Le rêve des juristes et des philosophes, depuis Grotius jusqu’à la Révolution, s’est réalisé puisque l’arbitrage est entré dans la pratique du xixe siècle, qui en compte une centaine. […] Non plus les jurisconsultes professionnels, mais les quelques hommes supérieurement conscients et géniaux que possède chaque nation, philosophes, poètes et savants.
La meilleure Production de l’Abbé Gervaise est l’Histoire de Boëce, Sénateur Romain, avec l’Analyse des Ecrits qui nous restent de ce Philosophe.
On peut les regarder comme des Traités de Jurisprudence, où l’Orateur, l’Historien, le Naturaliste, le Philosophe, & même le Théologien, trouveroient à s’instruire.
Il ne sera pas inutile de remarquer que tous les deux ont été & sont encore regardés comme des Philosophes.
Deux sonnets : La Lutte pour l’existence et La Voix des morts, résument, sous la forme la plus belle, deux théories qu’exposent moins sûrement les longs volumes des philosophes de profession.
Ses critiques des Lettres Persanes & de l’Essai de Pope sur l’Homme, en sont la preuve ; le fiel & les déclamations contre les Philosophes y abondent.
Lafosse avoit toutes les qualités d’un homme estimable & d’un vrai Philosophe dans le sens que les bons Moralistes attachent à ce mot.
II De tous ces personnages historiques devenus aussi immortels que le nom du continent qui les a produits, Confucius est certainement celui qui personnifie en lui le plus grand nombre de siècles et la plus grande masse d’hommes ; car il a inspiré de son âme vingt-trois siècles, et il est devenu, non pas le prophète ou le demi-dieu, mais le philosophe législatif d’un peuple de quatre cents millions d’hommes ! […] On le revêtit d’un vêtement composé de plusieurs pièces, pour signifier les diverses fonctions ou magistratures qu’il avait exercées, comme poète, comme philosophe, comme historien, comme homme d’État. […] Les sages qu’il avait appelés auprès de sa personne pour l’aider de leurs conseils lui persuadèrent que, de tous les moyens qu’il pouvait employer pour venir à bout de ce qu’il se proposait, le plus efficace serait de restaurer parmi les hommes l’antique doctrine des livres sacrés, trésor de civilisation recouvré par le philosophe. […] « Il en est des supplices, dit le philosophe impérial, comme des remèdes. […] On le conçoit : la guerre, en elle-même, est une barbarie ; les philosophes et les lettrés chinois la réprouvent ; ils la considèrent comme un exercice criminel de la force brutale qui ne prouve rien et qui détruit tout.
Est-ce que Poussin n’est pas un philosophe ? […] Un philosophe a dit : Je pense, donc je suis ; un autre philosophe pourrait dire de l’âme avec la même justesse : Je suis, donc je pense ; car être, pour l’âme, c’est penser ou sentir. […] La peinture, dans chacune de ces villes ou de ces nations, prit non seulement le caractère du chef d’école, mais elle prit le caractère de l’école et du peuple où elle fut cultivée par ces grands hommes du pinceau : Titanesque avec Michel-Ange, plus païen que chrétien dans ses œuvres, et qui semble avoir fait poser des Titans devant lui ; Tantôt mythologique, tantôt biblique, tantôt évangélique, toujours divine avec Raphaël, selon qu’il fait poser devant sa palette des Psychés, des saintes familles, des philosophes de l’école d’Athènes, le Dieu-homme se transfigurant dans les rayons de sa divinité devant ses disciples, des Vierges-mères adorant d’un double amour le Dieu de l’avenir dans l’enfant allaité par leur chaste sein ; Païenne avec les Carrache, décorateurs indifférents de l’Olympe ou du Paradis ; Pastorale et simple avec le Corrége, qui peint, dans les anges, l’enfance divinisée, et dont le pinceau a la mollesse et la grâce des bucoliques virgiliennes ; Souveraine et orientale avec Titien, qui règne à Venise pendant une vie de quatre-vingt-quinze ans sur la peinture comme sur son empire, roi de la couleur qu’il fond et nuance sur sa toile comme le soleil la fond et la nuance sur toute la nature ; Pensive et philosophique à Milan avec Léonard de Vinci, qui fait de la Cène de Jésus-Christ et de ses disciples un festin de Socrate discourant avec Platon des choses éternelles ; quelquefois voluptueux, mais