C’est au bagne, où il était pour un crime de passion, que, forcément seul avec lui-même, il a connu la vérité. « Le secret de la destinée humaine, sans cet enfer, je ne l’aurais jamais goûté… Cette surabondance d’énergie, qui s’allait cramponnant aux dangers et aux fatigues vulgaires de la vie sociale, s’assouvit enfin quand elle fut aux prises avec les angoisses de la vie expiatoire… » Et enfin, la nouvelle religion, le christianisme naturel, celui qu’Ibsen prophétise sans l’expliquer clairement nulle part, ce qu’il appelle le « troisième état humain », qui sera fondé « sur la connaissance et sur la croix » (le second étant fondé seulement sur la croix et le premier seulement sur la connaissance), ai-je besoin de vous avertir que vous en rencontrerez du moins, dans George Sand et ses contemporains, de vastes et vagues esquisses ? […] Ils serrent l’étude du réel de plus près qu’on ne l’a jamais fait ; ils y paraissent confinés ; et néanmoins ils méditent sur l’invisible ; par-delà les choses connues qu’ils décrivent exactement, ils accordent une secrète attention aux choses inconnues qu’ils soupçonnent. […] Raskolnikof est le seul homme qui ne l’ait pas traitée avec mépris : elle le voit torturé par un secret ; elle essaie de le lui arracher… L’aveu s’échappe : la pauvre fille, un moment atterrée, se remet vite ; elle sait le remède : « Il faut souffrir, souffrir ensemble… prier, expier… Allons au bagne ! […] Ai-je besoin de faire remarquer que Victor Hugo et les romantiques n’avaient point attendu Dostoïewsky ni Tolstoï pour nous montrer des prostituées qui sont des saintes, ou des mendiants et des misérables qui possèdent le secret de la sagesse et de la charité parfaite ?
Elle était la Vénus voilée du musée secret de ses nudités et de ses désordres. […] Ce n’était pas un roman, c’était une histoire, l’histoire, intime et secrète, de cette Marie Duplessis dont le monde ne connaissait que la beauté et les scandales. […] Ce n’est pas elle qui dirait, comme la Fiamette de Boccace, que les plaisirs secrets valent mieux que des trésors cachés sous terre ; tout au contraire, elle arbore son amour, elle l’étale, elle le proclame, et marche en guerrière à son déshonneur. […] A peine l’artiste a-t-il le temps de fuir par une porte secrète, que le mari apparaît, grave, sérieux, glacé, poli, comme toujours.
Victor Hugo a non seulement composé un grand nombre de magnifiques odes, mais on peut dire qu’il a créé l’ode moderne ; cette ode, d’où il a banni les faux ornements, les froides exclamations, l’enthousiasme symétrique, et où il fait entrer, comme dans un moule sonore, tous les secrets du cœur, tous les rêves de l’imagination, et toutes les sublimités de la philosophie. […] Ce qui est vrai pour la musique et la peinture l’est bien davantage pour la poésie qui est l’art le moins palpable, celui dont les secrets sont les plus nombreux et les plus intimes, celui enfin qui a le grand désavantage sur les autres arts de n’avoir pas une langue à part et d’être obligé de s’exprimer avec les mêmes signes qu’un exploit d’huissier, ou qu’un roman vertueux qui fait pleurer les marchandes de modes. […] Mais les tours variés, les coupes hardies et pittoresques, les grands secrets de l’harmonie et de la facture, sont interdits au versificateur. Il ne choque point, parce que ses défauts sont communs, ainsi que ses qualités ; c’est là le secret de ses petits triomphes de société.
