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593. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Mais l’ouvrage, arrivé à ce tome 12e et au xiie  siècle, et n’étant plus soutenu par la pensée active du fondateur, était resté interrompu durant près de cinquante ans, lorsque l’Institut le reprit sous l’Empire. […] On a beaucoup discuté pour en retrouver les origines et les premières rédactions en diverses langues : l’Allemagne du Nord et la Flandre semblent avoir des droits ; la France du Nord pourrait aussi soutenir des prétentions.

594. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Ozanam, doué d’enthousiasme, et les yeux dirigés vers un soleil qui l’éclairait plus vivement sur quelques points, et qui l’éblouissait peut-être sur quelques autres, a porté l’admiration plus loin qu’il n’est donné à de moins ardents de la concevoir et de la soutenir pour ces formes si compliquées de l’esprit humain au Moyen Âge : il a du moins rassemblé tout ce qui peut aider à faire mieux comprendre le monument poétique dans l’explication duquel il a gravé son nom. […] De sorte que si Dante avait écrit lui-même le commentaire de son grand poème, comme il l’a fait pour d’autres de ses poèmes moindres, il aurait pu soutenir doublement qu’en effet Béatrix était bien la Béatrix qu’il avait aimée, la fille de Folco de’ Portinari de Florence, et qu’elle n’en était pas moins aussi, en définitive, la Théologie sublime, revêtue de rayons, et dirigeant l’œil humain, qui la considère et qui l’étudie, vers les plus hautes vérités.

595. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Il a préféré à son avancement le plaisir de faire un livre, et de donner à rire au public ; il a voulu se faire un mérite de sa liberté ; il a affecté de parler franchement et à découvert, et il n’a pas soutenu jusqu’au bout ce caractère. […] Quand on a renoncé à sa fortune par sa faute, et quand on a bien voulu faire tout ce que M. de Bussy a fait de propos délibéré, on doit passer le reste de ses jours dans la retraite, et soutenir avec quelque sorte de dignité un rôle fâcheux dont on s’est chargé mal à propos… Il faudrait citer tout ce qui suit.

596. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Le songe du philosophe, dans lequel il se croit transporté au milieu d’un édifice immense surmonté d’un dôme éblouissant que soutiennent sept statues colossales au lieu de colonnes, les sept statues représentant chacune la divinisation monstrueuse de l’un des sept péchés capitaux, — ce songe, dans tout son détail emphatique et concerté, me rappelle certaines allégories des Paroles d’un croyant. […] Après sa fuite de Motiers, après sa tentative manquée d’établissement en Angleterre, revenu en France, réfugié pendant quelque temps à Trie sous la protection du prince de Conti, il s’alarme, il se figure que la main du maître est insuffisante à le soutenir contre le mauvais vouloir des subalternes ; déjà il lit dans la contenance des habitants que la conjuration tramée contre lui opère : ce ne sont qu’allées et venues souterraines ; que va-t-il sortir des conseils caverneux de ces taupes ?

597. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Un sentiment personnel élevé domine et donnera le ton au discours, à l’apologie tout, entière :  Si j’étais sorti de l’arène comme un vaincu renversé et mis hors de combat par ses vainqueurs, je ne tenterais pas, dit-il, de parler aujourd’hui des luttes que j’ai soutenues. » M.  […] Cuvillier-Fleury lui-même, cet homme compétent qui a si longtemps monté dans les carrosses, me le soutiendrait en face qu’il ne me persuaderait pas13.

598. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

« J’entends dire que M. le Dauphin fait beaucoup mieux » ; c’est le plus grand éloge que Fénelon lui donne dans l’intimité ; mais il ajoute (et chaque mot, à le bien comprendre, est significatif) : « La religion, qui lui attire des critiques, est le seul appui solide pour le soutenir. […] Léopold Monty, dans une Étude sur ce prince et qui remonte à dix-huit années déjà19, a soutenu cette insuffisance royale qui se trahit en lui par tant de marques, et l’a démontrée avec beaucoup de fermeté et autant de vraisemblance qu’on en peut désirer.

599. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Cependant, quand il est porté par son sujet et soutenu par de bons documents originaux, dans la notice sur Grétry, par exemple, il a des parties intéressantes, des accents justes et touchants. […] Son éloge d’Onslow est piquant ; ceux de David (d’Angers) et de Paul Delaroche sont d’un intérêt élevé et soutenu.

600. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Dans les monarchies aristocratiquement constituées, la multitude se plaît quelquefois, par un esprit dominateur, à relever celui que le hasard a délaissé ; mais ce même esprit ne lui permet pas d’abandonner ses droits sur l’existence qu’elle a créée, le peuple regarde cette existence comme l’œuvre de ses mains ; et si le sort, la superstition, la magie, une puissance, enfin, indépendante des hommes, n’entre pas dans la destinée de celui, qui dans un état monarchique doit son élévation à l’opinion du peuple, il ne conservera pas longtemps une gloire que les suffrages seuls récompensent et créent, qui puise à la même source son existence et son éclat ; le peuple ne soutiendra pas son ouvrage, et ne se prosternera pas devant une force dont il se sent le principal appui. […] Dans les républiques, si elles sont constituées sur la seule base de l’aristocratie, tous les membres d’une même classe sont un obstacle à la gloire de chacun d’eux ; cet esprit de modération qu’avec tant de raison Montesquieu a désigné comme le principe des républiques aristocratiques ; cet esprit de modération ne s’accorde pas avec les élans du génie : un grand homme, s’il voulait se montrer tel, précipiterait la marche égale et soutenue de ces gouvernements ; et comme l’utilité est le principe de l’admiration, dans un État où les grands talents ne peuvent s’exercer d’une manière avantageuse à tous, ils ne se développent pas, ou sont étouffés, ou sont contenus dans une certaine limite qui ne leur permet pas d’atteindre à la célébrité.

601. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Si l’objet qui vous est cher vous est enlevé par la volonté de ceux dont elle dépend, vous pouvez ignorer à jamais ce que votre propre cœur aurait ressenti, si votre amour, en s’éteignant dans votre âme, vous eût fait éprouver ce qu’il y a de plus amer au monde, l’aridité de ses propres impressions ; il vous reste encore un souvenir sensible, seul bien des trois quarts de la vie ; je dirai plus, si c’est par des fautes réelles dont le regret occupe à jamais votre pensée, que vous croyez avoir manqué le but où tendait votre passion, votre vie est plus remplie, votre imagination a quelque chose où se prendre, et votre âme est moins flétrie que si, sans événements malheureux, sans obstacles insurmontables, sans démarches à se reprocher, la passion par cela seulement qu’elle est elle, eût, au bout d’un certain temps, décoloré la vie, après être retombée sur le cœur qui n’aurait pu la soutenir. […] Et vous, Français, vous guerriers invincibles, vous, leurs chefs, vous, qui les avez dirigés et soutenus par vos intrépides ressources, c’est à vous tous à qui l’on doit les triomphes de la victoire ; c’est à vous qu’il appartient de proclamer la générosité !

602. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Il n’aurait qu’une attention de quelques instants à soutenir pour s’assimiler à fond cet art superficiel, mais pratique, de la tenue dans la vie, offrir une surface polie et impénétrable aux bêtes curieuses qui guetteraient ses défauts ou ses faiblesses secrètes, murer sa pensée derrière la courtoisie, et apparaître strict, armé, indémontable, aux yeux des « mondains » ébahis de sa vraie aristocratie. […] L’artiste pauvre peut avoir de l’ordre, du soin, des heures réglées, un emploi raisonné du temps, une décence, une volonté soutenue, que le bohème n’avait pas.

603. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Il sent bien que c’est là le côté faible de la démocratie et de la forme de gouvernement qui en découle ; il le redira à la fin de sa vie et quand l’Amérique se sera donné sa Constitution définitive (1789) : « Nous nous sommes mis en garde contre un mal auquel les vieux États sont très sujets, l’excès de pouvoir dans les gouvernants ; mais notre danger présent semble être le défaut d’obéissance dans les gouvernés. » Enfin, au milieu des luttes politiques déjà très vives que Franklin a à soutenir dans la Chambre et dans les élections de Philadelphie, survient la nouvelle du fameux acte du Timbre (1764). […] Le Franklin avait un habit de velours mordoré, des bas blancs, ses cheveux étalés, ses lunettes sur le nez, et un chapeau blanc sous le bras. » Ce fut après l’un des premiers actes décisifs de son entrevue avec les ministres français, ou de sa présentation à la Cour, que Franklin put dire : « Cet habit m’est désormais précieux ; car je le portais quand j’ai été grossièrement insulté par Wedderburn, et, sous ce même habit, j’ai pris ma revanche complète25. » La troisième circonstance où j’ai dit que Franklin revient en scène avec éclat pendant sa mission à Londres, ce fut le jour même où lord Chatham développa et soutint sa motion à la Chambre des lords, le 1er février 1775.

604. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

C’est elle qui a soutenu si longtemps la Sophonisbe de Mairet. […] Il est hors de doute que les sujets mixtes sont les meilleurs et se soutiennent le mieux.

605. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Voilà-t-il pas que je me rappelle ce portrait de Bridan  ; il y a une extrême vérité et des détails qui ne permettent pas de douter de la ressemblance ; mais j’oserai demander si c’est là de la chair ; et pour vous montrer combien je suis de bonne foi, c’est que si l’on me soutient qu’il y a de la finesse dans la tête de la dormeuse, et que la tête du vieillard est d’un beau faire, d’un bon caractère, barbe légère et mieux coloriée qu’il ne lui appartient, je ne disputerai pas. […] Sa jambe droite est croisée sur la gauche, et sa main droite posée sur sa jambe, il est appuyé du coude sur le sopha ; sa main embrasse son menton et soutient sa tête.

606. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

On nous imputa, en effet, certaines opinions que nous n’avions pas soutenues, sous prétexte qu’elles étaient « conformes à nos principes ». […] On voit que, pour admettre cette proposition, il n’est pas nécessaire de soutenir que la vie sociale est faite d’autre chose que de représentations ; il suffit de poser que les représentations, individuelles ou collectives, ne peuvent être étudiées scientifiquement qu’à condition d’être étudiées objectivement.

607. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Telle est l’affirmation soutenue de ce livre qui peut bien passer, ce me semble, pour le dernier de ses romans. […] Je l’ai dit plus haut, son succès obtenu, soutenu et maintenu trente ans, est un vrai phénomène !

608. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Et cependant ceux qui soutenoient que c’étoient autant de fautes, en faisoient de bien moins supportables, car ils faisoient rimer périssable avec fable, étoffer avec enfer. […] Racan ayant osé soutenir, contre le fougueux redresseur des prétendus torts de la prosodie française, qu’on devait rimer pour les oreilles, fut traité d’hérétique par lui.

609. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Aucun professeur ne savait mieux classer les questions, les annoncer, faire compter aux auditeurs tous les pas de sa méthode, les mener par la main, les soutenir aux passages difficiles, marquer les étapes du voyage, les arrêter au bout de chaque question pour leur faire embrasser d’un coup d’œil l’espace parcouru. […] Un souffle puissant pousse et soutient cette vaste machine ; suspendue deux fois, elle reprend son mouvement sans peine, par les tours les plus naturels et les plus simples : l’émotion va croissant ; elle est si vraie et si bien justifiée, qu’elle autorise deux mots qui ailleurs seraient emphatiques.

610. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Au lieu de glacer les jeunes talents, il faut les stimuler et les soutenir. […] vite il appelle à la rescousse quelque homme de paille chargé de soutenir l’idée opposée : ce sera, suivant les cas, M.  […] Aussi que de tours d’adresse pour éveiller et soutenir l’attention ! […] Brunetière soutient que l’invention du sujet est un si mince mérite. […] Taine en a dit tant de mal, et je le soupçonne, quand il se trouve en présence d’une thèse quelconque, de soutenir toujours en lui-même la thèse opposée.