avec le déboire et l’amertume de la coupe d’ivresse, comme dans Joconde, cette figure tant de fois répétée par lui du plaisir cuisant ; Monacale et mystique avec Vélasquez et Murillo en Espagne, faisant leurs tableaux, à l’image de leur pays, avec des chevaliers et des moines sur la terre et des houris célestes dans leur paradis chrétien ; Éblouissante avec Rubens, moins peintre que décorateur sublime, Michel-Ange flamand, romancier historique qui fait de l’histoire avec de la fable, et qui descend de l’Empyrée des dieux à la cour des princes et de la cour des princes au Calvaire de la descente de croix, avec la souplesse et l’indifférence d’un génie exubérant, mais universel ; Profonde et sobre avec Van-Dyck, qui peint la pensée à travers les traits ; Familière avec les mille peintres d’intérieur, ou de paysage, ou de marine, hollandais ; artistes bourgeois qui, pour une bourgeoisie riche et sédentaire, font de l’art un mobilier de la méditation ; Enfin mobile et capricieuse en France, comme le génie divers et fantastique de cette nation du mouvement : Pieuse avec Lesueur ; Grave et réfléchie avec Philippe de Champagne ; Rêveuse avec Poussin ; Lumineuse avec Claude Lorrain ; Fastueuse et vide avec Lebrun, ce décorateur de l’orgueil de Louis XIV ; Légère et licencieuse avec les Vanloo, les Wateau, les Boucher, sous Louis XV ; Correcte, romaine et guindée comme un squelette en attitude avec David, sous la République ; Militaire, triomphale, éclatante et monotone, alignée comme les uniformes d’une armée en revue, sous l’Empire ; Renaissante, luxuriante, variée comme la liberté, sous la Restauration ; tentant tous les genres, inventant des genres nouveaux, se pliant à tous les caprices de l’individualité, et non plus aux ordres d’un monarque ou d’un pontife ; Corrégienne avec Prud’hon ; Michelangelesque avec Géricault dans sa Méduse ; Raphaëlesque avec Ingres ; Flamande avec éclectisme et avec idéal dans Meyssonnier ; Sévère et poussinesque dans le paysage réfléchi avec Paul Huet ; Hollandaise avec le soleil d’Italie sous le pinceau trempé de rayons de Gudin ; Bolonaise avec Giroux, qui semble un fils des Carrache ; Idéale et expressive avec Ary Scheffer ; Italienne, espagnole, hollandaise, vénitienne, française de toutes les dates avec vingt autres maîtres d’écoles indépendantes, mais transcendantes ; Vaste manufacture de chefs-d’œuvre d’où le génie de la peinture moderne, émancipée de l’imitation, inonde la France et déborde sur l’Europe et sur l’Amérique ; magnifique époque où la liberté, conquise au moins par l’art, fait ce que n’a pu faire l’autorité ; république du génie qui se gouverne par son libre arbitre, qui se donne des lois par son propre goût, et qui se rémunère par son immense et glorieux travail. […] Rousseau, le philosophe de cette même race d’horlogers du Jura. […] XXIII Cette transfiguration du jeune artiste français et suisse en peintre, en poète, en philosophe du pinceau italien, ne fut pas soudaine ; le travail fut à la hauteur de l’effort.
Il y fait l’analyse de l’Iliade, & des ouvrages de Platon ; &, dans l’étonnement où il est que ces deux génies soient l’objet de l’admiration du public, il s’écrie : « Il faut que dieu ne fasse pas grand cas de la réputation de bel-esprit, puisqu’il permet que ces titres soient donnés à deux hommes comme Platon & Homère, à un philosophe qui a des visions si bisarres, & à un poëte, qui débite des choses si peu sensées. » Perrault fit plus encore : il mit au-dessus d’Homère non seulement nos premiers écrivains, mais les Scudéri, les Chapelain, & les Cassagne. […] Après avoir vécu en philosophe, toute sa vie, il se démentit à la mort. […] Il s’érige en philosophe & en moraliste, & c’est Platon lui-même dans toute la force de la raison, & dans l’enthousiasme de la vertu ; mais c’est souvent aussi un disciple grossier d’Epicure. Lequel est le plus dangereux d’un roman ou des Contes de la Fontaine, demandoit une femme dans une société où le philosophe Dumarsais se trouvoit avec le président Demaisons ? […] Loin de se plaindre de l’abondance des écrits dans ce genre, le philosophe le croyoit au contraire trop négligé, tant pour le stile que pour le fond.
