C’est de là que les Latins conservèrent succi plenus, pour dire charnu, plein d’un sang abondant et pur.
Tout cela vient aboutir à de jolies lettres à Mme de Charrière, à des lettres pleines déjà de saillies, de persifflage, de moquerie de soi-même et des autres. […] Mon Esculape Leschot est tout plein d’attention pour moi. […] J’ai tout plein de ressources ; mais, comme je vous le disais vendredi, je n’en fais que peu d’usage. […] Il y a autant d’absurdités que de lignes dans ce fameux livre ; aussi a-t-il un plein succès dans toutes les sociétés anglaises et allemandes. […] Dans cette même lettre, si pleine d’aveux, Benjamin Constant en fait un autre encore que nous ne pouvons manquer d’enregistrer au passage, bien qu’il n’ait pas trait à la politique.
Si pleins d’artifice qu’ils apparaissent, ces personnages d’Antoine Arnault, de Donna Marie, d’Émilie, et dans leur conception et dans le choix des épisodes par où ils se manifestent, si marqués que nous les ayons vus de Romantisme voulu, nous allons pouvoir toucher du doigt le lien ombilical qui les rattache à Mme de Noailles. […] Leurs lèvres une fois descellées et leurs bras désunis, quand la pleine possession de la conscience a remplacé cette folie d’une minute qu’est la fougue de l’instinct, quel abîme entre deux êtres qui tout à l’heure n’en faisaient qu’un ! […] Voilà ce que Mme Henri de Régnier nous illumine d’un vif éclat, ce qui donne sa pleine signification à cette figure féminine : la prédominance, l’absorption de la sensation, ne laissant subsister aucune place dans cette âme d’instinct, pour quoi que ce soit d’autre qu’une existence d’amante ! […] Les formes du buste lui parurent plus pleines, mais encore d’une minceur élancée. […] Et ceci encore est une preuve de virilité chez notre auteur, que se trouvent requises, pour goûter la pleine saveur de son œuvre, des facultés n’ayant d’habitude qu’un rapport éloigné avec les ouvrages de pure imagination.
C’est même une des premières recommandations que fait Horace en son Art poétique, d’être plein de réserve et de délicatesse dans l’emploi des mots : In verbis etiam tenuis cautusque serendis ! […] Chacun d’eux, Hamlet et don Juan, dans ce lieu respecté, se montre enfin à nous tel qu’il est. — Quand Hamlet pénètre dans le cimetière, il a perdu toute sa gaieté, et telle est la tristesse dont son âme est pleine, que la terre, cette belle création, lui semble un promontoire stérile : « l’homme ne lui plaît plus, ni la femme ». […] Chremyle est riche, il achète tout ce qui est à vendre… Survient alors l’éternelle entrave, l’éternel remords, la pauvreté, le pauvre de Don Juan, les yeux hagards et pleins de fureur ! […] … Après la louange de la pauvreté arrivent les ennuis de l’abondance : — À quoi bon ces coffres pleins d’or, ces cruches remplies d’encens, ce puits d’huile, et ces tonneaux de vin ? […] — L’amour se croit offensé si le chagrin jette ses ombres sur le cœur qu’il cherche à remplir d’un soleil sans nuages. » Et un peu plus bas ce roi gentilhomme, si plein de tact et de goût, s’oubliait jusqu’à dire à mademoiselle de La Vallière : — « Madame, ai-je mérité le muet reproche de votre chagrin ?
La structure de leur esprit a enfermé leurs désirs et leurs efforts dans une enceinte bornée, celle que le plein soleil éclaire, et c’est dans cette arène, aussi illuminée et aussi circonscrite que leur stade, qu’il faut les voir agir. […] Aristophane promet au jeune homme qui suivra ses bons conseils, la belle santé et la beauté gymnastique : « Tu auras toujours la poitrine pleine, la peau blanche, les épaules larges, les jambes grandes…….. […] Celui des vieillards chantait : « Nous avons été jadis de jeunes hommes pleins de force » ; celui des hommes faits répondait : « Nous les sommes aujourd’hui ; viens en faire l’épreuve, si tu en as envie » ; celui des enfants ajoutait : « Et nous, nous serons un jour plus vaillants encore. » Tous avaient appris et répété le pas, les évolutions, le ton, l’action dès l’enfance ; nulle part la poésie chorale ne formait des ensembles plus vastes et mieux ordonnés. […] Agésilas, pour encourager ses hommes, fit un jour dépouiller les Perses prisonniers ; à la vue de ces chairs blanches et molles, les Grecs se mirent à rire, et marchèrent en avant, pleins de dédain pour leurs ennemis. […] De même le fleuve irrité contre Achille : « Le Xanthe parla ainsi et se rua sur lui, tout bouillonnant de fureur, plein de bruit, d’écume, de sang et de cadavres.
