C’était un observateur, un critique, un liseur intrépide, un antiquaire, un érudit, un dilettante de vieux textes, qui avait fourré l’œil et la main dans les historiens, dans les poètes, dans les légistes (les légistes, les vrais historiens de ce peuple romain, de ce peuple de procureurs !) […] L’Empire avait des raisons d’être intimes et profondes… Il était le développement définitif, et auquel la République avait travaillé, d’une loi plus haute que les ambitions et plus impérieuse que les volontés humaines, à savoir : que toute victoire pour Rome s’était changée en nécessité de gouverner les peuples conquis, et que cette nécessité de gouverner le monde méditerranéen avait fini, en grandissant les vices de l’élection, par la rendre complètement impossible. — Le travail de Champagny nous semblait digne de cette imposante conclusion. […] Mais au jour où ces pages furent écrites, alors que le besoin de stabilité dominait tout, même les souvenirs du peuple et sa reconnaissance, comment admettre qu’il n’eût pas signalé — s’il l’avait vu — le caractère essentiellement monarchique de toutes les institutions crées par le premier Consul ? […] C’était elle qui donnait une unité si grande à ce peuple que, dans les premiers temps de la République, il gouvernait les États d’Italie même avant de les avoir conquis.
Nous autres, les Majestés du xixe siècle, nous regardons la Royauté du haut de notre grandeur de peuple. […] Si, en attendant le gouvernement de tous par tous, dans sa beauté complète, — ou mieux encore, la suppression de tout gouvernement, l’idéal enseigné par Proudhon, l’iconoclaste des Républiques, — nous permettons à la Royauté, ce polype coupé un jour sur la place de la Révolution, mais qui a repoussé, de rester encore quelque temps sans être arraché du sein des peuples, c’est seulement à la condition d’être entourée, cette Royauté, comme disait Lafayette, d’Institutions Républicaines, et de lui mettre la camisole de force d’une Constitution. Saint Louis, qui fut un Roi tout court, le Roi net, comme on disait en Espagne, le Roi père de la société, — de même que le père est le Roi de la famille, ainsi que le voulait dans sa théorie ce vieux imbécile de Bonald, — doit apparaître aux fiers cerveaux du xixe siècle comme un Roi bon tout au plus pour un peuple enfant, digne, sinon du mépris tout à fait, au moins de l’indulgence de l’Histoire… En deux mots, voilà pour le Roi. […] Mais, heureusement pour lui et pour son peuple, la sainteté lui épargna cette vulgaire façon d’être un grand homme à la manière de l’humanité. […] Le monde tout entier : les peuples comme les rois, les papes comme les empereurs !
C’est le propre des peuples qui tombent, de l’éprouver. […] D’ailleurs, ce travail, qui a un autre but que d’expliquer les procédés de l’art oratoire et d’en mettre les beautés en lumière, sera la preuve d’un fait qu’il faut incessamment rappeler aux peuples affolés de l’art de bien dire, comme le sont les peuples vieux et impuissants ; c’est que l’éloquence véritable, celle que les âges n’éteignent point en passant sur elle, exprime toujours, je ne dis pas seulement une conviction… qu’est-ce que la conviction d’un homme ? […] en effet, excepté Démosthène, vrai comme l’amour de la patrie et l’intérêt bien entendu de son État, que reste-il d’un peuple qui passait pour le plus éloquent de tous les peuples ?
Dès lors, partout où sera l’émeute et l’insurrection, même la plus évidemment injuste et folle, même la plus sanglante, vous retrouverez cet insurgé délicat, qui n’aime pas l’odeur du peuple et à qui le peuple fait peur. […] Toute âme un peu douce, un peu tendre, un peu soucieuse de l’équité, un peu pitoyable à ce peuple dont on n’a guère le droit d’exciter les appétits quand on n’a rien à lui donner, sera effrayée et scandalisée de l’œuvre de M. […] Je me dis malgré moi : — Un homme qui souffre de la grande misère du peuple et de toutes les horribles iniquités sociales et qui fait profession de ne point s’y résigner, j’ai beau faire, je ne puis me le représenter sous les espèces d’un boulevardier qui fait des mots. […] Ce que j’admire, par exemple, c’est la bonté, la crédulité, la stupidité de ce peuple qui a si longtemps pris et qui prend peut-être encore M. […] Si je ne garantis point qu’il aime le peuple à la façon des apôtres mystiques de la révolution sociale, je suis sûr qu’il déteste du meilleur de son âme les représentants officiels de l’égoïsme bourgeois et de l’hypocrisie parlementaire.