Le philosophe, l’homme du monde, l’homme qui joue aux maximes, se confondent en lui. […] Ce dernier, comme Machiavel, autre philosophe profond et plein de réalité, a trop donné à son observation si pénétrante et si durable la marque particulière des temps où il a vécu et qu’il a traversés. […] M. de La Rochefoucauld, parlant ou écrivant des choses de la vie, se souvenant des choses du cœur et de ce monde des femmes qu’il connaissait si bien, n’aurait jamais fait, comme Ménage éloquent ou comme le philosophe amoureux ; il ne se serait point écrié tout d’abord avec emphase : « Nous sommes parvenu à découvrir toute une littérature féminine, aux trois quarts inconnue, qui ne nous semble pas indigne d’avoir une place à côté de la littérature virile en possession de l’admiration universelle. » Sans compter qu’il n’est pas honnête de prétendre avoir découvert ce que beaucoup d’autres savaient et disaient déjà, cela n’est pas de bon goût d’emboucher ainsi la trompette à tout moment et de proclamer sa propre gloire en si tendre sujet.
Quelques questions qui me sont adressées de divers côtés sur ce correspondant et ce malade de Ducis, Deleyre, m’engagent à y revenir un peu et à entrer dans quelques détails plus précis sur une figure des plus intéressantes et l’une de celles qui aident le mieux à comprendre ce monde de Rousseau et des philosophes, sur un personnage qui est lui-même un type parmi les secondaires. […] Là, l’auteur de ces romances sentimentales, dont l’une a dû à Rousseau une si délicieuse mélodie, put faire connaissance avec l’abbé Métastase et causer musique avec lui ; mais cette agréable rencontre, et celle aussi du bibliothécaire de l’empereur, le philosophe Jameray-Duval, qui lui marquait confiance et amitié, ne lui rendirent pas l’habitude d’une Cour plus facile ; il y resta peu et changea bientôt d’emploi. […] » Et confondant un moment ses douleurs avec celles du maître, mêlant ses larmes aux siennes à l’occasion de la mort de M. de Luxembourg : « Soyons hommes et point philosophes, lui disait-il, malheureux même s’il le faut, pour être plus humains !
Celui-ci est un vrai philosophe ; il connaît l’Antiquité, et il a puisé à ses plus hautes sources. […] Eugène Véron ; lui, il a placé hardiment son idéal au berceau même de la Grèce, à l’époque printanière de cet épanouissement mythologique que les philosophes, avant et après Socrate, ont raillé, méconnu, blasphémé ou interprété à contre-sens, et qu’il prétend, au contraire, ressaisir plus intelligemment et pouvoir réhabiliter dans une large mesure. […] De la Morale avant les Philosophes, par M.
Les rhétoriciens en désarroi se sont réfugiés derrière les philosophes ou soi-disant tels, eux-mêmes ralliés pour plus de sûreté sous le canon de l’orthodoxie ; ils ont tous vu dans la méthode de l’auteur je ne sais quelle menace apportée à la morale, au libre arbitre, à la responsabilité humaine, et ils ont poussé les hauts cris. […] Montesquieu l’a imité et suivi, mais de trop haut et comme un philosophe qui n’est pas assez médecin de son métier ni assez naturaliste. […] Il comprit bientôt qu’on ne saurait être un vrai philosophe psychologue sans savoir d’une part la langue des mathématiques, cette logique la plus déliée, la plus pénétrante de toutes, et de l’autre l’histoire naturelle, cette base commune de la vie ; une double source de connaissances qui a manqué à tous les demi-savants, si distingués d’ailleurs, de l’école éclectique.
