Dans ces derniers, le maître d’école est de droit l’aide de camp du curé ; et comme l’institution des écoles est justement comptée parmi les œuvres pies, leur entretien est justement assis sur les revenus du clergé. […] Ce travail est payé, et fait un revenu assez honnête pour une faculté qui a la réputation d’être bien composée. […] On voit, du reste, par son Voyage en Hollande, que, s’il n’était pas ami du déplacement, lorsqu’il se déplaçait, il mettait son temps à profit pour se rendre compte, non des particularités pittoresques, mais des choses utiles : mœurs, coutumes, produits, revenus, industrie, établissements publics, etc.
Le père de famille est revenu au milieu des siens ; il est revenu, envoyé par la Providence, pour consacrer nos droits, pour nous remettre en pleine possession de tant de belles prérogatives que nous étions menacés de perdre, à cause du mauvais usage que nous en avions fait ; dès lors nous avons pu jouir sans trouble d’une émancipation de fait, qui est devenue, par cette haute investiture, une émancipation légale. […] Ainsi, lorsque la nation française vint à tourner les yeux du côté de la terre de l’exil, elle sembla proclamer la pensée généreuse, de revenir au culte si moral des aïeux, de renoncer à l’idolâtrie.
La profonde hypocrisie dont il couvrit d’abord la seule passion honorable de son âme, son alliance avec les meurtriers de César jusqu’à l’heure de les combattre, plus tard sa complaisance aux cruautés d’Antoine, son profit dans les crimes d’autrui, et son art d’épuiser tous les avantages de la proscription et de la violence avant de revenir à quelque ombre de justice et d’humanité, rien de tout cela sans doute n’était fait pour attirer sur son nom le respect et l’amour. […] « Celui qui naguère, à l’exemple d’Hercule, ô peuple, allait, dit-on, chercher la gloire au prix de la mort, César, de la rive espagnole, revient vainqueur dans ses foyers. […] « Va dire à la chanteuse Néère qu’elle se hâte de nouer sa chevelure parfumée de myrrhe ; si l’odieux gardien de sa porte te fait attendre, reviens vite.
Il alla voir et revint effaré… « Connaissez-vous un tel ? […] Il revint bientôt à Paris et publia dans le Gil Blas un document qui fit sensation. […] Il revint bientôt à Paris et publia dans le Gil Blas un document qui fit sensation. […] Revenez dans trois ou quatre jours. » L’éditeur revint trois jours après. « Mon cher ami, dit Faguet, j’ai déjà écrit mille lignes. » (Il comptait toujours par lignes.) […] Je revenais tous les après-midi goûter la même exquise jouissance.
Mais les Parnassiens revinrent plutôt, à cet égard, aux traditions classiques. […] Le poète revient sur son passé. […] Il prend les fièvres et revient en France. […] Gagner un peu d’argent, revenir en France, se marier, et du repos enfin, du repos ! […] Moréas semble revenir des audaces rythmiques de naguère.
Même lorsqu’on croit les savoir le mieux, on court risque de tomber dans des confusions qui feraient hausser les épaules à ceux dont on parle, s’ils revenaient au monde. […] Mais la forme habituelle et facile pour lui, celle à laquelle il revient de préférence et qui se présente d’elle-même, c’est la chanson. […] Il suffisait, pour en jouir, de passer deux fois la frontière ; la pensée qui sortait manuscrite revenait imprimée dans son pays natal. […] Il fallut cesser de s’occuper de politique active ; il revint à la philosophie et à la littérature. […] Le dogmatique, comme le sceptique, en revient à ce suprême Que sais-je ?
Il aurait laissé quelques jours peut-être sa belle villa de Neuilly, mais au bout de peu de semaines, l’armée, toujours fidèle au bon sens, serait revenue à lui, et la doctrine toujours fidèle au vent qui se lève, lui aurait restitué le trône. […] Vainement il essaya de secouer cette idée, et de continuer quelque temps sa marche : le charme avait disparu ; il revint à la hâte sur ses pas, et se renferma tout le jour. […] » « On voit, par quelques mots de cette méditation, que la vieille colère de Joseph contre la poésie s’était déjà beaucoup apaisée ; il s’y glorifie d’avoir un cœur de poète ; et en effet, durant ses heures d’agonie, la Muse était revenue le visiter. […] Par vous, je suis revenu à la vie du dehors, au mouvement de ce monde, et de là, sans secousse, aux vérités les plus sublimes. […] Chaque jour de plus, passé en cette vie périssable, la voit s’enfoncer davantage dans l’ordre magnifique qui s’ouvre devant elle à l’infini, et si elle a beaucoup aimé et beaucoup pleuré, si elle est tendre, l’intelligence des choses d’au-delà ne la remplit qu’imparfaitement ; elle en revient à l’Amour ; c’est l’Amour surtout qui l’élève et l’initie, comme Dante, et dont les rayons pénétrants l’attirent de sphère en sphère comme le soleil aspire la rosée.
