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1499. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Mais s’inspirer d’un maître est une action non seulement permise, mais louable, et je ne suis pas de ceux qui font un reproche à notre grand peintre Ingres de penser à Raphaël, comme Raphaël pensait à la Vierge.

1500. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Si Dieu ne lui a pas permis d’exécuter son dessein, c’est qu’apparemment il n’est pas bon que certains doutes sur la foi soient éclaircis, afin qu’il reste matière à ces tentations et à ces épreuves, qui font les saints et les martyrs.

1501. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

Mais les retours que les interlocuteurs font sur leurs sentimens et sur ceux des autres, les reflexions du poëte, les recits, les descriptions, en un mot tout ce qui n’est pas sentiment, veut autant que la nature du poëme et la vrai-semblance le permettent, nous être répresenté sous des images qui forment des tableaux dans notre imagination.

1502. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Le public soulevé contre l’Hecyre de Terence les premieres fois qu’elle fut représentée, ne permit pas aux comédiens de l’achever.

1503. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

Il en serait fort mal récompensé s’il était d’un naturel confiant mais sire lièvre escompte d’avance l’ingratitude de son obligé, ce qui lui permet d’en esquiver les manifestations.

1504. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

N’ayant pas les mêmes qualités, ils ont tout à perdre à se permettre les mêmes défauts, alors surtout qu’il ne peut y avoir que du profit à surveiller les trop fréquentes répétitions, l’abus des qui et des que et des auxiliaires.

1505. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

Il a (qu’on me permette le mot !)

1506. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Le livre de Léon Bloy, que les ennemis de l’Église traiteront de mystique pour l’insulter et pour n’y pas répondre, — comme si le mysticisme n’était pas la dernière lueur que Dieu permette à l’homme d’allumer au foyer de son amour pour pénétrer le mystère de sa Providence, — ce livre, creusé plus avant que l’histoire du comte Roselly de Lorgues dans les entrailles de la réalité divine, est encore plus la glorification de l’Église que la glorification de Christophe Colomb.

1507. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

« Son front large et proéminent, ses yeux mobiles, qui ressemblaient à ceux de sa mère, signalaient à tous, comme un être singulier, l’enfant que le professeur désignait comme un modèle. » Qu’on me permette de mettre sous les yeux du lecteur une esquisse que j’ai tracée, jadis, de M. 

1508. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

. — Admirons la Providence, qui dans les premiers temps où les hommes encore idolâtres étaient incapables d’entendre la raison, permit qu’à son défaut ils suivissent l’autorité des auspices, et se gouvernassent par les avis divins qu’ils croyaient en recevoir.

1509. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

À cette expression répond celle de clientes dans le sens de vassaux roturiers, tels que purent être les clients, lorsque Servius Tullius par l’institution du cens, leur permit de tenir des terres en fiefs.

1510. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Elle dit de Mme Des Houlières : « Ses idylles n’ont peut-être d’autre défaut que de vouloir absolument être des idylles… Elle a mis de l’esprit partout et des fleurs où elle a pu. » — « Le talent de Mme Cottin ne permet guère de le juger, dit-elle, que lorsque les émotions qu’elle a fait naître sont passées, et ces émotions durent longtemps. » Elle dit du style de Mme de Genlis qu’il est toujours bien et jamais mieux 97. […] S’ils connaissaient comme moi les graves intérêts qu’il faut ménager, les importantes considérations dont il faut s’occuper, et les risibles griefs auxquels il faut répondre, et les hommages bien plus risibles qu’il faut recevoir, et tout ce tracas de petites passions dont la solitude d’une femme n’empêche pas que le bruit ne parvienne jusqu’à elle ; s’ils voyaient au milieu de tout cela un travail sans attrait pour l’esprit et sans dédommagement pour l’amour-propre, alors je leur permettrais de dire ce qu’ils en pensent et de penser, si cela leur convenait, que je l’ai entrepris pour mon plaisir. — Qu’ils ne songent pourtant pas à m’en plaindre, cela serait aussi déraisonnable que de m’en blâmer : « Ce que j’ai fait, Abner, j’ai cru le devoir faire ; je le crois encore et ne vois pas de raison pour m’affliger maintenant des inconvénients que j’ai prévus d’abord sans m’en effrayer. […] Cette circonstance singulière lia bientôt ces deux esprits éminents, beaucoup plus que le rapport assez inégal des âges et même le désaccord des opinions ne l’eussent probablement permis sans cela.

