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701. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

— Et puis, tu sais, on les fait tenir avec des épingles ! […] Truffieux. — Tiens ! […] la plus grande méprise De l’homme, atome en qui l’immensité se brise, Et qui croit, dans sa main que le néant conduit, Tenir de la clarté quand il tient de la nuit ! […] Viennent les recommandations pour se bien tenir à la table des grands. […] Plus loin, par exemple, il raconte une singulière anecdote sur Rousseau, qu’il tient de M. de Saint-Marc, lequel a connu le philosophe.

702. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Au lieu que deux bienfaiteurs de la nation, deux sages de génie, tels que Mistral et Fustel, ont été systématiquement délaissés et tenus à l’écart. […] A quoi cela tient-il ? […] A quoi tenait cette infatuation ? […] Tout le long du XVIe siècle, et jusque sous Louis XIV, l’or et le bouillon d’or tinrent l’emploi de panacées. […] On m’assure que la spartéine n’amende plus les troubles cardiaques, alors que la digitale continue à tenir bon.

703. (1898) Essai sur Goethe

S’ils ont péché contre lui, ils tiennent à justifier ou à excuser leurs fautes. […] Il tient cela de sa mère. […] Accordons aussi, si l’on y tient, qu’il ait pris à Maximilienne les yeux noirs de son héroïne. […] Mais il tenait son dénouement. […] Ils se promènent, par exemple, au clair de lune, avec Albert qui leur tient fidèle compagnie.

704. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Il est bon d’avoir des raisons de pas tenir trop obstinément à la vie. […] Hæckel, ne tient pas debout. […] Je veux bien y croire ; mais je ne suis tenu à rien envers lui. […] Vous ne pouviez pas ne pas vous y tenir. […] De quelque manière qu’on l’envisage, le projet ne tenait pas debout.

705. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Tenaient-elles à la tradition de leur race ? […] C’est donc que, par un nouvel aspect, l’auteur tenait de notre France. […] Nous tenons, sur ces terribles sujets, le témoigaage d’une conscience nette. […] Ces opinions diverses nous montrent comme tout se tient dans la question sociale. […] Mais, comme on dit vulgairement, « c’est lui qui tenait le bon bout ».

706. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Ce Borodkine tient une épicerie et une cave à vins. […] Qu’à cela ne tienne ! […] Cela tient des mystères et du théâtre du moyen âge, et cela tient aussi, par endroits, des tragédies d’Eschyle. […] Elle ne tient en réalité qu’au droit de penser librement, mais elle y tient d’autant plus. […] Elle le tient à l’écart et ne lui parle jamais.

707. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Je tiens en très haute estime les fortes constructions critiques de M.  […] Ferdinand Brunetière tient l’autre pour fallacieuse et décevante. […] Sixte doit-il être tenu pour responsable du crime de son disciple ? […] Cependant il se tenait sans cesse sur le passage du roi. […] Denon lui tend le verre qu’il tient à la main.

708. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Ainsi l’attrait des beaux-arts et des sciences tient pareillement à notre désir de nous bien connaître et de jouir de nous-mêmes. […] D’où tient-il un si grand privilège ? […] Il tient à la grandeur d’âme et de cœur. […] Il ne se sert du crédit qu’il tint de la vogue, que pour disputer à tous la réputation. […] Notre goût tient d’eux ce qu’il lui faut pour s’exercer, et s’est formé par leurs excellentes leçons.

709. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VII. La fausse fiancée »

Si tu tiens à savoir la vérité, fais venir ici toutes les filles du village et ordonne leur de répéter la chanson qu’elles chantent le matin en effarouchant les oiseaux pilleurs de lougans ». […] Alors cette dernière, qui se tenait au côté du chef, dit : « Ce n’est pas cette chanson-là ! 

710. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Puis ce sont ces écrits tenus pour sacrés qui deviennent aux yeux d’une ingénieuse et fine exégèse la plus curieuse littérature. […] Il passe un vent tiède et humide, qui distend toute rigidité, amollit ce qui tenait ferme. […] En logique, en morale, en politique, l’homme aspire à tenir quelque chose d’absolu. […] Il tient d’ailleurs plus profondément à la vie, et la raison en est simple. […] Voilà pourquoi le sauvage tient très peu à la vie ; il l’abandonne avec une facilité étrange et l’ôte aux autres comme en se jouant.

711. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Fait par elle et créé pour elle, cet enfant ingrat et terrible manque perpétuellement à sa mère, — à cette mère dont il tient sa renommée, et dont, s’il eût voulu, il aurait pu tenir sa gloire ! […] Serpent charmeur de la Critique elle-même, il la corromprait, ou plutôt il l’enivrerait, si elle ne se tenait le cœur ferme, si elle ne se raidissait pour le juger. […] Michelet, malgré son enthousiaste admiration pour le grand citoyen Robespierre, ne lui pardonne pas l’institution de la fête de l’Être suprême, et il tient contre elle avec Chaumette, le fondateur plus philosophique de la fête de la Raison ! […] Triste procédé qui pourrait dispenser la Critique de s’occuper d’un ouvrage dont le fond est déjà connu, si, d’un autre côté, le nom de l’auteur, le titre du livre et les quelques points de suture qui tiennent les morceaux dont il est composé, rapprochés, ne révélaient pas suffisamment l’éternel dessein de propagande contre lequel on ne saurait mettre trop en garde les esprits faibles sur lesquels M.  […] Michelet nous a placés, c’est un enseignement qui fait du bien et qui redresse… Les Femmes de l’Évangile sont plus que de l’histoire, mais elles sont aussi de l’histoire, et, comme tout se tient dans la vérité et dans le christianisme, elles peuvent démontrer, à ceux qui croiraient à l’héroïsme des femmes, là où le met M. 

712. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Perrault tient surtout à ce que la plaisanterie y domine. […] S’il tient à nous persuader que tout le mérite du critique est de voir les défauts partout où ils sont, c’est pour rehausser ce qu’il croit avoir eu de mérite à découvrit ceux d’Homère. […] Il promet peu, parce que promettre, c’est affirmer, et affirmer, pédanterie ; mais il tient plus qu’il n’avait promis. […] Le Fontenelle des Dialogites veut détruire toute autorité ; le Fontenelle des Éloges tient seulement à n’en pas créer de nouvelle. […] Ses défauts même tiennent plus du dix-septième siècle que du dix-huitième, et, s’ils n’en sont pas plus aimables pour cela, ils déplaisent moins que la déclamation et l’impropriété dont le règne va commencer.

713. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Tous mes défauts tiennent à cela ; ce sont des défauts de prêtre. […] En politique surtout, les puritains n’y comprennent rien ; c’est l’ordre des choses où je suis le plus content de moi, et cependant une foule de gens m’y tiennent pour très relâché. […] De même, en politique, je tiens des propos réactionnaires pour n’avoir pas l’air d’un sectaire libéral. […] Dupanloup se tenait dans une pièce à côté du malade. […] Il n’y avait aucune punition dans la maison ; la lecture des notes et les réflexions du supérieur étaient l’unique sanction qui tenait tout en haleine et en éveil.

714. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Pendant que la spéculation métaphysique, satisfaite ou fatiguée, s’en tient aux vieilles théories du passé, la spéculation scientifique cherche les siennes dans la voie ouverte par les sciences de la nature. […] La théorie ne s’en tient pas là ; elle va jusqu’à l’union, la vie commune avec Dieu. […] Il tient à Dieu par son esprit, et à la nature par ses sens. […] On ne peut, selon le conseil de Bossuet à propos de la prescience divine et de la liberté, tenir fortement les deux bouts de la chaîne sans s’inquiéter du moyen de les réunir. […] Au premier abord et à s’en tenir aux mots, il semble que le mysticisme soit par essence le tombeau de la liberté, et par conséquent de la moralité humaine.

715. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

N’ay doubte, amy, que soict tienne icelle devise ; Rien qu’à ce prilx n’auray trefve ou repos… Maiz, que dye ? […] Temps nous soubrit ; uzons de sa largesse, Maiz sans abus : se faizans peult avoir, Sot est, ma foy, qui s’en tient à la gesse ; Ugne vertu par défaut de pouvoir Se pare en vain du beau nom de sagesse. […] Possible atout que, sur l’amaz des tiens, Entre les morts… ta despouille sanglante… Arreste ! […] que vous rende les armes, « Beaulx yeux, tandiz qu’estes d’ombres couverts, « Ainsy fermés, se ne tiens à vos charmes, « Que feriez donc s’estiez possible ouverts ? […] Dans leur noble entretien sitost allait calmans Ce feu qui du plaisir tient plus que du tourment.

716. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

En passant près de lui, un saoulard se retourne en disant : « Tiens, Honoré ! » Honoré tient de la main droite une petite tige de fer, de la main gauche, une sorte de troublette. […] tenez, il est à moitié fait… » Là-dessus, il se met à causer avec nous de la Révolution de 89 et de celle de 48, nous racontant qu’au 15 mai, Mme Barrière, examinatrice aux examens d’institutrices à l’Hôtel de Ville, venait d’écrire sur le tableau une difficulté de participe, lorsqu’on entendit un grand bruit et qu’on lui cria de se sauver. […] C’est le ministère qui tient notre pain… Et tout ce qu’il y aurait à faire, cependant, en dehors des commandes du gouvernement… la décoration picturale des cafés, des gares de chemins de fer surtout, de ces endroits où tout le monde attend et où on regarderait… On me dira qu’il y a des peintures à la bibliothèque de la Chambre des pairs. […] Jadis la religion, c’était là un magnifique dada… mais c’est empaillé maintenant… ou encore le dada du père Corot qui cherche des tons fins et qui les trouve et à qui ça suffit… Tenez, ces gros bourgeois qui viennent le dimanche ici, et qui rient si fort… je les envie. » « Et pour l’amour, mon Dieu, ce que nous exigeons de la créature humaine !

717. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Elle a travaillé ici, c’est bien évident ; on sent sa présence et on entend sa plainte, mais hors cette plainte, qu’y a-t-il qui nous éclaire le cœur après nous l’avoir touché et, si vous y tenez, déchiré ? […] Il ne reste donc que le langage, mais Chateaubriand peut se tenir tranquille dans sa tombe, il n’est pas encore détrôné ! […] Seulement, une fois parfaitement déshonorée, elle est épousée par un moraliste plein d’ampleur, qui n’y fait pas tant de façons, et qui tient la faute de la jeune fille bien moins pour une honte que pour un malheur. […] Nous avons tenu à le relever pour le compte de M.  […] Il est simplement dégoûtant, et la correction extérieure de son vice, et sa force physique, et son sang-froid qui tient à ses muscles, et son luxe qui tient à son argent, toutes ces matérialités, que M. 

718. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Ils se diviseront en deux camps, selon qu’ils tiendront davantage aux données de l’expérience ou au symbolisme de la science. […] Oui, vous avez deviné juste en croyant possible la coexistence d’images comme les vôtres, s’étendant chacune sur une « surface » infinie, alors qu’elle est impossible dans l’Espace tronqué où la totalité de votre univers vous paraît tenir à chaque instant. […] Je vous livre ce qui s’offre à mes sens et à ma conscience : l’immédiatement donné doit être tenu pour réel tant qu’on ne l’a pas convaincu d’être une simple apparence ; à vous donc, si vous voyez là une illusion, d’apporter la preuve. […] Ou plutôt la construction est déjà faite : elle date de Platon, qui tenait le temps pour une simple privation d’éternité ; et la plupart des métaphysiciens anciens et modernes l’ont adoptée telle quelle, parce qu’elle répond en effet à une exigence fondamentale de l’entendement humain. […] Qui mettrait cette méthode au même rang que celle de l’architecte, et la tiendrait pour équivalente ?

719. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Cette différence ne tiendrait-elle pas à une différence essentielle d’intelligence entre l’animal et l’homme ? […] Alors, si la supériorité de l’homme sur l’animal tient au langage, elle se réduirait à un pur accident, résultat d’un don gratuit. […] La supériorité du langage humain sur le langage animal tient donc à la supériorité de l’intelligence de l’homme sur l’intelligence de la bête. […] Si elle tient sa méthode de Bacon, c’est à Hume qu’elle emprunte le principe de sa théorie des phénomènes de la vie morale. […] Sous ce rapport, la nouvelle école a rendu un service signalé à la philosophie de l’esprit humain, en ramenant à l’expérience ou à l’analyse la plupart de ces principes dits naturels, de ces idées dites innées, de ces vérités dites à priori, pour l’explication desquelles l’école spiritualiste tient encore aujourd’hui à ses mystérieux procédés et à ses facultés transcendantes.

720. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Ce n’est pas moi, messieurs, qui médirai des littératures romantiques ; je me tiens dans les termes de Gœthe et de l’explication historique. […] Pour maintenir la tradition, il ne suffit point toutefois de la bien rattacher à ses monuments les plus élevés et les plus augustes ; il convient de la vérifier, de la contrôler sans cesse sur les points les plus rapprochés, de la rajeunir même, et de la tenir dans un rapport perpétuel avec ce qui est vivant. […] Le professeur est obligé à moins, ou plutôt à autre chose ; il est tenu à plus de réserve et de dignité, il doit peu s’écarter des lieux consacrés qu’il a charge de montrer et de desservir. […] L’enseignement est tenu, bon gré mal gré, de s’y orienter derechef, de s’y raviser ; il a de quoi s’y renouveler aussi, de quoi y modifier sa manière de servir le goût et de défendre la tradition. […] Laissons d’autres s’exalter dans des admirations exagérées qui portent à la tête et qui tiennent d’une légère ivresse : je ne sais pas de plaisir plus divin qu’une admiration nette, distincte et sentie.

721. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Le mariage, un petit commerce qu’elle tenait, qu’elle tient encore (celui de grainetière), ne l’ont pas détournée un seul instant de sa voie ; elle eut des devoirs et des difficultés de plus : voilà tout. […] Scheffer étonné appela dans son atelier l'enfant qui marquait ces heureuses dispositions, lui dit de revenir tous les jours et en fit un peintre de mérite, qui tient aussi de la bonté de sa mère. […] Elle réunit et ceux d’entre vous, Messieurs, qui, animés d’une certaine flamme, dont se préservent malaisément les esprits qu’a une fois touchés le génie des lettres, ne se contentent pas de vouloir le bien, et qui aspirent au mieux ; qui sans doute auraient tenu à réaliser d’un coup leur idéal de propriété intellectuelle, qui continuent d’y croire et de le contempler dans le lointain, mais qui en même temps ne sont pas assez excessifs pour dire : Tout ou rien, pour renoncer à ce qui est offert, à ce qui est possible, pour ne pas s’en tenir satisfaits d’ici à un assez long temps. […] Tenons-nous donc, quels que soient nos vœux personnels ou nos théories, heureux et reconnaissants de la loi présente.

722. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

et n’était-il pas nécessaire que des voix fermes et indépendantes s’élevassent pour protester au nom de la masse de la nation contre cette faiblesse ; que des hommes qu’aucun lien de parti n’enchaîne encore, qui bien évidemment n’ont ni tendances napoléoniennes ni goûts révolutionnaires, que de pareils hommes vinssent tenir un langage qui relevât et soutînt le cœur de la nation et cherchassent à la retenir dans cette pente énervante89 qui l’entraîne chaque jour davantage vers les jouissances matérielles et les petits plaisirs. […] Je m’en suis bien aperçu, il y a quelque trente ans déjà, un jour que, sans y trop songer et peut-être un peu légèrement, j’avais hasardé devant lui je ne sais quoi sur les principes de 89 qui, malgré tout, sont bien les miens : je vis qu’il n’entendait pas raillerie, ni peut-être même discussion sur cet article, et je me le tins pour dit désormais. […] On pourra trouver que, plus indulgent en apparence pour beaucoup d’autres écrivains d’un mérite moindre, j’ai bien tenu ici à marquer mes réserves, quand il s’agissait d’apprécier un esprit d’un ordre aussi élevé. […] Je l’ai vu un jour, à un dîner chez Mme Récamier, ne pas entendre raillerie sur je ne sais quoi de 89 : je me tins pour averti. […] Après la rupture que causèrent entre tant de relations les événements que vous savez, je n’avais pas changé, mais je me tenais plus qu’auparavant sur la réserve ; il venait peu à notre Académie ; deux ou trois fois nous causâmes fort amicalement.

723. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Fatalistes que nous sommes et adorateurs du résultat, nous admettons difficilement que les choses de l’histoire auraient pu prendre tout aussi bien un autre tour, pas plus mauvais que celui qui a prévalu, et qu’il n’a souvent tenu qu’à un rien qu’il en fût ainsi. […] Ceux qui l’appellent un précieux n’y entendent rien ; ils s’en tiennent à l’écorce. […] Corneille y tient une grande place. […] On sait sa jolie dissertation sur le mot Vaste, qu’il tient à ne prendre que dans l’acception d’un défaut. […] Le duc, qui la vit, ne put tenir contre cette jeune beauté et quitta bientôt la mère pour la fille.

724. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard, que l’absence de passion enthousiaste et d’initiative, soit en politique, soit en art, avait tenu un peu en dehors et au second rang, dans ce premier âge où il est si difficile de ne pas faire de fausse pointe, en avait pourtant fait une petite fausse, à ce qu’il lui semblait, en louant d’abord, plus que sa raison modifiée ne l’admettait, certaines œuvres ou de M. […] Le rôle de critique officiel de l’école romantique n’était plus à tenir, nous l’avons dit, l’école, à proprement parler, se trouvant dissoute ; et M. […] Venir reprocher outre mesure aux poëtes de la décadence ce qui tient à la date de leur venue, s’en prévaloir exorbitamment contre eux pour les déclarer chétifs et médiocres, non-seulement d’œuvres, mais aussi d’esprit et de talent (et M. […] Pour nous en tenir à M. […] Comme je tiens à ne point paraître vouloir flatter même un mort, ni vouloir encore moins blesser, sans raison, des vivants, j’expliquerai toute ma pensée : je n’ai prétendu ici que relever chez M.

725. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Je t’en conjure cependant, mon cher Pierre, fais en sorte d’être envers tout le monde, et surtout envers les tiens, tel que je le désire, bon, doux, affable, généreux : qualités par lesquelles il n’est rien qu’on n’obtienne et qu’on ne puisse conserver. […] L’Italie recommença à s’agiter ; la main qui en tenait la balance s’était éteinte. […] Ils ne tenaient pas aux grandes résistances militaires du moyen âge, ils aidaient seulement le peuple à payer ces bandes de condottieri qu’on louait pour se défendre, et qui méprisaient ceux qui les payaient. […] « Au reste, puisque ce que vous me demandez est d’une telle nature, qu’il est bien plus facile de la sentir en silence au fond de l’âme que de l’exprimer par des paroles, je vous obéis, à cette condition que je ne vous promets pas ce que je ne puis tenir, et que j’ai de bons motifs pour ne pas vous refuser. […] — Oui, et le plus tôt possible. » Voici ce que je fis : il était déjà venu et s’était assis près de moi, qui me tenais contre les genoux de Laurent, pour entendre plus facilement sa voix qui commençait à baisser.

726. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Sans doute le dix-huitième siècle ne tiendra jamais dans l’éducation publique la même place que le dix-septième, et ce serait un malheur que le second fît négliger le premier. […] Si on lui parle des sociétés, il ne s’agit pas des sociétés politiques, ni de lui en faire porter des jugements inutiles au grand objet de la connaissance de soi-même ; il s’agit des sociétés purement civiles et des devoirs que chacun est tenu d’y remplir pour être heureux en contribuant au bonheur public. […] Il semble par moments que les mêmes mains tiennent encore la plume. […] Ce style nous tient tout près de lui. […] Mais j’ai grand’peur pour le devoir, quand, au lieu de nous montrer pourquoi nous y sommes tenus de nous-mêmes, on nous enseigne comment on peut nous y forcer.

727. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Révélez tous les mysteres qui tiennent l’Univers à la chaîne Hist. […] Mais ce n’est point assez de s’en prendre à chaque individu, il faut attaquer l’Art même ; & jugez si les Troupes sentiront fermenter leur courage, quand elles entendront ainsi parler de leur métier : Cette science exécrable consiste à savoir modifier, arranger, coller plusieurs milliers d’imbécilles côte à côte comme des harengs en caque, les faire tourner à droite, à gauche tous en même temps, comme des mannequins qui tiennent au même fil, & ne faire de ces troupeaux de bêtes féroces qu’un seul corps, une seule muraille composée d’un pareil nombre d’automates, puisse les renverser du même choc & les étouffer le plus lestement possible. […] Vous n’ignorez pas, cher Lecteur, que c’est-là le langage qu’ont tenu & que tiennent encore les Protecteurs, les Partisans, Amis, Confreres, Journalistes, Familiers & autres Valets de la Philosophie. Quoique les Ecrivains philosophes aient démérité de toutes les classes de la Société, sur-tout des Gens de Lettres* qui tiennent aux principes du vrai goût, j’avoue que je serois sensible à cette accusation si elle étoit fondée ; mais il ne me sera pas difficile de m’en justifier. […] A mesure que j’ai découvert des noms estimables, je me suis fait un plaisir de les faire connoître ; & ceux de nos Auteurs vivans qui ont ajouté par de nouveaux Ouvrages, soit à la gloire qu’ils s’étoient déjà faite, soit à la séduction dangereuse contre laquelle les Esprits droits doivent se tenir en garde, verront que je n’ai perdu de vue aucun moyen de rendre justice aux talens, ni négligé aucune des précautions qui peuvent en prévenir l’abus.

728. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Voilà certes un scabreux début ; il tiendra plus encore qu’il ne promet. […] Le charme qu’elle exerce tient du sortilège. […] Ne pouvant tenir décemment la chandelle, ils la soufflent du moins et tirent le rideau. […] Les enchères de ce bazar de chair humaine l’ont séparée de sa mère, qui lui a fait jurer haine aux blancs, et jamais serment ne fut mieux tenu. […] Dumas, une force acquise qui lance et porte ses moins bons ouvrages ; mais l’immense crédit qu’on lui tient ouvert, risque d’être bientôt épuisé par l’abus qu’il en fait.

729. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Charpentier. — Mais oui… Vous tenez toujours à ce vitrail de la cathédrale de Rouen, qui, — c’est vous qui le dites — n’a aucun rapport avec votre livre. […] Il est inquiet, ne tient pas en place, éprouve, comme une fatigue lorsqu’on lui parle trop longtemps. […] Après dîner, je tombe sur un petit album de Gavarni, où il a cherché à rendre les penchements de côté et en avant des jockeys, dans la rapidité d’une course : « Tiens, dit-il, regarde ça, c’est curieux, j’ai relevé, un matin, dans une allée de course à Chantilly, une piste », — et il me fait voir un petit losange se resserrant et obliquant jusqu’à une ligne, formée de points qui ferait croire, qu’à la fin le cheval ne court plus que sur un pied : « C’est drôle, n’est-ce pas ? […] … Je me creuse la tête… est-ce que cela tiendrait simplement à l’étroitesse du compartiment, au peu de place, donnée à la composition de l’artiste ?  […] On permettait au prince impérial, de les voir sans y toucher, et l’enfant avait un désir fou de les tenir entre ses mains.

730. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes ; et à cette occasion sur la latinité des modernes On entend tous les jours des gens de lettres se récrier sur l’harmonie de la langue grecque et de la langue latine, et sur la supériorité qu’elles ont à cet égard au-dessus des langues modernes, sans compter d’autres avantages encore plus grands, qui tiennent à la nature et au génie de ces langues. […] Je dis que nous ne la sentons guère ; car je ne nie pas que nous ne puissions en sentir quelque chose ; et ce sentiment tient surtout au mélange plus ou moins heureux des voyelles avec les consonnes, soit dans les mots isolés, soit dans leur enchaînement. […] Ce discours m’en rappelle un autre à peu près semblable, que j’ai souvent entendu tenir à un étranger, homme d’esprit, établi en France depuis assez longtemps ; il m’a plusieurs fois avoué qu’il ne sentait pas le mérite de La Fontaine. […] Je m’en tiens ici à la connaissance de la valeur des mots, de leur signification précise, de la nature des tours et des phrases, des circonstances et des genres de style dans lesquels les mots, les tours, les phrases peuvent être employées ; et je dis que pour arriver à cette connaissance, il faut avoir vu ces mots, ces tours et ces phrases, maniés et ressassés, si je puis m’exprimer ainsi, dans mille occasions différentes ; qu’un petit nombre de livres, quand même on les aurait lus vingt fois, est absolument insuffisant pour cet objet ; qu’on ne saurait y parvenir que par des conversations fréquentes dans la langue même, par un usage assidu, et par des réflexions sans nombre, que cet usage seul peut suggérer. […] Cette versification tient, ce me semble, à la fois de Virgile et d’Ovide, et paraît tenir plus du premier ; en tout l’imitation y semble moins exacte que dans les deux morceaux du professeur Marin, rapportés ci-dessus.

731. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Le temps ne peut qu’ajouter au prix de certains détails qui tiennent aux mœurs d’une société évanouie : Je n’écrirais pas tout cela si l’on devait me lire à présent, dit le prince de Ligne à la fin d’un de ses récits ; mais, cent ans après, ces petites choses, qui ont l’air d’être des riens, font plaisir. […] Il fait ses premiers prisonniers ; c’étaient quinze ou seize hommes et un capitaine qui, se trouvant coupés, se rendirent : « Et je les fis passer derrière les rangs avec un plaisir qui tenait de l’enfance. » L’affaire faite, il a perdu plus de la moitié de son bataillon, et ces débris victorieux continuent de rester encore exposés au canon fort mal à propos : « Il n’était venu en tête à personne de nous mettre à l’abri ; cependant tout était fini, et notre artillerie répondait fort mal à celle des Prussiens. […] À propos de je ne sais quelle position avantageuse aux Prussiens : « Le roi l’occupa parfaitement bien, dit le prince de Ligne ; il jouit de son plaisir ordinaire, qui était de nous tenir en suspens. » À la fin de la campagne de 1759, le prince de Ligne est choisi pour aller porter au roi de France à Versailles la nouvelle de l’affaire de Maxen ; il a raconté sa première apparition dans cette Athènes dont il était déjà, et il l’a fait avec piquant et un peu de cliquetis. […] Ce qui me frappe, c’est que Grimm, vers cette date, dit à peu près la même chose ; parlant de la lettre adressée par le prince à Jean-Jacques Rousseau en 1770, lettre dans laquelle il lui offrait un asile contre la persécution et une retraite à Belœil, comme M. de Girardin la lui fit accepter plus tard à Ermenonville, Grimm ajoute : « Cette lettre n’a pas eu de succès à Paris, parce qu’on n’y a pas trouvé assez de naturel, et que la prétention à l’esprit est une maladie dont on ne relève pas en ce pays. » Il y a sur ceci deux points à remarquer : d’abord, c’est que les personnes, déjà en crédit et en possession, qui vous voient à vos débuts, ont peine à vous admettre : elles vous comparent à d’autres qui tiennent déjà un rang ; les places sont prises dans leur esprit, les hauteurs sont occupées. […] Mais, à côté de cet idéal noble et fortifiant, il en avait un autre d’un tout autre genre et qui tenait d’une imagination un peu atteinte et gâtée en naissant de l’air du siècle : Qui est-ce qui sait, dit-il, que Bussy se battait à la tête de la cavalerie légère de France à la bataille des Dunes ?

732. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Persévérance et uniformité ardente, qui le tint toujours à l’abri de tout échec et de tout soupçon ; qui se sent et transpire dans tout ce qu’il profère et enseigne, et qui lui assurait, dans l’ordre moral et chrétien, une autorité que nul en son siècle n’a surpassée, pas même Bossuet ! […] Mme de Sévigné nous a tenu au courant des succès et de la vogue de Bourdaloue, dès le début de sa carrière. […] chrétiens, notre amour-propre, tout ingénieux qu’il est, n’a plus de quoi se défendre… Il ne faut que cette cendre qu’on nous met sur la tête, et qui nous retrace l’idée de la mort, pour rabattre toutes les enflures de notre cœur… Je suivais donc ce développement plein, pressant et sans trêve, et qui vous tient en suspens jusqu’au terme, m’arrêtant à peine à ce qui m’y paraissait plus saillant (le saillant, proprement dit, y est rare), et ne pouvant cependant méconnaître ce qu’il y avait par moments d’approprié à cet auditoire de Notre-Dame, à la fois populaire et majestueux. […] Il s’occupait des choses et non des mots ; il n’avait pas la splendeur naturelle de l’élocution, et il ne la cherchait pas : il s’en tenait à ce style d’honnête homme qui ne veut que donner à la vérité un corps sans lui imposer de couronne. […] Dieu m’avait donné comme un pressentiment de ce miracle, et dans le lieu même où je vous parle aujourd’hui, dans une cérémonie toute semblable à celle pour laquelle vous êtes ici assemblés, le prince lui-même m’écoutant, j’en avais non seulement formé le vœu, mais comme anticipé l’effet par une prière, qui parut alors tenir quelque chose de la prédiction.

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