Nous y reviendrons assez. […] Notre homme revient à Madrid, sans précipitation à la vérité, sans ardeur, et comme retenu par ce qu’il quitte. […] Il reviendra plus tard à son jardin, sans doute ; mais il était naturel qu’il eût au moins une rechute. […] Il n’y a pas à y revenir, et nous ne nous en occuperons plus. […] La toilette d’une mondaine occupe mille ouvriers, et voilà l’argent qui circule, et la progression des revenus.
Moi, je ne quitte pas la grève qu’on n’ait promis d’y revenir demain. […] C’est bien pourquoi il nous faudra revenir. […] Mais nous y reviendrons. […] Il faut toujours en revenir à dire : Dante est Dante. […] — Mais revenons à nos Allemands.
Thiers corrige et recorrige, il y met tous ses soins ; il vient de revenir à Paris pour suivre l’impression de plus près. […] Il vient de faire, pour sa santé, le voyage d’Ischia où il a pris les eaux, il est revenu par Florence, et rapporte, dit-on, des fruits nouveaux de son inspiration dans ces contrées déjà chantées par lui et gardiennes de ses plus beaux souvenirs43.
Mais j’ai tort de revenir à l’avance sur ce qu’on va lire et qui a été dit par moi-même en termes assez généraux, pourtant exacts et suffisants. […] Car, comme Metz et les amis de Metz fêtaient le docteur Paulin chaque fois qu’il y allait (et il y allait rarement) ; comme, à chaque retour de dix en dix ans, ils revenaient avec lui à leurs anciens souvenirs, à ces souvenirs de 1814 et de 1815, qui dataient déjà de bien loin, j’ai employé à dessein cette expression se ressouvenir, qui indique en effet qu’on a besoin de remonter en arrière et d’aller puiser au fond de sa mémoire.
Elle revenait du spectacle ; elle était morte de lassitude, et elle tombait de sommeil. […] comment maltraiter un enfant qui revient de si loin ?
Revient alors son petit ami d’enfance, Louiset. […] Mais cela revient peut-être à dire que M.
Si vous persévérez dans un tel genre de vie, vous ferez retourner le temps en arrière et vous reviendrez bientôt à l’âge de dix ans. […] Revenons maintenant à la commedia dell’arte, et voyons ce qu’elle fut à côté de Molière pendant la période la plus éclatante de la comédie française.
« Généraliser, a dit Spencer, c’est grouper les coexistences et les séquences semblables. » Cela revient à dire qu’il faut constater entre les choses trois sortes de rapports : rapports de coexistence et rapports de succession, qui peuvent être des rapports de cause à effet ou d’effet à cause. […] Dans la seconde moitié du siècle dernier renaissent en France des goûts qu’on n’y connaissait plus ; on s’y éprend à la fois des voyages, de l’agriculture, des idylles, des jardins anglais, des romans champêtres, des sites sauvages qualifiés de « romantiques », des tableaux représentant la vie du village : choses d’ordre différent, mais qui se ressemblent et qu’on peut réunir sous une seule formule en disant : la France revient à la nature extérieure.
Espère-t-il que les lecteurs reviendront à Balzac & le goûteront ? […] Il fit présent à l’église de saint Memin, près d’Orléans, d’une cassolette de vermeil, estimée quatre cent livres, avec un revenu annuel pour y entretenir des parfums.
Je tressaillis, elle tressaillit ; j’avançai la tête de nouveau, et la douce apparition revint aussi vite, avec des regards de sympathie et d’amour. Mes yeux seraient encore attachés sur cette image, je m’y serais consumée d’un vain désir, si une voix dans le désert : « L’objet que tu vois, belle créature, est toi-même ; avec toi il fuit, et revient.
Mais si l’on vous disoit, mylord, que la police n’a point assez de revenus pour suffire à ces dépenses. […] Les importans ne reviennent jamais de leur amour-propre & de leurs préjugés. […] Que vous revient-il, lui dis-je, de vos imprécations ? […] cela reviendra, mais nous ne serons plus de la partie. […] Je revins à mes chansons.
