Ne dis qu’à Dieu ce qu’il faut dire, Crois-moi ; Et couvrant ta mort d’un sourire, Tais-toi ! […] Quand la belle et brillante Delphine, Mme Émile de Girardin, fut enlevée avant l’heure, Mme Desbordes-Valmore, qui l’avait vue commencer et qui s’attendait si peu à la voir finir, eut un hymne de deuil digne de son noble objet, et dans lequel cependant elle prête un peu, je le crois, de sa mélancolie à l’éblouissante muse disparue ; mais le mouvement est heureux, le ton général est juste et d’une belle largeur : La mort vient de frapper les plus beaux yeux du monde : Nous ne les verrons plus qu’en saluant les cieux. […] Des deux filles qu’elle perdit, l’une, l’aînée, personne d’un rare mérite, d’une sensibilité exquise jointe à une raison parfaite, était poète aussi ; dans des vers d’elle sur le jour des morts, je me souviens de celui-ci qui s’adressait aux êtres chers qui nous ont été ravis : Vous qui ne pleurez plus, vous souvient-il de nous ? […] La mort de cette personne bienfaisante, annoncée a l’un de ceux qu’elle avait ainsi consolé, amena l’éloge suivant que je ne puis résister à transcrire, et qui, sorti d’une veine austère, a tout son prix.
Après la mort de Louis XIV, les mêmes abus n’étant plus défendus par le même pouvoir, la réflexion s’est tournée vers les questions qui intéressaient la religion et la politique ; et la révolution des esprits a commencé. […] Défendre la patrie qui nous a proscrits, sauver la femme qu’on aime alors qu’on la croit coupable, l’accabler de générosité, et ne se venger d’elle qu’en se dévouant à la mort, quelle nature sublime, et cependant en harmonie avec toutes les âmes tendres ! […] qui n’éprouve pas, en effet, qu’il vaut mieux descendre dans la tombe avec des affections qui font regretter la vie, que si l’isolement du cœur nous avait d’avance frappés de mort ? […] » Le tribun des soldats romains, les conduisant à une mort certaine pour forcer un poste important, leur dit : « Il est nécessaire d’aller là, mais il n’est pas nécessaire d’en revenir.
Il y a plus, Mathilde elle-même, que Renée a appelée avec une analogie heureuse la Jeanne d’Arc de l’Italie, et dont la mission dura plus longtemps que celle de cette pauvre Jeanne d’Arc de France, Mathilde, l’héroïque guerrière qui fut pendant si longtemps l’ange armé du pontife romain, Mathilde n’existe que par Grégoire après sa mort, comme elle n’a existé durant sa vie que pour Grégoire. […] Le vrai sujet de ce livre est Grégoire, et, même quand la mort l’a couché dans sa tombe, c’est toujours lui qui remplit l’histoire de la grande Italienne, c’est toujours lui dont l’esprit ne revient pas, car il n’a pas bougé, et qui est resté sur Mathilde. […] Le Moyen Age a vécu des conceptions de ce grand esprit qui garda toute son autorité après sa mort. […] L’Eglise romaine a mis Grégoire au rang des saints ; partout l’idée de sa sainteté prévalut dans le peuple après sa mort.
Oscar de Vallée s’est trouvé tout naturellement en ardente communion de sentiments et d’idées avec André Chénier, mort si tragiquement aux premières floraisons d’une révolution qui n’a produit, en somme, que des fleurs empoisonnées, et qui a même taché — il faut bien le dire ! […] Demandez-vous ce qu’est Charlotte Corday elle-même, la femme la plus héroïque d’un siècle incrédule, en comparaison de la moindre martyre chrétienne qui va à l’échafaud et à la mort, une croix à la main ! […] Si André Chénier, ce jeune poète mort sur l’échafaud, au lieu de regarder du côté des hommes avant de mourir, en leur montrant du doigt la tête dans laquelle il y avait quelque chose qu’ils allaient couper, avait regardé du côté du ciel, il y aurait autour de cette tête de martyr une autre auréole. […] Oscar de Vallée, qui a voulu concentrer sur ses pages, qui ont assurément leur éloquence, l’attention du lecteur comme la sienne, n’a pu éviter le fascinant regard qu’ont les poètes, même après leur mort, et qui empêche de voir en eux autre chose qu’eux !