Or, il y a des raisons assez sérieuses d’attribuer à Rodrigue Jimenez lui-même le poème latin en l’honneur de Roncevaux : on comprend que, ne voulant ni froisser les pèlerins qui arrivaient pleins des récits épiques, ni s’associer à leur façon de comprendre la défaite des Français, il ait gardé le silence sur ce point délicat. […] Il croyait sentir en lui l’âme germanique des anciens temps, et il rêvait de lui donner une pleine conscience d’elle-même, de remplacer par une voix claire et puissante le naïf et mystérieux bégaiement de son enfance. […] L’oiseau alla se poser sur un arbre et lui dit : « Je veux te récompenser de ta bonté ; au pied de l’arbre qui est derrière toi, tu trouveras un trésor. » Le paysan creusa, et il trouva, en effet, un vase plein d’or et d’argent. « Comment », dit-il à l’oiseau, « se fait-il que tu aies aperçu ce vase sous la terre, et que tu n’aies pas vu le filet tendu pour te prendre ? […] « Or m’ot cil vilains pleins d’envie, « Qui aime assés mieus le denier « Qu’il ne face le donoier249. […] « Plein de ruse. » 274.
La lumière s’abat par nappes éblouissantes ; les pétales lustrés, dorés, éclatent avec un coloris trop fort ; les plus magnifiques broderies, le velours constellé de diamants, la soie chatoyante couturée de perles n’approchent pas de cette teinte profonde ; la joie déborde comme d’une coupe trop pleine. […] Les rues sont vides et les églises sont pleines. […] Là où un manœuvre anglais avec ses neuf shillings par semaine vit pauvre et misérablement, un Hollandais vit passablement avec le même salaire… Il n’y a rien de plus fréquent pour un Anglais que de travailler jusqu’à ce qu’il ait sa poche pleine d’argent, puis de s’en aller et de faire le paresseux, souvent l’ivrogne, jusqu’à ce que tout soit parti, et que parfois il ait fait des dettes. » 1329.
Vicovaro ; le torrent de la Digentia qui écume encore sous les chênes disséminés au fond de la vallée d’Ustica ; le site parsemé de débris de briques de la maison rurale du poète ; Rocca-Giovanni qui s’élève avec ses ruines de forteresse féodale comme une sentinelle à l’ouverture de la vallée ; la plaine de Mandéla fumante çà et là au soleil ; des feux d’herbes sèches allumés et oubliés par les bergers ; la grotte des nymphes au bord de laquelle rêve le poète endormi dont on voit danser les songes sous la figure des femmes qu’il aima ; la fontaine de Blandusie en Calabre, qui a changé tant de fois de nom depuis Horace, et à laquelle un vers du lyrique rend éternellement son premier nom ; la barque pleine de musique et pavoisée de voiles qui portait Mécène, Horace et leurs amis pendant le voyage de Brindes ; la treille de Tibur entre deux colonnes à l’ombre desquelles le nonchalant ami de Mécène écrit une strophe entre deux sommeils ; l’entretien du maître d’Ustica avec son métayer, au milieu de ses troupeaux de chèvres ; Horace, ses tablettes sur ses genoux dans sa bibliothèque de Tibur, écrivant au milieu de ses rouleaux de livres grecs les préceptes de son épître aux Pisons, chacun de ces tableaux est une évocation vivante d’un passé de deux mille ans, mais auquel ces deux mille ans n’ont enlevé ni un rocher, ni une source, ni un arbre aux paysages, ni un vers au génie aimable du poète. […] » Ce dernier vers, inattendu dans une ode pleine de riantes images et de douce sagesse, sonne comme un ressentiment caché au fond du cœur contre la méchanceté de ses ennemis ; c’est une flèche sous les fleurs qui retentit au fond du carquois. […] Si ton corps est sain, si tes flancs respirent librement, si tes pieds sont à l’aise, toutes les richesses des rois ne t’achèteront rien de mieux. » Une épître charmante à son jardinier d’Ustica, qui a servi de modèle à celle de Boileau au jardinier d’Auteuil, est pleine d’un charme vraiment rural.