Ces deux mots reviennent souvent, et aussi les ors, les pourpres, les lis, les roses, le lait, le sang, la flamme, la neige, les diamants, les perles, les étoiles. […] Il m’est revenu que M. […] Il a, comme tous les professeurs, deux ou trois mots ou tournures qui reviennent souvent. […] Cela ne revient point à mettre au début, par une fiction naïve, tous les écrivains sur le même rang. […] Mais on s’est assez moqué de cette assimilation d’un roman avec une expérience de chimie pour qu’il soit inutile d’y revenir.
Raymond Radiguet revenait, justement: « J’ai oublié mes chaussettes, fit-il en riant. […] Il faudra toujours en revenir là. […] Mais l’enfance, c’est à quoi il faut toujours revenir pour prendre son plaisir le plus noble. […] On n’avait pas à y revenir ni même à y penser. […] Moi, quand je reviens en France, je vois le Français juridique, je vois partout M.
Zola se résout à revenir de Rome un peu moins avancé que lorsqu’il est revenu de Lourdes. […] Mais revenons à Stevenson. […] Revenons à Blanqui. […] Si vous observez bien toutes mes prescriptions, vous reviendrez guéri dans trente jours, comme cela est déjà arrivé à deux de mes clients ! […] Heureusement le Tsar et la Tsarine ont fait espérer qu’ils reviendraient bientôt revoir notre capitale sous son véritable aspect.
Il revint enchanté, ayant fait des découvertes : « Mais ils sont très polis ! […] Puis, le soleil revient, et crac ! […] Et nous sommes aussi des «égotistes », ce qui revient à peu près au même. […] On y reviendra. […] L’image d’Emma Bovary me revient.
Gide a coqueté avec le naturisme, puis il est revenu au symbolisme, où on le considère comme destiné à relever l’école. […] Il faut pratiquer ce philosophe, y revenir souvent, noter les mouvements d’enthousiasme et d’aversion que son commerce fait éprouver tour à tour. […] Il y a, j’y reviens, l’acceptation joyeuse de l’univers, l’adoration quand même de l’existence. […] Puis, prévoyant qu’il reviendrait, il installa de petits postes chargés de garder les sources et de surveiller les indigènes. […] Prenons l’impôt sur le revenu, farce nouvelle dont les politiciens sont en train de nous jouer le prologue.
Il faut longtemps jouir de ce plaisir-là pour aimer toujours, car on ne se plaît guère à recevoir ce qu’on n’a pas beaucoup désiré, et quand on l’a de la sorte, on s’accoutume à le négliger, et d’ordinaire on n’en revient plus. » Pour le coup, on reconnaît, tissez bien, ce me semble, le maître de Mme de Maintenon ; et qui donc sut mettre en pratique, comme elle, cet art de douce et puissante lenteur ? […] Enfin mon homme revint sur le midi, et tout aussitôt je montai à cheval et perçai dans la forêt pour changer d’habit. […] Que si M. le Prince, comme vous dites, se montre un peu moins favorable à mes observations, c’est que, dès sa première enfance, il estime cet excellent génie, et que les héros ne reviennent pas aisément. […] Cette duchesse de Lesdiguières, qui revient à tout instant sous la plume du chevalier, la Reine des Alpes, comme il l’appelle, la même qui joua un certain rôle sous la Fronde et que Sénac de Meilhan a fort agréablement mise en jeu dans ses prétendus Mémoires de la Palatine, était Anne de la Magdeleine de Ragny, fille unique de Léonor de la Magdeleine, marquis de Ragny, et d’Hippolyte de Gondi. […] Notez que le nom de Mme de Sévigné ne revient jamais sous la plume du chevalier, qui ne se fait pas faute de citer à tout moment les dames de ses pensées.
La nature s’en attristera quelquefois, et ce sera beaucoup si vous le supportez en silence. » Il avait fait de la métaphysique, et il en était revenu : « Qu’avons-nous à faire de ces disputes de l’école sur le genre et l’espèce ? » Il était versé dans les lettres profanes, et de cela il n’est jamais revenu tout à fait. […] Tandis que Taine se travaille à voir en eux les produits du moment, du milieu et de la race ; il nous les montre surtout comme des producteurs d’une certaine espèce de beauté où nous ne saurons jamais au juste ce qui revient à la race, au milieu et au moment. […] Saurions-nous revenir, au régime de la décentralisation et des petites associations libres ? […] Et, donc, il adviendra de Taine comme d’autres grands inventeurs ou rajeunisseurs d’idées : on l’abandonnera pendant trente ans pour lui revenir.