Je ne sache pas de livre meilleur que le sien pour jeter la goutte d’eau glacée sur les fronts échauffés par le bonnet rouge, — pour rasseoir et paralyser l’enthousiasme imbécilement ou épileptiquement révolutionnaire… Peu de temps avant sa mort, est-ce que Victor Hugo — un égaré aussi par l’histoire de la Révolution française — n’écrivait pas cette phrase, chargée, croyait-il, d’une prophétie : « Le dix Août est à la Révolution ce qu’aujourd’hui est à demain… » ? […] C’est le Péché qui engendre la Mort, dans l’Enfer de Milton, et la laideur de la Mort rachète les fausses beautés du Péché. […] Si sa popularité, disent les hommes de son temps, fut monstrueuse, elle l’est encore après sa mort, et il faudrait s’en étonner, si les hommes n’étaient pas toujours les mêmes : lâches devant la force brutale qu’ils prennent pour la force réelle, mais qui ne l’est pas !
Depuis la mort de Jouffroy et la publication de l’Essai resté essai de philosophie par Lamennais, on n’a plus vu que quelques livres de morale sans autorité et quelques maigres monographies. […] Il est plus que mort, il est enseveli et d’antiques jupons doublent son cercueil. […] Nos puissances tombent en poussière à mesure que nous avançons dans la vie, et la vie elle-même n’est qu’un germe supérieur que nous décomposons jusqu’à la mort, Quant aux procédés de M. Doublet pour appréhender l’idée, comme il dit, par exemple, l’idée de la ligne et de l’étendue, ils consistent dans des généralisations et des abstractions si multipliées, si difficiles et si incertaines, qu’avec un pareil système de recherche, Mathusalem lui-même serait mort sur la moitié du ba, be, bi, bo, bu, et nous ne croyons pas qu’il l’eût apprise.
Or l’ouvrage, pour remplir son titre, doit aller jusqu’à la Révolution française, pour le moins, car après la mort des moines dans l’Occident, il y a (heureusement !) […] Il s’est couché sur les Prophètes morts, comme Samuel sur la femme qu’il rappela à la vie, et ces grands morts ressuscitèrent dans son génie. […] Dans des notes combinées sans doute pour resserrer des liens déjà chers, M. de Montalembert n’a pas manqué de nous présenter tout le personnel du Correspondant, vivants et morts, et sa scrupuleuse exactitude à nommer tout le monde et à n’oublier personne du cénacle dont il est l’oracle est telle, qu’on finit par ne plus savoir si Les Moines d’Occident, cette suite de petites histoires, transcrites et traduites d’histoires plus longues et mieux racontées, sont, tels que les voilà, une besogne faite par un seul homme ou par sa petite société.
Elle et Lui, Lui et Elle, ne sont point, en effet, à ce qu’il paraît, deux études de nature humaine désintéressées et sévères, mais — dit le scandale — deux actes personnels d’un caractère acharné, deux horribles accusations dont l’une a pour visée de déshonorer un homme mort, l’autre de déshonorer une femme vivante. […] IV Voilà le roman d’Elle et Lui, dans lequel on a voulu voir tant de choses piquantes, tant d’allusions, de confidences… au public, de dépositions contre un mort, tout un infini de sentiments ou de ressentiments qui n’y sont peut-être pas. […] Si le roman de madame George Sand est une étude, purement et simplement, de nature et de passion humaine, comme les romanciers ont l’habitude de nous en donner, la pudeur, toutes les pudeurs, la compassion, toutes les compassions, la compassion pour Lui, et même pour Elle, le respect du passé, de la mort, de l’irrévocable, la peur enfin de son immortalité d’écrivain, si elle a la faiblesse d’y croire, tout devait l’arrêter, la troubler, lui faire jeter sa plume terrifiée. […] … Tout le monde voudra vendre après la mort la peau de quelqu’un, en l’étiquetant de manière à la reconnaître, et sans dire brutalement : « C’est la peau de Monsieur tel ou de Madame telle, avec qui j’ai été si bien. » Nous marchons déjà sur cette pente.
