Prêtre d’abord, devenu religieux et presque anachorète, il avait cinquante-huit ans quand il sortit du cloître pour entrer dans les dignités ; mais il n’en sortit que pour la foule.
Après la décapitation de d’Egmont, ce Ney de l’histoire hispano-flamande, — car Graveline et Saint-Quentin valent bien la Moscowa, — et pour qui, comme pour Ney, il y eut autant de raisons de pardonner que de condamner, Prescott rapporte toute entière cette lettre du duc d’Albe à Philippe II, que tant d’autres historiens auraient oubliée : « Votre Majesté comprendra le regret que j’ai eu de voir finir ainsi ce pauvre seigneur et de lui faire subir ce sort ; mais je n’ai pas reculé devant le devoir de servir mon souverain… Le sort de la comtesse m’inspire aussi une très grande compassion quand je la vois chargée de onze enfants dont aucun n’est assez âgé pour se suffire, et quand on pense à son rang élevé de sœur de comte palatin et à sa vie si vertueuse et si exemplaire, je ne puis que la recommander aux bonnes grâces de Votre Majesté. » Les bonnes grâces de Philippe II furent chiches.
» Je sais bien, c’est la vérité, qu’à l’époque où, fringant et émoustillé comme un page, Camille Desmoulins sortait du collège, il n’était guères possible à ce Chérubin de la démocratie d’être autre chose qu’un journaliste. […] Depuis le fameux jour, qui fut son destin, où il planta sur l’oreille de sa petite tête, vaniteuse et éventée cette cocarde verte de l’insurrection dont il fut l’enfant trouvé et gâté, jusqu’à l’autre jour, trop tôt venu, où il se fit couper la dernière mèche de cheveux pour sa Lucile sur cette tête qui allait tomber, il eut toujours les yeux en larmes… Sheridan appelait Pitt, pour le faire sortir de ses gonds, l’enfant colère… Mais la colère de cet autre enfant-ci avait des pleurs !
Pour la première fois donc il sortait de ce soupirail par lequel avaient passé tant de cris furieux ou sinistres une voix fraîche et pieuse, comme Dieu, en se penchant vers nous, en entend au pied de l’autel. […] Mais, malgré tout, la question de l’Italie, la question des gouvernements, la question de l’Ordre et de la Justice dominait cette voix qui montait d’une prison d’État méritée et qui sortait, il faut bien le dire, des lèvres d’un conspirateur !
L’accroissement de la personnalité qui s’en va monstrueux, la rage universelle de jouir, et tout de suite, encore, enfin l’activité de l’esprit aiguillonnée, exaspérée par cette rage de jouir, voilà ce que ne saurait diminuer, apaiser ou contenir la philosophie un peu vieillotte, maintenant pour ce faire, qu’on appelle proprement la philosophie française, celle-là qui sortit de Descartes, — lequel, lui, ne sut jamais sortir de lui-même, — qui fit un jour sa grande fredaine de Locke, mais qui s’en est repentie quand elle fut sur l’Âge, plus morale en cela qu’une de ses amies, la grand-mère de Béranger.
Pour le prêtre, en effet, et pour tout homme qui croit avec juste raison que la politique sort des flancs de la morale et ne peut pas sortir d’ailleurs, la question primaire, la question fondamentale, à cette heure de l’histoire, est la reconstitution de la famille chrétienne, brisée par l’individualisme du temps.
Pour la première fois donc, il sortait de ce soupirail par lequel avaient passé tant de cris furieux ou sinistres une voix fraîche et pieuse, comme Dieu, en se penchant vers nous, en entend, au pied de l’autel. […] Mais, malgré tout, la question de l’Italie, la question des gouvernements, la question de l’Ordre et de la Justice dominait cette voix qui montait d’une prison d’État méritée et qui sortait, il faut bien le dire, des lèvres d’un conspirateur !
Quand donc elle trouve sur son chemin, comme aujourd’hui, un livre qui sort par le relief, le mordant, la qualité, la solidité, le brochage vrai, la correction experte de la triste production contemporaine, elle en donne acte, avant de passer outre, à l’éditeur qui se permet cette nouveauté, ne dût-il être imité par personne dans ce temps d’extinction générale, de bon marché et d’égalité dans la misère ! […] C’est effectivement la poétique dont il est sorti qui a posé en matière de poésie et a singulièrement exagéré l’importance du rythme et de la rime, c’est-à-dire des côtés purement plastiques du vers.