1511. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

J’en appelle à toutes les institutions politiques, civiles et religieuses ; examinez-les profondément, et je me trompe fort, ou vous verrez l’espèce humaine pliée de siècle en siècle au joug qu’une poignée de fripons se permettait de lui imposer… Méfiez-vous de celui qui veut mettre l’ordre ; ordonner, c’est toujours se rendre maître des autres en les gênant. » Plus de gêne ; les passions sont bonnes, et, si le troupeau veut enfin manger à pleine bouche, son premier soin sera de fouler sous ses sabots les animaux mitrés et couronnés qui le parquent pour l’exploiter409. […] Mais je le tiens pour un homme perdu, s’il a le malheur d’avoir l’âme honnête, une fille aimable et un puissant voisin. — Résumons en quatre mots le pacte social des deux états : Vous avez besoin de moi, car je suis riche et vous êtes pauvre : faisons donc un accord entre nous ; je permettrai que vous ayez l’honneur de me servir, à condition que vous me donnerez le peu qui vous reste pour la peine que je prends de vous commander. […] D’après ce principe, aux îles Hawaï, les habitants ont porté une loi qui défend de vendre des spiritueux aux indigènes et qui permet d’en vendre aux Européens.

1512. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Son commerce n’en aurait pas besoin ; ses colonies pourraient s’anéantir sans ruiner la mère patrie, décoration plutôt qu’élément vital de sa puissance : mais son aptitude à la marine militaire, mais ses grandes gloires et la défense de ses côtes, ne lui permettent pas cette abdication. […] Si nous voulons des alliés sûrs au-delà des Alpes, et nous avons le droit de les vouloir, ne permettons pas à une seule maison royale d’affecter la monarchie universelle de l’Italie, et de retourner contre nous, à la merci de l’Angleterre, cette monarchie universelle que nous aurions nous-mêmes fondée contre nous-mêmes. […] Devions-nous au roi de Piémont le droit impuni d’aller, à la tête d’une armée royale, poursuivre, assièger, bombarder dans son dernier asile, à Gaëte, un jeune roi à qui sa jeunesse, innocente du despotisme de son père, n’avait pas même permis de commettre des fautes qui motivent l’animadversion d’un ennemi ou le jugement d’un peuple ?

1513. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Canning et M. de Marcellus une amitié aussi familière que la politique en permet entre hommes de deux nations rivales. […] J’essayai d’intéresser à mon tour sa curiosité ; et je sollicitai la permission de la voir par un billet très laconique, où je n’ajoutais ni mon nom, ni aucune des politesses de convention en Europe ; le billet même semblait tenir quelque chose de la rudesse du désert ; il ne contenait que ces mots : « “Un jeune Français, passant à Saïde, prie lady Esther Stanhope de lui permettre de la voir.” […] « J’avais manifesté l’intention de retourner à Saïde dans la nuit même ; lady Stanhope ne voulut pas le permettre, et elle m’engagea à passer quelques jours auprès d’elle : je dus m’y refuser à mon tour ; mes moments étaient comptés, et je m’excusai sur mon pèlerinage.

1514. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Mais, comme ces hommes simples sont aussi les plus impressionnables et les plus séductibles de tous les hommes, et en même temps les plus incapables d’analyser en masse un ouvrage de dix volumes, accumulés d’une main de géant pour mêler le vrai et le faux, le raisonnement et le sentiment dans un mouvement d’art inextricable, je lui proposai d’en causer à loisir, et de me permettre de l’interroger en notant ses réponses. […] C’est peut-être un préjugé, Monsieur, je n’ose pas le décider, mais il n’en est pas moins vrai que, même parmi nous, les plus pauvres, les plus ignorantes des familles du peuple, soit à la ville, soit à la campagne, un instinct, absurde peut-être, mais invincible, nous inspire partout et toujours une répugnance naturelle pour certaines familles entachées de crimes fameux dans quelques-uns de leurs membres, et capables, nous le supposons du moins, de retrouver cette capacité du crime de génération en génération ; nous nous en éloignons tant que nous pouvons, nous disons que cette race est mal famée, nous ne leur donnons pas nos filles, nous ne permettons pas à nos garçons de chercher des femmes parmi eux. […] Si la maison ne payait pas, il faudrait en forcer les portes pour loger les dix millions de prolétaires qui n’en ont pas, pour abriter leur famille, car c’est l’impôt payé par le propriétaire de murailles, de portes et de fenêtres, qui sert à salarier le travail du prolétaire, et qui lui permet de payer son loyer sans faire violence à personne.

