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1263. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Laujon n’a donné que de justes éloges et n’a reçu que d’honorables récompenses ; enfin, Messieurs, il a en un talent bien rare, il s’est fait estimer de ceux qu’il s’était chargé de divertir.

1264. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

un style plein de couleur et de mélodie, et le mot, plus rare que le style, qui le diamante et le couronne, le mot qu’elle recherche et qu’elle aime, la parure de sa phrase de femme, aux mêmes contours qu’elle, mais qui n’a ni les attaches, ni les articulations, ni les manières de marcher, animalement puissantes, de la phrase des hommes de génie.

1265. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

L’amitié est un sentiment trop viril pour subsister jamais dans une âme de femme ; et quand même, entre hommes, éclate cette chose rare et sublime, il n’y a qu’un homme du plus mâle génie, qui, comme Otway dans Venise sauvée, puisse en montrer toute la beauté et la grandeur.

1266. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Mais ce phénomène est… un phénomène, c’est-à-dire, une chose exceptionnellement rare, et ce n’est pas ordinairement de ce côté que s’envole ce bel oiseau bleu de bas-bleu, qui est au xixe  siècle le bel oiseau bleu, couleur du temps !

1267. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

ce fut quelque chose de plus rare, sinon de plus précieux ; quelque chose qui devait relever les autres qualités de ses écrits et qui en fit instantanément la fortune.

1268. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

— s’écrie-t-il quelque part, — cela est long, cela est rare, cela cause un plaisir extrême !

1269. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Boswell, au fond, n’est qu’un laquais, d’une espèce très rare, qui adore et admire son maître.

1270. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Nous le répétons : par le temps qui court, une telle qualité d’esprit, tout ensemble solide et aiguisée, est fort rare.

1271. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Lecoy de la Marche, qui a écrit l’histoire de René d’Anjou, un contemporain de Louis XI, et qui n’est pas plus content des histoires qui ont précédé son histoire que Legeay des histoires qui avaient précédé la sienne, nous donne-t-il à son tour cette chose plus rare qu’une histoire de plus et que Legeay nous a donnée ?

1272. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Ce qu’Hippolyte Babou doit surtout craindre et surveiller en lui, c’est cette légèreté d’esprit si rare à présent, et que, pour mon compte, je trouve charmante… Il l’a rencontrée dans madame de Sévigné, et nous sommes tous des Narcisses !

1273. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

III Ces qualités sont des plus étonnantes et des plus rares, et n’importe où !

1274. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Il a fallu qu’un niais pervers (combinaison rare !)

1275. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Mais il y a, selon moi, une histoire encore plus difficile à écrire, et dont les historiens sont plus rares que les Thucydide, les Tacite, les Salluste et les Machiavel.

1276. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

La vertu la plus rare, la plus étrange, et si étrange qu’on ne la conçoit même que surnaturelle, — parce que, dans l’ordre humain, elle n’existe pas, — l’humilité, est ici dans toute son incompréhensibilité, claire seulement pour Dieu et pour ceux qui y croient !

1277. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

c’est un triste spectacle, mais c’en est un qui même n’est pas rare, que du talent, que beaucoup de talent au service de l’absurde et du faux.

1278. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Sa prétention est de les écrire avec un tour d’imagination des plus rares et qui fait fleurir la poésie jusque dans le giron austère de la Vérité, et cette prétention a sa racine peut-être dans une ambition légitime ; car, esprit intermédiaire bien plus que primaire, il peut engrener, l’un dans l’autre, deux ordres de faits différents, — les faits de l’imagination et ceux de la mémoire exacte, — et il a ce style poético-scientifique ou scientifico-poétique, comme on voudra, dans lequel l’abstrait et le concret se balancent, mais pour s’énerver tous les deux !