Au sortir des combats, où des millions de Perses avaient été vaincus par quelques hommes libres, y avait-il un Grec dont l’âme ne fût plus sensible et plus grande ? […] Bientôt il sera grand, puisqu’il verse d’aussi nobles larmes. » — Ils sortent d’Athènes, et parcourent la Grèce.
Un art nouveau sortira-t-il jamais de ces tâtonnements ? […] Ici nous marchons sur un terrain délicat, nous essayerons d’en sortir en quelques mots. […] De quelle race sort-il ? […] Les arts sont sortis du sanctuaire, et l’on peut se demander, sans grande témérité, s’ils y rentreront jamais. […] Qu’ont besoin ceux-là de sortir de la réalité ?
Jusqu’alors il n’était point sorti du ton de la farce. […] Elles n’en sortirent qu’au siecle de Louis XIV pour briller avec encore plus d’éclat. […] J’apperçus dans la foule un homme qui s’efforçait d’en sortir. […] Elle ne sortira des fers que pour être privée du jour. […] C’est pourquoi l’Auteur ne saurait rentrer dans son sujet s’il en sort un instant.
C’est un patient dont les membres ont été mal reboutés ; de la manière dont vous avez ouvert ce tombeau, c’est vraiment un miracle qu’il en soit sorti ; et si on le faisait parler d’après son geste, il dirait au spectateur ; Adieu, Messieurs, je suis votre serviteur ; il ne fait pas bon parmi vous, et je m’en vais.
Bastide a subi un si triste sort ?
Journaliste & Traducteur justement oublié, mais qui ne mérite pas le même sort en qualité d’Historien.
La plupart des Astres de la même espece qui luisent aujourd’hui, sont menacés du même sort.
Sortons vite de ce dédale, qui n’est pas fait pour nous. […] Je dis qu’il s’y est plu, car chez lui ils ne sortent pas, comme chez Théocrite, de la bouche du personnage intéressé ; on n’y assiste pas comme à une chose présente ; mais le poëte les donne d’une façon indirecte et comme une chanson de berger. […] Ici même, sans sortir de Théocrite, en regard de l’ardente Simétha, il faut mettre sans tarder la douce, la pure et chaste Theugénis. […] Ces femmes de Syracuse sont venues à Alexandrie pour assister aux fêtes d’Adonis : on les voit au début qui s’apprêtent à sortir ensemble pour aller au palais ; elles jasent entre elles de leur logement, de leur toilette ; elles disent du mal de leurs maris. […] Et Chateaubriand, qui n’a cessé d’avoir le grand culte présent, a dit en s’adressant à un ami qu’il voulait enflammer : « C’est une vérité indubitable qu’il n’y a qu’un seul talent dans le monde : vous le possédez cet art qui s’assied sur les ruines des empires, et qui seul sort tout entier du vaste tombeau qui dévore les peuples et les temps. » On aime à entendre à travers les âges ces échos qui se répondent et qui attestent que tout l’héritage n’a pas péri.
Comment une idée qu’Aristophane, Ménandre, Shakespeare, Cervantes, Molière ont mis plus de vingt siècles à construire partie par partie, sortirait-elle tout d’un bloc du cerveau de M. […] Arrivés à la définition du singe, ils se rappelleront confusément que le singe est un animal comique, dont l’aspect donne envie de rire ; mais tous les caractères de la bête seront entièrement sortis de leur mémoire : bonne occasion pour la logique. […] Le dénouement, par la destruction des personnalités engagées dans l’action, fait cesser la discorde allumée entre les puissances morales, et l’unité divine de leur idée sort triomphante d’entre les ruines. […] Que sort-il de cette opposition ? […] On sort.
Blasés par l’expérience, nous n’attendons rien de bien extraordinaire ; mais l’enfant ne sait ce qui va sortir. […] Tel est le sort de tout ce qui est arrivé à une consécration religieuse. […] La terre où le christianisme puisa son suc et étendit ses racines, c’est l’humanité, et surtout le monde gréco-latin ; mais le noyau d’où l’arbre est sorti est tout juif. C’est l’histoire de cette curieuse embryogénie, l’histoire des racines du christianisme, jusqu’au moment où l’arbre sort de terre, tandis qu’il n’est encore que secte juive, jusqu’au moment où il est adopté ou absorbé, si l’on veut, par les nations, que j’ai voulu indiquer ici. […] Il n’y a pas de difficulté dont on ne puisse sortir par une subtilité, et au fond une subtilité peut quelquefois être vraie.