Monsieur, comte d’Artois, qui avait précédé son frère, était à peine installé aux Tuileries, qu’il avait (indépendamment du ministère officiel, dès lors constitué) ses conseillers à part, son comité intime, sa police secrète : Il y avait donc, nous dit M. de Viel-Castel, deux gouvernements, l’un officiel, connu de tous, conduisant les affaires, composé en général d’hommes sages et expérimentés, mais pour qui le prince n’éprouvait ni confiance ni sympathie, bien qu’il les ménageât beaucoup ; l’autre, occulte, formé pour la plus grande partie de courtisans sans lumières et d’intrigants sans conscience, n’agissant qu’indirectement sur l’administration, mais surveillant et contrariant par des voies souterraines ceux qui en étaient chargés, se préoccupant beaucoup plus des personnes que des choses, et régnant d’une manière absolue sur l’esprit du lieutenant général. […] La déclaration de Saint-Ouen, « malgré les lacunes et les ambiguïtés calculées du texte » qui échappèrent alors à tous ceux qui n’étaient pas dans le secret, suffisait pourtant et ouvrait carrière à tout un régime nouveau qui allait avoir son cours et son développement.
Ceux-mêmes que l’ambition généreuse et une secrète ardeur ont le plus poussé en avant et à se faire connaître n’ont pas toujours assez tenu compte de cette rude condition du grand nombre, qui consiste à lutter de bonne heure, à pâtir, à forcer des difficultés de plus d’un genre. […] Je sais qu’entre l’arbre et l’écorce il ne faut pas mettre le doigt, ni demander une raison exacte à ces étroites alliances d’âmes, à ces amitiés de Montaigne et de La Boétie ; pourtant, dès qu’on nous livre les secrets de l’intimité, nous devenons plus ou moins des juges.
D’autres ont essayé de peindre tous les maux affaiblissants et le relâchement de la volonté, produits par un abandon tortueux et secret : lui, il s’est attaché à peindre le mal orgueilleux, ambitieux, d’une curiosité insatiable, impie, le mal du Don Juan renouvelé : « Il y a, dit-il, de l’assassinat dans le coin des bornes et dans l’attente de la nuit, au lieu que dans le coureur des orgies bruyantes on croirait presque à un guerrier : c’est quelque chose qui sent le combat, une apparence de lutte superbe : « Tout le monde le fait, et s’en cache ; fais-le, et ne t’en cache pas. » Ainsi parle l’orgueil, et, une fois cette cuirasse endossée, voilà le soleil qui y reluit. » Trois endroits, sans parler de celui auquel cette citation appartient, expriment et ramènent à merveille le sujet, le but du livre, qui disparaît et s’évanouit presque dans une trop grande partie du récit : ce sont, le discours nocturne de Desgenais à son ami, la réponse éloquente d’Octave à quelques mois de là, et, au second volume, certaines pages sur la curiosité furieuse, dépravée, de certains hommes pour ces hideuses vérités qui ressemblent à des noyés livides. […] Une expérience secrète qu’on ménage, qu’on dissimule parfois, est plus profonde et plus vraie encore : quand elle s’échappe à distance, par moments, elle impose davantage, et elle se fait croire.
Camille Mauclair Le génie féerique et fantaisiste de ce prince de lettres a de secrètes affinités avec celui de Villiers, le dédain paradoxal du réel et de l’utile les faisait fraternels, et l’on reviendra un jour sur cette parité de deux grands esprits. […] Voilà le maître intérieur auquel la jeune génération devrait dresser des autels secrets.
« Ce n’est que pour les esprits vulgaires qu’un grand et bel objet perd son charme, en perdant quelque chose de son mystère, en dévoilant une partie du procédé secret par lequel la nature l’a enfanté75. » M. […] Mill ; si nous pouvions reconstituer par synthèse une situation psychologique, comme nous pouvons calculer une position astronomique ; si nous étions capables de prévoir ; qui ne comprend que ce serait là un secret important pour la connaissance des hommes, pour l’éducation, pour la politique, pour toutes les sciences morales et sociales, et que la psychologie serait leur base, comme la physique est celle des sciences de la matière ?