Elle et Lui, Lui et Elle ne sont point, en effet, à ce qu’il paraît, deux études de nature humaine, désintéressées et sévères, mais, — dit le Scandale — deux actes personnels d’un caractère acharné, deux horribles accusations dont l’une a pour visée de déshonorer un homme mort, l’autre de déshonorer une femme vivante. […] IV Voilà le roman d’Elle et Lui, dans lequel on a voulu voir tant de choses piquantes, tant d’allusions, de confidences… au public, de dépositions contre un mort, tout un infini de sentiments ou de ressentiments qui n’y sont peut-être pas ! […] Si le nouveau roman de Mme George Sand est une étude, purement et simplement de nature et de passion humaine, comme les romanciers ont l’habitude de nous en donner, la pudeur, toutes les pudeurs, la compassion, toutes les compassions, la compassion pour Lui, et même pour Elle, le respect du passé, de la mort, de l’irrévocable, la peur enfin de son immortalité d’écrivain, si elle a la faiblesse d’y croire, tout devait l’arrêter, la troubler, lui faire jeter sa plume terrifiée. […] … Tout le monde voudra vendre après la mort la peau de quelqu’un, en l’étiquetant de manière à la reconnaître et sans dire brutalement : « C’est la peau de Monsieur tel ou de Madame telle, avec qui j’ai été si bien. » Nous marchons déjà sur cette pente.
Le verdict fut affirmatif et l’homme condamné à mort. […] D’ailleurs, le printemps, cette résurrection, m’a toujours fait penser aux morts — et Dieu sait si j’en compte, des morts dans mon cœur — parmi lesquels Charles Cros ! […] Je ne dresse non plus aucune objection là contre à propos de l’allure parnassienne de la majorité des vers des Baisers Morts ! […] Il subit, à l’hôpital de la Conception, à Marseille, une opération qui parut réussir, puis la fièvre et l’inflammation survenant, la mort s’ensuivit, une mort chrétienne et douce, « la mort d’un saint », dit un biographe qui fut témoin oculaire. […] On l’appelait (il est mort maintenant) le chanoine Coltman.
Il était permis aux esclaves de racheter leurs maîtres en mourant pour eux, aux enfants de satisfaire au tyran en s’offrant à la mort à la place de leur père. […] … Maintenant c’est l’heure de ma mort qui approche, je mourrai ; je ne puis sauver une vie lâche et criminelle en laissant mourir un des miens à ma place ! […] Tous les hommes marchent vers la mort ; c’est l’ordre inévitable de la nature. […] Songes-y : quelle horrible situation pour nous si, après ta mort, il nous faut mendier le pain de l’étranger et dévorer l’aumône avec des chiens affamés ! […] ne doivent être employées que pour protéger le faible, et non pour donner la mort à l’innocent.
Vous ne voudriez pas donner la mort à un innocent ? […] Je suis mort. […] l’ami, tu peux te vanter d’avoir vu de près la triste demeure de la mort. […] ce souvenir est comme une flèche empoisonnée qui me donne la mort. […] » s’écrie-t-il. « L’épouse qui m’a donné chaque jour des preuves de tendresse et de fidélité jusqu’à la mort, je la sacrifie, comme le maître qui livre à la mort l’oiseau domestique !
… la mort : Plus le mort est jeune, et plus cela me fait d’honneur. […] C’est comme une trahison du mort. […] On ne saura jamais si Jeanne fut coupable de cette mort ; mais M. […] Endormie, des cris de mort me réveillent en sursaut. […] les morts !
Du buste d’un poète mort. […] Un mort était dessus. […] Le prophète de la psychologie écossaise, Théodore Jouffroy, est mort. […] Leurs ancêtres du temps de la Ligue seraient morts en se défendant. […] Il porte en épigraphe cette phrase tirée des papiers du mort : « Qu’ai-je été ?
