Bossuet, qu’ils avoient une façon de penser toute philosophique, & que s’ils étoient nés à Londres, ils auroient donné l’essor à leur génie, & déployé leurs principes, que personne n’a bien connus, s’il n’avoit voulu grossir la Liste philosophique de deux noms, qui en seront toujours le fléau ?
M. de Morand entreprit de s’en venger sur le Théatre, & le caractere de cette Dame, sous le nom de Madame Orgon, fut remarqué par le Spectateur.
Ces noms sont ceux des personnages de la Piece.
Il n’est pas pardonnable d’ignorer ce qu’a fait dans ce siécle pour la réformation de la justice l’immortel Fréderic : le Code qui porte son nom ;, est un livre à lire & à méditer.
Non-seulement elle montroit tout ce que la notre montre, mais elle enseignoit beaucoup de choses que la notre n’enseigne point, soit parce que l’on n’étudie plus aujourd’hui une partie de ces choses là, soit parce que l’art qui enseigne les autres n’est point reputé faire une partie de la musique, de maniere que l’on ne donne plus le nom de musicien à celui qui le professe.
A ce moment-là j’avais avec moi, comme caporal-laptot, un Timiné137, du nom d’Ali Bangoura, qui avait déjà fait avec moi le poste de Matakon.
Roch (c’était le nom de mon mentor) n’était pas en état de diriger leurs leçons ni de me mettre en état d’en profiter. […] Elle en a un « pour les femmes de condition, un pour les femmes de qualité, un pour les femmes de la cour, un pour les femmes titrées, un pour les femmes d’un nom historique, un autre pour les femmes d’une grande naissance personnelle, mais unies à un mari au-dessous d’elles, un autre pour les femmes qui ont changé par leur mariage leur nom commun en un nom distingué, un autre encore pour les femmes d’un bon nom dans la robe, un autre enfin pour celles dont le principal relief est une maison de dépense et de bons soupers ».
Rousseau, et, au besoin ; à ses fautes, du mal qui s’est autorisé de son nom. […] Il a eu aussi sa part dans le bien qui en est sorti ; mais tandis que dans le bien il a été devancé ou égalé, le mal ne peut s’autoriser d’aucun nom plus que du sien. […] Ainsi il proclame l’homme libre, et il retranche de l’éducation la seule chose par laquelle l’homme reconnaît qu’il est autrement libre que les animaux, cette obéissance qu’un moraliste bien autrement sûr que lui, saint Paul, appelle du nom si beau d’obéissance raisonnable. […] Rousseau est un grand nom et un grand écrivain ; mais s’il y a des rangs parmi ceux qui sont hors de tout rang, il doit venir le dernier de nos grands noms et de nos grands écrivains.
De quel nom appeler un tel rôle ? […] État déplorable que celui où, pour obtenir les suffrages d’une multitude omnipotente, il ne s’agit pas d’être vrai, savant, habile, vertueux, mais d’avoir un nom ou d’être un audacieux charlatan ! […] Dans les sociétés primitives, le collège des prêtres gouvernait au nom des dieux ; dans les sociétés de l’avenir, les savants gouverneront au nom de la recherche rationnelle du meilleur. […] Un gouvernement d’hommes sans nom est fatalement condamné à être soupçonné, calomnié. « Comment cet homme qui est mon égal a-t-il fait pour parvenir ? […] C’est un des bienfaits de l’Empire d’avoir donné au peuple des souvenirs héroïques et un nom facile à comprendre et à idolâtrer.
Ou bien, dans une situation moins marquée, la mention d’un mot, ou d’un nom, fait naître des émotions vives ou flottantes dans le cœur d’un personnage (souvenirs, espoirs, craintes) ; et de nouveau c’est la musique qui nous révèle ces émotions passagères. […] C’est comme un écho de ces mots, « l’épée », et instantanément nous sentons comme la « grande pensée » de Wotan lui traverser l’esprit, celle qui le remplissait de joie et d’ambition démesurée lorsque pour la première fois il salua son Burg du nom de Walhail (Voir Rheingold, partition, page 207). […] Il n’y a qu’un fantôme monstrueux et grotesque qui s’agite sous ce nom, en faisant beaucoup de bruit, et en causant à l’art un tort considérable. Il n’y aurait qu’un moyen de remédier à cet état de choses : ce serait de s’efforcer à faire le silence autour de ce nom vénéré. […] C’est alors qu’il crie le nom du roi puis invoque sa blessure.