. — Elles servent de point de départ aux nouveaux philosophes. […] Considérer tour à tour chaque province distincte de l’action humaine, décomposer les notions capitales sous lesquelles nous la concevons, celles de religion, de société et de gouvernement, celles d’utilité, de richesse et d’échange, celles de justice, de droit et de devoir ; remonter jusqu’aux faits palpables, aux expériences premières, aux événements simples dans lesquels les éléments de la notion sont inclus ; en retirer ces précieux filons sans omission ni mélange ; recomposer avec eux la notion, fixer son sens, déterminer sa valeur ; remplacer l’idée vague et vulgaire de laquelle on est parti par la définition précise et scientifique à laquelle on aboutit et le métal impur qu’on a reçu par le métal affiné qu’on obtient : voilà la méthode générale que les philosophes enseignent alors sous le nom d’analyse et qui résume tout le progrès du siècle Jusqu’ici et non plus loin ils ont raison : la vérité, toute vérité est dans les choses observables et c’est de là uniquement qu’on peut la tirer ; il n’y a pas d’autre voie qui conduise aux découvertes. — Sans doute l’opération n’est fructueuse que si la gangue est abondante et si l’on possède les procédés d’extraction ; pour avoir une notion juste de l’État, de la religion, du droit, de la richesse, il faut être au préalable historien, jurisconsulte, économiste, avoir recueilli des myriades de faits et posséder, outre une vaste érudition, une finesse très exercée et toute spéciale. […] Philosophe de Newton, 1738, et Physique, par Voltaire
Ils sont imprégnés à la fois d’antiquité et de christianisme : Rabelais feuillette tour à tour les beaux livres de Platon et la Sainte Écriture ; il associe dans sa révérence les grands païens philosophes et les « prêcheurs évangéliques ». […] Mais il fit cet étrange Cymbalum mundi, la première œuvre française qui manifeste, entre les deux théologies également intolérantes, l’existence d’un tiers parti de libres philosophes. […] Au fond, en effet, Rabelais ne philosophe que pour légitimer la souveraine exigence de son tempérament : cet optimisme rationaliste, naturaliste, ou de quelque nom qu’on veuille appeler cette assez superficielle doctrine, lui sert surtout à fonder en raison son amour immense et irrésistible de la vie.
Chaque philosophe met sur le roman l’empreinte de son tempérament comme de sa doctrine : Voltaire y porte son esprit mordant, sensé, léger, son ironie dissolvante et meurtrière, peu de sensibilité, peu de tirades ; il excelle à trouver les faits menus, secs et précis, qui font apparaître l’absurdité d’une opinion. […] A l’imitation des philosophes, un érudit, l’abbé Barthélémy, se sert du roman pour vulgariser la connaissance de l’antiquité hellénique ; par malheur, la faiblesse de l’invention littéraire fait tort à la solidité de l’érudition, à la probité des recherches, à l’intelligence des interprétations. […] Nous aurons à voir la place qu’il tient dans l’œuvre et le système du philosophe.
Mme du Deffand569 a un salon très aristocratique ; surtout depuis 1763, où Mlle de Lespinasse emmène Dalembert et les autres philosophes, elle hait la secte encyclopédique. […] Ces femmes, pourtant, sont « philosophes » : elles se passent de Dieu avec sérénité. […] Mais il y a un jour où se ramassent dans une explosion unique tous les sentiments de toute nature, moraux, politiques, sociaux, que l’œuvre des philosophes avait développés dans les cœurs, joie de vivre, avidité de jouir, intense excitation de l’intelligence, haine et mépris du présent, des abus, des traditions, espoir et besoin d’autre chose : ce jour de folie intellectuelle où toute la société de l’ancien régime applaudit aux idées dont elle va périr, c’est la première représentation du Mariage de Figaro (27 avril 1784).
Si Duhamel invente un appareil pour le dessèchement des grains, et s’il place cet appareil dans une tour qu’il surmonte d’ailes toutes semblables à celles d’un moulin à vent, Vicq d’Azyr y verra « un monument élevé par le patriotisme, vraiment digne de décorer la maison d’un philosophe, et bien différent de ces tours antiques… » Suit une petite sortie contre les tours gothiques et féodales. […] Pariset prend le ton d’un sage, d’un philosophe profondément aguerri et consommé ; il lui dit : Eh quoi ! […] Son biographe nous le représente, « au milieu de cette triste population d’aliénés, comme un philosophe ou plutôt comme un poète égaré ».