— Ses dernières années et sa mort à l’hôpital de Lyon. […] La Mort de Jules César, de J. […] Toutain, Agamemnon, 1556 ; — de Jacques Grévin, La Mort de César, 1560 ; — de Gabriel Bounyn, La Sultane, 1561 ; — de F. […] Il existe cependant une édition moderne de la Mort de César, Marburg, 1886. […] I, passim] ; — d’où 3º mépris souverain de la mort [Cf.
Comme j’en faisais la lecture, j’ai dit que j’avais Sophronyme (Les Aventures d’Aristonoüs) et les Dialogues (des morts), que je trouvais d’un style plus supportable que Télémaque. […] Au reste, le même abbé Le Dieu les rétractera pour sa part ces messéantes paroles, autant qu’il sera en lui ; car Bossuet mort, et peu de mois après, ayant eu l’occasion de faire un voyage à Cambrai, il fut séduit, il fut charmé comme tous ceux qui approchaient de l’aimable et de l’édifiant archevêque ; et ce même homme qui avait couché dans son journal ce que, par égard pour Bossuet même, on en voudrait effacer, écrivait à Mme de La Maisonfort, en racontant tout ce qu’il avait ouï et vu de la vénération unanime partout acquise à Fénelon : Mais je m’en tiens à ce que j’ai vu dans Cambrai, où tout est à ses pieds : on est frappé de la magnificence de sa table, de ses appartements et de ses meubles ; mais, au milieu de tout cela, ce qui touche bien davantage, c’est la modestie et, à la lettre, la mortification de ce saint prélat. […] Cette maladie, toujours cruelle, semblait alors bien plus effrayante qu’aujourd’hui, à cause du seul genre d’opération qu’on pratiquait et qui était à peu près synonyme de mort. […] » Il s’endormait et se réveillait dans la méditation de ce psaume, qu’il appelait proprement le psaume de la mort, le psaume du délaissement. — « Monsieur, je vous ai toujours cru honnête homme, disait un jour à Bossuet un incrédule au lit de mort ; me voici près d’expirer, parlez-moi franchement, j’ai confiance en vous : que croyez-vous de la religion ?
Il retourna vite braver la mort là où elle était plus tentante pour les nobles cœurs, sous le drapeau. […] Qu’il y ait eu un peu de faiblesse physique, de la mauvaise santé dans cette disposition à se méfier de soi-même, je le crois ; mais il y a autre chose encore ; on est obligé d’y voir un trait essentiel de son caractère qui reparaîtra en toute occasion décisive de sa vie, et que Saint-Cyr nous a révélée s’accusant et redoublant avec une persistance étrange dans la nuit de perplexité qui précéda la glorieuse mort du jeune général. […] Sans doute un homme, un guerrier mort à trente ans n’a pas donné sa mesure : il ne l’a pas donnée pour tous ses talents et ses mérites, pour tout ce qui s’acquiert par l’expérience ; mais comme génie, comme jet naturel, il s’est montré dans sa force d’essor, dans sa portée et sa visée première, s’il est à l’œuvre depuis déjà cinq ou six années. […] Je l’ai vu en passant à Sospello, une amie le soignait ; et comme tout le monde longtemps m’avait cru mort, il avait, dans ses douleurs souvent parlé de moi et souvent envié mon sort. […] La France frémirait si on comptait tous ceux qui sont morts d’inanition, de maladies.