L’Impératrice semblait blessée que nous fassions revivre le nom de l’Empereur sur un papier gouvernemental : Palikao, depuis un mois au moins, n’osant plus faire mention de sa personne. » 15 février Depuis quelque temps, dans le non travail et l’ennui, la fabrication de mille choses inférieures prenant ma pensée et mes jambes, me font vivre, à la fois, en une espèce d’ahurissement et d’hallucination courante et emportée. […] Il allait refuser, quand le monsieur, en le priant de passer à son hôtel, le lendemain, lui remet sa carte, portant le nom de duc de Devonshire. […] Il nous dessine la silhouette bizarre de son éditeur de Moscou, un débitant de littérature qui sait à peine lire, et qui, en fait d’écriture, est tout au plus capable de signer son nom. […] C’est ce qu’il faut dans ce moment, avec du talent, et presque un nom, pour gagner sa vie : « Il le faut, répète-t-il, et ne croyez pas que j’aie de la volonté, je suis de ma nature l’être le plus faible et le moins capable d’entraînement. […] Autrefois ça m’aurait été égal, je me serais dit : je m’arrangerai pour être dans un autre compartiment, puis à la rigueur si je n’avais pu éviter mon monsieur désagréable, je me serais soulagé en l’engueulant, maintenant ce n’est plus cela, rien que l’appréhension de la chose, ça me donne un battement de cœur… Tenez, entrons dans un café, je vais écrire à mon domestique, que je reviens demain. » Et là, devant la paille d’un Soyer : « Non, je ne suis plus susceptible de supporter un embêtement quelconque… Les notaires de Rouen me regardent comme un toqué… vous concevez, pour les affaires de partage, je leur disais : Qu’ils prennent tout ce qu’ils veulent ; mais qu’on ne me parle de rien, j’aime mieux être volé qu’être agacé, et c’est comme cela pour tout, pour les éditeurs… L’action, maintenant, j’ai pour l’action une paresse qui n’a pas de nom, il n’y a absolument que l’action du travail qui me reste. » La lettre écrite et cachetée, il s’écrie : « Je suis heureux comme un homme qui a fait une couillonnade !
Mais on peut assembler en une mesure harmonieuse de douze, dix, huit syllabes, des mots ne présentant à l’esprit rien de poétique ; il est des vers admirables musicalement et techniquement, faits de noms propres d’inconnus ; enfin des mots dont l’ensemble manque de nombre, peuvent donner la grande impression du lyrisme ; il faut donc qu’il y ait quelque caractère intrinsèque des mots ou plus généralement de l’expression et des idées exprimées, qui constitue le poétique, et ce caractère doit nécessairement être fort général et fort simple, pour permettre de classer ensemble des écrits aussi différents qu’un poème de Shelley, certaines descriptions de Zola, Salammbô et les Méditations, un tableau de l’Iliade, une analyse psychologique de Baudelaire, une aventure galante contée par Byron, les petites pièces lyriques de Heine, des pensées de Pascal, certaines hautes conceptions de la science, quelques-unes des plus belles toiles et presque toute la grande musique. […] L’on est embarrassé, par contre, de trouver chez les peuples tristes, des littérateurs de quelque nom, dont le génie n’ait rien d’amer ou de mélancolique. […] Le nom d’Edgar Poe est peu répandu parmi les lecteurs étrangers au monde des lettres ; parmi les artistes, au contraire, sa gloire est universellement reconnue. […] Elles ont recueilli le suffrage du principal organe des classes aisées en France, de la Revue des deux Mondes ; elles sont souvent citées dans les journaux des boulevards ; le nom de Heine apparaît parfois dans des conversations de gens étrangers aux lettres. […] Or, M. de Maupassant est extrêmement lu ; ses livres se vendent généralement à environ 10 000 exemplaires et plus ; son nom est courant et célèbre.
