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512. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Il a beau identifier volupté et vertu : il entend bien par vertu quelque chose de positif et de distinct, qui peut être volupté en lui, mais non pas forcément en tout autre. […] Il prend la peine de mettre la morale au-dessus de la politique, et de réduire les hommes d’État aux strictes règles de la vie privée : il rejette absolument la loi du salut public, par laquelle on autorise tout ; et dans le service des princes, il défend qu’on se donne jusqu’à donner son innocence et sa vertu. […] Il n’y a pas de mot qu’il prononce plus souvent que celui de vérité ; il ne connaît pas de plus excellente vertu que celle de savoir céder à la vérité, où qu’elle se présente ; et il connaît deux voies qui y mènent, la raison d’abord, puis au-dessous d’elle, et sous son contrôle, l’expérience.

513. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Il avait tâché de lui faire rétablir et payer une pension de France qui lui avait été autrefois accordée par Henri III, et de le ramener, s’il se pouvait, dans sa patrie ; il en écrivit à Villeroi qui promit de s’y employer : « J’ai trouvé aussi, écrivait-il à Scaliger, M. de Sully plus doux et courtois que je ne pensais. » Mais on différa trop, et Scaliger eût le temps de mourir avant le bienfait : Il est fort regretté ici, où sa vertu et grande suffisance aux lettres ont été mieux reconnues qu’en France, écrivait le président Jeannin à de Thou, et à la vérité c’est honte à nous de n’en avoir eu plus de soin pendant qu’il a vécu. […] Le roi lui demanda à titre de service de se charger d’écrire l’histoire de son règne, l’assurant « qu’il entendait laisser la vérité en sa franchise, et à l’auteur la liberté entière de l’écrire sans fard ni artifice, et sans lui attribuer, à lui, ce qui était dû à la seule providence de Dieu ou à la vertu d’autrui ». […] Ce prud’homme était digne d’un siècle moins corrompu que le nôtre, où sa vertu n’a pas été estimée selon son prix.

514. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Jamais le sentiment mystérieux de l’âme des choses et de la vertu matinale de la nature, jamais la poétique et sauvage jouissance qu’elle fait éprouver à qui s’y replonge et s’y abandonne éperdument, n’a été exprimé chez nous avec une telle âpreté de saveur, avec un tel grandiose et une précision si parfaite d’images. […] Huit mois avant de mourir, il avait épousé une jeune personne indienne, élevée à Calcutta, et venue à Paris depuis peu d’années : « C’est en effet, dit Mlle de Guérin, une ravissante créature en beauté, en qualités et vertu, Ève charmante, venue d’Orient pour un paradis de quelques jours. » Le mariage se célébra à l’Abbaye-aux-Bois. […] On drape le dessous de bonnes vérités qui ressortent toutes riantes et gagnent les cœurs au nom de la Vierge et de ses douces vertus.

515. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

 » Quelques écrivains, de nos jours, et particulièrement les écrivains dits néo-catholiques, dans leurs peintures de l’Empire romain, se sont livrés à des exagérations, non pas sur la corruption romaine, qui était extrême, en effet, sous les Empereurs, mais sur l’absence de qualités et de vertus civiles qui réellement y brillaient encore. […] C’est une sorte de signalement qu’est censé envoyer au Sénat romain un Lentulus, gouverneur de la Judée, dans le temps où les prédications de Jésus commençaient à faire du bruit : « On voit à présent en Judée un homme d’une vertu singulière qu’on appelle Jésus-Christ. […] Mais le christianisme en soi, dans son essence, dans sa valeur morale intrinsèque, ne dépend pas de formes plus ou moins historiques ou politiques, qui se sont souvent modifiées et qui peuvent se modifier encore ; et sans sortir des Évangiles mêmes, en les relisant, en reportant surtout sa pensée, comme je l’ai fait aujourd’hui, sur les discours de Jésus, sur cet incomparable Sermon de la montagne, le premier et le plus beau de tous, on est amené à dire avec un des amis de Pascal : « Quand il n’y aurait point de prophéties pour Jésus-Christ, et qu’il serait sans miracles, il y a quelque chose de si divin dans sa doctrine et dans sa vie, qu’il en faut au moins être charmé ; et que comme il n’y a ni véritable vertu, ni droiture de cœur sans l’amour de Jésus-Christ, il n’y a non plus ni hauteur d’intelligence, ni délicatesse de sentiment sans l’admiration de Jésus-Christ. » Cette conclusion, dont se contentaient d’honnêtes gens au xviie  siècle, paraîtra peut-être encore suffisante aujourd’hui.

516. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il propose de remédier aux excès du théâtre à l’aide d’un censeur d’office ; il souhaiterait ce censeur pour les romans aussi, pour les livres de chevalerie : il est si sérieux en parlant de la sorte, qu’il trace d’après un canevas-modèle le plan d’un roman de chevalerie exemplaire qui aurait les mérites du genre sans les défauts, qui permettrait de personnifier dignement toutes les qualités morales, toutes les vertus, d’introduire dans une trame variée toutes les vicissitudes d’événements, toutes les aventures tragiques ou joyeuses, de décrire toutes les merveilles, y compris celles de la magie, de prendre tous les tons. […] Comme Don Quichotte, ils retrouvent partout l’image des vertus auxquelles ils rendent un culte… Ce dévouement continuel de l’héroïsme, ces illusions de la vertu, sont ce que l’histoire du genre humain nous présente de plus noble et de plus touchant ; c’est le thème de la haute poésie, qui n’est autre chose que le culte des sentiments désintéressés.

517. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Nos personnages ne seront que des vices, des vertus, des qualités pures, sous des noms de plantes et d’animaux. […] On ajoutera aux vices et aux vertus générales les traits particuliers qui leur sont propres : la violence du Loup, qui n’est qu’un brigand, ne sera pas la même que celle du Lion qui est un roi. […] Voyons avec quels moyens et par quelle vertu.

518. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Pour Rollin, dans ces histoires anciennes qu’il conte à la jeunesse, il y a du moins une chose que ce vieux martyr du jansénisme, ce doux révolté qui se fit chasser de son collège, casser du rectorat, exclure des assemblées de l’Université plutôt que d’accepter l’abominable bulle, il y a une chose qu’il voit dans l’antiquité, et il la fait voir, sans se douter combien elle est subversive de l’ordre établi : c’est la raide énergie des âmes, le sacrifice volontaire et répété des intérêts, des affections, des existences à une idée de patrie, de liberté ou de vertu. […] Il ne cesse de répéter que les passions qui sont en nous donnent la mesure de notre énergie morale, et que tout le secret de la vertu est de savoir utiliser, diriger, canaliser ces forces naturelles. […] Si les écrivains se classaient selon l’honnêteté, il faudrait le mettre au premier rang : mais si notre affaire n’est pas de décerner des prix de vertu, nous devons nous contenter d’un rapide et respectueux salut. — À consulter : Vinet, ouvr. cité, t. 1.

519. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Puis elle s’est aperçue que sa philosophie était insuffisante : que l’art d’ennoblir la vie par des passions nobles n’était pas une règle suffisante de vie, que le plaisir, même le plaisir de la pitié, n’était pas la vertu ni un fondement solide de vertu ; et Kant lui a offert son postulat du devoir. […] Il y aurait fort à dire sur le dessein philosophique de l’essai : Mme de Staël entreprend de prouver, ou du moins affirme avec constance que la liberté, la vertu, la gloire, les lumières ne sauraient exister isolément : elle tient pour acquis que les grandes époques littéraires sont des époques de liberté.

520. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Le dandysme est une fleur des ruines qui s’engendre de la décomposition des empires et qui s’épanouit à l’heure intermédiaire où l’élite d’hier, dépouillée de ses vertus, garde un reste de prestige comme le ciel, à l’heure où le soleil le quitte, en commémore un dernier reflet. […] Alcibiade, chez les Grecs, et Pétrone, chez les Romains, avaient essayé de remonter un courant de vulgarité, mais pour que cet état d’esprit, que l’on a nommé le dandysme, prît toute sa valeur et sa force cohésive, il y fallait des conditions spéciales et la mentalité singulière d’un peuple qui se fait gloire d’une vertu que Stendhal juge d’un ridicule stupide et dont Remy de Gourmont se moquait avec tant d’insistance. […] Ils osent parler de vertu.

521. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Toutes les vertus d’humilité, de pardon, de charité, d’abnégation, de dureté pour soi-même, vertus qu’on a nommées à bon droit chrétiennes, si l’on veut dire par là qu’elles ont été vraiment prêchées par le Christ, étaient en germe dans ce premier enseignement. […] Des hommes très vertueux, d’un autre côté, n’ont rien fait pour continuer dans le monde la tradition de la vertu.

522. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Alors il monte avec elle de sphère en sphère, de vertus en vertus, par toutes les nuances du bonheur et de la gloire, jusque dans les splendeurs du Ciel empyrée ; et Béatrix l’introduit au pied du trône de l’Éternel. […] Remonter du dernier gouffre des Enfers jusqu’au sublime sanctuaire des Cieux, embrasser la double hiérarchie des vices et des vertus, l’extrême misère et la suprême félicité, le temps et l’éternité ; peindre à la fois l’ange et l’homme, l’auteur de tout mal, et le Saint des saints ?

523. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

C’est, en général, une des vertus de ceux qui sont placés en présence de l’immensité : l’homme qui est soumis à l’action d’une force supérieure, accoutumé à reconnaître son impuissance, se soumet, facilement à l’empire de la nécessité. […] Les soldats, mes compagnons d’armes, réunissaient toutes les vertus militaires. […] Pour avoir mission et vertu de relever dans la juste mesure le nom de Marmont, il faut être un Bonaparte même : c’est à la lance d’Achille à guérir la blessure.

524. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Je regarde, dit Voltaire, la tragédie et la bonne comédie comme des leçons de vertu, de raison et de bienséance. […] S’il y a deux personnages principaux, l’un et l’autre passent de la bonne à la mauvaise fortune, ou de la mauvaise à la bonne ; ou la fortune de l’un persiste, tandis que celle de l’autre change ; et ces combinaisons se multiplient par la qualité des personnages, dont chacun peut être méchant ou bon, ou mêlé de vices et de vertus. […] Dans les fables à double révolution, il faut éviter de faire entrer deux principaux personnages de même qualité, car si, de ces deux hommes également bons ou mauvais, ou mêlés de vices et de vertus, l’un devient heureux et l’autre malheureux, l’impression de deux événements opposés se contrarie et se détruit.

525. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Rendre la vertu aimable, le vice odieux, le ridicule saillant, voilà le projet de tout honnête homme qui prend la plume, le pinceau ou le ciseau. […] C’est à toi qu’il appartient aussi de célébrer, d’éterniser les grandes et belles actions, d’honorer la vertu malheureuse et flétrie, de flétrir le vice heureux et honoré, d’effrayer les tyrans. […] Pourquoi ne veux-tu pas t’asseoir aussi parmi les précepteurs du genre humain, les consolateurs des maux de la vie, les vengeurs du crime, les rémunérateurs de la vertu ?

526. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

L’homme sait qu’il agit en vertu, j’oserais le dire, d’une délégation du Créateur ; et c’est cela seul qui fonde le précepte d’honorer son père et sa mère. […] Le courage, le dévouement, les plus hautes vertus ne se trouvent que là, ainsi que le plus grand déploiement de l’intelligence. […] Carthage succombe, parce que sans doute la Providence jugea plus convenable de confier les destinées sociales aux vertus guerrières.

527. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Le Bébé, voilà la vertu définitive de l’auteur de Monsieur et Madame, de ce Risque-tout, qui, à partir du Bébé, ne risque plus rien. Sa vertu ? […] Il parut comme un Greuze, mêlé de Crébillon, — un Greuze de l’amour conjugal et maternel, moins la vertu et l’innocence.

528. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Suffit-il de les montrer partout comme nobles, héroïques, généreux, pleins d’éloquence, de vertu et de génie ? […] Cousin, puisqu’il le dit ; il est possible que nous n’ayons point la grandeur ni la vertu des héros de la Fronde. […] Le fond de la vraie beauté, comme de la vraie vertu, comme du vrai génie, est la force.

529. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Est-il question de vertu ? Qu’est-ce que la vertu ?

530. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

D’un autre côté, les grandes vertus et les grands talents appartiennent au monde : ainsi on ne doit plus que plaindre cette ostentation malheureuse de sept villes de la Grèce qui se disputèrent la naissance d’Homère, au lieu de s’être disputé le soin de nourrir le merveilleux vieillard. […] Les poètes tragiques ont le plus souvent marché dans cette ligne ; mais on pourrait dire, relativement à eux, que, lorsqu’ils sont entrés dans un tel ordre de choses, ils ont adopté l’idée d’une fatalité aveugle, pour rehausser la vertu de l’homme luttant au sein de l’esclavage.

531. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Suleau, qui, au 10 Août, sortait de sa maison et des bras d’une jeune femme épousée par amour pour aller simplement se faire tuer aux Tuileries, et qui fut assassiné en chemin, est l’auteur d’un fier écrit adressé à Louis XVI sur « les crimes de ses vertus ». Mirabeau, tout Mirabeau qu’il fût, n’avait jamais parlé que de « vertus inertes », mais Suleau, qui trempa, d’ailleurs, dans ce glorieux complot de Mirabeau pour sauver une monarchie qui ne voulut pas être sauvée, Suleau sut dire le mot terrible qu’aucun royaliste d’alors n’eût osé prononcer et qu’aucun n’ose prononcer encore, quoique ce mot soit devenu le jugement suprême et définitif de l’histoire !

532. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Ces trois poèmes, d’une donnée que tout le monde trouverait sans peine, sont évidemment des prétextes pour peindre la vie des champs et les sentiments, et jusqu’aux vertus que, selon le poète, elle inspire. […] M. de Laprade croit sans doute, comme beaucoup de gens, que la froideur, c’est la sagesse, la force et la vertu, et elle ne l’est pas plus qu’elle n’est la poésie.

533. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

La préface du Disciple est une exhortation aux vertus civiques sur qui se fonde la prospérité des États. […] Il réserve son admiration pour des vertus plébéiennes, pour de braves gens sans malice, peu cossus, mal chaussés. […] Elle croit à la vertu des hommes, à la joie de la lumière, à l’éternelle beauté du ciel, des eaux et des fleurs. […] Bourget est arrivé à la gloire et à l’Académie sans autre secours que le mérite de ses livres, et par la seule vertu de son talent. […] C’est une vertu bien égoïste et presque une fatuité, que cette contemplation perpétuelle de soi-même.

534. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Dans son œuvre, d’ailleurs géniale, Tolstoï admet auprès de la grandeur la bassesse et la médiocrité, auprès de l’extraordinaire le banal, auprès de la vertu la corruption et le vice, auprès de la beauté la laideur et l’insignifiance. […] Diminué par ces petitesses et ces méchancetés, Saintré n’est même pas l’héritier dégénéré des héros conçus par l’épopée et le roman idéalistes du Moyen-Âge ; n’ayant plus leur vertu distinctive, la générosité chevaleresque, il ne leur ressemble plus. […] Richardson veut offrir en la personne de Charles Grandisson « le modèle des gentlemen chrétiens », et pour qu’on profite en lisant Paméla, il nous prévient par le titre tant de fois imité : Paméla ou la vertu récompensée, « suite de lettres familières écrites par une belle jeune personne à ses parents et publiées afin de cultiver les principes de la vertu et de la religion dans les esprits des jeunes gens des deux sexes, ouvrage qui a un fondement vrai82 ». […] Mais s’ils dominent, les autres, il faut qu’ils se dominent eux-mêmes, ou s’ils ne le peuvent, qu’ils voient clair dans le conflit de leurs sentiments : — Il ne leur donne qu’un nombre restreint de travers, de vices, de vertus, de passions. […] Le romantisme, si original par sa vertu essentielle, le lyrisme, l’est moins par sa curiosité, qui le conduit à faire la revue et comme le bilan des littératures et des arts antérieurs.

535. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

L’ordre, la mesure, l’éloquence, la finesse aristocratique, la politesse mondaine, la peinture exquise de la délicatesse et de la vertu, tous les traits de Racine se conviennent. […] La vertu chez nos tragiques est fondée sur la raison, sur la religion, sur l’éducation, sur la philosophie. […] » Qu’est-ce qu’une Cléopatre comme la sienne, copiée d’après la Castlemaine726, habile aux manéges et aux pleurnicheries, voluptueuse et coquette, n’ayant ni la noblesse de la vertu ni la grandeur du crime ? […] Il atteint naturellement la prose définitive ; ses idées se déroulent avec ampleur et clarté ; son style est de bon aloi, exact et simple, pur des affectations et des ciselures dont Pope plus tard chargera le sien ; sa phrase ressemble à celle de Corneille, périodique et large par la seule vertu du raisonnement intérieur qui la déploie et la soutient. […] Et ces panégyriques assenés en face durent imperturbablement pendant vingt pages, l’auteur passant tour à tour en revue les diverses vertus de son grand homme et trouvant toujours que la dernière est la plus belle, après quoi, en récompense, il recevait une bourse d’or.

536. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

La jeune fille digne d’amour salua Sîfrit avec grâce et vertu. […] qu’il en soit fait ainsi », dit la femme pleine de vertus. […] Plein de vertus, il était étranger à toute fausseté. […] « Les vertus de Sîfrit étaient bien grandes. […] Elle a toujours été ma compagne fidèle, pleine de royales vertus.

537. (1761) Salon de 1761 « Sculpture —  d’Huès  »

d’Huès Les quatre bas-reliefs d’Huès représentant huit Vertus qui portent des guirlandes m’ont aussi paru de grand goût.

538. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Et ajoutant à ta vertu louable Ce nom encor de m’estre pitoyable, De mon amour doucement t’enflammer ? […] Et cependant il les qualifie deux miroüers de chasteté, et deux parangons de vertu. […] Ici le ciel libéral me fait voir En leur parfait, grâce, honneur et savoir, Et de vertu le rare témoignage. […]   Dans un discours, en guise de préface, Remy Belleau explique qu’il a voulu suivre l’opinion des anciens auteurs sur les vertus et les propriétés particulières des pierres précieuses. […] D’un caractère âpre et pointilleux, Lebrun faisait preuve d’une sorte de vertu guindée.

539. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Nous y chercherons des vertus plus modestes. […] Leurs vertus sont multiples et diverses. […] Par la vertu ? Bien, qu’est-ce que la vertu ? […] Toutes les formes du plaisir sont donc fort bien conciliables avec la vertu.

540. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Le pauvre Bien-Aimé n’était pas de force à sortir jamais de ce cercle de Popilius : un coup d’état ou la vertu. […] Il interrompit en ce point la tradition et fut ainsi le négociateur malheureux de la vertu sur le marché européen où cette banale valeur était généralement dépréciée. […] La vanité de ce personnage extraordinaire est si démesurément sphérique qu’elle finit par ressembler à une vertu. […] Barbey d’Aurevilly disait : « Nicolardot est ma vertu. […] Page touchante du grand livre que je devrais écrire sur les comédiens et qui s’appellerait l’Histoire de la vertu.

541. (1895) Hommes et livres

… — Ta vertu m’est connue. — Elle vaincra sans doute. […] Et afin que notre âme ait ainsi de quoi être contente, elle n’a besoin que de suivre exactement la vertu. […] Si l’amour est la vertu des grands cœurs, il semble qu’il y ait contradiction à le combattre. L’amour est en effet une dette qu’on paye à la vertu. […] Les belles images des vertus bourgeoises et champêtres !

542. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Eût-elle offert un modèle de vertu parfaite ? […] Et madame Bovary, par la force d’une vertu que rien n’appuie, que tout ébranle, y résisterait ! […] Madame de Saint-Simon, fille du maréchal de Lorges, brillait par des vertus, rares à Versailles. […] Une vertu française y respire, une vertu qui nous restera, s’il plaît à Dieu, le mépris de l’argent. […] Son Distrait sera pétri de vertus et de bons sentiments.

543. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 297

Il a écrit des Lettres sur les Femmes, qui prouvent qu’il connoît mieux leurs vices & leurs défauts, que leurs bonnes qualités & leurs vertus.

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