Qu’importe à un public qu’une aventure soit invraisemblable, s’il est assez occupé, assez ému pour n’en pas voir l’invraisemblance ?
L’exposition du poème, la description du site, la peinture de la vie des bohémiens n’occupent que dix-sept vers, et cependant que manque-t-il au tableau ?
Mme de Montespan, expiant sa faveur et ses fautes par les macérations, les ceintures à pointes de fer, et, ce qui est moins mêlé d’imagination, par la douceur et la bienfaisance ; travaillant, de ses mains restées si belles, à des ouvrages grossiers pour les pauvres ; si humble après tant de hauteur ; « mourant, dit Saint-Simon, sans regret et uniquement occupée à rendre son sacrifice plus agréable à Dieu » ; une vaincue si résignée n’est pour Voltaire qu’« une vieille maîtresse disgraciée qui s’amuse à doter des jeunes filles » ; et si elle ne va pas, comme la Vallière, aux Carmélites, « c’est, dit-il, qu’elle n’est plus dans l’âge où l’imagination y envoie. » Cette impossibilité de voir le bien où il faudrait en faire honneur au christianisme, ôte toute autorité aux chapitres sur les affaires ecclésiastiques et les querelles religieuses au dix-septième siècle.
Je ne m’occupe pas des moyens ; je dis ce qui doit être et par conséquent ce qui sera.
Ce glorieux a trahi par là ce qui, en définitive, l’occupait et l’amusait le plus, ce qui faisait son régal le plus cher37.
Je m’occupe sérieusement à des chiffons ; je fais un reversi le soir ; j’écoute des médisances, je les oublie bien vite ; je dors et je recommence.
Il tâche d’élever les âmes, de les animer au bien par la grandeur des circonstances : « La France n’est point dans ce moment chargée de ses seuls intérêts ; la cause de l’Europe entière est déposée dans ses mains… On peut dire que la race humaine est maintenant occupée à faire sur nos têtes une grande expérience. » À côté de l’honneur insigne de la réussite, il déroule les suites incalculables d’un revers.
Ces désordres de tempérament n’empêchaient pas Saint-Just de s’occuper ardemment des choses publiques, et de travailler à s’instruire et à se produire.
Cette fin, d’une importance majeure, et qui dépasse infiniment les intérêts individuels légitime d’ailleurs la place exorbitante que cette passion de l’amour occupe dans la vie réelle, dans le roman, au théâtre et d’une façon générale, dans tous les arts.
Il me semble donc que M. de Tocqueville s’est privé d’une grande force en laissant de côté la question de droit, pour ne s’occuper que du fait.
Il faut pour cela que nous voyions des ouvriers occupés à le réparer, ou, mieux encore, à l’élever d’un étage.
Un de ces Follets était chez des Indiens, dans un ménage, chez un bon couple d’Indiens, et s’occupait, comme je viens de vous l’indiquer, de la maison et du jardin.
A quoi vous êtes-vous occupés pendant dix années ?
Germanisant de haute valeur, il avait beaucoup élargi son champ d’études, jusqu’à devenir un des meilleurs linguistes de l’école de Meillet, et, au moment de la déclaration de guerre, il se trouvait au Pamir, occupé à déchiffrer des textes sogdiens, pareils à ceux que M.
Et puis parfaits dans les autres (car, n’est-ce pas, nous croyons à la communion des saints), ce qui veut dire prier pour eux, pour qu’ils sachent plier leurs consciences et leurs volontés à la volonté royale de Dieu. » Voilà ses pensées premières, voilà d’où part cet enfant plein du génie religieux de sa maison familiale, et, jour par jour, durant sa courte année d’apprentissage à la vie, il s’occupe passionnément à recevoir la leçon des faits.
Prenons un exemple déjà produit : Supposez une chambre avec un enfant qui joue, une nourrice qui le surveille, tandis que la mère est occupée à quelque ouvrage.
Et comme cette distraction occupe à peu près tout le loisir que laissent le travail, la promenade et le cabaret, il s’ensuit que c’est l’éducation populaire elle-même, l’instruction des adultes, qui est faite par le roman-feuilleton.
« Après beaucoup de maux fortement supportés, ils occupèrent le sol sacré du fleuve, et furent l’œil de la Sicile.
Malgré cette simple douceur d’expression, à laquelle il se plaît, et ces personnages plus humains, dont il nous occupe, l’accent lyrique lui revient souvent ; mais il semble que, tempéré par la flûte, cet accent serve pour lui, non pas à l’effet redoublé du drame, mais à la diversion, au repos de l’âme du spectateur.