De cette Cité du peuple et de Dieu : dont le centre est partout, et la circonférence nulle part, La Bruyère passe à un autre pays, qui était quelque chose, au temps de La Bruyère, il passe ou plutôt il revient à la cour. […] Le drame achevé, mademoiselle Mars revint sous la cornette, sous la robe toute simple, sous les grâces naïves et contenues de Lisette. — Elle avait laissé le velours, les diamants, les dentelles, cette étoffe moelleuse dont s’accommodait maître Tartuffe, toute cette parure extérieure, pour arriver comme on arrive quand on a le regard vif et perçant, la voix fraîche et pure, la taille jeune, la main d’une femme comme-il-faut. […] À qui reviendra l’héritage de mademoiselle Mars ? […] Enfin la critique moderne est revenue, et vaillamment aux maîtres de l’antiquité, leur empruntant tout ce qu’elle pouvait leur prendre ! […] On se lamente sur la destinée des comédiens, dont rien ne reste, pas plus que le son de l’écho disparu, et l’on ne voit pas que rien ne revient, de ce qui est mort.
Je m’oublie et je reviens bien vite à la légion étrangère. […] c’est la fin de l’automne ; il a des désirs de revoir la France : « Je voudrais voir la neige de France, dût-elle être haute de six pieds dans les rues. » Revenir en France et avoir une grande guerre en Europe, une guerre régulière, y être employé, c’est là son vœu. […] Après un an du commandement de Milianah, où, encore lieutenant-colonel, il est remplacé par un maréchal de camp, il revient passer quatre mois de congé en France. […] Au bivouac de Raz-Gueber, en pleins Nemenchas, il rencontre des ruines de temples chrétiens : son imagination s’exalte, ce rayon de Génie du christianisme, auquel nous l’avons déjà vu enclin et accessible, revient le frapper : « J’ai un aumônier, l’abbé Parabère, que je viens de faire recevoir chevalier de la Légion d’honneur devant la deuxième brigade. […] C’est alors qu’on en vint ou qu’on en revint à l’idée d’un débarquement en Crimée.
Elle avait disparu un moment dans une grande tempête de l’esprit humain ; mais, la tempête passée, le besoin de croire revenu, elle s’était retrouvée au fond des âmes, comme la croyance naturelle et indispensable de la France et de l’Europe. […] Thiers peint les évolutions des différents corps constitués pour se prêter aux desseins secrets du maître, pour le devancer ou pour revenir sur leurs pas au signe souvent énigmatique de sa physionomie, n’est que l’histoire des bassesses des peuples, égales, hélas ! […] Mais tous les témoins n’étaient pas dans le secret des royalistes ; tous n’étaient pas préparés à revenir sur leurs premières dépositions, et il restait un nommé Roland, autrefois employé dans l’armée, qui répétait avec douleur, mais avec une persistance que rien ne pouvait ébranler, ce qu’il avait avancé dès le premier jour. […] Ici les dépositions étaient si précises, si concordantes, si nombreuses, qu’avec la meilleure volonté du monde les royalistes ne pouvaient pas revenir sur ce qu’ils avaient déclaré, et que, lorsqu’ils le tentaient, ils étaient confondus à l’instant même. […] Sa joie fut vive en trouvant sa prévoyance si bien justifiée ; il revint se placer sur le terrain élevé où il avait bivouaqué, et d’où il embrassait toute l’étendue de ce champ de bataille.
Si Doris me voulait, toute laide qu’elle est, Je l’estimerais plus qu’Aminte et qu’Hippolyte ; Son revenu chez moi tiendrait lieu de mérite : C’est comme il faut aimer41 . […] Quand, au premier acte, Dorante se donne à Clarice pour un brave qui revient des guerres d’Allemagne, je le conçois : son vice peut lui servir. […] Il veut se préparer des consolations, et il se dit à part lui : « Tout père de famille qui revient d’un voyage doit se figurer qu’il va trouver son fils en faute, ou sa femme morte, ou sa fille malade ; et s’il y en a moins qu’il n’en a prévu, c’est autant de gagné59. » Cela est sage, mais froid. […] Pour moi, ajoute-t-il, j’ai pratiqué toujours cette leçon dans ma petite philosophie, et je ne suis jamais revenu au logis que je ne me sois tenu prêt à la colère de mes maîtres, aux réprimandes, aux injures, aux bastonnades, aux étrivières ; et ce qui a manqué de m’arriver, j’en ai rendu grâce à mon bon destin60. » Combien Scapin est plus comique que Démophon ! […] Ce qui en a vieilli revient à la mode ; ce qui en est parfait n’a pas cessé de le paraître.
