Je n’ai point vu de magnificence surpasser la sienne… Et après maints détails où elle se complaît, et qui prouvent à quel point l’hôte splendide savait mêler à ses pompes et à ses largesses romaines cette qualité française, la précision, Mme de Genlis ajoute : « Le cardinal de Bernis donna à Mme la duchesse de Chartres de magnifiques conversations, c’est-à-dire des assemblées de deux ou trois mille personnes. […] Heureux pourtant et favorisé jusqu’à la fin, puisqu’il lui fut donné, par ses derniers sacrifices, de pouvoir racheter et expier en quelque sorte les mollesses de ses débuts, de confesser une religion de pauvreté par un coin d’adversité salutaire, et de prouver qu’il y avait en lui, sous ces formes tour à tour aimables et dignes, un fonds sincère de générosité humaine et chrétienne !
Duclos a fait quelques ouvrages qui prouvent ou supposent de l’érudition : comme membre de l’Académie des inscriptions et belles-Lettres, il y lut plusieurs mémoires sur des points d’Antiquité ou de Moyen Âge ; mais la première production importante, par laquelle il rompit avec les romans et se déclara un écrivain tout à fait sérieux et solide, fut son Histoire de Louis XI, publiée en 1745 avec la nouvelle année. […] c’est beaucoup qu’il fallait dire, et si l’on ne voulait pas, comme l’abbé Le Grand, les énumérer dans leur richesse, il fallait du moins y insister davantage, pour prouver l’extrême détresse et pénurie, pour donner une juste idée de la disproportion qu’il y avait entre les magnifiques objets mis en gage et l’argent prêté dessus.
Mais cette fois il n’y eut pas moyen, et il fut prouvé que, loin d’avoir tout fait pour le succès, il l’avait plutôt compromis par une manœuvre peu réfléchie. […] Lui aussi, tout le prouve, il eût pu être à son heure un utile pacificateur dans nos Vendées : Il insistait auprès de Chamillart et du roi pour être employé d’une manière conforme à ses talents et à son ardeur : « Je vous avoue, écrivait-il au ministre, que l’amour-propre voudrait quelquefois qu’on ne trouvât pas tous les hommes égaux. » Faute de mieux, dans cet intervalle de campagne, il imagina un moyen de signaler son dévouement et sa reconnaissance, sous prétexte qu’il venait d’être nommé chevalier de l’Ordre : « En réfléchissant, dit-il, à ces bontés du roi et à l’état du royaume, calculant aussi mes revenus et comptant avec moi-même, je crus pouvoir faire une proposition dont l’acceptation m’aurait comblé de joie. » En conséquence, il envoie l’état de sa fortune à Chamillart, et le supplie d’obtenir du roi qu’il veuille accepter en don la somme totale de ses revenus personnels et pensions, le tout montant à soixante-et-onze mille livres par an, et cela jusqu’à la paix générale, se devant contenter, pour ses dépenses, de son traitement annuel comme commandant d’armée.
Je suis avec un profond respect, etc. » Tout cela ne prouverait qu’une chose, c’est que Mme de Luxembourg savait mieux le monde et le français que l’orthographe. […] Et n’est-ce pas ce qui prouve l’amitié ?
La reine Elisabeth accoucha vers ce temps et lui prouva qu’il y avait à espérer de ce côté une nouvelle tige féconde. […] Bien ne prouve que don Carlos ait été sérieusement en pour parler avec les ambassadeurs belges qui vinrent à Madrid pour traiter de ces affaires épineuses.
Je dis on, car le maréchal de Saxe n’était pas de cet avis, et il est évident, et par ses aveux et par les sollicitations instantes qu’il essuya de la part du maréchal de Noailles et de la Cour, qu’il céda à la pression du dehors et à cette idée dominante qu’après une victoire, et pour prouver qu’on l’a bien remportée en effet, il faut faire quelque chose coûte que coûte, et pouvoir montrer à tous un gage signalé. […] Il se donne comme admirateur du maréchal, et il l’était ; mais rien ne prouve plus la légèreté que d’être ce qu’on appelle un gentil garçon, de se dire dévoué à son général et de répéter de pareils propos en l’air, de telles suppositions, sans paraître se douter que c’est l’injure la plus grave.
