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324. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

On représenta encore ce fameux parasite logé mesquinement, & fort au haut au collège de Boncour, afin de pouvoir observer la fumée des meilleures cuisines de la ville. […] Ses méchancetés & ses reparties circuloient dans la ville : Que m’importe , disoit-il, cette métamorphose en perroquet !

325. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Avez-vous vu quelquefois au coin des rues de ces chapelles que les pauvres habitans de Ste Reine promènent sur leurs épaules de bourg en ville ? […] Je lui garantis l’entreprise de toutes les chapelles de Ste Reine et autres lieux tant en France qu’ailleurs, où les paysans malheureux aiment mieux mendier dans les grandes villes que de rester dans leurs villages à cultiver des terres où ils déposeraient leur sueur et qui ne rendraient pas un épi pour les nourrir ; à moins qu’il n’aime mieux exercer les deux métiers à la fois, faire la curiosité et la montrer.

326. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

J’envie mon ami Emile Hinzelin, qui s’est donné le plaisir de chercher, dans cette petite ville des Ardennes, les premières traces de notre maître vénéré. […] Pierson, empêché par une indisposition. »‌ Hinzelin s’est assuré, dans Vouziers, qu’aucun contemporain n’a oublié le petit garçon qui, à l’école de la ville, exerçait déjà d’une telle manière sa volonté de labeur assidu.

327. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Une faible brise de l’ouest amena l’Estafette à l’abri de l’écueil qui forme à lui seul la rade de la ville, depuis que le célèbre prince des Druses, Fakhr-el-din (Facardin), en a fait combler le port pour éloigner les flottes turques. « À notre arrivée devant chaque ville, avant de saluer le pavillon ottoman, le capitaine envoyait un officier à terre pour y régler cette cérémonie. […] Elle passa trois mois dans la ville de Brousse en Bithynie, au pied du mont Olympe, et fut tentée de s’y fixer pour toujours. […] Je l’ai fait conduire dans le désert, vers la ville qu’il dit avoir découverte ; il me doit bien des facilités apportées à son voyage, et il s’en est montré peu reconnaissant ; mais je sais oublier les ingrats. […] Je priai le pacha de Damas de les retirer et de les placer dans son khasné (trésor) particulier ; il le fit, et ils furent scellés des cachets du molleh et des cadis de la ville.

328. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le traître donna un démenti et un soufflet au Tasse ; le poète provoqua l’insulteur à un duel loyal selon les usages de la chevalerie du temps ; mais, au lieu du combat, le lâche recourut à l’assassinat ; il fondit inopinément avec quelques estafiers sur le Tasse, qui se promenait en plein midi dans la ville. […] Toute la prudence du poète se borna à éviter les grandes villes, telles que Bologne, Florence, Rome, qui se trouvaient sur sa route, à suivre les chemins les moins frayés et à ne demander l’hospitalité que dans les hameaux ou dans les chaumières. […] Cela se pourrait peut-être, reprit-il, mais la rivière qui coule devant la ville et qui sépare les frontières du Piémont de celles de Milan, a tellement grossi qu’il serait dangereux de la passer. […] Je suis né, répliquai-je, d’une mère napolitaine, et à Naples, ville célèbre d’Italie ; mon père était de Bergame, en Lombardie ; je cache mon nom, et telle est son obscurité que, si je me nommais, cela ne vous apprendrait rien ; je fuis la persécution d’un prince et de la fortune, et je vais chercher un refuge en Savoie. […] Cette habitation, dis-je, est extrêmement commode et élégante, et doit certainement être occupée par un grand seigneur qui n’a laissé rien à désirer dans cette retraite champêtre ; on y trouvait, au centre des bois, tous les raffinements du luxe des villes.

329. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Georges Pioch, le violent et succulent auteur de la Légende blasphémée, Instants de Ville, Toi, la Bonté d’aimer a su trouver des accents ardents, souvent amples, parfois forcés, toujours éloquents. […] Exilé, loin de la colline crayeuse de Moriah, où rien ne subsiste du temple de Schlemô le Sage, parmi l’uniforme laideur de nos villes grises d’Occident, il reprend la lyre des Nabis d’Israël. […] Il ne va point par la ville et la campagne, une main sur son cœur et les yeux au ciel. […] Souchon pleura comme Ovide le lumineux mirage des villes d’or enfuies et de sa jeunesse errante parmi ces paysages de cinabre que Cézanne exalta par des toiles immortelles. […] Léon Bocquet (Flandre) a célébré le sol natal et le ciel gris et tragique des villes d’usine.

330. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Cette ville est si grande, et la culture y est si diverse, que tout dieu peut y trouver sa petite Église. […] a-t-il fait séjour dans divers villages, bourgades et petites villes ? […] D’après les dernières statistiques, il contient en moyenne 33 communes au-dessous de 500 âmes, 23 communes de 500 à 1000 âmes, 17 bourgs et petites villes de 1000 à 5000 âmes, une ville moyenne ou grande au-dessus de 5000 âmes. […] Voilà pour les campagnes, les bourgs et les petites villes. — Pour les villes moyennes et grandes, chaque quartier nommera ses électeurs, de la même façon qu’une commune ordinaire. — Tous ces électeurs élus se trouveront, à un jour marqué, au chef-lieu d’arrondissement. […] Le plus savant ornithologiste de la ville me dit qu’il n’existait pas dans le pays d’oiseaux de celle espèce.

331. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Hébron, la ville patriarcale par excellence, située à deux pas du désert de Judée et à quelques heures du grand désert d’Arabie, était dès cette époque ce qu’elle est encore aujourd’hui, un des boulevards de l’esprit sémitique dans sa forme la plus austère. […] On a proposé, non sans vraisemblance, de voir dans « la ville de Juda » nommée en cet endroit de Luc la ville de Jutta (Josué, XV, 55 ; XXI, 16).

332. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Chaque ville, chaque pays a voulu avoir la liste de ses grands hommes. […] Il se fit une conspiration pour avoir son corps, comme il s’en est fait plus d’une fois pour s’emparer d’une ville. […] À son retour, que penserait le voyageur, en trouvant dans son pays les arts établis, de nouveaux habillements, des mœurs nouvelles, architectures, maisons, citadelles, villes, lois, usages, coutumes, tout enfin jusqu’au cours des fleuves et aux bornes de la mer, changé dans cet empire ?

333. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Ayant, dans ces dernières années, passé un hiver à Charleston, en compagnie de mon digne ami Bachman, je remarquai que ce charmant oiseau faisait son apparition dans cette ville et les faubourgs, au mois de décembre. […] En d’autres temps, ils planent au large, à une grande hauteur, au-dessus des villes et des forêts ; puis, avec la saison humide, reviennent voler à ras du sol, et on les voit écumer l’eau pour boire et se baigner. […] Dans nos villes, les hirondelles choisissent d’abord une cheminée spéciale pour s’y retirer. […] La ville, à cette époque, pouvait contenir une centaine de maisons, et la plupart de ces oiseaux étaient alors en route vers le sud, ne s’arrêtant simplement que pour la nuit. […] À peine étais-je de retour à Louisville, qu’un violent ouragan mêlé de tonnerre passa sur la ville, et je pensai que la précipitation des hirondelles avait eu pour cause leur inquiétude et le désir d’éviter l’orage.

334. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Emmanuel Delbousquet n’a pas suivi la coutume des jeunes provinciaux qui viennent gâcher à Paris leur talent naturel, en écrivant des études de grande ville pour lesquelles l’expérience fait défaut, M.  […] L’Océan lointain des toits et des murailles de la ville luisait comme un pays héroïque et fabuleux. […] Mais j’écoutais déjà venir des clameurs confuses, et quand je pénétrai dans tes murs, je reçus en moi la lumière de ta beauté, ô ville radieuse et violente, intarissable source de naissances et de joies, femelle aux seins de soleil et d’amour, aux entrailles ivres et palpitantes et torturées de remous passionnées, ville au sexe de feu !  […] En dehors d’un cercle de villes où il a coutume de retrouver ses habitudes, il lui déplaît de s’aventurer. […] Il avait écrit une excellente étude des mœurs des petites villes, Les Jeux de la Préfecture.

335. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Une petite ville très blanche, au creux d’une vallée et tout entourée de collines. […] Ma vieille ville n’est point de celles-là. […] Ainsi, ma petite ville, toute son auguste pensée est dans sa cathédrale. […] La retraite militaire parcourait la ville. […] … J’allai ensuite, comme externe, au lycée de ma ville natale.