Est-il possible de dire vraiment que les panégyriques d’Orphée, les stances dialogiques de Virgile, les sonores sonnets de Pétrarque, les drames éloquents de Shakespeare, les lyriques discours de Hugo, ou les élégies séraphiques de Lamartine ne révèlent pas les mêmes vertus, la même vie secrète et sacrée, la même mélancolie intime, la même foi profonde et sévère que les cris de l’âcre Ézéchiel ou que la soumission de Job, que les contes du bon Saint Mathieu ou que les sentences de David, que toutes les pages des Évangiles ou de la Bible ? […] Car avec toutes ces riches notions, que pourrions-nous faire cependant si nous n’étions pas doués d’une grande passion secrète ?
En même temps qu’elle voyait beaucoup l’auteur des fables, elle était, mais en secret, une des écolières du fameux géomètre Sauveur ; mais elle s’en cachait : nous verrons bientôt pourquoi. […] Voilà pourtant La Fontaine qui trouve le secret de mêler un trait de son caractère, au récit d’une aventure qui y est le plus opposée.
Certes, tu es quelqu’un des Dieux habitants du secret Olympe ; mais sois-nous favorable, nous t’offrirons des victimes sacrées et des ouvrages d’or merveilleusement travaillés. […] « Si l’Écriture, dit saint Grégoire-le-Grand, renferme des mystères capables d’exercer les plus éclairés, elle contient aussi des vérités simples, propres à nourrir les humbles et les moins savants : elle porte à l’extérieur de quoi allaiter les enfants, et dans ses plus secrets replis, de quoi saisir d’admiration les esprits les plus sublimes.
Peut-être aussi l’aiguillon d’une émulation inavouée piquait-il ce généreux esprit à une place secrète ? […] C’est le secret de la ferveur qu’Émile Boutmy et ses collaborateurs apportèrent à leur œuvre. […] La complication secrète d’un cœur qui se donne comme si simple nous déconcerte. […] Nous voyons identité profonde et secrète de l’auteur et de l’homme. […] La secrète poésie de ces étroites existences s’est révélée à lui.
À vingt ans, il avait découvert le secret d’un nouvel échappement pour les montres. […] Beaumarchais sollicita et obtint la mission secrète d’arrêter la publication du libelle. […] D’abord l’agent secret de Louis XVI a été d’une maladresse incroyable dans l’accomplissement de sa mission. […] C’était aussi le secret de la poétique de Théophile Gautier, que les lettres viennent de perdre. […] La première est le secret du petit nombre de ceux qui savent ; la seconde est l’universelle et banale ressource de ceux qui ne savent point.
C’est qu’il nous fait, pénétrer plus avant que personne aux secrets replis de notre être. […] Coppée nous retient encore par d’autres raisons secrètes. […] » Prométhée seul connaît le secret des destinées. […] Là est le secret de notre jeunesse. […] Il fouille et étale les laideurs secrètes de la chair et ses malfaisances.
— Une impression morale très-pénible, ç'a été celle qu’a produite la note insérée au Moniteur et dans laquelle le roi Louis-Philippe, non content de ses millions, en redemande d’autres et raconte ses secrets de ménage, ses gênes domestiques.
Verhaeren, ni les mousselines à pois de Jules Laforgue, et qui a ses procédés propres et son secret, C’est pourquoi son livre mérite, après qu’on l’a lu pour le plaisir, pour tout ce qu’il contient de mélancolie et de grâce fébrile, d’être relu et étudié.
C’est de lui qu’un Poëte a dit : Il reçut deux présens des Dieux, Les plus charmans qu’ils puissent faire : L’un étoit le talent de plaire ; L’autre, le secret d’être heureux.
Les anciens ont peu connu cette inquiétude secrète, cette aigreur des passions étouffées qui fermentent toutes ensemble : une grande existence politique, les jeux du Gymnase et du Champ-de-Mars, les affaires du Forum et de la place publique, remplissaient leurs moments, et ne laissaient aucune place aux ennuis du cœur.