J’ai sous les yeux de jolies vignettes sorties du facile et spirituel crayon de Tony Johannot ; c’est le côté comique et gai, uniquement, qui est rendu, mais la dignité du héros, ce sentiment de respect sympathique qu’il inspire jusque dans sa folie, cette imagination hautaine qui n’était que hors de propos, qui eût trouvé sans doute son emploi héroïque en d’autres âges, et, comme on l’a très-bien nommée, « cette grandesse de son esprit et cette chevalerie de son cœur », qu’il sut conserver à travers ses plus malencontreuses aventures et qu’il rapporta intactes jusque sur son lit de mort, cela manque tout à fait dans cette suite agréable où l’on n’a l’idée que d’une triste et piteuse figure, et c’est au contraire ce que M. […] Cervantes, quoique malade de la fièvre, insista pour combattre et fut placé au poste le plus périlleux avec douze soldats d’élite ; il y déploya un grand courage dont il porta les marques jusqu’à la mort ; car, sans compter deux coups d’arquebuse dans la poitrine, il en reçut un autre qui l’estropia et le priva de l’usage de la main gauche pour le reste de sa vie. […] Si mes blessures ne brillent pas glorieusement aux yeux de ceux qui les regardent, elles sont appréciées du moins dans l’estime de ceux qui savent où elles furent reçues, car il sied mieux au soldat d’être mort dans la bataille que libre dans la fuite. […] Son père était mort, sa famille des plus pauvres, et appauvrie encore par l’effort qu’elle avait dû faire pour sa délivrance. […] Cervantes, qui était une espèce d’agent d’affaires et qui faisait des écritures pour ceux qui lui en demandaient, éprouve là de nouveau un de ces désagréments qui lui étaient assez familiers : une nuit, dans une querelle engagée près de sa maison, un chevalier, un personnage de la Cour fut frappé et blessé à mort par un inconnu : on arrêta provisoirement tous les témoins et toutes les personnes suspectes jusqu’à plus ample information, et Cervantes fut de ce nombre.
Vuillart (c’est le nom de cet humble ami), nous avons quelques détails de plus, parfaitement authentiques, sur les derniers mois de la vie de Racine, sur les circonstances de sa mort et sur ce qui suivit. […] Parmi les choses controversées, il a discuté la tradition si courante de la disgrâce de Racine, qui l’aurait frappé à mort. […] Il n’en fallut pourtant pas davantage, sans doute, avec la sensibilité qu’avait Racine, pour lui donner cette maladie de foie qui, un peu plus d’une année après, causa sa mort. […] Vuillart fut arrêté un matin (2 octobre 1703) comme coupable de correspondre avec le Père Quesnel et comme agent d’intrigues ; qu’il fut mis à la Bastille, où il ne demeura pas moins de douze ans et d’où il ne sortit qu’en 1715, après la mort de Louis XIV, pour mourir lui-même presque aussitôt, à l’âge de soixante-seize ans passés, on ressent une indignation profonde de ces iniquités qui flétrirent la fin d’un grand règne, et l’on conçoit une horreur nouvelle pour les hypocrites ou les fanatiques qui les conseillèrent. […] Racine a été malade à mourir ; il revient des portes de la mort.
Les peines de la nature peuvent laisser encore quelques ressources : il faut que la société jette ses poisons dans la blessure, pour que la raison soit tout à fait altérée, et que la mort devienne un besoin. […] L’étonnement que causerait l’idée de la mort à qui l’apprendrait pour la première fois, est peint avec une touchante énergie dans un chant de la Messiade. Un habitant d’une planète où la vie n’a point de terme, interroge un ange qui lui donne des nouvelles de notre terre, sur ce que c’est que la mort. « Quoi ! […] Se peut-il que, sur cette terre, on veuille du don de la vie, lorsqu’elle ne sert qu’à former des liens que doit briser la mort, qu’à aimer ce qu’il faut perdre, qu’à recueillir dans son cœur une image dont l’objet peut disparaître du monde où l’on reste encore après lui ! […] La liberté donne des forces pour sa défense, le concours des intérêts fait découvrir toutes les ressources nécessaires, l’impulsion des siècles renverse tout ce qui veut lutter pour le passé contre l’avenir : mais l’action inhumaine sème la discorde, perpétue les combats, sépare en bandes ennemies la nation entière ; et ces fils du serpent de Cadmus, auxquels un dieu vengeur n’avait donné la vie qu’en les condamnant à se combattre jusqu’à la mort, ces fils du serpent, c’est le peuple, au milieu duquel l’injustice a longtemps régné.
Il le délivre de Dieu, qui est « mort » ; il le délivre de la causalité et de la finalité. […] Le but, ne serait-ce pas la résurrection de ce Dieu qui est mort et son enrichissement par le don de toutes les créatures ? Puis, à son tour, ce Dieu généreux, fait de toutes nos générosités, se dépenserait en créations, se dépenserait jusqu’à la mort. Sa naissance et sa mort seraient les deux extrémités du grand axe ou, si l’on préfère, les deux foyers de l’ellipse. […] [Maurice Maeterlinck] Constater que les dieux personnels sont morts ; détruire les temples extérieurs qui jettent sur nous une ombre malsaine ; ne laisser aux puissances divines, justice, chance, destinée, d’autre refuge que le cœur de l’homme, ou mieux la partie inconsciente et comme souterraine de notre être, « le temple enseveli » : tel est bien, malgré quelques incertitudes et quelques retours en arrière, l’effort de Maurice Maeterlinck.