Si donc vous reprochez au philosophe l’excellence exceptionnelle de sa religion, reprochez aussi à celui qui cherche dans la vie ascétique une plus haute perfection d’être appelé à un état exceptionnel ; reprochez à celui qui cultive son esprit de sortir de la ligne vulgaire de l’humanité. […] Autrefois, au temps du christianisme, cela n’était pas si révoltant : au contraire, le sort du malheureux et du simple était en un sens digne d’envie, puisqu’ils étaient plus près du royaume de Dieu. […] Voyez à Athènes le sort de tous les sages [(en grec)], Miltiade, Thémistocle, Socrate, Phocion. […] Des imbéciles ou des ignorants auront beau se réunir, il ne sortira rien de bon de leur réunion. […] L’ombre de l’Inquisition effraie jusqu’à nos catholiques, et à l’intérieur nous sommes timides et sans élan, nous nous subjuguons avec une déplorable résignation à l’opinion, à l’habitude, nous y sacrifions notre originalité ; tout ce qui sort de la banalité habituée est déclaré absurde.
Car ce n’est pas la race qui est déchue en elle, c’est le sort. […] On sait le sort de la bibliothèque d’Alexandrie, incendiée dans un feu de six mois par l’ordre du patriarche Théophile, qui ne laissa rien à faire à Omar. […] Mais, excepté dans la jurisprudence, cette première nécessité des sociétés civiles qui se fondent, aucune œuvre remarquable ne sortit de cette seconde enfance des lettres. […] Ces agitations ne sont grandes que lorsqu’elles influent sur le sort du monde. […] Triste sort des émigrés, condamnés à avoir souvent pour amis les ennemis de leur pays !
Vous pouvez tenir pour certaines la médiocrité d’un artiste qui trouve bonne son œuvre telle qu’elle est, l’insuffisance d’une vertu qui ne se souhaite pas plus parfaite : augurez de même d’un siècle ou d’un peuple qui n’aspire pas à sortir de soi pour s’élever plus haut. […] Les poètes, qui ne sont pas tenus d’être conséquens avec eux-mêmes, chantent également et l’ascension glorieuse de l’humanité, d’abord sauvage, à la vie civilisée, et l’inévitable décadence qui fait sortir de générations pires que leurs ancêtres une postérité plus vicieuse encore. […] Il y avait là le germe de toute une philosophie de l’histoire : saint Augustin et Bossuet l’en feront sortir. […] A elle seule, elle ne peut que faire sortir le même du même ; les lois en sont d’ailleurs encore trop peu connues pour qu’on puisse asseoir sur elles aucune théorie. […] Bien plutôt, elle les produit en un sens, car elle les suscite, elle les fait sortir de l’indétermination d’une matière qui n’est pas encore organisée, elle en est la raison, partant la vraie cause.
Le recueil de chansons satiriques dit Recueil de Maurepas (Bibliothèque impériale) contient, en quatre ou cinq endroits, de grossiers couplets injurieux à Massillon ; et il importe, non de discuter, mais de repousser, et par la bouche de Massillon lui-même, ces accusations diffamantes, qui ne manqueraient pas de sortir tôt ou tard et que l’on viendrait produire d’un air de découverte et de triomphe11. […] Après ces retards inévitables, Massillon, âgé pour lors de cinquante-huit ans, se rendit en son diocèse en 1721, et n’en sortit plus qu’une seule fois pour venir prononcer à Saint-Denis l’Oraison funèbre de la duchesse d’Orléans, mère du Régent (février 1723). […] Plus de détails sortiraient de mon cadre et appartiendraient à cette biographie ample et complète que je voudrais provoquer.
. — Ce sentiment, ajoutait-il, est né avec moi ; je l’ai eu dès mon enfance, et à peine en étais-je sorti, que je secouai le joug de la domination paternelle aux dépens de tout ce qui m’en pouvait arriver ; et, pendant plusieurs années, je me réveillais la nuit avec un mouvement de joie que me donnait la pensée de ne plus dépendre de personne. […] Mais bientôt cette affliction pieuse qu’il chérissait, et à laquelle il s’était voué comme dans un oratoire mystérieux, eut le sort des choses humaines et s’affaiblit par degrés chaque jour. […] Lassay, qui ne revint point avec eux, aurait bien voulu désarmer pour son compte le mécontentement du roi, qui à son égard datait de plus loin47 : dans une lettre sérieuse, assez politique, et où il mêle des vues sur les armées, sur les finances et l’administration des États de la maison d’Autriche, il loue délicatement Louis XIV et son gouvernement : « Comme on ne juge bien des choses que par comparaison, écrit-il, en vérité il faut sortir de France pour connaître parfaitement la puissance du roi. » On voit, par le désordre qu’il décrit, que l’Autriche n’avait pas eu alors ses Louvois et ses Colbert.