VIII C’était le lendemain de la révolution de 1830 ; cette révolution, provoquée, mais mal inspirée, avait proscrit un berceau plein d’innocence ; elle avait donné le trône de l’infortuné Louis XVI, victime de ses vertus, au fils d’un prince qui avait démérité de son sang ; cette odieuse rétribution de la Providence révoltait et révolte encore la justice innée en moi. […] Une chose me reste, et, tant que je la conserverai, je me consolerai de mes cheveux blancs et de ce qui m’a manqué sur la longue route que j’ai parcourue depuis trente années, etc., etc. » XXVII Toutes ses lettres de cette date sont pleines de fièvre ou de dégoût. […] La correspondance, brève et pleine de réticences, respire encore la tendresse dans les mots, mais les mots, quoique tendres, sont glacés ; on sent qu’ils déguisent bien des distractions et peut-être bien des offenses à l’amitié.
VII Le roi Duncan entre avec sa suite, plein de joie et de confiance, il parcourt du regard le château de Macbeth, où il a pris asile. […] Que ne pouvons-nous pas imputer à ses officiers pleins de vin, qui porteront pour nous le crime de ce grand meurtre ? […] C’est le cri du hibou, fatal sonneur qui donne le plus funeste bonsoir. — Il est à son ouvrage ; les portes sont ouvertes, et les serviteurs, pleins de vin, se moquent en ronflant du devoir de leur office.
Il soutint le 25 janvier 1648 sa première thèse, devant le grand Condé, gouverneur de sa province natale, et protecteur de sa famille : puis il entre en licence en 1650 ; prêtre et docteur en 1652, il se rend à Metz, ville toute pleine de protestants et de Juifs, où les controverses sont ardentes. […] Son imagination, toute pleine d’images et de visions bibliques, pleine aussi de toutes les formes, de toutes les impressions de la réalité prochaine et vivante, répand une couleur pittoresque sur le dessin de l’argumentation.
Mais c’est aussi cet être infiniment petit, perdu dans un tout dont il fait partie et qu’il ne peut connaître ; qui n’est que vanité, duplicité, contrariété ; si vain et si léger que la moindre bagatelle suffit pour le divertir ; dont l’état est plein de misère, de faiblesse, d’obscurité ; grand et petit tout ensemble et dans le même moment ; incapable de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur, de savoir tout et d’ignorer tout absolument ; une chimère, une nouveauté, un chaos, un sujet de contradiction, un monstre incompréhensible43. […] Il faut que j’édifie moi-même l’œuvre de ma sagesse ; il faut qu’à la lueur de ces flambeaux qui brillent si loin de moi, je me guide dans un monde plein de ténèbres, moi-même formé de ténèbres et d’incertitudes, et que je me gouverne par des vérités provisoires au milieu des autres et au milieu de moi. […] Ce jésuite, casuiste accrédité, est bon homme au fond, mais si plein de l’esprit et de la morale de sa compagnie, qu’il accepte la responsabilité de tout ce que lui dénonce l’homme aux scrupules, et qu’il lui révèle d’abondance ce que celui-ci feint d’ignorer.
Notre vulgarité d’aperçus nous permet à peine d’imaginer combien un tel état différait du nôtre, quelle prodigieuse activité recélaient ces organisations neuves et vives, ces consciences obscures et puissantes, laissant un plein jeu libre à toute l’énergie native de leur ressort. […] Ce sera l’histoire d’un être, se développant par sa force intime, se créant et arrivant par des degrés divers à la pleine possession de lui-même. […] Champollion était arrivé à trouver belles les têtes égyptiennes ; les juifs trouvent le Talmud plein d’une aussi haute morale que l’Évangile ; les amateurs du Moyen Âge admirent de grotesques statuettes devant lesquelles les profanes passent indifférents.
V Je voyais donc ma mère, soit le dimanche après les cérémonies du matin, dans le loisir de sa chambre éclairée du plein soleil, soit les autres jours de la semaine, le soir quand elle avait déposé l’aiguille, je la voyais prendre sur une tablette, à côté de son lit, un volume de dévotion qui lui venait de sa mère. […] Leur composition un peu banale était pleine des images, des Bucoliques, des ruisseaux, des troupeaux, des oiseaux, des bergers assis sous des hêtres et jouant des airs champêtres sur leurs chalumeaux, des prairies émaillées de fleurs sur lesquelles voltigeaient des nuées d’abeilles et de papillons. […] si je dormais mes nuits pleines ou si une maladie (que Dieu me l’épargne avant l’heure !)
