par quelle entente heureuse entre le sentiment du divin et la nécessité d’honorer la vie, dans sa souveraineté et sa fécondité ?
Mercredi 3 mars La princesse exprimait aujourd’hui à dîner le sentiment d’angoisse qu’on éprouve, au réveil, en ouvrant les yeux dans le jour gris de toutes ces vilaines journées : « Quand on se réveille, dit-elle, c’est comme si on avait commis un crime ! […] Une débauche de japonaiserie et de chinoiserie, qui dans la lassitude de la fin de la journée, et le vide de l’estomac à l’heure du dîner, vous donne le sentiment de vaguer dans un cauchemar, où toutes les matières précieuses se mêlent, où toutes les formes se confondent et s’accouplent, et où l’on se sent presque enlacé par une végétation exotique de jade, de porcelaine, de métal ciselé.
« Victor, je ne me serais jamais attendue à cela de la part d’un jeune homme qui paraissait avoir d’aussi bons sentiments. — Le billet du tapissier est échu avant-hier, et voilà huit jours que je ne vous ai vu ! […] Dans le second cas, elles humilient. — Un homme qui a le sentiment de sa valeur souffrira péniblement si, pour la constater, il a besoin de requérir l’appui des imbéciles ou des niais, qui sont une force comme toute majorité. […] Comme toute chose sincère, ce sentiment est alors honorable et mérite le respect, même dans ce que peut avoir d’outré, l’admiration caniche du caudataire désintéressé. […] Car, en réalité, l’homme célèbre peut accepter ce servilisme ; mais, comme son caudataire ne possède aucun talent et aucune dignité, il professera bien souvent pour lui le sentiment, qui est précisément le revers de l’estime. […] Il n’a point voulu y voir ce que l’auteur n’avait pas voulu montrer, — une mère monstrueuse, c’est-à-dire un outrage fait au sentiment le plus sacré de la nature.
» Ainsi isolé entre ces deux grands vides, entre ces deux néants de la responsabilité et de la conscience, le César romain perd toute vue lucide, tout aperçu de rapports, tout sentiment de juste et d’injuste. […] Réfléchis à la source véritable de toutes choses. » Nul, d’ailleurs, plus que lui n’a eu le sentiment du néant de la vie mortelle absorbée dans l’infinité. […] L’idée de son isolement semble parfois le désespérer ; il se voit seul assis sur son trône, comme sur un écueil, au milieu du naufrage moral de son siècle, et il souhaite de mourir. — « Tu vois aujourd’hui combien il est fâcheux de vivre avec des hommes dont tu partages si peu les sentiments. […] On ne peut refuser à Charles II le sentiment de sa race : il était Castillan dans toute la superbe du mot, méprisant les autres nations, portant haut son sceptre de roseau et sa couronne ébréchée, régnant sur le néant, comme s’il avait trôné dans la gloire. […] Le Bohème ne vit pas, il rêve ; il chemine avec le sentiment de l’inanité de son être, parmi les fantômes de toutes choses ; il passe sur le monde comme un spectre lumineux sur une toile sans plan et sans profondeur.
Catinat tient bon et ne démord pas de son dire : « Cela ne se peut pas. » Il voit des difficultés partout, il a réponse à tout ; le meilleur parti à ses yeux, dans le cas présent, n’est que le moins mauvais, et il persiste dans sa méthode expectante, qui doit tout bonnement aboutir à une marche rétrograde raisonnée sous Strasbourg : « Voilà, Sire, quel est mon sentiment.
Il a raison dans l’objet qu’il se propose, qui est de ranimer le sentiment littéraire en ne s’occupant que des principaux monuments.
Et le public ne s’en étonne point ; il n’a pas le sentiment historique ; il admet que l’homme est partout le même ; il fait un succès aux Incas de Marmontel, au Gonzalve et aux Nouvelles de Florian, à tous les paysans, manœuvres, nègres, Brésiliens, Parsis, Malabares, qui viennent lui débiter leurs amplifications.