Comme il arrive toutes les fois qu’un peuple politique soumet une nation où la loi civile et la loi religieuse se confondent, les Romains étaient amenés à prêter à la loi juive une sorte d’appui officiel. […] L’expérience de tant de conflits l’avait rendu fort prudent dans ses rapports avec un peuple intraitable, qui se vengeait de ses maîtres en les obligeant à user envers lui de rigueurs odieuses. […] Il était d’usage à propos de la fête de Pâque de délivrer au peuple un prisonnier. […] On l’amena ainsi affublé sur la tribune, en face du peuple. […] Il ne pouvait prévoir que tel peuple à l’imagination égarée le concevrait un jour comme un affreux Moloch, avide de chair brûlée.
Le génie poétique des autres peuples a rempli des saisons entières, créé des chefs-d’œuvre que les nôtres ont égalé mais n’ont pas toujours surpassé. […] Le moindre poète ayant su et pratiqué son art est populaire chez les peuples voisins : et chez nous pendant longtemps on n’a guère retenu du passé que les œuvres étudiées au collège, inscrites sur le programme du baccalauréat. […] Au moyen âge, notre Poésie sous deux formes s’imposa comme un modèle aux autres peuples : sous la forme lyrique dans le dialecte provençal, la langue d’oc ; sous la forme épique, dans le dialecte qui est devenu le français, la langue d’oïl. […] En effet, au siècle des Pascal et des Corneille, tous les peuples tenaient leurs yeux attachés sur la France ; ils contemplaient Versailles où triomphaient Molière et Racine, comme on contemple le soleil. […] Les rois eux-mêmes s’inspirèrent de notre génie en même temps que les peuples se donnaient à nous.
Depuis la chute de l’empire jusqu’en 1870, elle est la proie des peuples initiés par elle à la civilisation. […] Le peuple italien, arrêté ainsi dans son évolution normale, développe unilatéralement ses plus précieuses qualités. De par le mélange des races, de par les conditions durables de la terre et du ciel, surtout de par sa très ancienne civilisation, le caractère de ce peuple a un charme unique qui prend le cœur par les sens. […] Il est encore en partie tourné vers le moyen âge ; son œuvre est à moitié latine et ascétique ; mais son geste montre l’aurore et répond si bien à l’esprit de son peuple, qu’en 1341 un maître d’école aveugle suit ses traces de ville en ville, pour le rejoindre enfin et baiser la main du génie libérateur. […] Le Giorno de Parini n’est épique que dans sa forme extérieure ; la satire en est d’esprit nettement dramatique ; et c’est par le théâtre qu’Alfieri prêche à son peuple un pur idéal et que Goldoni lui montre les turpitudes de l’esclavage.
Ces peuples élus, qui ne les connaît ? […] On peut dire que saint Louis avait autour de lui un peuple de fidèles et qu’il combattait un peuple d’infidèles qui était plutôt un peuple de contre-fidèles. […] Menu peuple de soldats, menu peuple d’Église, menu peuple de peuple. […] Il est de son peuple et il y est premier. […] Le peuple de Moïse n’a pu donner le peuple de Jésus qu’en passant par un certain point de peuple.
Armand Carrel Si Béranger n’était pas l’écrivain le plus populaire de l’époque, ce serait certainement l’un des plus ingénieux, des plus instruits, des plus attachants causeurs que l’on puisse rencontrer dans cette société qui l’a beaucoup recherché et qu’il a beaucoup fuie, lui préférant tantôt la retraite, tantôt l’amitié de quelques jeunes gens bons et généreux, enfants de ce peuple dont il est le peintre fidèle et le poète aimé. […] Proudhon Béranger appartient à la Révolution, sans nul doute ; il vit de sa vie ; ses chansons, comme les fables de La Fontaine, les comédies de Molière et les contes de Voltaire, ont conquis, parmi le peuple et les hautes classes, une égale célébrité. […] Louis Veuillot Il a, pour servir ses passions, dégradé la langue comme l’âme du peuple… Il a parodié les paroles de la prière pour outrager les sentiments chrétiens ; il a tourné en ridicule la foi, les sacrements, la pudeur et la mort… [Mélanges, tome III, 2e série.]