Elle peut sans crainte de compromettre des intérêts politiques et de blesser inutilement un vieillard devenu inoffensif étudier la vie de cet homme, au nom retentissant. […] La foule houleuse et de belle humeur témoignait bruyamment sa satisfaction du temps et du spectacle ; elle s’enquérait du nom des célébrités et des délégations de villes et de pays qui défilaient pour son plaisir ; elle admirait les monumentales couronnes de fleurs portées sur des chars ; elle applaudissait les fifres des sociétés de tir, déchirant les oreilles de leurs airs discordants ; elle saluait de rires ironiques Déroulède et son sérieux en redingote verte ; et pour mettre le comble à sa joie, il ne manquait que le blason des Benni-bouffe-toujours du cortège, — le lapin sauté et leur arme, — la colossale seringue de carton. […] Les anarchistes faisaient exception et pour se distinguer une fois de plus des socialistes révolutionnaires, ils essayèrent de mêler leur drapeau noir aux drapeaux multicolores du cortège ; Élisée Reclus, leur homme remarquable, pria son ami Nadar d’inscrire son nom sur le registre mortuaire. […] Abel, son fils aîné, les enrichit d’un précis historique, débutant par cet acte de foi : « Attaché par conviction à la monarchie constitutionnelle, profondément pénétré du dogme de la légitimité, dévoué par sentiment à l’auguste famille qui nous a rendu, etc. » Victor Hugo ne pouvait se lasser d’admirer les exemples de conduite loyale que léguait à ses enfants l’ex-Brutus : il lui dit : Va, tes fils sont contents de ton noble héritage, Le plus beau patrimoine est un nom vénéré ! […] Jules Ferry lui souhaitant sa fête, deux ans avant sa mort, ne l’aurait pas salué du nom de Maître.
Le discrédit que les romantiques ont jeté sur ce nom n’atteint pas ceux qui l’ont si glorieusement porté. […] Aujourd’hui encore, sous les noms les plus divers, qu’elle s’appelle Religion, Esthétique ou Morale, elle est l’âme de nos civilisations. […] C’est à ce dernier que nous nous attacherons surtout ; et ce que nous imiterons de préférence, c’est cette activité bienfaisante et conservatrice qui crée la vie et qui maintient ce que Lucrèce appelait d’un beau nom : fœdera rerum , — le pacte des choses ! […] Les vérités au nom desquelles elle juge ne répondent plus aux réalités sur lesquelles s’appuie l’écrivain. […] Et ce sont ces phénomènes passagers qu’ils ont décoré du nom de « documents ».
Fénelon n’a d’ailleurs attaché son nom à aucune de ces erreurs fécondes où la poursuite acharnée de l’incompréhensible a fait tomber quelques esprits sublimes. […] Mésalliances interdites aux nobles des deux sexes ; défense aux acquéreurs des terres nobles d’en prendre les noms ; aucun ordre pour les militaires sans naissance proportionnée. […] Enfin, pour qu’il n’y eût pas une seule des causes de la ruine des langues qui ne pût s’autoriser de ce grand nom, il recommandait, à titre de nouveauté gracieuse, de joindre les termes qu’on n’a pas coutume de mettre ensemble. […] C’est du bonheur, c’est le fruit d’une veine heureuse ; voilà pourquoi l’auteur l’impose aux autres en son nom, comme une vue propre, plutôt qu’il ne leur en fait le partage aimable, comme du bien de tous. […] Quelques pièces d’André Chénier, douces et savoureuses comme le miel de l’Hymette, et qui reflètent le beau ciel sous lequel était née sa mère, ont rendu son nom immortel.