Je n’y vois qu’une misère effroyable ; ce n’est plus le sentiment triste de la misère, c’est le désespoir qui possède les pauvres habitants : ils ne souhaitent que la mort et évitent de peupler… On compte que par an le quart des journées des journaliers va aux corvées, où il faut qu’ils se nourrissent : et de quoi ?
Les pages exquises où il nous confie les impressions de ses lectures se ramènent à ce sentiment absolument classique.
Faut-il s’arrêter là et d’où ai-je le sentiment que je suis venu relativement à un sujet beaucoup plus vaste peut-être à moi-même inconnu, que telle rénovation de rites et de rimes ; pour y atteindre, sinon le traiter.
Et ma grande raison, c’est que je suis l’auteur d’un travail historique sur le même sujet, où je crois avoir prouvé que le faux Démétrius était un Cosaque ou un Polonais ; mais je suis accommodant et prêt à me prêter à toutes les hypothèses, pourvu qu’on donne à l’imposteur des sentiments et un caractère conformes au rôle qu’il a joué.
Si Calvin n’avait pas l’excuse de la bonne foi, certes ce théologien bourreau qui allumait par le bras séculier le bûcher de Servet, qui de sa logique injurieuse tuait Gentilis à Berne, serait au-dessous de la haine et du mépris du genre humain ; Mais dans un homme de mœurs si austères, capable d’affections domestiques et d’amitiés durables, courageux, d’une si grande édification de son vivant et après sa mort, ce fut moins la cruauté que l’effet de cette superbe de la raison, par laquelle nous croyons avoir conquis l’impartialité des purs esprits, parce que nous avons dépouillé tout sentiment humain.
Ce n’est pas un sentiment passager qui produit la bienfaisance du Chrétien, ce n’est pas la vue seule de l’objet qui excite sa compassion ; c’est la prévoyance, c’est le désir du bonheur général, c’est un amour profond de l’Humanité entiere.
Un sentiment plus honorable, plus excusable, est celui que Bussy conserve à l’égard de la femme qu’il avait le plus aimée (Mme de Montglat), et qui l’avait tout à coup lâché dans le malheur.
Il a rendu ce méchant sentiment avec toute l’énergie dont il était capable, dans un de ses rapports où il est dit : « Il serait juste que le peuple régnât à son tour sur ses oppresseurs, et que la sueur baignât l’orgueil de leur front. » Selon Barère, une telle proposition ne trouva que résistance au sein même du Comité ; on répondit que nos mœurs répugnaient à un tel genre de supplice ; que la noblesse pouvait bien être abolie par les lois politiques, mais que les nobles conservaient toujours dans la masse du peuple un rang d’opinion, une distinction due à l’éducation, et qui ne permettait pas d’agir à Paris comme Marius agissait à Rome : Eh bien !
L’humanité ne se lasse pas de se gausser d’un sentiment que jamais pourtant elle ne cessera d’éprouver.
Elle est renfermée dans des souvenirs plus saintement limités ; écho de la prière, elle est contenue dans l’enceinte du temple ; mais, là même, elle trouve la variété poétique dans la succession rapide des sentiments, tour à tour élevés jusqu’aux cieux, ou atterrés par la douleur et la honte.
C’est lui qui éveille en eux les sentiments engendreurs des idées, dont ils vivent, et qu’ils s’efforcent de fixer en réalités sociales. […] Il s’agit d’une jeune fille qu’il a aimée, jeune homme, qui est devenue veuve, et pour laquelle son tendre sentiment a persisté.