J’ai souvent causé avec des savants modestes qui se rattachent à cette méthode de philosophie et d’expérience, et, après chaque entretien, je suis toujours sorti plein de respect pour Buffon savant, sans parler de cette autre admiration qu’on a de soi-même pour le peintre et l’écrivain. […] » s’écriait de Brosses au sortir d’une conversation avec Diderot. […] Quelques esprits superficiels s’obstinent à voir dans Buffon l’écrivain poudré et à manchettes : ils ne sortent pas des anecdotes sur Montbard, et ils en sont restés sur son compte aux plaisanteries de d’Alembert ou de Rivarol ; ils lui reprochent le « Paon », comme si le « Paon » était de lui ; ils le punissent encore aujourd’hui de s’être donné Guéneau de Montbeillard pour associé, et Lacépède pour continuateur.
Et nous aussi, nous avons vu comme on tombe dans une révolution, et comme on en sort ; comment tous, et les derniers, et les plus distingués, y poussent à l’envi, comment plusieurs même aimeraient à y rester, mais comment un seul, inspiré de plus haut, vous en retire. […] Mais il en est sorti, et c’est ce beau côté victorieux que je tiens à mettre pour le moment en pleine lumière. […] Il ne serait pas impossible peut-être, dans une étude suivie sur Chateaubriand, de noter avec la même précision la date de quelques-uns de ses autres revirements, et celle, par exemple, de sa prochaine rechute épicurienne ; mais ce serait sortir aujourd’hui de notre objet, tout honorable à sa mémoire.
Nos poètes de 1827 n’avaient pas fait, comme Goethe, leurs études dans des universités allemandes d’où l’on sortait en emportant L’Odyssée dans ses promenades ; comme Byron ou les lakistes, ils n’avaient pas été formés dans des écoles où l’on finit par lire les chœurs des tragiques grecs en se jouant. […] Il sortit de là plein d’enthousiasme et chargé de munitions poétiques, et il leva son drapeau. […] Il a exprimé cela admirablement dans une épître à son ami Jean Galland, principal du collège de Boncourt ; il lui dit : Comme on voit en septembre aux tonneaux angevins Bouillir en écumant la jeunesse des vins, Qui, chaude en son berceau, à toute force gronde Et voudroit tout d’un coup sortir hors de sa bonde, Ardente, impatiente, et n’a point de repos De s’enfler, d’écumer, de jaillir à gros flots, Tant que le froid hiver lui ait dompté sa force6, Rembarrant sa puissance aux berceaux d’une écorce : Ainsi la poésie, en la jeune saison, Bouillonne dans nos cœurs… Mais quand vient l’âge de trente-cinq ou quarante ans (c’est la limite qu’il assigne), le sang se refroidit ; adieu la muse et les belles chansons : Nos lauriers sont séchés, et le train de nos vers Se présente à nos yeux boileux et de travers : Toujours quelque malheur en marchant les retards, Et comme par dépit la muse les regarde.
Il l’avait logé chez lui, au bout d’une longue galerie, dans le plus beau coin du château, d’où l’œil embrassait toutes les beautés du lac, le mouvement du port et de la ville, et un horizon immense terminé par la vaste étendue des Alpes : « Tout cela était au service de sa poésie. » Il l’y posséda durant deux années, et il ne parlait jamais de ce temps de réunion qu’avec fraîcheur et ravissement : — Quel bonheur, écrivait-il, de sentir à ses côtés un ami, et un ami tel que Matthisson, avec lequel je pouvais sortir de la prose de la vie pour entrer quelquefois dans la poésie de l’enfance qu’il avait si bien su chanter ! […] À un moment, on appelle Mme Necker, qui se lève de la table et sort de la chambrea. […] [1re éd.] qui se lève de table et sort de la chambre.