Ce que le drame va chercher et amène à la pleine lumière, c’est une réalité profonde qui nous est voilée, souvent dans notre intérêt même, par les nécessités de la vie. […] Il la faudra profonde, pour fournir à la comédie un aliment durable, superficielle cependant, pour rester dans le ton de la comédie, invisible à celui qui la possède puisque le comique est inconscient, visible au reste du monde pour qu’elle provoque un rire universel, pleine d’indulgence pour elle-même afin qu’elle s’étale sans scrupule, gênante pour les autres afin qu’ils la répriment sans pitié, corrigible immédiatement, pour qu’il n’ait pas été inutile d’en rire, sûre de renaître sous de nouveaux aspects, pour que le rire trouve à travailler toujours, inséparable de la vie sociale quoique insupportable à la société, capable enfin, pour prendre la plus grande variété de formes imaginable, de s’additionner à tous les vices et même à quelques vertus. […] On y verrait le rire accomplir régulièrement une de ses fonctions principales, qui est de rappeler à la pleine conscience d’eux-mêmes les amours-propres distraits et d’obtenir ainsi la plus grande sociabilité possible des caractères.
Le monde est plein de mal, de toute sorte de mal. […] Thomas Nash, en 1589, dans une épître qui sert de préface à l’Arcadie de Greene, écrivait ce qui suit : « Il y a aujourd’hui une espèce de compagnons vagabonds qui traversent tous les métiers sans faire leur chemin par aucun, et qui, abandonnant le commerce du droit pour lequel ils étaient nés, s’adonnent aux tentatives de l’art, eux qui sauraient à peine mettre un vers en latin, s’ils en avaient besoin ; mais le Sénèque traduit en anglais, lu à la lueur d’une chandelle, fournit un bon nombre de bonnes sentences, comme : le sang est un mendiant, et ainsi de suite ; et si vous l’implorez bien, par une froide matinée, il vous donnera de pleins Hamlets, je veux dire de pleines poignées de discours tragiques. » Entre ces deux séries de faits, dont les uns fixaient à l’an 1600 la composition du Hamlet de Shakespeare, tandis que les autres montraient un Hamlet joué et critiqué dès 1589, quelle conciliation trouver ? […] Quoi de plus vrai que l’amour de Roméo et de Juliette, cet amour si jeune, si vif, si irréfléchi, plein à la fois de passion physique et de tendresse morale, abandonné sans mesure et pourtant sans grossièreté, parce que les délicatesses du cœur s’unissent partout à l’emportement des sens ! […] Ariel, dit encore le critique que nous avons cité tout à l’heure, Ariel est un ministre de vengeance qui est touché de pitié pour ceux qu’il punit ; Puck est un esprit étourdi, plein de légèreté et de malice, qui rit de ceux qu’il égare : « Que ces mortels sont fous ! […] Un berger occupé à chercher en ce lieu une brebis qu’il avait perdue, aperçut la nacelle et y trouva l’enfant enveloppé d’un drap écarlate brodé d’or, ayant au cou une chaîne enrichie de pierres précieuses, et à côté de lui une bourse pleine d’argent.
Ayant atteint le chef-d’œuvre et le sommet, nous isserons les autres pièces du théâtre de Piron, qui ne méritent pas qu’on y revienne ; son Fernand Cortez, plein de vers durs et barbares, que rien ne raiète, ne vaut pas mieux que le reste ; ne parlons désormais que du petit genre où il excella et où il est aiment piquant et réjouissant. […] Il me jura que non, et qu’il ne quitterait pas ses amis de dix à quinze ans pour un nouveau venu….. » Toutes les lettres qui se succèdent sont pleines de médisances contre Voltaire, de méchancetés même, et aussi, on va le voir, de saletés, — de celles, d’ailleurs, que le Malade imaginaire nous a accoutumés à entendre et qu’on peut, à la rigueur, citer. […] Il faut voir les lettres qu’il écrit à son compatriote le docteur Maret, secrétaire perpétuel de l’Académie de Dijon et père du premier duc de Bassano ; elles sont pleines de représailles et de railleries qui ne sont pas du tout gaies, et qui sont parfois détestables. […] Personne n’était en état de soutenir un assaut avec lui ; il avait la repartie terrassante, prompte comme l’éclair et plus terrible que l’attaque Les gens de lettres avaient peu de liaison avec Piron ; ils craignaient son mordant… Lorsqu’il était quelque part, tout était fini pour les autres ; il n’avait point de conversation, il n’avait que des traits. » Certes, un portrait si plein de feu, auquel il faut joindre, pour le compléter, la vue de l’excellent buste de Piron par Caffieri, qui est au foyer de la Comédie-Française, ne diminue pas l’idée qu’on peut se faire à distance de ce parfait original.