. — Au point de vue purement littéraire, qui surtout nous occupe ici, nous pouvons répondre. […] Il devait savoir se dédoubler, s’occuper d’une affaire en la conduisant au but, mais en même temps en l’étudiant pour elle-même, et les hommes qui y étaient mêlés comme objets très intéressants pour le curieux de choses humaines. […] Il paraît avoir été sage pendant quelques années et s’être occupé de ses vers, dont il publia un recueil en 1532 sous le titre d’Adolescence Clémentine. […] Libre de ses actions, Calvin réalisa sa part d’héritage, vendit les bénéfices ecclésiastiques, dont son père, de très bonne heure, l’avait fait pourvoir, s’assura une modique fortune qui le mettait à l’abri des besoins pressants, et vint à Paris, très décidé à ne plus s’occuper que de religion. […] Nous ne nous occuperons guère que de la seconde partie. — La langue française, selon Ronsard et du Bellay, est assez souple, assez agréable et assez forte ; elle n’est pas assez riche.
Il est trop occupé de soi pour donner prise à la passion. […] Tant que la lutte humaine nous occupe, ces voix sont muettes, ou plutôt leur mystique murmure se perd dans le tumulte du dehors. […] Ce serait tout, et nous pourrions ne pas nous occuper plus longtemps de cette effroyable débauche d’imagination. […] Sainte-Beuve nous montre, à peu près dans le même temps, trois talents occupés du même sujet et visant chacun à la gloire difficile d’un poème sur la nature des choses. […] La seconde crise d’âme est plus grave ; elle occupe tout le reste du roman.
Voilà comme il importe aux littérateurs de rehausser l’excellence d’Homère, voilà le salutaire objet de ses chants : définir ses inventions et son art sans en révéler le but profond, c’eût été négliger le tissu pour ne s’occuper que de ses superbes broderies. […] nous répondrons, à l’égard du genre dont nous nous occupons, que les bons poètes épiques n’ont pas composé leurs ouvrages si admirés, sans les assujettir à des modes ou lois fixes ; modes familiers à leurs habiles concurrents, modes que leurs plus estimables imitateurs leur ont empruntés, et qui sont devenus les types du meilleur. […] « Désormais les douleurs de sa veuve éplorée « Vont des jours et des nuits occuper la durée. […] Cette troisième règle va nous occuper : nous en retrouvons le précepte dans la poétique du rhéteur de Stagire ; car il faut toujours remonter à cet habile homme de qui partent nos explications. […] Les traits principaux de l’ode que je viens de lire, et dont je n’ai passé que deux strophes moins liées à la matière qui nous occupe, caractérisent succinctement le système clair, éminent, ordonné, des machines merveilleuses inventées par les Grecs.
Chaucer est transporté en songe dans un temple de verre185 où sur les murs sont figurées en or toutes les légendes d’Ovide et de Virgile, défilé infini de personnages et d’habits, semblable à celui qui sur les vitraux des églises occupe alors les yeux des fidèles. […] Il cherche « si la colombe dans laquelle apparut le Saint-Esprit était un animal véritable ; si un corps glorifié peut occuper un seul et même lieu en même temps qu’un autre corps glorifié ; si dans l’état d’innocence tous les enfants auraient été mâles. » J’en passe sur les digestions du Christ, et d’autres bien plus intraduisibles222 !
Dans la chambre froide 12 qui se trouvait à droite de celle où nous étions entrés, deux autres paysannes étaient occupées à disposer le local en toute hâte ; elles en tiraient une foule de vieilleries, des cruches vides, des touloupes 13 dont la peau était durcie à force d’usage, des pots à beurre, un berceau rempli de chiffons de toute couleur, et contenant un enfant à la mamelle : elles balayaient avec les paquets de branches dont on se sert au bain14 les ordures qui couvraient le plancher… Arcadi Pavlitch les chassa et alla s’établir sur le banc près des images 15. […] Et l’empereur s’occupait d’émanciper également le paysan polonais quand l’insurrection est venue changer la question et transformer la réforme en insurrection.
Des armées occupaient, disait-on, tous les passages d’Imirette, pays entre la Mingrélie et la Géorgie, par où il fallait de nécessité passer ; que c’était être fou que de s’y présenter, et qu’il était assuré qu’on y serait fait esclave. […] Un calme perpétuel et une douceur engageante régnaient dans ses yeux et sur son visage ; et, bien loin d’y apercevoir aucune de ces marques d’un esprit occupé, qui couvrent celui de la plupart des grands ministres, on y voyait briller toutes celles d’un esprit débarrassé, tranquille et qui se possède parfaitement, de manière qu’à le regarder sans le connaître, on ne se serait douté ni de son rang ni de ses occupations.
Vous les verrez occupés à faire des comparaisons, assidus à des jeux de rhétorique, rachetant leur pédantisme par un sourire de suffisance, essayant de compenser par quelque cabriole leur pesante argumentation. […] On ne se rend pas compte de la place vraiment extraordinaire qu’il occupe dans les annales non seulement de notre littérature, mais de la littérature universelle.