1515. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

J’ai tous mes vins dans mes caves et je n’en trouve plus un prix prochain qui me permette d’en faire le solde de mes créanciers d’ici à quelques mois. […] Il aimait lui-même beaucoup M. de Lamartine ; il avait revendu pour six ou sept cent mille francs du domaine, et il habitait ce qui en restait, ayant offert lui-même à M. de Lamartine de lui rendre la maison de son père et quelques vignes alentour, au prix coûtant, si la fortune, qui lui était si sévère, lui permettait de songer à y rentrer, et ce procédé d’homme de cœur annonçait le plus aimable et le plus sensible des acquéreurs. […] Le curé qui le leur avait permis insista comme elles ; nous ne pûmes pas leur refuser.

1516. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

L’origine aryenne, commune à tous nos récits légendaires, permet de retrouver les premiers linéaments de nos poèmes — depuis le Perceval jusqu’au lai de l’oiselet — dans les traditions indoues et orientales ; elle donne aux sources différentes une sorte d’unité supérieure, qui ne fait doute aujourd’hui pour personne. Enfin, il y aurait lieu, si l’espace nous le permettait, d’examiner l’hypothèse de faits historiques réels, hypothèse de plus en plus vraisemblable, d’après les recherches récentes, et suivant laquelle des templistes d’une espèce particulière, de véritables chevaliers du Gral, auraient existé en Europe. […] « Aujourd’hui, dit-il, l’acteur, par la mauvaise construction de nos théâtres, se voit dans l’impossibilité de se permettre une expression caractéristique par le simple jeu de sa physionomie, il lui faut de plus se faire un masque (c’est-à-dire se farder) pour résister à l’action pâlissante de la lumière de la rampe. » Il en résulte qu’il ne peut que représenter grossièrement et avec affectation les gestes extérieurs.

1517. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Cette forme d’association unit aux sensations présentes des images qu’elles évoquent et qui leur font cortège ; elle nous permet ainsi d’interpréter les sensations présentes. […] — Oui certes, répondrons-nous, je provoque des mouvements pour saisir cette égalité : je parcours des yeux les trois lignes, tout aussi bien que si je les parcourais avec mes mains, et en mouvant ainsi mes yeux, je m’aperçois de la superposition réelle des trois séries de sensations motrices répondant aux trois côtés parcourus ; ces trois séries se fondent et coïncident dans mon souvenir ; je m’aperçois qu’en passant de l’une à l’autre je ne sens pas de choc, de contraste, de contrariété. » Ce mécanisme de l’imagination est bien plus rapide et plus délicat que les instruments de vérification qui me permettraient de superposer les côtés : leur superposition est faite par mon imagination sans que j’aie besoin de mètre ; le sentiment d’égalité se produit comme résultat au bout de ce travail. […] Seule, la force de l’idée, son lien avec l’action et le mouvement permet de lui attribuer une valeur objective, de la considérer non comme un rêve, mais comme une véritable connaissance en acte.

1518. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

De tels travaux, qui contribuent à l’exaltation de la pensée catholique, permettent de joindre aux fidèles de la tradition cet ironiste terrible et courroucé, cet idéaliste enflammé qui, en même temps, demeure un tenant du réalisme incorrigiblement amer, un écrivain savoureux à la plume corrosive, pittoresque et comme perforante. […] Leurs œuvres les plus récentes nous permettent d’admirer d’abord le don particulier qui leur est commun de faire se mouvoir les vastes ensembles, et d’évoquer puissamment les épopées de l’histoire. […] Et c’est, évidemment, leur patriotisme, qui a permis à MM. 

1519. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Oreste, imité de Sophocle autant que nos mœurs peuvent le permettre, causa surtout des transports de ravissement aux amateurs des tragédies Grecques. […] Charles Borromée, sans que ce digne archevêque s’en formalisât : il la permit par une ordonnance de 1583. […] Ne permit-il pas aux comédiens de s’allier avec d’honnêtes familles ?