Chaque vers est plein, achevé en lui-même, muni d’une antithèse habile, ou d’une bonne épithète, ou d’une figure abréviative. […] Addison choisit souvent pour lieu de promenade la sombre abbaye de Westminster, pleine de tombes. « Il se plaît à regarder les fosses qu’on creuse et les fragments d’os et de crânes que roule chaque pelletée de terre », et considérant la multitude d’hommes de toute espèce qui maintenant confondus sous les pieds ne font plus qu’une poussière, il pense au grand jour où tous les mortels, contemporains, apparaîtront ensemble919 » devant le juge, pour entrer dans l’éternité heureuse ou malheureuse qui les attend. […] « Constance, sachant que la nouvelle de son mariage pouvait seule avoir poussé son amant à de telles extrémités, ne voulait pas recevoir de consolations ; elle s’accusait elle-même à présent d’avoir si docilement prêté l’oreille à une proposition de mariage, et regardait son nouveau prétendant comme le meurtrier de Théodose ; bref, elle se résolut à souffrir les derniers effets de la colère de son père plutôt que de se soumettre à un mariage qui lui paraissait si plein de crime et d’horreur931. » Est-ce ainsi qu’on peint l’horreur et le crime ? […] Elle n’avait rien sur elle, pas même un gant ou une pantoufle qui ne fût marqué de ce signe ; bien plus, elle en paraissait si superstitieusement éprise, qu’elle était assise les jambes croisées… Un peu plus loin était la figure d’un homme qui regardait avec des yeux pleins d’horreur un bassin d’argent rempli d’eau.
Virgile nous fait compatir aux terreurs de la nature, à l’approche des grandes tempêtes ; au plaisir de la terre rafraîchie, quand Jupiter y fait descendre les pluies printanières ; aux travaux de l’abeille ; aux souffrances de la vigne, dont le fer abat les branches luxuriantes ; aux jeunes taureaux rendant leurs âmes innocentes auprès de la crèche pleine d’herbes ; à l’oiseau pour qui les airs mêmes ne sont plus un sûr asile, et que la peste atteint jusque dans la nue. […] Les héros de Corneille, pour s’être mis au-dessus des faiblesses humaines, sortent de ses tragédies pleins de vie et heureux. […] Enfin, l’amour est plein du désir de plaire ; et comment plaire sans y mettre un peu d’artifice ? […] La véritable invention, c’est de trouver un événement tragique qui s’accomplisse sur la scène en aussi peu de temps que dans la réalité ; c’est de ne lever la toile que sur des personnages mûrs pour l’événement, que leur vie antérieure, leurs intérêts, leurs passions, ont amenés, comme de force, dans le même lieu et dans le même temps, autour d’un personnage principal de qui tous dépendent, chacun plein de sa passion, abondant dans son sens, ne pouvant plus ni reculer, ni se dérober à la catastrophe qu’il a préparée par tout ce qu’il a été et par tout ce qu’il est.
Cette trouvaille d’un coin de la société encore peu exploré, le style puissant et ces types pleins de vie intéressèrent si fort M. […] Les privilégiés qui avaient pu pénétrer dans le sanctuaire avaient, pour se distraire pendant les longs entr’actes, un coup d’œil superbe : la salle était absolument pleine, et des toilettes élégantes s’étalaient jusqu’aux secondes galeries. […] c’est plein de sang… Ah ! […] Cela est plein d’enseignements et d’une haute moralité Mais le vice en blouse, le vice qui ronge et corrompt la classe inférieure de la société, il ne peut intéresser personne !
Cela ne peut donc pas être une œuvre sans intérêt, mais il ne semble pas (j’en ai vu de belles reproductions) que cela soit une œuvre pleine de charmes. […] On croit que je la connais ; je l’ai étudiée et l’étudié encore tous les jours, mais c’est précisément pour cela que je m’y perds encore, car elle est pleine de contradictions. […] Il est plein des illusions qu’on a connues. […] Quand je pense à cela, je me sens plein d’estime pour Boileau Despréaux, mais il faut bien que je me dise que si un Boileau surgissait aujourd’hui, il serait mis au ban de la société littéraire.
