Cela explique le mot de cet infortuné jeune homme sur l’échafaud ; il disait, en se frappant le front : Mourir !
Aujourd’hui un tout autre sentiment dirige les recherches dans le même sens, c’est l’intérêt de plus en plus vif qui s’attache à tout ce qui a pu servir son génie, c’est le désir de montrer comment l’imagination ne crée point de rien, comme quelques-uns se le figurent, mais transforme et vivifie ce qu’elle touche, et d’une chose morte fait une chose impérissable.
Selon d’autres, il mourut d’une sorte d’hydropisie, accompagnée de circonstances repoussantes que l’on prit pour un châtiment du ciel 1229.
Période dans laquelle moururent Louis XIII, Luynes, le cardinal de Richelieu et Marie de Médicis.
En dix années il parvient au faite du pouvoir, et meurt.
Au contraire le poète, qui meurt d’amour ou de jalousie, revient à la vie dès que sa passion, reflétée dans le miroir de sa conscience, s’est objectivée en ses strophes.
Dans l’absolu, c’est vrai ; mais les langues ne sont pas dans l’absolu, puisqu’elles vivent, se meuvent, s’accroissent, meurent.
Il mourut à Turin, l’an 1544.
L’enfant qu’elle met au monde, idiot d’une grande beauté, aura, sous l’arcade pure de son front stupide, le même regard que l’assassiné quand il mourut, et le père adorera, ô Providence !
Rien n’est plus habile que de mourir.
Chez un ancien peuple, il y avait une loi qui ordonnait de graver sur un monument public, toutes les grandes actions que faisait le prince ; on élevait une colonne dans le temple, on la montrait au prince le premier jour de son règne, et on lui disait : « Voici le marbre où l’on doit graver le bien que tu feras ; voilà le burin dont on doit se servir ; que la postérité vienne lire ici ton bonheur et le nôtre. » D’abord on n’y grava rien que de vrai ; un prince eut le malheur de ne faire aucun bien à ses peuples, il mourut sans qu’un seul caractère fût tracé.
Plutôt que de ne la pas faire, il s’est trouvé parfois des hommes qui ont préféré mourir. […] ceux qui vont mourir boivent à votre santé ! […] Mais lorsque tout semble le séparer de celle qu’il aime, un journal lui apprend tout à coup que sa femme est morte, qu’il est libre, qu’il peut épouser Lise. […] Ajoutons qu’il n’est jamais sage, si fort qu’on soit, de se faire des ennemis éternels, or la jeunesse ne meurt pas. Les générations se succèdent sans interrègne sur ce trône charmant : la jeunesse est morte, c’est-à-dire elle est vieille, c’est-à-dire elle est nous ; vive la jeunesse !
La forme de la comédie ancienne est morte, et bien morte ; mais son essence est indestructible comme la poésie même, et elle peut revivre dans les formes nouvelles qu’a faites une autre civilisation. […] Ils se conscient de l’ennui des drames de Destouches en constatant à leur honneur que ce sont des comédies de caractère, et ils rabaissent leur siècle, si fécond en merveilles dans l’ordre du vaudeville, leur siècle qui a produit Le Désespoir de Jocrisse 51, en s’écriant que la grande comédie est morte. […] — Est ce que les médecins font mourir ? […] Harpagon laisse mourir de faim ses chevaux.
7 » elle lui adresse ces touchants adieux : Adieu, j’ai trop de peine à mourir à vos yeux ; Et, ne vous voyant plus, je vous vengerai mieux. […] N’est-ce pas lui qui dit des chrétiens : Je les aimai toujours, quoi qu’on m’en ait pu dire ; Je n’en vois point mourir que mon cœur n’en soupire ; Et peut-être qu’un jour je les connaîtrai mieux20…. […] Si elle parlait de mourir, Pyrrhus pourrait ne pas la croire, et elle aurait compromis sa gloire sans le persuader. […] Monime, une fois sa vertu satisfaite, redevient femme et amante ; elle pense à Xipharès, dont elle a trahi le secret : Et quand il n’en perdrait que l’amour de son père, Il en mourra, seigneur32… Mot sublime, dans cet ordre de pensées délicates et de vérités de cœur, où Racine est sans égal comme sans modèle. […] Le grand prêtre range les lévites en bataille ; il exhorte Joas à mourir en roi.