Ces lettres de Malouet prouvent encore moins pour la justesse de quelques-unes de ses prévisions que pour la droiture constante de ses vues et de ses vœux. […] Les éclaircissements que donne Malouet ont pour objet de prouver que, dans la conduite de cette affaire, il sut toujours se montrer Français sans perdre l’estime des Anglais, et qu’en s’exposant sur le moment à des calomnies inévitables, il n’a jamais démérité de ses concitoyens.
Dans les moments de calamité de fortune, vous voyez que c’est un secours immense, et je vous embrasse de toute ma tendresse pour la manière dont vous venez de vous le prouver à vous-mêmes… » Les lettres à Mme Pauline Duchambge ont un caractère particulier. […] « Tout ce que je vous dis de presque égaré vous prouve du moins une affection profonde, et que je vis d’aimer.
Scribe redoubla de verve et de bonheur au Gymnase ; dans Malvina ou le Mariage d’inclination, dans Avant, Pendant et Après, il parut même agrandir ses dimensions, et vouloir prouver qu’il donnait à son tour carrière à ses tableaux. […] Scribe achève de prouver qu’il suffit à toutes les conditions de la scène française où il a pied désormais plus que personne.
Eynard, elle passait sa vie à lui prouver sa tendresse par des attentions infructueuses à force de délicatesse. […] Eynard est dédié A mes amis Alfred de Falloux et Albert de Rességuier , avec une épigraphe tout onctueuse tirée de saint Paul, ce qui semblerait indiquer que la jeune Rome et la jeune Genève ne sont pas si brouillées qu’autrefois ; mais ces exceptions entre natures affables et bienveillantes, ces avances où il entre autant de courtoisie que de christianisme, ne prouvent rien au fond.
Vous lui plairez donc et, s’il n’ose encore vous le dire, il vous le prouvera par ses faveurs. […] Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines ; au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point.
« Je prouve mon dire : « En somme, voyons, de quoi retourne-t-il, au fond, sous cette question des décadents ? […] Mais non, mon cher Parisis, c’est au contraire honteux ; vous prouvez par là que les journalistes sont des êtres inférieurs qui ne savent pas manier les femmes.
France nous le prouve assez quand il nous en fait douter. […] Nous aboutirons là, au sujet de l’auteur de La Rôtisserie de la reine Pédauque : il est spirituel ; il a, à un degré supérieur, le sens de l’idée conséquente, — ce mur mitoyen entre la raison et le sentiment, — de cela qui n’est pas vraisemblable, mais qu’on imagine, qui ne se prouve pas, mais se vérifie, qui ne s’adapte pas, mais se superpose ; de cela qui plaît, parce que, largement, il a l’intention, le vouloir de plaire ; et rien ne conquiert comme ce vouloir, quand tout le bénéfice qu’on en attend est inactif.
C’est perdre sa peine que de prouver sa sainteté ; car ceux-là seuls peuvent songer à la nier pour lesquels il n’y a rien de saint. […] On ne prouvera jamais la marche de l’humanité à celui qui n’est point arrivé à la découvrir.
Cette extrême sensibilité pour l’extérieur prouve une certaine humilité d’âme et témoigne que ceux qui l’éprouvent n’ont pas encore atteint les hauts sommets philosophiques. […] L’abstinence affectée prouve qu’on fait beaucoup de cas des choses dont on se prive.
. — Faut-il prouver tout d’abord que la littérature et le droit passent au même moment par des phases analogues ? […] Il semble que, Dieu ayant donné la raison aux hommes, cette raison doive les avertir de ne pas s’avilir à imiter les animaux, surtout quand la nature ne leur a donné ni armes pour tuer leurs semblables ni instinct qui les porte à sucer leur sang. » Ces mêmes obstinés, trouvant étrange qu’on offrît pour modèles à l’humanité les loups et les ours, ont dit encore : Quand même l’histoire prouverait que de grands empires d’autrefois se sont formés par ce vol à main armée qu’on appelle la conquête, quand même de grands empires d’aujourd’hui ne seraient qu’une agglomération de provinces ou de colonies soudées de force ensemble, s’ensuit-il que le passé puisse servir de règle à l’avenir et qu’il soit permis de confondre ce qui a été ou ce qui est avec ce qui doit être ?
Il dut prouver que sans lui l’autorité des rois de France allait péricliter, puisque tous leurs édits se terminaient ainsi : « car tel est notre bon plaisir ». […] Tout cela est connu, mais prouve avec quel soin il faut étudier, sous les deux faces qu’ils présentent, les résultats de l’influence mondaine.