336. (1902) Propos littéraires. Première série

Où nous sommes, c’est dans une ville de province. […] La scène se passe dans une grande ville du midi de la France. […] Je vous dis que de Hyères à Menton c’est une ville, une ville en long, une ville serpentine, une ville d’une forme très spéciale, mais une seule ville, avec une rue qui est le chemin de fer, un boulevard qui est la plage, un bois de Boulogne qui est la mer et un Fontainebleau qui est l’Estérel. C’est une très belle ville. […] Zola qui porte pour titre le nom de cette ville.

337. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Jules Laforgue était alors à Berlin, ou aux villes d’eaux d’Allemagne, lecteur de l’impératrice Augusta. […] Il sait les vies brillantes et fanfarantes, mais volontairement il entoure d’une étamine ou d’une mousseline brodée de dessins blancs l’enfant de son rêve, et il a élu terre d’évocation Bruges, la ville aux carillons, la ville mi-déserte, la ville où les Memlink brillent comme châsses d’améthyste dans le silence propre d’un hôpital. […] Le carillonneur est le seul habitant mental de la ville qu’il s’est créée. […] C’est cette préoccupation « que deviendra Paris, que sera la ville future ?  […] On synthétise les lignes architecturales : on retrouve, par l’art, la nature primitive, et l’on fait, sur ce modèle, des jardins ; des passerelles et des balcons traversent la ville ; un cirque, du genre de celui de Syssites de Flaubert, enserre tout le commerce de la ville et en débarrasse le demeurant ; l’argent n’y a plus de prix — plus de villages, des villes, des faubourgs, et des campagnes pour la chasse.

338. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Il revint dans sa ville natale. […]  » Le même type se retrouve avec des nuances parmi les ouvriers des villes. […] Quelles villes ! […] Dans aucune œuvre ce sentiment ne se traduit avec plus de pathétique et de conscience que dans cette Allégorie de la ville de Pise sculptée par Giovanni Pisano pour la chaire de la cathédrale de cette ville. […] La personnalité morale d’une ville et, d’un pays est faite du souvenir de leurs grands morts.

339. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Sa femme éperdue se hâte d’arriver dans cette ville ; Amaury l’accompagne. […] « Toute leur glace, dit un ingénieux biographe, vient se fondre à son ardente sensibilité. » On l’héberge, on le voiture ; il a maison de ville et maison de plaisance, tout un musée pour lui seul ; il entre, il sort à tout propos. […] Tout à l’heure nous étions encore en Europe ; Calcutta, c’est une ville anglaise. […] L’intention de Victor Jacquemont était de visiter dans toute son étendue, du nord au sud, la presqu’île en deçà du Gange, et de s’arrêter à Bombay, après avoir traversé le Rajepoutanah, le pays des Marattes, et séjourné dans plusieurs villes importantes, Jaypore, Aymeer, Indore, Poona. […] Le 5 juin 1832, Victor Jacquemont arriva à Poona, ville de 50 000 âmes, située sur de hautes montagnes à quelques lieues de Bombay, et l’une des plus importantes stations militaires des Anglais dans la péninsule.

340. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Un des insignes bonheurs de Henri IV fut (et je parle toujours d’après des contemporains), que Henri III, un peu avant de mourir et depuis son attentat de Blois, dans l’extrémité où il se vit réduit par la révolte des principales villes, eut besoin de lui, fut contraint, au vu et su de toute la France, de capituler avec lui, de le rappeler à son service, d’en faire son bras droit et son chef d’avant-garde. […] Un parti puissant dans Paris était vendu et à la solde de Philippe II, à l’aumône du vieillard de l’Escurial qui disait déjà : « J’ai commandé au duc de Parme de venir secourir ma ville de Paris. » Ce fut le moment du grand péril pour Henri IV (1591) et pour la cause française, dont il était le bras et l’âme. […] C’était bien le cas à un contemporain, témoin de ces hontes, de s’écrier avec douleur : Malheureux serez-vous, noblesse, Église, peuples, villes, qui vous trouverez parmi ces démembreurs, si leurs desseins succèdent ; vous ne serez plus de la France : qui sera Espagnol, qui tiendra de Lorraine, qui reconnaîtra la Savoie, qui sera du gouvernement du duc de Joyeuse, érigé en comté de Toulouse, qui de la république d’Orléans, qui du duché de Berry, qui des cantons de Picardie. […] Un historien qui n’est pas exempt de faux goût, mais qui a des portions de vie et de vérité, Pierre Matthieu, a exprimé d’une manière mémorable le deuil des villes et des campagnes à cette soudaine et fatale nouvelle que Henri IV n’était plus : Dire maintenant quel a été le deuil de Paris, c’est entreprendre de persuader une chose incroyable à qui ne l’a vu.

341. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Deschanel inaugura à Bruxelles et poursuivit dans les principales villes de la Belgique de libres conférences où les femmes étaient admises, et dans lesquelles il traitait des sujets de littérature sérieuse ou aimable. […] Autrefois, du temps de l’Empire romain, il y avait des rhéteurs ou sophistes qui couraient les provinces et les villes, et dont quelques-uns, par leurs tours de force et leur dextérité de parole, obtenaient de prodigieux succès. […] Deschanel, quand il va de ville en ville et de pays en pays propager le goût des conférences, n’est l’envoyé de personne et ne tient sa mission que de lui-même.

342. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

L’évêque s’en était ému ; il avait relégué le religieux disgracié à Thonon, autre petite ville de son diocèse. […] Dans un grand nombre de villes et de provinces, des séditions étonnèrent ce règne, qui trouvait tout prosterné devant lui. […] Quand il devint trop étroit, Fénelon leur ouvrit son séminaire et loua des maisons dans la ville. […] Chez lui, dans les hôpitaux, par la ville, il est partout où sa présence est bonne.

343. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

D’abord, il est de la ville, et vécut à la ville. […] Depuis sa première enfance, il vit dans le tumulte de la grande ville ; de sa guérite au-dessus du grenier, dans la maison de la cour du Palais, son oreille perçoit chaque jour la clameur aiguë et matinale des coqs, et tous ces bruits de la cité laborieuse qui s’éveille, les coups de marteau du serrurier voisin, les maçons chantant ou s’injuriant sur leurs échafaudages, les charrettes roulant sur le pavé, les courtauds ouvrant les boutiques avec un grand bruit de volets choqués et de voix, et puis les cloches des vingt-six églises ramassées dans l’étroite enceinte de l’île Notre-Dame. […] Pour rendre la physionomie de Paris, le mouvement de ses rues et de sa foule, ce Parisien, qui ne perdit presque jamais de vue les tours de Notre-Dame, prit le ton dolent d’un provincial réveillé trop tôt, qui regrette le silence morne de sa petite ville : cela, c’était l’idée, et une idée morale, qui faisait de l’impression une démonstration.

344. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Au sortir du sanglant et glorieux combat du 30 mars, Marmont, rentrant à Paris en son hôtel rue Paradis-Poissonnière, vit arriver chez lui, dans la soirée, ce qui restait dans la ville de grands fonctionnaires, les chefs de la Garde nationale, les magistrats municipaux, et les personnages marquants de tout genre. […] Il y avait l’honneur des armes, la défense patriotique du sol, le vœu fervent d’en repousser les étrangers, l’exaltation subsistante dans une partie de la jeunesse, dans les populations ouvrières des grandes villes et dans celles des campagnes en quelques provinces. […] Le maréchal, en arrivant à l’état-major, trouva les troupes dispersées par la ville, comme il arrive quand elles n’ont pas été consignées le matin ; on ne put les prévenir qu’à la rentrée, à la soupe de quatre heures. […] De très grand matin, le maréchal, qui ne recevait aucun renseignement de la préfecture de Police, avait dû envoyer ses officiers d’état-major en bourgeois pour reconnaître l’état de la ville.

345. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Le prince de Conti s’était attaché dans cette ville à une maîtresse aussi belle qu’elle était sotte, Mme de Calvimont. […] J’avais beaucoup d’intrigues dans la ville… Nul plus que lui ne contribua alors à insinuer parmi les bourgeois des idées de paix, à les donner au prince de Conti, à le détacher des entreprises aventureuses où les autres personnages du parti le voulaient rengager, et à conclure ce traité dont Gourville, qui survenait toujours à propos, fut aussi l’un des négociateurs et l’heureux messager. […] Comme ils étaient prêts de jouer à la ville, M. le prince de Conti, un peu piqué d’honneur par ma manière d’agir et pressé par Sarasin, que j’avais intéressé à me servir, accorda qu’ils viendraient jouer une fois sur le théâtre de La Grange. […] Si Monsieur a paru un jour plus enhardi et disposé à en parler au roi, le lendemain il se trouve tout dégoûté sur ce qu’on lui a dit qu’il y a près de Naples une montagne de feu qui rend cette ville sujette aux tremblements de terre.

346. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Il y a neuf ans278, je revenais de Rome, — de Rome qui était encore ce qu’elle aurait dû toujours être pour rester dans nos imaginations la ville éternelle, la ville du monde catholique et des tombeaux.

347. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Cela étant, les prolétaires, c’est-à-dire les non-propriétaires, la classe des ouvriers des villes et des paysans des campagnes, arrivent de droit à saisir le rôle laissé vacant par l’avancement de la bourgeoisie. […] C’est ce que, depuis juillet, malgré la clameur universelle, il a exécuté avec une sévère et imperturbable logique ; c’est ce qui a fait sacrifier la République à la quasi-Restauration ; c’est ce qui a fait sacrifier l’honneur du nom français, le sang de la Pologne, la liberté de l’Espagne et de l’Italie, à l’exigence et au despotisme des rois ; c’est ce qui a fait sacrifier toute amélioration du sort de la classe ouvrière à l’étroit égoïsme de la classe bourgeoise, sacrifier aux menues fantaisies d’un fils de roi la somme destinée à l’éducation des fils de cent mille prolétaires ; c’est ce qui a maintenu l’impôt sur les boissons et sur le sel, et rejeté les blés étrangers par-delà nos frontières ; c’est ce qui a ouvert nos provinces aux insolentes violences des carlistes, troublé nos villes aux éclats de la voix des prolétaires se frayant une issue sur les places publiques, souillé nos régiments du sang des citoyens, et répandu de toutes parts sur le sol ces étincelles qui allument la guerre civile au sein des nations.

348. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

La condition de la critique, en ce qu’elle a de journalier, de toujours mobile et nouveau, la fait ressembler un peu, je réprouve parfois, à un homme qui voyagerait sans cesse à travers des pays, villes et bourgades, où il ne ferait que passer à la hâte, sans jamais se poser ; à une sorte de Bohémien vagabond et presque de Juif errant, en proie à des diversités de spectacles et à des contrastes continuels. […] Et les autres, on ne les connaît que parce qu’ils sont remarquables par leur grande iniquité ou par leur grande stupidité, comme on connaît dans une petite ville les noms des brigands du voisinage, et les noms de l’escamoteur ou du fou qui flâne dans les rues pour amuser le peuple.

349. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

On couche dans une auberge fort incommode, au pied de la colline fauve et nue, aux luisants de faïence, où se tasse la petite ville arabe. […] J’enviais autrefois Pierre Loti, qui mourra comme moi, mais qui aura, durant sa vie, habité toute une planète, tandis que je n’aurai été l’habitant que d’une ville, ou tout au plus d’une province.

350. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Toute la ville de Rotterdam s’en entretenoit : Jurieu lui seul n’en sçavoit rien. […] Un de ces pères, qui l’avoit vu dans cette ville sur les bancs, disoit que Bayle se faisoit un amusement d’embarrasser ses maîtres, & qu’il avoit beaucoup de talent pour la dialectique.

351. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Applaudissez aux poëmes divins de Virgile ; promenez-vous dans une ville immense, où les chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture et de l’architecture suspendront à chaque pas vos regards d’admiration ; assistez aux jeux du cirque ; suivez la marche des triomphes ; voyez des rois enchaînés ; jouissez du doux spectacle de l’univers qui gémit sous la tyrannie, et partagez tous les crimes, tous les désordres de son opulent oppresseur. […] Les villes se dépeuplent.

352. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

L’évêque, son successeur, nous a laissé, à la tête de ses éloges, une description charmante de ce lieu ; on y voit un homme enthousiaste des lettres et du repos, un historien qui a l’imagination d’un poète, un évêque nourri des doux mensonges de la mythologie païenne ; car il nous peint avec transport ses jardins baignés par les flots du lac, l’ombre et la fraîcheur de ses bois, ses coteaux, ses eaux jaillissantes, le silence profond et le calme de sa solitude ; une statue élevée dans ses jardins à la nature ; au-dedans, un salon où présidait Apollon avec sa lyre et les neuf Muses avec leurs attributs ; un autre où présidait Minerve ; sa bibliothèque, qui était sous la garde de Mercure ; ensuite l’appartement des trois Grâces, orné de colonnes doriques et de peintures les plus riantes ; au-dehors, l’étendue pure et transparente du lac, ses détours tortueux, ses rivages ornés d’oliviers et de lauriers ; et, dans l’éloignement, des villes, des promontoires, des coteaux en amphithéâtre, chargés de vignes ; et les hauteurs naissantes des Alpes, couvertes de bois et de pâturages, où l’œil voyait de loin errer des troupeaux. […] Le sénat de Venise, politique et hardi, commerçant et guerrier, voulait dominer sur la mer et s’étendre en terre-ferme ; une foule de villes et de républiques étaient agitées à la fois par les orages de la liberté et par ceux de la guerre ; des factions s’élevaient, se choquaient et tombaient ; des conjurés et des tyrans périssaient tour à tour ; des généraux qui n’avaient pour bien qu’une armée, la vendaient à qui voulait ou pouvait la payer.

353. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Mais il se conserve encore de lui le début d’un hymne à Diane, moins gracieux que les vers d’Euripide, mais d’un ton chaste et noble : « Je suis à tes genoux, puissante chasseresse, blonde fille de Jupiter, Artémis, reine des hôtes sauvages des forêts, soit que maintenant, près des flots tourbillonnants du Léthé, tu regardes avec joie la ville habitée par des hommes aux cœurs courageux ; car tu n’es pas la bergère d’un peuple féroce, soit que… » Le goût peut se plaire à recueillir ces moulures tombées des fresques antiques du véritable Anacréon, et à les comparer aux ornements et aux grâces du recueil moderne. […] nous habitions autrefois la belle ville de Corinthe ; maintenant l’île d’Ajax, Salamine, nous retient ; et de là, vainqueurs des vaisseaux phéniciens, des Perses et des Mèdes, nous avons préservé le sol sacré de la Grèce104. » Puis encore, et pour mieux expliquer cette présence des Grecs de Corinthe dans l’île de Salamine, c’est-à-dire la sépulture qui conservait sur ce rivage les restes d’une partie d’entre eux, Simonide disait avec une familière énergie : « Quand la Grèce entière se tenait sur la lame d’un couteau, au prix de nos vies, nous l’avons délivrée, nous ensevelis ici.

354. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Chaque homme est tenu d’être armé, et prêt, avec son bourg ou sa ville, de repousser les maraudeurs ; ceux-ci vont par bandes ; il y en a de trente-cinq et au-delà. […] Penda le Mercien tue cinq rois, et, pour prendre la ville de Bamborough, démolit tous les villages voisins, amoncelle leurs ruines en un bûcher immense capable de brûler les habitants, entreprend d’exterminer les Northumbres, et périt lui-même par l’épée à quatre-vingts ans. […] » Ayant retenu ce chant à son réveil, il vint à la ville, et on le mena devant les hommes savants, devant l’abbesse Hilda, qui, l’ayant entendu, pensèrent qu’il avait reçu un don du ciel, et le firent moine dans l’abbaye. […] Un d’entre eux, Adlhem, s’était établi sur le pont de sa ville, et répétait des odes guerrières et profanes en même temps que des poésies religieuses, pour attirer et instruire les hommes de son temps. […] Il ajoute cinq cent mille pour les quatre comtés du Nord, pour Londres et plusieurs grandes villes, pour les moines et le clergé des campagnes qui ne sont point comptés… Il faut n’accepter ces chiffres que sous toute réserve.

355. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Y aurait-il, en avant de notre humanité, une humanité plus grande, des hommes de vingt-cinq pieds, des monuments de géants, des villes comme des royaumes. […] Ces villes des États Romains, me semblent les dernières villes, où le pauvre est encore chez lui. […] Il n’y a que les races, que les peuples, que les quartiers de ville ne malthusianisant pas, qui jettent dans le flot de la fécondité naturelle, de beaux enfants. […] Nous battons la ville. […] Dans l’ombre profonde des deux extrémités de la salle, le scintillement des boutons et des poignées d’épée des sergents de ville.

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