Mais revenons à Athalie. […] Quel fruit me revient-il de tous vos sacrifices ? […] l’état horrible où le Ciel me l’offrit Revient à tout moment effrayer mon esprit. […] Non ; revenez… Quel est tous les jours votre emploi ? […] J’ai fait par votre ordre plus de trois mille vers sur des sujets de piété ; vous est-il jamais revenu qu’on y ait trouvé un seul vers qui sentît l’hérésie ?
Dans la première forme de société, chez les Klephtes, chez les montagnards des Asturies, par exemple, chacun plus ou moins était poëte, chacun exhalait au ciel sa romance ou sa chanson, et n’en vivait que mieux et plus allègrement de toutes les saines et énergiques facultés de l’âme et du corps : ici, à cette autre phase extrême de la société, il se crée une situation inverse : la faculté poétique qui, aux époques intermédiaires, s’était successivement amortie et calmée dans beaucoup d’organisations occupées ailleurs, et s’était tenue à part et distincte en quelques hautes organisations couronnées, cette faculté revient avec une sorte de recrudescence, et se remue, se loge dans un nombre croissant de jeunes âmes. Elle y revient, non plus comme faculté heureuse et naturelle, mais comme une maladie pénétrante, subtile, une affliction plutôt qu’un don, une rosée amère à des tempes douloureuses. […] Et, en effet, dussé-je me montrer encore une fois sacrilége et au risque de profaner le fruit d’or en voulant y chercher l’amande, je dirai que, si la pensée de M. de Vigny est souvent élevée et grande, son développement est presque toujours précieux, à tel point que plusieurs des pièces esquissées dans ses albums sont certainement plus belles à l’état de projet qu’elles ne l’eussent été après exécution ; elles laissent d’elles une plus grande idée. — Je reviens à la lettre interrompue : je saute des lignes, des phrases élogieuses, et le donne ce qui revient à mon propos, lequel est encore une fois de montrer qu’en me permettant d’essayer de juger M. de Vigny et sa manière, je n’étais point tout à fait sans le connaître (autant du moins qu’il pouvait être connu) et sans avoir été initié et introduit de longue main par lui-même au sanctuaire de sa pensée, si riche en dédales et en mystères. […] « Êtes-vous assez bon pour vous charger d’inviter de ma part nos deux amis, Boulanger et Devéria, et les prier d’être d’une exactitude militaire, s’ils ne veulent revenir chez eux à quatre heures du matin ?
Or ces analogies heureuses n’avaient guère servi de rien à notre langue en poésie, jusqu’à ce qu’André Chénier fût venu montrer qu’il n’était pas impossible d’y revenir. […] Mais voici qui indique un sentiment plus vrai : Fanie était dans l’île de Cos, et Méléagre, absent, s’en était allé du côté de l’Hellespont ; il s’adresse ainsi aux voiles qu’il aperçoit du rivage ; « Navires bien frétés, légers sur les eaux, qui traversez le passage d’Hellé recevant au sein des voiles un Borée favorable, si quelque part vous apercevez sur le rivage dans l’île de Cos la petite Fanie regardant vers la mer bleue, annoncez-lui cette parole : « Belle épousée, ce n’est point sur un vaisseau qu’il reviendra ; il est homme à venir à pied, tant il t’aime128 ! […] Car déjà auparavant, à propos d’Alcmène, tu es allé au-devant de Jupiter, et tu n’ignores pas comment on s’en revient. » Dans une autre épigramme, qui est la contre-partie de la première, il accuse ce même Point du jour, qui allait si vite tout à l’heure, d’être trop lent à tourner autour du monde, maintenant qu’un autre plus heureux est accueilli en sa place et lui succède dans les mêmes douceurs : « Mais, lorsque je la tenais dans mes bras, la belle élancée, tu m’arrivais bien vite, comme pour me frapper d’une lumière qui rit de mes maux. » — Cette Démo, en effet, lui fut infidèle, on l’entrevoit, pour un Juif, et nous arrivons à Zénophila. […] Mais je te supplie à genoux, ô Terre, notre nourrice à tous, d’embrasser dans ton sein, ô mère, d’embrasser doucement cette morte tant pleurée. » Cette pièce, après la mort d’une amante, m’a involontairement rappelé les suprêmes sonnets de Pétrarque, de qui la pensée m’est encore revenue plus d’une fois en lisant Méléagre. […] En France, les personnes même instruites (hors du cercle de l’érudition) sont trop accoutumées à ne juger l’antiquité que sur quelques grands noms qui reviennent sans cesse, qu’on cite à tout propos et qu’on croit connaître.