Puisqu’on a tant relevé de nos jours la poésie populaire en général, c’est bien le moins qu’on ne dédaigne pas l’individu poëte, resté du peuple, là où il se rencontre avec le feu, la naïveté première et l’incontestable don. […] Mais il n’y a rien de commun entre Jasmin et lui, que d’être du peuple et d’avoir du talent ; du reste, nul rapprochement à établir. […] Il dit tout cela, mais il sait aussi, avec sérieux, qu’il est du peuple et pauvre, qu’il l’a été tout à fait d’abord, et que d’autres le sont, pour qui il chante. […] Mais continuons, en supprimant à regret bien des détails dont aucun n’est superflu : « Quand on voit blanchir les haies que l’hiver avait noircies, une noce du peuple, ah ! […] il est homme du peuple tout de bon.
S’appuyant solidement sur la configuration géographique du pays, et sur l’histoire des colonies anglaises, il recherche les origines de l’esprit démocratique en Amérique : il expose l’organisation des États de l’Union et de l’Etat fédéral, leurs relations et leurs attributions ; il montre comment le peuple gouverne, et tous les effets de la souveraineté de la majorité. […] Il n’était pas bourgeois835 ; il était peuple et poète. […] Il en fait la légende plutôt que l’histoire, malgré ses très sérieuses recherches : maudissant, invectivant, embrassant, bénissant, dressant au-dessus de tous ses ennemis, amis et serviteurs, la sainte figure du peuple, du peuple idéal, terrible, fécond et généreux comme la Nature, toujours grand et toujours pur, quoi qu’il fasse. Lorsqu’il reviendra de là au xvie siècle, Michelet se posera devant les rois, les prêtres et les nobles comme un justicier : qu’avez-vous fait du peuple ? qu’avez-vous fait pour le peuple ?
L’Église devait être saisie dans les sales mains d’un peuple désabusé. […] Il faut être grave quand on parle au peuple ! […] Je me disais que c’était bien là le sale peuple d’esclaves que toute l’Europe commence à mépriser. […] Mais l’instruction, l’instruction universelle ; voilà ce qui fait les peuples forts et les peuples grands. Or, nul peuple n’a autant d’écoles et d’universités que l’Allemagne.
Enfin dans une nation industrieuse et capable de prendre toute sorte de peine pour gagner sa vie sans être assujettie à un travail reglé, il s’est formé un peuple entier de gens qui cherchent à faire quelque profit par le moïen du commerce des tableaux. […] Les italiens presque aussi amoureux de la gloire de leur nation que les grecs le furent autrefois, sont très-jaloux de cette illustration qu’un peuple s’acquiert par la science et par les beaux arts. […] J’ai même entendu dire à des personnes dignes de foi, que parmi le bas peuple de Rome, il s’étoit trouvé des hommes assez ennemis de la réputation de nos peintres françois pour déchirer les estampes gravées d’après Le Sueur, Le Brun, Mignard, Coypel et quelques autres peintres de notre nation, que les chartreux de cette ville ont placées avec des estampes gravées d’après des peintres italiens dans la gallerie qui regne sur le cloître du monastere. […] La difference qui est entr’eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules et du côté de l’Italie, mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris et les naturels de Rome.
On commença à César ; cet homme qui avait fait tant de mal à son pays, et qui avait commis le plus grand des crimes, celui de précipiter la corruption d’un peuple, fut loué sur cette même tribune où l’on n’aurait dû monter que pour flétrir sa mémoire. […] On dit qu’à la fin de ce dernier éloge, il demanda aux dieux la faveur de mourir comme ce jeune prince, en combattant avec gloire pour le peuple romain. […] Germanicus, le modèle des princes ; Germanicus qui eut le tort d’être vertueux dans une cour corrompue, et sous Tibère le tort bien plus grand d’être adoré du peuple et de l’aimer, empoisonné en Asie, n’obtint pas d’éloge funèbre dans Rome ; mais aussi la mémoire de Tibère ne manqua point d’être célébrée ; l’éloge de Tibère fut prononcé par Caligula : c’était dignement commencer un règne qui devait finir par tant de crimes ; et le panégyriste et le héros étaient dignes l’un de l’autre. […] dit Tacite, croyait-on étouffer dans les mêmes flammes et la voix du peuple romain, et la liberté du sénat, et le cri de l’univers19 ?