611. (1903) Le problème de l’avenir latin

Or la Réforme, trop faiblement soutenue en France par une trop faible minorité, échoue. […] Rien ne progresse, ne se soutient que par le fait. […] Je n’en persiste pas moins à soutenir la vérité foncière de cette dualité de tempérament et d’esprit. […] Pas de cris, pas de guillotines, pas de discours : des actes, du labeur utile, une énergie invisible, mais soutenue. […] Rien que de l’anodin ou du spasmodique, jamais une tentative à la fois raisonnée et soutenue.

612. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

Nous en ignorons le chiffre exact, ajoute la feuille mâconnaise, mais nous savons qu’un propriétaire du Beaujolais a payé cinquante francs une des perches qui soutenaient la tente et contre laquelle l’orateur s’était souvent appuyé. » 19.

613. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

La critique de la jeune école, en 1829-1830, ne s’en tenait pas seulement aux poëtes et aux littérateurs : les peintres novateurs étaient nos frères, et la lutte que nous engagions pour nous-mêmes, nous la soutenions aussi pour eux.

614. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Les textes des ordonnances citées en notes à chaque page soutiennent l’intérêt, c’est-à-dire l’horreur, jusqu’au bout.

615. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Comme pourtant Louis XVI était assez porté de lui-même à soutenir par les armes la Hollande, son alliée, contre les Anglais et les Prussiens, tout l’art de M. de Brienne, alors principal ministre, se tourna à éluder une délibération définitive et à temporiser jusqu’à l’issue des événements.

616. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Mais si sa matière n’est peut-être pas intacte, du moins n’est-elle pas encore si rebattue ; et ces fiertés me plaisent quand elles sont soutenues, comme ici, par un vrai talent.

617. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

Mais il a si clairement vu, si profondément senti, si passionnément aimé ce qu’il avait entrepris de faire, que la pensée a, cette fois, emporté la forme et que, même aux endroits où cette forme reste un peu courte et où se trahit le défaut d’invention verbale, une âme intérieure la soutient et communique à ces vers un frisson plus grand qu’eux.

618. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Elles exercèrent chacune une influence spéciale sur les deux grands génies qui fondèrent chez nous l’un et l’autre genre dramatique : Pierre Corneille, le père de la tragédie, fut soutenu dans sa puissante initiative par la littérature espagnole ; Molière, le comique, s’inspira davantage de l’art de l’Italie.

619. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Voilà deux vers qui ne dépareraient pas le poème écrit du style le plus haut et le plus soutenu.

620. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Quand le christianisme n’aurait donné à la poésie que le Paradis perdu ; quand son génie n’aurait inspiré ni la Jérusalem délivrée, ni Polyeucte, ni Esther, ni Athalie, ni Zaïre, ni Alzire, on pourrait encore soutenir qu’il est favorable aux Muses.

621. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Les caractères des personnages sont, en général, bien soutenus ; les situations presque toujours intéressantes. […] Lorsque la troupe de Molière eut perdu son chef, c’est-à-dire l’âme de la société, elle ne put se soutenir et se divisa. […] Aussi, jamais auteur n’eut un succès plus réel, plus soutenu et plus durable. […] Quinault soutenait que le mot est du genre féminin. […] Pendant un siècle, il sut soutenir sa réputation.

622. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Quelques lignes plus loin il ajoute : « La bonté naît avec nous ; mais la santé, la prospérité et les bons traitements que nous recevons du monde contribuent beaucoup à l’entretenir901. » C’est encore lui-même qu’il dévoile ici : il fut très-heureux, et son bonheur se répandit tout autour de lui en sentiments affectueux, en ménagements soutenus, en gaieté sereine. […] Il vit dans l’abondance, l’activité et les honneurs, sagement et utilement, parmi les admirations assidues et les affections soutenues d’amis savants et distingués qui ne peuvent se rassasier de sa conversation, parmi les applaudissements de tous les hommes vertueux et de tous les esprits cultivés de l’Angleterre. […] Placer les gens, manier l’argent, interpréter la loi, démêler les motifs des hommes, prévoir les altérations de l’opinion publique, être forcé de juger juste, vite et vingt fois par jour, sur des intérêts présents et grands, sous la surveillance du public et l’espionnage des adversaires, voilà les aliments qui ont nourri sa raison et soutenu ses entretiens ; un tel homme pouvait juger et conseiller l’homme ; ses jugements n’étaient pas des amplifications arrangées par un effort de tête, mais des observations contrôlées par l’expérience ; on pouvait l’écouter en des sujets moraux, comme on écoute un physicien en des matières de physique ; on le sentait autorisé et on se sentait instruit. […] Ainsi naît cette religion, œuvre du tempérament mélancolique et de la logique acquise, où l’homme, sorte de Hamlet calculateur, aspire à l’idéal en s’arrangeant une bonne affaire et soutient ses sentiments de poëte par des additions de financier. […] En lisant ces essais, on l’imagine encore plus aimable qu’il n’est ; nulle prétention ; jamais d’efforts ; des ménagements infinis qu’on emploie sans le vouloir et qu’on obtient sans les demander ; le don d’être enjoué et agréable ; un badinage fin, des railleries sans aigreur, une gaieté soutenue ; l’art de prendre en toute chose la fleur la plus épanouie et la plus fraîche, et de la respirer sans la froisser ni la ternir ; la science, la politique, l’expérience, la morale apportant leurs plus beaux fruits, les parant, les offrant au moment choisi, promptes à se retirer dès que la conversation les a goûtés et avant qu’elle ne s’en lasse ; les dames placées au premier rang929, arbitres des délicatesses, entourées d’hommages, achevant la politesse des hommes et l’éclat du monde par l’attrait de leurs toilettes, la finesse de leur esprit et la grâce de leurs sourires : voilà le spectacle intérieur où l’écrivain s’est formé et s’est complu.

623. (1925) La fin de l’art

Que M. de Charmoy se dise que peu de monuments soutiendraient un tel voisinage. […] Rien n’incline mieux au sommeil que la médiocrité soutenue, celle qui ne flanche jamais, celle qui se joue des difficultés, glisse, comme frottée d’huile, à travers la syntaxe, donne enfin l’impression d’un robinet d’où sort éternellement une belle eau claire, toujours la même. […] Ampère, fort timide, n’osait pas la déranger et la dame soutenait comme elle pouvait une conversation désespérée, luttant entre sa politesse et le désir de mettre à la porte l’Académicien qui, l’œil fixé sur le creux où son épée s’était enfoncée, avait l’air le plus embarrassé et le plus ridicule. […] On a soutenu que la fièvre typhoïde dont l’agent est également répandu partout s’attaquait principalement aux débilités et que la vraie cause de sa fréquence dans les casernes était beaucoup moins l’eau que l’état de fatigue des jeunes soldats. […] Elles les soutiennent, elles les font valoir, leur servent de transition avec la nature.

624. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

De même, nul ne soutiendra que les organes rudimentaires ou atrophiés soient d’une haute importance vitale ou physiologique ; pourtant on sait qu’ils ont souvent une très haute valeur en classification. […] Chez les vertébrés, nous voyons une série de vertèbres internes, qui soutiennent certains processus ou appendices. […] Quelques auteurs, qui ont écrit sur les Chiens, soutiennent que le Lévrier et le Bouledogue, bien que si différents en apparence, sont en réalité des variétés proche-alliées, qui descendent probablement de la même souche sauvage. […] Un organe peut encore s’atrophier et devenir incapable de sa fonction particulière, mais en s’adaptant à quelque autre usage : telle est la vessie natatoire de certains poissons qui semble être devenue presque rudimentaire, quant à sa fonction primitive, consistant à aider l’animal à se soutenir entre deux eaux, mais qui s’est transformée en un organe respiratoire, c’est-à-dire en un poumon naissant. […] Agassiz a soutenu habilement cette règle de classification générale selon laquelle les formes terrestres sont toujours plus élevées dans la même classe que les formes aquatiques et les formes d’eau douce supérieures aux espèces pélagiques.

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