Nous touchons là, dans ce caractère essentiellement moral, à quelqu’une des difficultés secrètes qui sont le scrupule des consciences délicates et qu’on ne peut que sonder discrètement. […] Nom vénérable et presque sacré, plus mystérieux et plus voilé que ceux de Socrate et de Platon, à peine plus dessiné à nos yeux et plus distinct que celui d’Homère, on ne t’interrogeait qu’avec respect et religion ; on supposait derrière ta science toutes sortes de sciences perdues, on voyait dans ton expérience le résumé de toutes les expériences ; on sentait en toi, aux bons endroits lumineux, l’universalité d’une doctrine, le lien de l’observation comparée, partout le sentiment de la vie ; on voulait tout comprendre, on espérait t’arracher de derniers secrets ; on te demandait presque des oracles. […] Littré, dans une Introduction de 60 pages placée en tête de la troisième édition (1856), rectifiait le point de vue, marquait les pas de l’histoire, faisait la part des artifices et des habiletés secrètes en usage dans l’Antiquité ; mais aussi il restituait tout un ordre de phénomènes nerveux extraordinaires, se renouvelant isolément ou par épidémie, jouant le miracle, ne relevant pourtant que de la médecine, et qui même, n’étant pas expliqués encore, ne sauraient réussir un seul instant à tromper l’œil de la philosophie, « amie de la régularité éternelle. […] Littré le droit de régler elle-même le compte de ses obligations essentielles et de ses dettes contractées dans le secret de la méditation. […] Il est si réellement et si sincèrement modeste, que je ne suis pas bien sûr, dans ce travail que j’ai entrepris sur lui et que j’aurais pu faire plus développé encore, de ne l’avoir pas plus effarouché que flatté, et de n’avoir pas même froissé en lui quelque fibre secrète en touchant à tant de choses intimes.
« Wolfgang Mozart, dit d’Aponte, que j’eus l’occasion de rencontrer enfin à Vienne chez le baron de Vetzlar, son grand partisan et son ami ; Wolfgang Mozart, quoique doué par la nature d’un génie musical supérieur peut-être à tous les compositeurs du monde passé, présent et futur, n’avait jamais pu encore faire éclater son divin génie à Vienne, par suite des cabales envieuses de ses ennemis ; il y demeurait obscur et méconnu, semblable à une pierre précieuse qui, enfouie dans les entrailles de la terre, y dérobe le secret de sa splendeur. […] Une voix secrète semblait lui dire qu’il fallait se hâter d’accomplir son œuvre. […] « Tandis qu’elle parlait de Don Juan et de son rôle à elle dans le drame, il semblait que tous les trésors secrets de ce chef-d’œuvre s’ouvraient à moi, et que je pénétrais pour la première fois dans un monde étranger. […] C’était comme l’accomplissement longtemps attendu de mes plus doux rêves, comme la réalisation de mes pressentiments les plus secrets. […] Je ne pus me défendre d’une terreur secrète, mais qui n’était pas dépourvue de charme.
Léopold Robert (2e partie) I Nous avons dit, en finissant le dernier Entretien, qu’il y avait un amour d’abord innocent, puis imprudent, puis mortel, mais toujours inspirateur, dans le génie de Léopold Robert, et que le secret de ses tableaux était dans son âme. […] Telle inspiration, tel effet ; voilà le secret de l’impression qu’on produit dans tous les arts, soit avec la parole écrite, soit avec les notes, soit avec le pinceau ; car l’art, au fond, ne vous y trompez pas, ce n’est que la nature. […] Le scrupule parle dans la réticence. » XXX Le secret est maintenant dévoilé par la mort : il aimait ; peut-être se flattait-il d’être aimé un jour ! […] XXXI À Venise, le secret de son amour lui échappe dans quelques-unes de ses lettres à son ami d’Argenteuil, M. […] Son secret, concentré dans son cœur, s’y envenimait par le silence ; tantôt il songeait à revenir à Florence, après avoir fini son tableau, tantôt à fuir plus loin encore de l’idole qui le retenait et qui le repoussait tour à tour.