Pastoret à Condorcet, lettre des plus vives, et qui prouve du moins que les analyses que ce dernier publiait des séances de l’Assemblée n’étaient pas faites pour y entretenir l’union. […] Il commence par nier qu’il y ait dans l’Assemblée telle chose qu’un parti républicain, un parti ennemi de la Constitution, ennemi de l’ordre et de la paix (3 décembre 1791) : « Rien, dit-il, ne l’a prouvé jusqu’ici.
En effet, toutes ces grandes réprimandes qu’on leur fait dans leur première jeunesse, de n’être pas assez propres, de ne s’habiller point d’assez bon air et de n’étudier pas assez les leçons que leurs maîtres à danser et à chanter leur donnent, ne prouvent-elles pas ce que je dis ? […] Mais si quelque chose me prouve que Pellisson, malgré son élégance et sa pureté de diction, ne fut jamais un attique véritable et qu’il ignora toujours les vraies grâces, c’est précisément son goût déclaré pour une telle idole.
Le Brun n’a jamais mieux prouvé son élévation de talent que par ce court dizain, et l’on a pu dire qu’il a, porté de la grandeur jusque dans l’épigramme. […] J’arrive aux circonstances singulières qui marquèrent sa conduite dans la Révolution, et qui achèvent de prouver qu’au moral aussi il lui a manqué quelque chose, quelques lignes de plus pour être de la taille de ceux dont le courage domina les événements et ne s’y laissent point entraîner.
Ces seuls articles que je cite prouveraient que le projet était déjà arrêté et mûri dans sa pensée dès avant 1830. […] Le poète, à la lecture du premier article de Carrel sur les représentations d’Hernani, lui avait écrit une lettre explicative, et dans laquelle il lui rappelait les singulières prétentions des soi-disant classiques du jour ; Carrel y répondit par une lettre non moins développée qui commençait en ces termes : « Je suis pour les classiques, il est vrai, monsieur, mais les classiques que je me fais honneur de reconnaître pour tels sont morts depuis longtemps. » Dans la critique de l’Othello de M. de Vigny, il se faisait fort de prouver « que toute la langue qu’il faut pour traduire Shakespeare est dans Corneille, Racine et Molière ».
Sa maison des Délices est bien voisine de Genève, et il ne serait pas glorieux pour lui qu’après avoir été sous la griffe d’un roi à Berlin, il retombât sous celle d’une petite république et de ses bourgeois souverains : « J’ai une maison dans le voisinage, qui me coûte plus de cent mille francs aujourd’hui, écrit-il en janvier 1757 ; on n’a point démoli ma maison. » Cela prouve du moins que l’idée qu’on pût lui faire quelque mauvais parti lui était venue. […] Mais quant au fond et à l’exactitude du procédé, on ne saurait rien lui contester ; et, dans son insistance finale, il fut poussé lui-même à bout par les importunités incessantes et le jeu hypocrite de son adversaire. — J’ajouterai qu’après la mort de tous deux, Mme Denis, alors Mme Duvivier, héritière de Voltaire, dut payer au fils de M. de Brosses une somme de quarante mille francs environ, après estimation faite par les experts des diverses dégradations et détériorations qu’avait subies la propriété ; ce qui prouve que Voltaire n’avait pas ménagé l’usufruit.
Volney, dans sa défense, ajoute avec plus de raison, en faisant allusion aux variations de croyances dont le docteur Priestley savait quelque chose : Si, comme il est vrai, l’expérience d’autrui et la nôtre nous apprennent chaque jour que ce qui nous a paru vrai dans un temps nous semble ensuite prouvé faux dans un autre, comment pouvons-nous attribuer à nos jugements cette confiance aveugle et présomptueuse qui poursuit de tant de haine ceux d’autrui ? […] Il s’est proposé, en prenant cette peine, de prouver qu’il prononçait parfaitement la langue anglaise : cette preuve n’est pas toujours bien établie.
— Nous avons prouvé que tous les phénomènes intellectuels, sensation, représentation, projection au dehors, conscience du moi et de son existence continue, sont inexplicables sans la volonté ; il en est de même des phénomènes affectifs. […] D’autre part, on ne prouvera jamais qu’il n’y ait pas dans l’état de conscience répondant à tel ou tel mouvement volontaire un élément qui n’est plus périphérique, mais central, et qui répond non plus au mouvement des muscles, mais au mouvement des centres cérébraux152.