« J’affirme, sur la foi de confidences unanimes, que parmi tous les écrivains qui travaillent pour la scène française, il n’en est pas un qui ne partage les sentiments que je viens d’exprimer sur l’administration de cet homme, dont le maintien opiniâtre au poste qu’il occupe est un défi insolent à l’indulgence silencieuse de la presse, à la patience des comédiens et à la longanimité du ministère, qu’il fait flatter et menacer tour à tour dans les deux Revues dont il est l’âme, avec l’attention habile de ne jamais en être l’esprit. […] Buloz ait pris au sérieux une lettre qui se clôt par ces paroles : « Daignez agréer, monsieur, avec toute ma reconnaissance pour vos bons procédés, l’expression de ma considération la plus distinguée. » En effet, on a des compliments affectueux pour ses inférieurs, des compliments empressés pour ses égaux, de la considération distinguée pour le commun des martyrs ; mais il n’y a que les princes et les jolies femmes que l’on prie de daigner agréer les sentiments que l’on a ou que l’on n’a pas pour eux ; vous voyez donc bien, mon cher ami, que M.
Il resteroit donc à penser, sur ceux de nos pasteurs, que vous prétendez être sociniens parfaits, & rejetter les peines éternelles ; qu’ils vous ont confié là-dessus leurs sentimens particuliers : mais, si c’étoit en effet leur sentiment, & qu’ils vous l’eussent confié, sans doute ils vous l’auroient dit en secret ; dans l’honnête & libre épanchement d’un commerce philosophique, ils l’auroient dit au philosophe & non pas à l’auteur ». […] Cet académicien fit changer de sentiment quelques autres : il travailla de concert avec eux à sauver l’honneur de l’académie. […] Ce sentiment particulier n’est point un argument plausible contre le culte des corps saints. […] D’autres gens, moins sévères, n’étoient pas d’avis qu’on la supprimât, mais ils opinoient pour qu’on la joignît aux académies dont l’objet est plus important & plus déterminé ; sentiment peu soutenable, car il faut une académie à part pour la langue. […] Cette thèse, qui est plutôt un livre qu’une thèse, tant elle est longue, étant composée avec beaucoup d’art, d’un stile élevé, & en beau Latin, m’avoit paru, à la première lecture, rempli de beaux sentimens en faveur de la religion, & mériter par-là mon approbation : mais je me suis apperçu, après un examen beaucoup plus réfléchi, que l’auteur employoit des expressions trop hardies & peu mesurées, & plusieurs propositions répréhensibles qui choquent notre sainte religion ; c’est pourquoi je condamne cette thèse : tel est mon sentiment & celui de la faculté, laquelle, après avoir nommé des députés pour examiner ladite thèse, & après le rapport qui en a été fait, l’a condamnée dans l’assemblée du 15 du présent mois, indiquée extraordinairement pour cette seule affaire ; & le bachelier a été exclu de tous les exercices de licence.
Il couvait là ses caractères, en attendant qu’il pût les faire éclore dans la foule mondaine, munies de leur pâleur, de leurs sourires, de leurs rêveries, les unes ; de leurs sentiments comprimés, de leurs extases, de leurs excentriques désirs, les autres. […] Pyat, ceux qui connaissent les allures de ses idées et la force de ses sentiments, s’accordent à dire que lorsqu’il fera un ouvrage, cet ouvrage sera remarquable, Pour ma part, je ne connais encore de M. […] Gardez-moi vos bons sentiments.
Ainsi la France de Guizot (l’homme du poétique conseil : enrichissez-vous), celle du Poincaré dont la barbiche tabou d’une petite érection impérative sut mettre fin à la dégringolade du franc, la France de ceux-là et des autres, alors même que son légendaire bas de laine, peu à peu, se métamorphose en bas de soie artificielle, demeure assez économe de mots, images, sentiments et idées, pour continuer à ne vouloir reconnaître son poète (?) […] Les appels du libéralisme au sentiment du pittoresque, les pétitions en faveur des monuments historiques, les lois pour la conservation desdits monuments — pour la conservation tout court, sans plus, faudrait-il dire — on sait ce qui se cache sous ces précautions oratoires, et, comment, dans la tanière préservée, reviendront rôder ces êtres en dehors du temps et de l’espace créés par les clergés et nourris par l’imagination des foules ignorantes et opprimées, dont, Engels déclare qu’ils ne sont que les produits d’une fantaisie maladive, les subterfuges de l’idéalisme philosophique, les mauvais produits d’un mauvais régime social af. […] De toute sa force, de la seule force de ses sentiments et de ses muscles, le héros du Chien andalou traîne ce fardeau pathétique et vengeur, à travers un appartement, on ne peut plus quotidien.