Les plus touchantes catastrophes de l’histoire : le meurtre de César, le supplice de Charles Ier, le cachot du Temple, la mort si calme de Louis XVI, priant pour son peuple égaré ; aucune de ces scènes a-t-elle jamais retenti plus profondément dans votre cœur que la chute d’une larme secrète d’une pauvre âme inconnue qui dit à Dieu ses douleurs intimes, sans dire au monde son nom ? […] Le lecteur, indépendamment de ce qu’on lui dit, aime à être pris pour confident par l’ami qui chante ou qui parle : avoir un secret en commun avec cette âme, c’est vivre à deux, c’est une espèce d’amour qui s’enivre de ce qu’on lui dit à l’oreille et de ce qu’il répond confidentiellement lui-même à la confidence connue ou inconnue. Un livre qui est en même temps un secret, une intimité de l’âme, a donc deux mérites qui le rendent doublement cher à ceux qui le lisent : premièrement, il est un beau livre ; secondement, il est un secret. Le livre admirable dont nous allons vous parler est du nombre infiniment petit de ces secrets de la littérature qui ont été chuchotés bien bas entre le berceau, le lit et l’autel ; il est plein de mystère et de larmes, il en fait couler.
Enfin, si les preuves manquent, cherche qui voudra à contenter la curiosité des hommes, s’épuise qui voudra à pénétrer les causes des secrets jugements de Dieu : pour lui il chantera à jamais ses miséricordes. […] Employant quelquefois jusqu’à six heures par jour aux confessions, et attirant à son tribunal les petits et les grands, les riches et les pauvres, dans l’égalité de la pénitence, toutes les prévarications humaines lui avaient dit leur secret. […] La prédilection pour le Petit Carême ne trahit-elle pas une complaisance secrète du rhéteur en vers pour le rhéteur en prose ? […] La principale, c’était Fontenelle auquel il a grand’peine à pardonner la préférence ouverte ou secrète que tant de gens donnaient à son esprit sur « le sublime de M. de Meaux. » C’étaient ensuite les Lettres persanes dont « l’imagination » passait, dans le goût public, avant « la perfection » des Lettres provinciales, « où l’on est étonné », dit-il, « de voir ce que l’art a de plus profond avec toute la véhémence et toute la naïveté de la nature. » Toute la critique de Vauvenargues se résume en ceci : justice un peu froide pour son temps ; préférence de sentiment et de goût pour le dix-septième siècle. […] Il est encore plus étonnant que le cœur de Vauvenargues n’ait pas senti celui de Molière, jusque dans cette gaieté si franche et si communicative, sous laquelle sont ces pleurs secrets que le divin génie de Virgile a appelés les larmes des choses.
Je croirai même qu’ils ont, elle et lui, un idéal secret. […] Le secret des âmes ne lui fut jamais entièrement révélé. […] Le palimpseste a donc par lui-même l’attrait du mystère ; il cache un secret. […] J’ai une préférence secrète pour les petits livres. […] Il en révèle tous les secrets.
Il y a dans le cœur des plis secrets, auxquels il ne souffre pas qu’un autre que lui touche pour les déployer. […] Il n’en saisit pas uniquement l’aspect immédiat, mais l’idée secrète ; ses anecdotes sont poétiques et sa poésie semble de l’anecdote. Il semble à tout moment qu’il trahisse le secret de quelqu’un, et ce quelqu’un peut-être n’existe pas. […] Ma tête, dit-elle, ploie sous la lumière des étoiles ; mon calice se gonfle de rosée, comme un cœur se remplit d’un secret qu’il voudrait répéter… Je porte un secret dans mon calice, j’ai le secret de l’univers, qui lui est échappé en songe pendant la nuit, et point de voix pour le redire. […] Pas une religion, pas un système qui ne porte quelque trace de ce charme secret qu’exerce la vérité sur nous en dépit de nous-mêmes.