Elle avait trouvé moyen de sortir de Paris dans la nuit du 10 au 11 août, en escaladant le mur d’enceinte à un endroit qu’on lui avait indiqué et où il y avait une brèche. […] Le roi en a mal usé toute sa vie avec lui ; mais il est son cousin, et il feindra une maladie pour rester chez lui, samedi, jour de l’appel nominal qui doit décider du sort du roi. » — « Alors, monseigneur, dis-je, je suis sûre que vous n’irez pas à la Convention mercredi ; je vous en prie, n’y allez pas. » Il répondit qu’il n’irait certainement pas, qu’il n’en avait jamais eu le projet, et il me donna sa parole d’honneur qu’il ne s’y rendrait pas ce jour-là, ajoutant que, quoique, selon lui, le roi eût été coupable en manquant de parole à la nation, rien ne pourrait le contraindre, lui, son parent, à voter contre Louis XVI. […] À peine sorti de prison, il m’envoya une livre de thé vert, le meilleur que j’aie jamais pris, et une petite provision de sucre. » Mais le souvenir du 21 janvier s’interposait toujours, et elle ne put s’empêcher d’être ingrate. — Le régime de la prison en vue d’une mort commune et prochaine est la plus grande leçon d’égalité.
Jouvin au Figaro dansdes articles de véritable critique, reprirent et poussèrent l’attaque : George Sand, dans le Siècle, sans répondre à personne en particulier, évoqua un Béranger noble, élevé, sérieux, fier, idéalisé et encore ressemblant, plusgrand que nature, une figure d’au-delà, telle qu’elle sort de la tombe à l’heure du réveil, en dépouillant toutes les petitesses humaines et les chétives misères. […] Je reviens à la Correspondance, d’où je ne sors plus, et qui est mon véritable sujet. […] » Son ami l’académicien Arnault, à qui il fait l’histoire de ces remaniements sans rien lui en communiquer toutefois, s’étonne de tant de constance et de son peu d’empressement à se faire connaître ; il l’invite à publier ses ouvrages : « Je n’en ferai rien que je ne les aie portés au point de la perfection où je sens que puis arriver ; ensuite il en sera tout ce qui plaira au sort ; mais je ne crois pas recueillir jamais le fruit des peines que je me donne.
La cabale considérable, qui était alors opposée à don Juan, crut voir arriver dans l’ambassadeur de France un puissant auxiliaire, et il eut besoin de toute sa modération et de sa délicatesse pour ne pas se laisser entraîner à une opposition qui sortait de son rôle. […] L’on ne peut assurément se mieux gouverner, ni avec plus de douceur et de complaisance pour le roi… » La duchesse de Terranova a établi une étiquette si maussade que, le repas du soir fini, à huit heures et demie, tous les jours, le roi et la reine se couchent « le moment d’après qu’ils sont sortis de table, ayant encore le morceau au bec. […] La camarera-mayor en fit une si grande affaire auprès de la-reine, qu’elle l’obligea à faire commander de la part du roi à ce misérable, par l’ambassadeur de France, de sortir de Madrid sous peine de la vie.
Quand l’aube jette aux monts sa rose bandelette, Cet étroit paradis, parfumé de verdeurs, Au devant du soleil, comme une cassolette, Enroule autour des pics la brume violette, Qui, par frais tourbillons, sort de ses profondeurs. […] Ne maudis point le sort ni ton rêve flétri. […] une chimère… Et pourtant quand tu penchas ta tête charmante sur mon épaule, quand des paroles enivrantes sortirent de ta bouche, quand je te vis prête à m’entourer de tes mains comme d’une guirlande de fleurs, il me fallut tout l’orgueil de mes années pour vaincre la tentation de volupté dont tu me vis rougir.
Je me rappelle qu’en 1831, vers le temps où parut sa gracieuse idylle de Marie, comme je le visitais en compagnie d’un ami, directeur d’un journal, nous le trouvâmes au lit, dans une assez pauvre chambre d’hôtel où il logeait, et assez mécontent du sort ; nous l’engageâmes à travailler et à se joindre à nous pour quelques articles littéraires : à quoi il nous répondit d’un ton sec : « Non, je veux que ma carte de visite reste pure. » Ce qui, je dois le dire, nous parut légèrement impertinent, à nous qui alors étions jusqu’au cou dans la prose. […] Il n’est pas donné à tout le monde d’arriver à une époque vierge, au sortir d’une barbarie relative, où l’on puisse être simple, grand et naïf. […] Nous allions passer le Puerto de los perros (passage des chiens, ainsi nommé parce que c’est par là que les Maures vaincus sortirent de l’Andalousie) ; c’est une gorge étroite, une brèche faite dans le mur de la montagne par un torrent qui laisse tout juste la place de la route qui le côtoie.