Il lisait Byron, soyez en sur, bien moins dans le texte anglais que dans ses propres sentiments à lui et dans son âme.
On revoit le geste et la courbure du dos d’un ancien hôte, le corsage carré, les longs plis d’une robe amarante ; on entend presque des timbres de voix qui, depuis si longtemps, sont muettes ; on approche du puits, et l’on retrouve le sentiment de terreur vague que, tout petit, on éprouvait, lorsque, se haussant sur la pointe du pied, on apercevait la profondeur obscure, et le reflet de l’eau froide, tremblotante, à une distance qui semblait infinie.
N’est-ce pas le pays où tel qui a assisté sans émotion visible à la représentation d’une pièce de théâtre rit tout à coup, à quelques jours de là, d’un trait comique, ou s’attendrit au souvenir d’un trait de sentiment, laissé par le poëte dans la pénombre, et que le spectateur a emporté chez lui, pour en jouir par une sorte de rumination ?
Ô toi, quiconque sois, qui passes Sur la fosse répands des tasses, Répands du bril et des flacons Des cervelas et des jambons ; Car si encor dessous la lame Quelque sentiment a son ame, Il les ayme mieux que des lys Tant soient-ils fraischement cueillis.
On convient que l'esprit du genre comique lui est totalement inconnu ; qu'il n'a présenté sur la Scene qu'un monstre bizarre, mélangé de ris & de pleurs, pétri d'aigreur & de sentiment, de fiel & de gaieté.
…” » — Et, touchant toujours au blasphème, qui est le pôle de sa pensée : — « Jésus — continue-t-il — ne fut pas étranger à ce sentiment EXQUIS… Paul, au contraire, crut lourdement… Notre race seule est capable de réaliser la vertu sans la foi, d’unir le doute à l’espérance. » Évidemment, c’est insensé !
Toutefois, au milieu de ce déchet de la dignité humaine chez les Grecs, dans cet abaissement de la vertu civile qui suivit la conquête d’Alexandre et marqua la domination de ses indignes successeurs en Macédoine, en Égypte, en Syrie, il semble incontestable que, dans l’ordre moral, dans la forme et l’action du sentiment religieux, quelques clartés nouvelles avaient lui, quelques vérités de plus agissaient sur le monde.
Elles commandent aux pleurs, elles commandent aux ris, & il n’y a point de sentiment qu’elles n’étouffent, ou qu’elles ne fassent naître, quand la circonstance le requiert. […] L’un étoit un prétendu philosophe, variable comme le mois de mars, vous accablant aujourd’hui de politesses, demain ne vous regardant pas ; l’autre un Fanatique, dont on ne peut supporter la conversation, si l’on n’est pas de son sentiment ; celui-ci un idiot qui met tout au péché mortel ; celui-là le Don Guichotte de toutes les femmes, ne s’occupant que de cet objet, & n’ayant que cette conversation pour tout entretien. […] Il faut voir l’intrigan lorsqu’il emprunte, lorsqu’il propose quelque achat : l’honneur, la probité, la délicatesse, le sentiment, c’est une exposition de tous les termes les plus honnêtes pour consommer son iniquité. […] L’abbé ne voulut point démordre de son sentiment, & pour me prévenir contre le livre, il m’en rapportoit des fragmens. […] A Dieu ne plaise que je prononce sur l’importance des opinions religieuses, & que je veuille dominer sur le sentiment des autres ; mais je trouve ridicule qu’on se permette des déclamations injurieuses contre le livre & contre l’auteur.
Mais l’avocat n’a fait que traduire en langage littéraire les sentiments du villageois.
Platon dit quelque part aux Grecs : « La terre est petite. » « Platon laisse voir un sentiment profond de la grandeur du monde, lorsqu’il indique en ces termes, dans le Phédon, les bornes étroites de la mer Méditerranée.