1520. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

C’est tout le phénomène avant-coureur qu’il nous est permis de constater à l’heure actuelle, dans toutes les classes de cette société décomposée. […] Ecrit allègrement, avec parfois une touche solide d’homme maître également de ses nerfs et de sa plume, ce livre pourrait permettre à un psychiatre, par comparaison à Kœnismark et à l’Atlantide, de dresser l’Horoscope mental de Pierre Benoît, car il n’est aucun doute que l’auteur soit hanté par les fatalités sexuelles, des amours cléopatriques, des complications de messes noires, et la plus bourgeoise des ambitions d’aventures. […] L’arrivée des Allemands lui permet de se racheter en se sacrifiant pour sauver le village.

1521. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Permettez qu’avant d’en venir là il tende son chapeau à l’auditoire et fasse sa toute petite recette. […] Proudhon, au contraire, d’un cœur trop tendre pour rester virginal comme Newton, fut aussi chaste que tendre avec les femmes, — et les femmes, c’est encore trop dire, car il n’en a peut-être aimé que deux : celle qu’il épousa, et la jeune fille qui se réfugia en Suisse (nous dit sa Correspondance) et que les tristes nécessités de sa première jeunesse ne lui permirent pas d’épouser. […] Ainsi, à Rome, avant le Christianisme, il n’était pas permis à la courtisane de porter des cheveux noirs, — les cheveux de la race, — portés seulement par les matrones romaines.

1522. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Par bonheur, Aristophane permet à sa fantaisie les plus hauts vols. […] La Salle nous donne dans le Petit Saintré tout un armorial, avec une foule de noms connus qui permettraient presque à un érudit de reconstituer le grand terrier du temps. […] Et cette qualité, il n’y a rien, absolument rien qu’il ne se puisse permettre. […] Il ne leur sera plus permis de s’abstraire et de se désintéresser de la vie courante. […] Mais ces légèretés ne sont plus permises aujourd’hui que la littérature est en possession du traité du docteur Lucas et de la thèse de M. 

1523. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Je souffrais néanmoins de cet état violent, contraire à ma nature, et je suppliais tous mes amis, les uns après les autres, de m’apporter quelque raison honorable qui, en justifiant nos adversaires ou, du moins en les excusant, me permît de ne pas les mépriser. […] La persistance du phénomène n’a pas permis d’en rester à sa première explication, qu’on avait cru trouver dans la simple plaisanterie d’un mystificateur ayant des complices plutôt que des dupes. […] L’absence, chez cette minorité, cette élite parisienne, d’une personnalité qui résiste, ne permet pas de voir en elle autre chose qu’une foule. […] Un peu de science vraie permet d’en étaler beaucoup de fausse. […] Il nous est permis à nous-mêmes de rêver la gloire d’une petite place dans les anthologies.

1524. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

On ne lui permettait que d’appliquer la loi au criminel. […] Votre plus haute pensée, permettez que je vous la commande, la voici : L’homme est quelque chose qui doit être surmonté. […] Me permet-elle de couper un chien vivant par petits morceaux ? Elle le permet à mon collègue de la Faculté des sciences, et elle l’y encourage, et j’estime qu’elle a parfaitement raison. […] Elle exige plus des grands et leur permet plus ; elle exige moins des petits et leur permet moins ; c’est vrai ; mais, à créer un abîme brusquement ouvert entre les uns et les autres, elle paralyse les bonnes forces qui pourraient exister à un certain degré chez les petits et ne permet la force utile que chez des grands dont elle n’est pas sûre et à qui elle accorde trop de licences.

1525. (1923) Au service de la déesse

… Cependant, il avait préservé de sa critique et si l’on se permet d’ainsi parler, de sa docte fureur, deux poèmes, dans toute la littérature grecque, l’Iliade et l’Odyssée. […] Nous ne savons quasi rien de Shakespeare : conséquemment, toutes les hypothèses sont permises. […] La frivolité, une sorte d’étourderie ou de naïveté, nous permet de vivre dans l’histoire et sauve d’un chagrin qui les tuerait la plupart des historiens. […] … « sérieuse école du roman moderne, de nous défendre de penser, d’analyser, de décrire tout ce qu’il est permis aux autres de mettre dans un volume qui porte sur sa couverture : Étude ou tout autre intitulé grave… » Injurieux ? […] Il leur manquait ce que Flaubert appelle impassibilité, une tranquillité de jugement qui vous permet de voir clair et de ne pas mêler à l’objet que vous regardez vos préférences, vos antipathies, enfin votre émoi.