Il paraît que Christine, malgré la beauté de la harangue de Patru, avait peu songé à lui depuis lors ; il en prend son parti en philosophe, et nous le retrouvons dans sa nature véritable. […] Tout philosophe qu’elle était, la reine s’inquiéta de ce point la première, et, dans les instants qui précédèrent la séance, elle s’en entretint tout bas auprès du feu avec le chancelier. […] Le père Bouhours, l’un de ses admirateurs et de ses disciples, et qui l’assista dans ses derniers moments, a dit : Les malheurs d’autrui le touchaient plus que les siens propres, et sa charité envers les pauvres, qu’il ne pouvait voir sans les soulager, lors même qu’il n’était pas trop en état de le faire, lui a peut-être obtenu du ciel la grâce d’une longue maladie, pendant laquelle il s’est tourné tout à fait vers Dieu ; car, après avoir vécu en honnête homme et un peu en philosophe, il est mort en bon chrétien dans la participation des sacrements de l’Église et avec les sentiments d’une sincère pénitence.
Un jour, un auteur dont le nom n’est pas indiqué, et que l’on croit être Thomas Payne, lui envoya le manuscrit d’un ouvrage irréligieux : supposez, si vous l’aimez mieux, que cet auteur sur lequel on est incertain soit un Français, un philosophe, un élève du monde de d’Holbach ou même de celui d’Auteuil, Volney par exemple, soumettant d’avance à Franklin le manuscrit des Ruines. Franklin répond par cette lettre que je donnerai en entier, puisque, mieux que tout ce que je pourrais dire, elle exprime le vrai rapport où il est avec les philosophes du xviiie siècle, et le point par où il s’en sépare : J’ai lu votre manuscrit avec quelque attention. […] Parmi les philosophes en renom du xviiie siècle, je ne vois que Montesquieu qui aurait pu penser ainsi ; mais Franklin s’exprime d’une manière plus affectueuse et plus émue, plus paternelle, que ne l’eût fait Montesquieu.
Chapitre XIII : De la méthode Il y a encore à Paris des philosophes qui vivent dans une chambre. […] Mes deux philosophes lui ressemblent. […] Quoique fort bon, il n’est point philosophe humanitaire.
C’étoit un Philosophe à la maniere des Anciens, c’est-à-dire, un homme détaché des biens de la fortune, ennemi de tout soin, isolé au milieu de la société, d’un caractere doux & aimable.
Nous ignorons si cet Auteur a été convulsionnaire, ainsi que les Philosophes l’en ont accusé : ce n’est pas là-dessus que nous devons le juger : ce que nous savons, c’est qu’il est un de ceux qui ont le plus écrit contre l’Encyclopédie.
Un Ecrivain philosophe prétend que Desbarreaux n’en est pas l’Auteur, & s’efforce d’en affoiblir le mérite.
Vous n’expliquerez d’une autre manière ni le naturalisme de nos romanciers, ni le pessimisme de nos poètes, ni le réalisme de nos philosophes. […] Ce serait aller trop loin peut-être ; et, quoique d’ailleurs ce grand homme ne manquât point de politique — pour un philosophe, — il ne faut point lui prêter de trop profonds calculs. […] Aussi les philosophes du xviiie siècle n’en ont-ils point vu, ni d’ailleurs, supposé. […] Tout Gascon qu’il soit, et philosophe, très dégagé de préjugés, et son scepticisme voisin ou cousin de celui de Montaigne, il ne tient pas moins à descendre des « anciens Germains », conquérants de la Gaule romaine, possesseurs-nés du sol français. […] Libres ou non, esclaves de la fortune ou artisans de nos destinées, toute société des hommes n’est-elle pas effectivement fondée sur l’hypothèse, ou, comme disent les philosophes, sur le postulat de la liberté ?
Thomas Braun Tour à tour héroïque, légendaire, philosophe ou gamin, M. de Lautrec traverse la vie, une badine à la main, déjouant ses combinaisons, interprétant son sens occulte.
