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Lamartine De tout temps et même dans les âges les plus troublés, les moins assujettis à une discipline et à une croyance, il y a eu des âmes tendres, pénétrées, ferventes, ravies d’infinis désirs et ramenées par un naturel essor aux régions absolues du Vrai, de la Beauté et de l’Amour. […] Cela est encore plus vrai de Voltaire, qui toutefois dans certains passages de Zaïre, surtout dans quelques-unes de ses poésies diverses, a effleuré des cordes touchantes, deviné de secrets soupirs, mais ne l’a fait qu’à la traverse et par caprices rapides, il y a de la rage et trop d’insulte dans les cris étouffés de Gilbert. […] Alfred de Vigny, resta, jusqu’à ces derniers temps, inaperçu et, disons-le, méconnu de Lamartine, qui n’avait rien, il est vrai, à tirer de ce mode d’inspiration antique, et dont le style était déjà né de lui-même à la source de ses pensées. […] On a dit que Lamartine s’adressait à l’âme encore plus qu’au cœur : cela est vrai, si par l’âme on entend, en quelque sorte, le cœur plus étendu et universalisé. […] Il a raison, pensais-je, il dit vrai, le poëte !

769. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Jeune, on rêve la gloire littéraire sous une forme plus brillante, plus idéale, plus poétique ; on tente l’arène lyrique ou la scène, on se propose tout bas ce qui donne le triomphe au Capitole et le vrai laurier. […] Ce qui est ainsi vrai de plusieurs ne paraît pas l’être pour M. […] Gabriel Naudé nous dit là son goût de penseur hardi et sceptique, il nous trahit son gibier favori et ce qu’il aime, sans préjudice des autres pièces : philosophe vorace, il lit tout, il y attrape des milliasses de pensées, et les enveloppe à son tour dans quelqu’un de ces écrits indigestes et copieux, vrai farrago, mais qui font encore aujourd’hui les délices de qui sait en tirer le suc et l’esprit. […] Parmi les morceaux d’une histoire littéraire plus lointaine et plus désintéressée, il faut mettre au premier rang la notice sur Camoëns, vrai petit chef-d’œuvre où la curiosité de l’étude et l’exquis de l’érudition viennent se fondre dans un sentiment bien délicat de cette chevaleresque poésie. […] Pourtant, encore une fois, c’est moins au nom de cette perspective, toujours si pâle et si mêlée d’ombres, qu’il faut s’adresser au vrai critique et le convier à ne pas cesser ; la vérité voilà ce qui l’inspire, la vérité littéraire, le plaisir de la dire avec piquant ou avec détour, l’amour d’une étude courante et animée.

770. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

A vrai dire, soldats et chefs n’allaient pas toujours du même pas ; le chef était le plus indiscipliné, tiraillant à sa fantaisie, et parfois sur ceux de son armée qui s’avançaient trop à son gré. […] Elle ne respectait pas les plus vraies gloires du siècle, elle les démolissait à coups d’ironies et d’épigrammes : Voltaire eut la petitesse d’être gêné par la grandeur de Montesquieu. […] Il n’a pas eu le grand goût, le sens profond de l’art, de la poésie : il a eu des timidités d’écolier, des répugnances de petite-maîtresse, devant la vraie nature et devant les maîtres qui l’ont rendue. […] Il voit toutes choses du point de vue de la raison : l’idée du vrai est comme la catégorie de son esprit, hors de laquelle il ne peut rien concevoir. […] Toujours son intelligence se révèle curieuse avant tout du vrai, du vrai rationnel : il juge toutes les actions de ses personnages ; il ne les a prises même que pour les juger, comme exemplaires de tous les préjugés ou sottises qu’il combat.

771. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Cette réaction, pour être vraie, fut, je crois, davantage dans la forme que dans l’esprit. […] À dire vrai, et pris en leur ensemble, ce furent d’honnêtes et probes artistes que ces Parnassiens. […] Le désir de faire ressemblant les préoccupa davantage que le souci de faire vrai. […] Être vrai. […] Rien de plus vrai, si l’on ajoute que ces deux tendances furent l’une, momentanée, l’autre circonstancielle.

772. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

On n’a plus, il est vrai, le plaisir d’y entendre Piron, Voltaire, etc. » Piron et Pindare ! […] Dans cette brochure si exécrable d’esprit et de tendance, il y a des parties fort gaies en effet, et spirituelles ; il y a de la vraie verve. […] M. de Lally, rien n’est beau que le vrai ! […] André Chénier avait publié, en août 1790, un Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, dans lequel il essayait, avec la modération et la fermeté qui distinguent sa noble plume, de tracer la ligne de séparation entre le vrai patriotisme et la fausse exaltation qui poussait aux abîmes. […] De ce que tous deux, Camille Desmoulins et André Chénier, ont été finalement victimes, ce n’est pas une raison pour les confondre ; sachons faire la part de chacun, et maintenons à son vrai rang dans l’estime publique celui qui, en un temps de violence, de lâcheté et de frénésie, fut du petit nombre des hommes qui ne dévièrent jamais.

773. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Ce dernier trait est plus vrai de Marmontel qu’il n’a l’air de le croire quand il nous le dit en souriant. […] Il est vrai qu’à son réveil matinal, durant ses heureux séjours à la campagne, Marmontel sait également savourer une ample jatte de lait écumant . […] » Il manque peu de chose à ces premiers livres des Mémoires de Marmontel pour en faire de vrais chefs-d’œuvre de récit et de peinture familière et domestique. […] On reconnaît là à ses vrais signes un sentiment filial attendri et pieux, une honnêteté native que n’eut jamais Rousseau, si supérieur par tant de parties. […] Cet unanimement était vrai à une voix près : « Lorsqu’on fut aux voix, dit Bailly en ses Mémoires, je remarquai bien qu’un seul membre, M. 

774. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Ils ont rencontré l’un et l’autre le vrai rythme, sans y penser. […] Celle-ci est belle, très-belle ; elle est fortement coloriée ; il y a une grande intelligence de presque toutes les parties de l’art, ce nuage rougeâtre qui occupe la partie supérieure du fond est bien vrai. […] On sait ces bizarreries, mais on les pardonne à la probité, au bon goût et au vrai mérite. […] L’autre y sème des personnages et des incidents de toute espèce, et ces personnages et ces incidens, quoique vrais, ne sont pas la nature commune des champs. […] Animaux vrais, peints et éclairés largement ; les brebis, les chèvres, les boucs, les béliers et l’âne sont surprenans.

775. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

La révolution de Juillet, née de toutes les idées que la Restauration tint pour vraies, n’a pas tué, à elle seule, la Restauration. […] Ce livre n’était pas, il est vrai, l’histoire complète de la Restauration, ce n’en ôtait que l’histoire littéraire : mais l’histoire littéraire d’une époque, c’est sa pensée, et qui tient la pensée tient tout, quand il s’agit de l’homme et de l’humanité ! […] « Vous avez mis — lui écrivait cet atroce railleur qu’il ne nomme pas — vous avez mis la sympathie à la place de la controverse. » Et le mot est vrai dans sa flatterie cruelle. […] Nettement la pensée du sien, elle avait le facile avantage de raconter une littérature étrangère ; et n’aurait-elle pas eu ce style inouï, ce mirage d’idées, comme disait Byron, qui lui aurait permis de se passer de pensées fortes et d’aperçus vrais, si elle n’en avait pas eu, elle apprenait du moins à la France ce que la France ne savait pas. […] Il est vrai que l’auteur de l’Histoire de la Littérature a contre nous pour appuyer son opinion (Voir page 243, 2e volume) l’opinion de son domestique, un fier juge, le Lavater des laquais !

776. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

On reconnaissait dans la civilisation la vraie barbarie. […] Historiquement, elle dit vrai. […] Mais ils cherchent le vrai. […] Vraie comme femme. Ce drame est un pas de plus vers ce but rayonnant, le seul qu’il ait cherché au théâtre, de dégager perpétuellement le grand à travers le vrai, le vrai à travers le grand.

/ 3617