Parfois, quand on est jeune, on se pique d’originalité et l’on prétend penser des choses qu’aucune intelligence humaine n’ait encore pensées. […] Car de prétendre qu’ils apprennent l’ancien français, c’est chimère, dans l’état actuel de nos programmes.
Verlaine ; mais d’assez grandes parties restent compréhensibles ; et puisque les ahuris du symbolisme le considèrent comme un maître et un initiateur, peut-être qu’en écoutant celles de ses chansons qui offrent encore un sens à l’esprit, nous aurons quelque soupçon de ce que prétendent faire ces adolescents ténébreux et doux… M. […] On peut même prétendre que Verlaine est le seul Français ayant dans ses vers cette intimité profonde et émouvante que l’Allemand considère comme le signe particulier du lyrisme, comme elle se retrouve, par exemple, dans les chansons populaires ou les poésies lyriques de pur sentiment de Goethe.
La filiation divine était attribuée dans l’Ancien Testament à des êtres qu’on ne prétendait nullement égaler à Dieu 699. […] Le rôle essentiel du Verbe est celui de créateur et de providence ; or Jésus ne prétendit jamais avoir créé le monde, ni le gouverner.
Il faut bien le dire, parce que cela est, et que, si l’avenir s’occupe un jour de nos petits hommes et de nos petites choses, cela ne sera pas le détail le moins curieux de ce curieux événement, il paraît que nos faiseurs de censure se prétendent scandalisés dans leur morale par le Roi s’amuse, cette pièce a révolté la pudeur des gendarmes, la brigade Léotaud y était et l’a trouvée obscène, le bureau des mœurs s’est voilé la face. […] Souvenez-vous que cette représentation a été moins une représentation qu’une bataille, une espèce de bataille de Montlhéry (qu’on nous passe cette comparaison un peu ambitieuse) où les Parisiens et les Bourguignons ont prétendu chacun de leur côté avoir empoché la victoire, comme dit Mathieu.
On prétend** que ces deux célèbres antagonistes, qui combattirent avec tant de chaleur pour des matières de théologie, avoient une façon de penser toute philosophique, & que, s’ils étoient nés à Londres, ils auroient donné l’essor à leur génie & déployé leurs principes, que personne n’a bien connus. […] On a prétendu qu’ils étoient mariés secrettement, qu’il n’avoit manqué à leur contrat de mariage que la célébration.
L’âme, considérée en soi, comme chose absolue, n’est donc pas un nombre, une harmonie, comme le prétendaient les anciens. […] Si au contraire on prétend que c’est, non pas l’étendue réelle qui est en Dieu, mais ce qu’il y a d’essentiel, d’intelligible, d’idéal dans l’étendue corporelle, on est amené par la même considération à avancer que c’est non pas l’intelligence elle-même qui est en Dieu, mais ce qu’il y a d’essentiel et d’absolu dans l’intelligence.
Il s’élance jusqu’au principe même des choses, et prétend l’atteindre par une méthode absolue. […] Guizot ne prétend pas faire un traité de théologie : il n’exposera donc pas tous les dogmes chrétiens.
Mais ce prétendu axiome de la pluralité des causes est une négation du principe de causalité. […] Quant aux cas que l’on cite et où l’on prétend observer une pluralité de causes, pour qu’ils fussent démonstratifs, il faudrait avoir établi au préalable ou que cette pluralité n’est pas simplement apparente, ou que l’unité extérieure de l’effet ne recouvre pas une réelle pluralité.
Les passions que ces derniers ouvrages prétendent nous développer, paraissent bien froides à un cœur inaccessible aux passions, et peut-être plus froides encore quand on en a une ; quelle distance on trouve alors entre ce qu’on lit et ce qu’on sent ! […] C’est le propre des malheurs de ramener à la philosophie, comme le joueur qui a tout perdu revient à sa maîtresse ; cette philosophie, qui prétend nous dédommager de tout, m’ouvrait ses bras et me restait pour asile.