1279. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Parmi tous les bonheurs et toutes les somptuosités de cette prodigieuse destinée que Dieu, après sa mort, continue à cet heureux, qui aurait pu jeter sa bague aux poissons du Jardin des Plantes, le meilleur, c’est cette gloire plus intelligente et plus pure, incarnée dans l’admiration d’un rare esprit qui sait, lui, pourquoi il admire, et qui se détache de ce fond d’éloges traditionnels et de sots respects qui compose le gros de toute renommée.

1280. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Sa prétention est de les écrire avec un tour d’imagination des plus rares et qui fait fleurir la poésie jusque dans le giron austère de la Vérité ; et cette prétention a sa racine peut-être dans une ambition légitime, car, esprit intermédiaire bien plus que primaire, il peut engrener, l’un dans l’autre, deux ordres de faits différents, — les faits de l’imagination et ceux de la mémoire exacte, et il a ce style poético-scientifique ou scientifico-poétique, comme on voudra, dans lequel l’abstrait et le concret se balancent, mais pour s’énerver tous les deux !

1281. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Mais ce qui est rare chez les philosophes, c’est l’agrément, la grâce, l’esprit enfin qu’il a en plus, et pour lequel je le glorifie.

1282. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Un allemand positif, chose rare, Léopold Ranke, l’a écrite en observateur et presque en physiologiste, avec cette espèce de génie qui se préoccupe, par exemple, des grains de sable de Cromwell.

1283. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Une chose qui nous paraît, du reste, encore plus considérable et plus nouvelle que la méthode inductive elle-même, que ce passage du fini à l’infini dont l’abbé Gratry décrit le mouvement dans l’intelligence avec une si rare précision, c’est la disposition morale de la volonté exigée pour que le mouvement de l’esprit s’opère aisément et s’accomplisse : « Le mouvement intellectuel vers l’infini, c’est-à-dire vers Dieu, est toujours vrai, — a dit l’auteur de la Connaissance de Dieu ; — il est toujours possible, dès que l’homme est doué de raison ; mais il ne s’exécute pas dans l’âme sans un mouvement de cœur correspondant. » Et c’est ainsi que l’abîme entre l’homme moral et l’homme intellectuel est comblé, cet abîme que n’avait pas franchi l’audacieuse pensée de Kant !

1284. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Un homme de race germanique a morfondu un rare génie dans ce qui aurait dévoré la supériorité de Goethe lui-même, c’est Bysshe Shelley, l’ami de Byron, le gendre de Godwin, l’auteur d’Alastor, et il est enseveli sous son œuvre comme un philosophe allemand sous son système.

1285. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Et, cependant, nous ne terminerons pas ce chapitre sans une citation qui fasse comprendre à quel genre de poète rare nous avons affaire.

1286. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Saint-Maur eut cette originalité des plus rares que, parmi les poètes de notre époque, ces féroces et sonores amoureux du bruit, il ne se pressa pas avec la renommée.

1287. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Par un de ces étranges hasards qui ont l’air de se moquer de la majesté de l’Histoire, il s’est trouvé que ce type de femme bestialement ardent, que cet animal de volupté, —  animal voluptatis , — comme disait Tertullien, dans sa brutalité africaine, même des femmes qui n’étaient pas des Messalines ; il s’est trouvé que cet être vulgaire, mais assez rare pourtant dans sa hideuse vulgarité, a été un jour impératrice, et que, femme du maître du monde, elle a souvent quitté son lit de pourpre et ses plafonds étoilés pour aller… là où Juvénal, certainement plus hardi qu’Arsène Houssaye, nous conduit avec elle et ose nous la montrer.

1288. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Doué de facultés très-dramatiques, sachant s’effacer, cette chose difficile, car l’esprit est égoïste comme le cœur, et ne procédant nullement à la manière des romanciers contemporains, qui entassent les descriptions, les paysages et les portraits, dans une ivresse de plastique qui est une maladie littéraire du temps, M. de La Madelène ne fait guères de portraits qu’en quelques traits, quand il en fait, et chez lui, c’est l’action et le dialogue qui peignent le personnage, le dialogue surtout, que M. de La Madelène a élevé à un rare degré de perfection.