Or, cette linotte a un secret, un secret presque tragique. […] Ce serait, pour Nora, le moment de lui confesser son secret. […] Dumas ne paraît pas la juger inférieure à ses autres productions ; il la traite seulement, non sans complaisance secrète, de « pièce bizarre » ). […] Et Henriette, torturée, laisse échapper son secret : « Hé ! […] Sur les sentiments secrets des officiers qui exécutent les ordres du premier consul, rien.
Dans cette page charmante, il n’a eu qu’à se ressouvenir et à nous raconter son propre secret : « Mais qui mieux que l’auteur lui-même, nous dit-il, ressent cette harmonie mutuelle du langage et du chant ? […] Thiers, docile à cette sympathie secrète que nous avons dite, fit part de son projet à M. de Rémusat, en lui offrant d’être sur le même pied que lui-même. […] On voit combien la philosophie est allée prenant chaque jour plus de place dans ses études ; ce qui avait été longtemps un culte secret a fini par éclater. […] L’auteur se trouvait placé dans une perplexité piquante : d’un côté, tous ses talents secrets et son culte le plus cher, la philosophie, résumés dans une œuvre étendue, attachante, et où il donnait enfin son entière mesure ; de l’autre, sa philosophie encore, mais toute nue et appliquée dans sa mâle austérité à une investigation difficile. […] Vitet : là encore le critique Savait d’original le secret du genre, et il en avait causé très au long Avec lui-même auparavant.
Le philosophe grec a-t-il aperçu entre la comédie et la tragédie je ne sais quelle profonde et secrète identité ? […] Car nous avons perdu le secret d’Aristophane pour affranchir les personnages publics de leur tragique solennité, et pour les remplir de vie et de liberté comiques. Ce grand secret, c’est une immense faculté de rire jointe à une faculté immense d’inventer ; c’est la gaieté la plus franche unie à l’imagination la plus libre, et c’est là ce qui distingue essentiellement l’ancienne comédie de la nouvelle20. […] Son secret lui échappe malgré elle et à son insu. […] Le secret du poète comique pour empêcher que nos sentiments moraux ne soient blessés, ce n’est pas de tenter entre son art et la morale une conciliation impossible, c’est de les séparer par convenance.
Après avoir lu les secrètes infortunes du père Goriot, vous dînerez avec appétit en mettant votre insensibilité sur le compte de l’auteur, en le taxant d’exagération, en l’accusant de poésie. […] Je n’ai pas voulu faire souffrir ces chères créatures de mes dissensions avec leurs maris, et j’ai préféré les voir en secret. […] As-tu dans le cœur des secrets qui, pour se faire absoudre, aient besoin des miens ? […] Mon cœur palpitait à l’approche des événements secrets qui devaient le modifier à jamais, comme les animaux s’égayent en prévoyant un beau temps. […] Enfin, nous étions liés par ce terrible baiser, espèce de secret qui nous inspirait une honte mutuelle.
En pâlissant, Laure avait trahi son secret. […] Or, la lecture de Giusti, n’a jamais produit en moi une de ces émotions profondes dont le génie a seul le secret. […] Bulwer nous donnât le secret de son importance politique. […] Pour obtenir et pour garder un empire si incontesté, il faut certes connaître tous les secrets de l’éloquence. […] Il va mourir et fait des vœux pour le bonheur d’Hippolyte ; mais la jeune esclave a surpris son secret au milieu des railleries et des mensonges de Cléon et de Pâris.
De tous nos maux secrets, c’est celui qui est le moins secret et en même temps le plus profond, et qui nous ronge jusqu’aux œuvres vives. […] Il faudrait certainement, pour être un bon critique, avoir pratiqué tous les arts littéraires et en connaître ainsi les secrets. […] C’était sa plaie secrète qu’il éprouvait peut-être plus de jouissance à entretenir qu’à guérir. […] Il a aimé savoir le secret des hommes, et dans ce désir il entrait au moins comme un goût de l’humanité. […] Ce secret ne se définit pas plus, qu’il ne s’emprunte.
Ceci admis, rien de plus intéressant que de saisir Manzoni nous livrant ainsi le secret de ses scrupules et de ses anxiétés d’écrivain.