Ce respect du foyer domestique était commun aux barbares du moyen âge, puisque même au temps de Boccace, qui nous l’atteste dans sa Généalogie des dieux, c’était l’usage à Florence, qu’au commencement de chaque année, le père de famille assis à son foyer près d’un tronc d’arbre auquel il mettait le feu, jetait de l’encens et versait du vin dans la flamme ; usage encore observé, par le bas peuple de Naples, le soir de la vigile de Noël. […] Dans ce dernier genre d’héroïsme, les Romains se montrèrent supérieurs à tous les peuples de la terre, puisqu’ils surent également Parcere subjectis, et debellare superbos. […] Ce que Tacite dit des Germains peut s’entendre de tous les premiers peuples barbares ; et nous savons que chez les anciens Romains le père de famille avait droit de vie et de mort sur ses fils, et la propriété absolue de tout ce qu’ils pouvaient acquérir, au point que jusqu’aux Empereurs les fils et les esclaves ne différaient en rien sous le rapport du pécule. […] À ce droit héroïque Ulpien oppose le droit naturel des peuples civilisés (gentium humanarum) ; il les appelle civilisés ou humains, par opposition aux barbares des premiers temps ; et il ne peut entendre parler des barbares qui de son temps se trouvaient hors de l’Empire, et dont par conséquent le droit n’importait point aux jurisconsultes romains.
Jean Valjean ne veut pas s’y soustraire, apparemment, sans accumuler l’indignation du peuple contre une telle justice. […] Contes et veillées pour amuser le peuple. […] Toutes les jouissances à quelques-uns, toutes les privations aux autres, c’est-à-dire au peuple ; le privilège, l’exception, le monopole, la féodalité, naissant du travail même. […] Venise, peuple, renaîtra. […] C’est un pauvre idéal de peuple à présenter à l’admiration de nos artisans, la moelle peut-être de la population française.
Un véritable grand homme qui eût paru alors, le glaive dans une main, la modération dans l’autre, pouvait lui apporter la raison, la force et la paix ; c’était une de ces époques où la dictature des soldats et la dictature des législateurs peuvent s’unir pour reconstituer un grand peuple ; mais, il faut le reconnaître, la France, qui est le pays des armes, du génie et de la gloire, n’est pas le pays de la raison. […] C’était une grande idée toute simple ; les peuples la comprirent. […] Nous l’avons éprouvé en 1848, par nécessité temporaire d’une révolution où toutes les lois anciennes étaient abolies ; mais une émeute violente en sortait exactement tous les quinze jours, et la sagesse du peuple tenait lieu de loi pour réprimer la démence du peuple. […] Il n’y était pas pour les Américains, peuple qui n’a que la grandeur de l’espace et la philosophie du lucre ; peuple sans ancêtres, pour lequel le passé n’existe pas, peuple brutal qui ne croit qu’à ce qu’il touche ; mais il y était en germe dans l’immensité des œuvres de sa nature, non encore épousée par les hommes nouveaux. […] On voit qu’il s’amuse à faire à loisir la caricature de deux peuples dans une scène de cabaret.
Le peuple hue les processions — c’est la faute des Juifs. […] Dès que son peuple le néglige, il entre en fureur et lui envoie la peste ou le réduit en esclavage sous les peuples voisins. […] Lumet peut être persuadé qu’à cet égard, il y a échange constant entre tous les peuples de l’univers. […] Il en faut une, autrement nous serons débordés par le peuple » (p. 512). […] ces chimériques, ces fous, ces « ennemis du peuple » ont trouvé un disciple inattendu.
C’était son appel au peuple et son appel à la gloire. […] Il professait un profond mépris pour les masses du peuple, selon lui dévolues à la superstition par l’ignorance. […] Le jour de la représentation d’Irène, il se rendit au théâtre à travers les flots d’un peuple ivre de son nom. […] Un peuple entier le reconduisit jusqu’à sa maison, et assourdit pendant toute une nuit les deux rives de la Seine de ses applaudissements. […] Les prêtres furent d’autant plus respectés du peuple qu’ils furent moins protégés par la force officielle de l’État.
Quand il vante le bonheur des peuples de la Bétique (livre VII), on peut dire qu’il caresse un idéal anarchiste. […] Le va-et-vient d’un peuple à l’autre prépare et opère en partie la fusion des races. […] Le goût des voyages, inhérent aux commerçants (témoin les Anglais qui sont le peuple le plus commerçant et le plus vagabond du monde), passe peu à peu aux autres classes de la nation. […] Mieux vaut montrer comment la littérature à son tour réagit sur les conditions économiques d’un peuple. […] Le peuple étant devenu celui qui paie, on a cherché à lui complaire ; on a écrit, chanté, parlé pour lui ; il a eu ses poètes, ses romanciers, ses orateurs, et même, comme le roi jadis, ses flatteurs, ses courtisans.