1289. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Classé parmi ceux qui ne prennent pas les tambourinades des journaux pour la gloire, et qui attendent que de tels bruits finissent, pour introduire la célébrité qui ne finit pas, Wey est au meilleur rang des vrais et trop rares hommes de lettres contemporains qui, un jour, ont trouvé la littérature dans la rue et l’ont fait monter chez eux, l’ont essuyée des éclaboussures du ruisseau, qui n’était pas d’azur, et l’ont rendue la noble femme qu’elle doit être de la bohémienne qu’elle avait été trop longtemps.

1290. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Mais, de nos jours, comment, avec quelques rares débris, quelques épaves fortuites échappées aux naufrages du temps, refaire ou deviner cette poésie ?

1291. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Le goût qui relève l’exquis est-il moins rare que celui qui ne saisit que les fautes ? […] Aussi les épopées sont-elles rares, non seulement par la rareté des esprits capables de les composer, mais par la rareté des faits susceptibles de la grandeur idéale de l’imagination. […] Par cette raison il incline à préférer la tragédie à l’épopée, en ce qu’elle forme un tout plus régulier et dégagé d’épisodes : mais, à perfection égale, un poème épique est plus rare, parce que, sans se constituer de plus de parties en son entier, sa totalité est d’une plus grande étendue. […] Une forme gigantesque, une action héroïque, bien que naturelles, sont extraordinaires, parce qu’elles sont rares : une forme idéale, conventionnelle ou monstrueuse, une action supérieure à la puissance humaine, étant surnaturelles, sont merveilleuses parce qu’elles ne sont jamais. […] Toutes trois concourent à la beauté des grands poèmes, et se trouvent réunies dans les plus parfaits, mais l’usage de la dernière doit y être rare et modéré.

1292. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

» C’est à propos de ces comiques-là que l’on a dit : « C’est une force incalculable que l’incapacité absolue de se trouver jamais ridicule. » Le comique conscient est d’une qualité plus fine et plus rare, plus rare dans tous les sens du mot. […] James Sully vérifie ce propos très ancien qu’il est rare que ceux qui écrivent sur la gaieté l’inspirent beaucoup. […] Il est assez rare, cependant, que l’on ait, sur un épisode important de la vie de quelqu’un, un témoignage formel de son propre neveu. […] Et puis, ce qui est si rare au théâtre, elle avait la sincérité. […] Mayer a une qualité rare au théâtre : la mesure ; il ne donne jamais dans aucun excès ; il est toujours délicat, sûr et distingué, parfaitement maître de lui et de tous ses effets.

1293. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

A supposer qu’une habitude contractée par les parents se transmette jamais à l’enfant, c’est un fait rare, dû à tout un concours de circonstances accidentellement réunies : aucune modification de l’espèce ne sortira de là. […] Il n’est pas rare qu’on observe chez elles certaines habitudes bizarres, phobies ou superstitions, qui pourraient devenir graves si elles continuaient à fermenter en vase clos. […] Il est rare que le primitif se sente dispensé par elle d’agir. […] L’observation de soi est ici fort difficile, à cause de la soudaineté des événements graves ; les occasions qu’elle a de s’exercer à fond sont d’ailleurs rares. […] Il est rare, d’ailleurs, que l’évolution aboutisse à un état définitif.

1294. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

C’est spectral… Le vieillard Greco, dans sa Pentecôte, a donné sa plus rare génialité. […] Il n’y a rien de plus rare que le génie épique, ni de plus contraire, en particulier, aux habitudes de notre époque. […] Paul Bourget en réalise un exemple d’une qualité rare. […] Il portait la même ardeur dans ses admirations : seulement elles étaient plus rares. […] Et sa recherche des sensations rares le conduit vers certaines formes de l’art catholique.

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