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363. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Est-ce que les deux ou trois amoureux assez ridicules et assez méprisés que je trouve dans l’ouvrage d’Hippolyte Babou seraient, à ses yeux connaisseurs, une preuve de sa vertu, à elle ?… Mais sans être madame de Sévigné, quelle femme n’a dans sa vie deux ou trois amoureux ridicules, deux ou trois de ces bonnes potiches à sentiment dont on ornemente son boudoir… et son amour-propre ?

364. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Elle a subi et épuisé déjà le ridicule de bien des phases. […] Henri Martin, si druidant qu’il soit, n’a pas été assez hardi pour affronter son propre ridicule en promenant des Druides à travers les temps modernes, quoique pourtant Fénelon, Voltaire, Rousseau, Montesquieu, etc., soient au fond aussi des druides, mais des druides de robe courte comme nous avons des jésuites de robe courte, — d’anciens druides déguisés !

365. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Tout le reste en lui est modeste, même ses ridicules, quand il en a ; car il en a, nous vous les montrerons. […] Rodrigues est un ingénieur, un élève de l’École polytechnique, et, comme dit Μ. de Girardin, dont nous avons promis les ridicules : « un centaure ».

366. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Dans un pays où l’on est plus frappé d’un ridicule que d’une chose utile, on ne doit point aisément pardonner l’éloge. […] Ce qui caractérise l’auteur de ces éloges, c’est une philosophie pleine de fermeté, et quelquefois de hauteur ; une âme qui ne craint pas de se montrer, qui ose afficher son estime ou sa haine, qui ne blesse point les convenances, mais qui, en ôtant à la vérité ce qu’elle a de révoltant, lui laisse tout ce qu’elle a de noble ; un esprit à la fois sage et profond ; l’étendue des idées jointe à la méthode ; un style précis qui n’orne point sa pensée, qui ne l’étend pas, dont la clarté fait le développement, et dont la parure est la force ; et quelquefois l’art de saisir le ridicule et de le peindre avec toute la vigueur que donne le mépris, quand ce mépris est commandé par la raison.

367. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Pour un homme d’esprit il faut convenir qu’il a eu un enterrement bien ridicule, et il est regrettable qu’il ne l’ait pas vu, de son vivant, car j’imagine qu’il s’en fût cruellement moqué, lui qui se moquait de tant de choses moins tristes et moins ridicules. […] Nous les voyons très bien dans les bottes du jockey ou sous la blouse bariolée de clown et la perruque poudrée du marquis de Saint-Lambert, et les manchettes de dentelles de M. de Buffon leur sont des ajustements fort ridicules, aussi ridicules que l’étaient au geai de la fable les brillantes plumes du paon. […] Il ne m’en coûte pas de l’avouer, bien que mon cas s’aggrave d’un fait assez ridicule : que j’étais toujours de bonne foi. […] Il paraît qu’ils furent innombrables et obsédants ceux qui vinrent d’eux-mêmes s’offrir au ridicule : « Écoutez-moi, je vous promets que je serai encore plus ridicule que les autres. […] La police a de la pudeur et elle craint le ridicule.

368. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

La religion et les mœurs devenaient peu à peu un objet de ridicule. […] Mais il y a quelque chose d’absurde et de ridicule dans les efforts de ceux qui travaillent à ternir entièrement la gloire de Voltaire. […] Trop heureux quand la peinture d’un ridicule du moment pouvait avoir quelque vérité ! […] Leur polémique n’avait pas plus de sang-froid ni de dignité que les ridicules discordes des pédants. […] La comédie quitta le ton précieux et ridicule de Dorat, et de ses imitateurs.

369. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIX » pp. 164-165

Style de Mascarille dans les Précieuses ridicules.

370. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Désaugiers, Marc-Antoine-Madeleine (1772-1827) »

Bernard Jullien Ce qui distingue éminemment les chansons de Désaugiers, et toutes ses productions, c’est la verve, le naturel, la bonne et franche gaîté, la peinture vraie et plaisante des mœurs et des ridicules de tous les états, souvent aussi une fécondité singulière pour tirer une multitude de pensées d’un fond qui ne semblait pas les comporter.

371. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 198-200

Il a enrichi la langue à la vérité, il l’a anoblie, il l’a subjuguée ; mais la recherche déplacée de son style le rend boursoufflé ; la magnificence de l’expression le rend forcé & gigantesque ; la délicatesse des tours le rend affecté ; l’usage immodéré des figures le rend ridicule ; enfin son affectation continue d’élégance & de noblesse, dans les choses qui en exigent le moins, le rend souvent absurde & pénible à la lecture.

372. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 344-346

Ceux qui connoissent ses Comédies de la Femme Docteur, du Saint déniché, des Quakers François, y remarquent un sel & une gaieté très-propres à faire sentir le ridicule des travers qu’il attaque.

373. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 134-135

Il étoit naturel que l’Abbé Desfontaines fût sensible à la dégradation des Lettres ; personne ne connoissoit mieux que lui les regles & les raisons des regles ; personne ne les développoit avec plus de finesse, d’agrément & de clarté ; personne ne saisissoit avec autant de précision les différens degrés du beau & les moindres nuances du ridicule ; l’œil sans cesse ouvert sur les moindres défauts, il les sentoit vivement, & ne faisoit grace à rien.

374. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 184-186

Il n’avoit, soit dans ses Ecrits, soit dans ses mœurs, d’autres regles que ses propres opinions ; &, selon le génie des esprits sans principes & sans frein, il traitoit de fables les dogmes de la Religion, & d’entraves ridicules les loix de la probité.

375. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 180-182

Ses Pieces de Théatre annoncent l’Observateur, le Critique, le Peintre habile du ridicule ; son talent principal est de saisir la Nature, de la développer avec adresse, & de la peindre avec une piquante précision.

376. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 260-261

Il n'est point de systême, ajoute-t-il, tel absurde & ridicule qu'on puisse se le figurer, que des Philosophes anciens n'aient imaginé, & qui n'ait trouvé des Partisans pour les soutenir.

377. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 369-371

L’Auteur ne se borne pas à faire la satire des ridicules & des vices du Siecle, il présente aussi les moyens de les corriger ; & si ses observations ne sont pas toujours élégantes & vivement exprimées, elles ont du moins le mérite de la justesse, & annoncent un Esprit aussi éclairé, que jaloux du bonheur de ses Concitoyens.

378. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

L’auteur de cet ouvrage, depuis le jour où il en a écrit la première page, jusqu’au jour où il a pu tracer le bienheureux mot FIN au bas de la dernière, a été le jouet de la plus ridicule illusion.

379. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Dumont le Romain  » pp. 115-116

Le contraste de ces figures antiques et modernes ferait croire que le tableau est un composé de deux pièces rapportées, l’une d’aujourd’hui et l’autre qui fut peinte il y a quelque mille ans ; et l’abbé Galliani vous séparerait cela avec des ciseaux qui [laisseraient] d’un côté tout le plat et tout le ridicule, et de l’autre tout l’antique qui serait supportable et que chacun interpréterait à sa fantaisie.

380. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Roslin  » pp. 149-150

Il faut voir la platitude de nos petits pourpoints, de nos hautes chausses qui prennent la cuisse de juste, de nos sachets à cheveux, de nos manches et de nos boutonnières et le ridicule de ces énormes perruques magistrales, et l’ignoble de ces larges faces bourgeoises.

381. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Il ne rendait les gens ridicules que par la comparaison qu’on faisait d’eux avec ce type de décence, de noblesse et de naturel, qui se personnifiait en lui. […] Mais la société d’alors n’offrant au poète, au lieu de ridicules, que des passions violentes, au lieu de caractères, que des emportements, il alla prendre au théâtre espagnol des travers imaginaires et des caractères de convention. […] Et quand Molière, regardant au-dessus des ridicules, voulut, de sa libre invention, et sans l’indication royale, montrer dans le Tartufe le plus odieux de tous les vices, l’hypocrisie religieuse, exploitant le plus commun des travers, la crédulité, Louis XIV protégea le poète et la pièce, et le plus religieux des rois consacra cette éternelle leçon donnée au genre humain sur l’abus qu’on peut faire de la religion. […] Le roi prit toujours la défense du poète contre la cour, où tous les ridicules attaqués par Molière trouvaient protection. […] Ce bienfait que la France devait à Louis XIV, Boileau en eut sa part comme Molière, avec cette différence qu’avant Louis XIV, et sans Louis XIV, Molière faisant jouer, dès 1659, les Précieuses ridicules, avait commencé l’œuvre de la satire et montré à Boileau où il avait à frapper.

382. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

Ils ont cru qu’en y jetant du ridicule, ils viendroient à bout de détruire la véritable piété.

383. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 115-117

Rochon de Chabannes, qui a le talent de saisir les ridicules, mais qui se contente de les effleurer, auroit pu prétendre à la gloire de réussir dans le haut comique, s'il ne se fût pas laissé trop entraîner au ton dominant.

384. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 266-268

parce que le premier de nos Satiriques l'aura tourné en ridicule ; parce que Chapelle & Bachaumont auront plaisanté avec esprit sur son Gouvernement de Notre-Dame de la Garde : il ne s'ensuit pas qu'on doive oublier tout le mérite qu'il avoit, à plusieurs égards.

385. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

Un mot échappé à Voltaire, dans sa Correspondance, montre avec quelle vérité historique, et dans quelle intention, il écrivait cet Essai : « J’ai pris les deux hémisphères en ridicule ; c’est un coup sûr. » An 1754, Corresp. gén.

386. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Parocel » pp. 255-256

Nous savons tout aussi bien que toi, mon ami, que cette fable est ridicule, mais faut-il pour cela en faire un tableau insipide ?

387. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Est-ce que ses sentiments sont ridicules ? […] Il est véritablement fort respectable, mais il n’en est pas moins ridicule. […] D’autres se lamentent lorsque le ridicule les atteint ; lui s’était désespéré parce que le ridicule l’avait fui. […] Les larmes de ce malheureux étaient ridicules, mais j’en ai tant vu couler d’indignes ! […] Lui au moins eut le mérite de mêler un repentir sincère à ses ridicules regrets.

388. (1922) Gustave Flaubert

Ce qui m’empêche de me prendre au sérieux, quoique j’aie l’esprit assez grave, c’est que je me trouve très ridicule, non pas de ce ridicule relatif qui est le comique théâtral, mais de ce ridicule intrinsèque à la vie humaine elle-même, et qui ressort de l’action la plus simple ou du geste le plus ordinaire. […] Le premier être ridicule qu’il voit dans sa journée, c’est lui-même, le matin, en faisant sa barbe. […] Ce qu’emporte le bateau de Flaubert c’est une cargaison de ridicules humains. […] D’ailleurs Mlle Roque lui paraissait une petite personne assez ridicule. […] Et, si le « dépouillé » est l’idéal de la littérature, je ne trouve pas cela si ridicule.

389. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

M. de Molière fit un prologue en marquis ridicule qui voulait être sur le théâtre malgré les gardes, et eut une conversation risible avec une actrice qui fit la marquise ridicule placée au milieu de l’assemblée23. » Le roi, on le voit, aimait fort Molière, mais il est bon d’ajouter qu’il aimait plus en lui le bouffon que le philosophe. […] Mascarille dans Les Précieuses ridicules. […] « En rendant ridicules ceux qui renchérissaient sur les modes, il les a rendues plus sages. […] Il joua Jodelet des Précieuses ridicules, Alain de L’École des femmes, Pancrace du Mariage forcé. […] Joua Gorgibus dans Les Précieuses ridicules et Chrysale de L’École des femmes.

390. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Bernard Jullien Millevoye, poète digne à plusieurs égards de l’attention de la postérité, s’est exercé assez souvent dans la narration poétique, et malheureusement il l’a toujours fait sans le moindre succès ; tellement que si l’on voulait juger de son mérite par ses travaux dans ce genre, on le mettrait avec raison au rang de ceux dont le nom est devenu ridicule.

391. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Ce volume donne : d’abord de sévères poèmes antiques, puis des rêves intimes, des notations philosophiques ; — puis une seconde série où se retrouveront les mêmes inspirations, mais exprimées avec moins de rigidité et d’heureux manquements aux règles surannées (et même ridicules) de la poésie classico-romantique, — règles faites pour une langue dont la prononciation a varié.

392. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 111-114

Daniel prétendoit avoir pour lui la raison & la vérité, son Adversaire avoit eu en sa faveur, ce qui a plus d’ascendant sur l’esprit des hommes, les armes du ridicule & de la bonne plaisanterie.

393. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Bellengé » p. 204

Pour les découvrir, il faudrait partir des phénomènes les plus grossiers, par exemple, des serpens, des oiseaux, des arbres, des maisons, des papillons ; il est certain qu’un serpent, qu’un arbre, qu’une maison serait ridicule sur le dos d’une femme.

394. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Le Moine » p. 321

C’était un moyen de montrer avec force le ridicule, l’ignoble de ces grosses joues boursouflées, de cette boule, de ce petit nez serré entre deux vessies, de ce front étroit.

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