Ils y ont mis une sorte de rage et de fureur, ils ont dégradé leurs compatriotes et leur pays, comme ne le feraient jamais les pires ennemis de notre peuple. […] Ils se mêlent de réglementer les plaisirs du peuple, ils entendent l’amuser à leur manière, — à la fois décente et instructive. […] En dehors de la race, la littérature dégénère en pur dilettantisme, elle produit des œuvres hybrides et isolées qui ne pénétreront jamais dans la vie profonde d’un peuple. […] De la Chine au Transvaal, les peuples menacés par l’invasion cosmopolite ont manifesté leur volonté de défendre chèrement leur existence. […] Ils se persuaderont que la source en est toujours féconde et que l’enseignement de ton histoire peut être encore une discipline pour les peuples.
J’ai conduit votre peuple où vous avez voulu. […] Dans le silence universel, je reconnus la voix de M. de Thou, qui attendait au pied de l’échafaud ; le peuple répéta le chant sacré. […] Un événement étrange effrayait le peuple autant que l’horrible spectacle. […] Il y a tel peuple qui n’en a pas un, et n’en aura jamais. […] Il a surtout besoin d’ordre et de clarté, ayant toujours en vue le peuple auquel il parle, et la voie où il conduit ceux qui croient en lui.
Je pense au contraire que tout se lie, que tout s’explique dans l’histoire d’un peuple, par le développement intime de l’esprit de ce peuple, et qu’on peut retrouver en germe dans son passé, tous les grands événements qui ont agi tôt ou tard sur lui. […] En se rapprochant du peuple, on s’est mis à observer ses mœurs et à les décrire. […] — non le peuple, mais le public le plus éclairé ! […] Le peuple n’aime point qu’on lui rappelle ses misères, ses travaux, ses préoccupations journalières. […] Mais la foule, le peuple surtout, s’imprégna de ces idées excentriques.
Le peuple juif a produit la religion, et le peuple grec la science. […] Je ne balance pas : Je veux être peuple ». […] Dans la vie ordinaire, le premier personnage est le peuple ; c’est pourquoi dans le théâtre aristocratique le peuple manque. […] Ils y régneront mille ans, ayant pour serviteurs les peuples païens. […] Ce fut dès lors l’expatriation de tout un peuple.
Chaque grand peuple y écrit son verset. […] Voici un peuple qui décide de son gouvernement. […] Le Peuple, page 22. […] Le Peuple, page 26. […] Le Peuple, page 30.
Un peuple reçoit toujours l’empreinte de la contrée qu’il habite, mais cette empreinte est d’autant plus forte qu’au moment où il s’établit, il est plus inculte et plus enfant. […] C’est ainsi que la nature, par les formes dont elle peuple l’esprit, incline directement le Grec vers les conceptions arrêtées et nettes. […] Ainsi divisée, la Grèce est conquise par des peuples demi-barbares, mais disciplinés, et l’indépendance de chaque cité aboutit à la servitude de la nation. […] Les peuples modernes sont chrétiens, et le christianisme est une religion de seconde pousse qui contredit l’instinct naturel. […] Lorsqu’un peuple sent la vie divine des choses naturelles, il n’a pas de peine à démêler le fond naturel d’où sortent les personnes divines.
C’est un mauvais conducteur du genre humain que celui qui est athée. » Le vieux représentant du peuple ne répondit pas. « Il eut un tremblement. […] Hugo eut une confiance excessive et enfantine dans la force du peuple pour réaliser le progrès social ; il eut pour le peuple, comme Michelet, une pitié immense, et la pitié, de même que l’amour dont elle est faite, aveugle parfois. […] Le peuple souverain de lui-même, et chacun Son propre roi ! […] Pex urbis, s’écrie Cicéron en parlant du peuple ; mob, ajoute Burke indigné ! […] Mabeuf, et Hugo lui-même au peuple : ni les uns ni les autres n’ont su arrêter à temps leurs illusions.
