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518. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Bailey ne reconnaît pour les faits de conscience qu’une méthode, celle des sciences de la matière (tom. […] Quoique l’ensemble de ses arguments ne paraisse pas de nature à produire la conviction, il faut reconnaître qu’il a produit des faits difficiles à expliquer dans l’opinion contraire à la sienne.

519. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Me reconnaît-on pas un sentiment : de faiblesse dans ces hommages inquiets et timides qu’il rend à ses maîtresses, et qui semblent moins solliciter leur affection que leur appui ? […] Voiture s’était fait remarquer, dès l’âge de quinze ans, par une longue épitre au roi, ouvrage de jeune homme, mais où, parmi les antithèses et les jeux de mots, on ne peut s’empêcher de reconnaître de l’esprit, du talent et surtout de l’élévation.

520. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

On crut y reconnoître sa manière. […] Après la mort du redoutable Phyllarque, dom André reconnut ses torts avec Balzac, & lui demanda son amitié.

521. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Il étoit forcé de reconnoître dans M. de Voltaire des parties admirables, mais il s’obstinoit à lui refuser celle de l’invention. […] On reconnut sans peine l’auteur de ces écrits clandestins.

522. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

On reconnaît en lui le disciple que Jésus aimait, le disciple qu’il voulut avoir auprès de lui, au jardin des Oliviers, pendant son agonie. […] Le disciple bien-aimé, qui avait dormi sur le sein de son maître, avait gardé de lui une image ineffaçable : aussi le reconnut-il le premier après sa résurrection.

523. (1865) Du sentiment de l’admiration

  Parmi les qualités que je me plais à vous reconnaître, je vous ai trouvé un défaut, un, ce n’est pas beaucoup avancer ; mais ce défaut est assez fâcheux pour que je prenne à cœur de vous le signaler avec force, dussé-je vous laisser de moi le souvenir d’un morose donneur de conseils, Caton malencontreux, Orbilius de la dernière heure ! […] Mais de nos jours combien d’hommes, tristes fanfarons de scepticisme, se font un jeu cruel d’ébranler toutes les convictions, « Ubi soliludinem faciunt sapientiam appellant. » Le mot terrible de Tacite suffit à les définir ces artisans de ruines qui ne s’arrêtant devant aucun objet de croyance se gardent bien de ménager le culte du génie : race éternelle des iconoclastes en qui je reconnais ces soldats d’Alarik qui, violents contemplateurs des Phidias et des Praxitèle, trouvaient leurs plus doux plaisirs à décapiter les marbres des dieux.

524. (1762) Réflexions sur l’ode

Ils devraient dire tout au plus : Voilà à quoi s’expose le philosophe qui n’a pas ce qu’il faut pour être poète ; ils devraient sentir et reconnaître, pour ne pas citer d’autres exemples, quel prix la philosophie ajoute à la versification brillante du plus célèbre de nos écrivains. […] Le philosophe de son côté, tout philosophe qu’on l’accuse d’être, reconnaîtra sans peine, que ce n’est pas assez, surtout en vers, de penser et de sentir ; l’expression en est l’âme indispensable, On la veut choisie, et pourtant naturelle ; harmonieuse, et pourtant facile.

525. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Mais elle a beau me parler de l’héroïque sincérité de l’âme ardente et forte dont elle recommande le volume présent au public ; elle a beau m’exalter cette âme indépendante et fidèle, qui n’oublie aucun de ses amours en les variant et qui ne combat rien dans son âme par la très morale raison que le temps qu’on perd à combattre contre soi, on ne fait pas Corinne, si on fait Mme de Staël, je me connais trop en logomachie pour ne pas reconnaître les idées, les façons de dire, les affectations du bas-bleu moderne, cette espèce à part et déjà si commune et pour être infiniment touché du spectacle que me donnent, à la fin de cette préface sur laquelle on a compté, ces deux antiques Mormones du bas-bleuisme contemporain dont l’une couronne l’autre de roses à feuilles de chêne, avec un geste tout à la fois si solennel et si bouffon ! […] Mais ici je reconnais l’éternel bas-bleu et sa pose… et je pense au vers de la comédie : Ce n’est en se vantant de l’une, … qu’on a l’autre !

526. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Il releva de la main ses deux paupières pendantes, qui retombaient toujours sur ses yeux, et il reconnut l’homme qu’il avait là, à deux pas de son chevet. […] Le tenace parfum de la Bible se reconnaît encore chez eux dans les inspirations les plus éloignées de la Bible.

527. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Leur pouvoir fut armé des terreurs d’une religion effroyable, et sanctionné par les peines les plus cruelles ; c’est dans le caractère de Polyphème que Platon reconnaît les premiers pères de famille67. — Remarquons seulement ici que les hommes, sortis de leur liberté native, et domptés par la sévérité du gouvernement de la famille, se trouvèrent préparés à obéir aux lois du gouvernement civil qui devait lui succéder. […] Ils doivent laisser ce patrimoine dans des lieux qui jouissent d’un air sain, qui possèdent des sources d’eaux vives, et dont la situation naturellement forte leur assure un asile dans le cas où les cités périraient ; il faut enfin que ce patrimoine comprenne de vastes campagnes assez riches pour nourrir les malheureux qui, dans la ruine des cités voisines, viendraient s’y réfugier, les cultiveraient, et en reconnaîtraient le propriétaire pour seigneur.

528. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Il n’a reconnu dans toutes les formes et à tous les degrés de la connaissance que la connaissance des faits et de leurs rapports. […] Ainsi toute la marche de l’esprit humain, quand il raisonne, consiste à reconnaître dans les individus ce qu’il a connu de la classe, à affirmer en détail ce qu’il a établi pour l’ensemble, à poser une seconde fois et pièce à pièce ce qu’il a posé tout d’un coup une première fois. […] Elle est obligée de supposer ou de reconnaître quelque état primordial d’où elle part et qu’elle n’explique pas1511. […] Nous pensons qu’il n’y a rien au monde que des faits et des lois, c’est-à-dire des événements et leurs rapports, et nous reconnaissons comme vous que toute connaissance consiste d’abord à lier ou à additionner des faits. […] Il y a en dehors de la définition plusieurs façons de faire reconnaître l’objet ; il y a telle autre propriété qui n’appartient qu’à lui ; on pourrait désigner la sphère en disant que, de tous les corps, elle est celui qui, à surface égale, occupe le plus d’espace, et autrement encore.

529. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Ce n’est que depuis la Révolution Française que la propriété littéraire est pratiquement reconnue et transmissible aux héritiers. […] Et malgré tout il faut bien reconnaître l’existence de certains progrès dans l’histoire. […] Il en coûte, par le temps qui court, pour faire reconnaître ses droits ou obtenir la restitution de son dû. […] Sans être graphologue, on peut reconnaître une certaine analogie entre la pensée d’un auteur et l’aspect général de ses manuscrits. […] On aura reconnu la célèbre formule de Leibniz, ridiculisée par Voltaire dans Candide.

530. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Il n’a reconnu dans toutes les formes et à tous les degrés de la connaissance que la connaissance des faits et de leurs rapports. […] Ainsi toute la marche de l’esprit humain, quand il raisonne, consiste à reconnaître dans les individus ce qu’il a connu de la classe, à affirmer en détail ce qu’il a établi pour l’ensemble, à poser une seconde fois et pièce à pièce ce qu’il a posé tout d’un coup une première fois. […] Elle est obligée de supposer ou de reconnaître quelque état primordial d’où elle part et qu’elle n’explique pas. […] Nous pensons qu’il n’y a rien au monde que des faits et des lois, c’est-à-dire des événements et leurs rapports, et nous reconnaissons comme vous que toute connaissance consiste d’abord à lier ou à additionner des faits. […] Voilà la nature de toute vraie définition ; elle ne se contente pas d’expliquer un nom, elle n’est pas un simple signalement ; elle n’indique pas simplement une propriété distinctive, elle ne se borne pas à coller sur l’objet une étiquette propre à le faire reconnaître entre tous.

531. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

À coup sûr ce n’est pas le moyen de nous intéresser ; mais je reconnais volontiers que M.  […] Comme elle croit reconnaître sa voix, il se fait passer pour le frère du marquis. […] Guizot parle des tragédies de Shakespeare avec un discernement que je me plais à reconnaître. […] Cependant j’aurais mauvaise grâce à ne pas reconnaître que M.  […] Clinias rougit, reconnaît sa faute et demande pardon.

532. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Il a été reconnu que le seul parti rationnel est de déterminer d’abord les rapports des copies entre elles. […] Cette vérité, qui paraît élémentaire, n’a été pleinement reconnue que de nos jours. […] On s’imagine reconnaître à première vue si un auteur est sincère ou si un récit est exact. […] On peut donc s’en tenir aux questions déjà posées pour reconnaître la sincérité. […] Pour reconnaître si l’auteur s’est trouvé dans ce cas on a plusieurs questions à poser.

533. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Mais il faut reconnaître que, tout à côté de leur vanité, ils ont un certain sens pratique. […] C’est reconnaître qu’il fait partie d’une classe. […] On reconnaît là, chose curieuse, l’esprit genevois de 1550 conservé aussi pur que si l’on était encore en 1550. […] — Je reconnais que pour beaucoup de Français cette conception est absolument impossible. […] Il disait : « La loi ne reconnaît pas de vœux perpétuels, mais moi, non seulement je les reconnais, mais je les impose.

534. (1940) Quatre études pp. -154

S’il n’est pas de poésie sans une part de mystère, reconnaissons que la poésie anglaise se plaît à conserver intact, dans toute la mesure du possible, ce mystère que le grand jour détruit. […] Mais même Matthew Arnold, si prêt par ailleurs à reconnaître la valeur de notre civilisation, nous dénie le don poétique. […] Tu m’as reconnue sans doute à tout ce qui m’environne, me dit la Déesse elle-même. […] Qu’il est facile, cependant, de reconnaître Leibniz dans quelques-unes de ses affirmations ! […] dans tous vos états, en tout temps, en tout lieu, Mortels, à vos plaisirs reconnaissez un Dieu69 !

535. (1925) Proses datées

Leconte de Lisle y reconnaissait que j’étais « bien élevé ». […] J’ai entendu souvent José-Maria de Heredia lui reconnaître un don souverain d’évocation poétique. […] C’est donc, tout d’abord, aux idées générales de Balzac qu’il ne reconnaîtra qu’une médiocre valeur. […] Auxquels convenait-il de reconnaître la suprématie ? […] Le jardin de ville, il faut bien le reconnaître, n’est plus guère à la mode, à l’heure actuelle.

536. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Quelle que soit la part de sa maladie spéciale dans la formation ou la déformation de son génie, il faut reconnaître en plus, reconnaître surtout, diraient les psychanalystes, dans le fond de Baudelaire le retentissement du drame que fut le second mariage de sa mère. […] On devra rechercher dans la nature orientale le genre commun, la réalité ordinaire, le type que l’on reconnaît oriental sans être jamais allé en Orient. […] On éprouve d’abord une surprise quand, derrière cette correspondance en apparence toute fraîche et sincère, on reconnaît cet artifice. […] Mais on aura reconnu ce que cette glose, prenant la suite de celle de Fromentin, comporte d’artificiel. […] Mais (on reconnaît ici l’autobiographie de Fromentin) Dominique a depuis longtemps l’habitude de l’analyse intérieure, et la lucidité froide de celui qui sait se juger.

537. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Mais dès qu’ils s’y attaquent, ils impatientent et se font clairement reconnaître. […] Si sans ces avertissements vous ne reconnaissez pas le vice et ne le repoussez pas, de deux choses l’une : ou c’est que le vice est mal peint, ou c’est que vous n’avez pas de sens moral. […] Remarquez donc bien que toutes les idées de l’homme se bornent à une seule et même opération : reconnaître, constater ce qui est. […] Je hais en effet autant que j’aime et j’invective volontiers, et je ne suis pas fâché que cela tombe bien assez souvent, comme vous le reconnaissez. […] Il n’aura pas retrouvé le signe maçonnique qu’on est probablement tenu d’y mettre pour se faire reconnaître.

538. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Ils le reconnaissent encore dans le scepticisme ou le criticisme de ce Pierre Bayle, — dont on ne consulte guère aujourd’hui que le grand Dictionnaire, — mais dont les Pensées sur la comète sont de 1682. […] On y reconnaît les gens de son quartier. […] Elle est précisément le miroir où l’auteur comique nous invite à nous reconnaître ; et, nous, sous l’exagération convenue de la caricature, qu’aussi bien nous rapportons d’instinct aux nécessités de l’optique dramatique, ce que nous y cherchons, c’est notre ressemblance. […] Racan, dans sa Vie de Malherbe] ; — et qu’il est étrange à cet égard que les Banville et les Gautier de nos jours n’aient pas reconnu en lui leur véritable ancêtre. […] — On refusait de reconnaître la vérité des peintures qu’il traçait de l’amour ; — et, parce qu’elles étaient trop « vraies », on les trouvait « excessives ». — Une citation de Subligny : « Je trouverais M. 

539. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Enfin, on peut faire qu’une personne qui, par ignorance, va commettre un très grand crime, le reconnaisse avant de l’exécuter. […] La meilleure de toutes ces manières, c’est la troisième, qu’Euripide a suivie dans son Cresphonte, où Mérope reconnaît son fils comme elle va le tuer ; et dans son Iphigénie, où cette princesse reconnaît son frère lorsqu’elle va le sacrifier : c’est ainsi que, dans l’Hellé, Phryxus reconnaît sa mère sur le point de la livrer à ses ennemis. […] Enfin, on rend un personnage intéressant par le mélange de vertus et de faiblesses reconnues pour telles : c’est même la voie la plus sûre ; on admire moins, mais on est plus touché. […] Où l’on aperçoit l’affectation, on ne reconnaît plus le langage du cœur. […] Cette tendre princesse combat les raisons de son amant ; mais lorsqu’elle en a reconnu la solidité, elle consent à son éloignement, non sans un extrême regret : voilà le sujet de la scène et du récitatif.

540. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

On l’emmène, après avoir jeté un mouchoir sur sa figure, pour que l’armée ne reconnaisse pas l’illustre blessé. […] Le visage d’abord sévère de Napoléon, mécontent d’être reconnu, s’était tout à coup adouci. […] Maintenant que l’ennemi, épuisé, se bornait à une canonnade, il résolut de reconnaître de ses yeux l’île de Lobau, d’y choisir le meilleur emplacement pour l’armée, d’y faire en un mot toutes les dispositions de retraite. […] Napoléon, ayant emprunté le manteau d’un lancier polonais, alla, sous les coups de pistolet de quelques tirailleurs de cavalerie, reconnaître les lieux en compagnie du général Haxo, et, les ayant trouvés aussi favorables que le disait ce général, ordonna l’établissement des ponts pour la nuit même. […] Non ; ce qui est juste, c’est de reconnaître que M. 

541. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Il est certain qu’une race intermédiaire entre deux formes très distinctes ne peut être obtenue que par des soins extrêmes et par une sélection longtemps continuée ; encore ne saurais-je trouver un seul cas reconnu où une race permanente se soit formée de cette manière. […] Je pourrais citer plusieurs ouvrages d’une haute antiquité qui prouvent qu’on en a très anciennement reconnu l’importance. […] — C’est un fait bien connu que, dans les cas les plus nombreux, il nous est impossible de reconnaître quel est le type sauvage des plantes les plus anciennement cultivées de nos parterres ou de nos potagers. […] Seulement, après s’être encore modifiés et répandus davantage par le même procédé lent et graduel, ils sont enfin reconnus pour une race distincte ayant quelque valeur, et ils reçoivent alors un nom provincial. […] Aussitôt qu’elle est pleinement reconnue, et ses progrès constatés, la sélection inconsciente tend à en augmenter lentement les traits caractéristiques, quels qu’ils soient, mais sans doute avec une puissance variable, selon que la race nouvelle acquiert ou perd la vogue, et peut-être encore en certains districts plus qu’en d’autres, selon le degré de civilisation de leurs habitants.

542. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Tout se reconnaît sien. […] Elle se sait chérie de Sachs : — Ce motif caractérise l’espoir d’obtenir Eva : « Serait-ce un jour de noce », dit Sachs à David qui apporte des fleurs ; autre part, c’est sur ce motif que Sachs reconnaît que Walther est aimé, et c’est encore pendant qu’il sonne magnifiquement à l’orchestre qu’il lui recommande de s’habiller de façon à faire honneur à Eva. […] Wagner sait ici reconnaître à l’influence féminine et populaire le pouvoir de transfuser un sang nouveau et vivace aux vieilles formes, comme avaient fait le Dante et le Buddha à propos de langage. […] Motif 50 (p. 18, 54, 55, 56, 58, 59, 60, 61, 79, 80, 81, 271, 273, 277, 341, 347, 348, 349, 350, 351). — Il représente la décision que prend Walther de se soumettre à l’examen et à la critique des maîtres pour arriver lui-même à être reconnu maître et à obtenir Eva. […] Dans tous est un écho de la mélodie du printemps, de la forêt, et si l’on veut repasser rapidement les différentes significations des motifs 1, 2, 3, 17, 35, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 79, pour le printemps et la forêt ; — 1, 2, 3, 5, 9, 12, 13, 14, 15, 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 31, 35, 44, 45, 49, 50, 53, 54, 66, 67, 68, 70, 71, 72, 73, 74, 76, 77, 78 et 79, pour Walther ; — 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 18, 19, 23, 24, 25, 31, 33, 35, 44, 45, 48, 49 et 80, pour Eva ; — 1, 2, 4, 12, 13, 17, 26, 27, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 36, 45, 63, 66, et 82, pour Sachs ; — 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 46, 47, 48, 49, pour Nuremberg, son peuple et sa bourgeoisie ; — 20, 50, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 66, 68, 69, 78, pour les Maîtres et leur art ; On reconnaîtra nettement la circulation de ce même dessin mélodique à travers tout le drame musical ; la vie, l’organisation de cette idée réalisée dans une œuvre étonnante de génie ; l’art vivant s’imposant par la force même de sa fraîcheur, de sa naïveté, de sa « neuveté » dirai-je même, à un vieux poète populaire, à une jeune fille, à tout un peuple et à tout le vieux art des maîtres chanteurs : « Et antiquum documentum novo cedat ritui ! 

543. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Les faits connus ne pourront être coordonnés de manière à former de véritables théories spéciales des différents êtres de l’univers, que lorsque la distinction fondamentale rappelée ci-dessus sera plus profondément sentie et plus régulièrement organisée, et que, par suite, les savants particulièrement livres à l’étude des sciences naturelles proprement dites auront reconnu la nécessité de fonder leurs recherches sur une connaissance approfondie de toutes les sciences fondamentales, condition qui est encore aujourd’hui fort loin d’être convenablement remplie. […] (1) Il faut, avant tout, commencer par reconnaître que, quelque naturelle que puisse être une telle classification, elle renferme toujours nécessairement quelque chose, sinon d’arbitraire, du moins d’artificiel, de manière à présenter une imperfection véritable. […] Mais il n’est nullement indispensable de considérer les corps bruts et les corps vivants comme étant d’une nature essentiellement différente, pour reconnaître la nécessité de la séparation de leurs études. […] Il suffit, quant à présent, d’avoir reconnu, en principe, la nécessité logique de séparer la science relative aux premiers de celle relative aux seconds, et de ne procéder à l’étude de la physique organique qu’après avoir établi les lois générales de la physique inorganique. […] De même, relativement aux phénomènes Sociaux, qui sont encore plus compliqués, ne serait-ce point avoir fait un grand pas vers le retour des sociétés modernes à un état vraiment normal, que d’avoir reconnu la nécessité logique de ne procéder à l’étude de ces phénomènes, qu’après avoir dressé successivement l’organe intellectuel par l’examen philosophique approfondi de tous les phénomènes antérieurs ?

544. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

… Il formule et applique à l’Histoire le matérialisme du temps, qui tressaillira d’aise, dans ses vilaines entrailles, en lisant ce livre, qu’on vantera, mais qu’on ne discutera pas, et qui imposera par le poids d’un talent qui n’est plus léger, par les lectures dont il témoigne, par cette accumulation sans agrément de citations entassées et pressées les unes sur les autres comme les tuiles d’un toit, enfin, par tout ce luxe étalé de travailleur, — le mot et la chimère du siècle, et que les Frivoles du journalisme reconnaissent depuis longtemps en M.  […] Taine, dans son livre, fait la monographie de l’Ancien Régime et les symptômes de sa dernière heure, il s’adresse à tous, — à ce public qui ne sait pas l’Histoire et auquel il faudrait l’apprendre, — et ce penseur indépendant, qui s’inquiète dans sa préface de la légitimité du suffrage universel, le reconnaît d’avance par sa méthode, et pose, dans l’ordre de l’esprit, comme le suffrage universel dans l’ordre de la politique, le principe révolutionnaire de l’égalité. […] … Il y reconnaîtrait peut-être un esprit de son ordre, digne aussi d’être catholique. […] Mais, je n’ai pas de peine à le reconnaître, il était autrement fort que le tas de niais qui se donnent maintenant ce nom-là ! […] Il l’a étudié et décrit comme il eût étudié et décrit le système organique de quelque monstrueux cétacé, dans une histoire générale des poissons… Il l’a étudié et décrit, sur ses propres témoignages à lui-même, dans un livre construit avec des milliers de citations et où presque chaque phrase en est une, ce qui fait la plus puissante des nomenclatures, et il a montré, dans le principe de sa vie et dans toutes les manifestations de son action, ce genre de monstre qui a constitué le jacobin dans la bête humaine, à un certain moment de l’histoire de France et de l’humanité, Ce livre incompatible, plus haut que les partis, et qui n’a été écrit pour être agréable à personne, mais pour la vérité, est un peu lourd, on doit le reconnaître, et pour le lire il faut quelque chose de la volonté ferme qu’il a fallu pour l’écrire ; mais cette lourdeur tient à sa force même.

545. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Cela se reconnaît à plus d’une page et à plus d’un caractère de sa grande œuvre. […] Les historiens littéraires qui s’occuperont un jour de Balzac avec le respect et le sérieux que l’on doit à cette Majesté intellectuelle, reconnaîtront, je n’en doute pas, la vérité d’une observation que je n’ai qu’indiquée, et ne me donneront pas de démenti. […] Il est aisé de le reconnaître : l’enfant robuste — car c’était presque un enfant que ce jeune homme quand il illustra Rabelais — a été nourri de moelle de lion par l’immortel Centaure. […] Maisons, châteaux forts, églises, rues, hommes d’armes, hauts barons et baronnes, moines, routiers, écoliers, ribauds et truands, il nous a montré tout cela comme tout cela fut (pittoresquement parlant), avec des détails infinis d’archéologie et des connaissances appropriées ; mais, selon moi, ce mérite, que je reconnais, est bien inférieur à celui qu’il a quelquefois (s’il l’avait toujours !) […] De ses portraits, quelques-uns sont de véritables chefs-d’œuvre, et Balzac, s’il vivait, les reconnaîtrait comme il les voyait dans sa pensée.

546. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Nous ne cesserons dans cet ouvrage de tâcher de démontrer que le droit naturel des gens naquit chez chaque peuple en particulier, sans qu’aucun d’eux sût rien des autres ; et qu’ensuite à l’occasion des guerres, ambassades, alliances, relations de commerce, ce droit fut reconnu commun à tout le genre humain. […] Varron a pris la peine de recueillir trente mille noms de divinités reconnues par les Grecs. […] On trouve dans Strabon un passage précieux de Platon, où il raconte qu’après les déluges particuliers d’Ogygès et de Deucalion, les hommes habitèrent dans les cavernes des montagnes, et il les reconnaît dans ces cyclopes, ces Polyphèmes, qui lui représentent ailleurs les premiers pères de famille ; ensuite sur les sommets qui dominent les vallées, tels que Dardanus qui fonda Pergame, depuis la citadelle de Troie ; enfin dans les plaines, tels qu’Ilus qui fit descendre Troie jusqu’à la plaine voisine de la mer, et qui l’appela Ilion. […] Les hommes éclairés estiment conforme à la justice ce que l’impartialité reconnaît être utile dans chaque cause. […] Le stoïcisme l’anéantit, parce qu’il ne reconnaît d’utilité ou de nécessité que celles de l’âme, et qu’il méconnaît celles du corps ; encore le Sage seul peut-il juger de celles de l’âme.

547. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Ceux qui ne le connaissent pas croiront, en le lisant, que la haine en a tracé les traits ; mais ceux qui le connaissent sentiront-à chaque mot que c’est la vérité : cette même vérité me va faire dire le bien qui est en lui. » En conséquence il lui reconnaît de l’esprit et même beaucoup, de la politesse de langage, de la pénétration, une plaisanterie vive et légère ; mais les traits généraux subsistent, et la physionomie dans son ensemble n’admet rien qui en puisse adoucir l’odieux. […] Récapitulant tous les talents et toutes les facultés qu’il reconnaît ne posséder que d’une manière secondaire et inférieure à ce qu’il avait vu chez d’autres, il ajoute que pour l’esprit de connaissance et de discernement, il croit que peu de personnes l’ont plus que lui : Et cela, conclut-il, m’a fait penser bien des fois fort extravagamment que, de toutes les charges qui sont dans un royaume, celle de roi serait celle dont je serais le plus capable ; car l’esprit de connaissance et de discernement est juste celui qui convient aux rois : ils n’ont qu’à savoir bien choisir ; et, donnant à un chacun l’emploi qui lui convient, ils se servent de toutes ces sortes d’esprits que Dieu a distribués aux hommes, sans qu’il soit nécessaire qu’ils les aient. […] En vieillissant, il était, il est vrai, fort las du monde, ou du moins il le disait volontiers, mais il y revenait sans cesse : « On méprise le monde, et on ne saurait s’en passer. » Il reconnaissait que, pour un homme qui en a pris le train et l’habitude, c’était encore la meilleure manière d’être que de ne pas s’en séparer trop longtemps. […] Lassay, tout en s’en faisant honneur, reconnaissait que ce portrait était flatté, et il répondait au peintre par un mot du maréchal d’Ancre : « Tu me flattes, mais ça me fait plaisir (Tu m’aduli, ma mi piace). » La vieillesse fut son bel âge.

548. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

« Quand je songe, écrivait-il à son ancien collègue, aux épreuves qu’une poignée d’aventuriers politiques ont fait subir à ce malheureux pays ; lorsque je pense qu’au sein de cette société riche et industrieuse on est parvenu à mettre, avec quelque apparence de probabilité, en doute l’existence même du droit de propriété ; quand je me rappelle ces choses, et que je me figure, comme cela est la vérité, l’espèce humaine composée en majorité d’âmes faibles, honnêtes et communes, je suis tenté d’excuser cette prodigieuse énervation morale dont nous sommes témoins, et de réserver toute mon irritation et tout mon mépris pour les intrigants et les fous qui ont jeté dans de telles extrémités notre pauvre pays. » C’était peut-être, il est vrai, pour consoler le chef de l’ancienne Opposition de gauche et le promoteur des fameux banquets qu’il écrivait de la sorte : quoi qu’il en soit, le philosophe est ici en défaut, et il paraît trop vite oublier ce qu’il a reconnu ailleurs, que ce ne sont pas les partis extrêmes qui ont renversé Louis-Philippe, mais que c’est la classe moyenne le jour où elle fit cause commune avec eux. […] Toutes les idées que je viens de t’exprimer l’ont mis fort en travail ; mais il s’agite encore au milieu des ténèbres, ou du moins il n’aperçoit que des demi-clartés qui lui permettent seulement d’apercevoir la grandeur du sujet, sans le mettre en état de reconnaître ce qui se trouve dans ce vaste espace. […] Ce volume contient, je le reconnais tout de suite, quelques lettres où se montre, de la part de Tocqueville, une grande vivacité (que j’approuve du reste) contre la révolution de 1852. […] Non vraiment… » Mais je le reconnais volontiers aujourd’hui en me relisant : avec Tocqueville je suis plutôt resté en deçà que je ne suis allé jusqu’à la limite de la juste louange qui lui est due et que l’avenir lui réserve.

549. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — Enfin, dans la conscience de nos sensations présentes, il y a des images : car, lorsque nous avons conscience d’une douleur, d’une saveur, d’un effort musculaire, d’une sensation de froid ou de chaud, nous la situons en tel ou tel endroit de nos organes ou de nos membres ; en d’autres termes, ma sensation éveille l’image des sensations tactiles, visuelles et musculaires que j’emploierais pour reconnaître l’endroit où se produit l’ébranlement nerveux. […] Tous sont des fantômes d’objets extérieurs, des simulacres d’action, des semblants de sensation, reconnus à l’instant comme simples apparences, et, de plus, fugitifs, effacés, incomplets, mais, en somme, les mêmes en nature que le fantôme de maison ou de tête de mort engendré chez l’halluciné, que le semblant de piqûres cutanées ou de picotement nasal engendré chez l’hypnotisé et le somnambule. […] Par ces deux caractères, elle aurait été reconnue comme purement intérieure et aurait été distinguée de la sensation. […] « Un soir, au moment où elle se couchait, l’appartement étant éclairé par une pâle lueur, elle voit son mari s’approcher d’elle avec précaution ; elle l’entend prononcer quelques paroles à voix basse, et sent sa main pressée par celle du défunt. » Pleine de doute et de surprise, elle retient sa respiration, le fantôme disparaît, et elle reconnaît qu’elle a été dupe d’une hallucination. — « Deux individus, dit Griesinger, peu de temps avant l’explosion de la folie, s’étaient beaucoup adonnés à la chasse ; chez eux, le délire roula longtemps sur des aventures de chasse.

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