Mauclair transfigure l’idée de cristallisation en la transportant dans l’ordre du temps. " le spasme est une incursion momentanée dans la mort, un essai de mort permis à l’être vivant par la nature. […] Le but essentiel de ceux qui s’aiment est de créer et de connaître ensemble, par la conjonction physique et charnelle, l’élan vers la mort, vers la dépersonnalisation intense : et comme leurs forces physiques leur défendent la constance de cet élan vers lequel ils tendent sans cesse, leurs existences ne sont que des conversations reliant quelques instants de vertige suprême. " le caractère tragique de Don Juan implique une grande puissance de cristallisation instantanée jointe à une impuissance à cristalliser dans le temps. […] Les deux parties précédentes étaient un discours sur l’amour ; ici, c’est l’amour même que l’artiste dans ces trois chapitres sur le sommeil dans l’amour, la solitude de l’amour, l’amour et la mort, s’efforce, sans abondonner son beau flux oratoire, de réaliser en images et en phrases comme un autre art le formulerait en marbre ou en couleurs, comme Watteau l’a incarné dans cet Embarquement pour Cythère dont M. […] Ils s’en allaient au-delà de la volupté elle-même vers cette conjonction et cette dissolution qui sont à l’image de la mort.
. — Fort comme la mort (1889). — L’Inutile Beauté (1890). — Notre cœur (1890). — La Vie errante (1890). — Musotte (1891). […] À peine la mort a-t-elle abattu le vieil arbre (Gustave Flaubert), que repousse un surgeon vigoureux.
Chapelain, [Jean] de l’Académie Françoise, né à Paris en 1595, mort dans la même ville en 1674 ; Poëte justement estimé, tant qu’il se borna au genre qui lui convenoit. […] Ce n’est pas que les vers de la Pucelle ne contiennent quelquefois des pensées justes, ne renferment des sentimens raisonnables ; mais tout y est mort, tout y annonce le pénible travail qui les a enfantés ; ils ont l’air d’avoir été arrachés par violence à la nature.
Lo, en Normandie, en 1653, mort à Paris en 1733. […] GRAND, [Marc-Antoine le] Comédien, mort à Paris en 1728, âgé de 56 ans.
Il est mort, il s’est éteint en février dernier, demandant jusqu’à la fin des nouvelles de l’édition de Pascal, et ne pouvant dire tout à fait comme le vieillard Siméon qu’il mourait content ; c’eût été trop de joie pour lui. […] On leur propose de s’occuper des papiers de Pascal mort depuis quelques années, et d’en tirer quelque chose d’utile, d’édifiant, de digne d’être offert à l’Église d’alors et aux fidèles, un volume enfin qui puisse être montré aux amis et aux ennemis. […] Il était mort depuis peu d’années, laissant un nom immense dû aux Provinciales et à ses problèmes. […] Il s’est fait chrétien en enrageant, il est mort à la peine. […] Mais reçois mon dernier salut, car il ne m’est pas permis de voir les morts ni de souiller mon regard par des exhalaisons mortelles, et déjà je te vois approcher du moment fatal. » Et elle disparaît.
2° Il faut apprendre à mourir, ou plutôt à supporter la pensée de mourir ; car la mort elle-même n’est rien. Montaigne s’est exercé soigneusement à regarder la mort, appelant Socrate et Sénèque, et Lucrèce à la rescousse. […] Il a fini par se dire que la méditation de la mort était une duperie, que la méditation de la vie était meilleure, et qu’au lieu de regarder toujours la mort, il valait mieux regarder la vie, comme incertaine en général, mais enfin comme présentement certaine. 3° L’ennemi de la vie, ce n’est pas la mort, c’est la douleur, et c’est elle qu’il faut fuir de toutes les forces que nous prête la nature. […] Et ne vaudrait-il pas mieux laisser les sauvages à leur idolâtrie, que de leur porter nos vices, nos maladies, les tortures et la mort, avec la vraie foi ?