Les Philosophes qui ont relevé ces imprudences, & voulu faire passer sa maniere de prêcher pour celle qui étoit généralement en usage dans son Siecle, se sont trompés grossiérement.
Dans une lettre à un ami qu’elle supposait méditant une brochure en faveur des philosophes, elle lui demande spirituellement pourquoi une brochure ? « Est-ce pour prouver que Voltaire est un grand poëte et Zaïre une pièce touchante, ou bien que le mot de philosophe n’est pas exactement le synonyme de septembriseur ? […] Elle aime à citer le philosophe Lichtenberg. […] Elle savait à merveille la littérature anglaise et en possédait les poètes, les philosophes ; on la pourrait rapprocher elle-même d’Addison et de Johnson, ces grands critiques moralistes. […] Ce n’est plus à un moraliste de la fin du dix-huitième siècle que nous aurons affaire, c’est à un écrivain de l’ère nouvelle et laborieuse, à une mère attentive et enseignante, qui sait les épreuves et qui prépare des hommes ; à un philosophe vertueux occupé de faire sentir en chaque ordre l’accord du droit et du devoir, de l’examen et de la foi, de la règle et de la liberté.
Il y en avait de deux sortes : les philosophes et érudits formaient un premier groupe, discret, peu bruyant, ennemi du scandale, faisant extérieurement profession de respecter la religion ; les uns se rattachaient à l’épicurisme relevé par Gassendi ; les autres suivaient, avec Le Vayer, la doctrine sceptique. […] Le cartésianisme fit des chrétiens apparents, en faisant des philosophes qui croyaient à Dieu, à l’âme immortelle, à la supériorité infinie de la nature spirituelle sur la nature corporelle (ce qui établissait une hiérarchie très nette des plaisirs). […] Mais il n’eut ni la volonté ni la puissance d’être un artiste : il fit œuvre de théologien, de philosophe, de logicien, jamais pour ainsi dire œuvre d’écrivain ; dans aucune de ses polémiques, il ne fit un de ces livres « absolus » qui dépassent l’occasion d’où ils naissent et lui survivent. […] C’est là ce qu’il demandait aux philosophes, à Épictète, à Montaigne. […] Pascal donne à Port-Royal un esprit tout laïque, formé aux méthodes et imbu des notions de la science et de la philosophie, assez ignorant de la théologie : de son Entretien avec M. de Saci, il résultera qu’au moment d’entreprendre ses rudes campagnes contre l’erreur et l’incrédulité, ce défenseur de la foi connaît à fond les philosophes, et n’a pas lu les Pères de l’Église : il n’en aura jamais qu’une connaissance superficielle.
Si une vie future, telle que l’ont comprise les chrétiens et quelques philosophes spiritualistes nous promet réellement l’éternité de ses peines et de ses joies, la vie terrestre devient tout à fait insignifiante et négligeable, sauf en tant que moyen de préparer la vie future, et de nous concilier, par tous les moyens qui lui plaisent, le juge suprême. […] Il faut y rattacher encore indirectement bien des jugements moraux souvent implicites, peu appréciés des philosophes, mais qui tiennent leur place dans la vie. […] Elle garde toute sa rigueur chez quelques philosophes, ou plutôt dans quelques pages de certains philosophes. […] Et, si chacun ne peut à chaque instant les remettre en question, c’est sans doute une des raisons qui excusent l’existence des philosophes, que le soin qu’ils prennent de les critiquer.
Ainsi, dans la scène du Mariage forcé entre Sganarelle et Pancrace, tout le comique vient d’un conflit entre l’idée de Sganarelle, qui veut forcer le philosophe à l’écouter, et l’obstination du philosophe, véritable machine à parler qui fonctionne automatiquement. […] Quand on songe à l’intensité et à la fréquence de ce genre de comique, on comprend qu’il ait frappé l’imagination de certains philosophes. […] On comprend que certains philosophes aient été surtout frappés de ce balancement, et que quelques-uns aient vu l’essence même du comique dans un choc, ou dans une superposition, de deux jugements qui se contredisent. […] C’est, sans aucun doute, le comique de la parodie qui a suggéré à quelques philosophes, en particulier à Alexandre Bain, l’idée de définir le comique en général par la dégradation.