Un employé ouvre le guichet, me demande son nom, son âge… couvre d’écritures, pendant un quart d’heure, une dizaine de feuilles de papier qui ont en tête une image religieuse. […] — de la pièce à côté, un homme s’est élancé, joyeux, exultant, pour voir sur l’almanach, accroché au mur, le nom du saint du jour, et le donner à son enfant. […] Ici c’est Chantilly, là Champlâtreux, plus loin Luzarches, un nom de site champêtre à la mode dans les romans de la fin du dernier siècle, tout comme Salency, et pour venir ici, on passe par l’Ile-Adam, devant la terrasse peinte dans le joli tableau d’Olivier, qui est à Versailles. C’est plein de noms de la vieille France, les Condé, les Conti, Molé, Samuel Bernard et jusqu’à Sophie Arnould qui y eut son prieuré. […] … Ils ne connaissent pas un nom nouveau depuis dix ans… Et puis l’Académie a une peur atroce, c’est la peur de la bohème.
C’est pour le désigner qu’on aurait dû réserver exclusivement le nom de « naturalisme ». […] C’est cette indépendance absolue qui mérite au sens strict le nom de Naturalisme. […] Diderot ne cite pas ces noms, il les crie : « Philoctète se roulait autrefois à l’entrée de sa caverne. […] Il est regrettable que dans la littérature il porte le nom de « Naturalisme » : car un tableau de Courbet et un roman de M. […] Il a décrit le cadavre, il a décrit le « je ne sais quoi » et, plus hardi que Bossuet, il lui a trouvé des noms.
Il ne nous est pas difficile de remettre les noms. […] Flaubert, sous le nom de Léonce, y est peint sans indulgence. […] Je ne sais pas pourquoi le nom de Carême revient encore sous ma plume. […] Valmont est un méchant, mais peut-on donner ce nom à Rodolphe ? […] Ô littérature, que de crimes on voudrait voir commettre en ton nom !
Barthelemi, que l’on flétrit sous ce prétexte, dont le nom peut-être ne sera transmis à la postérité qu’avec les qualifications affreuses & plus iniques encore dont on l’a accablé !
On pourroit prononcer son nom, sans rappeler aux hommes sages & religieux celui d’un homme qui a attaqué le plus ouvertement le Christianisme, & fourni le plus d’ armes aux extravagans adversaires qui l’ont attaqué après lui.
Ceux qui se sont fait un nom dans la Traduction, ne l’ont dû qu’à leur attention à se pénétrer de l’esprit de leur original, à en saisir les beautés, & à les faire passer dans une Langue étrangere, sans s’attacher à l’exactitude des mots.
Ce n’est pas à son génie, ni à son esprit qui étoit médiocre, qu’il doit sa réputation : quelques Ouvrages utiles sur la Langue Françoise, ses querelles avec des Gens de Lettres de toutes les classes, ont donné à son nom la célébrité dont il jouit encore.
On est encore plus étonné qu'il n'ait pas craint d'y mettre son nom, & d'assurer dans sa Préface, qu'il a fait des additions à cet Ouvrage, qui lui ont été communiquées, dit-il, par Messieurs de S.
Si ce groupe enfoui sous la terre pendant quelques milliers d’années, venait d’en être tiré, avec le nom de Phidias en grec, brisé, mutilé, dans les pieds, dans les bras, je le regarderais en admiration et en silence.
………………………………………… S’il s’agit du principe éternel, simple, immense, Qui pense puisqu’il est, qui de tout est le lieu, Et que, faute d’un nom plus grand, j’appelle Dieu, Alors tout change, alors nos esprits se retournent, ………………………………………… Et c’est moi le croyant, prêtre, et c’est toi l’athée178. […] « Quel est ton nom ? […] Hugo a été un des premiers à attirer l’attention sur les vices de notre régime pénitentiaire actuel et à montrer que les prisons, telles qu’elles sont actuellement organisées, constituent de vraies écoles de crime. « Quel nom les malfaiteurs donnent-ils à la prison ? […] Sous ce rapport on peut le rapprocher, d’une manière bien inattendue, du vieux philosophe d’Ephèse, Heraclite, dont les sentences voulant montrer dans la mort l’œuvre même de toute vie, s’appuie sur l’analogie des mots, en grec, désignent la vie et l’arc (βίος et βίός) il s’écrie : l’arc a pour nom vie et pour œuvre mort. » Malgré ces jeux de mots et d’idées, niera-t-on la profondeur d’Heraclite, l’un des penseurs qui ont été le plus avant au cœur des choses ? […] Lui qui se plaît, en prose et en vers, à faire des nomenclatures de noms illustres, il ne cite jamais (ou il cite très indifféremment et au hasard de la rime, sans y insister) les noms des philosophes, des historiens, des hommes de pensée.