Aussi rien n’a-t-il égalé leur reconnaissance pour ce monarque ; les gens de lettres comme le peuple, tiennent compte aux princes des moindres bienfaits ; et, ce qui est assez remarquable dans l’histoire de l’esprit et du cœur humain, le titre de père des lettres semble avoir plus contribué à faire oublier les fautes innombrables de François Ier, que le nom bien plus respectable de père du peuple n’a servi à effacer celles de Louis XII. […] L’éducation qu’ils reçoivent, toute bornée à l’extérieur, peut leur servir à imposer au peuple, mais non pas à juger les hommes. […] Quand je considère attentivement l’empire littéraire, je crois voir une place publique, où une foule d’empiriques montés sur des tréteaux, appellent les passants, et en imposent au peuple qui commence par en rire, et qui finit par être leur dupe. […] c’est un homme que le malheur des rois et des peuples a placé entre les rois et la vérité pour la cacher à leurs yeux. […] Elle se joue également de l’injustice de la fortune et de celle des hommes ; elle produit des génies rares au milieu d’un peuple barbare, comme elle fait naître des plantes précieuses chez des peuples sauvages qui en ignorent la vertu.
Les peuples du Nord aperçoivent les mêmes vérités que les peuples du Midi, mais ils les aperçoivent autrement. […] Dans ces limites vit et parle la même langue une nation profondément originale dont l’existence subit assez peu les influences des peuples voisins. […] Lorsque les peuples du Nord franchirent les barrières qui les séparaient des Gaules et de l’Italie, tout en détruisant la forme romaine, ils furent bien forcés d’en retenir quelque chose. […] Bientôt la religion des conquérans succomba sous la religion des peuples conquis. […] Ainsi, d’un côté foi vraie dans le peuple, et liberté par conséquent, puisque le peuple croyait d’une croyance aussi libre que l’amour qui en était le principe ; d’autre part, ferme autorité dans le gouvernement, parce que cette autorité se fondait sur le libre assentiment des peuples et sur de nobles croyances.
Les squelettes vivants de la Danse Macabre ne terrifièrent pas plus, au moyen âge, la plèbe attroupée dans les cimetières où se dressait leur tréteau funèbre, que l’entrée des Furies d’Eschyle n’épouvanta le peuple d’Athènes. […] Son esprit plane dans l’Agora, sur l’orateur qu’elle inspire, et sur le peuple qu’elle incline aux votes raisonnables. […] Le démagogue Éphialte, dont Platon disait « qu’il versait la licence toute pure, à pleine coupe au peuple », réclamait son abolition. […] » — Ce qu’elle fait, c’est de rappeler gravement à son peuple que la sanction est l’âme de la loi, et que la Justice s’appuie sur l’épée. — « Ici résideront le respect et la crainte, toujours présents aux citoyens, le jour et la nuit. […] » — Ce jugement coûtera cher au peuple qui l’a rendu : Pestes vivantes, elles vont se ruer sur l’Attique, et l’infester du poison dont elles sont gonflées.
Huée à l’archonte éponyme qui a dernièrement fait élire et couronner un poëte par dix généraux au lieu de prendre dix hommes du peuple. […] On dirait qu’il exerce sur la nature, sur les peuples, et jusque sur les dieux, une sorte de magisme. […] Eschyle aimait le peuple, et le peuple l’adorait. […] Voyez dans l’Orestie comme le chœur, qui est le peuple, accueille tendrement Cassandre. […] La seule décroissance de la liberté de la presse diminue la stature d’un peuple.
Béranger avait remarqué bien des fois cette disposition mélancolique des hommes assemblés, et en avait conclu l’idée de la chanson doucement sérieuse à l’usage du pauvre, de l’affligé, du peuple. […] La Sainte Alliance des Peuples, composée dès 1818, est en quelque sorte un magnifique pavillon dressé au centre et au sommet de cette chaîne de collines, dont le dieu des Bonnes Gens décore le ciel. […] Béranger appréciait surtout chez le vétéran d’Arcole l’intelligence ferme et lucide, les sentiments chauds et droits sans rien de factice, la vie naturelle ; l’homme du peuple au complet, dans une organisation perfectionnée. Bras, tête et cœur, tout était peuple en lui, a-t-il dit de son ami. Si quelque chose m’assure que Manuel, s’il avait vécu, serait resté peuple, et eût résisté à la contagion semi-aristocratique qui a infecté tant de nos tribuns parvenus, c’est que Béranger l’a jugé ainsi.