Je suis sorti ce soir dans le parc, au soleil couchant ; je marchais dans la neige douce : au-dessus de moi, à droite, à gauche, tous les buissons, toutes les branches des arbres étincelaient de neige, et cette blancheur virginale qui recouvrait tout prenait une teinte rose aux derniers rayons du soleil : c’étaient des scintillements sans fin, une lumière d’une pureté incomparable ; les aubépines semblaient en pleines fleurs, et les pommiers fleurissaient, et les amandiers fleurissaient, et jusqu’aux pêchers qui semblaient roses, et jusqu’aux brins d’herbe : un printemps un peu plus pâle, et sans verdure, resplendissait sur tout. […] Eugénie de Guérin écrit, en feuilletant des papiers « pleins de son frère » : — « Ces choses mortes me font, je crois, plus d’impression que de leur vivant, et le ressentir est plus fort que le sentir. » Diderot a écrit quelque part : « Pour que l’artiste me fasse pleurer, il faut qu’il ne pleure pas ! […] Entre tous les poètes, l’auteur d’Ibo et de Plein ciel est celui qui se rapproche le plus des vieux poètes hébreux, des Isaïe et des Ezéchiel. […] Les murs, les lambris sont teints de sang ; cette salle, ce vestibule sont pleins de larves qui descendent dans l’Erèbe, à travers l’ombre.
Puis me rappelant le labeur scrupuleux et réfléchi d’où sortit mon livre, je me sens plein de sérénité. […] Elles auront à leur enterrement les Académies, les bataillons en grande tenue, les délégations des cinq parties du monde et de pleins pots de larmes officielles. […] Ses notes, les Promenades dans Rome sont bourrées de renseignements, pleines d’aperçus ingénieux ou profonds. […] Son âme bistournée, pleine de bibeloteries et de kakémonos, cette âme qui se croit perverse et qui n’est que baroque nous amuse. […] Voici un moment de pleine sérénité : « Reclus dans cette petite maison, je ne tenterai plus de m’en échapper.
Denne-Baron s’annonçait comme un facile et brillant amateur dans le groupe des traducteurs élégants, harmonieux, ou des jeunes élégiaques pleins de sentiment ; il s’essayait avec succès entre Baour-Lormian et Millevoye.
Il restait quelques ouvrages encore qui avaient appelé son attention au premier choix : l’un82, une agréable pièce de jour de l’an, qu’animait une inspiration sensible, une jolie idée née du cœur ; l’autre83, un grand drame touchant, construit de bonne main et avec habileté, plein de larmes, de repentirs, de fautes intéressantes cruellement expiées, et de naïves vertus ignorées de ceux qui les pratiquent.
Le docteur Joulin ne veut pas de cette parole jetée en avant tout d’abord : « sans lui adresser un dernier adieu. » Mais si l’on est plein de son objet, si tous les assistants n’ont qu’une seule et unique pensée, personne ne se trompe quand on dit lui de prime abord ; on en aie droit, on en a le besoin.
On a là sur l’Iliade, sur la question homérique, sur le degré et la nuance d’originalité de l’Énéide, sur cette autre originalité un peu rude et barbare, mais puissante et pleine de sève, qui se révèle dans la chanson de Roland à Roncevaux, on a le dernier mot de la critique sous forme rapide et sobrement élégante.
Ce n’est pas ici le lieu d’exposer le grand nombre de vérités frappantes et d’indications fécondes qui se pressent dans ces lettres sacrées, si pleines et, pour ainsi dire, si grosses d’une théologie inconnue.
je courus alors : j’étais plein de bonheur, Car j’avais bien souffert de l’ardente chaleur, Et ma lèvre était tout en flamme.
Théophile Gautier Chacun a lu Mirèio, ce poème plein d’azur et de soleil, où les paysages et les mœurs du Midi sont peints de couleurs si chaudes et si lumineuses, où l’amour s’exprime avec la candeur passionnée d’une idylle de Théocrite, dans un dialecte qui, pour la douceur, l’harmonie, le nombre et la richesse, ne le cède en rien au grec et au latin.
» ; et ailleurs : « On m’a apporté à déjeuner, — des choses innombrables et fines, — mais je n’ai faim qu’en France. » L’impératrice est pleine de bienveillance pour lui.
L’éducation philologique ne saurait consister à apprendre la langue moderne, l’éducation morale et politique, à se nourrir exclusivement des idées et des institutions actuelles ; il faut remonter à la source et se mettre d’abord sur la voie du passé, pour arriver par la même route que l’humanité à la pleine intelligence du présent.