. — L’antécédent prend alors le nom de cause. […] En effet, l’enfant de quinze mois, qui répète et applique déjà quelques noms généraux, n’a qu’à en associer deux pour faire une proposition générale, et c’est le cas lorsqu’un objet qui évoque en lui un nom éveille encore en lui un autre nom. […] Chez l’enfant, grâce aux noms appris et compris, la même perception évoque en outre le mot eau ; la même image évoque en outre le mot froid, et les deux mots eau, froid, associés entre eux par contagion, font un second couple surajouté. […] Voyant une forme bondissante à laquelle est associé chez lui le nom de chat, il a dit d’abord que le chat griffe ; il dira plus tard qu’il miaule, puis qu’il monte sur les toits, puis qu’il attrape les souris, etc. — Il en est de même pour tous les autres noms de classe ; chacun d’eux finit par évoquer un nombre considérable de jugements généraux, et chacun d’eux peut en évoquer un nombre indéfini. […] Nous appelons ces collections des grandeurs ; et, si nous leur donnons ce nom, c’est que, tout en gardant leur nature, elles peuvent devenir plus grandes ou moins grandes ; nous voulons dire par là que, en fait ou par la pensée, on peut au troupeau ajouter un ou plusieurs moutons, ajouter au groupe une ou plusieurs unités, ôter au troupeau un ou plusieurs moutons, ôter au groupe une ou plusieurs unités.
Comment se fait-il qu’ayant gardé son nom il eût changé de nature, et quelle série de rénovations avait fait d’un peuple germanique un peuple latin ? […] Qu’est-ce donc que cette race française qui, par les armes et les lettres, fait, dans le monde une entrée si éclatante, et va dominer si visiblement qu’en Orient, par exemple, on donnera son nom de Francs à tous les peuples de l’Occident ? […] Ils n’appellent pas les choses par leur nom, surtout en matière d’amour ; ils vous les laissent deviner : ils vous jugent aussi éveillé et avisé qu’eux-mêmes94. […] Au contraire, pour ce qui est des actions usuelles et des objets sensibles, c’est le peuple, c’est le Saxon qui les dénomme ; ces noms vivants sont trop enfoncés et enracinés dans son expérience pour qu’il s’en déprenne, et toute la substance de la langue vient ainsi de lui. […] Richard fait décapiter trente des plus nobles, ordonne à son cuisinier de faire bouillir les têtes, et d’en servir une à chaque ambassadeur, avec un écriteau portant le nom et la famille du mort.
Elle n’est pas arrivée encore à l’âge fait, où les noms d’hommes servent à signifier les nations. […] Vous connaissez sans doute déjà ce nom ? […] Quel singulier nom. […] » La chienne comprit qu’elle devait répondre à ce nom de Moumou. […] C’est un joli nom.
J’avais coutume, quand on me pressait là-dessus, de raconter en souriant une anecdote historique que je ne craignais pas d’appliquer en cet endroit, malgré l’énorme disproportion des noms.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
L’auteur a signé de mon nom la préface de ce livre.
Pierre Louÿs ces poèmes à la fois luxurieux et tendres ; et si, les donnant comme traduits du grec, il les attribua dédaigneusement à Bilitis tant aimée et qui, pourtant, n’exista jamais, ce ne fut guère que par amusement de lettré, ou peut-être parce que ce nom aux syllabes chantantes l’emplissait de douceur.