… Hier, pendant que Hérédia me racontait sa dernière entrevue avec Taine — son fiacre attendant à la porte, pour le mener chez lui — Taine mourait. […] Comme je m’attendrissais sur la vie affreuse faite à ce perroquet, on m’affirmait qu’un moment, on les avait séparés, qu’à la suite de cette séparation le perroquet avait manqué de mourir de chagrin, et qu’il avait fallu absolument le remettre avec son bourreau. Vers huit heures arrive Sarah de sa répétition, et qui dit mourir de faim. […] — parfaitement, lui dis-je, et le possesseur des pendules, mourrait au moment, où toutes les pendules sonnent ensemble minuit, et encore n’aurait-il pas la jouissance de les entendre jusqu’au bout, il mourrait au onzième coup. » Grand dîner chez Daudet en l’honneur des fiançailles du jeune couple Hugo et Mlle Ménard-Dorian, auquel le maître de la maison dit gracieusement, que le reste des convives n’est, ce soir, que de la figuration.
Figure de missel, qui entre en scène un missel à la main, et qui meurt dans l’église des remords de son péché… Pauvre sainte qui n’a pas abouti, coupée, souillée et ensanglantée dans sa fleur… En elle-même, Marguerite est pourtant peu de chose. […] en gardant la conscience de l’ennui qui le noie et dont il meurt, sans en mourir. […] Qu’on cite de lui un mot, — un de ces mots qui retentissent le long des siècles une fois qu’un homme les a prononcés, comme le Qu’il mourût, du vieux Corneille, le Ventrem feri de Tacite, le « Il n’a pas d’enfants » de Shakespeare ! […] C’est un marbre poncif, une tradition déjà morte d’école… On dit : « le grand Gœthe », et c’est tout.
Ces jours réparateurs, de pleine et glorieuse allégeance, ces jours de grande lutte victorieuse, Béranger les a vus avant de mourir, et nul doute que, si sa muse avait eu vingt ans de moins, elle n’eût trouvé des accents pour les célébrer.
Vinet n’a pas eu le même bonheur que Topffer ; il a vu son cher pays en proie aux violents, la culture de quinze années détruite en un jour, ses meilleurs amis dispersés ; il a bu tout le calice d’amertume dont était capable sa nature tendre, et il est à croire que, tout en sentant qu’il en souffrait et qu’il en mourait, sa belle âme en tirait un nouveau sujet de rendre grâces et de bénir.
Ce fut en de telles mains que tomba en dernier espoir la cause de l’humanité ; et quels qu’aient été ces hommes, qu’on n’oublie pas en les jugeant qu’ils moururent pour elle.
Appelé en Espagne, où sa réputation l’avait devancé, secrétaire du cardinal Tavère, et bientôt attaché à Charles-Quint lui-même, il fit l’expédition de Tunis à côté de ce prince ; et au retour, il mourut, âgé de vingt-quatre ans, victime du climat, de l’étude, et peut-être aussi des plaisirs.
Une fois que le livre est publié, une fois que le sexe de l’œuvre, virile ou non, a été reconnu et proclamé, une fois que l’enfant a poussé son premier cri, il est né, le voilà, il est ainsi fait, père ni mère n’y peuvent plus rien, il appartient à l’air et au soleil, laissez-le vivre ou mourir comme il est.
Elle meurt enfin au son des harpes célestes, et s’évanouit dans les visions d’un jour éternel.
Tout est beau dans le St Benoit qui près de mourir vient recevoir le viatique à l’autel, et l’acolyte qui est derrière le célébrant ; et le célébrant avec son dos voûté, et sa tête rase et penchée ; et le jeune enfant vêtu de blanc qui est à genoux et à côté du célébrant, et le second acolyte qui placé debout derrière le saint le soutient un peu, et les assistants.
Gustave Kahn Qui fut directeur de La Vogue, revue morte l’an dernier et dont la collection mérite, d’être relue, me semble avoir dépassé le but visé dans ses récents Palais nomades et avoir, en dégageant son style de toutes les coupes poétiques habituelles, façonné sous le nom de vers rythmiques une prose cadencée qui ne justifie pas la disposition typographique du volume ; — mais la pensée reste d’un poète.
Et d’un autre côté, précisément parce qu’il est journaliste, il ne se meurt d’amour ni d’estime pour le journalisme tel qu’il est constitué, si on peut dire ce mot-là du journalisme, cette Fonction toute moderne, qui aurait pu être si grande et qui sera si petite devant la Postérité !
Si l’Italie est morte, que veulent dire ces armées qui veillent sur elle nuit et jour ? […] Si l’Italie est morte, pourquoi bâillonner sa pensée ? […] Sans ce manuscrit, Florence ne mourrait pas ; on le verra tout l’heure. […] Florence, après avoir langui quelques semaines, meurt comme une sainte. […] je vous aime, voulez-vous encore mourir ?