On y voit Furetière accusé d’avoir prostitué sa sœur pour se mettre en état d’acheter la charge de procureur fiscal de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés ; il y est dit qu’il se déshonora dans ce poste par des prévarications et qu’il s’y fit le protecteur déclaré des filous et des filles publiques ; on y raconte comment il abusa de sa charge pour escroquer, par une manœuvre qui, selon le vocabulaire moderne, serait qualifiée de chantage, le bénéfice d’un jeune abbé ; enfin, retournant une plaisanterie de Furetière contre lui-même, l’auteur prétend que le Roman Bourgeois, — ce détestable ouvrage — a été dédié par lui au bourreau, comme au seul patron digne d’une telle œuvre. […] Regnier-Desmarets, qui tint la plume pour l’Académie pendant tout le temps de la querelle, prétend, au contraire, que les décisions d’un particulier sur la langue ne peuvent jamais être si sûres ni d’une si grande autorité que celles d’une compagnie instituée pour la perfectionner.
Les grands auteurs font cercle autour de sa chaire ; il en descend le plus souvent qu’il peut et leur cède la parole ; il prétend qu’ils sont les meilleurs maîtres d’idéologie, et que leur style est toute une logique. […] Ils s’en tiennent là, et ne prétendent point aller plus loin.
« Après avoir réglé, dit l’orateur, les objets les plus importants de l’administration et de l’empire, il jeta les yeux sur l’intérieur du palais ; il aperçut une multitude innombrable de gens inutiles, esclaves et instruments du luxe, cuisiniers, échansons, eunuques, entassés par milliers, semblables aux essaims dévorants de frelons, ou à ces mouches innombrables que la chaleur du printemps rassemble sous les toits des pasteurs ; cette classe d’hommes dont l’oisiveté s’engraissait aux dépens du prince, ne lui parut qu’onéreuse sans être utile, et fut aussitôt chassée du palais ; il chassa en même temps une foule énorme de gens de plume, tyrans domestiques qui, abusant du crédit de leur place, prétendaient s’asservir les premières dignités de l’État : on ne pouvait plus ni habiter près d’eux, ni leur parler impunément. […] Aux idées pures et spirituelles d’un dieu unique, on proposa les idées platoniciennes sur la divinité ; à un dieu en trois personnes, cette fameuse trinité de Platon ; aux anges et aux démons, la doctrine des génies créés pour remplir l’intervalle entre Dieu et l’homme ; à l’idée d’un dieu médiateur, la médiation des génies célestes ; aux prophéties et aux miracles, la théurgie, qui, à force de sacrifices et de cérémonies secrètes, prétendait dévoiler l’avenir, et opérer aussi des prodiges ; enfin, à la vie austère des chrétiens, des pratiques à peu près semblables, et des préceptes d’abstinence et de jeûnes pour se détacher de la terre, en s’élevant à Dieu.
Sans doute, il s’y souvient encore et du penchant au plaisir, et des libres idées de sa première patrie ; mais il y mêle un sentiment moral, que relève l’accent de la poésie, pt qu’on n’attendrait pas d’un prétendu devancier du matérialisme moderne. […] Une interprétation semblable était-elle déjà cette vérité première, que Parménide avait prétendu célébrer, par opposition aux croyances humaines ?
Nous n’avons donc point voulu faire de cette étude un répertoire médical de l’école naturaliste et prétendre en détailler — à titre d’anecdotes — les innombrables recettes.
L’auteur de la Curée , de l’Idole et de Popularité a conquis par lui-même, sans le secours d’amitiés complaisantes, la place à laquelle il avait droit de prétendre.
N’est-ce pas assez pour rendre fragile et illusoire cette science que vous prétendez construire ?
Nous avons entendu dire : « Si Bossuet et Pascal revenaient, ils n’écriraient plus comme cela. » C’est nous, prétend-on, qui sommes les écrivains en prose par excellence, et qui sommes bien plus habiles dans l’art d’arranger des mots.
C’est en combattant les mouvements de l’âme qu’elle prétend la séduire ; c’est en apaisant les passions qu’elle s’en veut faire écouter.
Encore moins je prétends que parmi les meilleurs tous se rendent compte de leur inspiration propre et de la source qui nourrit leur dévouement.