Il ne dessine plus, il ne s’occupe plus de rien, amusé seulement par quelque brochure, quelque livre ingénu de 1830, qu’il tire des fouilles de son grenier, et, au sujet duquel, il invente toutes sortes de choses amusantes. […] Elle m’amusait les yeux, m’occupait comme une souriante toile de fond… la nouvelle voisine !
Il raconte, qu’ayant été appelé pour examiner les yeux d’un Américain très riche, qui occupait tout le premier d’un hôtel, et demandant une lampe, l’Américain lui avait dit que bien certainement, il n’en trouverait pas, et qu’il n’était pas bien sûr s’il pourrait se procurer des bougies. […] Vendredi 29 novembre C’est positif, en fouillant mes souvenirs, je ne trouve chez moi, pendant toute ma jeunesse, aucun désir de devenir une personnalité de premier plan, je n’avais que l’ambition d’une vie indépendante, où je m’occuperais paresseusement d’art et de littérature, mais en amateur, et non, ainsi que cela a été, en forçat de la gloire.
Songez donc un peu, l’homme du Deux-Décembre occupait le trône ainsi que la chaste Eugénie ! […] Et vive est sa déception, car il est question d’un proscrit de décembre rapatrié qui s’occupe de politique à nouveau et qui est arrêté derechef.
C’est en écoutant les légendes des autres que nous commençons à limiter notre âme ; nous soupçonnons qu’elle n’occupe pas la place que nous croyions dans l’univers. » — « Pour m’éprouver, je me touchai avec ingéniosité de mille traits d’analyse jusque dans les fibres les plus délicates de ma pensée. […] Il en est un moins éthéré, plus voisin de nous, qui ne traite pas la vie avec ce sans-gêne, qui choisit, élimine, néglige volontiers de nous renseigner sur les fonctions du gros intestin, s’occupe médiocrement du corps, mais retient toute l’âme. […] Case, quoique jeune encore, il occupe une place très honorable dans le roman contemporain. […] J’hésite ; je ne serais pas éloigné de croire que c’est plutôt l’extérieur, la surface, l’enveloppe, ce qu’il voulait montrer de lui pour occuper les yeux.
On dirait les tapisseries d’artisans maladifs, occupés à tisser leurs rêves d’un univers impossible, à la clarté de lampes multicolores, dans des cellules dont les fenêtres sont murées… L’illusion où se confinent les bons écrivains du symbolisme a quelque chose de touchant : la société actuelle leur apparaît tellement odieuse et répugnante qu’ils ne veulent pas la connaître, fût-ce pour la détruire. […] Nous ne nous occuperons pas des catholiques. — Des gens qui croient à la révélation, qui, comme leurs dogmes les y obligent, admettent le miracle ou, autrement dit, l’intervention possible d’une Providence se mêlant des affaires de ce monde, retouchant son œuvre et violant ainsi les principes qu’elle aurait elle-même posés ; des moralistes qui préconisent l’ascétisme, le goût de la souffrance et de la mort et qui les offrent pour idéal à la pensée humaine ; des philosophes qui déclarent qu’un homme peut être infaillible ; les tenants d’une religion d’après laquelle le seul fait de venir au monde constitue un péché dont nous avons à nous racheter ; les héritiers des tortionnaires qui, au nom d’un Dieu de douceur, ont massacré, brûlé, poursuivi sans merci leurs contradicteurs, ces gens-là, quelle que soit leur bonne foi, n’ont rien à voir avec la condition présente et l’avenir de la race. […] Bien plus, il s’éprend de Marie, jeune fille recueillie par Guillaume, et qui, toute gaie, toute sanguine, s’occupe du ménage, va au marché, achète de bonnes côtelettes, des légumes tendres et du beurre frais pour que ses parents adoptifs se restaurent après leur travail de la journée terminé. […] Mais, en 1814, nos chers maîtres les Russes ayant occupé Fontainebleau, après la banqueroute du Corse adoré par MM.
Toutes les critiques de Pascal dépassent l’espèce dont il s’occupait, et pourront avoir à s’appliquer en tous temps et en tous lieux. […] La contribution de Jean-Jacques au travail rénovateur du dix-huitième siècle occupe, après tout, la première place dans son œuvre, même dans ses écrits religieux, et le Vicaire Savoyard a fait en fin de compte plus d’incrédules que de croyants. […] Curieux de philosophie comme de toute chose, mais pas plus, Goethe se méfiait de ces penseurs occupés à « remâcher leur moi » et « des nuits cimmériennes de la spéculation » : il préférait l’art, la poésie, la création effective. […] (Il ne s’occupe que des grands personnages et ne daigne point flétrir nommément la canaille pangermaniste). […] Hauvette a tort de se déclarer stupéfait que Voltaire ait « osé » s’occuper de Dante.