1526. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Telle est celle de l’auteur qui a la pacience de recueillir les faits ; qui a la modestie de les rendre fidèlement ; qui, esclave de la vérité, comme le Compilateur le plus sévère, ne se permet pas de s’en écarter. […] L’étude qu’il fit sur l’aventurier Challes lui permit d’écrire ses opinions littéraires, opinions qui pour quelques amis lui ont valu beaucoup d’ennemis. […] Le Camus avait des yeux, dont l’un, d’une couleur un peu brouillée, lui permettait d’affecter l’aveuglement. […] Le système romantique, en tout pays, a consisté en procédés bien définis, et c’est ce qui a permis à tant de gens d’apprendre le métier, comme on apprend à être menuisier. […] Ils en ont cherché une autre qui se rattachât à leur système et ils ont dit : Balzac aimait ces œuvres, puisqu’alors qu’il avait d’autres titres à la notoriété, il a permis qu’on les exploitât et qu’il a consenti à recevoir le prix de cette exploitation.

1527. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Sous quelle forme, d’ailleurs, lui sera-t-il permis finalement de s’incorporer aux destinées de cette France qu’il entend d’abord pacifier et reconstruire ? […] C’est ce qui permet de dire que, si la science a par ailleurs nui à la littérature, elle lui a, tout compte fait, été plus utile que nuisible. […] D’où leur est venu le courage qui les a soutenus et leur a permis de mener leur œuvre jusqu’au bout ? […] S’il en devait tout au moins le germe au coin de terre où il était né, à la famille où il avait été élevé, ce n’est pas lui qui eût permis qu’on l’oubliât. […] Par suite, elle est intolérante : car elle croit, dans sa monstrueuse infatuation d’elle-même, que tout lui est dû, et, dans l’ivresse de sa puissance, que tout lui est permis.

1528. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Désormais la réflexion permettra à l’individu d’inventer, à la société de progresser. […] Mais à James, placé brusquement en face du danger, il apparaît avec je ne sais quel air bonhomme, qui permet de le traiter avec familiarité. « Tiens, tiens ! […] Je me permettrai en tout cas d’évoquer un ou deux des miens. […] De cette disposition l’homme pouvait profiter, pour prolonger son action au-delà de ce que permettaient les lois physiques. […] Simplement impliqué dans une opération presque instinctive, il permet à cette magie naturelle de proliférer indéfiniment.

1529. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Les foibles commencemens de la République Romaine ne permirent pas à cette langue d’atteindre d’abord à la perfection. […] Disons plus, ces deux langues ont été conservées de préférence à celles de tant d’autres peuples contemporains, parce que la Providence, en permettant qu’elles servissent de barrière contre l’ignorance, les avoit destinées en même temps à transmettre les oracles des divines Ecritures, & à devenir l’une & l’autre par ce moyen, la langue universelle de toutes les Nations éclairées par la lumière de l’Evangile(*). […]   Les Moines possédoient & conservoient tous ces chef-d’œuvres de l’esprit humain, & en jouissoient autant que leur état pouvoit le permettre, tandis que les Grands & toute la Nation croupissoient dans la plus honteuse ignorance. […] Mais aussi ce n’étoit qu’aux bons Poëtes qu’il étoit permis d’y prétendre. […] Depuis quand n’est-il plus permis à la Critique de s’exercer, & même de lancer ses traits contre la Théséide de l’enroué Codrus (*) ?

1530. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Il étoit pardonnable aux historiens romains d’illustrer les premiers tems de la République par des fables ; mais il n’est plus permis de les transcrire que pour les réfuter. […] C’est un double emploi qu’un homme jaloux de sa gloire & de sa réputation, ne devroit jamais se permettre. […] La liberté que s’est permise l’auteur de tout écrire, contribua au succès de cet ouvrage autant que son style saillant & énergique. […] DEpuis que l’Espagne est pour ainsi dire Françoise par le testament de Charles II. en faveur des Bourbons, il n’est pas permis d’ignorer l’histoire de ce pays. […] Il n’est jamais permis à un historien de prendre un ton dogmatique, & il doit être extrêmement retenu dans les réfléxions ; celles de Strada ont du brillant ; mais tout l’éclat par lequel il prétend éblouir ses lecteurs n’empêche pas les gens sensés de trouver que cet écrivain manque de jugement.

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