Des artistes et des écrivains ont prétendu, il est vrai, se contenter en ne se plaisant qu’à eux-mêmes. […] » On prétend que ce moyen est usé, suranné, et que personne ne s’y laisse plus prendre. […] Stendhal prétendait qu’un auteur avait atteint la perfection lorsqu’on se souvenait de ses idées sans pouvoir se rappeler ses phrases. […] Le hanneton sans cervelle qui se rue dans l’erreur d’une allure si réjouie, a-t-il prétendu parler des purs artistes littéraires eux-mêmes, des poètes, des romanciers ? […] Point d’idée si modeste, qui ne puisse prétendre à cette vie de la forme ; point d’idée si belle ou si utile, qui ne soit condamnée à mort, si la forme ne la sauve pas.
Si le qualificatif par lequel ils sont ici désignés reste et doit rester à l’abri de toute contestation sérieuse, leur qualité même est-elle aussi évidente, et le rang où nous prétendons les élever paraît-il bien proportionnel à leur mérite ? […] Faut-il alors prétendre qu’il n’a usé du catholicisme qu’en artiste et en rhéteur ? […] Faut-il croire que le résultat obtenu, fondé sur une vision inexacte du monde, soit aussi défectueux, aussi éloigné du vrai qu’on le prétend ? […] A-t-il dépassé la mesure, comme l’ont prétendu ses détracteurs ? […] Quoi que prétende Sainte-Beuve, il n’y a aucun parallélisme sérieux à tracer entre les Martyrs de Chateaubriand et Salammbô, qui garde depuis la première ligne jusqu’à la dernière son originalité très tranchée.
Nisard, reprenant l’éloge de Voltaire que le récipiendaire avait fait avec chaleur pour ses services rendus à l’esprit de tolérance et d’examen, l’a accepté sous bénéfice d’inventaire en quelque sorte, et en le réduisant par les seuls côtés où ce grand esprit a trop blessé en effet ce même genre humain qu’il prétendait servir.
— Chateaubriand prétendait que tout serait sauvé, si on le faisait ministre de l’intérieur.
Il prétendait que l’assonance peut suppléer la rime — la rime surtout était un grand obstacle à la popularité des poésies, en ce qu’elle rendait le récit poétique lourd et ennuyeux.
Un style délicat & correct, un petit ton de minauderie, une morale légere & tout-à-fait du bel air, les rendent un Code amusant pour les têtes frivoles, sans qu’il puisse prétendre au suffrage des ames sensées.
« On vit paroître dans la lice, dit M. de Fontenelle, d’un côté le Savoir, sous la figure d’une Dame illustre ; de l’autre, l’Esprit, je ne veux pas dire la Raison, car je ne prétends pas toucher au fond de la dispute, mais seulement à la maniere dont elle fut traitée.
Amelot de la Houssaie compare cette critique à celle du Cid, & prétend que l’une a fait plus de mal au P.
Pour en avoir approché, nous n’ignorons rien des défauts ordinaires aux cénacles dont chacun, tour à tour ou parallèlement, prétend refléter l’âme française et contenir son évolution définitive.
— nourrie et préservée des faillances de l’erreur par la tradition, qui empêche les esprits les plus impétueux d’aberrer, et la réponse sera faite pour jamais aux philosophes qui prétendaient que le domaine de la vérité était exclusivement à eux.
Quelques critiques ingénieux prétendirent donner une explication dans le caractère même de l’écrivain : ils supposèrent que la vieillesse l’avait rendu timoré.
Longin, ne pouvant dissimuler la grande diversité de style qui se trouve dans les deux poèmes, prétend qu’Homère fit l’Iliade lorsqu’il était jeune encore, et qu’il composa l’Odyssée dans sa vieillesse.
— Quant aux veneurs, ce sont simples machines, et s’ils osent prétendre à quelque mérite, une raillerie brutale les remet à leur place. […] Trois jours écoulés ont échancré la lune ; c’est lui qui a « mangé cette échancrure » ; et son interprétation le sauve : le loup eût soupçonné quelque chose si le prétendu fromage était resté dans son entier. […] Son fils prétendait pour cela Qu’on le dût mettre dans l’histoire. […] Les humains sont plaisants de prétendre exceller Par-dessus nous ! […] Marivaux trouvait Molière gros et grossier, bon pour le peuple, et prétendait suivre dans les recoins secrets du coeur des sentiments plus déliés et plus intimes.