Rien que la mort n’était capable d’expier ce forfait. […] Mauriceau déclare qu’il sera son témoin, dans ce duel à mort : l’aberration de l’invraisemblance ne saurait aller plus loin. […] Ils partent donc, et, l’instant d’après, le duc de Septmonts tombe raide mort, comme un « petit lapin », visé, sous bois, par un braconnier. […] Et, quand le mari est engagé dans une double rencontre, quelle joyeuse attente de sa mort ! […] Elles concluaient toutes par un cri de mort : « Tue-la !
Il ne cherchait qu’une porte pour sortir : la mort du duc d’Enghien lui en offrait une, belle et magnifique, une sortie éclatante, comme il les aimait ; il n’y résista pas, et, le lendemain de cette démission, il se trouva, on peut l’affirmer, bien autrement royaliste qu’il ne l’avait jamais été jusque-là. Était-ce le royaliste, en effet, qui avait donné sa démission lors de la mort du duc d’Enghien ? […] Ainsi, depuis sa démission, après le meurtre du duc d’Enghien, jusqu’à sa mort (1804-1848), il passa environ quarante-deux ans sur quarante-quatre dans l’opposition et la bouderie. […] Quatre ans auparavant, dans ce singulier livre, vraiment fabuleux et tout bouffi de sentimentalité royaliste, Sur la vie et la mort de M. le duc de Berry, il avait dit, en concluant par une éloquente menace : Tirons au moins de notre malheur une leçon utile, et qu’elle soit comme la morale de cet écrit. […] Qu’on ouvre maintenant Le Congrès de Vérone, publié du vivant de l’auteur, et les Mémoires publiés le lendemain de sa mort, et qu’on juge de la différence des esprits.
Un de ces drames représentait l’apothéose de la poésie elle-même, c’est-à-dire la vie d’Orphée, sa mort, ses restes dispersés par les Bacchantes, recueillis et ensevelis par les Muses. […] Veuf de lui-même, selon la parole du poëte, cherchant la fin de ses maux dans un désir passionné de la mort, mais repoussé de la mort par l’inexorable puissance de Jupiter, il est tout à coup délivré par le fils même de ce dieu, et il peut s’écrier : Ô fils pour moi très cher d’un père abhorré ! […] Et, pour que rien ne manque il la terreur de cette scène, c’est Clytemnestre elle-même qui introduit Cassandre à la fête lustrale préparée dans le palais d’Agamemnon, et bientôt ensanglantée par sa mort. […] Le filet, c’est l’épouse auxiliaire de la mort. […] Je le révèle ce bain homicide. » À cette vision de mort se mêle tout à coup un retour de poésie, un ravissant souvenir de Troie, dans la bouche de Cassandre : « Ô noces de Pâris, fatales à ses amis !
La mort, ce jour, l’avait marqué à la gorge. […] On ne le saura qu’après sa mort. […] Je vous serai fidèle jusqu’à la mort. […] Seriosa « y voit l’envahissement de la mort. […] La mort solitaire de Leibnitz ne l’eût pas effrayé.
Ça ne fait rien, quel malheur, que cette mort d’une moitié de lui-même, et bien certainement de quelque chose de son talent, qui allait faire un si beau, un si original, un si espagnol, Don Quichotte. […] Il se trouvait à Santos, faire partie d’une société, qui, en prenant l’apéritif de tous les matins, tirait à la courte-paille, qui est-ce qui serait mort le lendemain. […] Villard : « C’est moi qui ai été chargé, le soir de la bataille d’Isly, de relever le nombre des morts. Il y avait vingt-six morts français, et ce sont ces vingt-six morts, qui ont fait tout le tintamarre de la presse, et le duché du maréchal. » Il ajoutait que, passant un jour à Mazagran, il avait voulu se rendre compte par lui-même, de la vérité. […] Rod, peint à l’huile par Rheiner, un peintre suisse (1892), sur un exemplaire de : La Course à la mort.