Un auteur moderne prouve ordinairement que les anciens nous sont inférieurs en deux manières, par raison et par exemple : il tire la raison de son goût particulier, et l’exemple de ses ouvrages. […] Comme donc ce n’est point une chose bizarre d’entendre s’élever de tout un amphithéâtre un ris universel sur quelque endroit d’une comédie, et que cela suppose au contraire qu’il est plaisant et très naïvement exécuté, aussi l’extrême violence que chacun se fait à contraindre ses larmes, et le mauvais ris dont on veut les couvrir prouvent clairement que l’effet naturel du grand tragique serait de pleurer tous franchement et de concert à la vue l’un de l’autre, et sans autre embarras que d’essuyer ses larmes, outre qu’après être convenu de s’y abandonner, on éprouverait encore qu’il y a souvent moins lieu de craindre de pleurer au théâtre que de s’y morfondre.
Mais ses remarques ne sont pas toujours judicieuses, comme le prouva Barbier d’Aucour dans sa critique aussi sévére qu’ingénieuse, intitulée : Sentimens de Cleanthe sur les Entretiens d’Ariste & d’Eugene. […] Il n’étoit pas question de prouver sérieusement que le style des néologiques est vicieux ; cela n’auroit servi de rien.
Son vrai genre, à lui, c’est l’éloge, comme le prouvent admirablement ses discours à l’Académie, qui sont presque tous des chefs-d’œuvre ! […] Nisard, l’incomparable valeur de ces deux volumes où l’écrivain a prouvé, par son exemple, que la pureté de la conscience n’impliquait la fermeture de l’esprit à aucune notion littéraire, et que l’attache aux principes — et à tous les principes — n’empêchait pas non plus d’avoir de la grâce dans l’esprit, car il en a beaucoup, et de l’agrément, puisqu’on jure par ce mot, dans une société dont le premier besoin à l’heure que voici est peut-être d’être amusée.
Amédée Pommier a les qualités supérieures qui devaient naturellement trouver leur emploi dans un sujet comme celui qu’il a abordé, et elles l’ont trouvé avec usure ; elles l’ont trouvé avec magnificence : nous le prouverons par des citations. […] Amédée Pommier, cet artiste acharné qui n’a pas besoin de l’impulsion des autres, à des effets nouveaux et à des tentatives nouvelles, nous lui conseillons plutôt, maintenant qu’il a prouvé qu’il pouvait être un grand maître dans l’art des vers pour les vers, de remonter de cette poésie de l’expression pure vers la poésie plus mâle de la pensée et de préférer désormais aux difficultés, cherchées pour les vaincre, du rythme, les inspirations victorieuses des sentiments auxquels il est impossible de résister !
On se rappelle que Philipon, qui avait à chaque instant maille à partir avec la justice royale, voulant une fois prouver au tribunal que rien n’était plus innocent que cette irritante et malencontreuse poire, dessina à l’audience même une série de croquis dont le premier représentait exactement la figure royale, et dont chacun, s’éloignant de plus en plus du terme primitif, se rapprochait davantage du terme fatal : la poire. […] Cela ne prouvait absolument rien.
Rome se charge elle-même de le détromper chaque jour davantage, de lui prouver combien grossière avait été son erreur d’avoir voulu donner comme base à l’avenir, le vieux passé d’erreur et de mensonge. […] Je trouve profondément injuste — encore plus qu’absurde — cette conduite du public vis-à-vis de ceux qui n’ont point honte de prouver que la nature n’a point étouffé en leur être toutes ses voix.
Les sept jours de la victoire de la Marne ont donné un ébranlement en sens contraire, et prouvé, sur tous les points, l’efficacité de cette résistance. […] Le silence de l’esprit de raillerie et de fronde prouve l’universalité de l’esprit de jobarderie. […] Rien ne nous prouve, dans l’état actuel de la connaissance, que le cerveau soit le siège exclusif de la pensée. […] L’occasion ne repasse point deux fois. » Ce qui prouve que Clemenceau et Foch auraient eu profit à le consulter. […] Ceci prouve la faiblesse en commun des personnalités écoutantes, réfléchissantes et discutantes.
Le rôle que l’auteur lui fait jouer prouve suffisamment qu’il n’entend rien aux choses de la passion. […] Rien ne prouve mieux l’efficacité de cette sorte d’algèbre qui est l’art du théâtre. […] Feuillet a conservé jusqu’au bout, son dernier livre le prouve, une prédilection pour ce principe. […] Ce qui le prouve, c’est qu’à plusieurs reprises M. […] Ce qui le prouve, c’est que M.