Sortez un beau jour de printemps de l’enceinte fangeuse et enfumée des villes, égarez vos pas dans la campagne, au bord du fleuve, au bord des ruisseaux, au bord de la mer calme, au bord des bois retentissants ; un chant sort du calice de chaque fleur sous vos pas, du dôme de chaque arbre dans la forêt, du creux de chaque sillon dans les blés en herbe ; l’insecte ivre dans sa coupe de parfum, la caille dans le chaume, le merle dans le buisson, le rossignol sur la branche morte, la cigale elle-même dans la poudre ardente du champ labouré, tout chante devant le soleil. […] Écoutez comme les pêcheurs ou comme les matelots de la mer, couchés, à l’ombre de la voile, sur le pont de leur barque, prolongent sans y penser, d’une voix lointaine, des accents cadencés de vague en vague qui viennent mourir jusqu’au rivage ! […] La première parole du toucheur de bœufs fut le nom de la Jumelle. « Ce n’est pas la chute » dit-il, « qui m’a fait mourir, c’est l’idée que tout mon contentement n’était qu’un songe. » Pour bien le convaincre que le consentement du père et celui de la fiancée étaient sérieux, la Jumelle et son père le ramenèrent, en le soutenant du bras, coucher dans leur grange.
On dit qu’elle avait servi, dans les anciens temps, à murer, dans ce dernier étage de la tour, un prisonnier d’État qu’on avait voulu laisser mourir à petit bruit, dans ce sépulcre au milieu des airs, et que les gonds et les verrous de la porte avaient retenu le bruit de ses hurlements. […] me disais-je, si c’était lui, pourtant, et si le hasard, ou le saint nom du hasard, le bon Dieu, nous avait rapprochés ainsi, dès le second jour, l’un de l’autre, pour nous secourir ou pour mourir du moins ensemble du même déchirement et de la même mort ! […] — Non, lui dis-je, mon père est aveugle et ma mère est morte (et je ne mentais pas en le disant, comme vous voyez), je n’appartiens à aucune bande de musiciens des Abruzzes ou des Maremmes, et je cherche seulement à gagner tout seul, par les chemins, d’une façon ou d’autre, le pain de mon père et de ma tante, qui ne peut pas quitter la maison où elle soigne son frère.
Il avait dix-huit mois quand sa mère mourut : comme si le sort voulait que la femme ne tint aucune place dans sa vie, pas même par la pure tendresse maternelle. […] Une petite cousine de son âge, qui mourut jeune, lui inspira peut-être plus d’amitié. […] Il mourut enfin le 13 mars 1711, assisté de son confesseur l’abbé Lenoir, chez qui il demeurait, et pourtant peut-être plus en philosophe qu’en chrétien.
Ou plutôt c’est toute la marche progressive de l’esprit humain qu’il nous faudrait condamner comme une chimère monstrueuse et funeste, si nous ne voulions pas voir dans cet homme perdu au sommet des précipices de la route, et que saisit le vertige, un de nous, un de nos frères, qui, lorsque la caravane humaine s’arrêtait interceptée dans sa voie, s’est élancé plus hardi jusqu’à la région des nuages, et qui meurt pour nous, en nous faisant signe qu’il n’y a point de route, parce qu’il n’en a pas trouvé. […] Tout au plus pourrait-on dire qu’un tel caractère, peint dans toute sa vérité, est immoral à cause de ce qui lui manque, c’est-à-dire parce que Werther ne sait pas transformer en amour plus grand et plus divin cet amour qui le fait mourir. […] Cependant, pour ne pas mourir avec son héros, Goethe se fait une résolution : il sera artiste avant tout.
Il est peu de ceux qui meurent qu’il ne tienne pour les premiers coupables de leur mort. […] Tous les deux sont violents : de Maistre, à la façon des violents de l’Évangile, dont il est dit qu’ils emportent le royaume de Dieu ; Lamennais, à la façon de ces esprits sans mesure qui, après avoir accablé tout le monde de leurs affirmations, n’en trouvent pas une, au moment suprême, qui leur dise où ils vont et qui les aide à mourir. […] Si j’ai une secrète préférence pour le dernier de ces trois poètes, et le plus jeune, que nous avons vu mourir, Alfred de Musset, tout ce livre en dit les motifs.
Il voulait protester contre des événements et une existence si misérables, et il réclamait le secours de la Grâce pour bien mourir. […] Cependant Jules mourut, et Edmond put, sans crainte désormais d’être contredit ni censuré, écrire à sa manière. […] Le nietzschisme mourra-t-il ?